Le Deal du moment : -38%
Enceinte colonne – Focal Chorus 726 – Noir ...
Voir le deal
245 €


Break the silence

Invité

avatar
   
INFOS
FICHE DE PERSO

@Bianca Almadovar ;
27.12.2022

Je pensais que mon voyage au Brésil suffirait à me sortir de cet état de colère après le monde entier que j'avais ressenti lorsque Bianca m'avait annoncé cette curieuse nouvelle. Curieux n'était pas un terme choisi au hasard. Je préférais mettre ce mot là, plutôt qu'un autre pour éviter d'envenimer tout ce que cette annonce éveillait en moi. S'il y avait bien une chose dont j'étais fier de moi, c'était de ne pas être allé péter un scandale auprès de mon ex-femme. C'était tout ce qu'elle méritait. Quant à Miguel... Il avait beau être professeur, il ne volerait pas un coup de poing dans sa belle gueule.

Au final, à mon retour en territoire britannique, lorsque le portoloin m'amena dans la zone prévue adéquate au ministère de la magie, je ressentis de nouveau que le poids du monde m'accablait. Mon visage avait exprimé un agacement perceptible, alors que je remettais mon sac de voyage correctement sur mon épaule avant de dégager la pièce pour permettre aux sorciers en provenance du Chili d'atterrir dans les meilleures conditions.


Revoir Bianca était une nécessité. Il fallait que je m'excuse de mon comportement et que j'arrête d'agir comme le parfait des crétins. Elle avait été la cible de tout ce que je voulais jeter à la figure de Dipali, bien que j'avais rien formulé devant elle. J'essayais de me rappeler des propos de mon frère sur ce sujet. Lâcher prise, ne pas lui en tenir rigueur, aller de l'avant. Car oui, c'était ce que Dipali avait fait. Alan n'était pas stupide même s'il passait un petit peu trop de temps à survivre à ses propres explosions. Moi aussi, je me devais d'aller de l'avant. Il fallait que j'arrive à me convaincre que mon fils... Que mon fils ne reviendrait jamais.

Une larme avait roulé sur ma joue alors que j'avais rejoint le domaine des MacGregor pour passer les vacances de Noël en leur compagnie. S'il n'y avait jamais grand monde, sinon la présence de ma nièce et de mes neveux, cette année, il y avait presque tout le monde. Cela faisait des années que nous n'avions pas passé de vraies vacances de famille. Et je soupçonnais mon frère d'être à l'origine de tout cela. Qu'est-ce que je pouvais l'aimer celui-là.

Mais Noël était désormais passé. Je me devais de faire ce pour quoi j'étais rentré (entre autres).


Le matin du 27 décembre, je me levais aux aurores. La boule au ventre, je me préparais rapidement pour passer au bureau, avant d'aller au ministère pour croiser Bianca. Je n'avais pas le cœur d'aller chez elle. Encore moins d'avoir un rendez-vous avec elle. J'avançais par étape, et c'était probablement celle qui me tentait le plus. Je ne voulais pas la décevoir, je voulais qu'on en parle, mais en même temps... Je me demandais si je n’étais pas en train de faire une espèce de transfert ou quelque chose dans ce goût-là. Probablement que j'allais avoir besoin d'un coup de main de la part d'un psychomage pour me sortir de ce... De ce blocage ?

Mon passage à l'IDEM s'était fait sans incident. J'avais déposé mes notes, mon dossier, le bon avancement des choses pour nous permettre de participer au site de fouille sous Castelobruxo. Je n'étais pas un fin connaisseur des cultures mésoaméricaines, mais j'avais jusqu'à fin juin pour le faire désormais. Un travail plutôt tranquille qui ne me dérangeait pas plus que cela, bien au contraire.

Ensuite, je passais prendre deux cafés et deux viennoiseries chez Boulangerie Paris, une espèce de boulangerie française en plein cœur de Londres, non loin de l'Institut, pour me diriger dans un mouvement de cape (transplanage) au pied du ministère.

Un endroit que je n'aimais pas pour diverses raisons de façon général. Mais cela ne m'empêcha pas de continuer ma route vers le deuxième niveau pour retrouver le bureau des Aurors. Me positionnant juste devant l'open-space, saluant les collègues de Bianca, je croisai le regard de Saúl qui me fit un signe de la tête avant de se diriger à son bureau.


Invité

avatar
   
INFOS
FICHE DE PERSO

@Lennox MacGregor ;
27.12.2022

Are you sure ?” L’avocate ne semble pas vouloir lâcher Bianca des yeux. Peut-être parce que la femme qui s’est présentée à son cabinet ce matin-là est aux antipodes de celle qu’elle a appris à connaître, depuis quelques années. Sa combattivité semble avoir entièrement disparu. Et l’éclat de résignation au fond de son regard lui semble inquiétant. “Si.” L’Auror tranche, sans détourner les yeux. Et pousse sur le bureau les Gallions qu’elle lui doit encore. Elle paye ce qu’elle doit. Et ce sera terminé. “You can still change your mind, Bianca.” “No.” La voix est plus assurée, alors qu’elle se lève, pour lui répondre : “I’ll never be a mother.” Le dire à voix haute est définitif. Et c’est la première fois qu’elle le fait. Un léger hochement de tête salue celle qui s’est battue pour elle, refus après refus, pour essayer de lui obtenir une adoption. Et elle s’en va. La porte claquant derrière elle la fait s’arrêter. Sa nuque joue, l’espace d’une seconde, avant qu’elle ne se remettre en marche. C’est terminé. Et c’est pour son propre bien. C’est une chose dont elle s’est rendu compte, chez les Clearwater. Elle est la tante embarrassante, l’amie de famille extrêmement drôle. Mais elle n’est pas une mère. Elle ne le sera jamais. La première étape a été d’offrir Hombre à la famille. Il sera bien mieux aux Hébrides. Et la seconde… la seconde, elle vient de la réaliser. La troisième prend la forme d’une lettre, au fond de sa poche, qu’elle enverra dès qu’elle arrivera au bureau. Il est temps de cesser de se torturer en faisant du bénévolat avec les enfants, à Sainte-Mangouste. Il est temps d’essayer d’avancer. Et elle a besoin de ça, justement. De temps.

C’est ce qui motive son incartade hors des terres Clearwater, pour la journée. Déjà, il faut qu’elle s’assure que @Ben Leavy est encore en vie. Ensuite, ce qu’elle vient de faire. Et enfin, il faut qu’elle passe au bureau. @Gabriel Standford a déjà signé son congé, beaucoup plus long que ce qu’elle prend d’habitude. On parle de deux longues semaines, reconductibles. Elle a besoin d’espace. De calme. De faire le point. Alors il faut qu’elle transmette, même momentanément, ses dossiers en cours. Sa demande pour être relevée du dossier des disparitions a sans doute été la plus grosse surprise. Mais c’est nécessaire. Alors après avoir salué Saúl en lui disant qu’ils parleraient plus tard, l’Auror s’est cloîtrée dans son bureau. Il est tôt. Elle n’a pas déjeuné. Mais il est important de faire tout ça le plus rapidement possible. Et de repartir. La missive pour Sainte-Mangouste est partie. Maintenant, elle trie ses dossiers. Ce qui peut attendre son retour. Et ce qu’il faut donner, immédiatement. Il n’y aura plus qu’à faire un rapport à son chef et elle pourra partir. Pour deux longues semaines. Et c’est alors qu’elle s’affaire qu’elle sent, avant toute chose, l’odeur du café venir lui titiller les narines : “Saúl hermano, te q…

Les mots meurent sur ses lèvres alors qu’elle se retourne pour remercier son cousin. Et que ses yeux tombent sur : “Len’…” Le temps retient sa respiration, l’espace d’un battement de cœur qui lui échappe. Ça fait plus de deux mois. Avec ses voyages, ce n’est pas si rare, qu’ils passent tant de temps sans se voir. Mais cette fois a été différente. Parce qu’elle n’a pas pu se réfugier chez lui, quand le poids du reste se faisait trop important. Parce que cette sensation, d’être à la maison lui a manqué, et la frappe douloureusement, alors que ses yeux détaillent ses traits. Il a bronzé. Quelques mois au soleil d’Amérique du Sud vous ferait cela. “You’re back.” Ses mains reposent le dossier qu’elles tenaient, mais elle ne fait pas un geste vers lui. D’ordinaire, elle aurait déjà déposé un baiser sur son front, lui demandant de tout lui raconter et se servant dans le petit déjeuner qu’il a apporté. Avant. Avant cette distance qu’il a mise entre eux. Nécessaire. Qui laisse un goût amer au fond de la gorge de Bianca. Qui agite sa baguette, pour envoyer des papiers dans un des cartons sur l’étagère près de l’entrée. “How  was Brazil ?Act normal. C’est compliqué. Qu’est-ce que la normalité, au juste, pour eux, maintenant ?


Invité

avatar
   
INFOS
FICHE DE PERSO

@Bianca Almadovar ;
27.12.2022

Comme je m'en doutais, je la surpris. En même temps, je ne pouvais que la surprendre en me rendant sur les lieux de son travail. J'avais beau tenir les viennoiseries et les deux cafés fermement dans mes mains, je n'avais qu'une envie, c'était de prendre les jambes à mon cou. Si j'avais gagné en courage au cours de mes aventures grâce à l'Insitut de ma mère, j'avais toujours une petite partie de moi qui transpirait la lâcheté à mon grand désarroi. Cependant, je ne fis rien, je ne bougeai pas. Je me contentais de sourire d'une manière gênée, respirant à pleins poumons l'odeur du café et des brioches (ou je ne sais plus ce que j'avais commandé) pour me donner une force qui me faisait clairement défaut.

Son you're back me mit un coup au plus profond de mon âme, tapant directement les fondations de celle-ci. Je baissais le regard. Oui, j'étais de retour. Pour autant, j'avais vraiment envie de retourner au Brésil. Cette discussion me terrifiait plus que le jour je devais me présenter devant mon oncle pour... Non, oubliez, je ne raconterai plus jamais cette anecdote.

Je me contentai, avec de gros efforts, de garder sur mon visage ce maigre sourire qui aurait mieux fait de prendre de l'avance en m'attendant au Brésil. Comment lui dire que j'avais agi comme un con ? Mais surtout, comme lui dire que j'avais eu besoin de faire cela pour m'apaiser ? Être un con pour aller mieux, c'était bien la première fois que j'entendais un truc pareil. Je méritais très sincèrement de reprendre les séances de psychanalyse que j'avais lâchement abandonné lorsque j'avais démissionné du poste de chercheur de Sortilèges au département des Mystères.

« - Cool. » Hum. Je me raclais la gorge. « Vraiment cool. »

Tout à coup, une chaleur oppressante m'envahit. Pourquoi était-ce bizarre à ce point entre nous ? Je posais les viennoiseries sur la commode à côté de moi, lui tendant un café.

« - Je t'ai pris un café. »

C'était catastrophique.

« - Tu, euh... Tu as passé de bonnes fêtes ? »

Vraiment, Lennie ? Qu'est-ce que je pouvais être un crétin... J'étais véritablement mal à l'aise. C'était même pire que la chaleur tropicale de la jungle protégeant Castelobruxo. J'en avais la nausée.



Invité

avatar
   
INFOS
FICHE DE PERSO

@Lennox MacGregor ;
27.12.2022

Elle ne sait pas ce qu’elle attend. Qu’il lui dise qu’elle lui a manqué, elle aussi ? Ça n’a pas de sens. Mais elle a accepté récemment que plus grand-chose n’en a, dans son existence. Il semble mieux, pour ce qu’elle peut en dire. C’est qu’il a pris la bonne décision. Ce n’est pas vraiment un doute. C’est ce qu’il a tendance à faire, contrairement à elle. Un hochement de tête répond à son qualificatif de l’expérience. Pas la réponse la plus brillante qu’il lui ait jamais faite, elle l’a connu plus expressif – son expression et sa manière de parler de Rome lui reviennent en mémoire. Ça semble loin. « Bueno. » C’est lourd, ce qu’il y a dans la pièce. Mais Bianca n’a pas la moindre idée de comment régler le problème. C’est lui qui est parti, qui avait besoin qu’elle soit loin. C’est un pas vers elle qu’il fait, sans doute, assez littéralement d’ailleurs. L’odeur du petit sac, déjà luisant de gras qu’il pose à côté de ses boîtes de classement lui retourne l’estomac. Le café est accepté d’un hochement de tête, tendant la main pour le lui prendre : « Gracias. Didn’t have time for one this morning. Too much to do. » Ses doigts effleurent les siens l’espace d’un instant et elle ramène rapidement le gobelet à elle. La dernière fois qu’ils avaient eu un contact physique, ça s’était très mal passé. Get a grip. Se rendant compte que ses mots pouvaient être pris comme une demande de partir, elle désigne une des chaises face à son bureau : « Sit. Por fa. » Elle n’en a pas envie, mais elle sait aussi que commencer à faire les cent pas nerveusement n’arrangera rien. Sa baguette fait de la place sur le bureau, gardant les piles nettes – pour une fois – avant de prendre place.

Et sa question la surprend. Ah. So this is where we are. Chit chat. « Nice. » Not really. « I am staying at the Clearwaters. » Pour la première fois en plus de quarante ans d’existence, elle n’a pas passé les fêtes chez elle. Et c’est déjà un indicateur suffisamment inquiétant pour qu’elle n’ait pas besoin d’en dire plus. Normalement. « They’re great. Nice family. You know them. » Peut-être. Mais ils n’étaient pas la sienne. Et peu importe la proximité qu’elle entretient avec eux. Ses ongles viennent défaire le couvercle de son gobelet, avant de le porter à ses lèvres. Bouillant à s’en défaire le palais. C’est comme ça qu’elle l’aime. Et cela anesthésie l’amertume et la brûlure qu’elle a au fond de la gorge. « Hombre likes it there. He’s gonna stay. » Des morceaux, des petits cailloux de ce qui s’est passé. Ses traits tirés racontent sans doute le reste. Mais elle n’en dit pas plus. Parce que cela dépasserait les limites mises en place. Parce qu’elle a décidé ce jour-là, quand il a réagi comme il l’a fait, qu’il passerait avant elle. Et elle s’y tient. Même si elle a envie de taper du poing sur la table, d’envoyer valser son bureau et de lui demander quand ils allaient arrêter leurs conneries. Elle ne le fera pas. Clouée à sa chaise. « And yours ? How is your family ? » At least tell me you are fine, now. Or at least better.


Invité

avatar
   
INFOS
FICHE DE PERSO

@Bianca Almadovar ;
27.12.2022

Une pierre roulait dans mon œsophage pour venir écraser ce que j'avais dans l'estomac alors que Bianca me disait être particulièrement occupée. Devais-je lui partir et lui promettre de me revoir plus tard ? Est-ce que j'aurais cette envie de le faire plus tard ? Ou laisserais-je couler misérablement cette amitié si particulière que nous avions ? Je ne savais pas quoi dire, je ne savais pas quoi faire. Mes jambes ne semblaient pas vouloir partir. Pas tout de suite en tout cas, car elles semblaient attendre un petit peu, histoire de voir ce qui allait se passer. Est-ce que les choses s'arrangeraient ? Est-ce que, au contraire, les choses s'empireraient pour nous laisser dans cette espèce d'état émotionnel instable dans lequel nous pourrons revenir d'ici une paire d'années tout au mieux ?

J'avais beau avoir un intellect supérieur à la moyenne, j'étais complètement ignorant sur les relations sociales, surtout depuis la disparition de mon fils. Par relation sociale, j'entendais bien sûr quelque chose de plus profond que celles que j'entretenais avec mes amis à qui je rendais visite pour aller manger un bout en ville ou pour tout simplement passer un moment en leur compagnie, à bavarder de tout et de rien ou des nouvelles scientifico-magiques. Bref.

Je lui tendis un café et nos doigts s'effleurèrent. C'était bien la première fois où je perdais mes mots pour décrire quelque chose. Je ne savais pas si j'étais content, ou si je devais me reculer le plus discrètement possible. Encore une fois, je ne fis rien, sinon, attendre une quelconque réaction de sa part. Lorsqu'elle me demanda de m'asseoir, je m'exécutai sans rechigner une seule seconde.

Oh, chez les Clearwater. Je me contentais d'acquiescer de la tête, l'air quelque peu surpris par cette affirmation.

J'acquiesçais à nouveau, un léger sourire sur mes lèvres. « Oui, des gens bien. » Renchéris-je. J'avais toujours voulu avoir le même courage qu'eux. Quand j'étais plus jeune, c'était une catastrophe comme je préférais fuir tous les problèmes qui pouvaient se présenter à moi. Il n'y avait qu'avec la force de mes convictions que j'avais cessé d'être lâche. Tout du moins, que j'étais devenu un peu plus...

Enfin, quand on assistait à ce qui se passait actuellement, on avait du mal à le croire.

Je tiquais quelque peu sur le destin d'Hombre, mais je ne relevai pas. Le chien serait bien plus à l'aise sur l'île à gambader gaiement sans avoir à se soucier du retour de sa maîtresse pour aller se dégourdir les jambes. Je ne pouvais m'empêcher de ressentir une profonde douleur. Je m'y étais attaché à ce chien, malgré moi. J'avais l'impression de ne pas avoir eu mon mot à dire sur la garde de notre enfant. C'était ridicule. Très clairement. Je détournais le regard de celui de Bianca pour regarder l'activité du bureau des Aurors.

« - Plutôt tranquille. Mon frère est venu du Chili avec sa petite famille, puis j'ai passé un peu de temps avec ma nièce et son père autour d'un morceau de bûche. C'était sympa cette année de se retrouver ensemble. Être une vraie famille l'espace de quelques instants. »

Bien sûr que je parlais du fait qu'on était tous aux quatre coins du globe à vouloir découvrir des trésors du temps passé. On était rarement tous rassemblés les uns avec les autres.

« - Et ta famille ? » Demandais-je, malgré moi, sans trop juger de l'impact que cette question invasive pouvait avoir sur Bianca.


Invité

avatar
   
INFOS
FICHE DE PERSO

@Lennox MacGregor ;
27.12.2022

Ça la rend malade. Qu’il soit là sans l’être. Il a été plutôt facile d’occulter le problème, noyé par tous les autres, par des rasades généreuses de rhum entre deux dossiers en forme d’impasse. Mais le revoir la ramène dans ce bar d’où il l’a tirée. Dans cette cuisine où il l’a rejetée. Mise à la porte, d’un endroit auquel elle s’est désespérément raccrochée si longtemps. Et privée de sa présence, même fantomatique, elle n’a pas su tenir. Le poids lui avait finalement fait courber le dos, manquant de la briser pour de bon. L’Auror est juste extrêmement coriace. Et après ce qu’elle a traversé, elle se pense immunisée à tout. Elle a tort. Lennox se comportant avec elle comme si elle était une simple connaissance est dans la liste de ce qui parvient à l’atteindre avec une facilité déconcertante. Il faut qu’elle rationne le café. L’ingurgiter à toute vitesse ne soigne absolument rien, pas même en la brûlant au passage et il est pratique pour s’occuper les mains. C’est difficile de le fixer et de hocher la tête alors qu’il lui raconte tranquillement ses vacances. Pas tranquillement. La gêne est à couper au couteau, même certaines salles d’interrogatoires ne sont pas aussi pesantes. « Sounds nice. » Elle a rencontré certains des MacGregor, au fil du temps. Ils sont d’une espèce différente des Almadovar, en leur étant étrangement similaires dans leurs affects. Le fait qu’ils soient toujours par monts et par vaux est leur spécificité. Mais comme eux, ils parviennent toujours à se retrouver. Comme les Almadovar, s’entend.

Et c’est pour cela que la question de Lennox fait qu’elle se tend, immédiatement. Sa mâchoire s’est crispée et ses yeux se détournent pour trouver le mur. Non. En réalité, ils accrochent le carton contenant toutes ses recherches sur les disparitions actuelles, qu’elle remet dans les mains de ses collègues. « Bien. » La voix a tremblé et elle secoue la tête pour deflect. « Edel sends me letters. They had a nice Navidad. » Et le lire l’avait fait douter de sa résolution de ne pas y aller. Tout en renforçant la certitude qu’elle n’aurait pas pu faire face à ses parents après ce que @Aram Romanez lui a révélé. Ses dents grincent et il lui faut toute la volonté du monde pour ne pas exploser. Pour ne pas laisser la bride au coup de sang qu’elle sent monter, pour ne pas hurler. Tout son corps est en tension et elle ferme les yeux pour faire jouer sa nuque. « Len… » Un soupir s’échappe de ses lèvres. Elle n’est pas douée, pour les mots. Pour exprimer ce qu’elle ressent. Pour donner aux autres ce dont ils ont besoin. Elle rue dans les brancards, d’ordinaire. Peut-être devrait-elle le faire, encore une fois. Parce que quand elle a essayé la douceur, elle s’est plantée en beauté. Il est parti. « Que es eso? » A quoi ils jouent ? Ses jambes se décroisent et elle se lève, abandonnant son café sur le bureau. Quelques pas sont faits, lui tournant le dos un moment. Il y a une question qu’il n’a pas posée. Et elle ne la lui a pas posée non plus. Parce qu’elle s’attendait sans doute à ce qu’il le fasse. Qu’il lui dise qu’il est de retour, que tout ça n’a pas été pour rien, qu’il va mieux, qu’il a pu gérer ce qu’il avait à gérer de son côté. Qu’il est prêt à en parler avec elle. A reprendre la conversation où elle s’est arrêtée. Il y a deux mois, dans son appartement, quand leurs mondes ont implosé. Ses bras se croisent, comme si elle essayait de se réchauffer. De se retenir. Un geste réflexe. « ¿Te sientes mejor ? » Tell me at least you got what you needed. Tell me this was all not for nothing.


Invité

avatar
   
INFOS
FICHE DE PERSO

@Bianca Almadovar ;
27.12.2022

Puis, finalement, la question tant redoutée. Je m'efforçais de concentrer mon regard ailleurs plutôt que dans le sien. Il se passait tellement de choses dans ma poitrine, puis dans ma tête. J'avais la colère facile lorsque cela traitait des enfants. Je me souviens encore d'avoir du rassurer mon grand-frère lorsqu'il avait eu son second, ou encore lorsque @Sorcha MacGregor avait eu Aurore. Bien sûr que cela m'embêtait. Bien sûr qu'à chaque fois qu'un proche m'annonçait une naissance, j'avais le goût de l'amertume dans la bouche avec cette impression d'oppression au niveau du cœur comme si on me le serrait.

Je respirais difficilement. Encore une fois, j'essayais de me ressaisir en me rappelant qu'elle aussi, elle était dans ce cas de figure, même si sensiblement différent. Moi, on m'avait volé le plus cadeau que la vie pouvait me faire. Elle, on lui empêchait tout simplement d'enfanter. Le destin pouvait se montrer particulièrement curieux, hein ?

Je secouais la tête. En vérité, ça n'allait pas bien. Je ne voulais pas être là. Je ne voulais même pas être en Angleterre. J'étais bien au Brésil avec @Michel-Ange Grimm. Un garçon amusant, dans la même veine que @"Thea Rosewell", mon autre apprenti. Là-bas, j'étais proche de mon grand-frère qui travaillait au Chili, de sa famille, puis, surtout, je travaillais. Elle était là ma fuite en avant. Dans le travail. J'avais toujours été un peu lâche. Si jusqu'à maintenant, je pensais que c'était pas une bonne chose,  aujourd'hui, je me rendais enfin compte, qu'il n'y avait pas que des côtés négatifs là-dedans. A moins ce que ça aussi, c'était une fuite vers l'avant. Ce qui était probablement le cas.

Je me contenta de poser mon regard troublé dans le sien.

Sans lui répondre, je préférais orienter la conversation vers elle. Peut-être était-ce la la seule façon pour que cette entrevue se passe bien ?
« - Et toi ? Tu... Ca va mieux ? »

Je ne me sentais pas bien. J'avais chaud. Ici, au département de la Justice magique, j'étais au centre même de tout ce qui s'était passé il y a plus de vingt ans. Ou quelques années plus tard, quand on m'avait dit que l'affaire était classée, me valant quelques heures de garde-à-vue avant que ma mère ou mon père ne vienne payer ma caution.


Invité

avatar
   
INFOS
FICHE DE PERSO

@Lennox MacGregor ;
27.12.2022

Son silence est la pire des tortures. Et lentement, Bianca sent que tous ses efforts pour rester calme ne seront d’aucune utilité. Parce qu’il ne dit rien. Parce qu’elle a mal. Parce qu’il ne lui répond pas. Parce que quand leurs regards s’accrochent, elle peut le sentir. Que si. Tout ça pour rien. Il n’est pas là, avec elle. Il est là-bas, au Brésil. Il est ailleurs, dans ces limbes dans lesquelles il semble s’être enfoncé. Dans celles où elle a manqué de se perdre, dont on l’a arrachée avant qu’elle ne s’y perde pour de bon. Et c’est la colère, progressivement, qui prend le pas. Tempérament sanguin qu’elle a hérité des siens, qui gronde dans la créature qu’elle est, au fond de ses entrailles. Qui lui déchire le ventre, alors qu’il… dévie. Et l’envie de lui dire d’aller se faire foutre manque de prendre le pas sur le reste. Si c’était @Braxton Clearwater, elle l’aurait déjà frappé. Si c’était @Ben Leavy, il serait déjà pendu par les pieds. Un soupir, en forme de ricanement nerveux s’échappe de ses lèvres pincées, de sa mâchoire serrée. Ses mains quittent ses bras pour se lever, pour grimper dans ses cheveux, les relevant en les tirant juste ce qu’il faut pour qu’elle s’ancre dans le présent. Et elle lui tourne le dos, quelques secondes, pour se reprendre. Pour respirer. Pour ravaler la brûlure qui est montée jusque dans ses yeux. Avant de se retourner, en secouant la tête : « Sabes que ? » Ses poings trouvent ses hanches et elle regarde le plafond, avant de lâcher : « No. No estoy bien, Lennie. » Son cou lui fait un mal de  chien alors que son visage pivote, alors qu’elle s’avance, pour poser ses mains à plat sur le bureau. Pour le regarder, dans les yeux. « I continued drinking. Everyday. » L’image des bouteilles roulant sur le sol de la chambre d’amis, sa propre salle de torture est vive dans son esprit. « I locked myself in, worked like crazy on a dead case that I have been obsessing over for years, to try and do something. » Et ça n’a pas été brilliant. « Hombre was at the neighbours, ‘cause I was in no shape to take care of him. » Un tableau pitoyable, qui a été sa réalité. Qui le serait toujours. « And you weren’t there. »

Sa voix a tremblé. Et pourtant, elle ne flanche pas. Pourtant, elle continue de le regarder. Il est parti. Pourquoi pas, après tout. Miguel est parti, après lui avoir promis de l’aimer pour le meilleur et pour le pire. @Ben Leavy est parti, il y a des années, aux Etats-Unis, la forçant à venir le chercher par la peau des fesses parce qu’elle n’imaginait pas sa vie sans lui. @Braxton Clearwater est parti, après, quand il a été mis à pied, l’effaçant complètement de sa vie jusqu’à ce qu’elle manque d’y passer. Alors pourquoi pas lui ? Pourquoi est-ce que Lennox ne lui tournerait pas le dos, lui aussi ? Le rire a tout du hoquet. C’est ridicule. Que ça brûle autant. Pourtant elle sait. « I couldn’t go sleep at your place, I couldn’t reach out to you. » Lui envoyer des lettres random, comme elle le faisait de temps en temps. Juste s’enrouler dans sa couette, enfouir son visage dans son oreiller et se persuader que tout allait bien. « So no. No estoy bien. » Le mordant du ton est gâché par l’aspect un peu trop brillant de ses yeux. Qu’elle ferme, se tournant pour attraper son nez entre deux doigts, tentant de ravaler les larmes. How fucked up are you, exactly , Bianca ? Immensément. Une inspiration plus tard et elle se retourne vers lui. Pour le considérer. Son visage ne s'est pas suffisamment fermé pour dissimuler ce qu’elle ressent. Et elle le considère un moment, avant de demander : « Why are you here, Lennie ? » Parce qu’il est parti. En lui envoyant une ligne. Qu’il est revenu, sans prévenir. Et qu’il se contente de se tenir là, sans rien lui  dire. Are you going to leave me, like they all did?


Invité

avatar
   
INFOS
FICHE DE PERSO

@Bianca Almadovar ;
27.12.2022

J'entendais bien tout ce qu'elle me disait, et plus je sentais monter la colère tintée de tristesse dans sa voix, plus je m'empêchais de poser mon regard sur elle. C'était compliqué de se rendre compte de tout cela sans réellement ressentir une empathie comme j'aurais pu la ressentir dans n'importe quelle autre situation. Mais pas celle-là. Il n'y avait pas qu'elle qui avait ses propres démons liés aux enfants, moi aussi, et c'était probablement très égoïste de ma part, mais je ne pouvais réellement faire l'impasse sur ma propre douleur, sur cette façon que Dipali avait de tourner la page sur notre fils. Je... Je ne pouvais pas m'empêcher d'espérer de le revoir un jour, même si ce fut sur mon lit de mort. Je ne pouvais pas concevoir un seul instant refaire un enfant avec quiconque sur terre tant que je n'aurais pas eu le fin mot sur la disparition de mon fils. C'était inconcevable. J'étais réellement en colère après mon ex- pour cela.

Ou peut-être était-ce de la jalousie ? Après tout, elle y était parvenue... Et moi, non.

Cette pensée m'avait traversé l'esprit. Et à chaque fois qu'elle venait, j'avais envie de me frapper. Je m'en voulais, je me haïssais de tout cela. J'avais beau être intelligent, posséder des titres et des récompenses, être reconnu dans le milieu de la recherche de sortilèges anciens ou anthropologiques, mais je ne parvenais pas à résoudre ce problème qui me figeait dans le passé. Ce n'était pas logique. Ce n'était pas...

... Bianca semblait avoir connu cette même tourmente. Elle s'était réfugiée dans le travail, dans l'alcool, et... Puis, bon, elle avait pu passer les fêtes chez les Clearwater en compagnie d'un de mes amis d'enfance. Elle voulait s'en sortir, avancer. C'était louable. Je devais l'encourager. Pourtant, aucun son ne sortit. Ma douleur et ma colère agissant comme une main sur mes lèvres pour m'empêcher de m'exprimer.

Alors, lorsqu'elle me demanda pourquoi j'étais là, ma respiration se bloqua. J'étais là pour m'excuser, pour me faire pardonner comme pouvaient en témoigner le café et les viennoiseries. J'étais là pour tenter de renouer le dialogue. Mais... Mais cela ne sortit pas. Je me contentais de relever le regard vers elle, avant de lui répondre d'une voix étrangement rauque :
« - Je ne sais pas, Bianca. »

Je tins mon regard tourmenté dans le sien quelques instants, avant de finalement baisser mon regard pour porter le café à mes lèvres. Il était dégueulasse. Sans sucre. Sans saveur. Comme toute cette vie à attendre quelque chose qui n'arriverait probablement jamais, à Londres.

Pour la première fois de ma vie, je sentais, en moi, naître un profond amour à l'égard de mon nom, de mon sang, qui me faisait me sentir toujours mieux à l'étranger, au travail, tout simplement ailleurs. Car il me donnait la parfaite excuse pour fuir mes problèmes et mes responsabilités.


Invité

avatar
   
INFOS
FICHE DE PERSO

@Lennox MacGregor ;
27.12.2022

Elle s’attend à tout. A ce qu’il pleure, à ce qu’il hurle, à ce qu’il lui demande pardon. Sauf à ça. A cette réponse qui n’en est pas une, à son regard qui en dit plus que ses mots. Et elle le contemple, incrédule, alors qu’il boit son café. « You don’t know. » Qui est cet homme ? Parce que ce n’est pas Lennox. Parce que ce n’est pas cette présence rassurante sur laquelle elle a toujours pu compter ces dernières années. Et l’envie de le secouer violemment la traverse. A la place, Bianca s’échoue dans sa chaise. C’est mieux que de se jeter sur lui pour attraper les pans de sa veste et exiger une réponse. Ce n’est pas une salle d’interrogatoire. Et pourtant c’est le réflexe qu’elle a. C’est ce qu’elle veut faire, exiger des réponses d’un témoin qui se ferme comme une huître. Mais ce n’est pas pareil. Et elle attrape son gobelet, pour faire quelque chose. Ca n’a pas de sens. Mais plus rien en a. Et elle sait, que ce n’est pas à propos d’elle. Que ce n’est pas juste elle. Et elle s’est efforcée de tout faire pour le respecter, mais là. Sa voix est rauque. Et elle ne le regarde plus. « Two months ago, you told me you needed space. » Deux mois. La durée de son aller-retour en enfer, qu’elle croyait derrière elle. En cet instant, elle regrette d’avoir aussi jeté la flasque qu’elle avait dans son bureau, pour que ce café soit plus irlandais. « I needed you. » Clairement, avec le recul. « But I respected that. I… fuck, Lennie, I didn’t come to Brazil to kick your ass back home or just to ask you for a hug. » Et Merlin sait qu’elle en a eu envie, plus souvent qu’à son tour. « Because you asked me not to. Because you fucking matter to me. Because... » Parce qu’il est dix fois la personne qu’elle ne sera jamais. Parce que lui n’a rien fait de mal, dans cette histoire. Parce que si elle n’avait pas été là, ce jour-là, alors aujourd’hui Miguel et elle seraient toujours mariés. Ils auraient une famille ; et il n’aurait pas eu à subir cette annonce. Parce qu’elle donnerait tout pour le protéger. « So no. »

Cette fois, ses yeux cherchent les siens. Et attendent de les trouver pour continuer. Un reniflement garde les larmes au large, et elle se racle la gorge : « You don’t get to just walk in my office unannounced after two months of nada and tell me you don’t know why you're here. » Il y a plus d’amertume qu’il ne le faudrait. Il y a plus de colère qu’il ne le faudrait. Mais ça suffit. Elle a fait de son mieux, étant donné les circonstances. Essayé d’être l’amie dont il avait besoin, lui laisser son espace, au détriment de ses propres sentiments. Enough. « Talk to me. » C’est pour ça qu’il est là, non ? Pour lui parler. « Or ve te. » Parce que sinon, les choses risquent de déraper. Parce que sinon, elle n’est pas sûre de ce qu’elle pourrait dire ou faire.


Contenu sponsorisé

   
INFOS
FICHE DE PERSO