Good vibes. *LIADAN*

« Je vous remercie pour votre attention. »

M’inclinant face à eux, de manière traditionnelle comme le voulait la coutume de l’école, la Conférence sur les Malédictions Métamorphiques se termina dans un calme que j’enviais. A Poudlard, contrairement à ici à Mahoutokoro, les étudiants seraient parti dans un chaos certains, à parler fort et à se diriger vers les Trois Balais. Là, je les observais partir dans le plus grand calme et dans une discipline impeccable. Les couleurs de leurs uniformes faisaient des tons assez artistiques. Prenant mon sac dans une main, je mis mon chapeau sur ma tête que je prenais toujours soin d’amener avec moi en voyage et je sortis en même temps que des étudiants. Mon œil de faucon l’avait immédiatement repéré dés le début de la conférence, et je me mis immédiatement à sa poursuite, dans une marche… Assez rapide.

« Excusez moi, pardon. »

Plusieurs étudiants me regardèrent légèrement offusqué du contact physique que je leur procurai. J’étais au courant des us et coutume de bon nombre de civilisation, mais là j’étais réellement pressé. Au pire, je ne faisais que passer pour un Britannique moyen, braillard et vulgaire… L’image de @Jameson Clearwater m’apparut alors à cet instant et je ne pus m’empêcher de sourire.
Je la rattrapais enfin. Elle était en pleine discussion avec un autre étudiant. Un peu maladroit, je me plantais à côté d’eux. A l’origine, je ne voulais pas paraître impoli, et attendre qu’il termine leur conversation mais… J’avais oublié que j’étais la vedette il y a quelques minutes à peine. Ce qui provoqua… Bien évidemment un silence. Bon. Tant pis. J’allais parler, quand son visage que je vis de plus prêt me fit rater plusieurs battement de coeur. Comme plusieurs coups de tonnerre, je le sentis battre au creux de ma poitrine avec intensité. La ressemblance avec son père, que j’avais repéré de loin, me choquait énormément de prêt. J’avais… l’impression de voir un fantôme. Je l’avais vu plusieurs fois enfants, mais… là c’était véritablement frappant. J’ouvris la bouche, je la refermais puis finalement, je pris l’initiative pour ne pas paraître plus indélicat.

« Vous êtes Liadan O’Connor ? »

Je fronçais les sourcils. L’étudiant avec qui elle parlait eut la gentillesse de partir. Autour de nous les autres se firent de plus en plus rares.

« Je crois que je n’ai pas besoin de me présenter. Je... Je suis un vieil ami de votre père. »

Se souvenait-elle de moi ? Je laissais planer un silence. Beaucoup de souvenirs remontèrent dans mon esprit. Poudlard, nos jeunes années insouciantes. La bataille. Nos rires, nos larmes, l’enterrement. Mes yeux indiquèrent une profonde tristesse mais aucune larmes ne sortit, prouvant que cette mélancolie était tellement ancienne que j’étais habitué à vivre avec.

« J’ai essayé de vous contacter, à plusieurs reprises, mais on m’en a empêcher. »

J’avais une réputation à tenir. D’après  @Braxton Clearwater , j’étais le champion pour mettre les pieds dans le plat et arriver avec mes gros sabots. C’était chose faites. J’avais fait fuir un étudiant, j’avais déclaré que je connaissais son père et que c’était un ami, et ensuite j’avais bien expliqué de manière simple et directe que sa mère m’avait empêché de l’approcher. Le tout en trois phrases.

« Je vais rester quelque temps dans la région. Ce n’est pas urgent ni pressé, mais je veux que tu saches que si tu te poses des questions sur qui était ton père, je suis à même de te répondre. »

Je n’étais pas un imbécile. J’avais compris le manège de sa mère à chaque fois que je m’étais présenté chez eux. J’avais eu un refus catégorique de la voir, ce qui signifiait inéluctablement qu’elle avait décider de couper Liadan de ses racines et de son père. Je ne la jugeais pas, après tout… Son mari était mort et elle ne voulait pas de ça pour sa fille mais… J’étais certains qu’elle en avait besoin pour se construire. Pas besoin d’être Legilimens pour le deviner.

« Je suppose que tu as cours ? Bien, je vais te laisser. Voilà mes coordonnées jusqu’à la semaine prochaine. Tu n’es pas obligée de venir. Je… ca ne serait pas grave. »

J’allais ouvrir la bouche pour lui dire qu’elle ressemblait énormément à son père mais… je ne fis qu’un espèce de regard et sourire étrange, moche et désolé avant d’amorcer un départ  assez lent, le coeur très lourd.

Les conférences étaient toujours les cours les plus appréciés à Mahoukotoro. L’institut jouit d’une excellente réputation, et des intervenants renommés se succèdent dans leurs amphithéâtres. Celui-ci ne fait pas exception à la règle et Luke Korrigan a droit à toute l’attention de son auditoire, composé d’étudiants de plusieurs niveaux. Parmi eux, il y a Liadan O’Connor. Ayant terminé son entraînement sur sa période libre un peu en retard, il ne restait malheureusement que des sièges au fond, loin du conférencier pour elle. Cela ne l’a pas empêchée de boire les paroles de l’homme et de tout consigner précieusement dans son carnet, notant plusieurs remarques dans la marge pour pousser d’éventuelles recherches un peu plus loin, si elle en a le temps. Et il semblerait que le cours ait donné matière à réfléchir à plusieurs de ses camarades. Sang l’attend à la sortie, lui emboîtant le pas alors qu’ils échangent leur point de vue sur l’étude de cas que le professeur d’un jour a proposé, une histoire assez ahurissante qui a eu lieu aux Etats-Unis avec implication de moustaches et d’écailles dans un ensemble peu harmonieux. Et ils sont en plein échange quand on se place à leurs côtés, ce qui attire leur attention… surtout en se rendant compte qu’il s’agit de l’invité de l’école. Le silence se fait immédiatement alors que l’Australienne dévisage l’enseignant. Il était très loin, il y a quelques minutes, mais d’aussi près… il y a quelque chose qui la fait s’arrêter, sans qu’elle ne mette le doigt dessus. « Vous êtes Liadan O’Connor ? » La surprise est de taille et sa bouche forme un o, ses yeux s’écarquillant. Son camarade vérifie d’un coup d’œil si elle va bien, et un gentil coup de tête ainsi qu’une main sur son bras le rassure : il peut la laisser. Il vide donc les lieux, la laissant en tête-à-tête avec l’homme. « Euh, oui, c’est bien moi, bonjour ? » On fait plus éloquent mais la surprise le dispute à ce sentiment étrange de déjà-vu qui ne semble pas vouloir la lâcher. « Je crois que je n’ai pas besoin de me présenter. » « En effet, professeur Korrigan ? » Son nom était clairement affiché sur leur emploi du temps, alors pourquoi … ? «  Je... Je suis un vieil ami de votre père. »

Ses doigts en lâchent son sac et elle le contemple, comme foudroyée. « J’ai essayé de vous contacter, à plusieurs reprises, mais on m’en a empêcher. » Ses lèvres remuent, sans laisser passer le moindre son alors que les informations s’accumulent. Elle le connait. C’est pour ça qu’il semble si familier. C’est pour ça qu’il lui parle. On l’a empêché de la contacter. Sa mère, sans le moindre doute. Il continue. Il offre de lui parler. Il va rester, un peu. Il connaissait Liam. Il… « Je suppose que tu as cours ? Bien, je vais te laisser. Voilà mes coordonnées jusqu’à la semaine prochaine. Tu n’es pas obligée de venir. Je… ca ne serait pas grave. » Cela fait beaucoup, d’un coup, pour quelqu’un qui n’était pas prêt à entendre ce flot d’informations. Mais ce qu’elle fait, c’est qu’elle ne peut pas le laisser partir. Le mouvement est donc un réflexe, enjambant ses affaires dont elle a momentanément oublié l’existence – elles sont au sol, elles ne tomberont pas plus bas, pour lui courir après : « Attendez ! » Sa main atteint son coude, que ses doigts effleurent. La veste est un peu rugueuse, et semble avoir attrapé des poils de chien. Le flash est vif. C’est un husky, courant dans l’herbe. Roulant, avec trois enfants à ses trousses. C’est… « On…oncle Luke ? » La voix est hésitante, alors qu’elle émerge de la vision brutale que son don a déclenchée. Sa main se retire, comme si elle s’était brûlée. Cela fait des années. Ce sont des noms qu’elle n’a plus entendus, qu’elle n’avait plus le droit de prononcer. Des visages qu’elle ne connaissait que de ses visions, qu’elle essaye de déclencher, encore et encore. Et elle la ramène à elle, regardant ses doigts, essayant de se reprendre : « Je… c’était mon dernier cours et … » Ca fait beaucoup. Ca fait beaucoup d’un coup et elle a l’impression que le monde tourne un peu vite, autour d’elle, alors qu’ils sont seuls, dans ce couloir. « Vous… voulez une tasse de thé ? » Il lui faut quelques minutes, pour reprendre ses esprits. Et le thé aidera, sans le moindre doute. Mais surtout… surtout, elle n’a pas envie qu’il parte. Et sa main se tend, de nouveau, pour rattraper son coude. S’il te plaît, ne disparais pas. Sois réel.

Un flot d’émotions m’avait envahi quand j’avais tourné les talons mais comme à mon habitude et selon la tradition irlandaise… Je n’avais absolument rien montré. Sans un mot de plus j’avais donc avancé, un peu perturbé par ce qui venait de se passer et ce que je venais de dire. Elle lui ressemblait tellement, s’en était totalement déroutant. Ma petite valise dans une main et mon chapeau dans l’autre, je traversais donc le Hall de l’Université quand une voix et une main me fit retourner.
C’était la même voix qu’une petite fille de 6 ans. Non pas au timbre, qui était désormais bien plus grave. Mais à l’intonation et tout ce qu’elle véhiculait. Elle semblait… Totalement perdue. Aux mots « Oncle Luke », un large sourire bienveillant et serein apparu sur mon visage. Mon regard bleu pétillant semblable à mon animal Totem brilla de mille feu sous l’émotion

« C’est bien moi. Du moins comment tu m’appelais, et tu peux continuer. Après tout le temps n’efface rien. »

J’étais resté planté au milieu des étudiants qui nous contournait de manière extrêmement disciplinés. Sans un mot de plus, je laissais un silence s’installer. Un silence… Apaisant. Nous semblions immobile à mes yeux autour des autres qui continuaient de s’animer. Comme si la vie s’était suspendue un court instant. J’observais toujours cette jeune femme qui était encore à mes yeux cette petite fille de 8ans.

« Bien sûr, je ne dirai pas non contre une tasse de thé. Il paraît que le thé noir de ce pays est une vraie merveille ! Je comptais y goûter justement… Maintenant. Quel hasard et quelle aubaine que tu me le proposes. »

Mon regard bleu se fit plein de malice. Bien évidemment, j’inventais au fur et à mesure. Je comptais bien goûter au Thé Noir, mais pas immédiatement en réalité. Toujours calme, je regardais ma montre qui affichait plusieurs constellations.

« Et il semblerait que personne ne m’attende… Et qu’il est l’heure du Thé. Enfin, s’il y a une heure du thé au Japon. Ce pays est fascinant. »

D’un air complètement distrait, je regardais autour de moi mon environnement. Oreille tendue à une langue que je ne comprenais absolument pas mais que je trouvais chantante, j’essayais d’imaginer ce qu’ils pouvaient se dire. Je tournais ensuite mes yeux sur le décor de cette école qui était dans un pur style asiatique. Japonais, mais pas que. On voyait que contrairement aux Moldus de cette culture, l’emprunte chinoise, coréene et… je me mis à arrêter de réfléchir pour observer Liadan.

« Mais je dois t’avouer que je suis ici pour te parler. Je ne vais pas y aller par quatre chemin, et je n’attendrais pas d’être tranquillement assis pour te dire les raisons de ma venue. La dernière fois, j’ai été stoppé si prêt du but ! »

Je lui fis un léger clin d’oeil. Prouvent que sa mère était toujours ce mur infranchissable et cette ouragan que je n’avais jamais réussir à franchir.

« Ton père aurait voulu que tu aies des souvenirs de lui. Les souvenirs, ça s’entretient. Et je suis là pour ça. Je sais à quel point cela peut être dramatique pour quelqu’un de ton âge s’ils disparaissent... »

Je l’observais tristement en pensant à Sean à qui Braxton avait retiré ses souvenirs de Liam. C’était aussi pour cela que j’étais là. Qu’il ne disparaisse pas dans l’oublie. Regardant toujours autour de moi,j’essayais de trouver un endroit calme.

« Tu sais où l’on pourrait boire un thé tranquillement ici ? »

J’avais une voix grave et rassurante. Mon chapeau sous le bras, je regardais les couleurs des uniformes que je trouvais formidable. J’avais appris les couleurs et leurs significations, et si je ne me trompais pas… J’étais plutôt fier de celui de Liadam.

Le temps n’efface rien. Et pourtant, alors que Liadan fait face à l’homme, il lui semble qu’il a tout balayé. Oncle Luke a vieilli, elle aussi. Il est moins difficile d’atteindre sa manche pour le retenir, et il y a fort à parier qu’elle ne pourra plus faire du cheval sur le dos du husky. Les souvenirs sont là, entretenus par son don de voyance pour lequel elle n’a jamais cessé d’être reconnaissante. « D’accord. Oncle Luke. » Il n’était pas nécessaire de le répéter, mais le dire amène un sourire à ses lèvres. Et l’émotion monte, doucement, dans le calme qui revient. Se retrouver face à lui est irréel, mais elle sait qu’elle ne rêve pas. Distinguer les souvenirs, des rêves et de la réalité est une chose à laquelle elle s’entraîne. Et elle n’est pas prête à ce que le moment s’arrête. Se rendant compte qu’elle ne l’a pas lâché, elle laisse le manteau filer entre ses doigts, croisant ses mains devant elle. Le fait qu’il accepte de ne pas partir et de prendre le thé avec elle la soulage et elle hoche la tête à ses paroles, maîtrisant sa langue pour l’instant. Parce qu’elle veut écouter tout ce qu’il a à lui dire. Et savoir que sa mère a réellement empêché qu’on la contacte lui fait se mordre l’intérieur de la joue pour ne pas dire des choses qu’elle pourrait regretter. La colère n’est pas quelque chose qu’elle maîtrise. Et la mention de Liam fait briller ses yeux, d’intérêt – et de quelques larmes qu’elle ravale cependant assez rapidement. Et elle ne perd pas une seconde quand il lui demande où aller : « Bien sûr. Nous avons la salle du Thé. Les étudiants de l’option s’en servent pour pratiquer la cérémonie traditionelle du thé, mais elle est disponible en-dehors de leurs horaires si on veut s’y poser. » Et le moulin à paroles est lancé, n’ayant visiblement pas l’intention de s’arrêter. L’émotion a cet effet sur elle. Mais après tout, il est venu pour lui parler. « C’est par ici. »

Et c’est heureusement de là où elle vient, parce qu’elle aurait abandonné ses affaires au sol sans s’en souvenir. Elle peut donc les ramasser pour lui indiquer la route à suivre. Les couloirs sans plutôt calmes mais il n’est pas question qu’elle perde une seconde de l’opportunité. Le choc passé, il est clair que c’est une occasion en or. Et même s’il lui dit être là pour elle, il doit avoir d’autres choses à faire également et elle n’est pas certaine de le revoir. « Je suis surprise. Je n'ai jamais su que tu avais essayé de me contacter. Ni toi ni quoi que ce soit d’autre. » Et l’enfant qu’elle était a simplement pensé qu’on l’avait oubliée, enterrée ce jour-là, en même temps que Liam. Et elle a essayé de grandir en sachant cela. En se retenant d’envoyer les lettres qu’elle écrit à son meilleur ami, sans interruption depuis qu’elle sait le faire. « Mummy… » Un soupir s’échappe de ses lèvres alors qu’elle rajuste son sac sur son épaule, continuant à progresser dans les couloirs : « Je sais qu’elle ne pense pas à mal. Mais elle refuse qu’on en parle. » Et c’est difficile. « Granny l’a connu et essaye, quand elle peut. On travaille sur mes visions, ensemble. Je suis Voyante, » ajoute-t-elle, se rendant compte que l’homme ne doit pas être au courant, elle était bien trop jeune quand il l’a connue pour avoir cette donnée. « Alors je le vois, de temps en temps... mais… » Ce n’est pas pareil. C’est loin d’être suffisant. Ils finissent par trouver la double porte en bois laqué qui s’ouvre sans qu’ils n'aient besoin de la pousser, accueillis par un endroit au calme feutré, où ils sont seuls – à part une vieille dame qui les accueille en leur demandant en japonais ce qu’ils désirent. Liadan commande rapidement deux thés noirs, l’emmenant vers une table basse à laquelle elle s’assoit, en tailleur, posant son sac à côté d’elle. Et ses yeux accrochent le visage de Luke, énonçant simplement : « Tu as changé. Je ne t’avais pas reconnu. » Et c’est un peu timidement qu’elle prononce ces mots. C’est compliqué. Mais il est là. Alors… alors ça ira.

Je l’observais d’un air rayonnant lorsqu’elle accepta l’invitation. Mon coeur s’inonda alors de bonheur et mes lèvres s’étirèrent en un large sourire sincère et bienveillant. Le regard pétillant de malice, je me contentais de dire d’un ton léger :

« Dommage que je n’ai pas assez de temps pour voir cette cérémonie ! »

Et, comme un enfant de huit ans, je lui emboîtais le pas. Avec vivacité, j’observais mon environnement avec un intérêt non feint. Bien que j’étais là pour voir Liadan, je ne pouvais quand même m’empêchait de me baigner de cette nouvelle culture où tant de chose étaient nouvelles à mes yeux. Toujours aussi distrait, j’avais quand même fait un immense effort pour Liadan. Contrairement à ceux qui me connaissaient bien comme Braxton ou encore Sio, je devais faire un effort de concentration pour elle. Aussi, je répondis immédiatement en regardant mes pieds pour ne pas être déconcentré.

« Disons simplement qu’il est plus facile de dérober quelque chose dans un compte en banque à Gringott’s, plutôt que de faire passer un message à Liadan O’Connor… Ta maman est une personne remarquable mais… Pour ce qui est de voir d’anciens amis, elle a quand même quelque lacune. »

Je lui adressais un sourire très chaleureux. Bien que j’avais été très déçu par le comportement de sa mère lors du décès de Liadan. D’autant plus que moi aussi, j’avais été veuf. Et que j’avais été ravi qu’elle et son mari soient présent pour moi… J’avais vécu cet absence comme un véritable abandon. J’avais perdu deux amis et une fille qui était pour moi comme ma nièce finalement ce jour là. Aussi, mon sourire s’effaça quelque peu.

« Elle ne pense pas à mal non. C’est vrai. Les parents font parfois des choses insensés pour protéger leurs parents… J’ai juste été vexé d’avoir perdu plus que Liam ce soir là... »

Je ne voulais pas m’étaler plus que ça sur le sujet. Un peu sinistre, je m’étais contenté d’écouter avec attention cette histoire de voyance. Ma main passa sous mon menton et je me caressais la barbe tout en marchant. D’un air pensif, j’essayais de me souvenir si Liam m’avait parlé de ça, ou si j’en avais entendu parlé. Même si j’étais étourdi, ce genre d’informations je savais les garder dans un coin de mon esprit.

« Ah. C’est un don assez rare, qu’il faut t’apprendre à manipuler avec discernement, intelligence et patience. Mais je ne doute pas qu’étant donné ton ascendance et ton éducation, même si je n’y ai absolument pas participé et que l’on ne m’a pas laisser cette chance, tu saches t’en servir à merveille. »

Je lui adressais un large sourire. Ca voulait dire ce que ça voulait et j’en avais compris assez durant notre maigre échange pour voir qu’elle avait hérité de l’intelligence de son père. D’un air mélancolique, j’entrais dans le salon de thé et je m’installais, observant l’endroit avec un intérêt non feint.

« Peut être que si j’étais venu sous forme de chien, tu n’aurais pas eu tout ce mal… Tu veux dire que j’ai vieilli. Ne t’inquiète pas, je ne le prends pas mal. C’est l’ordre naturelle des choses non ? Toi, en revanche, tu es devenue une belle femme. Et brillante, à ce que j’en entend... »

Prenant un Thé Noir, beaucoup plus prisé dans cette région du monde, je posais la carte et j’adressais un sourire à Liadan.

« Je suis venu pour la conférence, et j’en ai profité il faut l’avouer, car je savais que tu étais dans cette Université. Comme j’avais promis à ton père de veiller sur toi en cas de malheur, et que je n’ai jamais pu réellement tenir ma promesse… »

Je soupirai et je regardais mon Thé arrivé. Je n’avais jamais été doué dans l’art de lire dans les feuilles de Thé. J’avais toujours trouvé ça véritablement ennuyeux.

« Peut-être une autre fois ? » C’est dit assez timidement, Liadan se doute qu’il ne peut pas s’absenter d’Angleterre trop souvent, mais cela lui plairait, de savoir que cela pourrait se reproduire. C’est sans doute en demander beaucoup, mais la petite fille en elle tire sur la manche de son oncle pour lui demander de ne plus jamais la laisser, maintenant qu’ils se sont retrouvés. Ce n’est pas simple, surtout avec sa mère qui fait barrière. Le trait d’humour de Luke lui arrache un petit sourire et lui fait se demander s’il a été le seul, à tenter de la contacter. Mais ce n’est pas pour parler des autres qu’il est là. « C’est trop douloureux, pour elle. C’est ce qu’elle dit toujours. Et je n’ose pas demander devant Kyoko. C’est ma maman. Aussi. Elle s’est remariée. » C’est une information qu’il n’a sans doute pas. Et elle ne sait pas si elle est capitale, mais comme il l’a dit lui-même, ils ont été amis. Le passé est une chose compliquée et douloureuse, ce qu’elle est bien placée pour savoir. Les compliments que lui font Luke à ce sujet la font rosir, et elle secoue doucement la tête : « J’en suis encore loin. Mais je m’entraîne. Peut-être que je pourrai le faire avec toi. » S’il a des objets ayant appartenu à son père, ou quoi que ce soit qui ait eu trait à son passé, alors elle pourra essayer de le revivre. Et cette perspective la fait trembler. Le passé est immuable et l’a attendue toute ces années. Le reste, en revanche…

« Est-ce que le chien a vieilli, lui aussi ? » demande-t-elle avec un réel intérêt. Ce serait logique, que l’animal change lui aussi, comme le sorcier d’origine. Mais la métamorphose n’est pas sa matière principale et le professeur aura sans doute beaucoup de choses à lui apprendre sur le sujet. Le rose devient un peu plus intense sur ses pommettes, alors que sa tasse arrive la première, lui donnant quelque chose pour occuper ses mains qui s’en emparent. « On m’a dit … que je lui ressemble. » Mais à part sa mère et sa grand-mère, elle n’a pas réellement de témoins, ayant grandi avec lui et pouvant en attester. Pas de photographies, non plus. Alors elle se demandait : « Parce que je ne ressemble pas du tout à ma mère. » Et pour le coup, les portraits ne manquent pas. Alors elle doit tout avoir pris de Liam. Et elle se demande si c’est pour ça, qu’elle a si mal quand elle la regarde, et qu’elle interdit tout contact avec le passé. La confession de Luke la surprend, et elle le fixe un moment : « Est-ce que… ? » C’est compliqué, de poser des questions. Elle en a tellement. « Il avait pensé … que cela pouvait se passer. » Anticipé qu’il pouvait périr. Qu’il pouvait la laisser. Le cœur gros, Liadan contemple le fond de sa tasse. C’est difficile, de penser à ça. « Quel genre d’homme il était ? » Parce qu’elle se souvient de quel père il était. De quel mari, pour sa mère. Sa grand-mère lui parle du gentleman qui lui a rendu visite. « Comme … ami ? Comme … personne. » Qui était Liam O’Connor ? C’est un des plus grands mystères de sa vie. Et elle balbutie : « Désolée, peut-être que … c’est trop dur d’en parler. » Et elle ne veut pas le brusquer. De peur qu’il ne s’évanouisse dans la nature, et qu’elle ne le voie plus.

J’observais toujours les feuilles de Thé noir dans ma tasse. Quand elle m’annonça que sa mère s’était remariée avec une Japonaise à en croire le prénom, je me contentais de sourire chaleureusement et sincèrement. En toute bienveillance et d’une voix douce je répondis très honnêtement.

« Si un jour tu as le courage de lui dire que je suis venu te voir, transmets leurs mes félicitations et tous mes vœux de bonheur. Avec des années de retard j’imagine. »

J’étais quand même soulagé que sa mère ait réussi à tourner la page. Je lui souriais tristement face à sa proposition. D’un air calme je n’osais pas lui prendre la main pour lui dire ce que j’avais envie de lui dire. Pourtant, j’en mourrai d’envie. Je me contentais de regarder ma tasse de thé et de poursuivre sur le même ton calme et rassurant.

« Il n’est pas bon d’en savoir trop sur son avenir, et encore moins de se replonger trop dans le passé. Surtout que là où tu voudrais aller, il n’y aurait rien de bon pour toi. »

Je relevais les yeux. Je savais qu’elle allait soit volontairement, soit involontairement remonté jusqu’à Liam et la Grande Guerre. Nous tous, à Poudlard durant la bataille à défendre chère notre peau pour notre avenir et nos futurs enfants… Sans se soucier des éventuels représailles… Je n’arrivais pas à relever les yeux.

« Le chien a vieilli, mais moins que l’homme. » dis-les yeux rieurs.

Finalement je trouvais le courage de lever les yeux vers elle. J’avais la boule à la gorge, mais il fallait que ça sorte. Sans attendre, je plongeais mon regard dans le siens, et je trouvais quand même la force de prendre sa main.

« Avant de te dire, ou de voir l’homme qu’il était...Je voulais te voir, pour te demander pardon. » dis-je brusquement.

Je n’étais là que pour ça en réalité. Cela faisait des années que cette pensée me guettait. J’étais réputé pour ne pas cacher mes émotions. Pour laisser parfois mes yeux s’embrumer ou ma voix se casser. Mais là, des larmes commencèrent à couler le long de mes joues. Je les essuyais.

« C’est de ma faute si ton père est mort. Le soir où Braxton et lui se sont fait attaqué. J’aurai du être là. Je suis arrivé en retard. Avec beaucoup de retard… J’ai… j’ai pensé qu’ils étaient assez de deux… Je… je suis resté avec les enfants, parce que j’ai eu peur pour les miens et… le temps que je les cache à Castel Korrigan et que je les retrouve... »

J’enlevais brusquement ma main. Un peu trop brusquement. Je ne voulais pas qu’elle remonte jusque là. Le moment où, une fois ma famille égoïstement mise en sécurité, j’étais arrivé sur les liens, trouvant Liam mort, Sean le regard vide. Et Braxton complètement détruit…

« Mon égoïsme a couté la vie à ton père. Braxton affirme encore et toujours le contraire. Mais si j’avais été là, nous aurions été assez puissant et il serait encore en vie. Et toi, tu serais à Poudlard, et pas ici. »

Je relevais mes mains pour, dans un geste presque évangélique désignait la salle où l’on était. Mes larmes cessèrent et je remis mes mains devant. Plus abattu que triste.

« Voilà. Tu n’es pas obligé de me pardonner. Je comprendrais. Je voulais surtout que tu saches. »

Je n’arrivais pas à la regarder dans les yeux. Je pensais à Finn et Sio qui avaient eu droit à une éducation à Poudlard, et qui étaient en pleine santé… Mais je n’avais plus qu’eux dans la vie désormais… Je n’avais pas pu me permettre le moindre écart ce soir là...
Mais ça avait eu un prix.
Et aujourd’hui, il était temps de le payer.

Les félicitations à transmettre la plongent dans l’embarras et elle considère ses mains, un moment. Dire à sa mère qu’elle a vu Luke Korrigan semble être une chose anodine, et pourtant, elle sait à quel point elle n’apprécierait pas la nouvelle et ne veut pas qu’elle s’en prenne à l’homme, d’être venue la trouver. Et elle a surtout peur qu’avec les connexions de sa maman, elle puisse faire en sorte qu’il ne soit plus jamais invité à Mahoukotoro. Et elle ne le désire pas. « On verra, » est tout ce qu’elle peut lui promettre pour l’heure. Parce qu’elle est encore incertaine, malgré toute son excitation de le voir, de ce qu’il peut ressortir de leur entrevue. Des souvenirs, des réponses, c’est ce qu’elle désire. Et il y a de la volonté, quand elle relève les yeux vers lui : « Mais il est difficile de tracer son avenir, quand on ne sait pas d’où l’on vient. » Ce n’est pas d’elle, c’est un de ses professeurs de l’institut, son directeur d’études qui le lui a dit, il y a de cela quelques temps, en la voyant troublée. Et il a raison. « Je veux … non, j’ai besoin de savoir. De me souvenir. Et d’apprendre à le connaître. » C’est une telle douleur, ce manque que rien n’y personne ne peut combler. Ce soir-là, elle a perdu beaucoup plus que son père. Tous ses repères, toute sa vie. Son existence a changé du tout au tout à cause de ces personnes. Et jamais elle n’en a guéri. Elle a grandi, elle s’est construit, mais il manque une grande partie des fondations.

Son changement de ton ne lui échappe pas et ses sourcils se froncent légèrement. Elle voudrait reprendre la main qu’il a retirée, comme si elle pouvait l’apaiser par ce simple contact. Mais ce qui lui dit… ce sont ses propres doigts, qui battent en retraite. Qui viennent se poser sur ses genoux où ils se crispent. Ce ne sont pas des images qu’elle veut voir. Ce n’est pas les réponses qu’elle attend. Et pourtant, son imagination a déjà fait le travail, un nombre incalculable de fois. Et s’y rajoute celle de celui qu’elle appelle oncle, ne venant pas. Mettant ses enfants à l’abri. Ses enfants. Ses yeux s’emplissent de larmes. Il y a une injustice, profonde, dans cette histoire. Elle est la seule à avoir perdu son père. A avoir vu sa vie s’écrouler entièrement, ce jour-là. Mais elle sait aussi quelque chose. Une vérité absolue, qui la guide depuis des années. Et qui l’empêche de tomber dans les pièges de la colère, qui est pourtant tentante : « Ce n’est pas de ta faute. » Les larmes ont commencé à couler, faisant trembler légèrement la voix, mais elle est assurée. « C’est de la faute des Mangemorts qui les ont attaqués. » Est-ce qu’une part d’elle aurait préféré qu’il fasse de même ? Il n’a pas eu à le faire, sa mère et elle étaient en Australie. Mais c’est une certitude. « Tu aurais pu être tué, toi aussi. » Et cela n’aurait aidé personne. Un hochement de tête, comme pour entériner sa décision, sa déclaration et passer à autre chose. Pour se convaincre, peut-être. « On ne change pas le passé. » C’est une chose qu’elle a du apprendre, avec ses visions. Qui est un apprentissage douloureux, mais nécessaire. « Ce n’est pas de ta faute, » répète-t-elle. Avant de dissimuler son visage dans ses mains pour fondre en larmes. C’est un peu trop, pour son cœur.

Avec un effort immense, je me retenais à mon tour de fondre en larme. C’était la malédiction d’être plus ancien. De faire partie des parents. Parfois, il valait mieux de rien montrer, pour sécuriser les plus jeune. Mais ce dont je me souviendrais toujours, c’est que lorsqu’elle plongea son visage dans ses mains pour l’y enfouir et hurler sa peine silencieusement, j’aurai pu faire pareil ce jour là.
Mais au lieu de cela, j’avais repris courage et j’avais simplement dit d’une voix calme et bienveillante comme à chaque fois, quoi que légèrement cassé par les évènements.

« Tu es bien plus sage que nous à l’époque. Mais tu as raison. Et je vais garder ce conseil avec moi. Il me va droit au coeur. »

Je ne me permis pas de la toucher pour lui dire de se calmer. Je n’avais nullement envie de paraître impoli. Surtout dans une culture où le touché était quelque chose d’assez rare, précieux et intime. De plus ; elle ne maîtrisait peut être pas son don, et je n’avais absolument pas envie de me retrouver des années en arrière, à regarder une mauvaise copie de moi même arriver sur une scène de crime horrible.

« Et tu as raison, on ne change pas le passé. C’est pour changer l’avenir que je suis là d’ailleurs. »

J’avais repris des forces, il fallait dire que le thé m’y aidait. Il était très bon et il avait toujours cette effet un peu excitant sur moi que n’avait jamais réussi à me procurer le café. Changeant un peu de voix, j’essayais de réfléchir au meilleur moyen de présenter la chose.

« Je suis venu certes faire ta rencontre. Je suis également venu chercher des réponses à mes questions. Je voulais savoir pourquoi tu n’avais jamais répondu à aucune de mes lettres et comprendre le silence radio. Maintenant que c’est chose faites... »

Je m’essuyais les lèvres avec une serviette japonaise de haute manufacture. Mon esprit distrait se surprit à observer les dentelles et la couleur du tissu si parfaite d’un peu trop prêt. Le temps que je me rende compte que je venais encore de faire une longueur en terme de pause de langage, je repris in-extremis.

« Je vais te parler de la deuxième raison de ma venue. Poudlard est une Université de Sorcellerie que tu dois connaître uniquement de nom. Je suis là pour organiser des échanges inter-étudiants. Demain, je ferai une présentation sur l’Université, ses cours, ses possibilités d’échange et toutes les possibilités que cela peut offrir. »

D’un geste calme, mais affectueux, je lui pris la manche en prenant bien soin de ne pas rentrer en contact avec sa peau. L’obligeant à me regarder un peu dans les yeux. Une petite lueur se mit à briller au fond de cette dernière et d’un léger sourire en coin un brin espiègle je poursuivis.

« C’est bien évidemment ouvert à n’importe quel étudiant ayant un bon parcours. Ca peut permettre d’en apprendre plus sur d’autres formes de magie... »

Je regardais à droite et à gauche, comme si j’allais lui faire une confidence. Je me revoyais, dans cette position des années en arrière un brin penché vers les enfants. C’était le moment où je racontais une petite blague, ou je leur disais un petit secret digne d’un conte de fée.

« … ou d’en apprendre plus sur soit même. » dis-je un peu plus bas.

Je lui fis un clin d’oeil complice. Et je tapais dans mes mains avec vivacité. Aussitôt ma tasse et ma petite cuillère se mirent à danser un tango. Je faisais bien sur cela uniquement pour lui redonner le sourire.

Sage ? C’est sans doute la première fois que quiconque use de ce qualificatif en parlant de Liadan. Et c’est ce qui lui permet de se calmer, lentement, de revenir à elle pour le regarder. Un hochement de tête silencieux lui indique qu’elle est contente d’avoir pu le lui dire. Et si cela peut alléger un peu le poids de la culpabilité qu’elle a pu entrevoir, c’est une excellente chose qu’il en ait parlé. Cela ne lui épargnera pas des cauchemars douloureux, à s’imaginer les scènes encore et encore. Mais c’est son problème. C’est son deuil. Ce n’est pas celui des autres, même s’ils le portent également, de manière différente. Cela fait quelques temps qu’elle a accepté les choses, qu’elle a pu grandir en refermant ses blessures. Mais il y a encore de nombreuses choses qu’il lui reste à découvrir. Et c’est pour ça que les mots de Luke l’interpellent, quand il parle d’avenir. Mais ils effleurent le passé et ses lèvres s’entrouvrent : « Tu m’as écrit des lettres ? » Le choc est grand, et elle se demande comment elle pourrait essayer de les trouver, aux prochaines vacances, si sa mère ne les a pas détruites. L’envie de les avoir et de les lire se fait forte. Qu’a-t-il bien pu lui dire, dans celles-ci ? C’est ce qu’elle aimerait découvrir. Elle brûle de le lui demander, mais il semble lancé et ce serait impoli. Après tout, rien que le fait de savoir qu’il y a eu des gens pour penser à elle et lui écrire est déjà suffisant pour apaiser certaines douleurs de l’enfant.

La suite la prend cependant au dépourvu. Ses yeux s’écarquillent alors que le nom de l’Université est prononcé. Poudlard. Le château l’a toujours fascinée, enfant, se souvenant de tout ce que son père lui avait raconté à son sujet. Ses yeux accrochent ceux de Luke alors qu’elle accroche doucement sa manche également, comprenant la portée de ce qu’il lui dit. Ses lèvres s’écartent, puis se rapprochent, petit poisson hors de l’eau. Mais son cœur bat la chamade, soudainement, alors que les possibles lui donnent le tournis. Et la démonstration la surprend, éclatant du rire d’une enfant sans le moindre complexe, battant deux fois des mains pour saluer l’exploit : « Tu pourrais m’apprendre à faire ça ? » Il y a une étincelle, dans son regard, la possibilité d’en apprendre davantage, d’aller creuser d’autres savoirs sur les sortilèges mais surtout … arpenter les mêmes couloirs que son père, jouer au Quidditch sur le même terrain. Un frisson la parcourt et elle murmure : « Ce serait merveilleux… » La perspective lui donne tellement le tournis qu’elle pose ses mains sur son visage, essayant de se calmer. « Mais… maman ne sera jamais d’accord. » Elle se mord la lèvre, imaginant sans peine la réaction de celle-ci si elle ne faisait que mentionner la possibilité d’aller au Royaume-Uni. Et pourtant… pourtant, pour la première fois, avoir un proche d’un autre temps devant elle, ce n’est pas la résignation qui s’abat sur elle. Et elle demande, relevant le menton : « Je suis majeure… il n’y a pas besoin de l’accord parental, n’est-ce pas ? » Se posera la question des fonds. Mais c’est une chose dont elle peut tenter de s’occuper… autrement. Il doit y avoir des solutions. « Je… je n’aurais jamais… même rêvé y aller. » C’est de la gratitude, qui déborde, dans son regard. Pour cette possibilité. Et elle espère, qu’elle ne s’emballe pas pour rien. Et qu’elle pourra, réellement, le faire. Pourquoi pas ?