Effortlessly, you make me wanna fall (Sean)

Levant les yeux vers Sean alors qu’elle sentait sa main devenir plus tendue au fur et à mesure qu’elle parlait, elle se rendit compte avec effroi que le Gryffondor commençait à pâlir à vue d’œil. Mais l’intonation qu’il eut sonna presque une alerte chez la jeune femme qui reposa sa main par dessus la sienne, dans la simple volonté de canaliser cette soudaine chaleur qui émanait de lui. Il l’avait prévenu que certaines colères, certaines émotions trop fortes à contrôler pouvait lui faire perdre pied et la Serdaigle s’effraya soudainement d’en avoir été un moteur avec un sujet si délicat à aborder. Sean avait toujours été d’une grande patience, compréhensif et surtout d’une douceur infinie et elle eut du mal à comprendre ce qui était entrain de lui échapper. Mais il s’excusa très rapidement et bien que Yeleen aurait aimé pouvoir mettre cette soudaine perte de contrôle de coté, elle se rendit compte qu’elle était incapable de passer à coté des moindres émotions de son aimé. Acceptant d’aller voir sa mère tout en faisant le tour de la table pour la rejoindre, Yeleen eut à peine le temps d’ouvrir la bouche que ses lèvres se faisaient déjà happer par les siennes.

Sean était celui qui arrêtait le temps, qui mettait des tourbillons en pause et qui permettait de savourer chaque millième de secondes en exacerbant chacun de ses sens. Le calme l’avait saisit, bien qu’elle avait aperçu une certaine honte dans ces traits alors que son regard s'était assombrit, comme chaque pan de passé qui pouvait être soulevé, même sans le vouloir. La vie de Sean était parsemé de certains oublis, d'événements tragiques qui déteignaient sur d’autres et Yeleen s‘était inconsciemment fixée comme objectif de lui apporter plus de couleur, plus de nuance, du mieux qu’elle pouvait. Alors qu’il acceptait d’aller voir sa mère tout en faisait un détour pour chercher un cadeau, Yeleen hocha silencieusement la tête à plusieurs re reprises et prit sa carte en main. Le guide du transplaneur leur indiquait plusieurs zones protégés par les différents ministères de la Magie et demandant rapidement un doggy bag pour prendre le restant du grand petit déjeuné que Sean n’avait pas encore touché ainsi que la fameuse thermos de thé, la Serdaigle attira Sean à sa suite, ne manquant pas de prendre sa main dans la sienne, songeuse.

Ne s’arrentant qu’au moment où ils arrivèrent de nouveau dans la boutique, protégés par le secret magique, elle se tourna vers lui, passant ses bras autour de sa nuque pour poser son front contre le sien. Elle comprenait que Sean avait besoin de bouger, pour se dégourdir les jambes comme à chaque fois qu’il avait besoin d’extérioriser des pensées, sans pouvoir tout de suite le faire.

"Je serais toujours là pour toi, même quand tu ne t’y attends pas." murmurant contre ses lèvres, elle finit par les effleurer tendrement avant de les sceller ensemble pour un transplanage d’escorte tout en douceur.


Sous un fin manteau de neige, seul une mince partie du lac d’Annecy était plongé dans un silence majestueux, en dehors du parcours très emprunté par les touristes. Le sol n’avait pas été déneigé, les températures des Alpes refroidissant la surface faisait glisser Yeleen sur ces presque ballerines. Pourtant accrochée à Sean, elle ne put s’empêcher de rire aux éclats, en espérant qu’ils ne finiraient pas par s'étaler au sol. Finissant néanmoins par lever les yeux vers le paysage qui s'étalaient sous leur yeux, elle ne put s’empêcher de l’admirer en nouant silencieusement ses doigts à ceux de Sean.

Elle pourrait faire le tour de la terre en balai si elle le voulait mais rien ne surpasserait ce bonheur de partager sa chaleur avec la sienne et de regarder ce monde avec lui. De ses colères comme ses instants de bonheur, il ne se passerait pas un seul instant sans qu’elle veuille tout connaître de Sean, étalé sur les millions d’années à venir alors qu’elle le redécouvrait sans cesse.

"Maman n’est pas toute seule."

Si Sean avait du mal à se confier en laissant sortir certains maux, elle se devait de lui montrer peut-être une voie à suivre pour qu’il puisse avancer sans avoir les épaules lourdes. Sean était un homme brillant de mille responsabilités qu’il avait choisi d’endosser depuis le jour où son père quittait bien trop souvent le foyer puis mis sous silence depuis cet été, la séparation avec sa mère. A présent, il devait également trouvé le moyen de ne pas s'étouffer avec la culpabilité qui le rongeait.

Sortant un croissant du sachet qu’elle avait emporté, Yeleen le tendit vers Sean, sachant très bien que le froid lui donnerait faim. C'était seulement son appétit qui était coupé parce que la colère ressenti avait pris le dessus.

"Nyéléni n’est pas égoïste. La peur l’a saisit, je ne peux pas lui en vouloir d’avoir penser à elle. Sous la menace, on peut être amener à vouloir partir mais j’ai confiance en elle. Elle va revenir, il lui suffit peut-être juste de faire également confiance aux autres."

Elle l’observa du coin de l’œil avant de lui indiquer le petit pont suspendu sur lequel ils pourraient s’installer momentanément. Aucun moldu ne semblait être dans les environs et avec un peu de chance, ils pourraient user de la magie sans baguette que le professeur Clearwater essayait de leur apprendre pour réchauffer partiellement la zone et s’installer plus confortablement. Elle prit néanmoins son temps pour lui poser la question, en espérant que son gryffondor ne se braquerait pas.

"Tu sais que ta maman est loin de te blâmer pour ce qui s’est passé. Pourquoi … pourquoi est-ce que tu t’infliges ça Sean?"

Le changement de température était frappant entre l’Italie et cette partie de la France qu’ils venaient de rejoindre, mais la vue était tout simplement à couper le souffle. Le paysage se révélait bien différent des lacs que leur offraient l’Ecosse et ses valons verdoyants. Au loin, on pouvait voir une chaîne de montagnes enneigées qui faisait de ce décor un véritable enchantement. Le sol glissant provoquait l’hilarité de Yeleen qui s’efforçait de se maintenir en place, fermement accrochée à son bras. Sean la rattrapa, ne pouvant s’empêcher de s’esclaffer à son tour.

Leurs vêtements n’étaient plus vraiment adaptés à la météo actuelle, mais il y avait quelque chose dans la sérénité des lieux qui tournaient leurs pensées vers des réflexions bien moins matérielles. La Serdaigle avait d’ailleurs retrouvé son calme alors qu’elle répondait - sans le regarder - aux propos véhéments qu’il avait tenu un peu plus tôt. Sans étonnement, la jeune Sô défendait Nyéléni de ses accusations puériles. Sean eut le curieux pressentiment que sa dernière phrase lui était spécifiquement adressée quand elle expliqua à quel point la peur pouvait être un levier bien difficile à contrôler. Il refusa cependant de lever les yeux vers son amie pour s’en assurer, préférant lâchement fixer droit devant eux le lac qui s’étendait à leurs pieds.

Yeleen lui désigna un ponton qui s’avançait dans l’eau afin qu’ils puissent s’installer un peu plus confortablement. Sean la suivit tranquillement, se préparant déjà à son interrogation qui – il le savait – ne tarderait pas. Le Clearwater n’avait aucune envie de s’épancher là-dessus, mais Yeleen ne comptait évidemment pas le laisser s’en sortir si facilement. C’était d’ailleurs la preuve de son attachement pour lui qui la poussait à ne pas détourner les yeux dès qu’il le lui demandait implicitement. Sean récupéra sa veste qu’il plaça au sol, l’ayant par avant réchauffée d’un simple sortilège, avant d’inviter Yeleen à s’y assoir.

Lui-même pris place à côté d’elle, laissant une de ses jambes pendre le long de la plateforme, sans pour autant toucher l’eau qui clapotait bien plus bas. Il fixait ses reflets changeants sur lesquels miroitait le ciel nuageux de France en écoutant Yeleen lui demander ce qui le poussait à tant s’en vouloir. Le jeune écossais ne répondit pas immédiatement alors que son pied se balançait doucement, sans pour autant refléter un quelconque agacement.

- Je fais ce que je peux pour dépasser tout ça Yeleen, tu peux me croire, finit-il par lui avouer d’une voix que la réflexion avait apaisée. Les exercices de Gabriel l’aidaient grandement à conserver son calme alors qu’il isolait volontairement les souvenirs qui auparavant lui auraient si facilement fait perdre sa maîtrise de soi. Mais je peux pas passer outre le fait que je ressente toujours une grande colère pour tout ce qui s’est passé. Même si j’essaie de l’oublier, de la faire taire, elle est toujours là au fond de moi. Et parfois, elle me fait un peu peur…

Il soupira doucement en fermant les yeux avant de rouvrir les paupières sur le calme des montagnes.

- Et il se trouve que quand je dirige cette colère contre moi, j’arrive bien mieux à la gérer. Je la connais, j’en ai l’habitude et je sais comment la contenir. Mon plus gros souci, c’est quand elle est dirigée sur quelqu’un d’autre… et qu’elle devient incontrôlable…

Lentement, il tourna le visage vers Yeleen pour lui sourire afin de la rassurer. Malgré l’inquiétude des propos qu’il tenait, il restait le Sean qu’elle connaissait et en qui elle pouvait avoir confiance. Du moins, il l’espérait.

- Alors oui, je sais bien que j’ai fait ce que j’ai pu ce soir-là. Si j’avais fait transplaner ma mère en premier, c’est toi qui aurais pu être blessée… J’aurais aussi pu tenter de vous emmener toutes les deux, ou te demander de l’emporter ailleurs… Plein de choses auraient pu se dérouler autrement, mais comment aurions-nous pu savoir ce qui allait arriver, hein ? Quand je vois que même  @Jameson Clearwater n’a pas su l’arrêter, je me dis que j’aurais pas pu faire grand-chose… Mais alors contre qui je dois tourner ma colère ?  @Kathleen J. Jones ? Qui n’est rien d’autre que la première victime de ce Ryan ?  @Braxton Clearwater ? Qui est le premier à nous avoir laissé dans l’appartement sans défense ?

Le danger de nourrir cette rancœur contre son père commença à faire battre son cœur un peu plus rapidement et il tourna de nouveau le visage au loin pour inspirer profondément.

- Ou bien est-ce que je dois concentrer toute ma haine sur Ryan ? Faire en sorte d’acquérir la puissance nécessaire pour le retrouver et l’anéantir ? Quitte à oublier tout le reste… Quitte à être prêt à vous abandonner tous dans mon combat, comme mon père l’a fait avec notre famille ?

Si elle avait fini par le suivre en balançant ses pieds par dessus la surface de l’eau, au moment où elle sentit Sean se tendre à sa question, elle se tourna vers lui, ramenant ses jambes derrière elle. Si elle pensait que Sean se lancerait dans une réponse simple avant de détourner son attention vers le sublime paysage qui s'étendait sous leur yeux, elle fut surprise par la complexité de cette torture qu’il se donnait à lui-même pour ne pas la déverser chez son prochain. Il tentait de muer cette colère à sa manière, malgré les cours qu’il prenait avec son cousin, malgré les recommandations de son oncle et de son propre père et Yeleen ne put que lui prendre la main au moment où un élan de révolte naquit de nouveau contre celui avec qui il avait réussi à trouver une stabilité que depuis très récemment.

Sean se punissait moralement d’avoir mis sa mère en danger afin de ne pas en vouloir à tous ceux qui tentait de le protéger et de l'épauler à travers cette épreuve. Si elle avait su dès le mois d’octobre qu’une source sombre habitait le coeur de Sean, elle savait aussi qu’il faisait de son mieux pour endiguer le déchainement qui pouvait le saisir au moindre instant, au moindre rappel des conséquences de son enlèvement.

Puis tout aussi soudainement, Sean laissa aller libre court à tous ces doutes et ces questions qui demeuraient sans réponse encore aujourd’hui. Prise au dépourvu par l’enchevêtrement d’hypothèses, puis de fait et de d’incertitudes, Yeleen ne put que serrer ses doigts entre les siens en regardant sa main alors que Sean se livrait sans savoir où aller avec ce qui le pesait.

Le coeur brulant et les yeux brillant, Yeleen ne s’en voulait pourtant pas de lui avoir poser une seule question, même si elle en avait attiré une trentaine à sa suite. Elle avait confiance en Sean. D’un regard tendre et d’une caresse, elle lui fit entièrement face, avec cette habitude de le regarder dans les yeux comme à chaque fois qu’elle signait. Comme pour être parfaitement certaine que Sean comprendrait ses réponses, même si elles n'étaient pas celles qu’il attendait.

"Le professeur Clearwater, Jones, papa et maman, personne ne pourra se battre seul à seul contre Ryan." c'était une évidence qu’aucun d’eux ne pouvait nier. "Tu l’as vu avec Charles, on a fait ça tous ensemble, sans jamais en mettre un derrière. On était tous sur le front pour se protéger alors je sais que c’est aussi comme ça qu’on va y arriver."

Il n'était pas question qu’il affronte Ryan seul, il n'était pas question que ces amis l’attendent derrière la porte, ni même qu’il abandonne quoi que ce soit derrière lui avec un but qu’il pensait porter seul.

"C’est à toi qu’il a touché. Et tu sais que les Clearwater se démèneront " elle soupira un instant. "Tu as cette facheuse tendance à penser que tu es seul mais ce n’est pas le cas. A travers cette colère, tu sais qu’on peut tous concentrer nos efforts pour le retrouver et l’anéantir. On peut travailler et progresser comme tu le fais depuis le début de l’année pour être prêt le jour où on lui tombera dessus." sa main quitta la sienne pour venir remonter légèrement l'écharpe de Sean, le protégeant du froid malgré la veste chaleureuse sur laquelle ils les avaient installé sur le ponton. "Mais tu n’abonneras rien du tout parce qu’on sera tous là ce jour là."

Levant le menton, Yeleen s'était assuré depuis bien des mois à pouvoir soutenir Sean avec les moyens disponibles. Entre le manche en argent et la dague caché de la nouvelle baguette de Sean, elle comprenait aussi que l'été n’avait pas fait que changer son patronus, il avait semé un doute profond dans son coeur et qui ne cherchait qu'à germer.

"Est-ce que depuis, ça t’es déjà arrivé de lâcher prise?" demanda-t-elle soudainement

Sean avait osé aborder cette fois où Adil et lui en étaient venu aux mains. Mais depuis, il lui semblait que le Gryffondor n’avait pas apaisé sa rage, il tentait de la contenir. Et plus il se bridait, plus elle avait l’impression qu’il retardait surtout l'échéance. Mais c'était peut-être ce qu’il recherchait, contenir pour tout déverser sur Ryan qui n'était que le seul responsable. Dans cette quête pourtant, elle ne voulait pas le perdre et l’inquiétude reprit légèrement le dessus avant que son coeur ne se remplisse d'audace et d'une sécurité qu'elle lui offrit qu'un regard.

"J’ai confiance en toi et je n’ai pas peur, parce que je sais que c’est toi. Personne n’enlèvera qui tu es." sa main glissa le long du tartan qu’elle avait noué autour de son aimé. "Laisse toi guider par ceux qui t’inspire, il ne pourra rien t’arriver de mal."

Yeleen lui avait attrapé la main pour le soutenir, le serrant plus fermement au fur et à mesure qu’elle l’écoutait. Finalement elle lui répondit, réaffirmant que Sean ne pourrait rien faire seul, et que de fait, il ne l’était pas. Le jeune homme eut un sourire triste en baissant le regard.

- Je sais, lui souffla-t-il avec douceur. Je ne suis pas seul… J’ai les meilleurs amis au monde. Il serrait à son tour les doigts de la jeune sorcière entre les siens. Je le sais bien. Mais mon esprit et mes angoisses se fichent bien de ce que je pense… Quand j’éprouve tout ça, j’ai bien du mal à suivre un raisonnement logique. C’est pas pour rien que j’ai pas été envoyé à Serdaigle…

Il tentait d’en rire pour alléger l’ambiance et éviter à Yeleen de s’inquiéter inutilement pour lui. Ses propos l’avaient malgré tout et comme toujours réconforté. La jeune fille continuait à le défendre et le protéger coute que coute, comme lui tentait de le faire avec elle. Joignant les gestes à ses paroles, elle remonta son écharpe pour s’assurer que le froid mordant de la bise française ne le refroidisse jusqu’aux os. Emu par cette action – pourtant si simple mais tant fidèle à la prévenance infinie de son amie qu’elle l’ébranlait – Sean se pencha pour capturer brièvement ses lèvres. Ce simple contact suffit à lui donner un coup de chaud qui l’aurait protégé de la plus violente des tempêtes de neige.

Mais Yeleen avait une nouvelle question qui calma immédiatement ses ardeurs, bien plus que si elle l’avait poussé dans les eaux glacées du lac. Lâcher prise… L’écossais déglutit difficilement en se détournant d’elle pour cacher son mal-être. Cette seule idée le rendait nauséeux alors qu’un frisson lui parcourait l’échine. Pour toute réponse, il se contenta de secouer la tête en lui jetant une brève œillade.

- Non Yeleen, je… Je préfère pas… C’est dangereux…

Et si Ryan s’amusait à profiter des barrières baissées de son esprit pour en reprendre le contrôle, alors qu’il se trouvait seul avec Yeleen, sans aucun moyen pour qu’on lui porte secours ? Il s’éclairci la gorge, avant de passer nerveusement sa main dans ses cheveux.

- Quand  @Jameson Clearwater a cherché à plonger dans mon esprit, il a vu que je ne maitrisais pas un certain nombre de choses… Ensuite avec mon cousin Gabriel, on a essayé de creuser dans mes souvenirs. Encore une fois, j’en ai souvent perdu le contrôle. Et à chaque fois… ça se terminait mal… Finalement, il m’a entrainé à m’exercer pour me protéger… Et je vais vraiment mieux depuis. Mais je ne suis pas prêt à relâcher le contrôle…

C’était comme si Sean s’était entrainé jour après jour à renforcer sa ceinture abdominale pour aider son corps à supporter une colonne vertébrale défaillante. Qui savait comment il réagirait s’il perdait du jour au lendemain ce support-là ? Quel risque avait-il que son corps se brise en deux sous le poids soudain de son propre corps ?

Mais en relevant les yeux vers Yeleen, Sean serra fortement ses lèvres l’une contre l’autre en observant sa réaction. Est-ce que la jeune sorcière se vexerait de savoir qu’il acceptait de s'entraîner avec d’autres mais pas avec elle ? Penserait-elle qu’il ne parviendrait jamais à s’abandonner avec elle ? Sean désirait plus que tout réaffirmer la pleine confiance qu’il lui accordait, et il savait bien qu’il devait prendre sur lui pour s’améliorer et tenter de répondre au mieux à ses attentes.

Aussi, avec un sourire toujours aussi peiné, il lui attrapa la main pour l’embrasser avant de la fixer intensément.

- Je… Je veux bien essayer avec toi… Même si ça me fait peur, mais… Je ne saurais même pas comment m’y prendre…

Jameson utilisait ses runes pour entrer dans un état second qui lui permettait de pénétrer son esprit. Gabriel passait par le biais de sortilèges pour l’amener dans la Pensine et décortiquer ses souvenirs. Sean pouvait-il simplement se laisser aller ? Rien qu’en fermant les yeux et en inspirant profondément ?

Quoi qu’elle puisse le dire, aucun de ses mots n’allaient pouvoir le rassurer et dans une impuissance, bien moindre comparée à ce que Sean ressentait, la jeune femme baissa le regard en tenant ces mains contre les siennes. Rien n’apaiserait le Gryffondor autre que la fin de Ryan, quoi qu’elle en dise, quoi qu’elle puisse en faire, elle ne pouvait qu'être à ses cotés pour lui apporter un soutien sans faille, quoi qu’il arrive. Elle fut surprise par ce baiser voler, qui augmenta considérablement le nombre de papillons tourbillonnant dans son ventre comme à chaque fois qu’elle se perdait dans son regard, un sourire en coin, le feu se propageant jusqu'à ses oreilles.

Mais elle sut de la même manière que Sean avait cette crainte de ne pas pouvoir contrôler ce que tout le monde tentait de refreiner avec lui. Elle voyait cette peur dans son regard, qui aurait pu en faire fuir plus d’un mais Sean tenait bon, à travers les barrières qu’ils érigeaient tous pour lui. Un peu comme Poudlard qui était le seul lieu où rien ne pouvait les atteindre mais où on leur demander d’exploiter toute la magie qu’ils avaient sans aucune limite.

"Peut-être que tout finissait mal mais il y a peut-être des éléments à prendre de chacun de ces manifestations. Peut-être que mit bout à bout, ça te donnerait aussi un avantage contre lui."

Pourtant, elle ne se rendait pas compte que Sean acceptait de baisser sa garde et ses semaines d’entrainement pour elle. Elle entendait ces doutes, le danger, les risques, les conséquences inconnues. Et surtout le fait qu’il allait mieux malgré ce qu’il lui confiait.

Alors qu’il se tournait vers elle, le visage blême et l'âme en peine, Yeleen ne put que déglutir péniblement alors qu’elle fixait ses mains entre les siennes, prête à probablement commettre l’irréparable avec la seule volonté d’apporter une nouvelle approche et de vouloir bien faire.

"J’ai une idée, mais je ne suis pas sure que ça marchera."

Parce qu’elle savait exactement où appuyer, de la même manière que Sean avait également le pouvoir de lui faire mal. C'était ce revers de leur relation à laquelle elle ne pensait jamais toucher un jour et qu’elle protégeait encore farouchement comme sa propre vie. Enlevant sa main pour saisir son visage en coupe, Yeleen ne laissa pas entrevoir le mal qui la rongeait, rien que de penser savoir comment déclencher ces crises. Elle l’avait presque aperçu dans la salle sur demande et par instinct, par besoin, elle rapprocha son front du sien en caressant sa nuque de ses doigts.

"Rappelle toi, t’aimer n’est pas une promesse, c’est une évidence." souffla-t-elle contre ses lèvres.

Elle tremblait, pas de froid, ni de peur mais par le mal qu’elle était entrain de lui imposer, sans se rendre compte qu’il ne lui serait pas venu à l’esprit de lui-même expérimenter cette situation. Sean lui avait dit à de nombreuses reprises qu’elle était son repère, alors elle espérait qu’en la regardant dans les yeux, qu’il la verrait toujours.

Chez Sean, les émotions déclenchaient tout.

Elle souffla doucement, se séparant de lui non sans détacher ses mains des siennes, arborant ce visage qu’il lui avait connu lorsqu’ils avaient été réparti en première année. Fière de chaque critique qui ne l’atteignait pas, seule et certainement aussi froide et brisé que la famille dont elle était issue. Ce regard qu’elle dressait encore devant des inconnus, elle l’adressa pour la première fois à Sean, avec toute la distance qu’elle pouvait pour ne pas se laisser heurter par tous les prochains mensonges. Et elle ne pouvait le prévenir pour avoir le Sean brut, comme il le serait le jour où Ryan serait là sous leur yeux.

"Personne ne sauvera Betty." Yeleen commença à se dégouter de dire pareille chose mais elle tenta de tenir bon, finissant par chuchoter comme pour ne plus s’entendre. "Ton père te tournera encore une fois le dos le jour où tu en auras le plus besoin. Adil, Apo, Mich, Asel ils seront tous blessés par ta faute." elle marqua un temps de pause, respirant douloureusement "Et je finirais par partir." elle sentit sa gorge se serrer, son point sur la clavicule se refermant soudainement, en étant soudainement incapable de parler. Elle écarquilla les yeux, par le mal qui la gagnait en tentant de croire fermement à tous ce qu’elle disait. C'était de trop, rien que de l'imaginer, elle en avait la nausée. Levant les mains pour signer, elle ne put s’empêcher de laisser une larme couler par le souvenir qu’ils avaient tous de cette pensine. "Et Liam serait là si toi, tu n'étais pas là."

Yeleen persistait à vouloir le pousser à baisser sa vigilance. Sean l’observait, l’œil incertain, alors que sa fiancée lui attrapait les mains pour lui insuffler un peu de sa force. Il était prêt à tout pour elle, les mettre tous deux en danger, si c’était pour prouver la force de sa confiance en elle. Pourtant, la peur lui nouait fermement les entrailles, et le baiser qu’elle lui offrit sonnait presque comme un sinistre aurevoir.

Sean déglutit en la voyant se préparer, et il tenta de laisser son esprit voyager ainsi que son oncle et son cousin le lui avait appris. Yeleen avait été son unique et solide repère dans ses épreuves les plus difficiles. Certainement, elle était incapable de lui faire le moindre mal – et en retour – Sean sentait qu’il ne pourrait jamais lever sa baguette sur elle. Elle était son tout. Son Nord, son Sud, son Est et son Ouest. Son midi, son minuit. Ses paroles, ses chansons.

Mais au premier mot de Yeleen, il releva ses iris brunes sur elle avec une surprise teintée d’une peine lancinante. Le regard de Yeleen n’était plus du tout le même, et il ne lui avait jamais vu. Froide, distante, avec une pointe de mépris. C’était comme si son aimée venait de disparaître sous ses yeux, laissant place à l’une de ces illusions avec lesquelles Ryan s’était amusé à le torturer. Pire encore, ses paroles sonnaient comme une lame qui s’abattait sur lui, coupant lien après lien, tous ce qui pouvait le relier à ce monde et à son humanité.

Betty allait mourir. Ce n’était pas une supposition, mais une certitude. Personne n’allait pouvoir la sauver de ce monde magique qui voulait sa peau et qui l’aurait. Braxton s’éloignerait de lui – à nouveau – comme il l’avait fait à chaque fois que Sean avait eu le plus besoin de lui. Tous ses amis souffriraient à cause de lui et Yeleen… Yeleen allait le quitter. Sean retira précipitamment ses mains de celles de son amie alors qu’il agrippa avec une souffrance infinie sa baguette dans sa poche. Il n’y avait aucun mensonge dans les paroles de la jeune femme qui n’avait plus rien à voir avec celle qu’il aimait. Il n’avait plus sous les yeux qu’une pythie venue lui prédire sa fin certaine. Son discours avait cette aura effrayante d’auto-réalisation qui poussa Sean à bondir sur ses pieds pour s’en éloigner.

La peur avait cédé la place à une espèce de rage désespérée, alors que les remparts de son esprit s’étaient ouverts – démolis par le pouvoir de simples mots qui sonnaient bien trop vrais. Yeleen allait partir. Son oxygène. Celle qui lui donnait la force d’être un homme debout malgré toutes les entraves qui le maintenaient au sol. Une bête sombre au fond de ses entrailles grognait sa féroce folie alors qu’il se prenait le visage entre les mains pour y noyer sa peine.

Yeleen avait disparu – il n’y avait plus que cette illusion d’elle qui s’amusait de ses tourments – plaçant sous son nez des éléments de vérité qu’il était bien trop lâche pour oser regarder en face. Ses derniers mots suffirent à le faire exploser. Liam. Liam était mort par sa faute. Et la disparition de Sean lui aurait permis de continuer à vivre. Son cœur qui battait à ses oreilles sembla imploser alors qu’une fièvre destructrice lui parcouru le corps entier.

- TAIS-TOI, hurla-t-il de toutes ses forces alors que de sa baguette, un informulé fit exploser le ponton tout autour de lui.

Déstabilisé par la force de la détonation, il chancela en tombant à genoux sur le seul morceau de pont encore intact. Autour de lui, dans un nuage de fumée, les bouts de bois arrachés retombaient dans l’eau, éteignant ainsi le feu démoniaque qui les consumait. Sean observa la scène d’un air horrifié, tentant de comprendre ce qui venait de se passer. Soudain, tout lui revint. Le plan de Yeleen pour qu’il baisse sa garde, la manière dont elle avait répéré toutes les failles de ses protections, les déclenchant les unes après les autres, avec une facilité déconcertante, et puis plus rien. Rien qu’un brouillard sombre, épais et brulant qui lui emplissait la gorge et lui piquait les yeux.

- YELEEEEEN, s’époumona-t-il avec épouvante en ne trouvant nulle trace de la jeune fille. Sa main tremblait, l’empêchant de lancer le moindre sort qui aurait permis de la retrouver alors que de l’autre, il essuyait vainement le flot de larmes qui lui coulaient sur les joues. Yeleen, où tu es, reprit-il d’une voix hachée par les sanglots qui le secouaient.

Mais qu’est-ce qu’il venait de faire ? Où était Yeleen ? Est-ce que dans sa colère, il l’avait purement et simplement… ? Non ! NON !

[
Pas un Protego pour contrer le regard noir de Sean, ni même un transplanage pour s’enfuir lorsque le ponton explosa sous ses pieds. La tête sous l’eau alors que des morceaux de bois retombaient de part et d'autres de ce qui restait du pont, sa dernière image fut ce souffle qui avait soulevé le tartan des Clearwater qu’elle avait mis autour du cou du Gryffondor.

Était-ce une confiance qu’elle avait trop porté en elle, pour avoir penser un seul instant qu’elle serait suffisante pour l’empêcher d’exploser comme il l’avait fait? Pour la première fois depuis des mois, elle s'était figée devant l’ordre de Sean qui lui avait demandé de se taire, elle qui ne parlait que depuis quelques jours seulement. L’amour faisait pousser des ailes et une force qui coulaient à présent dans l’eau parce qu’elle n’avait pas été assez attentive. Parce qu’elle pensait bien faire, comme à chaque conséquence désastreuse qui s’en suivait sans avoir le moindre contrôle. Iris, Sean. A qui ferait-elle autant de mal la prochaine fois?

Le souffle court, elle entendait la voix de Sean de l’autre coté de la rive, sans pouvoir lui répondre alors que sa gorge se serrait en même temps que tout son coeur. Le froid s’insinuait sous cette petite robe en lambeau et elle tremblait sans pouvoir émettre le moindre son. Et pourtant, tous ce qu’elle voulait, c'était le rejoindre, où qu’il soit, sans oser imaginer l'état dans lequel il devait être. Elle ferma les yeux, ne souhaitant que retourner en arrière pour se gifler avant même de penser retenter une telle chose, rien d’avoir penser être assez forte ou importante pour demander un tel effort à Sean qui lui avait dit n’en avoir aucune envie. Comment pouvait-elle le regarder dans les yeux après ce qu’elle lui avait dit?

Sans prendre la peine de se relever, ne sentant plus le bout de ses pieds nus, Yeleen transplana derrière Sean, l’entourant de ses bras alors qu’il hurlait encore, les larmes aux yeux par la douleur qu’il ressentait. Son oncle Jameson serait le premier à lui hurler dessus, suivit certainement de près par son cousin Gabriel qui soulignerait son irresponsabilité. Elle venait probablement de mettre en l'air des mois d'intense entraînement où Sean avait prit du temps pour se contrôler et garder un esprit bien fermé.

Elle le serra un peu plus dans ses bras, tentant de ne pas céder à la panique de sentir son coeur battre aussi vite que le sien mais lui donnant l'occasion de s'en défaire s'il voulait partir. Pourtant, un sanglot silencieux s'échappa de ses lèvres alors qu'elle plongeait son nez dans le creux de son cou, s'assurant en tatonant qu'il n'avait pas été blessé physiquement. Elle était pourtant mortifiée à l'idée de l'avoir blessé et trahit, juste parce qu'elle pensait aider. Tentant alors de parler, elle se rendit compte avec horreur qu'elle n'y arrivait plus et accepta sa deuxième punition en tremblant.

Elle était tellement désolée. Tellement qu'elle n'osait même plus signer, le corps et le coeur endolori mais où elle n'était strictement rien comparé à tous ce que Sean pouvait ressentir. Il avait toutes les raisons d'être en colère, toutes les raisons de la repousser. Toutes.

Le contournant avec une certaine appréhension alors que le morceau du ponton qui restait encore debout pouvait céder d'un instant à l'autre, Yeleen attendit patiemment qu'il veuille lui accorder une attention, la dernière qu'elle lui demanderait.

"Je suis désolée..." elle signait avec une lenteur tel qu'elle eût l'impression que le monde était entrain de tourner autour d'eux. La peine lancinante qu'elle avait vu sur son visage la faisait encore blemir, comme ses mauvais rêves où elle voyait Sean entouré des plus grands maux. Elle était entrain de le rendre malheureux et cette constatation était entrain de la détruire. "Je suis tellement désolée. Je suis là, je ne suis jamais très loin tu le sais. Je serais là tant que tu auras besoin ou envie que je sois là et je comprendrais que tu préférais que je m'en aille."

Comment pouvait-elle lui faire du mal? C'était impensable, c'était inconcevable de le faire et pourtant, il lui semblait avoir franchi une limite qu'ils avaient tout deux pensé impossible. Elle lui prit les mains, les pleurs ne s'arrêtant même plus alors qu'elle n'avait qu'une seule envie, celle de s'enterrer loin de son regard noir. Elle ne saurait plus jamais détourner ses yeux de lui, jamais. Si elle avait peiné à se reconstruire lorsqu'il l'avait quitté, elle se rendait compte que ce qu'elle avait provoqué durant cette unique minute, avait tout changé.

"Mais je serais là quand tu l'affronteras. Je serais là, même si tu n'en as pas envie." elle avait sciemment écrasé une confiance inestimable qu'il lui avait remis sans se rendre compte du mal qu'elle avait provoqué. "Par merlin, je suis tellement désolée !" que pouvait-elle faire pour s'excuser à part des mots qui semblaient si plats à côté de ce qu'il ressentait ou pire, qui pouvaient l'énerver? "Je comprendrais si tu veux plus que. Si tu veux que je rentre. Je suis vraiment désolée, je ne pensais pas... je ne pensais pas."

Elle était indigne de lui avoir imposer de telles émotions qui ne lui avait rien appris. À part qu'il était une bombe à retardement et qu'elle l'empêcherait du mieux qu'elle pourra le jour j à ne rien perdre lorsque Ryan déclenchera le détonnateur.

Sean allait se jeter à l’eau à la recherche désespérée de la jeune fille disparue quand elle apparut soudain dans son dos, positionnant ses bras autour de lui. Le soulagement fut tel que le jeune homme s’effondra en pleurant, secoué de sanglots d’une intensité qu’il n’avait jamais connu. Yeleen était en vie. Il ne l’avait pas tuée. Il n’aurait pas à retourner sa propre baguette sur lui-même pour mettre fin à son tourment.

Dans son désespoir, il ne parvenait pas à faire le moindre geste pour se retourner et ce fut elle qui prit les devants en se plaçant devant lui. A travers ses larmes il pouvait voir que le souffle de l’explosion avait déchiré ses vêtements et que son corps était parcouru de multiples et fines blessures. Le jeune étudiant secoua la tête, sans parvenir à tarir ses larmes qui se déversaient avec toujours plus de force, prouvant la puissance de son traumatisme, la peur dont il avait été frappé, l'effroi de la voir blessée. Yeleen signait à son encontre, mais il ne parvenait pas à lire le moindre mot tant son âme avait été choquée par ce qu’il venait de se passer.

- Yeleen, sanglota-t-il en posant ses deux mains qui tremblaient violemment sur ses joues. Il n’y avait pas que ses mains d’ailleurs, son corps entier était secoué d’une agitation nerveuse qui le faisait claquer des dents. Je suis désolé… Yeleen… Il eut un nouveau sanglot déchirant qui l’ébranla avant de chercher à essuyer vainement ses larmes. Oh mais qu’est-ce que j’ai fait… Tu vas bien ?

Enfin il tentait de voir la gravité de ses blessures, son regard passant d’une coupure à l’autre avec une horreur grandissante. A l’aide d’un informulé dont il eut à peine conscience, il la prit dans ses bras pour la soulever et tranplana jusqu’à la rive où il la déposa délicatement au sol. La mâchoire crispée, il tenait fermement sa baguette entre ses doigts blanchis, passant de blessure en blessure pour la guérir, réparant le tissu qu’il trouvait déchiré, réchauffant son corps engourdi par le froid de l’eau. Le Clearwater avait encore des larmes qui brouillaient sa vue et qu’il devait essuyer régulièrement pour y voir clair.

- Je suis désolé… Je suis désolé, répétait-il inlassablement à travers ses pleurs sans parvenir à prononcer autre chose. Je suis tellement… tellement désolé…

Quand il eut fini de guérir ses coupures superficielles, il l’assit en tâtant ses bras, ses épaules, son dos – cherchant s’il trouvait d’autres blessures plus graves. L'étudiant ne trouvait rien, mais il devrait l’amener d’urgence dans une maison de soin magique. Ses mains se positionnèrent de nouveau de part et d’autre de son visage qu’il scruta pour graver à jamais l’étincelle de vie qui l’habitait dans son coeur. En vie. Elle était en vie !

- Je pourrai jamais me le pardonner… Comment est-ce que j’ai pu… Lever sa baguette sur elle ? Sean ne parvenait même pas à finir sa phrase tant elle lui donnait l’envie de s’ouvrir les veines pour que plus jamais il ne blesse celle qui faisait battre son cœur.

Le jeune écossais tira de son cou l’écharpe qui ne l’avait pas quitté durant tout ce temps. Le tartan Clearwater avait certaines propriétés magiques, notamment qu’il était impossible à perdre et pouvait toujours être trouvé quand on avait besoin de lui. Sean positionna le plaid autour des épaules de la sorcière en la frottant vigoureusement pour la réchauffer.

- Je vais t’amener à Sainte Mangouste… Accroches-toi à moi…

Si elle avait toujours su que leur coeur battait en écho, elle ne pensait pas que leur pensée et leur larmes en feraient autant. Pourtant Sean n’avait aucune raison de se sentir coupable et ce, malgré toutes ses atrocités qu’elle avait pu lui dire à voix haut sans même les penser une seule seconde. Il lui avait pourtant fait confiance, une confiance pour laquelle elle s'était battue pour la mériter à travers la peur que tous ce que Ryan lui avait inspiré dès la fin de l'été. Ils avaient réussi à travers une tempête monstrueuse ensemble, main dans la main et avec la sécurité de savoir que l’autre serait toujours là. Toujours.

Alors que Sean la soignait, regardant attentivement toutes ses coupures dont elle n’avait rien à faire, elle ne put que remarquer qu’il ne la regardait plus dans les yeux. La trahison était haute, il était atterré d’avoir libéré une magie bien plus violente que prévu et elle sentait qu’il ne s’ouvrirait plus jamais sur ce sujet. Elle l’avait poussé à bout sans le vouloir, c'était uniquement de sa faute et il n’avait pas à être désolé. Alors qu’il lui passait le tartan des Clearwater par dessus son épaule, la réchauffant immédiatement alors que son regard était encore agar, Yeleen tenta d’avoir son attention, secouant la tête pour rejeter toutes ses excuses.

"Je ne veux pas que tu t’en veuilles, je n’ai rien pensé de tout ce que j’ai dis. Sean, regarde moi. Je ne pense pas un traitre mot de ce que j’ai pu dire d’accord? Je veux que tu le comprennes … je veux que tu me crois, que tu me fasses encore confiance."

Elle tenta de reprendre un semblant de contenance, déstabilisée par les yeux rouges du Gryffondor qui tremblait encore et qui ne revenait pas de ce qu’elle avait provoqué. Faisant glisser ce tartan autour des épaules du jeune homme, elle se rapprocha de lui en s’assurant que dans ce déchainement de magie, il n’avait pas été blessé. Il était pourtant livide et Yeleen se sentit monstrueusement coupable de lui avoir fait ressentir toutes ses émotions qui n’auraient jamais du l’atteindre ainsi.

"Je suis vraiment désolée, ça n’arrivera plus. Je te promet, ça n’arrivera plus." elle signait encore plus fébrilement alors qu’il voulait l’emmener à St Mangouste, refusant certainement de la ramener au domaine des Clearwater. C'était le dernier lieu où elle voulait se trouver à cet instant mais l'état de Sean semblait lui être tout aussi préoccupant. Il l’avait soigné quasiment sans baguette et Yeleen caressa la peau de ses mains en les sentant trembler sous ses doigts. "Je t’en prie Sean, je veux pas partir …." sa gorge se serrait encore alors qu’il avait peut-être probablement juste l’intension de l’y laisser sans revenir. Les larmes aux yeux, sans oser les monter contre lui, elle le serra de ses bras, posant son menton par dessus son épaule pour ne voir que ce ponton explosé devant elle et une nature qui avait repris les droits dans un silence douloureux. l’impression de se retrouver en face de lui alors qu’il la quittait se fit soudainement aussi présente qu'à la rentrée et Yeleen le serra encore un peu plus fort contre elle. "Laisse moi être là, s’il te plait. je ne veux pas que tu prennes cet instant comme une raison de t'éloigner. "

Elle lui aurait promis ciel et terre si elle pouvait sécher ses larmes et elle le fit, passant ses doigts sur ses joues pour rencontrer son regard. Elle aurait tout fait pour réparer son erreur et elle refusait de baisser les bras aujourd’hui.

"Je vais bien … Sean, ça va aller, je suis là. Tu es là." elle ne put s’empêcher de glisser ses mains sur sa nuque, caressant ses cheveux du bout des doigts alors que sa propre respiration se saccadait. Le besoin de lui apporter le confort qu’elle lui avait soudainement enlevé se fit pressant et la Serdaigle posa son front contre le sien, lui offrant ses forces et tous ce qui lui restait de bien dans ce monde. "Parle moi … parle moi s’il te plait, j’ai besoin de t’entendre."

La jeune fille persistait à vouloir signer et il dû reporter son attention dispersée sur les gestes de ses mains, comprenant à moitié ce qu’elle lui disait alors que son cœur battait encore à tout rompre suite aux dégâts qu’il venait de causer.

- Je sais je sais, murmura-t-il en tentant de maintenir ses mains pour l’empêcher de s’épuiser à vouloir communiquer. J'ai confiance Yeleen... Tu ne pensais pas ce que tu disais, tu as seulement fait tout ça pour déclencher… ce que je ne voulais pas que tu voies…

A ses mots, sa voix trembla de nouveau alors qu’il tentait de la relever en vérifiant si elle pouvait marcher sans problème. A vrai dire, il se souvenait à peine de ce qu’elle lui avait déclaré. Tout était flou avant l’explosion… Tout ce qui comptait, c’était qu’il avait fait éclater le ponton sous elle pour la faire taire. Sean se sentit parcouru d’un frisson de dégout alors que Yeleen signait de nouveau, le suppliant de ne pas l’emmener. Le Clearwater senti un bloc de glace lui empoigner les entrailles alors qu’il cherchait quelle blessure pouvait bien lui faire tenir ce discours. Est-ce qu’une hémorragie interne l’affaiblissait et qu’elle ne tiendrait pas jusqu’à l’hôpital ?

Mais Yeleen craignait apparemment plutôt qu’il s’éloigne d’elle. Aussi, il la fixa avec consternation en lui attrapant la main.

- Non Yeleen… Je te promets… Je te jure que je ne vais pas te laisser… Je vais veiller sur toi…

En piètre veilleur, il s’aperçu soudain qu’il lui manquait ses chaussures. Avec une exclamation, il se pencha pour retirer les siennes et les lui enfiler délicatement, la faisant s’appuyer sur son dos.

- S’il te plait, lève ton pied… Voilà… Le deuxième…

Ses chaussures ne semblaient heureusement pas trop petites pour Yeleen qui était pourtant plus grande que lui. En chaussettes, il se releva pour lui faire face, lui reprenant la main avec ménagement.

- Yeleen, je ne te laisserai pas… Quoi qu’il arrive. Je te l’ai promis… Je veux t’avoir à mes côtés pour toute la vie, tu te souviens ? Si toi… Si toi… Tu veux encore de moi après ce que je t’ai fait…

Ses yeux rougis brillèrent encore et il posa avec irascibilité son poing sur ces derniers.

- Je ne vais pas arrêter de te parler… C’est… Il secoua la tête alors que son désespoir le reprenait violemment. C’est toi qui ne peux plus parler à cause de moi…

Sans s’appesantir sur ses derniers mots pour ne pas craquer de nouveau, il la prit dans ses bras en lui redemandant de s’accrocher à lui et transplana sur l’instant. Peu de temps après, ils étaient arrivés à Ste Mangouste, et Sean entraîna à vive allure Yeleen dans les urgences, avant d’aviser une guérisseuse reconnaissable à la blouse vert pomme.

- S’il vous plait, lui lança-t-il avec insistance. Mon amie a été victime d’un… d’un accident… Il faudrait que vous l’auscultiez…

La guérisseuse leur lança un regard étonné avant de leur désigner les chaises de la salle d’attente, leur demandant de patienter avant qu’on vienne les chercher. Toujours aussi paniqué, Sean pris cependant sur lui pour aider calmement Yeleen à s’assoir avant de prendre place à ses côtés, restant cependant toujours aussi nerveusement agité.

- Ça va ? Tu tiens le coup ?