La peur mène à la colère et la colère mène à la haine. * Braxton *

L'erreur de Fergus avait été le manque d'expérience et sa douceur. Réalisait-il qu'il n'aurait eu aucune chance de s'en sortir face à une douzaine ?
Aucun d'entre eux, hormis le plus jeune gisant au sol ne se trouvait en état de réfléchir la tête sur les épaules.

- Transplanez. Je règle ça. leur lança-t-il. Fergus ! claqua-t-il méchamment à l'intention de son neveu. Que pensait pouvoir régler cet inconscient après un bain de sang pareil ? Comme s'il y avait encore quoi que ce soit à résoudre.

À peine les syllabes avait quitté sa bouche asséchée par l'effort, qu'un éclair violacé perça le dôme de protection. Une seconde. Malsaine. Longue.

Un sourire qui n'était pas le sien balafrait le visage de son fils, baguette tendue vers lui. Un rictus mauvais qui lui rappela un autre. Braxton leva sa baguette dans un réflexe face au geste de son fils.
Une salve projeta Sean. Son fils s'effondra au sol, glissa sur le pavé comme un épouvantail d'entraînement.

Le monde s'effondra autour. Trois fois. La première quand Sean heurta le seul comme un sac de chair et d'os. La deuxième quand Braxton réalisa le geste que son fils avait esquissé. La troisième lorsque le langue de plomb jeta un Repulso sur les hommes dans la ruelle, uniquement guidé par la colère.

Braxton fondit sur lui, laissant Fergus au prise avec le dernier Byrn. Sa baguette crépita et fut traversée d'une secousse. Cela faisait des années qu'il peinait à lancer un sort de soin. Impossible de le transplaner dans cet état. Fergus souleva son cousin et referma ses plais. Braxton les mains tremblante, le visage éclaboussé de sang, était agenouillé au sol.

- La ferme Fergus ! répondit-il avec violence, relevant un regard de tueur sur son neveu.

Les plaies étaient refermées, mais le poitrail de Sean commençait à dangereusement convulser. Les gestes lui revinrent comme en 2000. Les mains moins tremblantes. Il pencha la tête de son fils sur le côté et esquissa un geste de sa baguette. Le sans s'extra de sa bouche, secouant de. L'air rentrait enfin dans les poumons du petit. Braxton inspira d'un coup également.

Il laissa Fergus retourner à embrasser le front de son cousin et la colère que Braxton avait envers lui s'évapora.

- Venir ? Est-ce que t'as pensé à quoi que ce soit avant de venir ? répondit Braxton d'une voix rauque.

Fergus était un tendre. La vengeance armée n'avait jamais fait parti de ses hobbies et sa virée venait certainement d'y mettre fin.

- Je ramène un médecin, je reviens. Une minute. débita-t-il, n'attendant pas de réponse de Fergus, et n'ayant pas une seconde à perde. La petite respiration de Sean lui semblait aussi faible que celle d'un nouveau-né.

- Protège le de ta vie. demanda-t-il à Fergus de promettre, les yeux rivés sur le jeune gryffondor gisant au sol.

Le coeur battant aux tempes, et touchant une dernière fois le visage de son fils, il transplana dans un claquement de cape.

@Thesus De Clare lui en devait une, depuis que des dossiers avaient "fuité" sur Henry De Clare. Assez pour que l'une des plus grande commère du Royaume-Uni magique tienne sa langue. Ce n'était pas de son sel dont Braxton avait besoin, mais de son savoir faire.

Sean était tiré d'affaire. Une inquiétude planait. Pouvait-il laisser Fergus seul avec Sean ? Le sourire de Sean revint à sa mémoire. Avait-il vu ce qu'il avait vu ?

« C’est cosy chez vous. » dis-je d’un air ironique.

Dans mon grand pyjama bleu nuit, j’étais apparu en transplanant aux côtés de Braxton. Mon manteau noir était bien évidemment passé par dessus, ce qui me donnait un air étrange. J’étais sensé être de repos et on m’avait tiré brutalement de ce dernier. Alors quoi de plus naturel que de faire un peu d’humour cassant une fois arrivé sur place. Dette envers Clearwater ou non.

« C’est lequel ? » dis-je en désignant l’ensemble des gens à terre.

Mais je repérais rapidement une ombre penchée sur une autre. C’était les deux seules âmes vivantes ou consciente plutôt dans cette sombre ruelle de… je ne sais quel pays. Les mains dans les poches, en chausson, j’avançais donc de ma démarche robotique et ampoulée vers les deux âmes en peine. Un jeune homme que je ne connaissais pas était penché sur le petit ami de ma nièce Yeleen Sô.

« C’est bien lui . » fis-je comme une évidence.

L’autre tremblé et se recula. Il resta cependant très proche de moi, comme s’il vérifiait que je ne lui faisais pas du mal ou je ne sais quoi. C’était assez gênant. C’était pour ça qu’on avait inventé l’expression « Allez me chercher de l’eau chaude ». Pour virer curieux et gêneur. Il commença d’ailleurs à parler.

« J’ai… fait… un Vulnare Sanantur et... »

Je levais la main pour lui couper la parole. Ma baguette dans une main, fine et élégante comme son propriétaire, j’attrapais la nuque du petit ami de ma nièce de l’autre, comme pour le forcer à lever la nuque. Il était inconscient. Prenant ses constantes avec ma baguette, je vis des runes s’élever et me dire rapidement ce qu’il avait.

« Oui. Hm. Très bien… » marmonnais-je comme à moi même.

Finalement je commençais à incanter. Comme une petite chanson, douce et calme à la fois. La langue utilisée n’était ni du latin, ni de l’anglais. Il s’agissait d’un très vieux breton français. C’était un des secrets que les De Clare avaient réussi à garder. Une lueur bleue, puis vert intense sortit de ma baguette et fonça droit sur la poitrine de Sean. Les couleurs lui revinrent brutalement et il se réveilla tonique, comme s’il avait bu une trentaine de café. En revanche, moi, j’étais épuisé parce que je lui avais influé une partie de mon énergie vitale. Je peinais à me redresser.

« Voilà... » marmonnais-je.

Puis, mécaniquement et sans un mot de plus ou de moins, je m’étais dirigé vers le premier Irlandais à mes pieds et je commençais à me pencher vers lui pour lui faire exactement la même chose...

Des eaux noires et glacées l’entouraient et l’attiraient inéxorablement vers le fond. Plus Sean s’enfonçait, plus il sentait sa fin venir, aussi surement que l’eau pouvait éteindre la flammèche de sa vie. Pourtant, il n’éprouvait aucune peur - presque un soulagement à la pensée que toutes ses souffrances et ses angoisses allaient enfin prendre fin. Il y avait bien des liens, des personnes, des sentiments qui le raccrochaient encore à la terre ferme, là-haut, vers la surface – mais son esprit à la dérive n’arrivait plus à matérialiser ni noms, ni visages.

Cependant, quelque chose, ou quelqu’un, chercha à le tirer de sa torpeur. Une voix grave, répétant des mots inconnus comme une litanie résonna à ses oreilles. Mais au lieu de l’endormir, la berceuse le réveillait et à mesure que la conscience regagnait son corps, sa volonté de survivre revenait peu à peu. Il tenta alors de regagner la surface pour s’extirper de ces eaux aussi froides que la mort. Il le fallait. Il devait retrouver sa famille, ses amis, @Yeleen Sô… Il ne pouvait pas partir comme ça !

Brusquement, Sean se redressa à moitié en prenant une grande inspiration, comme s’il n’avait pas respiré depuis des lustres. L’air lui brula la gorge et les poumons, mais il apportait l’étincelle de vie qui regagna son corps entier. Le jeune Clearwater se sentit soudain plus énergique que jamais et il porta une main sur son torse en clignant des yeux pour que sa vision fasse le point sur ce qui se passait autour de lui.

Le premier visage qui lui sauta dessus fut celui de son cousin, maculé de larmes et de sang, ses yeux brillant tels deux billes sombres enfoncées dans son visage marqué par l’inquiétude.

- Fergus, souffla Sean avant de poser une main sur sa gorge meurtrie. Sa voix était rauque comme si ses cordes vocales avaient été malmenées, mais la douleur était tout-à-fait supportable. Il lui semblait même qu’elle allait en s’amenuisant alors qu’il se sentait habité d’une improbable énergie. S’asseyant à même le sol, il posa sa main sur le bras de son cousin pour le rassurer. Je vais bien, je vais bien…

En s’appuyant sur son épaule, il se leva assez facilement, ne titubant qu’une seule fois avant de se mettre debout. Instinctivement, son regard fut attiré par un homme assez grand, dans une drôle de tenue de nuit qui semblait s’occuper de soigner les sorciers irlandais qui les avaient attaqués. Sean reconnu sans mal l’oncle de Yeleen qu’il avait déjà croisé à Ste Mangouste.

- Mais qu’est-ce qu’il fait, murmura-t-il à destination de Fergus avant de se tourner pour tomber nez-à-nez avec son père.

Le jeune écossais s’immobilisa, ses pupilles s’agrandissant de frayeur alors que des souvenirs entrecoupés de ce qui venait de se produire lui revenaient brutalement en mémoire. Avait-il réellement levé sa baguette sur son père, qui avait levé la sienne en retour sur lui ? Ou bien est-ce que tout ça n’était qu’un pur produit de son imagination ? Un nouveau mirage inventé par Ryan pour le torturer ? Cependant, la manière dont son père l’observa, comme s’il risquait de s’enflammer à tout instant, laissait présager le pire. Sean baissa le regard alors que son cœur battait douloureusement, rompant ce contact visuel déjà bien trop tourmenté, préférant feindre un léger vertige pour s’appuyer lourdement sur son cousin.

TW : sang, détails graphiques, geste et propos violence, menace, traitement médicamenteux


Pas de Thesus au bureau, alors l'ex auror ne c'était pas gêné d'aller chercher le médecin directement à son domicile. Dans sa maison. Dans sa chambre. Penché au-dessus de lui, à son réveil, ce ne fut pas les tendres boucles de Mme De Clare, mais la tête hirsute, couverte de sang, grand yeux fous écarquillés, de l'agent Clearwater.

- Grouille-toi De Clare. répondit-il au médicomage. S'il pouvait partager l'humour grinçant de l'éminent guérisseur, ce dernier ne semblait pas avoir saisi que son fils était au sol, dans une flaque faite de son propre sang.

Thésus identifia rapidement Sean et se pencha sur le corps déjà plus blême de son fils. Le De Clare était un expert. Ses pensées fumaient comme la pression sortant du bec d'une bouilloire chaude. La salopette et le niffleur. Tâchée de sang.

Sean.

Une salopette bleue avec du sang.

- Sean. souffla-t-il, au risque de perturber le médecin.

Alors que Fergus expliquait ses interventions de premier soin, Braxton rata plusieurs battement de coeur, se demandant soudain si le pavé n'avait pas souillé le sang de Sean avant de retourner à son corps. Une panique l'envahie. Sourde. Violente.

Il glissa une main tremblante de l'intérieur de son manteau, et sortit un flacon sellé de liège. Des pilules rouges y brillaient. Dans un geste que le regard sec et haut que @James Grey lui avait servi quotidiennement depuis six mois, il fit glisser plusieurs pilules dans sa main. Il les regarda, dans la paume de sa main. D'une couleur trop proche du sang qui s'était incrustée dans les plis de sa peau.

- Il l'aurait jamais touché. murmura-t-il. Son regard glissa sur son neveu, Fergus. Ce fut comme se regarder lui, des années plus tôt. Impuissant, dévasté. Une salopette couverte de sang. Ils auraient jamais touché Sean si j'prenais pas ces merdes. haleta-t-il.

Il laissa tomber les pillules par terre. Sur les pavés rouges. C'était sa faute.

Sous les soins de Thésus, Sean revint à la vie comme un noyé. Le petit cracha l'air infâme qui le retenait de l'autre côté des tunnels.

- Sean, Sean ! souffla son père, retenant son dos. Bordel de vouivre, merci De Clare...

Son fils s'éveilla et rassura son cousin. Demanda ce que faisait De Clare ici.

- Il... répondit Braxton d'une voix blanche. Il était livide. ... ça va aller maintenant. choisit-il de répondre.

Son petit était sauf. Son regard se reposa sur Fergus. Qui ne pouvait en dire autant. Ses pensées le ramenèrent à Solvi. Une peur viscérale éclata en lui, se projetant dans des douleurs anciennes, qu'il prêtait à son neveu à ce moment-même.

Braxton ne remarqua pas l'air effrayé de son fils qui toisait son visage. Il posa une main sur l'épaule de Fergus, des yeux lointainement tristes, braqué dans le brun de son neveu, ne lui laissant aucune échappatoire.

- Plus personne ne va oser s'en prendre à vous. promit-il.

Glissant un regard en arrière, son esprit s'intéressant aux corps entravés des mages irlandais, Braxton plissa le front en voyant la longe silhouette de Thésus penchée au-dessus d'un corps. Baguette au point, Braxton se leva, raide.

- Thésus ? Qu'est-que tu fous De Clare ?

Il marcha droit sur lui.

- Referme une seule plaie et je t'empale sur le lampadaire le plus proche.

Braxton serra sa prise sur sa baguette. Haletait. Sa baguette faisait un pli sur la peau de la nuque de Thesus De Clare.

Son regard de chien fou toisait le dos du médecin, une ombre glissait sur le père de famille. De celui qu'on avai surnommé jadis le chien d'O'connor. (@Liadan O'Connor)

Il parla bas, mais distinctement, chaque mots lâché comme un poids de la balance d'Anubis exerçant la pesée de l'âme : [/color]Si je dis que ces types crèvent, ils crèvent. Si je dis que ces fils de goules vont aller boire leur pisse enchainé sous le pont du marché des trolls jusqu'à ce que Morgane se relève de sa tombe...  susurra-t-il avec haine.

Il ne finit pas sa phrase. Ammit, la grande dévoreuse, restait comme en suspend dans l'air, ses mâchoires de crocodile claquait silencieusement dans l'air. La simple respiration de l'ex-auror sonnait comme une menace.

Braxton baissa sa baguette, libérant de toute entrave le médecin. Cette vieille connaissance, venait de basculer de la rare liste de ceux qu'il n'avait jamais menacé... à l'autre.

L'oxygène manquait. Et l'homme de loi déchu se tenait là, des vieux démons refaisaient surface. Il sembla lâcher. Pendant quelques secondes. Braxton ploya le dos.

- Ils ont tué le bébé de Fergus. Et... Sean.... lâcha-t-il.

Des explications. Comme s'il s'attendait à ce que le médecin comprenne. Cela allait de soi. N'importe qui comprendrait. Tout faisait sens.

- Tu vas mieux, chaton ? demanda-t-il en se retournant. Il plissa des yeux pour reconnaître Sean en face. Il avait tellement grandit. Une salopette bleue avec un niffleur. Merci de vous être déplacé docteur. Je peux vous raccompagner maintenant. Madame De Clare doit vous attendre. déclara-t-il. Mais depuis quand vouvoyait-il Thesus De Clare ?

« Referme une seule plaie et je t'empale sur le lampadaire le plus proche. »

J’étais à croupie en train de commencer mon travail. Je n’avais jamais eu besoin de qui que ce soit pour dicter mes actes. Derrière moi, j’entendis son neveu répondre :

« Tonton… Faut qu’on rentre... »

Mais visiblement, une espèce de folie furieuse c’était emparé de Clearwater. Brusquement, je fus entravé de mes mouvements. La respiration me manqua et cette attaque me fit écarquiller les yeux de surprise. Quand il déclama sa folie dans des propos plus que vulgaire et incohérent, je fus ensuite libéré. Le souffle court, à croupie prêt d’une victime dont le sang commençait à tâcher mon pyjama, je me redressais lentement.

« Merci de vous être déplacé docteur. Je peux vous raccompagner maintenant. Madame De Clare doit vous attendre. »

Et d’un seul coup, c’était moi qui avait levé ma baguette vers lui. Dans un bruit de tonnerre, Braxton s’était immobilisé. Incantant dans un ancien langage, il put alors sentir une immense douleur dans son corps. Celle de la circulation de son sang qui commençait à ralentir.

« Prenez-vous pour un dieu Clearwater ? » dis-je d’une voix calme.

Son neveu leva sa baguette vers moi, mais je tendis la main pour lui intimer de ne rien faire.

« Jugez-vous bon de décider vous même qui doit vivre ou mourir ? Savez vous ce que c’est ?.. Mourir ? »

Je ralentissais encore légèrement son rythme cardiaque puis… je levais ma baguette pour rompre l’enchantement. En pyjama donc, et sous la baguette menaçante de son neveu, je m’approchais de Braxton et je déclarais d’une voix calme, grave et assez autoritaire.

« Vous allez dégager d’ici. Vous allez prendre vos deux amis, et partir Braxton. »

Ce n’était pas une menace, non. Je disais cela sur le ton de la conversation. Toujours face à lui, ma baguette droite devant, prête à en découdre s’il le fallait je continuais mon explication d’une voix calme.

« Car c’est vous qui en réalité mettez les autres en péril. Vous ne distinguez plus les alliés des ennemis et les ennemis des alliés. Mourir n’est pas une option et j’ai prêté serment pour l’éviter à autrui. Ce serment va au-delà de toutes mes promesses, y compris aux votre. D’ailleurs, notre marché ne tient plus Clearwater. »

De ma voix calme, je regardais toujours les deux jeunes gens. Je n’avais pas tellement envie d’en dire d’avantage en leur présence. Je vis un éclair de doute passé dans celle du plus vieux. Reportant mon attention sur Braxton, je déclarai d’une voix toujours aussi sereine.

« Vous oubliez parfois ce que mon nom de famille peut impliquer. »

Je soupirai et je baissais enfin ma baguette. Je regardais les trois hommes aux cheveux noirs, caractéristique génétique de ce Clan ancien que je respectais énormément, mais qui visiblement n’en faisait pas tellement de même avec moi, ma famille et mon rang.

« Vous allez rentrer. » répétais-je cette fois-ci en m’adressant à celui qui s’appeler Fergus.

« Et vous allez panser vos plaies. Interne comme externe. Je reste ici, pour les soigner. »

Je fixais Braxton dans un air de défi. S’il voulait que l’on en vienne au duel, ça ne me dérangeait pas. Je lui avais dit, j’avais prêté serment et ça allait au-delà de tous mes autres engagements à mes yeux.

« Puis, je leur jetterai un Maléfice d’Amnésie, et je me chargerai d’effacer vos traces. Aucun de vous trois n’est en mesure de le faire correctement sans une seule erreur. Regardez vous, observez vous. Dans le fond de vos yeux vous y trouverez névrose et angoisse. Soignez moi ça, et revenez quand ça sera fait. Maintenant, dégagez. »

D’un coup de baguette, je mis mes vêtements bleus de chef de Service de Ste Mangouste pour bien rappeler mon statut et surtout qui j’étais. Puis, tournant le dos aux trois Clearwater, je revenais alors à ma besogne.

Je regardais Thesus partir sans un mot. Au fond, il avait raison. Aucun de nous trois n’était plus en mesure de faire quoi que ce soit de cohérent, surtout mon oncle qui avait brusquement eu une crise étrange. Jamais je ne l’avais vu dans cet état. C’était… curieux. Puis, mon regard se porta sur Sean qui avait quand même levé sa baguette sur son père. Quelque chose clochait.
Mais ma tristesse, mon désarroi et ma propre condition prit alors le dessus. Qu’allait dire Solvi ? Ma petite Solvi ? Allait-elle accepter que je devienne la personne que j’avais en face de moi… J’étais bien parti pour.
C’est alors que Sekhmet, ma phénix s’envola pour venir en aide à Thesus. Ils ne seraient pas trop de deux… Je voyais le Phénix déposait ses larmes à côtés d’un mage qui s’efforçait de jouer son rôle coûte que coûte et surtout de nous protéger et tenir ses promesses. Car je voyais les éclats verts du Maléfice d’Oubliette de là où je me trouvais.

« Merci tonton, merci Sean. »

Je pris d’abord mon cousin dans les bras, que je gardais toujours en appuie. Puis, avec calme et une certaine… peur dans le regard, je m’approchais de mon oncle.

« Il faut rentrer. Il a raison. On ne peut plus rien faire… Faisons lui confiance. »

Je cherchais quel levier je pouvais me servir pour essayer de calmer Braxton et le faire revenir à la raison. Finalement, je trouvais.

« Sean a besoin de repos, et de son père. Et moi aussi, je suis fatigué et j’ai besoin de ma famille. Vous en avez fait beaucoup, plus que je l’espérai à votre manière… Rentrons au domaine Braxton. »

En espérant ne pas tomber sur Grand-mère ou mon père.

Son père fut bien plus attiré par le manège du médicomage pour remarquer son propre malaise, et rapidement, il se précipita vers ce dernier. Sean reconnaissait distinctement l’espèce de chant du De Clare qui l’avait sorti de sa torpeur et qui était à présent dirigé vers un autre blessé. S’il en fut interloqué, la réaction de son père le glaça sur place. Braxton avait pointé sa baguette sur le guérisseur en train de remplir sa mission et Sean qui n’avait jamais été sur un champ de bataille fut pourtant bien conscient de la gravité de ce geste. Mais plus encore que son comportement, ce furent ses mots - coulants de haine - qui le rendirent nauséeux.

Les yeux écarquillés du fils se posèrent sur les corps à terre, si semblables au sien il y avait encore peu de temps de cela. Le jeune homme sentait encore ses doigts engourdis et froids alors qu’ils avaient effleurés un bien plus funeste destin. Il voulait réagir, protester, mais la peur et l’incompréhension maintenaient leurs griffes sur lui, le faisant manquer d’air et de force. Quand son père finit par baisser sa baguette, il se tourna vers lui, répétant ce surnom que Sean abhorrait. Cette scène paraissait irréelle. Comme si tout ce qu’ils venaient de vivre était normal… Braxton agissait aussi naturellement que si Sean venait de se réveiller d’une simple sieste. Cherchant dans le regard de son père l’ancrage auquel il avait désespérément besoin de se raccrocher, le jeune écossais compris qu’il l’avait définitivement perdu.

Son père ne pourrait plus le défendre. Plus maintenant. Pas dans cet état. Et il ne pourrait certainement pas se protéger de lui-même.

La désillusion atteint Sean avec la force d’un sortilège dans les entrailles alors qu’il reculait d’un pas pour s’éloigner de cette figure paternelle qu’il ne pouvait plus approcher. Brisé, le jeune sorcier se rendit compte de la force avec laquelle il avait persisté, s’accrochant à son père avec toute l’énergie du désespoir, comme ce fameux soir lorsqu’il l’avait supplié de le rejoindre à Poudlard. Mais l’étudiant comprenait à présent qu’il ne pourrait plus continuer à compter sur lui. Il devrait faire le deuil de cette protection qu’il pensait éternelle et se débrouiller sans lui pour s’en sortir et se défaire de cette noirceur qui mettait tout son entourage en danger.

Soudain, son père s’immobilisa en grimaçant et Sean comprit que c’était le guérisseur qui s’était tourné vers lui avec un visage effrayant. L’incantation avait pris une tournure beaucoup plus sombre et Sean manqua de tomber à genou en lisant la souffrance sur le visage de Braxton. Thesus menaçait de lui faire expérimenter le même sort qu’aux malheureux irlandais, et c’en fut trop pour le jeune Clearwater qui suffoqua à l’image du patriarche. La vision de son propre père torturé devant lui le poussa à lever de nouveau sa baguette qui crépita sans parvenir à lancer le moindre sort pour protéger son père. Toujours plus tourmenté, il tenta un deuxième sort sans plus de résultat.

Mais le docteur sembla avoir changé d’avis et libéra Braxton de son emprise, en l’engageant à quitter ce lieu dans les plus brefs délais. Son père tomba au sol et Sean se précipita à ses côtés alors qu'il semblait à peine conscient. Les propos de Thesus étaient bien nébuleux, tandis qu’il évoquait un marché entre lui et le Langue-de-Plomb qui ne tenait plus. Se demandant brièvement ce que son père avait bien pu négocier avec lui, Sean n’eut cependant pas le temps d’émettre la moindre hypothèse car une nouvelle parole du guérisseur finit de l’anéantir. Un sortilège d’amnésie… Il en parlait avec tant de désinvolture, tandis que Sean connaissait le poids de cette souffrance de tout ignorer de son propre passé et de l’origine de ses traumatismes.

Sean savait qu’il ne pourrait en supporter beaucoup plus. Le combat, l’odeur du sang, l’emprise de Ryan sur son self contrôle, sa profonde blessure, la folie meurtrière de son père, la douleur glissant sur son visage, le sortilège d'Oubliette sur le point de fuser… Il ne savait même comment il pourrait s’en relever… En frémissant, il se pencha pour ramasser des petites pilules à terre avant de remonter son regard brillant sur Braxton qui gisait toujours au sol.

Fergus s'était approché pour étreindre son cousin et le relever. C’était lui qui venait de perdre son enfant à naître… Et eux étaient censés être là pour l’aider et le soutenir. Et voilà que Fergus, cette âme si pure et si noble, était en train de les supporter tous deux à bout de bras. Sean essuya ses joues qu’il sentait humides. Avait-il pleuré ? Était-il moite de sueur ? Ou est-ce que son visage était encore maculé de sang ? Faiblement, il acquiesça pour répondre à sa demande, alors qu’il ne souhaitait qu’une seule chose, c’était effectivement rentrer au domaine.

- Oui s’il te plait Fergus, souffla-t-il en lançant un regard en biais à son cousin en évitant sciemment de scruter son père. Est-ce que tu peux le transporter d'urgence au domaine et revenir pour moi? J’ai besoin de ton aide pour transplanner, je n’ai plus de force… Je crois que…

Il se rapprocha de son oreille pour chuchoter.

- Je t’en prie, ne me laisse plus approcher de mon père. Plus jamais… Protège-le.

Mais alors que son père semblait revenir à lui, il se redressa en s’appuyant sur Fergus laissant tomber de sa main tremblante les quelques pilules ramassées à terre, évitant toujours le regard de Braxton.

- Ramène-le s’il-te-plait Fergus. Ne me laisse pas avec lui.

TW : violence, détresse, arrêt cardiaque

Son regard s'était arrêté sur son fils qui sembla avoir perdu les couleurs que Thesus lui avait redonné. Sean fut la dernière chose qu'il vit avant qu'un éclair glacée lui transperça le corps.

Un givre s'empara de son être. Les battements de son coeur ralentirent. Le langue de plomb tituba, portant la main à ses côtes pour entraver cet insupportable fourmillement qui le s'empara de lui. Il s'écrasa contre le sol, les yeux grands écarquillés.

« Prenez-vous pour un dieu Clearwater ? » sonna le médecin derrière lui.

Le Clearwater lâcha un râle, cherchant l'air, fixant les dalles, impuissant. Il ne connaissait pas ce sortilège. Les médicomages étaient des mages redoutables. Qui sait guérir une plaie sait où frapper.

« Jugez-vous bon de décider vous même qui doit vivre ou mourir ? Savez vous ce que c’est ?.. Mourir ? »

Les mots du De Clare le traversèrent, comme des balles en mousse. Oui... Oui...

Ce qui est mort ne saurait mourir... D'où cela venait-il déjà ?  

Ses lèvres s'agitèrent dans un murmure sans voix. Ses ongles accrochés à son manteau, tentant de serrer son coeur contre lui, relachèrent, peu à peu. Les forces le quittaient.

« Car c’est vous qui en réalité mettez les autres en péril. Vous ne distinguez plus les alliés des ennemis et les ennemis des alliés. Mourir n’est pas une option et j’ai prêté serment pour l’éviter à autrui. Ce serment va au-delà de toutes mes promesses, y compris aux votre. D’ailleurs, notre marché ne tient plus Clearwater. »

Son pouls ralentit encore, à la limite. Sa tête s'évada. Le pavé sentait le sang, la terre.

"Déraille pas mon frère."

Des mots d'outre-tombe, des mots morts sortaient de sous les pavés. De sous la terre.

Le serment. Une voix se superposa à une autre.

"...ce n'est ni à toi ni à moi d'en décider."

La voix d'un disparu. Qui portait un serment qui allait au-delà de toutes les promesses...

"...pas des justiciers, pas des détraqueurs !"

Le serment.

"... on a prêté serment Brax, et je compte bien te le faire respecter, avec ou contre ton gré !"

Des mains le bougèrent.

Il distingua les visages de Sean et Fergus. Leur deux présences l'emplit comme un gouffre. Comme si leur quatre mains et leur regard insistant avait comblé une dizaine d'année de solitude. Le contact de leur main piquotait sa peau engourdie désagréablement. Braxton se rendit compte que le sort avait été dissipé. Son pouls revenait.

« Vous allez rentrer. »

Il allait rentrer. Ils allaient rentrer.

« Et vous allez panser vos plaies. Interne comme externe. Je reste ici, pour les soigner. »

Cela sonnait comme une bonne idée. Le nom de la vieille Byrne tambourinait quelque part.

« Merci tonton, merci Sean. »

La petite voix de Fergus le tira un peu de sa léthargie. Son petit Fergus... Que croyait-il ? se demanda Braxton. Que se passait-il dans cette tête brune ? Il avait attrapé sa cheville. Ou plutôt hissé sa main jusque-là.

« Il faut rentrer. Il a raison. On ne peut plus rien faire… Faisons lui confiance. »

Il était sage, Fergus. Sage. Braxton acquiesça silencieusement.
Aucun d'entre eux n'avait agi. Comme si la justice avait parlé en personne à travers Thesus De Clare. Braxton ne leur en voulu pas. C'était un de ces moments étranges où, ce gamin élevé dans les rumeurs et les contes de bonnes femmes d'une île magique isolée se dit : c'était écrit, cela devait arriver.

Sans se rendre compte qu'il parlait inconsciemment la langue de la violence, Braxton resta à terre.

« Sean a besoin de repos, et de son père. Et moi aussi, je suis fatigué et j’ai besoin de ma famille. Vous en avez fait beaucoup, plus que je l’espérai à votre manière… Rentrons au domaine Braxton. »

Braxton essaya de bouger, mais son corps ne suivit pas. Tout ce qu'il parvint à faire, c'est de laisser son visage s'écraser sur la chaussure de Fergus.

Reprenant son souffle. Sa respiration l'empêchait d'entendre ce que Sean chuchotait à l'oreille de Fergus, mais il le vit distinctement penché sur son cousin. Ainsi que l'expression d'horreur sur le visage de son fils.

Quelque chose s'était brisé. Braxton, cloué au sol, remua faiblement. Sean recula d'un coup. Il lâcha une poignée de pilule rouge au sol.

- Tu veux venir avec moi ? avait-il dit. Pourquoi ? - Fergus va faire une connerie et on va le couvrir.

Traiter Sean comme un homme du clan. Voilà une connerie qui semblait venir d'Ewan MacGregor en personne. Venait-t-il de manquer de broyer son fils et son neveu, comme on l'avait détruit lui, pendant des années ?

Braxton se prit le visage dans ses mains. Tout avait besoin de s'arrêter.

- On est là Gus... souffla-t-il d'une voie éteinte, à peine audible. J'vous transplane tous les... deux... dans... juste... Les mots lui étaient cher et la peur de retomber dans le même état. Il dévisagea son fils, son propre visage grimaçant de douleur. Pour son fils il pouvait faire un effort. Il esquissa un geste, qui lui paru grand. Il s'était à peine décollé d'un centimètre du sol avant de le retrouver. Il était cloué.

Personne ne laissait personne. Et il songea à ce que ces deux-là changent de carrière.

Et le marché tenait.

Thesus De Clare n'aurait pas pu paraître plus grand, aux yeux de l'ancien auror, qui le regarda penché sur les blessés. Une même pointe âpre, toujours la même, quand il pensait à son frère, à Liam, à tous : Vous n'avez pas connu ce que j'ai vécu. Vous penseriez autrement. Vous sauriez. Rien à côté de ce que la droiture et la parole de que cet homme lui inspira. Une grandeur, qui lui fait le même effet qu'un papillon de nuit en proie à la lumière. Il était de la même trempe que lui.

Le marché tient. se dit-il.

Jamais il ne divulguerait que Thesus De Clare était passé par lui pour trahir son frère, Henri de Clare, l'un des hommes les plus riches des deux côtés de la Manche. Devant un juge ou un détraqueur.

Il crut voir le voir. Penché aux côtés de Fergus. Ce n'était qu'une lumière des plumes de Sekhmet. Braxton, ferma les yeux. Il dissipa le mirage. Fergus et Sean, pensa-t-il aussi fort que possible. Juste deux minutes les garçons... pensa-t-il si fort qu'il pensa que les autres devaient l'avoir entendu. Sean n'était plus l'autre, mais, interdit Braxton médita sur le rictus qui n'était pas le sien.

Après les avoir téléporter à l’aide de Sekhmet à mon appartement dans des gerbes de flammes, j’avais pris soin d’allonger mon oncle sur le canapé. Le visage soucieux, je lui avais même mis un petit coussin sous la tête. Tout ça c’était ma faute… Me tournant ensuite vers Sean, qui semblait plus choqué que blessé par ce qu’il venait de se produire, je l’observais d’un air désolé.

« Je suis désolé Sean. Tout est de ma faute. »

J’ordonnais en levant la main à mon cousin, de ne surtout pas répondre parce que c’était la vérité. Je le connaissais et ce grand prince était capable de dire que c’était de la sienne. Or… C’était bel et bien moi qui les avaient entraîné là dedans. Mon cerveau en ébullition je regardais la silhouette de mon oncle inconsciente ou très peu consciente sur le canapé.
Thesus allait les soigner, leur effacer la mémoire et revenir ici avec Sekhmet. La Phénix était reparti en Irlande avec lui.
Je ne sais pas combien de temps s’écoula avant le retour de Thesus. Quoi qu’il en soit, j’avais surveillé Sean de prêt. Etait-ce le fruit de mon imagination ou avait-il levé sa baguette vers nous pour nous attaquer ?
La fatigue avait du me faire délirer. J’allais lui demander, quand une gerbe de flamme envahit mon appartement, dévoilant ma Phénix et Thesus De Clare qui avait le visage livide, et épuisé.

« Clearwater... » fit-il d’un air fatigué.

Tout le monde dut tourner la tête car c’était notre nom à tous les trois. Enfin… je ne savais pas si Braxton était encore conscient. Le voyant allongé sur mon canapé, il se dirigea vers lui. Sans ménagement il plaça la tête sur ses genoux, et sortie de l’intérieur de son manteau noir (d’ailleurs semblable à celui de mon oncle) une fiole contenant un liquide de couleur argenté. Mes yeux se plissèrent… Je ne connaissais aucune potion qui donnait une couleur semblable. Une petite gerbe de flamme sortit de la bouche de Braxton quand le liquide passa dans son corps. Thesus se recula, laissant Braxton se réveiller et retrouver l’usage de ses sens.

« Et vous, vous allez bien ? » dit-il avec automatisme.

Je regardais Sean et moi. Non, ça n’allait pas. Pas du tout. Nous étions complètement détruit et tourmenté. Tous deux par… une chose différente. Il faudrait vraiment que j’ai une discussion avec mon cousin…

« Oui. » répondis-je.

Comme un robot, Thesus se leva et fit comme chez lui. D’un petit coup de baguette, il s’attira la cafetière, une tasse. Il fit couleur un café pur comme je n’en avais jamais vu d’un coup de baguette et une fumée et une odeur sublime en sortie. Comment avait-il fait cela ? Sortant encore une autre fiole argentée, il en versa le contenue dans différentes tasses et il nous les tendis, s’en servant une lui même.

« Philtre du Dernier Espoir. C’est une de mes inventions. Vous gagnez une énergie phénoménale, aussi bien physique que mental pendant environ une heure. Votre organisme élimine toutes les toxines. Puis vous vous endormez d’un sommeil réparateur sans rêve pour 12h. Quand j’ai commencé à les essayer, je m’endormais brutalement pour me réveiller 12h plus tard sans l’effet revigorant ahah. »

Il se mit à rire comme si sa blague était la plus drôle du monde. Puis, il porta sa tasse à ses lèvres et une petite gerbe de flamme en sortie à son tour. Les pupilles de ses yeux se dilatèrent… Je fis de même. Une gerbe sortie aussi de ma bouche. Immédiatement, je sentis une chaleur m’envahir tout le corps et un immense regain d’énergie. J’étais prêt à y retourner et à recommencer ! Thesus dut comprendre, car avec vivacité, il leva sa paume de la main vers moi.

« Restez ici. Vous en avez assez fait. Bien, Clearwater. »

Encore une fois, c’était impossible de savoir à qui il parlait.

« J’ai soigné et soumit l’ensemble de ces personnes au Sortilège d’Amnésie. De plus je vous ai tiré tout trois d’un très mauvais pas. J’estime donc que vous et moi… Nous sommes quitte. »

Il tourna sa ganache vers mon oncle, puis il lui fit un affreux sourire.

« Mais nous pouvons resté amis vous savez. J’en ai justement un nouveau, que je me suis fait il n’y a pas si longtemps que cela… Très sympathique, brillant… Mais un peu espiègle...Hm… il faudra que je vous présente. »

Cette situation était irréelle...

Son père marmonnait au sol, dans un état semi-conscient. Sean évitait de le scruter, concentrant toute son attention sur son cousin, s’accrochant avec l’énergie du désespoir au courage époustouflant de ce dernier. A l’aide du phénix, il les fit atterrir au beau milieu de son appartement, un beau loft de centre-ville aux discrètes touches industrielles. Le jeune écossais se recula alors que Fergus déposait délicatement son oncle sur le canapé. L’étudiant ne put s’empêcher de fixer avec une inquiétude dévorante le visage marqué de son père avant de se détourner d’un air tourmenté.

Fergus s’était approché de lui pour s’excuser – une nouvelle fois – d’une situation dont il n’était aucunement responsable. Sean secoua la tête en fermant les yeux, sans pour autant pouvoir prononcer le moindre mot. C’était lui et son père qui avaient décidé de foncer tête baissée pour le sortir de ce mauvais pas, alors que ni l’un ni l’autre n’étaient en réalité aptes à faire face à ce genre de situation. Braxton s’était rendu fou et hors de contrôle avant de se faire mater par ce dangereux guérisseur.

Quant à Sean, c’était pire encore… Le bruit des sortilèges, l’odeur du sang, la souffrance de toute part l’avaient poussé à bout. C’était comme s’il avait tellement brulé de magie pour protéger de toutes ses forces sa famille qu’il avait dû abaisser les barrières qui le séparait de l’ombre en lui. Peut-être même qu’il avait cherché à puiser la puissance de l’entité qui la lui proposait de manière si insidieuse. Et à présent, elle était là – en lui – prête à reprendre le contrôle au premier de ses faux-pas.

Exténué, Sean s’appuya sur la vaste baie vitrée alors que Fergus retournait voir Braxton. Il se laissa lentement glisser au sol pour s’y assoir, le visage agité tourné vers le paysage sombre qui s’affichait sous lui. Soudain, Sekhmet réapparu dans un violent flamboiement qui le fit sursauter. Il ramenait le guérisseur avec lui et Sean se releva d’un bond. Il pensait que le De Clare n’aurait plus rien voulu avoir à faire avec eux vue la manière dont Braxton l’avait traité. Mais apparemment, sa conscience professionnelle avait finit par le rconduire ici.

Encore une fois, Fergus réagit bravement en fier porte-parole de la famille. Sean l’observait avec abattement, tout en discernant clairement en lui le feu qu’il admirait tant chez son oncle @Jameson Clearwater. Pourquoi ne pouvait-il lui ressembler un peu plus ? Le médicomage leur prépara une nouvelle concoction de son cru qu’il leur tendit sans ménagement. Sean jeta un coup d’œil apitoyé vers son père, se demandant s’il aurait la force de boire, mais se retint de l’approcher pour lui soutenir la tête. Le jeune écossais s’interdisait toute proximité avec lui tandis qu'il fixait le breuvage avec une profonde angoisse.

Était-ce une si bonne idée de regagner de la puissance ? Et s’il la dirigeait de nouveau contre Braxton ? De même, l’inconscience de plusieurs heures qui suivrait était tout aussi inquiétante. Qui savait si la bête en lui n’était pas capable de prendre le contrôle de son corps quand son esprit serait endormi ? Sean se détruisait à petit feu d’inquiétudes et de questions qu’il retournait dans tous les sens sans parvenir à trouver de réponses.

Finalement, alors que le guérisseur continuait son étrange discours, le jeune Clearwater porta la tasse à ses lèvres pour gouter l'épais liquide. Aussitôt, ce fut comme si une coulée de lave le traversa, lui apportant autant d’énergie qu’une centaine de cafés réunis dans une seule goutte. Ses peurs parurent alors bien plus risibles car il se sentait la force de les affronter toutes les unes après les autres. Mais pas ici. Pas maintenant. Il n’y avait qu’une seule chose à faire. Se dirigeant vers Fergus, sans un seul regard vers son père, il lui posa une main sur l’épaule.

- Ferggie… Je suis tellement désolé. Pour tout.

Il pensait à Solvi - au bébé - songeant avec une honte cuisante qu'il n'avait encore pu apporter le moindre mot de condoléances à son cousin.

- Mais je ne peux pas rester.

Le jeune homme devait rentrer aux Hébrides, prendre une douche, et retrouver @Yeleen Sô en ayant suffisamment repris ses esprits pour ne pas l’inquiéter. La jeune Serdaigle avait pour l’instant bien d’autres sujet de préoccupation, comme de s’assurer qu’elle pouvait lui accorder de nouveau sa confiance. L’ironie était à son comble quand on songeait que Sean n’avait jamais été aussi proche de l’implosion.

- Je te jure que je t’expliquerai tout, mais en attendant, promets-moi que tu prendras soin de mon père.

Sa voix n'était qu'un maigre chuchotement car ses paroles n'étaient destinées qu'à son cousin. Tournant son visage blême et pourtant couvert de sang vers Thésus, Sean se rendit compte qu’il n’avait rien écouté de son oraison.

- Monsieur, merci… souffla-t-il d’une voix à peine plus audible en tentant de se montrer le plus poli possible envers l’oncle de son amie, passant outre le fait que son père avait tenté de le tuer et que lui, lui avait presque éteint le cœur en retour. Se détournant, il espérait fermement que ce regain de puissance obtenu par le philtre du Dernier Espoir lui permettrait transplanner jusqu'au domaine.

L'espoir.

Si seulement cette potion était capable de le refaire renaitre en lui...