Look right through me

Asel haussa les épaules, affichant une expression d'une neutralité déconcertante. Les sentiments suffisaient-ils ? A ses yeux à elle oui mais elle n'était pas en couple avec @Michel-Ange Grimm et elle ne savait pas comment elle aurait géré le même genre de situation avec @Adil Mesli . Sans doute n'aurait-elle rien géré du tout mais il n'était probablement pas utile de partager une vision de s jalousie et de son mauvais caractère poussés à leur paroxysme avec Apolline. Elle avait déjà son petit style à elle et il valait le détour.

Finalement, Asel n'eut pas le temps de se décider pour une réponse appropriée à cette question qu'Apolline comblait déjà les blancs de la conversation. Est-ce qu'elle allait prendre parti ? Définivement non : elle tenait à sa peau. Est-ce qu'elle comprenait ? Oui et non, quel que soit le parti que l'on considérait. Vouloir arrêter de souffrir c'était légitime. Abandonner son grand amour ? C'était une chose qu'elle, Asel, ne pouvait pas envisager. Bien loin de s'imaginait que c'était exactement ce qu'avait fait son père à l'époque, avant de s'en mordre les doigts et de tout donner pour reconquérir sa mère. Elle entendait bien les mises en garde de sa mère, sans jamais vraiment en faire grand chose. Mais elle ne pouvait imaginer qu'elles aient leur racine dans leur histoire d'amour.

Est-ce que Michel-Ange se portait mieux depuis qu'il avait mis de la distance entre Apolline et lui ? A en juger par sa dégaine de clochard assumée, pas tellement non. Mais Asel ne voulait culpabiliser personne alors elle ne fit pas mention de ce détail.

« Je pense que vous vous posez trop de questions l'un et l'autre. Je sais pas si un de vous deux a plus raison ou tord que l'autre mais si je devais te donner un conseil, ce serait de laisser couler et de voir si, dans ce qui se présentera demain, il y a des choses à prendre ou non ... »

Vivre l'instant présent était depuis toujours la philosophie d'Asel et il semblait qu'elle n'en changerait jamais. Pas même pour une histoire de coeur. Connaissant ses deux meilleurs amis, mieux valait essayer de les pousser dans ce chemin-ci que de les pousser l'un vers l'autre. Ils finiraient bien par y revenir d'eux-mêmes. Elle n'avait aucun doute là-dessus. C'était toujours comme ça entre. Alors l'écossaise se permit seulement une petite clause, un véto en quelque sorte, sur l'utilisation de leur chambre. A quoi Apolline se récria presque. Jamais ô grand jamais, le accord tacite de collocation ne serait trahi.

Asel éclata de rire.

Une scène de crime. C'était sûr qu'elle se ferait une descente de lit des deux amants si elle avait le malheur de les surprendre.

Le rire sonore d'Asel remplit la pièce. Elle posa affectueusement sa tête sur l'épaule d'Apolline.

Certaines choses ne changeraient jamais.