All the right moves { Adriel

Identité : Dunn, il semblerait qu’il n’y ait plus besoin de les présenter. Et il est tout ce que vous avez entendu à leur sujet, et davantage encore. Adriel Isaac Ares est le premier né de sa génération. La manière dont les syllabes s’articulent retentit toujours de manière aussi majestueuse, le rendant particulièrement fier. Et si parfois il se laisse appeler Adri, ce n’est que pour jouer le jeu de la décontraction. Quel sobriquet ridicule.

Date et Lieu de naissance : 25 ans, un quart de siècle déjà écoulé et le suivant n'arrivera jamais assez vite. S'il a  su faire preuve de patience relative, et croit au précepte voulant que la grandeur n'attende pas le nombre des années, l'âge adulte est la terre promise pour lui. Il a coulé des fondations solides pour l'homme qu'il deviendra, et a hâte d'ériger les murs du château duquel il dominera son empire. Il a vu le jour un 11 août en Angleterre, pur produit du sol de ses ancêtres, de bien des façons.

Statut civil : Célibataire, le most eligible Bachelor du Royaume-Uni l'est fraîchement, sa relation avec Guilietta Mastriani, Sang Pur de la noblesse italienne et étudiante à Beauxbâtons s'étant terminée pendant les vacances d'hiver. Les sentiments se sont étiolés, raconte-t-il à la rentrée, ce sont des choses qui arrivent, assurera-t-elle de son côté. La vérité sous cette histoire ? Comme sous les précédentes, vous ne la connaîtrez pas. Vous ne verrez que le prince charmant, abonné aux histoires longue durée avec des jeunes femmes Sang Pur de bonne famille, se remettant de cette rupture. Des fiançailles seront sans doute bientôt au menu pour lui, devant montrer l'exemple à la lignée des Dunn. Il est en réalité des aventures qui ont été réelles, d'autres montées de toutes pièces avec la complicité de ces petites amies de passage qui n'ont jamais eu à se plaindre de sa conduite ou de sa personnalité. Il est le parti parfait, le gendre idéal, bien sous tous rapports. Sans doute. Ce que le monde ignore, ce qu'il a eu tant de mal à s'avouer, c'est que les femmes ne sont pas les seules à susciter son intérêt. Mais ça... il n'y a qu'une personne au monde à pouvoir en attester, et il est bien trop heureux d'en profiter pour risquer de laisser filtrer quoi que ce soit.

Scolarité : Serpentard, le Choixpeau n'a pas eu à hésiter bien longtemps, même si Serdaigle aurait été un choix tout aussi judicieux dans son cas. L'ambition dévorante qui est la sienne lui est cependant tellement chevillée au corps qu'aucune autre issue n'était envisagée, dans son esprit. Nul doute qu'aucune autre maison n'aurait su trouver grâce à ses yeux, son histoire et son prestige, entaché par les mauvaises langues ayant tendance à lui attribuer tous les malheurs de ce monde, sont les plus éclatants, les plus nobles.
Prodige des Potions depuis son plus jeune âge, il a enchaîné les tuteurs. Et s'il restait bien sagement assis quand on parlait d'Histoire de la Magie, par devoir, c'est un autre Adriel qui s'est révélé quand on lui a offert ses premières fioles, son premier chaudron. Il y a une flamme qui s'allume quand c'est son sujet qui est touché, survolant tous les cours sans le moindre mal. On a du engager un potioniste renommé comme précepteur avant son entrée à Poudlard, ayant fait pleurer, hurler, ou couvert de ridicule les quelques-uns qui ne se sont pas révélés à la hauteur de son potentiel. Il donne des cours de soutien à quelques élèves triés sur le volet dans sa matière de prédilection - par affect ou par intérêt, selon.
Préfet-en-chef, après plusieurs années à être préfet de Serpentard, il a accueilli cette nomination avec le sourire satisfait de celui qui n'a que ce qu'il mérite, en tenant un discours policé sur la méritocratie, l'excellence et l'honneur que cela sera d'arborer ce badge. Et il n'a donné de raison à personne jusqu'alors de douter qu'il était le choix parfait pour cette position, s'acquittant de ses devoirs avec un zèle à toute épreuve - et un plaisir évident.
Le sport est un exutoire de plus sains, sans compter la popularité qu'il apporte. Sport d'équipe par excellence, il lui a permis de s'illustrer comme meneur de jeu lors de matches épiques, depuis sa première année à Poudlard. Il occupe le poste de Poursuiveur et prend la stratégie très au sérieux, tout comme la motivation de ses camarades, n'hésitant pas à organiser des sorties d'équipe hors de prix, qu'aucune autre maison ne peut se payer.

Profession : Dernière année de MULOT en Potiologie , une évidence qui n'a surpris personne. Il a passé des années à perfectionner sa maîtrise de la plupart des élixirs et philtres existants, ajoutant sa propre touche à certains d'entre eux avant de se lancer en création lui-même, depuis deux ans. De bon élève de manière générale, il a explosé vers l'excellence pendant son MULOT, enfin capable de se concentrer uniquement sur ce qui lui plaît réellement. Si certaines boissons d'élèves imprudents ont déjà été agrémentées de surprises de son cru ? Ce sont là de graves accusations, et vous feriez bien d'avoir des preuves si vous ne voulez pas un procès pour diffamation.
Alternance au Département des Mystères, une position officielle qu'il a toujours maintenue, il veut oeuvrer pour le bien de tous et se mettre au service du peuple et donc du gouvernement. Il a reçu de nombreuses propositions de compagnies privées, désireux de s'octroyer ses services et surtout, d'être dans les petits papiers des Dunn. Il a caressée l'idée de l'IDEM pour étendre ses horizons, mais l'élection de son oncle lui a confirmé qu'il avait fait le bon choix. Dans les entrailles du Ministère, on lui laisse expérimenter avec les matériaux les plus dangereux, sans restriction aucune. Et dans un chaudron bien particulier bout une idée, lentement, qui a germé dans son esprit. Pourquoi se contenter de lutter avec des moyens bien trop restreints, contre les abominations qui terrorisent les bonnes gens et ont arraché la vie de son cousin ? Il semblerait qu'il soit temps de faire mériter son nom à la potion Tue-Loup. Pour le bien de tous.
Colonne régulière dans le Petit Alchimiste depuis son entrée à Poudlard. Est-il besoin de mentionner qu'il en a rencontré le rédacteur-en-chef pendant une soirée mondaine, et qu'il a été plus que ravi de cette proposition inattendue qui lui a été faite. Le charme du Dunn s'étend donc, enseignant les rudiments des potions dans des papiers intelligents, amusants et pédagogiques, qui font se dire à n'importe quelle femme qu'il serait un père formidable. Tout est bon, même s'abaisser à vulgariser un art séculaire. Que voulez-vous ? Il faut savoir jouer le jeu, si vous voulez remporter la partie.

Baguette magique : Malgré les liens de Dunn avec les Sterling, c'est de fabrication Ollivander qu'est sa baguette. Un bois de chêne, crin de licorne, trentre-trois centimètres, d'un classicisme indémodable et d'une fiabilité à toute épreuve.

Famille : Dunn. Un empire à part entière dont chaque membre se doit d'être digne - en théorie en tous cas. Pétri de vieilles valeurs, élevé dans une dureté traditionnelle, Adriel est le produit le plus pur que ces antiques familles puissent produire. Frustration d'être né dans la seconde branche de l'arbre, il se raccroche cependant depuis des années au fait d'être l'aîné de toute sa génération, le plaçant au-dessus des autres. Il n'a eu de cesse de prouver qu'il est le fils idéal à son père, Sloan, absent et froid, qui n'a pourtant jamais caché sa préférence pour son premier enfant. Ses relations avec Alister ont toujours été compliquées, ainsi qu'avec leur dernier sibling. L'amour fuyant d'un père n'est pas une chose facile à partager. L'un essayant de s'en rapprocher, trop au goût de l'autre, qui a fini par ne pas être simplement assez bien, assez Pur aux yeux de l'aîné. Pas assez Dunn. Quant à sa mère Cordelia, il ne la porte pas dans son coeur mais estime assez son travail pour le porter avec fierté, toujours estampillé Rumpelstiltskin. S'il peut briller aux yeux de son oncle et de sa tante, il n'y manquera pas, mais ne s'y trompe pas : le temps que leurs intérêts convergent, tout ira bien. La mort d'Ulysse rebat cependant les cartes, l'opposant directement à Apolline en cas de contestation de la succession. Et s'il aime sa cousine plus que sa propre fratrie, il n'hésitera pas une seule seconde à saisir sa chance.

Hérédité du sang : Pur, il ne saurait en être autrement pour la noble lignée des Dunn.

Particularité magique : Aucune. Il est déjà exceptionnel, ce serait superflu.

Caractère : Sûr de lui jusqu’à l’arrogance - S’estime clairement au-dessus de la totalité du monde - Possessif mais pas jaloux, cela impliquerait des sentiments - Epicurien, aime les bonnes choses et s’adonne à de nombreux vices, en privé uniquement - Danseur émérite, c’est un partenaire de choix pendant les soirées mondaines - Studieux, n'hésite pas à passer des heures sur un sujet s'il a décidé de le maîtriser - Poli, il a appris rapidement qu'il est plus facile pour le monde de vous respecter quand il n'a rien à vous reprocher - Manières irréprochables, c'est un gentleman - Cérébral sans trop en faire, peut soutenir de longues et assommantes discussions avec des gens plus âgés - Obstiné, "non" n'est pas une réponse qui lui convient. D'une personne, il trouvera la faille et la parade pour obtenir un oui (en convainquant, en manipulant, peu importe). D'un problème, il travaillera sans relâche pour parvenir à trouver une solution - Loyal, à ceux qui ont son affection ou dans lesquels il voit un quelconque intérêt - Généreux, il est connu pour dépenser pour les autres sans compter, et donner de son temps, pourtant précieux et limité - Occupé, il l'est, entre ses cours, son alternance, ses devoirs de préfet-en-chef, de capitaine d'équipe.

Patronus : Un black mamba sans grande surprise de voir un serpent s'échapper de sa baguette, il a surtout été satisfait de lire, en se renseignant, qu'il s'agit probablement d'un des animaux les plus patients au monde.

Miroir de Risèd : Une famille honorable, une Médaille des Potions, auréolé de gloire, de reconnaissance, avec tous les Dunn derrière lui.

Epouvantard : Son père, le reniant, l'ignorant pour de bon. Personne n'a vu cette partie, parvenant à chaque coup à lui donner les vêtements les plus improbables des collections de sa mère sur le dos, il préfère que tout le monde invente des histoires tirées de la rigueur extrême de l'éducation de Sang Pur plutôt que de dévoiler son véritable talon d'Achille.

Particularités : Homophobie intériorisée : s'il n'a aucun problème avec le fait de soutenir son meilleur ami vivant ouvertement sa sexualité, et en général avec quiconque ayant choisi ce mode de vie, cette ouverture d'esprit ne s'applique pas à lui-même. Découvrir son penchant pour les hommes, durant son adolescence, a été un véritable choc auquel il ne s'attendait pas. Sentiments et attirances qu'il a refoulés pendant des années, à se condamner avec brutalité pour ceux-ci. Et s'il y a cédé en compagnie de Draken, c'est une part de lui qu'il accepte toujours difficilement. La route est longue.

Qui es-tu ? : Babee, toujours à Singapour, toujours saine d'esprit (OU PRESQUE   )

Faceclaim & Crédits : Finn Cole, icons skatevibe

Trigger Warnings : Homophobie intériorisée, Eugénisme, Projet de génocide, de meurtre, Violence, Sexe.

Comment avez-vous connu le forum? : C'est Elo!!! Tout est de sa faute  

Un petit plus ? :      

TW : homophobie intériorisée.

Il n’y avait rien qui pouvait présager d’une tournure différente à cette journée. La maison de campagne des Kranz est un lieu de rassemblement privilégié des élites Sang Pur d’Europe depuis des générations, et leurs garden parties estivales sont des plus courues. C’est là qu’ils peuvent se retrouver, prenant les décisions qui guideront les politiques des états, sans que nul n’ait quoi que ce soit à dire. Et la Bavière en août est particulièrement accueillante, herbe d’un émeraude invitant à s’y prélasser, même si de nombreux sièges ont été déposés sur la pelouse pour éviter de tacher un quelconque vêtement. Les abords du lac sont bruyant à cette heure tardive de l’après-midi, les plus jeunes d’entre eux s’ébattant dans l’eau à grand renfort de cris, de provocations. Adriel, seize ans, est posé sur un des canapés, une flûte entre les doigts, avec une dizaine de ses semblables, rassemblant les meilleurs partis de cette partie du globe en un écrin parfait. Et Irina ne cesse de lui jeter des œillades peu discrètes, le champagne ayant déjà fait monter le rose à ses joues de porcelaine, réhaussant le bleu des yeux de cette beauté soviétique. Cette perle serait parfaitement sertie sur un solitaire, à exhiber à l’envi dès ce soir, les festivités prenant des allures d’un bal masqué. Pourtant, une part de lui n’est pas convaincue, et c’est sans doute pour cette raison qu’il ne lui a pas encore formulé la moindre invitation. Il y a toujours mieux, et certains des convives ne les rejoindront que plus tard, retenus par diverses obligations. Quel mal y a-t-il a garder ses options ouvertes. Il ne mérite objectivement que le meilleur.

Il semblerait d’ailleurs que d’autres soient arrivés, alors qu’une cavalcade attire leur attention. Les jumeaux Cascales, deux terreurs de sept ans viennent de faire leur apparition, se jetant dans le lac complètement habillés. Un reniflement de dédain échappe au Dunn, portant son verre à ses lèvres : « En voilà certains qui auraient bien besoin de précepteurs un peu plus brillants, » continuant la conversation qu’ils avaient tous, précédemment, sur leur éducation à la maison, et l’impatience qu’ils avaient tous de rentrer dans leur université de magie. Avant, bien évidemment, de vanter les mérites des unes et des autres. Et Marissa semble tellement d’accord avec lui qu’elle se penche un peu trop, et que la catastrophe arrive : « Attention ! » Le mouvement a ce ralenti qui conduit aux catastrophes, et l’alcool se répand sur la chemise claire du Britannique. « Oh par Morgane, je suis désolée, permets-moi de… » La baguette est arrêtée d’un geste par Adriel, qui la regarde comme si elle avait perdu l’esprit : « C’est une Rumplestiskin, je ne testerai pas la précision de ton Récurvite aujourd’hui. » Des légers rires s’échappent, alors que la gentille plaisanterie passe rapidement. Le jeune homme se lève, s’excusant : « Ceci nécessite un changement. Je vous retrouve plus tard. » Et la compagnie est quittée en échangeant des sourires et des promesses de faire vite, avant qu’il ne retrouve la demeure, qui avait tout du château. Les germaniques ont un goût certain pour l’architecture.

Ses pas le mènent dans l’aile est, déserte à cette heure-ci, abritant les quartiers des invités. Chacun d’entre eux s’est vu attribuer sa propre chambre, en fonction de ses goûts. Le rez-de-chaussée pour les adultes et leurs rejetons les plus jeunes, et les étages pour les plus âgés, à l’initiative, semblerait-il, de la fille des propriétaires. Cela fait sourire Adriel, alors qu’il commence à défaire les premiers boutons de sa chemise souillée. Ruth a clairement des vues sur un des héritiers scandinaves, et il y a fort à parier que l’endroit va devenir… intéressant. Et alors qu’il débouche en haut des escaliers de pierre, sa silhouette se heurte à celle de … « Ouch. » « Jaime. Je ne t’avais pas vu, mes excuses.  » Le premier de la plus bruyante fratrie qu’il connaisse, d’un an son aîné se tient devant lui. « Aouch. Mon ego en prend un coup. » L’Espagnol porte la main à son cœur, et Adriel étouffe un ricanement. « Tu n’as pas changé. » Il a cette facilité d’être, cultivant la limite entre décence et décadence de manière incroyable. Il est incapable de l’accuser de vulgarité, et pourtant le style propre sur lui ne lui convient pas du tout. Sa chemise sombre est d’ailleurs bien trop ouverte pour l’étiquette, comme le note l’Anglais, avant de se rendre compte qu’on pourrait dire la même chose de sa tenue. « Accident d’apéritif, tu sais ce que c’est. » « Ne jamais s’asseoir à côté de Marissa après la deuxième bouteille de champagne, c’est une règle d’or. » L’air entendu qu’ils échangent lui fait plaisir. Malgré leurs différences évidentes, ils semblent très souvent sur la même longueur d’onde. « Je t’attends ? » « Oui, je dois juste trouver quoi mettre, ça ne sera pas long. » « Ah, non, tu vas encore nous sortir une chemise bien repassée, vis un peu ! » « Mon style est toujours impeccable. » « C’est bien le problème ! » Ils se sont mis en mouvement et arrivent à sa chambre dans laquelle ils entrent.

Adriel ne peut qu’observer, alors que Jaime lui passe devant pour aller jusqu’à son armoire où les vêtements sont déjà organisés par couleur. Il a pris quelques centimètres supplémentaires depuis leur dernière rencontre. Son teint hâlé aurait fait pâlir d’envie n’importe quel mannequin. Et l’enfer  qui brûle au fond de son regard aurait de quoi troubler. Aurait. « Non, ce n’est pas possible, qu’est-ce que c’est que ça ? » Alors qu’il commence à fourrager, le jeune homme se secoue, se détachant de la porte. Qu’il n’a pas fermée et s’ouvre progressivement, vieux gonds guère coopératif pour ce qui est de sauvegarder l’intimité. « Arrête ça ! » Il lui attrape le poignet et l’autre proteste, se débattant. Quelques coups sont échangés, dans des rires éclatants, jusqu’à ce que l’Espagnol n’ait finalement le dessus, l’épinglant contre l’armoire. L’hilarité se calme, lentement. Mais les torses continuent de se soulever, respiration qu’Adriel a du mal à récupérer. Et il n’est pas le seul. Lèvres entrouvertes, il tente de calmer son rythme cardiaque ; sans y parvenir. Il y a un moment. Avant qu’il ne sente une bouche contre la sienne. Est-ce lui qui a amorcé le mouvement ? Il n’en a pas la moindre idée. Mais l’espace d’un instant, il n’y a plus rien d’autre qui existe. Que cette sensation, qui envoie des décharges dans tout son corps. Qui le laisse sans voix. Qui lui donne faim. De davantage. Il se tend, vers lui, pour en réclamer plus. Les respirations se font râles, un bouton cède. Quand a-t-il eu les poignets libérés, pour poser sa main sur la gorge de Jaime ? Quand…

Des bruits de pas se font entendre. Et la lumière se rallume, dans le cerveau d’Adriel. L’autre est repoussé, brutalement. Le revers de la main essuie ses lèvres, un air de défi sur le visage, de défiance. Jaime ouvre la bouche. La referme. Lève les mains. Le visage fermé. Pas un mot n’est échangé. Il ne s’est rien passé. Il vide les lieux, alors que le jeune homme s’enferme. S’accorde quelques secondes, pour se persuader que cela ne vient pas de lui. Que c’est à l’initiative de l’autre. Que ce qu’il a éprouve n’est que de la surprise. Qu’il n’a pas aimé ça. C’est ce qu’il dira à Apolline, quelques heures après, quand il délaissera une Irina pourtant superbe sur la piste de danse pour aller fumer, à l’écart. Ce n’était rien. C’était Jaime. Cela ne veut rien dire pour lui. Il ne faut pas juger ces gens. Et il ne faut pas qu’elle en parle. Pour Jaime. Ce n’est jamais arrivé. Et cela ne se reproduira plus jamais.






CW : hot.

On n’entend plus que le frémissement des potions et le crépitement des feux les réchauffant depuis quelques minutes. C’est l’ambiance sonore la plus merveilleuse qui soit pour Adriel Dunn. Assis à la paillasse du professeur qui a eu l’amabilité de le laisser utiliser sa salle de cours pour ses heures de tutorat, il profite de l’instant. Ils sont six dans la pièce, de niveaux éclectiques, de maisons différentes, et d’origines disparates. Cela fait plusieurs années maintenant que le Serpentard donne de son temps pour dispenser son savoir aux moins talentueux que lui dans l’art rigoureux des potions. Et ce qui a été clairement une corvée nécessaire la première fois qu’il s’y est adonné, pour le fils d’un ami de la famille, est devenu un passe-temps qu’il affectionne tout particulièrement. « Adriel, est-ce que je peux te demander quelque chose s’il-te-plaît ? » L’accent marqué d’Irina lui arrache un demi-sourire, la sachant parfaitement capable de prononcer parfaitement l’anglais si elle le désirait. Cependant, depuis qu’elle a commencé cette année d’échange à Poudlard, celle qui est une connaissance, à défaut d’une amie d’enfance, le russe roule plus facilement sous sa langue, parfaitement consciente des nombreux regards qu’elle attire depuis son arrivée. Et c’est ceux du Dunn qu’elle espère ravir. Ce qu’il aime dans ce jeu est qu’elle n’a rien de désespéré. Les soupirants se bousculent et elle joue avec comme un chat avec des souris, et il faut bien dire que cela l’amuse. Après tout, il pourrait bien se laisser tenter. « Bien sûr. » Le tabouret ne racle pas le sol alors qu’il se dégage de ses propres études pour se diriger vers elle. Il en profite pour jeter un coup d’œil à la potion de Mark, première année en grande difficultés et de lui glisser : « Ce sont des racines de gingseng que tu tiens et non de Mandragore, » avec un regard bienveillant et une tape sur l’épaule. Son chemin se poursuit jusqu’à la jeune femme qui s’est déjà redressée pour lui pointer des instructions sur le manuel qu’elle tient : « Sans vouloir m’avancer, il me semble que le nombre de tours nécessaires est trop élevé. » « Voilà une affirmation intéressante. » Son attitude est des plus professionnelles, et pour cause : il n’est pas libre de réponse à ses avances. Et en réalité, la sonnerie qui retentit arrive à point nommé, alors qu’il se redresse : « Bien, je vous laisse nettoyer derrière vous, beau travail pour cette semaine. N’hésitez pas à m’envoyer un hibou si vous avez besoin de quoi que ce soit avant notre prochaine session. »

Et il quitte la salle avant même que la jeune fille ait pu tenter de l’en empêcher. Et c’est tant mieux, car à la sortie l’attend Jeanne, sorcière française elle aussi en échange avec laquelle il sort depuis le début de l’année. Une histoire parfaite, qu’ils n’ont même pas besoin de fausser. S’il n’est pas amoureux fou, les sentiments sont là et sont agréables, comme les baisers appropriés qu’ils échangent dans le couloir. « Cette journée était interminable. Est-ce que tu as un tour de garde ce soir ? » « La dure vie d’un préfet va m’arracher à toi une fois encore. » « Oh non. » Sa moue est charmante et lui fait caresser sa joue en douceur. « Que fais-tu samedi apès-midi ? Laisse-moi me rattraper. » Si elle fait mine d’hésiter quelques instants, cela ne dure que l’espace de quelques battements de cils. « Je devrais pouvoir me débrouiller. » Ses lèvres effleurent celles d’Adriel, posant ses conditions : « Ce sera une demi-journée complète. Tu m’emmènes prendre le thé chez Madame Piedodu, ensuite nous nous promenons dans la campagne enneigée, et pour finir… », elle dévie sur sa mâchoire pour lui glisser au creux de l’oreille : « et ensuite tu me réchauffes dans la salle sur demande. » Les mains du Serpentard capturent sa taille pour la ramener à lui, murmurant : « Ca me semble tout à fait raisonnable, mademoiselle. » Le regard qu’ils échangent en dit long et il a même le bon ton de soupirer, secouant la tête : « Pourquoi faut-il que je sois si occupé ? » « Tu es un homme demandé. Et de responsabilités. Et ça me plaît. » Un dernier baiser et ils partent dîner ensemble, à la table des Aigles, à laquelle la demoiselle est affiliée pour cet échange. A la suite de quoi il passe faire un crochet par sa Salle Commune avant de commencer sa patrouille dans les couloirs de l’école. La soirée est plutôt calme, n’attrapant aucun étudiant en goguette pendant l’heure durant laquelle il parcourt les couloirs de l’école. Le temps écoulé, il s’étire, paresseusement. Un coup d’œil à sa montre à gousset, il est pile à l’heure.

Le chemin jusqu’à la salle de bains des préfets pourrait être effectué les yeux fermés. La fatigue commence à se faire sentir et il ne connaît pas de meilleur endroit pour relâcher la pression. Une fois dans l’endroit, ses vêtements trouvent rapidement le sol alors que la baignoire se rempli. La mousse n’est pas ce qu’il préfère, mais les eaux parfumées ont le don de le faire s’échapper assez efficacement. Quelques bulles s’échappent alors que la vapeur d’eau emplit lentement l’espace. Il n’attend pas de couper les différents jets pour prendre pied dans le bassin. Se poser sur le rebord, les bras sur la céramique, renverser la tête en arrière. Et lâcher. Lentement, il sent les muscules commencer à se relâcher, les uns après les autres. Les mèches commencent à coller à son front et ses traits se relâchent. Jusqu’à ce que des lèvres viennent effleurer sa tempe. Il l’a entendu arriver. Mais il n’a pas bougé. Parce que ça fait partie du plaisir. Paupières closes, il laisse échapper : « Salut, toi. » Et alors qu’un autre corps se glisse dans l’eau, il sait qu’enfin, sa journée va pouvoir s’achever, de la meilleure manière qu’il connaisse.






TW : mention de meurtre, deuil, funérailles, violence, eugénisme, projet de génocide.

« Oh M. Dunn, toutes mes condoléances. » « C’est très aimable à vous, Doris. » L’assistante de son tuteur de MULOT hoche frénétiquement la tête, alors qu’elle se sert une tasse de thé, lui proposant : « Je vous en sers une ? » « C’est fort aimable. » Adriel manque de tiquer en entendant ses propres paroles. La répétition automatique de l’adjectif n’est absolument pas digne de sa rhétorique et il s’agace contre lui-même. Bien évidemment que personne ne lui en tiendra rigueur. Le noir dont il est paré pourrait ne pas exister que le monde saurait qu’il est en deuil. Il n’y a qu’à lire l’angle de sa mâchoire, loin de sa décontraction habituelle, crispée plus que de raison. On peut identifier les marques, sous ses yeux, ne s’étant toujours pas résolu à adopter un quelconque artifice cosmétique, malgré l’instance de certaines de ses connaissances. Le fait qu’il parvienne à desserrer les dents pour se montrer agréable – aimable, songe-t-il avec une irritation certaine -  est déjà un exploit. En réalité il n’a aucune envie d’être là. Il est trop tôt, de l’avis général. On lui a conseillé de prendre quelques jours pour lui, de se poser et de prendre soin de lui. Ce n’est pas ce qu’Ulysse aurait voulu, a -t-il répondu automatiquement. La vie doit suivre son cours. Et surtout, les Dunn ne doivent pas laisser filtre le moindre signe de faiblesse. Il sera donc à son poste, quoi qu’il en coûte. Jouer le jeu est simplement plus difficile aujourd’hui, et il préférerait qu’on évite de s’adresser à lui. C’est le prix à payer pour l’existence dont il rêve et il accepte simplement que tous les jours ne se valent pas, et que certains sont plus pénibles que d’autres. Sans effort, on n’arrive nulle part. Alors il pose son sac griffé sur le comptoir où ils prennent leurs pauses, pour attendre patiemment que l’eau boue. Et Doris ne semble pas disposée à s’arrêter en si bon chemin : « Comment votre famille s’en sort-elle ? Monsieur le Ministre doit être effondré. » « Son chagrin est immense. Il a cependant de formidables concitoyens, soucieux de son bien-être, et c’est d’un immense réconfort. » Deux fois. Deux fois qu’il est incapable d’avoir un vocabulaire diversifié. Une profonde inspiration est prise pour se calmer. Il ne serait pas bon de s’énerver. Son index vient se placer sous la pointe de son nez, mouvement réflexe pour retenir ses pensées. Et le sifflement tant attendu retentit finalement. La sorcière s’agite, et finalement, une tasse ayant vu des jours meilleurs est déposée devant lui, exhalant un nuage rassurant d’Earl Grey. « Vous auriez peut-être préféré une camomille ? » « Non, cela ira, mais c’est fort aimable de vous en inquiéter. » Trois fois. Il s’est raidi. Et la femme l’a senti, posant une main douce sur son bras : « Prenez votre temps. » « Je vous remercie. » Sa baguette est sortie et la tasse ainsi que son sac entrent en lévitation, pour le suivre à l’intérieur.

Dans le dédale qu’est le département, l’agitation est toujours feutrée, comme si les secrets risquaient d’éclater au grand jour au moindre bruit parasite. Ces chuchotis, d’ordinaire satisfaisants, sont autant d’aiguilles se plantant lentement dans la colonne vertébrale d’Adriel, venant le titiller, le tourmenter. C’est lui, qui va finir par exploser. A fleur de peau et détestant cette sensation, il s’enfonce jusqu’à son propre poste de travail. Cette merveille de laboratoire, entièrement isolé magiquement est l’endroit où la vie fourmille, où chacune de ses idées a la liberté de se développer. Aujourd’hui pourtant, il a surtout des aspects de havre de paix. Nul ne vient jamais le troubler, quand il s’y trouve, pas même son mentor. Etre dans « sa zone » est ce qui pouvait lui arriver de mieux. La tasse prend place en hauteur, loin de la paillasse où un petit chaudron d’un noir profond frémit. Le sac est envoyé plus loin, alors qu’il s’approche de la préparation. Généralement, tout disparaît, quand son œuvre est sous ses yeux. Pas cette fois. Cette fois, les traits de son cousin lui apparaissent clairement, dans les ondulations ambrées de la potion. Dire qu’Ulysse et lui n’ont jamais été proches est un doux euphémisme. Domination éclatante de l’aîné, de son point de vue, tout du moins, sur celui qui n’a jamais été un héritier décent, injustement avantagé par sa naissance dans la bonne branche, et avec le bon sexe. Le visage se fond dans l’éther, alors que deux auriculaires le remplacent. Une promesse, liée par deux doigts se crochetant, faite par deux enfants. D’un jour destituer l’usurpateur. Et il sait que comme lui, Apolline l’a eu en mémoire, au cœur de la cérémonie. Le goût amer que ce souvenir a fait naître au fond de sa gorge n’est pas passé. C’étaient des paroles d’enfants, doit-il se souvenir. Jamais il n’a réellement souhaité la mort de celui qui lui faisait obstacle, celui qui prenait la lumière de sa cousine, tellement plus méritante, qui était le centre d’une attention qui aurait du lui revenir, si Sloan avait été l’héritier. Ce n’était pas une prophétie. Ce n’était pas une intention. Ce n’était pas leur faute. Non. C’était la leur. Et les mots de la jeune femme restent gravés dans son esprit. Vengeance. Leur faire payer. Mais ce ne sera pas assez. Ce ne sera jamais assez. Mécaniquement, il prélève un échantillon de la préparation, baguette pointant délicatement une des nombreuses fioles de sa collection, qu’il numérote. Le problème est bien plus profond. C’est une chose qu’Adair avait dite, anticipée, tenté d’endiguer, par des décrets. Qui sont trop laxistes. Son meilleur ami pourrait en témoigner. Les lycanthropes n’ont fait que trop de victimes. Et des bêtes doivent être traitées comme telles. Si une espèce a la rage, son heure est venue. Il est temps. Sa main se tend vers l’étagère des ingrédients. Avant de se raviser. Il ne pense pas logiquement. Et devant lui se trouve le résultat de mois de travail. Il n’est pas question de le gâcher stupidement. Son séant s’échoue sur son siège. Et il ferme les yeux. Jusqu’à ce que finalement, une larme roule sur sa joue. Ce ne sera pas en vain, Ulysse. Je t’en fais la promesse.







« C’est dommage, pour Giulietta. » Debout sur le piédestal sur lequel on lui a demandé de se percher, Adriel hausse les épaules. La moue qu’il arbore tient un peu du défaitisme alors qu’il s’examine sous tous les angles. On est en train d’ajuster sur lui un pantalon vert bouteille, à la texture rappelant les écailles d’un dragon. L’assistante de sa mère s’affaire autour de lui, dans le petit salon privé de la boutique Rumplestiltskin, alors que celle-ci passe en revue les chemises qu’elle pense ajouter à cette tenue. « Elle était charmante et bien élevée. Ses contributions aux œuvres de charité italiennes sont impressionnantes. » Le pedigree de son ex n’est pas à discuter, tout comme celui de toutes les précédentes, c’est une certitude. « J’en suis conscient. La flamme s’est simplement éteinte. » « La flamme ne fait pas tout, Adriel. » Les prunelles du jeune homme cessent de parcourir son propre reflet pour chercher la silhouette de Cornelia. Et ce qu’il voit ne le satisfait pas. C’est une chose qui l’irrite profondément, chez elle. La résignation qui existe en elle vis-à-vis de son mariage est une souillure qu’il oublie généralement entre ses murs. « Mère. » C’est un rappel à l’ordre, lié à la présence de la jeune femme qui, même si professionnelle et faisant mine de ne pas écouter, a des oreilles qui semblent traîner. La Dunn se reprend alors que lui continue : « Ces derniers mois ont été pour le moins éprouvant. Et notre relation s’en est ressentie. » Il ne s’attendait pas à ce que le deuil soit si lourd à porter. Les événements ont cependant totalement échappé à son contrôle. Giulietta était le parti idéal. Malheureusement, la distance entre eux, physique comme sentimentale a laissé place à quelque chose d’extrêmement inconvenant. Elle s’est amourachée du jardinier de ses parents, un Cracmol, s’il-vous-plaît. Et si elle a eu le bon ton de lui en parler, il lui a fait comprendre que cela n’entre pas dans les exceptions à leur union qui seraient acceptables. Le scandale qui résulterait d’une pareille découverte ne pourrait pas être endigué. Et maintenant… tout a changé.

« Il existe d’autres partis absolument convenable. Je ne suis pas inquiet. » Cornelia s’avance, ayant finalement jeté son dévolu sur une chemise d’un noir d’encre, si sombre qu’elle semble aspirer la lumière alentour. L’effet sera sans nul doute saisissant, sur les photographies officielles de la campagne pour sa nouvelle collection. C’est un exercice auquel il se prête parfois. Et il se trouve que son tout nouveau célibat a trouvé une plateforme parfaite pour se terminer le plus rapidement possible. Tout ceci s’inscrit dans son plan pour la nouvelle année. La période de deuil étant officiellement passée, des questions vont commencer à se poser. Ulysse a toujours été le favori d’Adair, au mépris du droit d’aînesse d’Apolline. Et si sa cousine tient une place particulière dans son cœur, il est clair que c’est à lui que revient la charge, le devoir et l’honneur de prendre la relève. Il faut donc, plus que jamais, qu’il soit impeccable. Docilement, il se laisse passer les manches de la dernière pièce de cet accoutrement. Ce n’est certainement pas quelque chose qu’il portera en-dehors de cet endroit. Mais l’effet est assez avantageux, il faut bien le dire. « Je ne souhaite que ton bonheur, mon fils. » Les mains tremblement légèrement alors qu’elle ajuste le col, relevant légèrement un des pans, déterminant le nombre de boutons qu’il convient de laisser ouverts. Cela fait se poser la question au Serpentard. Le bonheur. Une notion tout à fait relative, il est aisé d’en convenir. Mais faisant le bilan, il semble plutôt dans une position extrêmement prometteuse. Et cela lui arrache un sourire satisfait. Prodige des Potions, avec une place garantie au Département des Mystères à la fin de l’année scolaire. Préfet-en-Chef, Capitaine de l’équipe de Quidditch, étudiant brillant, à la réputation impeccable. Allié de la Communauté LGBTQIA+, adoré des lecteurs du Petit Alchimiste, il est sur la voie royale pour avoir la vie dont il a toujours rêvé. Ce qui lui permet, alors qu’il prend place dans le canapé dans lequel le shooting va se produire, de regarder sa mère, puis l’objectif, avec la plus grande confiance du monde. « Ne vous inquiétez pas, Mère. Tout ira bien pour moi. » Et cette promesse, c’est à lui-même, qu’il se la fait. Et il entend bien la tenir.