Quand tu me dessines à l'encre de tes yeux

@River Hardcastle

A ce premier “quoi ?” de toute évidence choqué, Jesse repasse en urgence la bande son des dernières trentes secondes. Et avec un soulagement psychologique il réalise que c’était safe : il avait utilisé le bon prénom. S’il s’était trompé une seconde fois avec River il n’aurait plus jamais su où se mettre… Cela dit ça n’enlevait rien à la tempête qui menaçait. Les yeux bleus de River étaient presque devenus gris, comme si d’épais nuages sombres avaient soudainement occulté le ciel jusque-là céruléen…

River était dans un déni total. Dans une détresse que Jesse ne comprendrait probablement jamais parce qu’il n’était pas aussi sentimental et en proie à ses émotions que ne l’était son ex. A ce sujet il n’avait pas volé son titre d’artiste. Il en avait tous les clichés ou presque. Mais loin de faire de lui un “has been”, ça faisait généralement de lui quelqu’un de captivant. Jesse s’était longtemps laissé captiver par lui d’ailleurs.Le malheur, c’est que la partie très professionnelle et carrée de lui-même avait fini par s’intéresser à ces mêmes dispositions chez son frère et son subconscient avait parlé avant lui-même.

La colère de River, ni tout à fait froide ni vraiment brûlante, se retourne contre à peu près tout, y compris les perruches. Il est si obnubilé qu’il refuse de voir que ses sentiments, trahis par les inséparabilis, étaient la preuve concrète du fait que faire l’amour là, tout de suite, maintenant, serait une grave erreur qui ne ferait que rouvrir ses plaies. Le pansement ne serait que de brève durée et ne régulerait pas l'hémorragie.

“Arrêtes, River. C’est pour toi que je suis inquiet, pas pour moi.”

Il ne ramenait rien à lui, mais ça devait être plus simple pour son ex de le voir de cette façon. Quelque part, peut-être que ce dont River avait vraiment besoin c’était de cracher sa bile une bonne fois pour toute. Pas l’exercice auquel Jesse avait réellement envie de se plier sans mot dire hein… Mais peut-être qu’ils devaient en passer par là ? Jesse n’y connaissait pas grand-chose en “cycle de rupture”, même s’il aurait peut être dû ! Mais River et lui ne s’étaient pas réellement disputés suite à cette nuit tragique où il avait inversé les prénoms. River était partit, bouleversé, disparaissant un long moment tout en lui faisant savoir que c’était terminé même si Jesse le savait déjà inconsciemment. Et puis un jour il était revenu sans que les choses aillent réellement mieux pour autant bien sûr. Alors oui, peut-être que la prise de bec faisait partie de ce cycle de la rupture dont les anciens amoureux ont parfois besoin pour se détacher tout à fait.

“Ne fais pas comme si tu étais parfaitement maître de la situation d’accord ? Si tu étais à ce point le genre de type qui refuse de s’auto-mutiler métaphoriquement, tu ne viendrais plus dans ce manoir. On le sait tous les deux parce que ton humeur est absolument massacrante dès que j’apparais !”

Il se faisait déjà du mal. Refusait-il simplement de se l’admettre ? Pouvait-il faire ce travail sur lui-même ? Peut-être pas tout de suite. Combien de temps ? Une semaine ? Un mois ? Ca faisait déjà deux ans depuis leur séparation et River semblait n’avoir pas parcouru tant de chemin pour le moment.

Mais on touche au nœud du problème soudainement. A ce prénom qu’il avait malencontreusement gémis alors qu’il lui faisait l’amour et qu’il mêlait à ses grognements quelques mots d’amour entrelacés de fantasmes indécents qu’il se plaisait à exprimer pour augmenter la température.

“Je suis désolé. Je ne sais pas comment te le dire pour t’en convaincre. C’est impardonnable et je ne me cherche pas d’excuses.”

Parfois il le faisait en solitaire, dans sa tête, puisque personne ne pouvait écouter… Mais la vérité c’est qu’il avait été l’artisan du malheur de River. Lui tout seul. Et il était d’autant plus peiné qu’à le voir il réalisait combien la blessure avait été profonde. Lui qui manquait parfois d’assurance dans leur relation, c’était comme avoir foulée au pied sa confiance en lui.

“Je ne veux pas “en profiter” River. Notre histoire est terminée, nous avons tous les deux besoin d’en venir à autre chose. De penser à nous, de chercher ce dont on a besoin ailleurs.”

Son ton est ferme. Il n’élève pas la voix mais c’est tout comme. Un peu comme lorsqu’il siégeait au conseil d’administration d’une de ses sociétés.

“J’ai l’impression que tu te mens à toi-même en disant que ça te permettrait de tourner la page. J’ai peut-être tort mais je ne prendrais pas ce risque avec toi !”

Et, sur un ton beaucoup plus exaspéré :

“Bien sûr que non je ne désire pas te voir souffrir ! J'essaie de toutes mes forces et avec des outils sains de t’aider à remonter la pente mais River ! Tu penses encore à notre histoire d’amour deux ans après notre rupture. Tu ressasses, sans arrêt ! Tu es comme bloqué. Il faut que TOI tu t’autorise à passer à autre chose. Que TOI tu l'admettes le fait que tu mérites autre chose. Mieux pourquoi pas ?”

Jesse ne revient pas sur sa proposition d’hébergement. River était trop en colère et lui trop exaspéré pour que ça fonctionne d’un claquement de doigts bien sûr. Il faudrait que la pression retombe des deux côtés. Surtout du côté de River.

“Tu es un homme plein de sensibilité et je pense que c’est un peu le chaos en ce moment de ton côté. Pourquoi est-ce que tu n’en parles pas à quelqu’un ?”

Pas un ami, une mère ou un frère. Un professionnel de la santé. Après, Jesse ne pouvait pas lui en vouloir de ne pas franchir ce cap : lui non plus ne le ferait pas, il était trop fier pour ça.

“Je comprends que tu es malheureux, River. Je comprends que c’est de mon fait. Mais je crois que toi non plus tu n’es pas très bon juge de ce qui est “bon pour toi” aujourd’hui…”

La fougue et les ardeurs des deux mâles étaient tombées subitement. River arqua un sourcil réprobateur face à Jesse. Lui ? Inquiet ? Tiens donc ... c'était probablement la première fois en deux ans qu'il l'exprimait oralement. River roula des yeux.

- Arrêtes donc un peu ! Y'a toute ma foutue famille ici ! Tu crois que j'ai vraiment le choix ? J'habite beaucoup trop loin d'ici pour ma pauvre mère, alors je suis forcé de venir ici !

Le ton employé était cassant. River était trop blessé dans son corps, comme dans son âme pour se montrer conciliant. Il aimait encore Jesse, s'en était presque absurde. Après deux ans, il aurait du tourner la page. Mais il n'y arrivait pas. Il devrait pourtant. Ca lui permettrait d'oublier, de passer à autre chose et de profiter plus sereinement des moments passés avec son frère. Mais il était jaloux. Jaloux qu'un autre homme que lui puisse plaire aux yeux de Jesse. Ca le rendait dingue rien qu'à l'idée de s'imaginer voir un autre homme lui tenir la main, ou occuper ces lieux. Des lieux qu'il connaissait bien.

Il avait vécu de longs mois dans cette demeure et curieusement, il s'y sentait encore chez lui. Il détourna le regard, ne rétorquant rien. Parce que Jesse avait en partie raison.

- Tsss ! Me parle pas comme l'un de tes employés. Si je te dis que j'en avais besoin et envie, c'est que j'en avais besoin et envie. Et toi aussi t'en avais envie ! J'ai des yeux tu sais ? Tu fais chier ...

Mieux ? Est-ce qu'il vivrait une meilleure histoire que la leur ? Il n'en était pas sûr. Tout son monde s'était écroulé le soir où Jesse avait murmuré le nom d'Ocean dans le creux de ses oreilles. Il avait été réduit en miettes et ne savait pas si un jour il arriverait à remonter la pente. A rencontrer quelqu'un avec une telle alchimie. Car oui, ils en avaient passé des bons moment ensemble. Et Jesse était un peu le top du panier. Le genre de mec qu'il n'arriverait plus jamais à avoir à ses côtés. Alors oui, il avait la haine de le perdre pour toujours. Parce que c'est ce qui se passait.

- Arrête ... dit-il dans un murmure à peine audible.

Jesse parlait. Mais River était comme un gamin dissipé. Il ne voulait plus entendre ses paroles qui ne faisaient que le blesser d'avantage. Pourquoi était-il encore là d'ailleurs ? Il ferait mieux de le pousser, le dégager de son chemin et de claquer la porte. River avait besoin d'un contact physique pour clore cette histoire. Il avait suggéré un échange agréable. Faire l'amour. Mais visiblement, Jesse préférait un choc plus brutal. Un poing dans la gueule peut-être ? Et quand il suggéra River de voir un psy, ce fut la goutte de trop. River poussa un long râle plaintif.

- Mais t'en sais rien merde ! T'es pas dans ma tête, t'es pas dans mon corps, t'es pas moi OK ? T'es même pas foutu de me connaitre correctement ... alors arrêtes de me juger. Va voir un psy ... tsss ...

Il pivota sur ses talons pour prendre la photo de groupe les représentants, puis il la reposa brusquement sur la table. Son coeur battait la chamade. Et la colère pulsait dans ses veines. River bouillonnait littéralement.

- Dis tout de suite que je suis taré, lança-t-il sur un ton assassin.

Les larmes commencèrent à lui brouiller la vue. River ne savait plus comment réagir. Il était perdu. Dans un sens, il n'acceptait pas le fait d'être rejeté par Jesse. Du moins son amour. Et le fait même qu'il ne veuille plus de lui, même sexuellement, l'avait encore plus amoché. River se retourna vers Jesse, les yeux bouffis. Jesse paraissait si calme face à la situation. Ca rendait River complètement dingue.

- Tu fais ultra chier ! T'es qu'un gosse de riche qui a toujours eu tout ce qu'il voulait. Tu vis dans un palais, ma mère bosse pour toi, pour te nourrir et mon frère, par dessus le marché, t'aide à envahir cette ville ... tu possèdes tout ce que tu veux, tu n'as jamais eu besoin de faire le moindre effort. Bah oui, parce que vous les riches, vous pensez que tout vous est dû ! Que vous pouvez consommer, puis jeter sans qu'il y ait de conséquences !

River s'en prenait directement aux appartenances sociales. Lui avait toujours connu la galère avec Ocean. Ils avaient été élevé par une mère absente, qui cumulait trois boulots pour qu'ils puissent grandir dans un quartier pas trop malfamé. Mais leur père alcoolique dilapidait tout l'argent dans sa boisson. River et Ocean avaient du batailler toute leur vie pour essayer de s'en sortir. Et River encore plus, car il était souvent obligé de poser nu devant des photographes pour subvenir à ses besoins. Il n'avait pas fait d'études, n'avait pas le bagage nécessaire pour réussir. Son talent était perdu dans la masse et il arrivait tout juste à finir le mois avec quelques gallions pour les mettre de côtés afin de s'en sortir lors des coups durs. Jesse n'avait pas besoin de compter ses sous, n'avait pas d'inquiétudes à avoir sur son futur. Tout lui tombait cuit dans la bouche.

Et savoir qu'il avait consommé l'amour de River, pour tout anéantir avec un mot, qu'il avait tourné la page bien trop vite sans essayer de se rattraper, ça le foutait mal. Parce qu'il n'avait rien fait, ce gosse de riche, pour récupérer sa place dans le coeur de River. Il s'était contenté d'un "excuse moi". Alors l'avait-il au moins aimé une fois ? Ou en avait-il profité parce qu'il avait d'autres projets similaires ? Comme prendre le coeur d'Ocean peut-être ... pourquoi aurait-il soufflé ce prénom sinon ? Certes ils étaient jumeaux identiques, mais c'était River qu'il était censé aimer ! Pas Ocean.

River contracta sa mâchoire, puis se dirigea d'un pas énervé vers Jesse. Tel un coq prêt à se battre, il plaqua ses mains sur le buste de Jesse, puis exerça une pression assez forte pour le pousser violemment.

- Va te faire foutre Jesse Treadway et ta putain de compassion ! Va bien te faire foutre avec ta morale à deux gallions ! Tu sais quoi ? J'en ai plus rien à faire de toi !

Il était rouge comme une pivoine. Les veines saillantes de son cou illustraient toute la rage qui pulsait en lui. River paraissait habité par un démon.

- De toute façon, je suis sûr que tu m'as jamais aimé dans le fond. T'es qu'un hypocrite, un connard dans toute sa splendeur ! Bah ouais, pour en arriver où tu es maintenant, faut pas avoir un coeur tendre ... nan, les coeurs tendres sont des looseurs, les mecs sensibles comme moi finiront avec un coup de poignard dans le dos ! Mais les types comme toi, eux, ils écraseront tout le monde d'un simple claquement de doigts !

Jesse n'était pas tombé. Il était beaucoup plus musclé, costaud et robuste que River. Mais ça lui avait fait un bien fou de le pousser. Juste assez pour le choquer. River passa une main dans ses cheveux, puis se dirigea vers la cuisine. Il percuta l'épaule solide de Jesse au passage, puis attrapa sa veste posée sur la chaise.

- J'me casse ! C'est clair que j'ai plus rien à faire avec toi. T'as réussi ton coup t'es content ? Ah et au fait !

Il sortit sa baguette magique vers la photo qui représentait Jesse, River, Ocean et leurs deux mères.

- Reducto !

La photo devint si petite, qu'elle explosa en confettis. Un sourire satisfait se dessina sur les lèvres de l'ancien Poufsouffle.

- Voooilà ! Comme on tourne définitivement la page. Oh et d'ailleurs, je devrais peut-être faire un tour dans ta chambre et y foutre le feu ? Histoire d'être sûr que tu n'auras aucun dessin m'appartenant.

River tourna sur ses talons quittant le salon pour se diriger dans le Hall. Il était devenu incontrôlable, parti dans une rage folle qui ne lui ressemblait pas. Allait-il le regrettait ? Probablement, River se mordait déjà les doigts d'avoir réduit en poussière cette photo ... heureusement, il avait gardé la même, précieusement, chez lui.

@River Hardcastle

Jesse n’était pas persuadé, de son côté, que la mère de River ne ferait pas quelques efforts (qui n’en seraient probablement même pas) pour voir son fils. Mais à ce stade de la conversation mieux valait sûrement garder ce genre d’opinion pour lui-même… River était hors de lui. Jesse pouvait se vanter de ne l’avoir jamais vu dans une telle fureur. C’était un sentiment étrange, mêlé de malaise et d’incertitude que d’être la source de cette fureur nouvelle et unique du coup. En d’autres circonstances personne n’aurait pu lui hurler dessus de cette manière. Jesse n’était pas le genre d’homme qui s’en laisse compter… Mais ce moment avait quelque chose d’unique lui aussi. Et Jesse offrait la latitude nécessaire à River pour qu’il se crève le cœur une bonne fois pour toute. Il espérait que c’était ce dont il avait besoin pour redémarrer… Et préférait éviter de songer que ça ne fonctionnerait peut-être pas…

Là où River fait erreur, c’est que Jesse ne s’adresse absolument pas à lui comme à un employé. Il avait des passes-droits qu’il ne réalisait pas ou que sa colère immédiate l’empêchait de voir. Quiconque dans son personnel aurait ne serait-ce qu’essayé de lui parler sur ce ton se serait retrouvé dehors avant le temps d’avoir repris sa respiration ! Mais chez River, le discours sur les classes sociales avait toujours été récurrent. Plus discret du temps de leur relation… Mais pas absent.

A nouveau, Jesse aimerait argumenter sur cette “envie” qu’il avait eu et qu’il éprouvait encore. Il aurait voulu l’expliquer. Mais il s’abstient encore une fois parce qu’il est évident que River n’entendra que la partie qui lui convient. Le fait qu’il en ait “physiquement” très envie et que son corps trahisse cette envie ne signifiait pas que psychologiquement parlant il le veuille. Et il venait d’exprimer plusieurs fois qu’il ne le souhaitait pas, n’est-ce pas ? River cependant ne semblait pas capable de faire ce genre de distinction pour lui-même alors pour quelqu’un d’autre ?

“Ce n’est pas ce que j’ai dit… Nul besoin d’être taré pour voir un psy.”

Son ton commençait à s’agacer aussi. Il faisait des efforts pour donner à River la place dont il avait besoin pour péter son câble mais bon… Il n’était pas un tapis ou une serpillère non plus. Il n’allait pas faire des sourires qu’il accompagnerait de hochements de tête comme s’il buvait les paroles de River comme du petit lait. Surtout quand lesdites paroles étaient empoisonnées.

Par contre, Jesse arque un sourcil alors que River revient sur sa situation sociale et financière. Il allait trop loin.

“Jamais fait le moindre effort ?”

Là, il l'avait mal pris. Jesse s’était émancipé de la fortune paternelle. Il avait décidé de créer “par lui-même”. Certains de ses projets avaient coulé, d’autres avaient donné des sociétés florissantes. Il avait revendu ses réussites pour s’en payer d’autres de plus grande valeur… Jesse était sûrement beaucoup de choses mais pas un homme qui s’était toujours laissé vivre. Et ce n’était toujours pas le cas ! Valentina aurait très mal pris elle aussi d’entendre River dire toutes ces choses, elle qui avait vu son mariage se faire engloutir par le côté très -trop- travailleur de Jesse.

“Tu es juste en train de prouver que c’est toi qui ne me connait pas du tout.”

Ca l’avait blessé plus qu’il ne l’admettrait d’entendre River dire qu’il n’avait rien conquis par lui-même, rien bâtit. Et pire : qu’il profitait simplement de sa mère et de son frère. C’était peut-être la colère qui parlait mais il en pensait certainement une partie.

Le ton monte encore, alors que Jesse ne pensait plus ça possible… Le langage de River se fait de plus en plus fleuri et le regard bleu de Jesse, piqué de sa petite tâche brune, s’assombrit un peu. Il atteignait quelques limites disons !

“Tu commences à aller trop loin, River, je te préviens.”

De quoi ? De rien en particulier. Du risque de se faire mettre à la porte tout au plus. Et visiblement, chemin faisant, son ex comptait bien continuer de hurler. C’était presque un miracle qu’Ocean ne les ait pas entendus. Vive l’insonorisation de cette maison… Et il ne comptait pas mettre l’autre homme dans la confidence de ce moment. Nul besoin qu’Ocean soit partagé entre sa déception du comportement de son frère et sa déception du sien potentiellement. Inutile de le tirailler entre son frère et son patron et ami…

Mais le tirant de ses songes, River vient soudainement… Détruire une photographie de son salon !

“RIVER !”

Il n’y avait pas que son ex dessus. Il y avait sa mère, son frère, lui-même… C’était un souvenir d’un moment passé ensemble. Et sa destruction avait été gratuite… Alors quand sans le moindre remord River en rajoute sur sa chambre à coucher, Jesse n'essaye même pas d’y voir une simple exagération :

“Sors de ma maison immédiatement !”

C’était à son tour d’être furieux.

“Je t’ai donné la latitude de t’en prendre à moi, pas aux souvenirs ! Et tu veux en apprendre une belle ?”

Jesse le foudroie du regard alors qu’il lui apprend :

“C’est ta mère qui a fait encadrer cette photo et qui me l’a offerte ! Tu es fier de toi j’imagine.”

Sans lui laisser le temps de répondre, Jesse lui indique le chemin de la sortie.

“Dehors !”

Et de répéter, sa voix sonnant comme le tonnerre :

“DEHORS !”

Et lui allait renvoyer Ocean chez lui. Lui dire qu’il se sentait un peu vaseux et qu’il avait besoin de repos. La fin de la journée de travail n’était plus si loin de toute façon. Jesse avait besoin d’un verre d’alcool de qualité dans son bureau, lumière éteinte et rideaux fermés. Pour réfléchir. Pour se calmer. Bon dieu, il avait réussi à le faire sortir de ses gonds !