Redbone

Redbone

feat.  @Jameson Clearwater

Assis sur le bord du lit, courbé comme si le monde l’accablait, James attendait, les yeux rivés sur le plancher sombre de son appartement. Ses mains tenaient fermement contre son visage un petit morceau de tissu qui avait été, à un moment, blanc. Désormais, il se dessinait sur lui des rosaces carmines et il pouvait sentir le parfum ferreux du textile lui remplir les poumons. Il y avait dans chaque goutte de sang un peu d’amertume, de lassitude.
Allait-il un jour tout simplement se vider de son sang ? A regarder les lattes du plancher, à observer les rayures des pieds des chaises ou encore les écarts entre les lames. Allait-il attendre et ne jamais se réveiller ?

L’idée lui paraissait douce.

Les secondes se firent minutes, et toujours penché, les mains désormais humides, il repensait aux Nuits Blanches de Fiodor Dostoïevski. Il résonnait en lui des passages avec morgue. À chaque fois, il se dessinait le visage d’Ana en les traits de Nastenka, et il s’imaginait là, penaud, la regardant pleurer quand bien même c’était elle qui s’arrachait à lui.

« Quand je serai mariée, nous serons très amis, mieux que des frères, je vous aimerai presque autant que lui… »

Un râle s’échappa de ses lèvres.

« Fais chier’. »

Il jeta d’un mouvement rageur le tissu dans la poubelle. Dans un petit rebond, le tissu s’échoua sur le sol - la poubelle était déjà pleine.

(...)

James avait envoyé un courrier à @Jameson Clearwater en lui énumérant les dernières nouvelles, le fait que son frère, @Braxton Clearwater, se portait un peu mieux depuis quelques jours. Il en vint rapidement à aborder le problème dont ils échangeaient depuis plusieurs mois désormais - depuis la Norvège en réalité - et comme Jameson lui avait offert de venir au Domaine, James accepta.

C’est un matin, vers neuf heures et demi, qu’il transplana à l’orée du Domaine des Hébrides. Il n’était pas nerveux, mais il se demandait s’il allait avoir le déplaisir de croiser Braxton Clearwater un dimanche matin. Pour dire vrai, ça ne l’aurait pas vraiment dérangé, mais il avait réussi jusqu’à maintenant à tenir Braxton à l’écart de ce qui se tramait dans son crâne. Ce n’était pas pour perdre son temps à lui expliquer le pourquoi du comment ses sinus avaient pris l’habitude de saigner tous les jours, pour le plaisir de lui causer des nausées et des anémies qu’il régulait tant bien que mal avec le remède miracle de Ste Mangouste, à savoir une potion de régénération des globules rouges et blancs.

Ça l’aidait, c’était vrai, mais ça ne résolvait en rien le problème.

James avança calmement. L’air frais venu de la mer soulevait sa cape, engourdissait quelque peu ses muscles tout en réveillant son visage. Ç’avait une saveur grisante, appréciable pour celui qui avait été élevé dans la forêt profonde de Dean.

Il mit quelques longues minutes, sans croiser un seul mouton ou pèlerin, et toqua finalement à la porte. Bien habillé, même pour un dimanche, on devinait une nuit courte aux cernes qu’il avait. En attendant qu’on vienne lui ouvrir, il jeta un regard au jardin bien entretenu.

Depuis combien de temps n’était-il pas retourné à Dean ?
Pas même pour Noël.
Et puis avec Céleste...

L’ex serpentard fit claquer sa langue sur son palet avant de tourner la tête, au moment où la porte s’ouvrit.

Redbone

feat.  @Jameson Clearwater

James attendit qu’on l’invite, comme un vampire particulièrement docile. Un pas après l’autre, se remettant de la poignée de main de son ancien professeur, le jeune homme lançait de petits regards à la demeure qui respirait la chaleur qui manquait aux hébrides.
On était bien loin de la demeure des Grey, qui ne brillait que par la beauté de sa roseraie qui allait à décorer les tombes froides de ses ancêtres ou encore le rebord des fenêtres des tours. Ça n’en était pas moins agréable. Pour peu, James aurait même eu un sourire en coin, laissant ses épaules trop droites se détendre sous son manteau épais et long, lui donnant l’air sinistre des enterrements. Pour un corbeau dans son genre, c’était bien idéal.

« Oh, merci, un café dans ce cas, noir, sans sucre », répondit doucement James, comme s’il ne voulait pas réveiller la moindre âme que devait au moins renfermer cette vieille carcasse de maison.

Il enleva calmement sa veste, la laissant voleter jusqu’au portemanteau le plus proche.

Quand Jameson revint vers lui, il attendit que l’hôte fut presque assis pour lui aussi se poser dans le rebondis de cuir d’un fauteuil agréablement chauffé par la cheminée. Il eut un petit mouvement d’épaule, comme s’il cherchait la bonne place à la façon d’un chat.

Les doigts autour de la tasse, James reposa toute son attention sur le Clearwater avant de secouer négativement la tête.

« Non, rien de probant en tout cas. Je me suis rapproché de quelques experts norvégiens mais aucun n’a jamais entendu parlé de ce que nous avons vécu, et encore moins d’un symptôme comme celui-ci. »

Machinalement, James effleura ses narines, comme pour vérifier qu’il ne saignait pas. Depuis l’approche de Yule, les choses n’avaient pas cessés de s’accentuer dangereusement, après pourtant un passage en novembre où il n’avait presque pas eu d’accident. Ça aurait été quelque chose en planque, avec son nez rougi et cinq lycanthropes aux trousses tiens...

« Je me suis rendu à Sainte-Mangouste. Ils ont cru au début à des cas de déphasage neuronal suite à un abus de transplanage, mais ça s’est révélé négatif après quelques examens. Je suis donc de nouveau au point de départ. »

Un léger mouvement de la tête indiqua qu’il ne s’en faisait pas davantage, mais ça restait ennuyeux. Voir même fâcheux. S’il se mettait à saigner au milieu d’un nid de chapeaurouge, ou dans un bar à vampire...

« Je pense que c’est mon occlumencie, c’est la piste qui me semble la plus évidente » lâcha James finalement, juste avant de boire une gorgée de son café.
« Délicieux » commenta-t-il, sans rapport, avant de continuer : « mais ça n’est qu’une piste et je ne vois pas vraiment comment vérifier ou rectifier la chose, sans passer par un legilimens d’exception. »

Il aurait bien pu tenter d’entrer en contact avec De Clare mais certains de ses souvenirs étaient plus que compromettants, alors... Il valait mieux oublier cette option, pour le moment.

Redbone

feat.  @Jameson Clearwater

Un silence pesant s’installa alors que le nom d’Aeron de Clare résonnait dans la pièce. James baissa un instant les yeux, comme s’il pesait cette option, tout en sachant qu’il l’avait écarté à de nombreuses reprises. Oui, Aeron de Clare était un legilimens hors de bien des catégories, mais il était en cela dangereux. S’il y avait bien une chose que James ne voulait pas qu’on ouvre chez lui, c’était bien cette toute petite boîte de souvenirs qu’il avait mis sous verrous.
Toutes ses fois où il avait imaginé, où il avait rêvé de cette Ana offerte et désireuse, de cette Ana aussi rayonnante qu’imprudente. Aeron de Clare aurait mis trop peu de temps à lever tous les verrous et à décortiquer hors de son esprit les fantaisies.

À cette simple idée, James passa sa main sur son visage, comme pour en chasser l’embarras soudain qui lui venait aux joues.

« Je ne préférerais pas. Les De Clare ne sont pas exactement des... amis... »

Ça serait toujours plus simple que d’expliquer la véritable raison.

Son regard se releva sur Jameson quand ce dernier évoqua un de ses neveux. Il n’aurait pas su dire s’il s’agissait de @Sean Clearwater, de Milo ou encore d’Israfel, mais il imaginait que ç’avait à voir avec l’affaire Thanatos sur laquelle il bossait depuis cet été ( @"Braxton Clearwater ). Il fronça légèrement les sourcils, se redressant dans son siège, prêt à entendre la suite.

Plus de marque de gêne sur son visage, seulement le sérieux qui attendait le verdict. Pas de questions stupides, de «est-ce que ça va faire mal», parce qu’il n’en était plus à ce genre de question. «Qu’est-ce qui ronge mon crâne» était autrement plus important.

C’était donc Sean.

C’était logique.

Il avait vu le dossier sur la Cage d’Iorffe. Sur la torture...

Son regard se baissa de nouveau, par pudeur, avant de finalement inspirer profondément.

« Je n’en sais rien », souffla doucement James.

Laisser entrer Jameson Clearwater était peut-être moins effrayant que de laisser entrer Aeron de Clare, il n’en restait pas moins qu’il y avait une possibilité que le plus important se sache. Qu’il voit, de ses propres yeux, un James Grey bien différent de ce qu’il avait vu jusque là.

Il savait également les liens particuliers qui unissaient Jameson et le père d’Ana, Aleksandr Souvorov.

Sa gorge se serra.

Ce n’était pas que de lui dont il était question. Ce n’était pas que son seul secret. Il y avait eu aussi toutes les fois où Ana lui avait crié qu’elle l’aimait mais qu’elle ne le pouvait pas - qu’elle ne l’admettait, qu’elle ne le voulait pas. Que par la raison, ah oui, par la raison ce serait à jamais impossible.

Et en même temps... elle s’était inquiétée, au mariage de Symphony. Elle s’était sincèrement inquiétée.

Si elle avait été ici même, à ce moment-là, que lui aurait-elle dit exactement ?

De le faire ?
De ne pas le faire ?

James se pinça les lèvres, inspirant profondément, puis finalement releva la tête vers Jameson.

« Je ne perds rien à essayer, j’imagine... ? »

Sa gorge lui parut sèche, aussi sèche que le Sahara dans le brûlant d’un après-midi d’été. C’était comme si du sable lui avait été versé jusque sous la langue.

Il lui suffisait juste de contrôler son occlumencie. Le laisser naviguer juste assez pour qu’il sache ce qui se passait en lui, mais pas assez pour ouvrir les mémoires essentielles qui avaient créer, qui avait fonder ce que James Grey était aujourd’hui.

Ni toutes ses fois où Joleene fut odieuse et cruelle avec Brivael.
Ni toutes ses fois où James observa d’un regard défiant le visage du père.
Ni toutes ses fois où sa propre colère colora le fond du vasque.
Ni tout le reste.

Juste une toute, infime, petite, parcelle, de lui.

Juste cette image du James Grey, en cours, studieux et trop sérieux pour son âge.
Cette belle image qu’il n’aurait pas fallu trop gratter.
Surtout pas gratter.

« Allez y », confirma finalement James, après avoir fini la tasse de café.
« Allez y Jameson, faites le. »

Redbone

feat.  @Jameson Clearwater

James écouta avec attention, hochant la tête lorsque Jameson lui posait une question ou une confirmation. Il pouvait entendre le battement de son cœur jusque dans ses tempes et l’angoisse monter jusque dans sa gorge. Il ne savait pas du tout comment les choses allaient se passer et l’inconnu, sans lui faire peur, l’intriguait.

Le garçon hocha finalement la tête, d’un air serein et sérieux.

« Ne vous inquiétez pas pour moi. Vous continuerez jusqu’à que je dise Apolline, et ce, quoi qu’il se passe. Je sais ce que je peux endurer. » Il y eut un petit instant de silence, alors que James observait les deux mains de Jameson tendues vers lui. « Jusqu’à qu’on trouve quelque chose. »

Il inspira profondément et posa finalement ses mains dans les siennes, fermant les yeux afin de se concentrer sur ses propres murailles. Peut-être était-il né avec, James Grey, ou peut-être que son esprit avait toujours été un chemin de ronce dans lequel ne pouvait naviguer que les corbeaux les plus puissants.

Ses doigts serrèrent Jameson au moment où il le sentit s’introduire dans son esprit. Passer les premières couches de sa conscience pour entrer dans le core de sa mémoire.
La sensation de brûlure que pouvait ressentir James à ce moment-là était insignifiante, mais l’occlumencie réagissait déjà. L’esprit tentait de se protéger mais il finirait bien par creuser.

L’esprit de James prit la forme d’un immense labyrinthe d’herbes indestructibles, hautes comme six hommes, ne laissant à personne le plaisir de l’escalader sans se piquer les mains à même les ronces et les roses rouges qui ornaient le bosquet. Au milieu, on devinait par dessus la cime, l’ombre inquiétante de la Manoir de Dean.

James n’apparut pas puisqu’il était partout, dans les rires d’enfant jusque dans les cris qui sonnaient comme des éclairs tonitruants au dessus des têtes.

Devant Jameson apparurent plusieurs enfants, dont on devinait les traits d’Ana Souvorov enfant, de Calixte Mc Swann, d’Honoria sa cousine et même de Sven Mustang et Marla. En fantômes inconsistants ils hurlaient et riaient, s’infiltrant dans les nombreuses entrées que comportaient le labyrinthe.

James fronça les sourcils et fit lever la première sécurité de son esprit. Les ronces qui ornaient le labyrinthe se levèrent lentement, s’enfonçant dans le buis pour y disparaître, laissant l’entrée juste devant Jameson libre d’accès.

Dans la réalité, les mains de James serrèrent quelque peu celles de Jameson, alors que la brûlure sentie dans ses narines s’accentuait lentement.

Il laissa le sorcier fouler l’intérieur de son labyrinthe intérieur qui se dévoilait, tantôt baigné d’une lumière enfantine aux roses blanches, tantôt sinistre, accompagné des corbeaux plumant les roses rouges. Le ciel était aussi inconsistant, la lune chassant sans cesse le soleil, comme si les journées n’étaient ici que de quelques secondes. De temps à autre, la lune rattrapait le soleil mais alors le soleil s’enfuyait dans un seul clignement de paupière, sans explication aucune.

Jameson passa plusieurs arches avant d’entendre au loin ce qui ressemblait à deux voix. Devant lui, les enfants fantômes continuaient à se courir après en riant, sans jamais réussir à s’attraper, sans qu’il ne sache qui les pourchassait vraiment.

Attention, il arrive ! s’écria Symphony en pouffant de rire, se cachant derrière un petit Calixte fait d’éther et de superbe.

Jameson se retourna seulement pour voir une arche qui donnait désormais sur le lac de Poudlard.

Il passa en dessous, se retrouvant dans le dos de deux jeunes hommes dont il était aisé de deviner que c’était James Grey et Calixte Mc Swann, plus âgés, tous les deux au début de l’automne.

« Elle serait capable de venir te chercher au fin fond du fjord par la peau du cul et dans sa robe de mariée en plus. »
« Le pire dans tout ça, c’est que c’est probablement vrai. Et même Jameson Clearwater n’aurait pas son mot à dire… »

La suite fut comme coupée par le cri affreux des corbeaux qui tentait de dissimuler ce que les deux hommes échangeaient. Ils s’envolèrent en nuée sombre de dessus l’arche, abandonnant la scène qui n’avait pas cessée.

« Ça on peut dire que tu ne choisis pas la facilité. Ana Souvorov... », répéta-t-il l'air pensif, « Depuis quand ? Je ne vous ai pas vus spécialement proches récemment, même au contraire... »

« Elle m’aime aussi » reprit doucement James, « mais elle ne veut pas être mêlé à… mes illusions », le sourire qui fendit le visage du Grey était d’une tristesse infinie. « Tu sais comme elle peut être attachée à ses valeurs. »

« Je pense que le stage va me faire du bien. »

James serra plus fermement les mains de Jameson, sentant qu’on s’approchait de ce qui se tramait plus loin. L’esprit l’avait naturellement guidé jusqu’ici. Il devait y avoir une raison.

Du sang se mit à goutter de son nez, d’abord doucement, puis de plus en plus.

Il arrive ! piailla une Honoria qui tentait douloureusement de se déplacer dans sa robe trop serrée.

Un cri de banshee surprit tout le monde, faisant s’évaporer le banc et le lac derrière.

La douleur qui passa dans le crâne de James fut sidérante, le laissant haletant, le menton désormais en sang. Le sang rouge vif roulait sur sa peau alors qu’il serrait plus fort les dents. Il ignorait encore tout ce que Jameson avait pu ou ne pas voir, mais il y avait une chose dont il était certain, c’est que la brûlure commençait à être comme celle qu’il vivait chaque matin ou à chaque fois qu’il pensait à Ana Souvorov. Comme à chaque fois qu’il...

Dans l’antresprit, Jameson se retrouva face au lac. Sur le sol, un bandeau comme ceux qu’on utilise à Colin-Maillard avait été abandonné. Une femme se dirigeait à grande vitesse vers la surface en hurlant des mots qui avait été effacé. Puis elle disparaissait devant ce qui ressemblait à un trou béant et noir, duquel il ne sortait ni son, ni couleur.

Comme si on avait déchiré la pellicule à ce moment de l’histoire.

Et elle repassait, encore, et encore, agitant furieusement ses mains vers ce qui était là, devant elle, et n’apparaissait plus.

Une déchirure profonde.

La douleur fut si perçante que James sentit son cœur s’emballer. Il ouvrit la bouche, pour souffler le prénom d’Apolline, mais aussitôt la bouche entrouverte, le sang coulant de son nez vint tinter sa langue, tintant ses dents d’un carmin brillant et vif.

Il arracha ses mains de celles de Jameson pour venir les poser sur son menton, relevant aussitôt la tête, rompant brutalement le lien. Ses yeux étaient rougis, son coeur battait à tout rompre, il avait l’impression d’avoir été en apnée durant des heures - ça ne faisait pourtant que quelques minutes que le rituel durait.

Redbone

feat.  @Jameson Clearwater

Le choc l’avait surpris, moins que le sang coulant entre ses lèvres. James se redressa, se surprenant à faire attention à ne pas laisser ses empreintes sanguinolentes dans le petit salon familial. Les mains de Jameson eurent bien plus vite fait de le soulever et de l’asseoir, laissant le garçon silencieux.

Livide, il laissa son ancien professeur l’observer avant de disparaître.

Les iris verts d’eau suivirent Jameson, fronçant légèrement les sourcils, mais il baissa presque aussitôt les yeux pour fixer ses genoux. Il n’avait de toute façon pas la force de se lever et de fuir. L’avait-il vu ? Ses rêves interdits, ses amours délirants. Qu’allait-il dire ? Le remord s’installa plus vite que Jameson ne revint. James attendit quelques secondes avant de relever le menton, surpris puis apaisé à la vue de la potion.

Il la but docilement, puis douloureusement. Les dernières gorgées lui brûlèrent l’œsophage.

« Une barrière ? »

Sa voix était serrée, faiblarde.

« La Norvège ? »

James prit le temps d’analyser le regard embarrassé de Jameson. Ce n’était pas la Norvège. Si ç’avait été leur voyage d’étude, sans doute aurait-il eu été plus affecté, plus désolé, là il ne l’était pas. Il ne l’était pas car ce n’était pas de sa faute. Et si ce n’était pas de sa faute, alors qui ?

Ses jambes se tendirent d’un coup sec. James était désormais debout, le regard entre la terreur et la colère. Qui? La question tournait en boucle dans sa tête, très rapidement suivie par un ‘pourquoi’? Il n’y avait jamais rien eu, et si son père Lester avait pu être par certains égards un vieil homme acariâtre, il n’avait jamais été à ce point cruel. L’était-il ? Peut-être s’était-il trompé. Peut-être était-ce pour ça qu’il n’y avait eu ce quelque chose entre eux. Peut-être...

« Qui ? »

La voix de James était blanche comme le tonnerre qui se prépare à tomber.

« Quand ? »

La question tournait plus fort. Il tituba un petit pas en arrière. Il ne voulait plus s’asseoir. Il voulait savoir. Il voulait savoir pourquoi et quand, parce que ce petit morceau, il ne lui avait jamais vraiment manqué, alors pourquoi...

Les saignements de nez, il en avait toujours eu c’était vrai, mais cette douleur, elle était récente, elle était forcément liée à la Norvège et... et... aux attaques mentales de la Caverne... et l’occlumencie...

Sa gorge se serra, mais les yeux de James étaient secs.