Parce qu'avec toi le temps a pris de nouvelles dimensions
Que ma routine s'est égarée dans ces changements de direction
Parce que les jours de la semaine se mélangent dans ce bazar
Parce que c'est toi, parce que t'es là
Je n'ai plus peur du dimanche soir
Parce que ça arrive tellement souvent que j'sois en pic de sentiments
Et que ma pudeur accepte quand même
De te le faire comprendre gentiment
Parce qu'il paraît que l'homme s'habitue vite, s'habitue trop
En ce dimanche soir, tu fredonnais tout bas
Dimanche soir de Grand Corps Malade. Tu avais sans doute aucun dû entendre le slameur un jour où tu étais chez Ange-Césaire, toi qui n'était pas foutu d'aligner trois mots dans la langue de Molière sans un accent à couper à la hache. Et après un passage à Prés-au-Lard la veille, tu avais décidé de profiter de ce dimanche soir où personne ne semblait encore présent dans la Grande Salle pour aller foutre quelques farces et attrapes sous quelques sièges.
Ta sachet serré dans tes petits poings, tes chaussures noires à semelles compensées aux pieds, un sarouel aux couleurs vives sur les fesses, un léger pull blanc sur le dos et une grosse fleur-pincette piquée dans tes cheveux mi-longs, tu passes un œil dans la salle des repas pour t'assurer qu'il n'y avait personne. Ou, tout du moins, personne de présent pour te mettre des bâtons dans les roues. Ce fut sans compter la voix qui, depuis le hall d'entrée, derrière toi, t'interpella.
Plus par surprise que parce que tu craignais des remontrances, tu sursautas, avant de te retourner. Venant un toi, un garçon qui semblait plus jeune qu'Iollan - il devait être en première ou deuxième année - et était plus grand que toi d'une bonne vingtaine de centimètre. Quoi que, au vu de ta petitesse, ce n'était pas très compliqué d'être plus grand que toi...
“Bonsoir à toi aussi! Que tu lui lâches avec un grand sourire.
Se mêler de ses affaires, c'est interdit nulle part, par contre!” Que tu lui lâches du tac au tac, un air de défi sur le visage, bien décidée à ne pas te laisser impressionner par ton interlocuteur qui semblait déjà être un sacré empêcheur de tourner en rond.