Posté contre le mur de la tour des Serdaigles, Sean avait croisé les bras en baissant le visage. Les étudiants passaient devant lui, lui jetant parfois des œillades interloquées - mais l’étudiant ne leur accordait aucune attention. Ses pensées volaient vers Pré-au-Lard où un étudiant venait de perdre brutalement la vie. Des frissons de sueur froide parcouraient le jeune homme quand il se rendait compte à quel point le danger les avait frôlés. Dès qu’il aurait le temps, il enverrait un courrier à son père dans l’espoir d’en savoir plus de sa part. S’agissait-il de Ryan ? Son kidnappeur était-il finalement revenu, abattant ses cartes au grand jour ? Sean songea aux membres de sa famille, les passant rapidement en revue pour vérifier qu’ils soient tous en sécurité.
@Adil Mesli avait-il reçu son patronus ? Choisirait-il de revenir à Poudlard, même s’il continuait à refuser d’approcher son cousin ?
Mais Yeleen parut de nouveau devant lui, des mèches folles encadrant son visage, prouvant qu’elle avait fait au plus vite. Sean baissa les yeux sur l’écharpe qu’elle tenait entre les mains et il eut soudain envie de tourner les talons. Son amie voulait réellement lui rendre ses affaires, et faire disparaître ainsi les dernières traces de l’intimité qu’ils avaient partagé. Mais en tendant les mains pour recevoir le vêtement, le Gryffondor sentit un objet dur caché dans ses replis. Défaisant avec surprise le paquet improvisé, il découvrit une petite boîte en bois marquée de la manufacture Grimm. Sean releva le nez vers son amie alors qu’elle signait nerveusement quelque chose à propos de sa baguette.
Le Clearwater se figea un instant de surprise avant de baisser les yeux sur le présent. Car c’en était un. Yeleen voulait tout simplement lui donner son cadeau d’anniversaire. Un flot d'émotions envahit l’étudiant qui eut du mal à se contenir alors qu’il ouvrait l’écrin, dévoilant un magnifique manchon en argent à fixer au bout de sa baguette. Ce dernier permettait de dévoiler une lame - en argent elle aussi - par le biais d’un subtile mécanisme. Sean jeta un regard ébranlé à son amie, puis se hâta de sortir sa baguette pour y insérer la bague qui se fixa parfaitement à son manche. L’étudiant soupesa le poids - très léger - de cet ajout, faisant tourner sa baguette entre ses doigts, et fixa de nouveau la Serdaigle qui continuait à signer.
Elle lui expliquait à présent vouloir lui rendre son écharpe, et Sean serra la laine tricotée fermement, lisant son souhait d’anniversaire à travers ses signes. Les premiers qu’il avait d’ailleurs appris à ses côtés, afin de lui demander sa propre date de naissance. Le souvenir de leur premier tête-à-tête près du lac faisait douloureusement écho à cet instant, alors qu’il n’avait jamais été tant fasciné et attiré par la jeune femme tout en ne pouvant se permettre de le lui dévoiler. Mais Yeleen poursuivait, lui indiquant qu’il n’était pas dans l’obligation de conserver son cadeau s’il ne le souhaitait pas. Sean lui attrapa prestement le poignet pour l’arrêter dans son geste.
- Merci Yeleen. Ça me touche beaucoup… Il eut un sourire dans lequel il cachait bien mal l’ampleur de la tristesse qui s’était emparée de lui. Son regard glissa de nouveau vers sa baguette, sans qu’il ne lâche pour autant le poignet de son amie. Une lame en argent. Offerte le soir-même du meurtre d’un loup garou. Le destin leur jouait décidément bien des tours… Mais par cette attention, Yeleen lui prouvait encore une fois sa confiance, lui apportant tout son soutien dans le combat qu’il avait entrepris de mener. Sa main glissa de son poignet jusqu’au dos de sa main qu’il caressa pour appuyer son remerciement.
La lâchant à contre-coeur alors que les préfets cherchaient à rabattre les étudiants dans leurs dortoirs, Sean rangea l’écrin dans l’une de ses poches, se retrouvant avec son écharpe dans les mains sans qu’il ne sache quoi en faire. Lui-même conservait précieusement l’écharpe de Yeleen dans ses affaires, et il n’avait aucune intention de la lui rendre. Aussi, il passa la laine rouge de sa maison autour du cou de son amie, la faisant volontairement pendre par-dessus cet informe pull trop grand qu’elle avait enfilé.
- C’était un cadeau, lui souffla-t-il, sa voix perdant soudain en intensité alors qu’il dégageait de l’écharpe l’un de ses mèches de cheveux emprisonnée.
Garde-la… Ou fais-en ce que tu veux…Un des préfets leur intima de rejoindre leur maison respective, et Yeleen fut sur le point de s’éloigner, lui demandant s’il pouvait lui écrire quand il regagnerait sa propre chambre. Sean hocha la tête, brusquement angoissé à l’idée de la voir s’éloigner de lui. Le Gryffondor voulait s’assurer que son amie allait vraiment bien. Ils n’avaient pas eu le temps de parler. La salle de lecture leur aurait permis un échange un peu plus intime, mais les patrouilles des préfets leur interdisaient à présent tout changement de programme. Des envies se bousculaient en lui: la retenir par le bras, l’enlacer, et trouver le moyen de la garder auprès de lui jusqu’au matin. Mais il se contenta de reculer d’un pas pour la libérer de l’obligation de sa présence et lui permettre d’aller se reposer.
En réalité, Sean patienta un long moment après que Yeleen ait disparu à travers la porte de sa maison, le regard droit devant lui, comme s’il avait le pouvoir de s’assurer que rien de mal ne franchirait ce pas. Il fut cependant obligé de regagner ses propres quartiers sous peine de prendre une sanction de la part d’un préfet. Regagnant sa chambre, il tint sa promesse en envoyant un mot à son amie avant de sortir de nouveau sa baguette pour examiner son présent sous tous ses angles. Ses yeux se relevèrent pour fixer les murs de la chambre - vide - avant de se pencher pour attraper l’écharpe de Yeleen dans ses affaires. Le jeune homme la posa contre son visage alors qu’il s’affalait sur son lit. L’écharpe plaquée contre son nez, Sean respira l’odeur encore légèrement présente de son amie alors que la laine épongeait les discrètes larmes qui s’échappaient de ses yeux.