« C’était l’année dernière je crois… ou début septembre… J’en sais vraiment rien et arrête de m’appeler Minipouce ok ? Je te démonte quand je veux. »

Je mis mes poings en garde dans une fausse attitude de bagarreur. Bien évidemment que je comptais pas me battre avec Léo. On jouait toujours à la bagarre gamin, aussi ça ne devait pas l’étonner de me voir lever les poings comme avant. Avec un sourire je déclarai :

« La dernière fois je me suis laissé faire et tu m’as pris par surprise... »

Avec un sourire, je baissais mes mains. Puis je me mis accroupi à côté de la moto. Observant cette dernière sans rien dire, je l’observais en détail. Jugeant quelques pièces, je fis quelques pas sur le côté en me relevant et je finis par sourire.

« Tu devrais t’inscrire au Club de Mécamagie avec moi. Pleins d’étudiants t’aideraient à concevoir ta moto et t’aiderait à l’enchanter. Le préfet des Poufsouffles, Sheraz, c’est un génie il pourrait t’aider. »

Sans dire un mot de plus je me contentais de le regarder. On avait pas mal de chose à se dire depuis la dernière fois qu’on ne s’était pas parlé. J’avais aussi revu Céleste, mais je préférai qu’on évite de parler de mes sentiments. J’en avais assez fait avec Alycia.

« Et… t’en est où toi côté coeur ? »

J’avais dit ça en prenant le carburateur de la moto. Je l’avais fait tourné plusieurs fois pour l’observer. D’un petit Recurvite avec ma baguette, je nettoyais ce dernier et je remis un peu d’huile neuve dessus et je le déposais sans un mot. Relevant ma tête vers Léo, je me demandais bien ce qu’il allait pouvoir me répondre.

Posant le carburateur, je relevais brusquement les yeux vers Léo. Il avait dit quoi là ? J’avais bien entendu ? Je fronçais les sourcils.

« Attends… Quand tu dis que tu réconfortes Théa... Si elle est pas venu me voir pour en parler… C’est que tu l’as réconforte d’une manière que je ne peux pas faire... »

Je restais un moment le nez en l’air à essayer de trouver toute autre explication possible que celle là. Puis finalement, je me passais la main sur le visage et je soupirai. J’en avais marre, on disait que c’était moi qui ne faisait que des conneries mais ce n’était absolument pas vrai… J’en avais la preuve sous les yeux.

« C’est des conneries les relations non-exclusives… Elle est amoureuse d’Alister et elle se fait de plus en plus de mal à aller voir ailleurs alors qu’ils sont fait l’un pour l’autre. Elle se fait du mal quand elle couche avec toi. Et toi tu l’y encourages... »

Je soupirai, j’allais devoir encore leur faire la morale. Qu’est ce qu’ils avaient tous à laisser traîner leurs fesses n’importe où et dans n’importe quel lit ? A quel moment ils avaient manqué d’affection dans leur vie ? Je passais une main sur ma figure fatigué, me mettant du camboui sur la gueule au passage.

« Et toi je te connais t’as des sentiments pour Alycia aussi… Vous vous tirez vers le bas… C’est très mal. Très très mal. Vous devriez pas. »

Je fis non de la tête plusieurs fois. Et de toute façon, j’étais pas du tout prêt à ce qu’on me raconte ce genre de chose. Pourquoi est-ce qu’elle faisait ça sérieusement ? Elle m’agaçait tellement… Il m’agaçait tellement… Je soupirai bruyamment.

« En fait vous arrêtez pas de vous plaindre de moi, mais dés que je suis pas dans vos vies vous faites une connerie à la minute ! Cette relation, même purement physique n’est bien pour personne ! Ni pour toi, ni pour elle, ni pour moi ! »

« Arrête ! »

Je le bousculais un peu fortement au niveau de la poitrine. Pas non plus de quoi déclencher une bagarre ou quoi. C’était toujours dans le ton de la bagarre fraternelle qu’on avait toujours eu depuis qu’on était né. Mais il y avait quand même une pointe de sérieux. Je commençais à me fâcher.

« C’est mon amie, parle pas d’elle comme un objet. Si elle en vient là, c’est qu’elle est malheureuse. »

Je fronçais les sourcils. Pourquoi ça m’avait échappé ? Elle n’arrêtait pas de me dire qu’elle allait bien, que tout était OK avec Alister… Mon cul ! Elle en souffrait ! Et cette andouille ne trouvait rien de mieux que de se consoler avec mon frère… Non mais vraiment… Je poussais un soupire et je passais ma main sur le visage d’un air assez las.

« J’suis sérieux, elle mérite qu’on en prenne soin. Pas qu’on s’amuse avec elle. Théa a toujours fait beaucoup pour moi, et c’est encore le cas. Si tu l’as fais souffrir avec tes conneries t’entendra parler de moi. Et là je me laisserai pas faire ! »

Je lui mimer le coup de poing qu’il m’avait mis. Mais là je comptais bien me battre pour de vrai et pas le laisser me frapper sur la gueule. Je soupirai alors et je repris plus sérieusement.

« Il faut que t’arrête ça avec elle là… Pour toi c’est un jeu et du bon temps mais pas pour elle. Ce qui lui faut c’est Alister ! Pas Léonard Grimm ! Ou alors effectivement, il lui faut Léonard Grimm, mais… Définitivement quoi ! En tant que couple ! Oh ca serait trop bien. Je serai témoin de la mariée et du marié en même temps... »

« Mouais… C’est pas une raison. Je pense qu’au contraire Alister était la personne qui lui fallait, car si il avait eu le courage d’aller au bout, c’était la première relation stable et réciproque qu’elle vivrait. Mais vu que t’as l’air d’en savoir plus que moi... »

Je faisais le grognon. Mais en même temps…Heureusement qu’on venait de se réconcilier et que je faisais profil bas, parce que sinon je me serai très certainement encore plus énervé. A la place je me contentais de mettre les mains dans les poches et de faire une grimace prouvant que je n’étais pas d’accord avec cette philosophie.

« Oui oui. Un jour c’est du cul et le lendemain on est amoureux ! C’est à sens unique, on se sépare et ca nous brise le coeur ! »

Je m’emportais un peu mais c’était un peu vrai. C’était le risque dans les relations comme celle là, c’était pour ça que je m’en étais bien garder. Je n’aimais pas faire souffrir les gens par accident, et je n’avais pas non plus envie de me faire du mal inutilement… Ma liaison avec Céleste en était la preuve. Au départ c’était charnel, et au final, quelqu’un avait terriblement souffert. Je devins un peu blême en évoquant cela.

« Mouais… Du respect… hm... »

Je regardais l’heure. Subitement je me rappelais que j’avais convenu d’un rendez-vous avec Asel concernant la fabrication de nos balais, que j’avais gardé d’ailleurs secret et dont je n’avais pas parlé à Léo. Sans rien dire, j’affichais quand même un léger sourire et je déclarai.

« Bref, je vais devoir te laisser. J’ai oublié que je devais voir Asel pour quelque chose d’important. Je suis enfin heureux qu’on se reparle toi et moi ! Même si tu peux pas t’empêcher de protéger tes ptits serpents à deux balles… Tsssk. »

Je me dirigeais vers l’entrée du chalet, là ou le Portoloin devait m’attendre. Avant de passer le seuil de la porte je me retournais et je déclarais :

« Sérieusement. Fais attention avec Théa. »