Les mains dans les poches, j’avais traversé le chalet pour me diriger vers Léonard. Cela faisait maintenant des jours et des semaines qu’il m’évitait. Après le coup de poing dans la gueule, et le fait qu’il ne me considère plus comme sa famille, j’avais décidé de le laisser souffler un peu. Lui laisser croire qu’effectivement, je n’étais plus membre de cette dernière à ses yeux. Mais… Comme on pouvait le remarquer, il était aussi dans le chalet avec moi donc jusqu’à preuve du contraire…

« Ca bricole ? »

Je l’observais avec ma petite tête de rat fouineur. J’aimais toujours attaqué la conversation d’un air taquin avec Léo. Observant la moto avec un léger sourire, je ne pouvais qu’être fier de lui. S’il y avait bien une qualité qu’on possédait en commun et qui était commun à tous les Grimm, c’était d’arriver à faire des choses de merveilleux avec ses 10 doigts. Léonard, c’était la Mécamagie. Moi, c’était plutôt les balais. Mais… L’un et l’autre s’y connaissait parfaitement dans les deux domaines.

« Ecoute. J’sais que tu m’en veux encore, mais on va pas se faire la gueule éternellement si ? Ok, j’ai déconné avec Alycia. Mais j’étais pas au courant. T’imagine bien que si je l’avais su ou devinait j’aurai absolument rien fait… Fais gaffe aux segments, tu vas les flinguer si tu marches dessus. »

Tout en parlant, je désignais les segments du moteur de la moto d’un air expert. Tout en fronçant les sourcils, je me mis à croupie à côté de lui et je pris quelques pièces pour les observer d’un air concentré. En réalité j’en avais un peu rien à foutre de la moto, c’était mon frère qui m’intéressait.

« J’aimerai qu’on laisse tout ça dernière nous, au moins pour Noël. Je peux pas revenir en arrière et réparer ce que j’ai fait. Par contre un truc est sûr, c’est que... »

La gorge un peu noué, je continuais d’observer le roulement que j’avais dans les mains tout en essayant de le faire rentrer dans une pièce convenable. J’étais un peu rouge, mais c’était la pudeur qui me rendait ainsi.

« …J’aimerai bien retrouver mon grand frère. »

Je passais ma main sur mon visage. Il était aussi doué avec les sentiments et avec les relations que moi… C’est la que je me mis à penser qu’il devait s’agir d’un problème d’éducation. Finalement, je mis les mains dans mes poches et je me renfermais. Même si j’avais envie de lui sauter au cou…

« Léonard espèce d’imbécile... »

Je détestais voir mon frère pleurait. J’enlevais immédiatement les mains de mes poches et je brisais la distance qui nous séparait. Je me mis à le serrer dans mes bras de toute mes forces. A cet instant j’oubliais toutes les rancunes et tout ce qui avait pu nous éloigner l’un de l’autre. Passant ma main dans les cheveux, je le repoussais avec une violence affective comme le faisait les frères.

« Comment t’as pu imaginer un instant que je t’ai fait du mal volontairement ! Mais ouvre toi bon sang ! Tu me parles jamais ! Alors que tu sais que j’aime Apolline depuis que j’ai 9ans ! Qu’est ce qui tourne pas rond. T’as peur de quoi tu peux me dire ? »

Je lui serrai les épaules et je le regardais dans les yeux. Le décor autour de nous était magnifique. Nos parents avaient fait un saut rapide à la Forge des Montagnes, là où les Grimm avait leur deuxième bastion. Nous étions seuls ce matin. Je continuais de lui serrer les épaules.

« Bien sûr que non j’en ai pas rien à foutre de ce que tu ressens. »

J’avais envie de me battre avec lui. Juste parce qu’il m’avait fait mal la dernière fois. Il me devait bien un match retour. Bien plus gentil et avec moi d’animosité bien sûr… Mais je me retenais et j’enlevais ma main de ses épaules.

« Tu lui as dit, à Alycia ? »

Pour moi, tout était redevenu comme avant.

Je le libérais donc de mon étreinte. Est ce que je devais lui dire que Lyvan était le genre de gars qui pouvait avoir une mauvaise influence sur lui et que je ne le sentais pas du tout comme ami ? Absolument pas. On marchait sur des œufs, on venait juste de se réconcilier… Je n’allais pas enfoncer le clou plus que ça…

« Hmm.. Intelligent de plus lui reparler, j’aurai pas vraiment dit ça. Tu devrais quand même aller lui dire deux mots. C’est peut être réciproque. »

Je le savais, pour lui avoir parlé après l’acte que c’était réciproque. Et c’est précisément à ce moment précis que la culpabilité m’avait envahi et que j’étais aller voir mon frère pour en parler.

« Tu aurais pu le dire au moins à ton frère, andouille… Allez c’est rien. »

Je le repris dans mes bras. Enfin, je passais mon bras par dessus son cou, comme deux frères. Un léger sourire de gobelin passa sur mon visage tellement j’étais heureux de retrouver sa petite tête de nœud. Je lui fis un petit savon sur le cheveux pour l’emmerder. Même si c’était le grand frère, je pouvais quand même l’embêter un peu.
Soudain, quand je me dis qu’il était peut être temps d’évoquer Xris, je m’assombris.

« Oui. @Xris Andērson et @Edel Almadovar . Deux ptits jeunes de ta maison. Il tourne autour d’Apolline. Alors j’ai fait ce qui y’avait de mieux à faire, je l’ai provoqué en duel magique. Evidemment, vu l’écart de niveau et du au fait qu’il soit en deuxième année, j’ai préféré annulé le duel. Mal m’en à pris. Ce débile m’a mis un coup de poids et il a réouvert mon arcade qu’un autre Serpentard m’avait ouvert la semaine d’avant. »

Je désignais Léo en ricanant. C’était lui cet imbécile qui l’avait ouverte.

« Mais ça n’a rien à voir avec toi. Là, c’était de la haine pure. Il est jaloux. Tout simplement parce qu’il est trop stupide et pas assez habile pour séduire Apolline. Et son petit roquet d’amérique du sud vaut pas mieux... »

Aaaah ! C’était donc pour ça qu’il m’avait dit de ne pas la toucher ce soir là. Tout s’était éclairci dans ma tête d’un seul coup, comme un puzzle dont les éléments ne venaient de former qu’un seul et grand tableau. Moi qui avait pensé que c’était parce que c’était sa meilleure amie… Comme moi avec Asel… Mais non ! C’était pas du tout ça. Je venais de comprendre, et j’avais soudain un peu honte. Mais comme j’avais un égo assez énorme, je me contentais de répondre en bougonnant un peu.

« C’est vrai que c’était super clair Léo. Quand on aime les gens, on les renvoie chier, c’est bien connu. »

Je passais ma main devant mon visage dans un soupire, comprenant ce que j’avais fait et comprenant maintenant que j’aurais pu éviter tout ça si j’avais eu un décodeur. Quand il m’annonça que Lyvan allait passé 10 jours à la maison, mes yeux s’écarquillèrent.

« Attends, qui ça ? Lyvan Gremlins ? T’es sérieux ?! Tu te venges de moi ou quoi ? »

Lyvan avait couché avec Apolline, et il avait le mérite de s’en être vanter cet imbécile. Depuis, on se détestait âprement et donc savoir qu’on allait partager le même air… Ca me donnait une gerbe des enfers. Mais pour Léo, j’allais exceptionnellement faire un énorme effort. Quand il parla d’Apolline, et surtout de Xris, je reculais, d’instinct les mains dans les poches.

« Xris est un Anderson. T’as pas à lui montrer d’admiration ou du respect. Ce sont des menteurs qui ont traîné notre nom dans la boue. Si papa a du mal à nous trouver des alliances, c’est en partie à cause de cette famille de mange-merde. Si cette famille n’existait pas, il y a un moment que je serai marié à Apolline. C’est ça que tu comprends pas. Moi non plus ça m’intéresse pas ces histoires de familles, sauf quand il faut que je me marie avec la femme que j’aime. »

Mes yeux se plissèrent et ma mâchoire se contracta. Il avait beau être vexé de la dernière fois, j’avais vraiment mal pris cette réflexion sur Xris. Parce que j’étais vexé comme un poux. J’étais persuadé que mon propre frère, un Grimm, aurait pris ma défense contre ce grand débile de Xris. Je crachais par terre.

« Voilà ce que j’en pense de ton capitaine à la con. »

Pourquoi le ton était brusquement monté par ma faute ? Ce n’était même pas Lyvan et sa présence qui m’avait énervé. Mais ce qu’avait dit mon frère sur Xris, j’avais vraiment eu du mal à l’encaisser. Parce que moi, à sa place, je lui aurai cassé la tête pour avoir osé ne serait-ce que toucher son précieux sang que partageait dans mes propres veines.

« Tu peux l’inviter aussi tiens si tu veux. Papa et maman seront ravis d’avoir un Anderson à leur table. »

Je croisais des bras et je passais ma main sur le visage. Il mélangeait tout. Il mélangeait Serpentard et Anderson, c’était deux choses bien différentes à mes yeux. Et même si Léonard accordait peu d’importance aux traditions, celle là au moins il pouvait l’entendre non ? C’était à cause d’eux que nous étions réputé pour être des voleurs en qui nous ne devions pas avoir confiance.

« J’ai pas dit que j’avais un problème avec les Serpentard. Je veux pas remuer le couteau dans la plaie, mais j’ai deux ex là bas. »

Ca c’était parce qu’il m’énervait au plus au point à ne pas vouloir prendre de partie et surtout à ne pas protéger son petit frère. Pourquoi il faisait l’autruche comme ça en réalité ? Il avait aussi des vu sur cet imbécile de Xris ?
Je soupirai alors de soulagement quand il m’avoua qu’il serait intervenu. Ah. J’étais rassuré. Le petit Grimm en moi ronronna de de séreinité. J’avais retrouvé mon grand frère.

« Tu me rassures... » dis-je avec un léger sourire.

Je m’élançais alors vers lui pour le reprendre à nouveau dans mes bras et lui sourire comme un con.

« Ouais et toi c’est super beau quand tu parles de nous comme ça ! Tiens. »

Je l’embrassais sur le front comme quand nous étions gamins. Je savais qu’il détestait ça parce que nous avions grandis et qu’on était désormais des adultes. Mais pourquoi les adultes, au fond, devaient-ils abandonner leurs comportements d’enfant. Finalement je libérais Léo.

« Ca va je t’embête pour Lyvan. T’invite qui tu veux. Seulement je trouve ça bizarre que vous soyez amis. Il a rien à voir avec nous non ? Ou alors… Peut être que je le connais pas parce que j’étais tellement vénère qu’il couche avec Apo que j’ai rien vu. »

Les mains dans les poches, je regardais les montagnes d’un air songeur. Si ça se trouvait, Lyvan était un mec sympa. Je l’avais juste traité comme un con parce qu’il avait osé poser ses mains et son regard sur Apo. C’était donc ça qu’avait ressenti Léo envers moi ? Tout d’un coup, je me sentis un peu plus bête qu’avant.

« Il paraît qu’il est super intelligent, mais de ce que j’en ai vu… C’était plutôt l’inverse. Et d’ailleurs, tu connais toi, cette Megara qui est tout le temps avec lui ? Je crois qu’elle le harcèle. Tu devrais être vigilant... »