Heartbeat

Ces derniers temps, chaque fois que Sean pensait aller mieux et que sa vie s’apaisait, un nouvel élément venait faire exploser à grand bruit le peu de confiance en lui auquel il parvenait à s’accrocher. Alors qu’il pensait avoir mis sa famille et son entourage à l’abri en s’éloignant d’eux, un étudiant avait été tué par un loup garou non loin de l’endroit où lui et @Yeleen Sô s’étaient tenus, prouvant par le même coup le dérisoire de sa stratégie. Depuis, il n’avait pas eu d’autres choix de se rapprocher de son amie de Serdaigle, afin de s’assurer de sa sécurité la plus totale. Il lui avait avoué n’avoir tenu cette conduite d’éloignement que pour la protéger, mais ses actes avaient provoqué un mal qu’il mettrait longtemps à se pardonner.

Si la culpabilité l’entravait encore énormément, notamment dans son rapport à sa mère, ou encore à son cousin qui l’évitait toujours – le jeune homme avait cependant pris sur lui de chercher à renouer les liens avec @Braxton Clearwater. La vision de sa mort, qu’il avait eu en compagnie de son oncle, avait suffit à le convaincre de la force de son inéluctable amour pour lui. Cependant, une découverte était venue réduire à néant tous ses bons sentiments : celle de @Liadan O'Connor, la fille de Liam. Sean avait appris par la même occasion que son père comme son oncle lui avaient caché son existence tout autant que le lien qui les avait unis, et ce sentiment de trahison avait de nouveau et plus que jamais isolé le jeune homme de sa famille.

Pourtant, Sean restait debout malgré tout, cherchant à comprendre et analyser les remous de son âme – tentant de prendre les meilleures décisions qui s’imposaient à lui malgré le chaos de son existence. Peu à peu, parmi le brouillard qui était tombé sur sa vie, il parvenait à distinguer les éléments porteurs qui lui permettaient de continuer à avancer, quitte à s’appuyer sur eux en cas de coups durs. Il y avait le stage qu’il avait entamé avec @Bianca Almadovar afin de devenir Auror, changeant du tout au tout son orientation pour répondre aux menaces qui pesaient sur sa famille. Mais il y avait également le doux regard de Yeleen posé sur lui, le sourire bienveillant qu’elle lui accordait de nouveau, et la caresse de sa main dans la sienne. Ainsi que Jameson le lui avait révélé, l’amour puissant qu’il ressentait pour elle, et l’espérance d’être aimé en retour étaient sa principale source d’énergie – malgré les efforts qu’il devait continuer à fournir pour lui prouver qu’il était digne de confiance.

Mais alors qu’il regagnait son dortoir pour y déposer ses affaires avant d’aller s’entrainer, le Gryffondor s’immobilisa en apercevant la silhouette de son cousin, assis sur son lit. Un instant, il cru à un mirage, ayant souvent imaginé en pleine nuit l’entendre se retourner, ou percevoir le son de son faible ronflement. Sans doute que son cerveau reproduisait ces bruits familiers pour le rassurer et l’inciter à sombrer dans un sommeil qu’il avait tant de mal à trouver. Mais son cousin était bel et bien là, et il l’observait avec un air surpris, comme s’il ne s’était pas attendu à le voir débarquer. C’était peut-être d’ailleurs le cas. Adil avait-il choisi un moment durant lequel il savait son cousin occupé pour passer chercher quelques affaires ? Sa présence n’était sans doute toujours pas souhaitée par le Mesli qui n’avait pas fait le moindre geste pour réduire le fossé qui les avait séparés. Même quand, en apprenant la mort d’Ulysse, Adil avait été le premier à qui l’écossais avait envoyé un patronus – qu’il avait d’ailleurs réussi à créer à sa grande surprise - pour le prévenir et l’inciter à se mettre en sécurité. Ni même quand ils s’étaient croisés à l’enterrement de leur camarade, soutenant du mieux qu’ils pouvaient leurs amies endeuillées. Si ni le danger, ni la mort n’était parvenus à pousser Adil à lui reparler, rien ne le pouvait.

Sean qui ne souhaitait aucunement forcer son cousin à renouer un lien qu’il semblait rejeter si violemment baissa pudiquement le regard. Revoir le Mesli était bien trop douloureux pour garder la tête haute. Le souvenir du coup sur son visage n’était rien en comparaison de son cœur brisé par son rejet. L’affection qu’il lui portait le poussa malgré tout à prendre la parole pour lui éviter de le faire.

- Désolé, je vais te laisser… Je vais m’entraîner, je reviendrai pas avant plusieurs heures, lui murmura-t-il tout penaud avant de tourner les talons pour s’éloigner discrètement.

Alors que le Clearwater commençait déjà à descendre les marches qui menaient vers la salle commune, la voix de son cousin retentit, le faisant s’arrêter et se retourner avec un étonnement emprunt de pressentiment. Le jeune homme ne se sentait pas prêt pour une nouvelle joute verbale, mais des reproches valaient toujours mieux qu’un silence pesant… Tournant les talons, Sean remonta alors les quelques marches qui le séparaient de leur chambre dans laquelle il entra, restant suffisamment éloigné de son cousin pour l’observer silencieusement.

Ce dernier le fixait lui aussi – visiblement aussi mal à l’aise que Sean – et quelques secondes passèrent sans que ni l’un ni l’autre ne surent que dire. Qui de l’algérien ou de l’écossais parviendrait le premier à dépasser son égo pour rompre le silence ? Sean en était bien loin quand finalement Adil reprit la parole, évoquant @Yeleen Sô et le rapprochement qu’il avait observé à l’enterrement d’Ulysse. Sean se crispa sans le lâcher du regard, tentant de comprendre où son cousin voulait en venir. La mort de leur camarade avait en effet agi comme un électrochoc sur lui qui s’était mis à ne plus lâcher la Serdaigle d’une semelle pour s’assurer de sa sécurité – optant pour la stratégie inverse qu’il s’était jusque là imposé.

Mais alors, il se passa quelque chose à laquelle Sean ne s’attendait absolument pas. Adil lui demanda pardon. Fièrement, le menton relevé alors qu’une flamme brillait dans son regard. Mais il lui présenta des excuses, à lui, qui ne les méritait aucunement. Le jeune écossais en eut le souffle coupé et il ne sut comment réagir alors qu’Adil lui présentait sa version des faits, regrettant d’avoir manqué d’empathie envers lui. Lentement, Sean secoua la tête en baissant le regard alors que son cousin continuait à expliquer qu’il ne savait aucunement ce qu’il avait vécu cet été, pour finir par une certitude : il ne pouvait pas exclure Sean de sa vie.

Le Clearwater sentit sa mâchoire se crisper, ses lèvres finissant par former une fine ligne blanche. Son regard se brouilla – ce n’était pas des larmes – mais bien le relâchement de semaines de pression, de regrets et de culpabilisation qu’il sentait sur le point d’exploser. Il se sentait incapable de bouger le moindre muscle, ne serait-ce que pour relever la tête vers son cousin. Pour ça, il aurait fallu qu’il se sente digne de croiser son regard.

- T’as pas… à t’excuser, lui lança-t-il avec autant de difficulté que si on lui demandait de parler sous l’eau. C’est moi qui m’excuse… T’avais raison. Pour tout…

Manquant d’air, il inspira soudainement, et ce regain de vie dans ses poumons lui permit de lever le menton pour avoir de nouveau Adil dans sa ligne de mire. Ses prunelles sombres s’accrochèrent à lui pour le retenir, lui laisser le temps de s’expliquer. Mais il n’y avait rien à éclaircir, ou si peu que c’en était dérisoire.

- Je pensais agir pour vous protéger, mais j’ai été lâche… J’ai pensé qu’à moi … Je vous ai fait du mal et… j’ai détruit le peu de liens et de raison qui me restait…

La sentence était implacable et elle le torturait depuis qu’Adil la lui avait lancé à la figure lors de leur dernière opposition.

- T’as raison, j’agis comme mon père…

Il avait lancé sa phrase dans un souffle, comme une insulte, refusant encore le poids de vérité qu’elle contenait. S’il avait pu oublietter son entourage pour finir de couper le dernier lien qui les liait à eux, et ainsi les protéger comme son esprit à bout de force le lui recommandait : l’aurait-il fait ? La question était bien trop glaçante pour qu’il s’avance à en déterminer la réponse. Lentement, l'étudiant se dirigea vers son lit pour s’y assoir, déposant à ses pieds son sac contenant ses affaires.

- Je sais moi-même pas bien ce qui s’est passé, mais… Tu veux que je te dise Adil ? Ce qui m’est arrivé cet été ?

Il avait posé ses mains sur le matelas pour éviter de les voir trembler et montrer ainsi la faiblesse qui pouvait à tout moment s’emparer de son cœur quand il se remémorait ces moments. Il n’en avait parlé à personne, pas même à Yeleen pour éviter de la faire souffrir. Verbaliser ses souvenirs, c’était comme les revivre un peu – les rendre réels. Et pourtant, le jeune homme sentait qu’il devait en passer par là pour envisager un jour avoir la force de tourner la page.

- S’il y a bien une personne à qui je peux le raconter, c’est toi mo bhràthair*.


* mon frère

Adil s’était assis à côté de lui, passant un bras par-dessus son épaule en guise de pardon. Le Mesli avait cet éclat brut qui n’appartenait qu’aux diamants les plus précieux. Il était entier, transparent, et quand il aimait, il le faisait de tout son coeur. Sean sentit la chaleur de son bras, et de son front sur sa tempe envahir son corps entier. Alors, il se prit à chercher comment il avait fait pour tenir ces longues semaines sans le soutien de son cousin. Le jeune Clearwater comprit ses faiblesses successives, lui faisant vivre un véritable calvaire alors qu’il s’était privé d’un de ses piliers les plus chers.

Tout comme il l’avait éprouvé avec Yeleen, le jeune Gryffondor se sentait loin de mériter cette affection. Pourtant, il laissa sa culpabilité former une boule au fond de son estomac sans s’en préoccuper, plus intéressé à l’idée de retrouver son cousin que de se sentir en paix avec lui-même. Adil l’arrêta dans sa lancée et Sean en éprouva un certain soulagement, mais il écarquilla les yeux quand son cousin lui attrapa la main pour y déposer quelque chose au creux de sa paume.

C’était une chaîne sombre, soigneusement décorée, avec un petit pendentif rond. Un présent d’anniversaire. Le Clearwater le fixa avec intensité, luttant contre ses méfions qui s’entrechoquaient en lui, et il ouvrit le pendentif, bien que leur pièce ne soit pas plongée dans l’obscurité. Une petite boule de lumière apparut, faisant briller son éclat dans ses prunelles sombres. C’était la plus belle chose qui lui ait été donné de voir…

- « Puisse cette lumière vous éclairer dans les endroits sombres, où toutes les autres lumières seront éteintes », murmura Sean, citant cet ancien conte celte que Jameson leur racontait quand ils étaient plus jeune.

Il releva son regard brillant vers son cousin et les mots lui manquèrent pendant un long moment. Il ne le méritait pas. Ni lui, ni Yeleen… Il ne méritait rien de tout ça. Sean avait échoué à chacune des épreuves qui s’étaient présentées à lui. Il avait rejeté ses plus précieux amis, et pourtant, ceux-ci revenaient à lui avec une bienveillance et une loyauté qui lui tordait le coeur.

- Merci, se contenta-t-il de lui souffler en refermant la boule lumineuse dans sa main qui tremblait légèrement. C’est… vraiment un beau cadeau…

Cette lumière symbolisait tout ce qui lui avait manqué durant ces longues semaines d’isolement: l’espoir et le soutien de son entourage. En le portant désormais autour du cou, le jeune écossais était persuadé de ne plus jamais reproduire cette erreur de se couper d’eux. Silencieusement, Sean gardait les yeux baissés, plus vraiment certain de ce qu’il devait dire ou faire à présent. Cependant, s’il attendait plus longtemps encore, il ne savait s’il trouverait le courage de révéler quoi que ce soit à Adil.

- Euh je… Hum…

C’était bien plus difficile que prévu. Est-ce qu’Adil avait réellement envie d’entendre tout ça ? Peut-être que ce n’était qu’un besoin égoïste du Clearwater de déballer tout ce qui lui était arrivé pour se sentir mieux ?

- J’ai offert le tartan des Clearwater à Yeleen pour son anniversaire, finit-il par balbutier en fixant son cousin d’un air ahuri alors que ses joues rougissaient de manière ridicule. Mais pourquoi venait-il donc de lui dire ça ?!

Adil s’était couché sur le lit après lui avoir donné une petite claque amicale sur le cou. Sean sentait son cousin heureux, et le voir prendre ses aises ainsi lui redonnait à lui aussi un semblant de sourire. Le Clearwater resserra le poing sur la chaîne offerte par Adil et il se tourna vers lui quand il lui asséna quelques tapes sur l’épaule. Mais le jeune écossais devint soudain aussi rouge que son couvre-lit Gryffondor devant la question du Mesli.

- N… Non ! Bafouilla-t-il brusquement en se sentant littéralement cuire sur place. Enfin… Il se détourna légèrement, sans pouvoir cacher ses joues brûlantes sur lesquelles on aurait pu faire cuire des œufs. J’avoue que… Je voulais… Cet été… J’avais prévu de lui demander…

C’était la première fois qu’il osait l’avouer ouvertement et il se sentait aussi intimidé que si @Yeleen Sô en personne se trouvait dans la pièce avec eux. Sa main s’ouvrit pour dévoiler le pendentif qui cachait la petite boule lumineuse et son air retrouva une certaine sérénnité empreinte de tristesse.

- Je voulais l'emmener au domaine, et lui faire ma demande devant les falaises… Mais c’était avant que Ryan débarque…

Sa voix perdit en intensité alors qu’il se rendit compte du point où l’avait mené la conversation. Finalement, il avait trouvé le moyen de tout raconter à son cousin. Encore une fois, c’était Yeleen et lui qui lui donnaient la force d’avancer et de trouver la force là où il ne semblait y avoir qu’un amas de débris de ce qui avait un jour été son courage.

- Quand il est apparu chez nous, j’ai réussi à transplaner Yeleen jusqu’aux Hébrides. Mais quand je suis revenu à l’appartement, il avait déjà tout détruit. Ma mère… Sa voix se brisa et il se racla la gorge un instant pour la retrouver. Elle était ensevelie sous les débris. J’ai essayé de l’attaquer mais il était trop fort… Il m’a lancé un porteloin et j’ai été assez stupide pour l’attraper…

Sean soupira en secouant la tête, le regard toujours pudiquement baissé sur la chaîne, la faisant circuler entre ses doigts tout en parlant. Il lui raconta ainsi sa captivité dans la cage d’Iorffe qui l’avait enfermé dans ses pires cauchemars pendant des heures, ou des jours - il lui avait été impossible de savoir. Son esprit s’était peu à peu effondré devant son propre regard ou celui de son père qui le fixait à travers des milliers de reflets. Mais quand il avait pensé avoir trouvé un moyen de fuir, un flot de sang avait fini par l’emporter, le noyant dans une impression plus vraie que nature.

Les illusions s’étaient enchaînées - une des plus traumatisante ayant été son séjour en compagnie de Psychée lors duquel son esprit comme son corps avaient été soumis aux pires tourments. Sean se sentait nauséeux et moite rien que d’en reparler, au souvenir de son être traversé de douleur jusqu’à perdre connaissance.

Et puis, il y avait eu la rencontre avec Ryan. Ce moment restait encore bien trop flou dans son esprit. Il y avait eu une question de marché, que Sean avait fermement refusé de toutes ses forces. Puis plus rien. Et la dernière chose dont Sean s’était souvenu avant son retour aux Hébrides fut le visage de @Kathleen J. Jones quand il s’étaient trouvés face à face, Sean amaigri et déshydraté lancé comme à paquet à son enseignante qui avait eu comme mission de le ramener chez lui.

- J’avais plus la force de transplaner… C’est elle qui m’a aidé, finit-il par souffler à son cousin qui l’avait jusque-là écouté sans l’interrompre. Elle aussi, elle a été une victime de cet homme, poursuivit le jeune homme en osant pour la première fois relever les yeux pour observer Adil. Mon père la cachait. Ça faisait partie de son boulot…

Le Gryffondor haussa les épaules, sans plus poursuivre pour défendre l’honneur de @Braxton Clearwater. Après tout, ce n’était pas son combat. Cette sale histoire avait déjà détruit le couple que formaient ses parents et la santé mentale du Langue-de-Plomb. Et c’était sans parler de tout ce que ce psychopathe leur avait fait subir, le plus lourd tribu ayant été payé du côté des Mesli.

- Je suis désolé pour Younès.

Sean sentit l’émotion le prendre à la gorge et il tourna de nouveau le nez vers le sol. Il était égoïstement plus abattu à l’idée que son cousin, son oncle et sa tante avaient faillit y laisser leur vie que par le décès du jeune sorcier qu’il n’avait pas connu. Mais au-delà de la tristesse, la colère formait une boule au creux de ses entrailles qui enflait parfois tant qu’elle lui coupait le souffle et prenait insidieusement possession de son être sans qu’il ne sache comment la faire refluer.

Adil l’avait écouté avec une empathique bienveillance, la main posée sur son genou pour rappeler à Sean qu’’il n’était pas seul. Mais quand le Clearwater exprima ses regrets pour le jeune Younès, Adil prit sur lui de lui raconter sa partie de l’histoire. Sean restait silencieux en le fixant, manquant de sursauter au bruit d’explosion qu’avait reproduit Adil. La violence du combat, bref et meurtrier, avait laissé de marques profondes chez le jeune Mesli dont la voix parvenait difficilement à franchir ses lèvres. Le sortilège de mort avait été destiné à Amastan, et Younès s’était jeté pour le protéger. A cet instant, Adil craqua, enfouissant sa tête dans ses mains, et Sean se détourna, posant une main timide sur son épaule alors qu’il luttait contre les émotions qui le saisissaient. Bouleversé, le jeune écossais se promit d'aller présenter correctement ses condoléances à son oncle. Ce sacrifice avait dû être terrible à vivre pour lui. Sean n’osait imaginer son état dans les semaines avaient suivi sa mort.

Sean releva le menton vers son cousin quand il termina brièvement son histoire, et comment il avait fini à Sainte Mangouste. Les entrailles de Sean se nouèrent à la mention de sa blessure qui aurait pu être mortelle mais il n’en montra rien, ravalant sa colère, se contentant de hausser les sourcils quand Adil mentionna la présence de son père. Il ne parlait jamais de ce dernier, et par respect pour son histoire, Sean ne l’avait jamais poussé à lui dévoiler quoi que ce soit. Pour autant, il avait conscience de l’importance de cette révélation. Que son père ait été physiquement là, ou qu’Adil l’ait seulement imaginé, cela prouvait l’importance qu’il avait pour lui.

Mais Adil voulait tourner la page. Son air changea alors qu’un sourire habilla son visage encore légèrement humide et il souhaita revenir sur le lien qui l’unissait à @Yeleen Sô. Sean ne put s’empêcher de rire, se tordant dans le lit pour échapper à ses chatouilles. Adil avait toujours eu cet incroyable don de faire passer facilement son cousin des confidences au rire, allégeant son esprit des soucis qui l’encombraient sur le moment. Le jeune sorcier failli faire échapper son présent des mains, et, pour ne pas risquer de le perdre, le passa autour de son cou. Il jeta un œil au pendentif avec un sourire pensif, encore ému de tout ce que ce dernier représentait.

- Je vais déjà voir si elle veut bien me pardonner… Je lui ai fait tellement de mal, souffla-t-il alors que son sourire prenait une teinte attristée et résignée. Je n’ai pas bien réfléchi à la manière dont je voulais lui demander… J’imagine que ça viendra tout seul le moment venu… J’ai déjà la bague !

Il releva son visage pâle et cerné vers son cousin, ayant dépassé l’embarras de sa confession pour ne garder qu’une stupeur presqu’effacée devant la tranquille sérénité avec laquelle il évoquait son envie de voir sa relation avec Yeleen évoluer vers quelque chose de plus sérieux. Aucun doute ne l’habitait, à part celui de savoir si la sorcière l’accepterait de nouveau à ses côtés. C’était sans doute lié à leur éducation… Sean pensait savoir qu’Adil était sur la même longueur d’onde. Aussi, il s’approche de lui pour lui demander très innocemment.

- Et toi avec @Asel Misra ? Vous en avez déjà discuté ?

Son sourire tranquille ne cherchait pas à le brusquer. Sean avait seulement envie de voir son cousin aussi heureux qu'il espérait l'être un jour. Adil et Asel étaient fous l'un de l'autre, cela ne faisait aucun doute. Ils avaient cette pudique manière de montrer un amour aussi pur et résistant qu'une pierre précieuse. Ils semblaient être une évidence l'un pour l'autre. Sean, qui avait la chance de les connaître tous deux depuis l'enfance, ne pouvait qu'être ravi à l'idée d'être un jour témoin de l'union officielle de sa voisine et amie d'enfance avec son cousin qu'il aimait comme un frère.