don't tell me 'cause it hurts { Lennox

Ce n’était pas très intelligent. Bianca s’en rendra compte, plus tard. Elle se souviendra de sa propre réaction, quand elle les a vus. De son besoin de partir, de hurler, d’être seule. Mais pour l’heure, c’est la solitude à laquelle elle pense. C’est le réflexe qui l’a fait foncer sur une bouteille d’alcool. C’est ne pas vouloir qu’il se mette dans le même état, qu’il ressente le profond désespoir dans lequel cela l’a jetée. Peine perdue. Parce qu’il n’y a rien qu’elle ne puisse faire pour empêcher ça. Alors non, elle n’a jamais été la plus brillante. Et surtout, personne ne lui avait donné de mode d’emploi pour cette situation. Pour aucune de celles qu’on a mis sur son chemin. Alors elle a fait ce qu’elle pensait juste. Et a immédiatement senti que c’était une erreur, dans la contraction du corps de Lennox. Pourtant il y a encore un doute, l’espace d’un instant. C’est elle. Il peut se laisser aller. Il peut… Non. Ses bras se défont d’eux-mêmes alors que le rejet clair la cloue sur place. Le battement de cœur est douloureux. C’est le froid, surtout, qui la gifle. Parce qu’il y a lui. Mais il y a elle, aussi. Et elle a besoin de lui. Plus qu’il n’a besoin d’elle. Ça a toujours été le cas. Et c’est d’autant plus vrai en cet instant. Pas un muscle ne bouge, alors qu’il s’écarte, qu’il s’éloigne. Un frisson glacé la parcourt. Et ses mains trouvent ses propres bras, pour les frotter, comme si cela pouvait aider. Ça n’aide pas. Rien ne le peut. Enfin. Rien qu’elle ne puisse avoir.


Les mots de Lennox sont empreints de colère. Et cela n’a rien d’une surprise. L’Auror ne bouge pas. Parce que l’homme qui se tient derrière elle n’est pas son ami. Pas celui qu’elle connaît. Elle aurait du le savoir. Et sa réaction aurait du être différente. Elle n’a jamais réfléchi avec lui. C’était une erreur. Immobile, elle tente de calmer son cœur qui bat trop vite. Sa migraine, revenue lui éclater les tempes. Ses canaux lacrymaux, qui ont visiblement décidé de se remettre en action. Mais ce n’est pas le moment. It’s not about you. Et sa langue tire sur l’intérieur de sa joue, prenant une grande inspiration. Et pourtant ça l’est toujours. Ce n’est juste plus le sujet. Elle comprendra. Plus tard. Pour l’heure, elle ne ressent que la distance. La colère. La froideur. Et c’est comme si on tirait un tapis sous ses pieds. Un particulièrement confortable, réconfortant. Et qu’elle se retrouvait pieds nus dans la neige. Une image comme une autre. Ses yeux se ferment. Le regarder l’empêcherait de partir. Si elle voyait la douleur, elle voudrait rester. Insisterait. Et ça ne lui ferait probablement pas du bien. « Claro. » Ses pieds collent un peu, manquent de glisser, quand elle se détourne. Toute pensée est bloquée, alors qu’elle retourne dans la chambre. Qu’elle emballe ses affaires. Qu’elle revient dans la cuisine, pour récupérer sa baguette. Ce n’est que sur le seuil qu’elle s’arrête, pour lui lancer, sans le regarder : « If you need me. Anytime. Any hour. » Des fois qu’il l’oublie. Des fois qu’il s’oublie. Et la porte claque derrière elle, faisant tinter ses oreilles. It’s a new day. Et elle n’a absolument aucune idée de comment l’aborder.