Dusk Till Dawn (Iris)

INFOS FICHE DE PERSO

Dusk Till Dawn

ft @Iris Faux-Orpin
14 Janvier 2023

Comment avaient-elles réussi à repousser l'échéance d'une telle discussion depuis la fin du mois de Novembre? Yeleen se le demandait encore alors qu'elle tenait la lettre de Nyéléni en main, sans la quitter depuis quelques jours. Si elles avaient continué de se parler par missive, il était évident que leur lien s'en était retrouvé changer et que rien ne remplacerait une discussion de vive voix. Rien que le fait de ne pas avoir vu Iris durant le bal de Yule mais d'y avoir vu le président du Magenmagot lui avait rappelé le prix de la liberté qu'elle lui avait fait perdre en deux maudites notes envoyés à elle et à @Ima Soninké. Un rendez-vous aux avenants désastreux, auquel elle avait voulu empêcher Iris de fuir par pur égoïsme.

Dire que Yeleen traversait une trouble période n'excusait en rien son geste. Le fait était que pour la première fois, elle avait voulu penser à elle et à elle seule. Son propre besoin de garder sa famille au creux de son coeur comme sous les yeux l'avaient emporté sous le bien être de Nyéléni. Avait-elle agis comme une de Clare ? Probablement. Et cela rendait la situation bien pire qu'elle ne le pensait. Pourtant Nyéléni, sa mère parmi les reines, était celle à qui elle pensait alors que des bonnes nouvelles étaient tombés entre les mauvaises.

Et parmi les nouveautés, Yeleen s'y trouvait, au bon endroit devant la grande roue de Londres moldus. Car si elle avait tenté à maintes reprises de s'y rendre seule depuis l'été dernier, c'était la première fois qu'elle y mettait les pieds. Prenant une photo de la Tamise pour Sean, la Serdaigle s'appuya légèrement sur la rembarde qui longeait les quais en soupirant silencieusement. Si elle avait été fragilisé par bien plus d'évènements qu'elle ne l'aurait voulu, la présence constante d'Asel, d'Adil, d'Apo, de Mich, d'Alister et de Sean depuis le 5 Décembre, lui avait redonné une force insoupçonnée. Elle n'avait jamais songé qu'un renard puisse tout aussi soudainement lui ouvrir les yeux sur la chance qu'elle avait d'avoir une telle source de bonheur à ses cotés mais elle regrettait d'avoir malencontreusement éloigné Nyéléni. Elle n'avait jamais voulu lui faire mal et c'était une des conséquences qu'elle craignait le plus.

Aussi, lorsqu'elle lui avait proposé de se retrouver pour la première fois depuis le mois d'octobre, la Serdaigle avait été surprise par la réponse quasi immédiate. Nyéléni, malgré la haute trahison de Yeleen, lui répondait encore, le mystère s'enveloppant encore sur son potentiel départ. Elle espérait pourtant tellement que le président Soninké lui aurait fourni les explications sur les raisons de sa propre fuite et leur permettre tout deux de faire la paix avec leur passé. Elle l'espérait encore, pour que Nyéléni puisse rester sereinement. Sentant soudainement cette délicieuse odeur de café moulu à la main, la Serdaigle ne put s'empêcher de se sentir chez elle avant que la vaisselle ne se brise dans le petit appartement d'Iris.

"Ce n'est pas la vue du château de Poudlard mais je me suis dit que ça changerait." l'année était passé tellement vite, elle se souvenait encore avoir attendu Iris près du lac avec un café bien moins exquis que ceux qu'elle faisait. Signant simplement depuis plus d'un an avec la jeune femme, elle ne sentait pas encore prête à lui révéler encore d'autres secrets. Pas encore, elle préférait tenter de comprendre dans les yeux de sa mère si elle lui en voulait encore. "Je sais que je n'aurais pas du. Pas de cette manière." A l'abri des regards et des oreilles indiscrètes, Yeleen savait qu'elles pouvaient avoir une conversation libre, légèrement au frais certes mais elle n'avait pas eu le courage de lui demander la permission de revenir à son appartement, surtout qu'elle ignorait si elle y habitait encore ou pas.

Dusk Till Dawn

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14 janvier

Il y avait dans l'air quelque chose de piquant. Difficile de se dire qu'elle n'avait plus revu Yeleen depuis le mois de Novembre où tout s'était précipité. Tant de choses s'étaient faites et défaites dans la vie de Nyéléni, le plus souvent sans qu'elle y soit pour grand chose. La solitude lui avait pesé. Ca n'était pas seulement l'absence à durée indéterminée de @Nero MacGregor mais aussi celle de sa toute jeune nièce qu'elle considérait comme sa fille. Il y avait eu aussi cette rupture cassante avec @Jameson Clearwater , son quotidien limité pendant quelques semaines à ses quatre murs. Heureusement, le chat et le bavard du paradis de Christine Pâquerette avaient été de bonne compagnie. Nyéléni s'étonnait toujours de la vitesse à laquelle elle avait pu s'attacher à sa nouvelle vie en Angleterre, presque malgré elle et en dépit du bon sens. Elle l'avait dit à plusieurs reprises, elle n'avait plus envie de s'empêcher de vivre. Elle avait passé bien trop de temps dans sa vie à fuir, se cacher, ne pas s'engager, ne pas laisser d'empreinte pour continuer de la sorte. A bientôt quarante deux ans, il était largement temps pour elle de se poser. De rencontrer des gens. De rencontrer le monde. Qu'importe si cela ramenait dans sa vie ce monde qu'elle croyait avoir laissé loin derrière elle.

Dans l'arrondi de cette grande roue, la petite silhouette appuyée à la rambarde lui tira un sourire doux. Nyéléni n'était pas femme à entretenir des rancoeurs. Ca n'était pas ainsi qu'elle entendait profiter de sa seconde chance. Par habitude et peut être en signe de réconciliation, elle avait amené avec elle un grand thermos à café et deux petits gobelets en carton. Elle avait aussi amené un petit sachet de cacahuètes enrobées de caramel, qu'elle avait sans aucun doute préparées elle même, comme à son habitude.

Yeleen ouvrit la conversation la première, presque sans lui laisser le temps de dire bonjour. Son aînée ne le lui fit pas remarqué, trop consciente de l'étrange situation dans laquelle elles se trouvaient toutes les deux.

« C'est une jolie vue. Tiens, réchauffe-toi n denmuso. », fit l'aînée en plaçant dans les mains de la jeune femme un gobelet de café bien chaud. Le choix des mots n'était pas anodin. Elle voulait que Yeleen sache que malgré la distance qui s'était installée entre elles, cela ne changeait pas le fond de leur relation. Elle serait toujours une mère. Ça n'était pas quelque chose qui pouvait se défaire.

Là-dessus, la jeune femme jugea bon de crever l'abcès tout de suite, signant de ses mains, comme elle l'avait toujours fait, quelques mots qui voulaient reconnaître une erreur. Son regard porté dans le loin, Nyéléni acquiesça longuement. Il était vrai que la manière dont Yeleen l'avait jetée en pâture à son ennemi ne lui avait guère plu.

« J'ai espéré que c'était la seule solution que tu avais trouvée pour résoudre un problème que je ne voulais pas mettre entre tes mains. Ça aurait pu se terminer bien plus mal. Je ne t'en veux pas. »

Elle reporta longuement encore son regard sur Yeleen avant de sourire, toujours touchée par cette expression dans son regard de sincère contrition. Yeleen était une adulte responsable, brillante et compétente dans bon nombre de domaines. Pourtant, jusqu'à présent entre elles, il y avait encore une place pour redevenir enfant le temps d'un instant.

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Dusk Till Dawn

ft @Iris Faux-Orpin
14 Janvier 2023

Elle ne voulait manquer à des politesses en ne la saluant pas comme on pouvait le faire à une reine ou à sa propre mère. A travers leurs échanges depuis le mois de Novembre, la Serdaigle n’avait seulement eu envie de penser qu’elles ne s'étaient jamais quitté. Pas de bonjour, ni d’aurevoir, encore moins d’adieu. Le déchirement qu’elle avait ressenti dans l’appartement de Nyéléni en même temps que le fracas de la vaisselle sur le sol de sa cuisine, commençait doucement à se panser.

Alors lorsqu’Iris lui tendit affectueusement un café qu’elle posa entre ses mains, partageant sa chaleur à travers ce geste et un mot qui ne tomba pas dans l’oreille d’une sourde, Yeleen leva les yeux vers sa mère, brillants d’excuses alors qu’elle ne méritait nullement le pardon qu’elle lui accordait. Pourtant, elle but dans le gobelet, se brulant à peine les lèvres comme si elle avait pris soin de le lui offrir après l’avoir légèrement tiédit. Nyéléni prenait toujours autant soin d’elle, même si elle ne lui avait jamais demandé cette place explicitement. L’honneur d'être tant appréciée par la jeune femme lui donna bien plus de baume au coeur que n’importe quel autre présent. Elle la remerciait d’un regard, au moment ni les mots, ni les gestes pouvaient exprimer ce qu’elle ressentait pour elle. Posant le café déjà à moitié vide sur le rebord, Yeleen passa un moment ses doigts dessus avant de signer à son tour dans le silence que Nyéléni semblait tout autant maitriser qu’elle.

"Vous n’avez rien fait, je l’ai probablement cherché. J’ai attiré l’attention de la seule personne que vous ne vouliez jamais rencontrer, en prenant votre nom." le sien, celui de sa mère dont les visages, la tendresse et le parfum se mélangeait à chaque fois qu’elle la voyait. Elle secoua la tête, se rendant compte qu’elle n’avait pas mesuré la portée d’un tel geste, parce qu’elle n’avait su se mettre à la place de sa mère qui s'était lié pendant des années à un homme qui avait fini par la fuir. Elle était plus que désolée, ce mot n'était rien en comparaison au mal et à la douleur qu’elle ressentait à chaque fois qu’elle passait devant ce restaurant. Et ce n'était clairement rien comparé à tous ce qu’elle avait forcé à revivre en revoyant cet homme qui s'était délié d’elle.

"Comment allez-vous, ba?"

C'était la seule question qui semblait avoir été mis en suspend durant toutes ses lettres. Nyéléni n’y répondait jamais ou détournait l’attention autrement. Pourtant, Yeleen sentait qu'à travers les tords qu’elle lui avait causé, sa mère s‘était probablement reclus un maximum. Pas seulement pour faire profil bas et partir en silence, mais probablement parce qu’elle avait été bien trop atteinte alors qu’elle lui avait ouvert les bras. Nyéléni avait cette retenue émotionnelle où Yeleen pouvait se reconnaître parfois et se connaissant, elle savait que la déception pouvait rompre la confiance de toute une vie. Elle ne lui en voulait pas, mais la Serdaigle ne pouvait prétendre que ce pardon qu’elle lui accordait découlait uniquement de cette rencontre qui s'était peut-être mieux déroulée que prévu.

« Ce qui est fait et fait et puis... il n'en est pas ressorti tant de mal que je le pensais. Pour l'instant. », répondit Nyéléni avec placidité.

Elle ne nierait pas qu'à ses yeux, le choix de Yeleen, avait été particulièrement difficile à accepter pour elle. Mais la malienne en avait tiré quelques leçons. Cela l'emmenait aussi à lui parler des décisions qu'elle avait prise pendant le laps de temps interminable où elles n'avaient plus échangé que par lettre. Bien sûr, plus pudique encore à l'écrit, Nyéléni ne se serait jamais ouvert de son mal de la solitude sur parchemin. Ca avait pourtant été, à sa grande surprise, ce qu'elle avait eu de plus difficile à gérer ces dernières semaines. Elle qui avait pourtant passé de longues années seule, parfois seule au milieu des autres. Comment se faisait-il que retrouver cette vieille amie ait été si difficile ?

Yeleen finit par lui demander comment elle allait de but en blanc. Un sourire passa sur les lèvres de l'expat. Elle trempa ses lèvres longuement dans son café, tout en se disant que c'était le genre de question qui aurait pris beaucoup plus de temps au Mali.

« Je vais bien ne t'en fait pas. J'ai pris quelques décisions dont je dois te parler. », annonça-t-elle plus sérieusement. Elle posa son gobelet sur la rambarde, le regard toujours posé sur la grande roue, « Sache déjà que je n'irais nulle part. Je voudrais prendre le temps de vivre et Ima Soninké m'a promis de m'y aider. », elle ne fit aucune mention des doutes qu'elle plaçait dans le succès de ce projet mais au moins, elle était certaine de la détermination du magistrat. « Une fois que je serais sortie de ma situation juridique délicate, je ne représenterai plus un risque pour les personnes que je fréquente, du moins, au regard de la loi de ce pays. »

Elle ne le dirait pas mais quand la loi de ce pays la couverait d'un oeil bienveillant, ce serait probablement le début des ennuis venus de son pays à elle, le Mali. Pour l'heure, rien ne changeait, il n'y avait pas lieu de s'inquiéter plus que d'ordinaire.

« Si tu n'es pas trop refroidie, tu peux venir manger à la maison quand tu veux. »

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Dusk Till Dawn

ft @Iris Faux-Orpin
14 Janvier 2023

Elle ne put que déglutir au mot “pour l’instant”, se rendant compte de plus en plus de toutes les incertitudes dans lesquelles elle avait fait plongé Iris de force et elle enfonça un peu plus sa tête dans son écharpe. Certaines conséquences étaient encore en suspend mais elle se rendit vite compte qu’il ne s’agissait que d’une confiance qui avait été donné au président du Magenmagot dont elle doutait encore de sa loyauté. Yeleen avait pourtant senti au plus profond d’elle qu’il était un homme de parole et s’il avait choisi de prendre de son temps pour rétablir la situation délicate d’Iris, elle avait sincèrement envie d’y croire. Non, il y avait autre chose qui l’embêtait et Yeleen se remémorait très bien des paroles du président. Les Sô chercheraient à rentrer en contact avec quiconque porterait ce nom dans le territoire. Était-ce cela qu’elle craignait? Par extension, @Ima Soninké viendrait-il en renfort si quoi que ce soit de fâcheux arrivait?

"Vous êtes en danger?"

Mais ce qu’elle retenue surtout et qui souleva son coeur d’un poids qu’elle avait accumulé depuis plus d’un mois, était bel et bien le fait que Nyéléni voulait prendre le temps de vivre cette vie qu’elle s'était construite au fil des mois. Que ce soit sous le regard de Gemma ou même avec Irvin de l’IDEM, tout ce petit monde faisait que sa vie était exactement celle qu’elle aimait.

"Je veux bien rentrer à la maison …" signa-t-elle en comprenant que la discussion et les décisions prisent ne pouvaient être discuté ici, même s’ils étaient à l’abri des regards. Heureuse de pouvoir regagner la chaleur d’un foyer, elle se hâta presque de faire demi-tour avant de s’arrêter, prise d’un doute. "Vous vouliez dire maintenant ou un autre jour?" Elle observa la jeune femme qui savait faire preuve de tant de sagesse et de prestance en un seul regard. "Je voudrais que vous m’en parliez. De ces décisions et de ses affaires que vous avez réglé, ici ou ailleurs."

Maladroite, elle se rendait bien compte qu’elle pensait rentrer dans la cuisine de Nyéléni bien trop rapidement que prévu, pensant également que sa mère souhaiterait également se trouver dans un endroit plus tranquille.

"De quelle manière va-t-il vous aider? Est-ce qu’il se tiendra à vos cotés, quoi qu’il arrive?

Le regard d'ébène de Nyéléni passa longuement sur Yeleen. Il y avait chez la jeune femme une forme de candeur qu'elle n'expliquait pas. Ou peut-être était-ce qu'elle ne pouvait simplement pas accepter ce genre de vérité, tout comme elle n'avait pu se résoudre à la voir partir. Nyéléni eut un doux sourire. Ce n'était pas le genre de choses dont elle pouvait parler en pleine rue et quelque part, elle se demandait même s'il fallait le faire tout court. Préserver le petit monde fragile que Yeleen essayait de se construire tant bien que mal ou préserver son acuité à la survie. Le choix était vite fait. Comme toujours, il n'y avait pas de place pour la douceur sur les routes qu'elle empruntait. Et pourtant, elle en aurait eu à revendre de la douceur. Elle ne se privait pas d'en dispenser chaque fois que l'opportunité était là.

Elle ne répondit rien, laissant courir la conversation jusqu'à un certain point.

« Maintenant c'est très bien. Et puis, personnellement je ne me ferais jamais au climat d'ici. »

Elle avait eu plus que l'occasion d'apprendre des sortilèges pour parer au rigueur de l'hiver britannique, ça n'empêchait qu'elle se gelait dès qu'elle mettait le nez dehors. Ce n'était peut-être même que par principe, pour le simple fait de savoir que le thermomètre était dans l'économie de chiffre la plus pingre qui soit. Et puis, voir Yeleen revenir à l'appartement avait quelque chose de réconfortant. Cela signifiait qu'elles pouvaient passer à autre chose.

***

La bouilloire sifflait joyeusement, ajoutant à l'agréable odeur de café la certitude que ce serait pour bientôt. L'appartement de Nyéléni n'avait pas changé, à ceci près que les quelques opus d'Irvin Vorpe qui prenaient la poussière sous la table basse semblaient avoir déménagé pour la bibliothèque. Un nouveau Lawrence Carson les avait remplacés et le petit marque page indiquait que la lecture était déjà bien avancée. Il y a longtemps que je t'aime... pouvait-on lire sur la couverture. L'auteur s'essayait à un style proche du thriller et ça lui réussissait plutôt bien.

Nyéléni s'assit sur le canapé, un pied au sol l'autre lové sous sa cuisse comme elle en avait l'habitude.

« Pour en revenir à tes questions, si j'endosse l'identité d'Iris Faux-Orpin, ce n'est pas seulement pour me cacher des opposants et sympathisants de mon père. Tu sais, avant de venir ici, j'avais atteint de telles extrémités de dénuement que j'étais prête à acheter ma liberté à n'importe quel prix ou à renoncer totalement. Ce n'était pas une vie très enviable mais une opportunité a fini par se présenter et je suis arrivée en Angleterre, sous cette fausse identité et avec pour seuls bagages les vêtements que je portais sur le dos. »

Inutile de préciser que la disparition de @Nero MacGregor dans ce petit récit était loin d'être fortuite. Elle ne pouvait pas se permettre de l'exposer, qu'importe la raison.

« Dans ma situation, je peux m'estimer heureuse d'avoir le Président du Magenmagot de mon côté. @Ima Soninké est bien résolu à me sortir de ma situation d'illégalité. Quand je ne serais plus clandestine, je ne représenterai plus un risque pour les gens qui sont proches de moi, du point de vu légal. C'est la principale raison qui m'a poussé à accepter l'offre d'Ima. »

A l'entendre, on était en droit de se demander pour quelle sinistre raison elle aurait pu la refuser. La réponse ne tarda pas à venir.

« Seulement... prendre le risque de sortir de la clandestinité, même en conservant l'identité d'Iris Faux-Orpin, c'est prendre le risque d'attirer l'attention des lointains ennemis des Sô. Que ce soit les impérialistes qui seraient trop heureux de mettre la main sur une héritière en ligne directe de Mawdo Sô, ou le gouvernement malien, je ne doute pas qu'ils sauraient mettre en œuvre les moyens nécessaires pour s'assurer que leurs plans ne soient pas contrariés. »

Elle marqua une longue pause, trempant délicieusement ses lèvres dans le café qu'elle avait servi en même temps qu'elle livrait ces quelques explications.

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Dusk Till Dawn

ft @Iris Faux-Orpin
14 Janvier 2023

Revoir Gemma lui sourire entre deux bosquets n'était pas ce qui lui avait manqué le plus en montant les marches de l'appartement. Non, c'était tout ce qui faisait que l'appartement de Nyéléni était atypique, autant que la jeune femme. Ces couleurs pastels, cette baie vitrée lumineuse et cette sobriété dans les détails qui donnaient cette juste impression d'être chez soi. Cela faisait quelques semaines qu'elle n'y avait pas m'y les pieds et alors qu'elle enlevait son manteau pour le poser a côté du meuble d'entrée, Yeleen ne put s'empêcher de ressentir une nouvelle vague de culpabilité l'atteindre au milieu d'un univers qu'elle avait faillit lui enlever dans cette hâte égoïste de garder Nyéléni au plus près d'elle.

Cependant, le café maison de la jeune femme eut raison d'elle et apaisa très rapidement les pensées douloureuses qu'elle éprouvait encore et c'est en s'installant à même le sol, près de cette table basse qui avait acceuilli la plupart de leur dîner que la jeune Serdaigle écouta Nyéléni lui expliquer les tenants de la discussion qu'elle avait eu avec @Ima Soninké . Elle fronça doucement les sourcils, comprenant que la réhabilitation officielle de reine Sô n'allait pas être une mince affaire, surtout au vu des opposants à la famille qui n'allait pas tarder à reconnaître qu'une branche de la dynastie malienne avait subsisté.

Soufflant sur la tasse réconfortante de l'hôte de maison, Yeleen se demanda un instant si la famille Soninké ne remettrait pas une pression supplémentaire pour s'allier à la jeune femme comme ils en avaient eu la coutume avant, puis finalement écarta cette possibilité incongrue.

"Vous êtes en danger." signa-t-elle de nouveau, lançant dans la foulée un sortilège de traduction pour se faire plus facilement comprendre.

Iris n'y avait pas répondu près du pont de Londres mais il lui semble important de pouvoir comprendre à quel point Nyéléni aurait besoin de renfort et surtout de ne pas être seule un seul instant. Son regard tomba sur un nouveau livre sous la table basse, un peu poussiéreux comme si pendant plusieurs jours, la jeune femme avait eu l'esprit occupé pour lire une page ou deux après son travail.

"Ils viendraient jusqu'à cette porte pour s'assurer du travail bien fait ? Allez vous bénéficier d'une surveillance ?"

Avec une évidence certaine, elle pensait à son stage de surveillance dans l'escadrille volante de la Brigade de la Police Magique. Elle mettrait volontiers tous son temps et son énergie pour déployer une surveillance entre le chemin de l'IDEM jusqu'ici si nécessaire. Elle savait qu'elle ne pourrait outrepasser les règles imposées pour les bleus mais elle n'allait clairement pas laisser sa mère faire du chemin sans la moindre surveillance.

"Est-ce que cela implique aussi Nero, puisqu'il connait votre véritable identité ?"

Elle sentait que le sujet concernant son ami était déjà très tendu mais elle ne pouvait s'empêcher de se demandé si Nyéléni avait aussi accepté l'aide du président des sorciers pour que son ami ne s'en inquiète plus d'avantage? @Nero MacGregor avait su des gestes si protecteurs durant le dîner qu'il était aisément identifiable qu'ils s'estimaient énormément l'un l'autre, assez pour qu'ils veuillent encore se protéger jusqu'au bout du monde, malgré leur discorde.

Malgré les effluves corsées du café et tout le savoir faire de Nyéléni, la fameuse question ne tarda pas à repointer le bout de son nez, imposant sans le vouloir qu'on y apporte une réponse.

« Cela fait presque 25 ans, c'est une habitude. Tu ne devrais pas t'inquiéter de cela Yeleen. », à vrai dire vingt-cinq ans sur quarante un, bientôt deux, elle n'était pas loin de pouvoir dire qu'elle n'avait connu que cela, « Et puis... je suis toujours là. », ajouta-t-elle d'un ton presque rieur, comme un pied de nez à ceux qui s'étaient cru assez malins pour se débarrasser d'elle.

Enfin, elle n'en était pas arrivé là seule. Loin de là. C'était une leçon qu'elle avait apprise de son père et de ses années de fuite. Sans doute aussi la meilleure raison qu'elle avait d'accepter l'aide d'Ima, au-delà de la blessure qu'ils partageaient.

« Tu sais ces gens-là sont si désespérés qu'ils ne reculeraient devant rien. On ne peut pas discuter avec des imbéciles dans leur genre. Le mieux qu'on puisse faire c'est les éviter ou frapper plus fort qu'eux. »

L'une et l'autre solution avaient déjà fait leur preuve par le passé. Que Nyéléni fasse le choix du mot imbéciles n'en disait que trop long sur le fond de sa pensée. Bien sûr, elle n'était pas prête d'embarquer Yeleen dans les vicissitudes de la politique ouest africaine mais elle ne faisait semblant de rien pour autant. A ses yeux, qu'il s'agisse des impérialistes ou de la République, rien ne semblait bon à sauver. Pourtant quelque part, ils n'avaient pas tout à fait tord de la craindre. Elle avait déjà montré que, comme les vipères de Yamara la femme-serpent, elle savait riposter avec venin quand la situation l'exigeait.

« Je ne sais pas encore ce qu'il ressortira de mes échanges avec Ima mais il ne ferait pas la grossière erreur de m'exposer au grand jour. C'est certain. Tu peux être rassurée sur ce point. »

En vérité, cette part d'elle-même au fond d'elle avait plutôt tendance à croire qu'on ne pouvait jamais faire confiance à personne - Yeleen ne l'avait-elle pas jetée aux fauves dans l'espoir de mieux la garder près d'elle ? - mais elle se garda de partager ce genre de doutes à la jeune femme.

« Je ne sais pas pour ce qu'il en sera de Nero, », mentit-elle. Evidemment elle n'envisageait pas une minute de parler de @Nero MacGregor à qui que ce soit. C'aurait été le mener à sa perte. Mais cela, Yeleen ne pouvait pas le savoir, « En revanche cela te concerne très certainement toi. A mon sens, tu n'as pas à craindre les revendications de nos détracteurs, le sang de ton père te disqualifie autant qu'il te protège. C'est un fait, quoi que je me doute qu'il te déplaira de l'entendre. Mais reste sur tes gardes. Je ne serais pas surprise qu'on fasse mine de s'en prendre à toi pour me faire réagir. » avertit-elle de ce ton calme presque froid qui était celui qu'elle adoptait quand la situation le nécessitait, « Je ne laisserai personne toucher un cheveu de ta tête bien sûr mais le jour où je te le demanderai, me promets-tu de demander la protection des Clearwater ? Je ne suis pas en bon termes avec @Jameson Clearwater mais il ne te laisserait jamais encourir le moindre danger sur le pas de sa porte. »

Elle avait encore en tête la sortie théâtrale du maître des sortilèges, froissé de la voir botter en touche alors qu'il espérait la voir entrer dans le jeu des confidences.

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Dusk Till Dawn

ft @Iris Faux-Orpin
14 Janvier 2023

Le café n'aurait jamais le même pouvoir réconfortant qui émanait du seul regard de Nyéléni à son égard. La jeune Serdaigle ne put s'empêcher de lui adresser un sourire en coin, n'osant émettre une nouvelle fois qu'elle s'inquièterait éternellement pour elle, même si la magie de la jeune femme allait au delà de tous ce qu'elle pouvait connaître. Elle ne doutait pas de l'expérience violente qu'elle avait du traverser durant toutes ses années où Yeleen était à peine née et pendant un instant où elle considéra les vingt cinq année de sa petite existence face au danger que Nyéléni avait traversé durant ce temps, elle ne put que lui adresser une lueur admirative sans borne.

Pourtant, alors qu'elle depeignait le sombre portrait de ceux qui s'étaient ligués pour voir la lignée des Sô disparaitre, la Serdaigle ne put s'empêcher de voir une certaine cohérence avec le discours qu' @Ima Soninké lui avait fait. Ils s'inquiétaient tous les deux pour des retombées qu'elle ne saurait probablement géré seule et Yeleen cessa de sourire derrière sa tasse de café. Nyéléni lui avait déjà dit tout cela au moment même où elle lui avait confié son changement de nom mais ce n'était que maintenant que les conséquences seraient plus grave si on retrouvait Iris. Et si jusque là, elle avait tout fait pour les éviter, Yeleen était certaine qu'elle allait frapper plus fort qu'eux sans le moindre regret. Levant les yeux vers les siens, elle y lu une détermination qui était bien loin de cette crainte qu'elle avait cru apercevoir il y a quelques mois et elle évita formellement de regarder le sol de la cuisine en fronçant les sourcils devant la mention des Clearwater comme une assurance au cas où Nyéléni ne serait plus la. Elle ne souhaitait confier cette tâche à @Nero MacGregor mais à @Jameson Clearwater , ce qui lui indiquait bien plus qu'elle ne le devrait malgré le fait qu'elle semble avoir un différent avec l'oncle de Sean.

"Que s'est-il passé ?" signa-t-elle après quelques minutes de silence.

"Le professeur Clearwater était le premier à me soutenir dans mon changement de nom de famille. Je sais qu'il a l'air très rustre au premier abord, très observateur aussi." Pour ne pas dire qu'il avait un regard presque scrutateur à de nombreuses reprises. Mais elle comprenait à présent à quel point les Clearwater ne faisaient que protéger leur famille mais surtout, à quel point ils avaient les bras grands ouverts quand à acceuillir une tiers personne dans la famille. Elle sentait que Nyéléni y avait sa place, après tout elle leur avait envoyé des plats typiques du Mali cet été, Jameson le savait très bien. S'ils avaient fini par avoir un différent, ce n'était certainement pas sur un coup de tête, c'était bien plus sérieux.

Desserrant alors le tartan que @Sean Clearwater qu'elle avait autour des épaules, elle l'étendit doucement sur le canapé près de la jeune femme, les joues légèrement rougissante. Le prénom de Yeleen y était brodé et Nyéléni avait passé suffisamment de temps avec Jameson pour en connaître la signification.

"Ils sont notre famille... Malgré les différents qu'on peut avoir, ils seront toujours là."

C'était une notion qu'elle avait compris au delà des disputes avec @Braxton Clearwater ou des colères de chacun et dont la solidité avait été mise à rude épreuve durant les attaques. Mais ils étaient tous debout, à se soutenir et se serrer les coudes.

"Je ne resterais pas inerte s'il vous arrive quoi que ce soit" commença-t-elle alors qu'elle savait qu'elle arpentait un terrain miné. Outrepasser les recommandations de Nyéléni n'était pourtant pas son but, surtout pas après ce qu'elle avait pu lui faire il y a quelques semaines. Mais elle se sentirait inutile si elle était juste sous la protection des Clearwater sans même chercher à défendre les siens. Ce courage, elle ne le tenait que d'eux et c'était ainsi qu'elle leur ferait honneur. "Je sais que je n'ai pas votre expérience face à ce genre d'imbéciles mais je ne leur laisserai pas l'occasion de vous approcher."

Caressant le tartan des Clearwater de ses doigts, elle fit perler sa bague de fiançailles un instant avant de lever les yeux vers Nyéléni. Elle ne se targuait pas d'être déjà sous la protection des Clearwater, c'était inconvenant de se penser comme un fardeau. La culpabilité d'avoir dévoiler contre son gré la position de deux Sô en occident lui revient sur les épaules malgré elle.

"Ba... Je serais rassurée le jour où si vous serez libérée de ce passé. Je sais que j'ai précipité toutes ces conséquences dont vous et monsieur Soninké m'aviez déjà prévenu. J'ose seulement espérer que nous serons mieux préparer sans être pris par surprise, quoi qu'il arrive. "

Sortilège de traduction de la langue des signes en cours

Apprendre qu'il y avait comme un froid entre Jameson et elle, fit à Yeleen plus d'effet que Nyéléni ne l'avait anticipé. Elle la savait très attachée à son professeur, et à double raison, mais pour autant, l'expat se trouva assez déconcertée par cette réaction. Une petit moue moqueuse, pointa sur le bout de ses lèvres.

« Observateur. c'est le moins qu'on puisse dire.. c'est une vraie fouine oui ! Et il a l'énergie et la ténacité d'un enfant de cinq ans. Il prend un malin plaisir à me mettre dans des situations gênantes. Cet homme est épuisant et le pire c'est que c'est bien ce qui le rend attachant. »

Nyéléni ne se montrait jamais taquine qu'avec les gens qu'elle aimait sincèrement. @Nero MacGregor pourrait en témoigner puisqu'il faisait régulièrement les frais de ce trait de caractère. Il était vrai que @Jameson Clearwater était un sacré personnage mais elle avait trouvé en lui un ami. Au-delà de la haine viscérale qu'il vouait à leur mai commun Irvin Vorpe, et qui avait bien failli lui faire prendre ses jambes à son cou, elle avait apprécié l'homme pour ce qu'il était justement ce gamin espiègle dans ce corps d'adulte, solide comme un roc, au même titre que leur ami guatémaltèque, la légèreté en plus.

« Mais il est surtout très entier. Il n'a pas supporté que je lui mente. C'était pourtant la meilleure chose que je pouvais faire pour lui.», ajouta-t-elle pour conclure la longue énumération des qualités qu'elle venait de faire, « Enfin, c'est probablement mieux ainsi. »

Les mots lui arrachèrent un petit pincement au coeur, lui rappelant qu'elle devait éviter de se lier véritablement aux autres. Elle commençait pourtant à se sentir lasse des relations superficielles. La longue absence de Nero n'était pas pour rien dans cette prise de conscience. Elle ne pouvait décemment pas lui imposer de pourvoir à tous ses besoins sociaux, ce qu'il avait plus ou moins fait pourtant pendant un peu plus d'un an. Mais leurs éclats de voix et cette absence avaient fini par induire une forme de déséquilibre, perçant la bulle naïve dans laquelle leur relation subvenait à tout sans se donner l'air de rien. Nyéléni avait pris conscience de la densité réelle de cet attachement et, si elle balayait aux rangs des choses ridicules les douces rêveries de Gemma la fleuriste, elle convenait sans mal, quoique pour elle-même, que @Nero MacGregor était loin de n'être qu'un ami. Comme elle le lui avait dit, ou plutôt jeté à la figure, il était denbaya.

D'une façon peut-être plus honnête, malgré son silence, Yeleen, elle, embrassait totalement le nom des Clearwater. Nyéléni l'avait compris depuis longtemps et le prénom délicatement brodé de la jeune femme sur le tartan qu'elle venait d'étaler sur le canapé en disait plus long qu'une longue déclaration.

Notre famille. Nyéléni choisit de ne pas la contredire pour une fois. Les Clearwater allaient être sa famille. Celle qu'elle avait choisi et toujours souhaitée. Celle qui contrairement aux Sô, serait un refuge, un havre de paix et d'amour. Que Yeleen se drape des couleurs du clan écossais était une bonne chose. Bientôt, elle perdrait sans doute le patronyme malien pour prendre le leur, du moins Nyéléni l'espérait, et elle redeviendrait une jeune femme comme les autres, hors des radars malsains de l'Afrique.

Plus sage que patiente, Nyéléni acquiesça silencieusement. Elle avait appris de ses erreurs. Elle savait que la transparence n'aurait rien pu faire d'autre qu'attiser les angoisses de Yeleen.

« On ne se libère pas de son passé Yeleen, mais on grandit pour le surpasser. Tu n'es pour rien dans tout ça. Cesse de te tracasser tu veux. », conclut Nyéléni en prenant avec douceur le visage de Yeleen dans le creux d'une de ses mains. « Et si tu me parlais plutôt de ce nouveau dress code ? », poussa l'aînée avec un sourire malicieux.

Un fin sourire

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