Enquête #1c : Tous en scène, le spectacle commence

Cela faisait une dizaine de minutes qu'ils marchaient tous deux tranquillement dans la grande rue de Londres, allant bien à contre courant de tous les employés moldus de bureau qui se pressaient autour d'eux pour rejoindre leur lieu de travail. L'univers Moldu ne lui manquait pas à travers cet effervescence où personne ne s'occupait des autres, pas même de la sans abri de l'autre côté de la rue et c'était malheureusement le bon moment pour que deux sorciers comme Elijah et lui de passer inaperçu devant le théâtre fermé. Si Gabriel avait l'habitude de ce monde dans lequel il avait grandit jusqu'à sa majorité, il se rendait bien compte qu'il ignorait beaucoup du brigadier qui l'accompagnait. La mission d'enquêter sur le club de théâtre les avait tous deux mené à venir en pleine journée, allant à l'encontre des horaires d'ouverture au publique.

D'un simple regard, Gabriel continua de marcher seul jusqu'à l'entrée principale, prenant la décision de passer par devant à l'aide d'un simple sortilège pour ouvrir la porte d'entrée, sa baguette encore sous le manche de sa chemise pour assurer une discrétion en pleine rue moldue. Le secret magique primant au dessus de tout, il entra en refermant la porte derrière lui, évaluant l'inteiejr du bâtiment avant de rechercher une personne capable de le renseigner. Arrivant à l'accueil, il offrit un grand sourire à la personne en charge et prit en main un tract du club qu'il avait réussi à dégoter la veille.

"Bonjour, on m'a vivement conseillé le club de théâtre et j'aurais aimé pouvoir m'y inscrire. Pourriez vous me dire s'il est encore possible d'intégrer l'équipe en cours d'année? Je viens d'arriver à Londres, j'ai fais parti de la troupe de théâtre de Manhattan avant, nos présidents se connaissent bien il me semble." dit-il en ayant légèrement repris l'accent de sa demi soeur @"Hope Stanford" pour l'occasion.

S'il devait en savoir plus sur les membres du club et leur habitude, il devait déjà pouvoir l'intégrer et en connaître un maximum ainsi. Se demandant si le brigadier Jordan s'en sortait alors qu'il avait probablement fait le tour de l'immeuble, Gabriel arborait les traits typique de l'américain fraîchement débarqué à Londres tout en restant humble et courtois. Il avait travaillé rapidement une couverture fiable afin de pouvoir se glisser dans la peau de son petit personnage.

"Votre compagnie est tellement réputée chez nous, cette pièce de théâtre a été applaudit lorsqu'elle nous a été retransmise. C'est un chef d'oeuvre, j'aimerais beaucoup pouvoir féliciter vos comédiens à l'occasion."

Une simple note de service aux airs de beuglante, une apostrophe écrite dans la hâte et la précipitation cachetée du sceau du Ministre de la Magie en personne avait tiré le brigadier de ses affaires quotidiennes. En seulement quelques minutes, d'un briefing expéditif à la teneur succincte, Noma s'était vu intégré au sein d'une Task-Force de choc réunissant le gratin du Ministère et sous les ordres directs de Gavin Roberts, actuel directeur du département de la Justice. Mis au parfum très brièvement, sans vraiment tenir tous les tenants et aboutissants d'un cas tout à fait particulier, le tireur d'élite avait néanmoins accepté de prendre part aux investigations. Suivant les bons conseils de Roberts, Karma s'était préalablement empressé d'aller se changer, avant de se volatiliser par l'une des cheminées de l'atrium en un fabuleux brasier d'émeraude.

L'air du vieux Londres emplissant ses poumons d'un éther vicié, dissimulée des regards indiscrets, le fonctionnaire avait le plus simplement du monde disparut dans un transplanage d'urgence. Les entrailles chamboulées, d'un craquement sourd et vibrant, l'insulaire atterrit à l'arrière du théâtre, au beau milieu des poubelles, mélange putride de restes alimentaire et autres décors que l'on ne s'était pas donné la peine de trier. Époussetant ses atours moldus d'un coup de son caducée, le sorcier se sortit des vide-ordures, enjambant les cadavres de cartons. L'enquêteur s'arrêta quelques instants devant cette montagne de détritus hétéroclites, à la recherche de potentiels indices dont il savait que les criminels étaient friands pour faire disparaître les preuves. Toutefois, il se résigna, peu enclin à mettre la patte dans ce dépotoir à la vie grouillante. Ainsi, il tourna les talons afin de chercher d'un balai oculaire un quelconque point d'entrée lui permettant de pénétrer dans l'antre du divertissement non-magique.

Un sourire amusé accroché aux lèvres, il se rappela pourquoi il aimait la simplicité de ses semblables moldu. Aucune porte dérobée, aucun mystère à résoudre, seulement un bon vieux mécanisme à actionner. Alors ce fut d'une menotte assurée que naïvement, il tenta de se frayer une entrée discrète par l'issue de secours. Sans surprise, il se retrouva penaud devant un portail métallique refusant tout bonnement de se dérober sous la force de sa poigne. D'un coup d'œil jeté par-dessus son épaule, garantissant la nature furtive de son acte, il tapota le bout de sa baguette à l'endroit même où les non-maj se contenaient d'y insérer une clé. Et aussi facilement, il gagna accès à l'intérieur de l'arène. Jouissant d'un anonymat certain, l'empyreume entêtant des conteneurs lui collant à la peau telle une fragrance nauséabonde, il n'aurait aucun mal à se faire passer pour l'un de ses concierges venant de sortir les déchets.

La tête baissée, cachant les traits de son visage dans l'ombre des coulisses, le Sammy se mêla à la vie du petit personnel, laissant bien volontiers son regard traîner en quête d'indices pouvant éclaircir certains points de l'enquête. Le carmin fouetté d'une adrénaline vivifiante, il se sentait comme l'un de ses peelers¹ servant en toute illégalité, une perquisition sans mandat. Alors en bon investigateur, fouillant de-ci de-là, feintant d'être accablé d'une tâche qui le dépassait, il poursuivait ses explorations tout en se demandant bien ce qu'il était advenu de son partenaire et collègue.

¹ Peelers ; terme désignant les policiers moldus londoniens.

Alors que l'homme en question lui demanda comment il avait pu rentrer, Gabriel se retourna tout naturellement vers la porte, encore entrouverte.

"Mais ... c'est ouvert." dit-il avec un naturel certain. Mais il se rendait bien compte que le petit homme était sur ses gardes et qu'il préférait abréger le discours qu'il était entrain de lui sortir. Sans passer par quatre chemins, Gabriel soupira en décidant de jouer franc jeu. "Ecoutez, je voudrais juste parler avec vos comédiens."

Demandait-il un peu de discrétion? Oui. Profitant alors que les deux autres employés quittaient l'accueil pour les laisser seuls, Gabriel fit doucement glisser sa baguette le long de sa manche pour jeter un sortilège de confusion en informulé, bien décidé à aller un peu plus vite. Il aurait pu le soudoyer et perdre encore un peu plus de temps mais il avait besoin d'accéder à ces coulisses ou au moindre indice lui permettant de comprendre pourquoi les victimes des rituels trouvés il y a quelques jours avaient ce théâtre en point commun.

"Bien sur, c'est vraiment gentil de votre part, pourriez-vous me dire où sont les coulisses de nouveau?" continua-t-il sur le ton de la conversation, un sourire poli sur les lèvres. Tentant le tout pour le tout, il profita de l'égarement de l'employé pour se pencher par dessus le comptoir de l'accueil et se saisit du premier classeur mentionnant la présence d'un club de théâtre. "Je signe mon acte de présence et j'y vais."

De nature curieuse, Noma laissait son regard traîner là où l'intérêt l'y portait, sans déceler le moindre indice sur les victimes d'une série de meurtres. Et si son menton épousait à la perfection son encolure pour s'éviter l'attention des non-maj, ses iris analysaient avec discrétion les imposantes affiches et autres vitrines habillées de trophées retraçant l'histoire de ce haut-lieu du divertissement, sans qu'aucune d'entre elles ne parvienne à éveiller la sollicitude du brigadier.

Écumant ces couloirs d'une démarche assurée, ses talons flirtant habilement avec le sol, dans l'écho d'un murmure stimulé, il passa une enfilade de portes, jusqu'à ce que l'un de ces panneaux de bois ne vienne susciter en lui un sursaut intuitif. Et alors que la main du fonctionnaire cueillit la poignée, que le mécanisme se dérobait sous ses phalanges dans un bruissement métallique, un courant d'air glacial émanant du passage de l'un des employés du théâtre chassa ce bref pressentiment. Faisant volte-face, d'un soupir intrigué, mais décidé, le tireur d'élite reprit ses recherches tout en jetant une dernière œillade à cette pièce baignée d'une aura mystérieuse.

Poursuivant son examen de la zone, il s'enfonça dans les coulisses du théâtre se mêlant à la fourmilière de petites mains invisibles qui faisaient tourner cette place-forte de la culture londonienne. Encore déboussolé par la sensation étrange de s'être écarté d'un endroit clé, perdu dans ses pensées, il ne vit que tardivement qu'il s'était aventuré bien au-delà du dédale de poternes scellées. Résolu à lever le voile sur les données inconnues d'un dossier brûlant, d'un sourire franc, mais surjoué, y allant au culot, il interpella naïvement l'un des moldus, le plus sobrement possible. « Excuse-moi, c'est mon premier jour ici et je n'arrive pas à trouver le chemin des vestiaires... Tu pourrais m'aider, s'il te plaît ? » Un air faussement embarrassé teintant ses traits, ses pupilles quémandant assistance, il espérait soutirer à ce bougre l'emplacement dudit vestiaire. De là, le Sammy comptait bien se fondre dans le décor en usurpant une fonction qu'il méconnaissait.

Dé 'Action simple' → Échec