Runaways (Évelyn)

Runaways
Ft. @Edel Almadovar



Elle constata avec un brin de déception que le refus d’Edel de mener Isolt jusqu’à la salle commune des Gryffondors fasse écho au sien. Elle devait avouer qu’elle n’était pas secouée de surprise, mais elle ressentit une pointe piquante de contrariété la faire bouder exagérément, tout de même déçue qu’il ne se laisse pas tenter par l’aventure. Si elle craignait trop la fureur de Jameson Clearwater pour risquer de se faire retirer des points supplémentaires pour une escapade chez les verts et argents, elle se serait attendue à ce qu’Edel n’ait pas cette même crainte d’entrer dans la tanière des lions.

Nouveau vent de surprise lorsque l’aveu de culpabilité de son ami la fit hoqueter d’une indignation amusée. Elle n’avait eu aucune piste la menant à un autre suspect que lui, mais elle aurait osé espérer qu’il soit suffisamment intelligent pour savoir que s’attaquer à sa fierté de la sorte était un jeu dangereux. Un jeu dangereux auquel pas énormément de gens à Poudlard se risquaient à participer, et qui aurait sans doute dû lui donner la puce à l’oreille quant à l’identité du fautif. Une fois son expression choquée passée, Evelyn fronça légèrement des sourcils.

« Mmhh… » Une expression presque fredonnée sous les notes de la malice et du doute. « J’avoue que te voir te soucier de moi suffisamment pour m’aider a son charme. », rétorqua-t-elle alors, sans qu’il soit aisé de déterminer s’il s’agissait de sarcasme ou non. Le ton de sa voix semblait éternellement pencher vers le cynisme, mais il était possible de relever une touche de sincérité à quelque part dans la lueur de son regard.

Mais ça ne l’empêchait pas de douter, de se questionner. Elle ignorait ce qui la poussait encore à se méfier, à croire que chaque pas vers elle n’était qu’un pas de plus pour la piéger ou la blesser. Elle faisait des efforts, pourtant, pour laisser son immortelle méfiance derrière elle, mais, bien qu’elle ne soit plus aussi forte que lors de son entrée à Poudlard, elle sentait toujours qu’elle avait laissé sa trace dans son esprit. Un peu comme si un mince brouillard la séparait de voir les choses d’un angle positif. Alors bien qu’elle tenait à lui, l’aspect inhabituel de l’aide qu’il lui reposait l’effrayait légèrement, bien qu’elle préférerait récurer les écuries de Poudlard pendant toute l’année scolaire que de l’avouer.

« Me rattraper ? », répéta-t-elle, comme pour s’assurer qu’elle avait bien compris ce qu’il venait de lui dire. Oh, s’il y avait bien quelque chose que les hommes de Serpentard posséderaient toujours, c’est l’audace d’oublier leurs propres fautes. « Je te rappelle que j’ai dû faire au moins trois shampooings pour me débarrasser de l’odeur du whisky pur feu de mes cheveux. », râla-t-elle sans se retenir.

Elle aurait tant donné pour lui arracher ce petit air agaçant de son visage, mais sa proposition sonnait comme un défi qu’elle ne pouvait pas refuser de réaliser. Aussi surprenant que cela puisse paraître venant d’une rouge et or, Serpentard avait une place un peu particulière dans son estime.

« Très bien. » Un sourire en coin étira ses lèvres, et on aurait pu tout de suite remarquer le mauvais augure que cela signifiait. « Il est évident que je ne peux pas passer à côté de l’intelligence des Serpentards. Sans battre les Serdaigles dans leur créativité, votre maison m’impressionne toujours dans sa capacité de se faufiler entre tous les obstacles qui se présentent à vous. Nous, on les détruit, vous, vous les évitez simplement. » Une explication un peu trop longue à son goût, mais qui se voulait surtout dans le but de ne pas avoir l’air de s’arrêter aux caractéristiques bien connues des serpents de l’école. « J’admets que j’admire ta maison, Edel. Sens de l’humour remarquable, perspicacité hors du commun, combativité sans pareil et étonnante détermination… » Elle prit une inspiration, pour se donner un air presque rêveur. Elle se rapprocha de lui jusqu’à envahir son espace personnel pour enrouler son petit doigt autour du sien. « Mais maintenant que j’ai respecté ma part du marché, je dois juste avouer que dire toutes ces choses à voix haute… ça me fait me demander comment t’as fait pour atterrir dans cette maison. »

Dans son regard pétillant d'espièglerie, il ne serait pas difficile de comprendre que l’humour teintait ses dernières paroles, mais elle s’en serait voulu toute sa vie si elle n’avait pas pris soin d’empêcher les chevilles d’Edel d’enfler.

Runaways
Ft. @Edel Almadovar



Malgré les mots lancés à la blague, elle devait se rendre à l’évidence. Edel criait Serpentard sous tous les aspects, comme s’il avait le vert et l’argent collé à sa peau depuis sa naissance. Pour être franche, Evelyn n’aurait pas pu l’imaginer ailleurs que dans la maison de Salazar, bien qu’elle ne se risquerait pas à avouer qu’il possédait les qualités qu’elle venait de lui vanter. Et bien que ça lui plaisait de le taquiner, elle ne pourrait pas le voir parmi les lions, l’idée lui semblait trop absurde pour oser l’imaginer portant le rouge et l’or des Gryffondors.

Pourtant, avant même qu’elle ne puisse lui répondre, sa proximité la coupant dans son élan. Sans trop savoir ce qui les saisissait, elle se retrouva forcée de reculer lentement, son regard brûlant ne quittant pas le sien, lui offrant toujours cette lueur farouche qu’il connaissait si bien. Mais malgré son air indomptable et inébranlable, le mur froid du château lui sembla bien plus près que dans ses souvenirs, se heurtant délicatement au béton sans toutefois laisser sa surprise paraître. C’est à cet instant seulement qu’il lui sera pourtant donné de percevoir le léger déséquilibre d’Evelyn. Bien qu’elle était toujours en parfait contrôle d’elle-même, la sensation de ne plus avoir les rênes de la conversation souleva en elle une faible sensation de frustration, mêlée à l’obstination qui ne quittait pas ses yeux.

Ignorant le feu dans ses veines, elle eut finalement un petit sourire satisfait lorsque son petit serpent feula au contact d’Edel sur ses écailles glacées, presque comme un avertissement. Ne t’approche pas trop, tu risques de te brûler semblait-il lui cracher au visage, tandis que la Gryffondor se contenta d’observer la réaction du sorcier.

Malgré son air impassible, sa description des serpents suffit à faire naître à nouveau le doute en elle, ce même doute qu’elle avait tant cherché à faire taire ces derniers mois. Elle en avait assez d’être effrayée, lassée de cette peur qui lui collait à la peau comme l’obscurité qui lui était pourtant promise. Elle se perdait souvent dans toutes ces significations qui s’entremêlaient dans son esprit, tout en entrant en conflit avec ce qu’elle pensait être. Lionne, symbole Justice et d’Honneur, mais aussi un signe inspirant la crainte et le pouvoir. Si la force de Gryffondor lui semblait être destinée, elle ne pouvait s’empêcher de se sentir coincée entre le lion et le serpent. Elle s’était toujours promise de se bâtir sa propre place plutôt que d’attendre qu’on la lui trouve pour elle, mais elle devait se rendre à l’évidence ; elle ne savait plus ce qui l’attendait vraiment. Et c’était justement pour cette raison qu’elle devait parler à Isolt.

Evelyn quitta le mur pour se rapprocher à nouveau alors qu’il s’inclinait devant elle avec toute l’insolence qu’elle lui attribuait. Son regard et sa démarche faisant écho à ceux d’un félin, elle passa derrière lui d’un pas à la fois assuré et provocateur. Si cette fois elle conservait ses distances, elle adoptait la même attitude joueuse que lui, comme un miroir.

« Si les légendes disent vraies et que je suis lointainement liée à Salazar Serpentard, et que tu trouves que j’aurais toutes les raisons d’être parmi vous, alors qu’est-ce qui explique pourtant que je trouve ma place chez les Gryffondors ? », lâcha-t-elle, une question qu’elle se posait, mais une question qui cherchait surtout à le faire réfléchir. Pour une raison qu’elle ignorait, elle était curieuse d’entendre sa réponse, ses hypothèses.

Bien qu’elle ressentait au plus profond d’elle-même que ses origines un peu floues la rapprochait plus des Gryffondors qu’elle ne le pensait, elle ne savait pas dire pourquoi, ni comment. Cet attachement viscéral au rouge et or prenait sa source bien plus loin que dans la simple fierté de maison, sans qu’elle ne puisse comprendre la raison qui la poussait à se sentir à la fois si Gryffondor et si partagée, tentée par les serpents.

« Sans poser de question ? » Elle haussa un sourcil, intriguée. « Tu me connais bien mal si tu penses pouvoir me dicter quoi faire comme ça. » Elle marqua une pause, toutefois consciente de l’urgence de s’entretenir avec Isolt. « Mais je t’en devrai une, oui. »