Dusk Till Dawn (Iris)

INFOS FICHE DE PERSO

Dusk Till Dawn

ft @Iris Faux-Orpin
14 Janvier 2023

Quelle ne fut pas la surprise de l’entendre parler de @Jameson Clearwater en des termes si peu élogieux. Yeleen en écarquilla légèrement les yeux, le sourire espiègle de Nyéléni fut même alors contagieux avant qu’elle finissait par lui accorder un crédit tout autant sincère, comprenant certainement que derrière un caractère enfantin qu’elle avait aperçu de son professeur, il se sentait surtout concerné et inquiet. Yeleen secoua doucement la tête en laissant échapper un léger sourire en coin, se rendant compte à quel point Nyéléni avait certainement du provoquer la même réaction chez Jameson alors que la confrontation de deux cultures différentes au niveau d’une magie aurait du les rapprocher. Elle lui avait souvent dit et montré, qu’elle s'était toujours débrouillé sans avoir besoin d’user de sa baguette magique, son apprentissage de la magie s'était fait sans cet outil que les occidentaux en avaient fait une base. Elle ne doutait pas une seule seconde que Jameson pouvait être impressionné par tous les talents cachés d’Iris. Celle-ci comprenait les réserves que le patriarche des Clearwaters émettait à son encontre, la vérité aurait pourtant apaisé leur rapport conflictuel. Elle aurait pu y déceler un certain manque d’ailleurs mais Yeleen préféra taire cette partie un peu plus sensible encore. Le simple fait de devoir éloigner le sujet Nero était déjà délicat, elle préférait encore que Ba lui en parle d’elle-même quand elle lui aurait pleinement accordé une nouvelle confiance.

Baissant son menton pour se perdre dans le tourbillon de son café, la Serdaigle l’entendit lui dire qu’elle devait traverser ses erreurs sans se morfondre dedans. Il n'était pourtant jamais aisé de se faire pardonner de tels impairs mais au fond, il était encore plus difficile de s’en remettre soi-même. Yeleen n’avait jamais penser vouloir être la plus parfaite, elle avait ses propres imperfections qui faisaient qu’elle était toujours un peu différentes des autres. Sa carnation au sein des de Clare, son mutisme au sein des grandes familles de sang pur, son besoin de se retrouver autrement qu’avec tous ce qu’on avait pu lui imposer pour trouver sa propre voie. Mais dans cette recherche, Nyéléni en avait endurer alors qu’elle s'était construit des repères qu’elle savait solide. Il n’y avait qu'à voir @Nero MacGregor , qui avait été le seul ami qu’elle lui avait présenté en étant elle-même, sans l'étiquette d’Iris sur le dos. C'était là une des nombreuses preuves de confiance qu’elle lui avait posé et elle n’osait imaginer comment la regarder cet homme s’il savait à quel point elle l’avait aussi trahit, par extension.

Mentir à sa propre famille avait son lot de conséquences qu’elle retiendrait assez longtemps pour ne pas réitérer les tords causés. C'était un travail sur elle-même qu’elle allait devoir mené au jour le jour.

Nyéléni lui posa alors la question qui la fit sortir de son mutisme un instant, le rouge lui chauffant les oreilles alors que le sujet revenait sur les Clearwaters. Se mordant les lèvres, Yeleen revoyait encore cette somptueuse plage de galets où le froid mordant s'était éclipsé au moment où Sean avait posé son genou à terre. Ce tartan lui avait pourtant été offert en octobre, peu de temps après qu’elle ait cessé de revoir Nyéléni et elle ne put s’empêcher de se rendre compte à quel point elle ne méritait pas toutes belles attentions. Les belles personnes en avaient le droit mais certainement pas encore elle et c'était probablement pour cela qu’elle avait également provoqué l’incident sur le lac avec Sean, égoïstement. Nyéléni avait raison, il était temps qu’elle se prouve également qu’elle pouvait être digne de porter ces couleurs.

"Sean m’a demandé de l'épouser un peu avant les fêtes de fin d’année." signa-t-elle en passant ses doigts sur les fils entrelacés du tartan. Levant les yeux vers sa mère, elle ne put s’empêcher de lâcher un sourire nerveux, rougissant de nouveau comme une adolescente éperdument amoureux. Son rapport avec les unions avait pourtant pris un coup, le jour où Nyéléni lui avait annoncé son lien avec @Ima Soninké . C'était tout bonnement impensable pour la Serdaigle jusque là de lui présenter l’autre conception qu’elle avait apprise de l’amour grâce à @Sean Clearwater . "J’aimerais que vous puissiez être là. Encore là." laissa-t-elle glisser alors que c'était probablement la seule peine qui lui serrait le coeur à chaque fois qu’elle pensait à ce jour où elle choisirait d’ajouter le nom de Clearwater à celui des Sô. Parce qu’il était évident qu’elle n’allait pas abandonné cette famille qu’elle s'était trouvé dans les bras de Nyéléni. "J’ai conscience que je vous en demanderais beaucoup de venir au domaine et de confronter également le professeur Clearwater mais peut-être que grâce à Monsieur Soninké, vous pourriez être tout aussi entière avec lui qu’il l’était avec vous, aussi “observateur” soit-il."

Elle fronça alors les sourcils, sa gorge la grattant doucement alors qu’elle repoussait encore ce moment où elle échangerait ces promesses à celui qui faisait tous ses repères.

"L’espace de quelques jours, j’ai pu avoir une voix. Pas celle que les potions me donnaient à l'époque mais une autre, la mienne." elle tentait d’expliquer ce qui s'était produit durant cette semaine où elle n’avait su comprendre pourquoi elle avait eu cette chance de parler, trop vite retiré alors qu’elle avait blessé Sean par la suite. La Serdaigle avait eu la désagréable qu’une autre forme de magie s'était emparée d’elle au moment où elle avait perdu cette faculté, comme si on écrasait sa nature.

Pendant longtemps, on lui avait fait pensé qu’elle était née ainsi. Muette, sans la possibilité d’user de ses cordes vocales pour parler, lancer un sortilège sans le faire buter ailleurs. Et pendant ces sept jours passés à voir le sourire de Sean, elle n’avait su quoi penser de cette base qui était probablement faussé. Jusqu'à ses trois ans, il n'était peut-être pas impossible que tous ces pleurs aient été aussi silencieux.

"Jusqu'à quel point s'étend la magie des Sô?"

Sortilège de traduction de la langue des signes en cours

L'annonce de Yeleen se posa entre elle sans surprise. Nyéléni savait pertinemment que c'était le moment de mettre de côté ses a priori. Au fond de son coeur, elle espérait que tout ce qu'elle savait du mariage et du couple ne l'avait pas suivi outre manche. Que le bonheur conjugal pouvait être autre chose qu'un fait de littérature. Son coeur se serra, en même temps qu'elle prenait la main de Yeleen, toujours appliquée à refouler ses appréhensions pour draper la juste attitude. Une forme de fierté maternelle quoiqu'encore pudique. Yeleen était jeune. Elle n'avait pas grandi là-bas. Et elle choisissait l'homme auquel elle voulait s'attacher.

« C'est une très bonne chose pour toi, n'denmuso. », elle sourit plus franchement comme elle en était finalement convaincue. Yeleen échapperait à cette fatalité. Ce mariage lui ferait aussi perdre le nom de Sô et ça, c'était une bonne chose pour elle aussi. Evidemment, comment Nyéléni aurait-elle pu concevoir qu'il en soit autrement ? Il n'y avait même pas de sujet à ses yeux. Yeleen allait se marier et devenir Yeleen Clearwater, tout naturellement. « C'est une très bonne chose pour vous deux. Je suis contente pour vous. »

Il ne fallut pas cinq minutes à Yeleen après cela pour émettre le souhait de voir Nyéléni s'adjoindre au grand jour qui se préparait. Son coeur sauta un battement, réalisant qu'il lui faudrait peut-être décliner quand bien même elle aurait rêvé partager ce moment. Elle ne dit d'abord rien, démêlant en pensée les noeuds de ce nouveau problème. Elle ne pouvait pas se permettre de se présenter comme la mère d'une Sô, autant s'accrocher une cible dans le dos. Mais elle trouverait sans doute le moyen d'être présente. D'une manière ou d'une autre.

« Je n'ai pas peur de Jameson, c'est quelqu'un que j'apprécie beaucoup au contraire. Mais il y a des enjeux qui me dépassent. Je ne te promets rien Yeleen, sinon de faire mon maximum pour pouvoir être là. », regrettait-elle à demi mots. « Avez-vous déjà fixé une date ? », s'enquit-elle, revenant sur une note plus joyeuse.

Elle ne doutait pas que Yeleen préparerait son mariage avec détails et minutie. Probablement que cela lui laisserait le temps à elle de trouver la bonne solution.

La jeune femme s'éclaircit la voix avant de s'engager sur un autre sujet. A cette nouvelle révélation, le visage de Nyéléni s'illumina.

« C'est vrai ?! Mais alors - »

Mais alors Yeleen n'était pas muette. Ce qui les emmena sans doute à la question suivante. Quel était le pouvoir des Sô.

« Eh bien... chez nous on ne considère pas que la magie soit le propre d'un individu plutôt qu'un autre. Il faut plutôt la regarder comme un flux infini et transcendant que certains arrivent à focaliser mieux que d'autres. Nous croyons que cette capacité à focaliser la magie est proportionnelle au travail sur soi mais aussi à l'idée que les autres s'en font. La "croyance" qu'un homme a du pouvoir, lui donne effectivement du pouvoir sur les autres. Tu auras l'occasion de t'en rendre compte, je n'en doute pas. L'histoire des Sô remonte à très loin, au XIIe siècle précisément. Et les griots la chantent encore de nos jours. Cela te donne une idée du genre de pouvoir dont nous sommes investis, nous, les Sô. Mon père, ton grand-père, était l'homme le plus charismatique de son époque. Ça ne paraît peut-être pas objectif à dire mais je l'ai moi-même très peu connu. Il avait le don de rassembler les foules et de séduire par les mots comme aucun autre leader politique. »

Elle marqua une longue pause pour réfléchir.

« Ta mère était trop jeune à l'époque d'après mes calculs. Mais une grand-mère aurait pu... »

Elle ne termina pas sa phrase, trop incertaine du poids que ce genre d'idées aurait pu placer sur les épaules de Yeleen. Une grand-mère l'aurait pu, définitivement, pour protéger sa descendance ou pour d'autres raisons qui leur échappaient encore.

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Dusk Till Dawn

ft @Iris Faux-Orpin
14 Janvier 2023

L'évidence voulait que la Serdaigle ne puisse envisager une telle journée sans Nyéléni mais elle ne pouvait que comprendre que la situation était loin d'être aussi simple. Baissant légèrement le regard alors qu’elle savait, que malgré la sincérité de sa joie à l’idée de voir une Sô se marier par amour, dans de nouvelles traditions qu’ils allaient crée ensemble avec @Sean Clearwater , la jeune femme avait remué bien trop de conséquences qui restaient encore en suspend dans le temps. Bien qu’elle avait fait une confiance aveugle en @Ima Soninké au moment même où il lui a promis de prendre soin de sa famille par extension, Yeleen savait que cette tâche serait bien plus ardue que prévu. la culpabilité d’avoir gâché des instants qui auraient pu se dérouler sereinement pesait encore, que ce soit pour sa mère ou même pour celui avec qui elle souhaitait partager sa vie. La sagesse dont elle pouvait faire preuve lui avait cruellement manqué à deux instants, deux erreurs marqués comme les premiers regrets de son existence.

"Je comprends que ce soit compliqué."

Un léger sourire aux coins des lèvres, elle tentait de relever les épaules pour ne pas paraitre résignée à l’idée de ne pas être accompagné par sa mère ce jour là. Elle ravalait sa déception parce qu’elle en avait été la seule instigatrice, la confiance fragilisée à chaque regard qu’elle devait accepter, même chez les Clearwater. Si @Jameson Clearwater savait pour Iris, au delà même de leur tutorat, l’explosion entre Nyéléni et lui serait incontrôlable. Elle avait ainsi bien conscience que beaucoup de facteurs devraient être mis à plat pour s’assurer qu’Iris puisse trouver la stabilité rêvée. A la mention d’une possible date de mariage, Yeleen secoua la tête, loin d’avoir abordé depuis tous les détails d’une telle cérémonie avec Sean. Déjà parce que leur passage à l’hôpital avait été bien trop remarqué pour penser à ce genre de détail mais aussi parce qu’elle savait que la meilleure date serait celle où Nyéléni serait aussi là. Qu’importe le nombre de mois ou d’années que cela prendrait.

Mais toute son attention fut accaparée par la surprise suscitée par une voix qu’elle avait retrouvé puis perdu si vite. L'écoutant avec une attention démesurée alors que Nyéléni lui expliquait une magie qu’elle n’avait lu qu’en théorie, elle se rendit compte que l’héritage des Sô était fait de pouvoir et d’ascendance qui se délivrait par son poids. La magie sans baguette se révélait par une puissance inhérente à l’individu qui ne faisaient donc qu’apposer sa volonté par dessus celle des autres. Complexe et intense, elle fronça les sourcils au moment où Nyéléni envisageait la possibilité que Yeleen ait pu simplement être pris au piège d’une magie allant au delà de toutes les potions et les recherches fait par son oncle #thesus et se rendant compte que nul savoir occidental ne savait encore égaler la magie des Sô.

Ecouter l’histoire de Nyéléni l’avait toujours captivé. Pas seulement parce qu’elle n’avait été qu’une enfant parmi un monde d’adulte, pas seulement parce qu’elle avait été conçu illégitimement et enlevé par son propre père. Parce que c'était l’histoire de sa mère, le parfum de Nyéléni se mélangeant à la sienne.

"On m’aurait bridé … ?"

Une affirmation plus qu’une question. A l’instar de la ceinture qui avait empêché Nyéléni de tant de liberté, Yeleen savait que les Sô étaient tout à fait capable de faire taire quelqu’un sans le moindre état d'âme. Etait-ce parce qu’elle était une femme? D’autres questions se heurtèrent dans son esprit alors qu’elle se rendait compte dans toute cette magie qu’elle avait pu, le temps de quelques jours heureux, soulever cet étau de sa gorge. Par amour pour Sean, à partir du moment où il s'était mis à genou pour lui demander au mariage jusqu’au jour où il s'était mis à genou en tremblant de rage, par sa faute. Yeleen ne faisait que réagir à celui qui donnait tout un sens à sa vie, la culpabilité l’empêchant de prendre le dessus sur une magie qui n'était pas la sienne et qu’on lui avait imposé. Les doutes, les remises en question, tout l’empêchait de retrouver cette voix. Les mauvaises décisions prises ne faisaient que l’enfermer dans une boucle infernale dont elle peinait à sortir, simplement parce qu’elle n’avait pas cette confiance ni ce courage digne des Sô. La moitié de Clare qu’elle était, l’attirait vers le bas.

"Que racontent ces chants sur vos parents ? Que racontent-t-ils sur Grand Mère?"

Sortilège de traduction de la langue des signes en cours

Quelle probabilité y avait-il que @Nero MacGregor soit lui aussi invité à ce mariage et qu'elle puisse saisir l'occasion de venir non pas en tant qu'invitée des mariés mais en tant que plus un ? C'était toujours sans compter sur leur ami commun qui n'entendrait certainement pas - et à raison - qu'elle vienne se pavaner sous son nez. Nyéléni sourit à nouveau, laissant pour l'instant l'épineuse question de sa présence au mariage de Yeleen et Sean.

C'est une autre révélation qui dévia le sujet de conversation vers des considérations moins légères. Un mutisme capable de disparaître... Nyéléni en doutait fort ou alors ça n'était pas un mutisme naturel. Conclusion à laquelle Yeleen ne tarda pas à se rallier. Nyéléni acquiesça gravement.

« Pas forcément par malveillance... mais je ne peux qu'imaginer ce que ça a pu être de vouloir fuir ou se cacher avec un nourrisson aux bras. », fit la malienne, pensive.

Elle pouvait presque voir l'image de sa soeur Radhiya, étouffant contre elle les pleurs de son bébé. De qui avait-elle voulu se cacher ? Du gouvernement meurtrier qui leur avait donné la chasse ou du père de l'enfant ? Cela, nul ne le saurait jamais. Cela ne restait après tout qu'une hypothèse et, comme l'avait déjà soulevé Nyéléni, bien que son aînée, à cette époque, une Radhiya de vingt-deux ans n'aurait jamais pu jeter un maléfice si puissant qu'il ait tenu la langue de Yeleen liée jusque-là. Là encore, ce fut Yeleen qui relança la conversation.

« Eh bien, de nos jours les chants sur Mawdo Sô sont interdits alors les griots ne le mentionnent plus que par euphémisme. », confia la fugitive, à regret. Elle se rappelait l'époque de Niani et ces chansons que Nana Sô avait toujours sur les lèvres qui parlaient de héros à la force surhumaine, aux pouvoirs aussi glorieux que terrifiants, de Clair Pays et fauves fabuleux, « ... mais curieusement, il n'a jamais été interdit de parler des épouses. En bien ou en mal d'ailleurs. Mais si tu veux que nous parlions des épouses de Mawdo Sô, il faut que tu aies beaucoup de temps devant toi. Je vais nous préparer quelque chose à manger... »

Ca avait toujours été sa façon de prendre soin des autres. Leur préparer à manger, les accueillir avec toutes les attentions du monde. Enfin, toujours dans ce petit univers où elle avait perdu le nom de Sô une xième fois mais embrasser une vie de famille ou du moins ce qui s'en rapprochait le plus.

« Ton grand père a eu quatre épouses. De la mère de ta mère, Ciramadi, je ne sais pas grand chose. Elle était très proche de la première épouse de Mawdo Sô, Yamara, la Femme Serpent. Les chansons la décrive comme l'ombre et la confidente de cette dernière même si je doute que la Femme Serpent ait partagé ses secrets avec qui que ce soit... »

La voix de Nyéléni raisonnait drôlement de derrière la porte du réfrigérateur, comme d'un peu loin. Le temps d'un instant, les dorures de leur lignée s'effacèrent devant le petit inventaire légumier qui s'offrait à elles pour le déjeuner.

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Dusk Till Dawn

ft @Iris Faux-Orpin
14 Janvier 2023

A la mention de n'avoir été qu'une enfant dans les bras d'une innocente qui avait croisé la route d'Henry de Clare, Yeleen ne put que sentir son coeur se serrer comme à chaque fois que Nyéléni évoquait sa mère. Elle n'en connaissait que son prénom et n'avait aucun souvenir de ses bras la serrant contre elle. Mais il en demeurait cette seule berceuse dont les méandres de son esprit se souvenait assez pour l'avoir fredonner à Sean plusieurs fois, sans s'en rendre compte.
Grattant sa tasse de café alors que Nyéléni lui avouait qu'on en savait très peu sur Mawdo Sô mais que les légendes étaient bien plus nombreuses sur Nana Sô, Yeleen sentit un point de sa clavicule picoter à ce nom. Attentive, elle la vit se lever en direction de la cuisine, non sans l'inviter à déjeuner pour pouvoir en parler plus amplement. Nyéléni était la seule mémoire vivante des Sô et la Serdaigle ne pouvait que s'estimer chanceuse de pouvoir en être témoin.

Elle ne put pourtant s'empêcher de plisser les lèvres à l'idée de ses nombreuses épouses que les hommes comptaient dans la lignée. Pendant un instant, elle se demanda même si #ima avait aussi été promit à de nombreuses femmes, renforçant cette idée de servitude dans laquelle on avait plongé Nyéléni durant toute sa vie. Le mariage n'avait jamais eu cette valeur unique fait de passion et d'affection, elle comprenait également bien mieux la sensation qu'elle avait du avoir de se confronter à cet homme pour qui elle pensait avoir été considéré comme une princesse parmi tant d'autres dans cette tradition polygame. Mais une reine ne méritait qu'un seul roi et elle se demanda un jour si Nyéléni accorderait sa confiance à une unique personne, si ce n'était pas déjà fait.

Elle eut un sourire en voyant a quel point la jeune femme la choyait d'attention a chaque fois qu'elle venait ici. Verre remplie, assiette pleine, elle ne manquait pas de lui faire goûter des saveurs d'antan comme à la maison.

"Yamara était la plus puissante et la plus crainte de tous, c'est ça?"

Elle s'était levée, le menton par dessus le frigo pour qu'elle puisse toujours signer et être lu par la jeune femme. La lignée des Sô avait toujours été complexe à comprendre mais les notes qu'elle en prenait à chaque conversation se complétait doucement. La mention de femme serpent n'était pourtant pas la première fois dont elle en entendait parler. Si jusque là, elle n'en avait lu que la théorie en cours de metamorphose, la Serdaigle ne put s'empêcher d'être curieuse. Qui était-elle, était ce une héritage particulier ? Se transformait-elle?

"Chacune de ses femmes avaient une particularité ?"

Étaient-ce des secrets que Nyéléni connaissait? Les avait-elle emporté jusqu'ici pour craindre une montée de n'importe quel opposant a la lignée des Sô si on la retrouvait ici? Ce danger dont elle lui parlait tintait à ses oreilles comme une constante, bien qu'elle savait que Nyéléni Sô avait une magie puissante sans même utiliser de baguette, elle s'empêcha de souffler ses craintes.

"Les deux autres épouses ont eu aussi des enfants?"

Yamara semblait puissante. Nana Sô l'avait-elle crainte un jour?

Sortilège de traduction de la langue des signes en cours

Nyéléni eut un petit rictus supérieur à l'évocation de Yamara. Il y avait toujours eu de sa part, une forme de rejet de la femme-serpent, sans doute hérité de sa propre mère, car il était de notoriété publique que Zeyna et Yamara étaient des épouses ennemies. Zeyna, par son statut de princesse songhaï, remettant en question la place de la 1ère épouse qui n'avait pas de lignage sur lequel s'appuyer. Du moins Nyéléni avait-elle toujours supposé que c'était l'une des causes de leur inimitié.

« La plus crainte, c'est certain. La magie dogon a toujours son petit effet en société. Surtout parce que les dogons en font un secret. Ils ont même leur langue distincte, qu'ils ne partagent qu'avec les serpents. Quant à dire qu'elle était la plus puissante, au Mali on croit beaucoup que le pouvoir dérive de l'ascendant psychologique qu'un sorcier peu avoir sur les autres. Croire que quelqu'un est puissant c'est alors lui donner du pouvoir, ne serait-ce que dans les limites de la perception d'une personne. Supposons que cette idée fasse tâche d'huile et je te laisse imaginer le poids que peuvent engranger certains sorciers. », elle marqua une pause avant de revenir sur son père, « Imagine le poids que pouvait avoir une idée comme l'Empire de mon père... rien d'étonnant à ce que l'on ait voulu étouffer la chose avant qu'elle ne grandisse encore plus. »

C'était au tour de Yeleen de poser des questions et Nyéléni se prêtait volontiers à l'exercice quand bien même, elle gardait dans un coin de sa tête de bien peser ses mots.

« Une particularité ? Oh tu sais quand je dis la femme-serpent c'est parce que c'est une dogon. Elle n'avait pas le don de se changer en serpent à ce que je sache, quoi que ce soit un talent très répandu chez les dogons. La croyance veut que tous les dogons retournent à l'état de serpents après la mort, c'est pour cela que nous les surnoms hommes et femmes serpents. Cela dit je crois bien que Peyé-Peyé avait le don de voyance. Ça n'était peut-être que des on-dit. Elle était la fille d'un devin par les cauris et de surcroît elle était aveugle, d'une idée à l'autre, les imaginations s'enflamment parfois très vite... Elle ne s'en vantait pas en tout cas. »

A nouveau Yeleen demandait à en savoir plus. A nouveau Nyéléni se prêtait au jeu.

« Les enfants sont la condition du mariage. Du moins ça l'était de mon temps. Bien sûr qu'elles ont eu des enfants. Toutes les épouses de Mawdo Sô en ont eus. Cinq fils pour Yamara, deux filles et un fils pour Ciramadi, une fille est née de Peyé-Peyé et Zeyna, ma mère, n'a eu qu'un enfant également. Ce n'est jamais très bon signe dans un mariage de ne voir le couple fructifier qu'une fois... » ... ou pas du tout pensa-t-elle.

Pas du tout n'avait jamais été une option.

« Enfin dans ce contexte-là. J'imagine qu'on peut tout à fait être heureux sans enfant. »

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Dusk Till Dawn

ft @Iris Faux-Orpin
14 Janvier 2023

Comme toutes les histoires que les livres comptaient ou que Charlotte lui en faisait ses berceuses du soir, Yeleen écouta avec attention le récit de Nyéléni en lui exposant des coutumes et des secrets de famille qui aurait pu être les siens si elle avait continué à être baigné dedans. Une culture axée non pas sur le bonheur en lui même mais sur le besoin de perpétuer des enfants comme en occident mais avec un pouvoir qui frôlait la puissance des influences. Pendant un long moment, Yeleen prit le temps de relier les points les uns aux autres afin de pouvoir se retrouver dans un arbre de vie que Mawdo So avait planté dans toutes les générations d’après.

"Est-ce que … vous êtes soulagés?"

La question avait fusé sans qu’elle ne puisse contrôler ses doigts, n’y voyant qu'à travers son arrivée à Londres qu’un échappatoire à l’extinction d’une famille entière. Si elle avait fuit pour sa vie et avait réussi à trouver une autre ici, la Serdaigle ne put s’empêcher de comprendre à quel point Nyéléni avait une ouverture fascinante sur le monde qu’elle découvrait ici. Bien loin de cette ceinture, de ce besoin de donner vie à son tour et de perpétuer des traditions, elle semblait avoir choisi de ne pas avoir d’enfants, de ne pas se marier, peut-être parce qu’elle n’arrivait pas à concevoir cette confiance qui reliait tant de femmes et d’hommes dans le monde.

"Je ne parle pas forcément de ce qui vous a amené jusqu’ici mais la manière dont vous vivez votre temps maintenant, loin des obligations du mariage, de ce pouvoir qu’avait les Sô … " Plusieurs idées s’entrechoquaient alors qu’elle tentait d’ordonner ses idées. "Est-ce que vous êtes toute aussi crainte par les autres?"

Elle avait comprit que cette notion du pouvoir était là seulement dans les esprits, que les plus fort l'étaient parce que d’autres s’enfonçaient dans l’ombre. Elle n’avait vu qu’une partie de ce que Nyéléni pouvait déployer sans baguette et si la jeune femme l’avait assuré qu’elle saurait se débrouiller, elle se demandait ainsi quel avait été sa place au sein des Sô, à part endosser celui de l’héritière. Si elle était crainte, ils pouvaient tous arriver d’un instant à l’autre, du moins, c'était l’idée qu’elle se faisait. Et c’était tout autant dans cette optique qu’elle comprenait qu’Ima lui avait promis sa protection. Une promesse qu’elle n’avait comprit jusque là mais au regard de ce qu’elle voyait se dessiner de l’autre coté du globe, il lui semblait de plus en plus évident que Nyéléni ne pourrait pas tout endosser sur ses épaules.

"Je m’excuse si mes questions sont maladroites …" la curiosité prenait le dessus sans qu’elle puisse y mettre des formes. Cette histoire était la sienne avant qu’elle ne soit enlevée. La vie qu’avait mené Nyéléni avant de venir ici aurait aussi pu être la sienne bien qu’elle aurait eu probablement moins de chance que la jeune femme. Cette ascendance dont elle parlait, semblait être un moyen d’attaque comme de défense qu’elle n’avait pas développé, contrairement à Iris qui semblait pouvoir en faire une arme redoutable derrière le sourire portée sur une tasse de café.

Même sans être de sa chair et de son sang, elle n’osait lui dire qu’elle représentait à ses yeux la plus belle figure maternelle qu’il lui était donné de rencontrer.

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Elle gratifia la jeune femme d'un sourire amusé. Si la toute première question l'avait déstabilisée, Nyéléni se devait d'apporter une réponse à tout cela. Sa réponse, pour ce qu'elle valait.

« Toutes les questions sont maladroites Yeleen. », commença-t-elle pour la mettre à l'aise avant de s'ouvrir, plus pensive « Je suis très attachée à la vie que je mène ici. Elle est faite de très peu de gens, mais tous me sont chers à différents égards. Pour la première fois, j'occupe une place dans la société, ni au-dessus ni à l'écart des autres, je me sens utile. Mais je ne dirais pas que je me sens libérée, non. », elle baissa le regard un instant sur ses mains avant d'enlacer sa tasse de café entre ses doigts graciles, « C'est sans doute culturel et difficile à comprendre pour quelqu'un qui n'a pas grandi là dedans mais j'aurais toujours comme un goût amer en pensant aux enfants que je n'ai pas eus. Je suis peut-être libérée des engagements du mariage, mais cette liberté me prive de beaucoup de choses. Y compris du bonheur d'être mère, de la fierté de porter les valeurs d'une famille, d'en être le guide, de voir les miens prospérer, même de devenir leur l'ancienne. Ici il est facile pour une femme de divorcer, de connaître plusieurs hommes, de les aimer ou de ne pas les aimer, de changer d'avis. Mais au Mali, il ne fait pas bon être une femme libre car personne ne veut d'une femme que son mari a libérée de ses engagements. Parce que ça ne peut qu'être pour de mauvaises raisons. Ainsi, une femme libre, est une mauvaise femme. Une sorcière, une dévoreuse d'enfants. Une femme de pouvoir. »

Elle marqua une pause. Sur son visage, il semblait que tout ceci ne la troublait guère finalement. Comme si elle avait fait le deuil de quelque chose. C'était peut-être le cas. Peut-être pas.

« Tout ceci doit te paraître bien arriéré. », elle en avait conscience mais c'était la culture dans laquelle elle avait baignée toute son enfance et elle se retrouvait à cet âge, entre deux eaux, une femme libre en occident comme au sur sa terre natale.

Un petit silence s'installa. De l'autre côté de la pièce, le chat la dardait du regard, comme s'il essayait de lui dire quelque chose.

« Pour être franche, j'ignore ce que l'on dit de moi parmi les honnêtes gens. Tu sais, je suis la dernière née des dix enfants de Mawdo Sô, une fille de surcroît. Je n'étais pas destinée à devenir grand chose en dehors de mon mariage avec les Soninké et si le sort ne s'était pas acharné, je serais probablement le cadet des soucis du gouvernement malien, qu'il soit impérial ou républicain d'ailleurs. Si on me prête du pouvoir, ce sera pour le nom que je porte, ou pour l'espoir que j'incarne. Après tout, j'ai survécu à tout cela. N'importe quel escroc à cauris pourrait me prédire une grande destiné sous ce seul prétexte. »

Ses ambitions à elle étaient bien plus modestes, encore que...

« Mais ce peu de chose me sera une arme redoutable si jamais un jour je devais être à nouveau confrontée à tout cela. »

Ce dont elle ne doutait pas une minute...

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Dusk Till Dawn

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14 Janvier 2023

Ne cherchant qu'à comprendre le fonctionnement d’une coutume dont les valeurs étaient bien différentes des siennes, il était certain que la Serdaigle aurait du mal à intégrer le bien fondé d’une telle tradition basée sur le fait d’enfanter pour devoir “maitriser” une femme. Pourtant, Nyéléni avait aussi cette vision très occidentale du mariage tel qu’elle pouvait la voir tous les jours. La tromperie, le divorce, se battre pour des enfants ou même les abandonner. Une vision opposée de la vie et même simplement de l’amour. Même si elle ne comprenait pas cet attachement à une culture qui l’avait fait paraitre pour une dévoreuse d’enfants et par la même occasion, une femme de pouvoir simplement parce qu’elle avait traversé le feu pour survivre, elle semblait à présent comprendre l’envergure du monde qu’elle avait quitté avant que Yeleen fasse un acte de dénonciation en prenant son nom.

Elle était loin de voir Nyéléni comme une femme qui a été abandonné par son mari, ce n'était pas une vision arrêtée qu’elle avait d’une telle civilisation. C'était un principe qu’elle pouvait entre voir même sans comprendre parce que Nyéléni souffrait de ne pas avoir d’enfants. Elle lui avait dit à plusieurs reprises qu’il était peut-être possible d'être heureux sans être mère, sans porter les enfants d’un mari. Ce n'était pas par tradition, c'était également une envie qu’elle avait fini par mettre de coté elle-même sans qu’elle ne sache pourquoi.

"Vous êtes bien plus que tout ça."

Levant doucement le menton, elle voyait là la force de la jeune femme qui pouvait aisément accepté ce que les sorciers maliens pouvaient penser d’elle, parce qu’elle avait ce pouvoir. Elle était crainte par sa présence et son histoire qui faisait d’elle l’héritière, ce qui lui assurait un très grand avantage le jour où il la chercherait. Le pire était aussi de comprendre que face à cette potentiel menace, Yeleen ne saurait nullement rivaliser pour pouvoir la protéger, surtout parce qu’elle n’avait pas arrangé la situation.

"Ce pouvoir qu’on vous donne encore aujourd’hui, je suis certaine qu’il pourra terrasser n’importe quel impérialiste." Pour être presque franche, elle était quasi certaine que même le président du Magenmagot n’avait osé la regarder dans les yeux par la suite. L’histoire de Nyéléni était fascinante par toutes ses différences qui rendait son existence unique. Yeleen ne pouvait demander de lui promettre d'être prudente, elle savait presque dans un sens que les assaillants qui seraient à sa recherche seraient ceux qui trembleraient les premiers.

Par un regard qui fondit sur sa tasse de café tiède, elle baissa le menton par respect, la remerciant d’avoir pu partager une partie d’une histoire qu’elle lui avait raconté sans se sentir happer par des souvenirs qui pouvaient être douloureux dans un autre contexte. Et bien que la jeune femme était rarement tactile, elle s’autorisa à prendre sa main, tout comme la première fois qu’elle le lui avait prise dans ce même restaurant devant la baie vitrée. Une grain de beauté et un teint similaire qui lui avait donné envie de fouiller dans sa mémoire afin de savoir si elle avait tenue la main de sa mère de la même manière lorsqu’elle était née. Nyéléni n’avait peut-être pas d’enfants, mais elle était la mère qu’elle avait cherché.

Sortilège de traduction de la langue des signes en cours

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