I feel like I became a zombie [Viper]

IT’S TOO LATE TO REGRET

11.22„ 2nd FLOOR, HOGWARTS.
ft. @Quincy Cayce

Sa prise fermement menottée à l'aile de cet Aiglon suffisant, tel un piège à loup cranté entamant le plumage fébrile du rapace, le yokai s'était résolu à ne plus lui laisser la passe d'une excuse à l'effluve trompeuse, le pardon d'une énième berceuse soporifique annihilant cette appréhension sauvage qui malgré tout le poursuivait et l'enveloppait de son arôme faisandé. Si bien qu'il n'avait que faire de savoir que leur jugement ne le réduise qu'à l'ombre d'un sorcier au défaitisme patent, d'un être à la vision du monde tronquée par les affronts essuyés à travers les expériences d'une vie de supplice. Peut-être les détestait-il tous sans discernement, mais n'avaient pas mérité cette haine ? N'avaient-ils pas pousser avec un amusement déguisée, la bête dans ses derniers retranchement ? Si le sang-mêlé pouvait aisément comprendre ses torts, il refusait d'essuyer l'entière responsabilité d'une bêtise dont il ne fut que le réceptacle, un bouc-émissaire parmi tant d'autre, un souffre-douleur en minorité et méconnue du grand public. Révulsé et incapable de leur prouver une once d'empathie, si la société ne parvenait à se réveiller, à ouvrir les yeux sur les dérives d'une politique hégémonique, qu'adviendra-t-il de cette diversité qui autrefois faisait la force et la richesse d'un peuple uni sous la bannière de la magie ? Qu'adviendrait-il de ces anonymes épargnés jusque là, avant que la justice aveugle d'une famille ne vienne à jeter son dévolu sur la prochaine anomalie génétique. Un sourire assassin bouscula la commissure de ses lèvres, jamais Viper ne s'était encore montré si froid, mais ce téméraire bout d'homme ne comprenait rien à rien, ne s'était jamais retrouvé dans la peau de cet âme en peine, en somme, un ignorant de plus sur le parvis des demeurés.

Cette distance fragile définitivement rompue sous l'impulsion bestiale du Serpent, ses crochets figés dans le derme de sa proie, la proximité de leur silhouette témoignait de l'impatience de l'Oni, de cette avidité farouche à découvrir les motifs de l'imprudent à se rapprocher sans cesse et ce, malgré les signaux alarmants de l'enfant-loup. Les mâchoires serrées et le poing clos, sa paume comprima vigoureusement l'articulation de ce bleu borné. Qu'avait-il à cacher pour se dissimuler derrière ces tons légers et ces bravades creuses ? Un rictus malsain fit vaciller l'impassibilité glaciale du japonais et d'un râle carnassier, les babines de l'hybride se retroussèrent de plus belle, exposant les canines élimées et luisantes d'un appétit fiévreux. « C'est plus fort que toi hein ? Même dos au mur tu ne peux pas t'empêcher de flirter… » Le ton du vert s'était sensiblement durcit, plus rauque, plus mystique et pressant. Paré à toutes éventualité, son bras libre s'arma, ses talons s'ancrèrent d'une osmose dangereuse avec le sol, semonce avant que ce dernier ne rompe l'éther d'un coup de harpon autrement plus venimeux et expansif qu'un préjudice de surprise. Les iris imperturbables du lycaon ne poudroyaient guère plus de curiosité, l'étincelle du mépris avait chassé à la hâte la singularité d'une recherche pour brûler des feux de l'indifférence. Son regard croisa celui de l'Aiglon et sans ciller, sans que ses paupières ne se sentent le besoin de battre le grain oxygéné, tel un prédateur, Saito cueillait chacune des réactions, aussi soient-elles, de son jouet.

Et d'une inclinaison de la tête fugace, le voile charnelle ploya sous la résolution du Serdaigle à souffler et hisser un début de drapeau blanc. Sa lippe fut fauchée d'une incisive mordante et circonspecte. D'un haussement d'épaule frêle, le lycanthrope accusa les prémices d'une vérité cuisante préparait le lit d'une révélation fracassante. Les cils battants la mesure, ses sourcils se fronçant et se refrognant, la lueur sincère d'un soupir affligé lui fit lâché du leste sur sa saisie. L'éclosion d'une réflexion endiablé arracha au nippon une mine obscure. « Ton nom ? Qu'est-ce que ton nom à avoir avec tout ça ? » S'il forçait plus que nécessaire, son esprit avait déjà mûrit une possibilité à laquelle il n'était pas apprêté, ultime caprice d'un monstre solitaire, refus de croire en la potentialité de voir en ce camarade tout autre chose. Ses amandes se défirent des orbites de l'oiseau, s'abandonnant à la solitude d'un vol délié de sa présence. Sa patte lâcha aussitôt son emprise, d'où trônèrent si tôt les marques amarantes de ses griffes. D'un pas incertain, le fils du soleil levant se recula, battit en retraite sans un mot. Quasi-inerte et estomaqué, le teint livide, secouant sa crinières, tel un corps à la dérive, l'Ookami cherchait à bannir la seule et cruelle hypothèse qui s'offrait à lui. Cloué au grès, la respiration coupée, relevant délicatement regard et visage, ses pupilles imprimèrent avec crainte la dualité sous-jacente parcourant l'hémoglobine de ce semblable.   

IT’S TOO LATE TO REGRET

11.22„ 2nd FLOOR, HOGWARTS.
ft. @Quincy Cayce

Hagard, le regard peine à voir s'éclore l'aura d'une particularité partagée au travers d'une silhouette nébuleuse, à déceler en ce beau-parleur un semblable dans son plus simple appareil. Et pourtant à mesure que ses mots immiscent avec mollesse dans son esprit, que les sirènes viciées de ses paroles parfont le sentier d'une raison amère, le lycanthrope se refuse à se soumettre à l'âpre vérité, à reconnaître une faiblesse patente. Les songes rendus à l'éther, comme spectateur de sa propre déchéance, le constat le fit basculer d'un pas, d'une retraite timide, mais certaine. Le poing clos et sa paume jumelle aérée, le picotement ardent de son pouce caressant ses frères arracha à la vipère un soupir las, alors qu'à la commissure de ses lèvres, le spectre d'un sourire salé lacère cet aplomb à l'insolence maladive. Ses sens s'étaient joués de sa nature, lui qui avait si longtemps pensé pouvoir reconnaître ses égaux avec aisance. Ses sens l'avaient dupé, après s'être si longuement reposé sur ces derniers, l'espoir fébrile de faire tomber le masque affiné d'une médiocre duperie se figea dans l'effroi. Ses sens avaient abusé de sa confiance et aveuglé par cette assurance, mystifiant ce don particulier dont il avait hérité, la bassesse de son humanisme s'était taillée la part belle d'une âme soumise aux prompts jugements décadents de l'Homme. À chevaucher la vague des illusions puériles, à nourrir l'ambition d'une normalité idéalisée, le japonais semblait s'être perdu au creux d'un ressac iodé et préjudiciable.

Le cri de l'aigle se fit bientôt murmure indistinct. Le voile d'une rage sous-jacente et galopante couvrit de sa fadeur le louveteau et dans l'effluve d'une fureur vengeresse, le décorum châtelain se drapa d'un linceul brumeux. Les talons du yōkai s'échouèrent contre un pan de mur se heurtèrent à l'hostilité glaciale, appoint d'une carcasse cédant à la démence passagère. Le trémor d'un corps au bord de la rupture, le carmin-lupin de l'Asiatique rinça ses muscles raidis d'un magma en fusion, bousculant les nerfs d'une saillie épineuse. Dans le vacarme d'une respiration effrénée, à chaque battement d'un myocarde enivré fracassant ses tempes, l'animosité viscérale à leur égard croissait. Plus que jamais, il les haïssait, ces bien-pensants et leur lâcheté, ceux qui par peur de l'inconnu se plaisaient à museler les différences et noyaient dans les vapeurs de potion-poison, la beauté d'une bestialité plurielle. Son épine dorsale appuyée sur l'à-pic du grès, l'enfant-loup releva ses billes d'onyx à l'orage menaçant pour venir cueillir le visage du Serdaigle. Si le dédain peignait l'abysse de ces orbites, une teinte à la lueur vive saupoudrait la noirceur de ses amandes d'une nuance approbatrice fragile. « À ta place j'éviterais ce genre de traits d'humour si tu ne veux pas finir dans le collimateur des mauvaises personnes. » Rompu à l'évidence d'un secret dévoilé, le timbre d'une voix fanée brisa le silence maussade qui l'enserrait. Et tandis que l'ombre de l'Ookami se redressait dans le craquement d'articulations décolorées par les assauts d'un catalyseur-toxine, le regard de l'Oni se posa avec fatalisme sur les berges d'un confrère.  

Les souffles en cascade trahirent l'agacement profond du gamin d'Orient, émaillant sa respiration scabreuse de lapées manquées. Un rictus peint des essences de sentiments paradoxaux arborèrent la ridule d'une bouche asséchée, le museau du nippon se refrogna en un ricanement muet. Ce frivole personnage était tout ce qu'il aurait voulu être et ne pas être à la fois, tout ce dont il avait rêvé de devenir sans le panache d'une vedette décomplexée, contraste fugitif de deux extrêmes que tout opposait sous la même Lune. Et pourtant, dans le flot d'une hémoglobine nécrosée de ressentiments cavés, le dragon déchu ne put se résoudre à lui en tenir rigueur. Ils n'était que les victimes d'un mal institutionnalisé, martyrs d'une société endoctrinée, bouc-émissaires d'une dérive autoritaire et dans cette bataille ignorée de tous, le Serpentard devait se résigner à partager le fardeau d'une moquerie d'État avec le moindre allié et ce bleu en goguette en faisait malheureusement partie intégrante. Se rapprochant à pas de loup, ses mains enracinées dans alcôve doucereux de ses poches, l'hybride perça la distance qui les éloignait, avant de marquer un temps d'arrêt parvenu à sa hauteur. « Fais profil bas si tu tiens à ta place ici, nous n'avons pas que des amis dans ce foutu château ! » Semonce abrupte, doublant son acolyte et sans plus de cérémoniel, Viper s'allégea de sa présence au tournant d'un couloir, la rumeur de ses semelles grignotant le sol pour escorte et seul témoin d'une conversation houleuse se couronnant d'un avertissement fataliste.