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Two hearts in one home — ft. Finn Gavalagh-Korrigan

2 participants
Siobhán Gavalagh-Korrigan
Serpentard

Unicorn Fest
Vous êtes un.e adepte du Unicorn Fest !
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Préfet.e de Serpentard
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Siobhán Gavalagh-Korrigan
   
INFOS
Messages : 1041
Faceclaim : Erin Perise
Âge : 22
Sang : Sang-pur pour les uns, sang souillé pour les autres.
Particularités : Hybride — demie-vélane — half heaven, half hell.
Profession : 5ème année — Membre du club de soin aux créatures magiques — Préfète de Serpentard.
Côté Cœur : Vide.
Multis : Yara Morães De Carvalho, Riley Fitz.
FICHE DE PERSO

Dossier du Ministère

Situation actuelle
: Héritière d'une éminente famille sang-pur irlandaise, les Korrigan, demie-vélane du sang de sa mère en perte de repères depuis le chaos du Procès Longerbane, Siobhán sait qu'il va lui falloir faire des choix pour se permettre d'exister en tant qu'hybride dans une société qui ne veut pas d'elle et défendre ceux qui, comme elle, sont forcés à vivre dans l'ombre des sorciers. À l’abri des murs de Poudlard, dans sa maison Serpentard où elle officie en tant que préfète, son secret est encore bien gardé. Mais pour combien de temps ?

Dé utilisé
: Dé Amateur (50%)

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Inventaire
:


Finn & Siobhán
Never-Utopia

Two hearts in one home
13 février 2023.

Trouver les bons mots pour faire des révélations douloureuses était déjà un travail ardu. Mais dès lors qu'il s'agissait de les adresser à l'être considéré comme une extension de soi, la tâche s'avérait tout bonnement impossible.

Siobhán avait beau tourner le scénario qui défilait dans sa tête dans tous les sens ; elle ne voyait aucune issue favorable à la discussion qu'elle s'apprêtait à mener avec son frère jumeau.

Castel Korrigan, un grand bâtiment blanc et froid, s'élevait devant deux de ses héritiers, trônant fièrement au bout du chemin qu’ils avaient empruntés. Alors que les deux Irlandais laissaient crépiter les cailloux de l’allée sous leurs chaussures, la Serpentard jeta un regard rapide à son frère, qui marchait à ses côtés. Elle avait profité des vacances pour le traîner de force en ces lieux qu'aucun d'eux ne chérissait, sans lui dire un seul mot des raisons qui avaient rendu ce voyage indispensable. Elle craignait d'en dire trop, à l'instant où elle commencerait à en révéler un peu. Et Siobhán savait au fond d'elle que le récit qu'elle s'apprêtait à faire à son frère ne pouvait être simplement lâché comme toute autre banalité. Ce genre de vérité exigeait des conditions particulières pour être dévoilée, comme  lorsque l'on s'apprêtait à déposer une nouvelle pièce de collection dans un musée. Car bientôt, cette réalité deviendrait un souvenir, et la vélane allait devoir tout faire pour limiter les dégâts qu'il pourrait occasionner dans le futur.

Ensemble, presque d'un seul geste, ils montèrent les marches jusqu’aux grandes portes d’entrée en bois, toujours aussi peu chaleureuses. À chaque fois qu'un des pieds de la vert-et-argent se levait, les fioles tintaient dans sa poche. Les mêmes que son père lui avait confiées près d'un mois plus tôt, à la fin de leur dispute. Le bruit qu'elles faisaient en se cognant sonnait comme une tentative finale, un ultime pardon, un dernier espoir de rafistoler une confiance déchue par trop de mensonges et de secrets tenus pendant de nombreuses années. Têtue comme elle était, la Serpentard pouvait déjà avancer que ça n’allait pas suffire, alors qu’elle ne savait encore rien de ce qu'elles renfermaient. Avec qui d’autre que son frère pouvait-elle apprendre de ce passé qui les touchaient d’aussi près ?

La vision de ce porche suffit à faire frissonner l’entièreté du corps blanc de la jeune femme — ou peut-être étaient-ce ces pensées ? Elle ne savait dire pourquoi, mais Siobhán détestait tout de ce lieu dans lequel elle était en train d’entrer, invitant son frère à la suivre. Toujours sans lui prendre la peine de lui expliquer quoique ce soit.

C’était l’un des nombreux avantages de naître à deux. Peu importait combien l’attitude de l’un était bizarre, l’autre le suivait toujours dans tout ce que son jumeau entreprenait, sans poser de questions. Quel autre amour pouvait remplacer celui d’un frère ou d’une sœur qui avaient découvert le monde ensemble, depuis leurs premières secondes de vie ?

À l'intérieur, la demeure se faisait tout autant silencieuse qu’eux. L’on pouvait dire, en traversant les pièces, que le temps n’avait pas épargné cette vieille bâtisse, ni même les douloureux souvenirs qu’elle gardait, retranchés. C’était finalement l’endroit parfait pour évoquer l’existence d’une famille qui ne leur avait jamais été donné de connaître, déchirée elle aussi par des histoires fanées appartenant à la fois au passé et, plus tristement, au présent.

Finn et Siobhán arrivèrent enfin là où la vélane avait voulu les amener, dans un petit bureau de l’aile est qui n’avait pas été utilisé depuis bien longtemps à en croire l’épaisseur de poussière qui s’était collée à son doigt lorsqu’il avait caressé le bureau. Tout au fond de cette pièce sombre, dans l’un de ses nombreux recoins, une pensine dormait paisiblement, probablement depuis la dernière fois que le silence des lieux avait été rompu.

« On y est », glissa finalement Siobhán à l’attention de son frère.

Immédiatement, elle se rapprocha de lui pour poser sa main sur sa bouche alors qu’il s’apprêtait à parler.

« Je sais, tu as un milliard de questions. Je sais, tu te demandes pourquoi on est là. Je vais tout te dire, je te le promets. »

La Serpentard libéra les lèvres de son frère et prit un instant pour dépoussiérer le divan qui longeait le mur, tout près d’eux. Une fois posée, elle tapota sur l’assise pour inviter Finn à l’imiter.

« Je pense que tu ferais mieux de t’asseoir», ajouta-t-elle d'un ton sérieux.

La force des mots qu'elle s'apprêtait à lui confier finirait probablement par le contraindre à suivre son conseil de toute façon. Tôt ou tard.

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Finn Gavalagh-Korrigan
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Inventaire
:
L’heure des vacances avait sonné et pour beaucoup d’étudiants, tout cela était synonyme de joie, de liberté. Chacun y voyait une chance pour s’écarter du carcan des études, de la mine maussade de certains professeurs, pour s’évader en dehors des murs de Poudlard ou un peu plus loin que Pré-au-lard ou encore Londres. Pour Finn, c’était une toute autre paire de manches. Être en vacances scolaires, c’était certes passer un peu plus de temps avec sa soeur, ce qui était une relativement bonne nouvelle. A deux, ils pouvaient faire les quatre-cent coups et se rattraper avec deux simples et jolis sourires charmeurs. Leurs gueules d’ange suffisaient généralement à effacer tout ce qu’on pouvait leur reprocher, ou presque. Le plus difficile pour Finn, c’était ce temps à tuer qu’il pouvait moins facilement combler.

@Edel Almadovar et  @Xris Andērson étaient certainement occupés à autre chose et, manque de bol, le Serpentard héritait de son père  @Luke Korrigan quelques heures supplémentaires par journée. Il ne manquait pas de l’observer du coin de l’oeil, ce qui avait pour effet de tout simplement agacer Finn qui ne rêvait que d’accumuler les bêtises pour enquiquiner un peu plus son père et, tout simplement, vivre. Vivre d’amour et d’eau fraîche. Vivre pour tout simplement vivre, pour sentir le vent caresser sa joue et sa peau les beaux jours d’hiver. Vivre pour sentir l’eau ruisseler sur son visage alors que le ciel déversait des torrents. A la place de ça, il devait supporter son père, plein de jolis adages mais trop pleutre pour assumer les conséquences de ses actes.

Ce joli jour de fin d’hiver, où le ciel était à peine voilé par les nuages et où les oiseaux commençaient tout juste à pépier du haut des plus imposants arbres, Siobhán avait attiré Finn dans ses filets et l’avait forcé à mettre les pieds ici, à Castel Korrigan. C’était un lieu chargé d’histoire familiale et l’étudiant y gardait un certain nombre de bons souvenirs avec son grand-père. C’était un grand dadet aux airs un peu flippants et l’ambiance que dégageait le château en ruines  suffisait à glacer le sang au premier venu. Finn ne comptait pas en faire une chambre d’hôtes, mais cette ruine aux pierres blanches comme le sel tenait une place spéciale dans son coeur. Il disait tout le contraire à sa soeur qui, visiblement, y croyait dur comme fer.

En avançant, Finn tapait dans un caillou ou deux puis s’arrêtait pour retirer les petits gravillons qui venaient se loger sous sa semelle avant de faire un nouvel arrêt quelques mètres plus loin. On aurait pu croire à son attitude qu’il cherchait à repousser le moment, qu’il n’était aucunement curieux de savoir ce qui allait se dérouler quelques instants plus tard. En réalité, penser cela c’était partir d’un mauvais postulat. On faisait rarement plus curieux que lui et, lorsqu’il avait tenté de questionner sa soeur celle-ci avait tout fait pour couper court à la discussion. Finn était tenace, mais Siobhán l’était peut-être encore plus que lui.

Il jetait un oeil à sa soeur, de temps à autre, parfois lorsqu’ils marchaient côte à côte, parfois lorsqu’il arrêtait leur progression vers le château pour vérifier pour la douzième fois sa semelle. Elle semblait tendue, étrangement nerveuse et surtout elle n’avait pas râlé une seule fois en comptant le temps qu’ils perdaient à régler de faux soucis techniques. Tout cela était bien louche et Finn commençait à soupçonner sa soeur de l’embarquer dans quelque chose qu’il ne tenait pas particulièrement à faire.

Bientôt, ils approchèrent du premier escalier de marche pour passer la grande porte d’entrée. D’un pas simultané, ils gravirent l’ensemble des marches et s’engouffrèrent dans le hall du château. Là, ils s’arrêtèrent et le bruit des petites fioles dissimulées au fond de la poche de Siobhán cessèrent leur raffut. Au fond de lui, il espérait qu’elle avait apporté des toutes petites flasques de Whisky pur feu. Histoire de rigoler un peu. Finn tendit un peu l’oreille. On entendait seulement l’aiguille d’une horloge qui parcourait avec grand mal le tour du cadran. Grand-père ne devait pas être là. On l’aurait certainement entendu rouspéter du fond de son siège s’il avait entendu la grande porte en bois crisser sur le sol de l’entrée.

Sans rien dire, Finn continua à suivre sa soeur sans rien dire tout en observant les quelques tableaux qui restaient accrochés dans le château. On le saluait de temps en temps et, parfois, lorsque Siobhán avait le dos tourné, il lançait un clin d’oeil à l’un de ses ancêtres qui prétendait être offusqué avant de lui renvoyer un geste de sympathie.

« Super! » lança-t-il à sa soeur alors qu’elle prétendait avoir enfin rejoint leur destination. Il avisa un vieux canapé déchiré et plein de poussière où il envisagea de s’asseoir l’espace d’une seconde avant de changer d’avis. Son postérieur méritait mieux. Il s’appuya sur le cadran de la porte avant d’éternuer comme un troll. « Par Merlin, depuis quand on n’a pas fait le ménage ici? » La question avait davantage était posée pour faire un trait d’humour tant Siobhán avait l’air sérieuse. Il fronça des sourcils alors qu’il l’observait lui couvrir la bouche d’un doigt. Qu’allait-elle lui dire? Qu’est-ce qui lui brûlait les lèvres sans qu’elle n’arrive à le prononcer?

« T’es un peu flippante quand t’es comme ça Sio. » Elle s’éloigna sans rien rétorquer avant de tapoter sur le vieux sofa pour l’inviter à la rejoindre. « Je suppose que je n’ai pas trop le choix. » remarqua-t-il avant de se jeter sur le divan, laissant un immense nuage de poussière s’élever dans l’air. « Pfouah. » commenta-t-il en secouant la main devant ses yeux. « Bon, j’suppose que tu caches pas de Whisky pur feu dans ta poche? » Il la fixa quelques secondes avant de finir par la scruter. « Crache le morceau Sio. J’aime pas quand tu me caches quelque chose. Pas de petits secrets entre nous. » Finn avait horreur de ça et n’envisageait même pas que sa soeur puisse lui cacher quoi que ce soit ou, pire, lui mentir.
Siobhán Gavalagh-Korrigan
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Inventaire
:
Comme elle s'y attendait, Finn était content d'être arrivé à destination. Sa jumelle savait parfaitement combien il pouvait se montrer impatient, et ce genre de mystères qu'elle laissait volontairement planer avait tendance à l'agacer plus qu'il ne voulait bien l'avouer.

Mais c'était de sa sœur, dont on parlait. À elle, il pouvait tout lui excuser. C'était comme ça, depuis toujours. Ils étaient deux, tout en étant un seul. Et nulle vérité ne pourrait jamais aller à l'encontre de ce simple fait.

Quand il s'agissait de leur père, en revanche, c'était une autre histoire. La Korrigan savait à quel point elle allait devoir y mettre les formes pour éviter une scission définitive au sein même de sa famille. Sa concentration était donc plus que nécessaire pour qu'elle puisse espérer atteindre cet objectif qu'elle s'était fixé. Volontairement, elle ne se laissait pas berner par les frivolités de son frère, sans pour autant parvenir à y être totalement indifférente. Finn la faisait rire mieux que personne et Siobhán avait toujours été son meilleur public.

Personne n'était de toute façon mieux placé qu'elle pour annoncer ce genre de nouvelle à Finn. Personne d'autre que sa sœur ne pouvait anticiper ses réactions dans un contexte comme celui-ci.

« C'est pas du Whisky pur-feu, non. Mais je suis sûre que si on cherche bien, tu en trouveras dans un placard. On regardera ça après, c'est vrai qu'on en aura peut-être bien besoin », affirma-t-elle en souriant alors que son frère s'était enfin assis près d'elle.

Elle l'aimait tant qu'il était difficile pour elle de gaspiller du temps à ses côtés pour lui raconter de vieux secrets de famille. Alors qu'ils avaient pourtant toute leur importance dans ce présent, qui était le leur. Mais Siobhán allait devoir se faire violence. Elle avait détesté que son père ne lui cache la vérité ; loin d'elle l'envie de répéter les erreurs qu'il avait commises. Bien sûr, elle aurait pu lui confier la tâche de tout raconter à son fils. Après tout, il en savait au moins autant qu'elle. Peut-être même avait-il continué à dissimuler certains faits. Mais elle savait combien Finn pouvait être impétueux dans les relations avec leur père, et elle ne voulait pas voir leur relation ruinée à tout jamais.

« Je vais tâcher d'aller à l'essentiel, d'accord ? Et quoique je dise, je ne veux pas que tu te fâches contre moi. Et que tu essayes de ne pas trop te fâcher contre papa. »

Son regard s'était levé vers celui de son frère alors qu'elle croisait les jambes, signe qu'elle s’apprêtait à entamer son récit. Elle avait dit papa, parce que malgré toute la colère qu'elle pouvait ressentir à son égard, certaines choses ne s'effaçaient pas. Ce genre d'habitude, par exemple, restait et subsistait même lorsque l'on tenait à les éradiquer.

« Au mois de juin dernier, on a eu ce cours sur la généalogie des gobelins, tu te souviens ? Et bien, c'est bête mais à cette occasion je me suis rendue compte qu'on avait jamais cherché à faire l'arbre généalogique des Gavalagh. Qu'on ne savait rien, de ce côté de la famille. Alors j'ai fait des recherches, à la bibliothèque. Pendant des semaines et des semaines j'ai tout recoupé, toutes les sources que je trouvais, et je suis remontée à environ dix générations. Et en lisant, j'ai découvert qu'une partie de cette famille, qui est aussi en partie la notre, chassait les vélanes. Donc, qu'ils chassaient maman... »

Siobhán reprit sa respiration alors qu'elle sentit quelque chose la piquer au cœur. Se remémorer ces souvenirs n'était pas chose facile, et elle préférait ponctuer son monologue de quelques pauses, laissant çà et là quelques opportunités à Finn d'intervenir s'il le souhaitait.

« C'est là que tu vas probablement t'agacer parce que... Comme je n'étais pas sûre de ce que j'avançais, j'ai voulu voir de mes propres yeux si c'était vrai. Alors je les ai suivis, dans l'Allée des Embrumes, au mois de décembre. Ils ont du sentir ma présence parce que j'ai perdu leur trace et ils m'ont... attaquée. De là, j'ai appris que papa nous avait fait suivre par Flinky, puisqu'il a rappliqué. Puis, on a transplané. Je te passe les détails de notre discussion mais il savait. Il savait et... il n'a rien dit. »

Sa volonté d'être la plus neutre possible n'avait pas abouti. On sentait la colère percer sous les aléas de sa voix alors qu'elle fixait désormais ses mains. Sa cuisse tremblait de manière incontrôlable et incontrôlée.

« Il m'a expliqué qu'il avait fait ça pour nous protéger. On s'est disputés et... Il avait dit qu'il nous aiderait, qu'il ferait des recherches sur les Gavalagh de l'Allée des Embrumes. Quelques semaines sont passées. Il voulait me parler et je ne l'ai pas repoussé. J'ai bien fait, en quelques sortes parce que j'avais oublié de lui poser une question très importante, au mois de décembre. Dans l'arbre généalogique que j'avais réussi à faire, il y apparaissait que maman avait une sœur. Aethelia. Mais je pensais que je m'étais trompée, parce qu'il aurait pu me le dire la première fois, quand on s'est disputés... Mais non, Finn, il nous a juste caché la vérité. On a bien une tante. Et pour toute justification, il m'a donné ça... »

Ses yeux cherchèrent ceux de son frère pour y trouver du soutien, alors qu'elle sortait de sa poche les deux petites fioles que lui avait laissées son père. Finn était le pilier sur lequel elle avait pour habitude de s'appuyer. Elle se demandait comme elle avait pu tenir aussi longtemps sans lui parler de tout ça.

« Tout s'est bousculé ensuite. Je ne maitrisais plus rien. J'ai entendu parler de cette fille, à Poudlard. Eynaelle. Tout le monde disait que c'était une vélane. J'ai voulu la rencontrer. Et quand je lui ai dit mon nom entier, elle m'a regardée comme si j'avais dit une énormité. C'est notre cousine. C'est la fille d'Aethelia. J'en ai la preuve parce que... nos baguettes sont reliées par le Priori Incantatum. Comme nous... »

Sa voix se faisait de plus en plus lourde, sa gorge était sèche. Elle sentait ses yeux se remplir de larmes alors qu'elle était arrivée au bout de ses forces, en même temps qu'elle avait terminé son récit.

« Tu sais tout... Et maintenant, ne nous reste plus qu'à découvrir ce qui sera, je l'espère, le dernier secret. »

Ses yeux étaient rivés sur les deux petites fioles que son père lui avait confiées.

Elle essuya la larme qui s'échappait de son œil, menaçant de venir rouler sur sa joue.

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Inventaire
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tw: réaction violente, vulgarité.


S’il avait rêvé de vertes prairies dans lesquelles se rouler, de la douce brise printanière qui commençait tout juste à souffler sur les plaines irlandaises, du soleil qui réchauffait les peaux gelées et durcies par l’hiver. Tout sonnait toujours mieux lorsque le ciel était bleu et que la lumière perçait à travers les minces nuages qui persistaient. Les oiseaux commençaient tout juste à rechanter après des mois de pépiements discrets et Finn, lui, se décidait souvent à ressortir des pièces un peu plus colorées de son armoire.

Elle était petite en apparence, faite d’un joli chêne brut qui mériterait un léger coup de verni pour raviver toute sa beauté. Lorsque l’on en ouvrait la porte, les curieux y découvraient un espace peut-être cinq fois plus grand où le jeune homme stockait mille et une chose, allant du chapeau de farfadet le plus farfelu qu’il possède à son costume le plus élégant. Avoir une fibre pour la Métamorphose dès le plus jeune âge avait ce petit quelque chose d’utile au quotidien qui satisfaisait particulièrement Finn, bien qu’il prétende ne pas spécialement aimer la discipline. Ou en tout cas, l’attitude de celui qui la lui avait toujours enseignée,  @Luke Korrigan. Lorsque le Korrigan ne pouvait pas se trimballer son armoire, c’est-à-dire presque chaque jour de sa vie, il préférait stocker l’ensemble de ses affaires dans sa valise, dans laquelle il aimait sauter et, parfois même se cacher.

Plutôt que d’être tapi dans sa valise à farfouiller entre ses affaires ou à contempler un vieux poster de rock sorcier, Finn s’était retrouvé ici, à Castel Korrigan. C’était un lieu chargé d’histoire, à la beauté perdue, qui renvoyait le frère de Siobhán à tout ce qu’il avait de vulnérable. Ça lui rappelait lorsqu’il était petit garçon et qu’il ne pouvait pas prétendre que tout allait bien, la découverte de ses talents et la recherche éperdue de réponses qui ne venaient jamais. Castel Korrigan, c’était à la fois l’un des lieux que Finn connaissait le mieux et l’endroit où tout ce qu’il était devenu s’envolait pour laisser la place au petit garçon curieux et égaré.

Savoir que Siobhán avait délibérément choisi de venir ici n’avait rien de réjouissant. Ce n’était pas une simple sortie en famille, un pique-nique entre proches comme certains le font tous les dimanches. Les Korrigan ne faisaient plus cela; tout ce qu’ils savaient faire c’était se déchirer.
Il s’était tranquillement installé sur le canapé aux côtés de sa soeur, masquant là toute l’impatience dont il pouvait faire preuve. Il avait à la fois envie de savoir tout de suite tout en sachant très bien que ce qu’elle avait à dire n’était pas agréable. Il savait également que, tôt ou tard, Siobhán finirait bien par l’attraper par le col pour venir lui coller la vérité en face.

« Ouais, j’parie que tu n’as rien de bien drôle à m’annoncer… » Il afficha une petite moue, déçu que la discussion ne tourne pas à la rigolade. « J’aurais préféré que tu m’racontes la dernière connerie d’ @Edel Almadovar ou de  @Xris Andērson. » confia-t-il en balayant l’air de la main, comme pour chasser ce qu’il venait de dire.  « Bref. » acheva-t-il en s’affalant un peu dans le canapé, manifestant là sa non-envie d’être ici pour écouter des choses aussi sérieuses.

Il ne rétorqua rien lorsque Siobhán souligna ses craintes de voir la famille voler en éclats et se contenta de lever les yeux au ciel avec un soupir, comme un ado de quinze ans à qui l’on fait une leçon de morale véritablement méritée. Elle savait très bien qu’il ne pouvait pas lui faire la tête bien longtemps, Finn finissait toujours par craquer devant la blondinette qui comptait plus que tout dans sa vie. Son père, en revanche, c’était une autre paire de manches. Il l’aimait, mais n’en disait rien. A la place de cela, il préférait lui renvoyer au visage tout ce qui l’exaspérait chez lui. C’était aussi de l’amour, de l’amour vache.

Finn écouta attentivement sa soeur, sans rien dire. C’était certainement le pire, lorsqu’il ne disait rien.

« Attends. T’es en train de dire que t’as fait tout ça dans mon dos sans jamais rien me dire? » demanda-t-il, visiblement piqué, comme pour être certain d'avoir bien compris. Elle lui avait donc caché quelque chose, presque menti par omission. C’était comme si, d’une certaine manière, sa soeur l’avait trahi. Etait-ce cela qui le tracassait dans le fond? Savoir que sa mère avait été chassée pour ce qu’elle était le remuait plus qu’il ne voulait l’admettre. Son sourcils se froncèrent en même temps que la contrariété s’installait sur son visage. Il ne dit rien de plus, contenant du mieux qu’il pouvait les pensées qui débordaient dans sa tête.

Ce fut bientôt son coeur qui s’emballa, sa raison qui s’embruma. Siobhán avait été seule dans l’allée des Embrumes? Papa savait tout cela? Finn lui, comme d’habitude, avait été mis à l’écart de tout? Rien n’allait. Le jeune homme serra des dents alors qu’il fixait sa soeur d’un air involontairement dur. Il ne la regardait pas réellement, elle qui se renfermait sur elle pour dissimuler tout trait de faiblesse. Finn réfléchissait, collant morceau après morceau pour former un puzzle qui n’avait ni queue ni tête.

Une tante… Eynaelle… La preuve…



« C’est quoi cette merde? » lâcha-t-il en se levant d’un bond, fuyant directement sa soeur qui lui tendait deux fioles. Il savait pertinemment ce que c’était, que ce qui suivrait serait un bond douloureux dans le passé. « Et puis c’est quoi cette histoire? T’as été dans l’allée des Embrumes toute seule? Ça va pas la tête?! » Se mit-il à hurler, véritablement furieux. En réalité, Finn s’agaçait plus de savoir ce qui aurait pu lui arriver. « Tu te rends compte au moins de ce que t’as fait? Il aurait pu t’arriver tout et n’importe quoi là-bas! » Cria-t-il, perdant tout son sang-froid. « Ca t’a même pas traversé l’esprit une seule seconde de m’en parler?! C’est quoi le problème, ton frère est trop faible pour assumer quoi que ce soit?! T’aurais fait quoi si Flinky n’avait pas été là et qu’il t’était arrivé une bricole! »

Finn était devenu tout rouge. Il regarda les larmes qui commençaient tout juste à perler sous les yeux de sa soeur. Il soupira et arrêta d’agiter ses bras dans tous les sens pour venir les plaquer contre sa poitrine, fermement croisés. Il lui tourna le dos pour se diriger vers l’un des murs puis lui asséna un grand coup de poing. Sa colère pris la forme d’un léger trou dans ce mur déjà affaibli par les années. Sa main vint ensuite recouvrir ce trou et son front vint se loger tout contre le mur, le temps que Finn reprenne ses esprits. Il n’était qu’un con. Un con qui ne maîtrisait rien.

« … J’suis désolé… » murmura-t-il entre ses dents. Il resta là quelques secondes de plus avant de se retourner vers Siobhán. Il marcha un peu vers elle avant de s’accroupir devant elle, à la hauteur de ses genoux. « J’suis désolé Siobhán, j’suis vraiment con parfois… » Il posa son front contre ses genoux, fuyant son regard. « Tu m’en veux? » Demanda-t-il avant de poursuivre tout bas. « Pourquoi tu m’as rien dit? J’aurais pu t’aider… J’aurais pu te protéger… » C’était une femme maintenant, mais ce serait toujours sa petite soeur.

Il s’assit en tailleur par terre, entre les moutons de poussière et les débris arrachés par le temps, et passa une main sur ses yeux avant d’oser la regarder. « Si tu veux regarder ça, compte sur moi. » Il n’en mourait pas d’envie, mais il voulait être là pour sa petite soeur.
Siobhán Gavalagh-Korrigan
Serpentard

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Siobhán Gavalagh-Korrigan
   
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Sang : Sang-pur pour les uns, sang souillé pour les autres.
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Côté Cœur : Vide.
Multis : Yara Morães De Carvalho, Riley Fitz.
FICHE DE PERSO

Dossier du Ministère

Situation actuelle
: Héritière d'une éminente famille sang-pur irlandaise, les Korrigan, demie-vélane du sang de sa mère en perte de repères depuis le chaos du Procès Longerbane, Siobhán sait qu'il va lui falloir faire des choix pour se permettre d'exister en tant qu'hybride dans une société qui ne veut pas d'elle et défendre ceux qui, comme elle, sont forcés à vivre dans l'ombre des sorciers. À l’abri des murs de Poudlard, dans sa maison Serpentard où elle officie en tant que préfète, son secret est encore bien gardé. Mais pour combien de temps ?

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Two hearts in one home


Finn & Siobhán


Sans grande surprise, la voix de son frère jumeau, implacablement ferme, avait tranché l’air. Cinglante comme elle pouvait l’être dès que Siobhán sortait un tant soit peu des sentiers battus. Dès qu’elle s’autorisait à faire autre chose que ce qu’on attendait d’elle, la voix des hommes de sa vie résonnait en un écho frénétique dans son cœur, l'empêchant de s'animer comme elle le voulait. En voulant à tout prix la garder près d'eux, ils allaient finir par la faire partir. En avaient-ils seulement conscience ?

La vélane avait pourtant demandé à Finn, quelques minutes plus tôt, de ne pas s’énerver. Pourquoi lui aussi prenait-il la liberté de faire toujours le contraire de ce qu’elle souhaitait ? Elle sentit sa mâchoire se crisper à cette pensée, lassée de ces démonstrations de force dans lesquelles elle n'avait jamais son mot à dire.

Il n'y avait rien de pire que d'enfermer dans une cage dorée un oiseau capable de voler. Il n'y avait rien de pire que de priver quelqu'un de liberté, surtout s'il cherchait depuis de nombreuses années à s'affranchir des chaînes qui le tenaient.

Les larmes coulaient toujours sur ses joues, mais un revers de main suffit à les effacer comme si elles n'avaient jamais existé, laissant la voie libre à la colère qui montait jusque dans ses traits. Un goût amer d'injustice qu'elle n'était définitivement pas prête à accepter naquit sur sa langue et coula jusque dans sa gorge. Elle n'était pas la vraie coupable, là-dedans. Personne ne pouvait lui en vouloir d'avoir cherché des réponses à ses questions. D'être partie en quête de sa propre identité. Ni Finn, ni son père, ni qui que ce soit d'autre. Quant au fait qu'elle s'était délibérément mise en danger, il s'agissait là de son libre-arbitre. Et ça non plus, personne ne pourrait jamais le lui enlever.

« Est-ce que je suis en train de rêver ou tu m’en veux plus à moi, qui n'ai rien dit pendant quelques semaines tout au plus, le temps de savoir où me menaient ces recherches, plutôt qu'à papa qui nous a caché un pan de notre famille depuis le jour où on est nés ? »

À son tour, sa voix s'était faite impitoyable. Si Finn devenait dangereux quand il ne disait rien, Siobhán n'avait pas besoin de se lancer dans une démonstration de force contre un simple mur qui n'avait rien fait à personne. Non. Son ton et son regard suffisaient généralement à faire transiter toute la puissance des émotions trop fortes pour être retenues. Son frère jumeau allait sans peine comprendre qu'il était en train de flirter avec ses limites, à défaut d'une autre femme qu'elle dans son champ de vision.

Toute son attention fut reportée sur sa respiration, alors que la pression de ces derniers mois retombait autour d'elle en une pluie de poussière. Sa poitrine se soulevait dans un rythme qu'elle tentait peu à peu de s'imposer, plutôt que de subir la course effrénée de ce cœur qui se battait contre lui-même. Contrôler lui permettait de ne pas se laisser partir. Inspirer, expirer. Finn était son frère, celui qui avait grandi à ses cotés. C'était ainsi qu'il était, fougueux et et impétueux, comme le sang qu'ils partageaient.

Très vite, Siobhán reprit la maîtrise de la discussion, alors que son frère lui faisait face et qu'elle pouvait lire dans ses yeux toute la peine qu'il ressentait face à cette situation. La Korrigan ne pouvait pas lui en vouloir. Elle n'était rien d'autre qu'un dommage collatéral. Lorsqu'elle l'avait elle-même appris, c'était à son père qu'elle s'était attaquée. Même si lui avait son entière part de responsabilité.

L'Irlandaise attrapa les mains de son frère dans les siennes, sans dire un mot. Elle n'avait pas besoin de parler pour lui dire qu'elle ne lui en voulait pas. Il était la moitié d'elle, et l'on ne pouvait décemment pas vivre avec une partie de soi qui viendrait à manquer.

« De toute façon, j'ai lancé mon plus beau Confringo et je les ai explosés », lâcha-t-elle avec un petit sourire en réponse à ce frère qui voulait à tout prix la protéger.

Comme si elle était incapable de s'en charger elle-même. Finn avait toujours été comme ça, les yeux posés sur sa sœur dès qu'ils n'étaient plus rivés sur son propre chemin. Mais malgré tous ses efforts, et même avec toute sa volonté, il ne pourrait pas l'empêcher de tomber, ni de se relever. Il devait prendre conscience que c'était précisément dans ses moments de liberté qu'elle étincelait et qu'elle apprenait à se faire confiance.

Mais il n'était pas prêt. Siobhán le savait. Comme si la laisser partir signifiait qu'elle allait l'abandonner alors que cette idée n'avait jamais effleuré son esprit. Pas une seule seconde de sa vie.

« Je suis en train de tout te dire, justement parce que je n'aurais jamais pu te le cacher. Je crois... que j'avais juste besoin de temps pour accepter. Je suis sûre qu'au fond de toi, tu le comprends. »

Pour ne pas prendre le risque de se perdre dans ses pensées, la Serpentard avait repris le fil de leurs échanges. Son nez la chatouillait à force de respirer les fines particules de poussière qui finiraient par les étouffer s'ils passaient trop de temps dans cette vieille bâtisse dans laquelle elle ne s'était jamais sentie chez elle.

« Ce n'est pas une question de vouloir, Finn. Il faut qu'on regarde ces souvenirs. Qu'on ait enfin toutes les clés sur ce qu'on est. Je ne peux pas décemment avancer là-dedans sans toi. Ces mémoires, ce sont des fragments de nous, de toi, de moi. Il n'y a qu'avec toi que je peux les regarder. Tu es mon alter ego. »

Ses poings appuyés fermement sur l'assise qui l'avait accueillie, Siobhán se releva, non sans embrasser le front de son frère en signe de paix. Ses pas la guidèrent vers la pensine, au fond de la pièce. Celle-ci s'avançait à mesure que la vélane s'en approchait.

« Tu es prêt ? », lui demanda-t-elle en montrant les deux petites fioles qui tintaient entre ses doigts.



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An té nach bhfuil láidir ní foláir dó a bheith glic
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L’allée des Embrumes était connue pour être un lieu de haute criminalité duquel il valait mieux se tenir éloigné. Entre individus aux intentions essentiellement malhonnêtes, arnaques sur la marchandise et autres délits tous aussi graves les uns que les autres, Finn se jugeait en droit de réagir d’une telle manière. Sa soeur était une sorcière talentueuse qu’il admirait tout particulièrement, tant pour son talent que pour son caractère, bien plus tempéré que le sien. S’il ne doutait pas de ses capacités de défense, il n’oubliait pas les autres sorciers de talent qui erraient sur les étals de cette allée. Si l’on mettait de côté les Gobelins roublards et les Verts-Galants, il demeurait toujours un groupe hétéroclite de personnes prêtes à enfourcher la tête du premier venu imprudent qui viendrait croiser leur chemin, aussi talentueux soit-il.

S’il était une gentille fripouille, Finn ne tolérait pas qu’un autre ne s’approche de trop près de Siobhán. Il avait déjà perdu une mère qu’il n’avait pas connue ainsi qu’un pan entier de sa famille. S’il perdait sa moitié, jamais il n’y survivrait. Siobhán était sa petite soeur, celle qu’il s’était fait un devoir de protéger quelle que soit la situation: amoureuse, familiale, amicale. S’il ne voulait pas jouer le rôle d’un aigle qui surveillerait éternellement le nid, Finn admettait avoir du mal à la laisser battre de ses propres ailes. Elle était devenue une charmante jeune femme, au caractère bien trempé, et elle ressemblait tant à leur mère si l’on en croyait leur père.

Finn aurait simplement souhaité accompagner sa soeur. Comme lorsqu’ils étaient gamins et qu’ils ne faisaient jamais une bêtise l’un sans l’autre. Aller seule dans l’Allée des Embrumes, c’était une sacrée connerie et l’on ne pouvait que remercier Flinky d’avoir su se trouver au bon endroit, au bon moment.
Le jeune homme se sentait tout simplement piégé, tiraillé entre l’envie de gronder sa soeur, lui qui faisait tant d’âneries, et l’envie de la féliciter pour la témérité dont elle avait fait preuve. C’était bien là sa soeur, après tout. Qu’aurait-il fait, lui? A bien y songer, probablement la même chose. Aurait-il soumis l’idée à sa soeur? Non, pour la protéger. Aurait-ce été intelligent? Probablement pas. Mais il aurait fait la même chose.

« Tu m’fatigues. » lâcha-t-il après s’être excusé, décidant franchement de baisser les armes. Il ajouta cela avec un léger sourire, signe que tout était déjà oublié. « Mais j’peux te dire que si t’étais revenue amochée, j’aurais bien plus gueulé que ça, t’as de la chance! » Il croisa les bras en levant les yeux au ciel. La pauvre, elle n’avait pas assez de leur père, il fallait que lui aussi en rajoute une bonne couche.

« D’ailleurs, en parlant de papa… C’est pas la même chose. Tu peux pas comparer. » Les deux avaient fait voeu de protéger les siens, mais il ne s’était pas mis en péril pour leur cacher un si grand secret. « Au fond de son fauteuil, il ne risquait pas grand chose. Alors que toi t’aurais pu te faire agresser. Ou tuer. »

Il souffla fort, se gratta l’arrière de la tête puis son visage se transforma peu à peu, déviant doucement de la colère obstinée à la douceur même. Il s’était excusé, presque d’un ton inaudible, comme un gamin qui avait fait une bêtise mais ne voulait pas l’admettre. Dans le fond, même s’il ne le dirait pas pour ne pas attirer les foudres de sa cadette, sa réaction était loin d’être exagérée. Peut-être qu’elle aussi aurait réagi comme ça, à lui faire la morale à tout bout de champ. Ils étaient aussi irrécupérables l’un que l’autre, qu’elle veuille l’admettre ou non, et de temps en temps Finn plaignait leur pauvre père qui avait dû gérer deux enfants comme eux à la fois, tout seul.

« Heureusement que tu t’en sors bien. J’sais pas ce que j’aurais fait. Par chance, papa et maman ont fait au moins un enfant intelligent sur les deux. » Il se retourna pour observer sa soeur. Il passa une main dans ses propres cheveux, d'un geste particulièrement exagéré. « Après… J’ai pas dit lequel des deux. » Son sourire s’agrandit un peu plus, heureux d’avoir pu glisser une petite plaisanterie.


Finn prit alors un air tout mignon, cherchant par la même occasion à adoucir sa soeur et… à l’amadouer, il fallait bien le dire. Il regrettait parfois de ne pas pouvoir user de ses charmes sur sa soeur, histoire de remporter la bataille un peu plus souvent.

Cet air de joli coeur disparut bien vite alors que Siobhán revenait à la charge, déterminée à découvrir les souvenirs que contenaient ces deux misérables fioles. Deux tous petits objets qui pouvaient changer le cours de leur existence.

Etait-il prêt à la suivre dans tout cela? « Il faut bien. » avait-il répondu en haussant les épaules. Il posa une main sur le sol plein de poussière pour prendre appui et se releva avant de marcher, calmement, jusqu’à la pensive où l’attendait Siobhán.

« C’est parti. Profites-en avant que je change d’avis. »
Siobhán Gavalagh-Korrigan
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Finn & Siobhán

Le 13 février 2023.

CW : Mort en couche

Le silence était de mise face aux habituelles railleries de son frère. Les jumeaux ne restaient jamais fâchés très longtemps. La faute à cet amour incommensurable qu'ils se portaient, alors qu'ils avaient tous les deux appris à grandir sans l'amour d’une mère qui leur avait tant manqué. Alors, il avait fallu compenser. En se tenant plus fort lorsque l'un d'eux tombait, en s'écorchant plus à vif lorsqu'ils se disputaient, en s'aimant un peu plus à chaque fois qu'ils respiraient. Ils étaient chacun une moitié, et ensemble ils formaient un tout. Personne ne pouvait comprendre ni juger le lien qui subsistait entre ces deux êtres qui s'étaient vus donner la vie à quelques minutes d'intervalle.

Finn était sa plus grande faiblesse parce qu'il voyait ce qu'elle s'efforçait de garder invisible. Parce qu'il savait le sens qu'elle donnait à ses silences. Parce qu'il parvenait à lire ce qui n'avait jamais été écrit. Comment pouvait-elle sciemment lui en vouloir de la considérer ainsi ? Comment aurait-elle réagi si elle avait appris qu'il s'était mis en danger et qu'il ne l'avait pas prévenue ? Qu'aurait-elle fait s'il lui était arrivé quelque chose ? Siobhán n'osait même pas l'imaginer. Il n'existait aucun monde dans lequel son frère n'était pas à ses côtés. Aucune planète où l'un n'était pas là pour rattraper l'autre s'il tombait. Ils étaient nés à deux, ils mourraient à deux.

Lorsqu'il la rejoignit et se posta sagement à ses côtés, l'Irlandaise ne put s'empêcher de prendre sa main avec un sourire, consciente de l'effort qu'il était en train de mener pour l'accompagner. Si c'était une autre personne qui lui avait demandé, Finn aurait probablement refusé. Parce que son frère n'était pas le genre d'homme à se laisser transpercer par la vérité, plutôt de ceux à se laisser couler dans une réalité qui lui convenait. Sa jumelle était là pour le secouer, quand il le fallait, quand elle le devait.

Un dernier regard fut lancé avant d'ouvrir la fiole et déverser son contenu dans la pensine.

« On y va. »

Et tous deux plongèrent leurs visages dans ce liquide qui ne les mouilla même pas, se contentant de les aspirer, à l'instant où ils furent trop près, et de les immerger dans la violence d'une vie passée.

Ni Finn, ni Siobhán ne s'était préparé à atterrir dans une chambre d’hôpital où une femme à la chevelure de feu hurlait à la mort dans ses draps tâchés de sang. À ses côtés, un homme qui se confondait dans le mutisme en serrant sa main — ou plutôt, en la sacrifiant à sa femme qui l'étreignait aussi fort qu'elle le pouvait. Sur son visage, un @Luke Korrigan plus jeune, dont les traits étaient bien moins tirés qu'au présent, laissait échapper des larmes fugaces mais intenses. La demie-vélane n'eut pas besoin de regarder son frère pour comprendre que leur père leur avait donné un souvenir des dernières minutes de vie de leur mère.

La Serpentard prit tout à coup soudainement conscience de leur ressemblance qu'elle n'avait jusqu'ici constatée qu'en photos et fut prise d'un sursaut. Elle laissa son frère l'attirer à lui alors qu'elle restait sans voix, pétrifiée par ce qui était en train de se dérouler sous ses yeux. Les larmes montaient, mais la véhémence du choc les retint à l'intérieur d'elle. Son regard était figé sur sa mère alors qu'il basculait de temps en temps vers les yeux de son frère, qui restait tout aussi muet qu'elle.

Ether perdait trop de sang, ce n'était pas normal. Quelque chose ne tournait pas rond. Les médecins se regardaient en chiens de faïence. Il aurait fallu être aveugle pour ne pas comprendre ce qui se tramait.

Les deux bébés furent extraits en bonne santé. Finn, le premier, pleurait et criait toujours quand sa sœur vint le rejoindre, s'unissant en dans une seule clameur, partageant leur détresse d'avoir quitté la bulle qui les protégeait. La vélane sur le lit, elle, était à bout de souffle. Littéralement. Dans ses dernières respirations, les plus difficiles qu'elle eut jamais à mener, le spectre de ses deux enfants la vit se pencher vers son mari. Siobhán et Finn connaissaient la suite.

Leur mère aussi.


« Protège-les des miens. Ils ne doivent pas savoir qu'ils existent. Ils ne peuvent pas savoir qu'ils sont nés. »

Luke, atterré à ses côtés parce qu'il avait compris aussi, répondit dans un sanglot la seule phrase admissible dans ce genre de situation, adressée à son épouse mourante : « Je te le promets. »

Le décor s'effaça brusquement autour d'eux, comme si l'encre du dessin de ces souvenirs venait soudainement d'être baignée dans l'eau. La précision des traits se défaisait, les contours nets de ces secrets trop longtemps gardés se diluaient.

En un rien de temps, Finn et Siobhán étaient de retour à Castel Korrigan. Dans le présent.

La vert-et-argent prit appui sur la pensine alors qu'elle était secouée par des nausées. Elle comprenait pourquoi Luke avait voulu leur montrer ce souvenir, prouvant ainsi à ses enfants qu’il n’avait fait rien d’autre que de respecter la mémoire de celle qui les avait quittés. Mais Siobhán aurait préféré ne jamais se voir donner la mort à sa propre mère.

« Je suis désolée Finn, je ne pensais pas... Je ne pensais pas qu'il allait nous montrer ça, je... »

Sa poitrine se soulevait trop rapidement alors que sa respiration se faisait de plus en plus haletante. L’émotion montait et les larmes qui avaient menacé de s’écouler restaient encore en suspend. Mais plus pour très longtemps.

Elle l'avait tuée.

Elle le savait depuis longtemps, mais le voir était bien différent.

« C'est ma faute, j'aurais jamais du me frotter à tout ça. Finn, tout est de ma faute... Absolument tout… Je te demande pardon… »

Des gouttes salées roulaient sur ses joues alors qu’elle entourait le corps de son frère avec ses bras.

Rien de plus, seulement ça.

Derrière la femme, la petite fille qui s’était construite autour d’une culpabilité que personne n’avait jamais réussi à apaiser.



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On ne pouvait dire que Finn faisait preuve d’une bien grande bravoure ce jour-là. Siobhán adoptait un air si sérieux qu’il était difficile d’envisager quoi que ce soit de bon sortir de cette situation. Son visage était presque crispé, tendu par tous les scénarii qu’elle avait pu imaginer, tiré par la fatigue qui avait dû la garder éveiller pendant plusieurs nuits durant. Son visage de porcelaine était celui d’une actrice de drames, poignant pour son frère qui y lisait toutes ses angoisses, terrifiant pour l’enfant en lui qui préférait en partie ensevelir les problèmes. Car tout ce que Finn voyait dans ces mains aux longs doigts fins, c’était le risque de voir un malheur s’abattre sur eux. Ne seraient-ils pas plus heureux dans la brume qu’au fin fond des ténèbres?

Lorsque ses yeux se posèrent sur Siobhán, tout un tourbillon d’émotions l’envahit peu à peu, torturant le fil de ses pensées aussi facilement que l’on tord un fil de fer. La colère d’apprendre un geste trop peu calculé, la peur d’avoir pu perdre la moitié de ce qu’il était, la culpabilité de rajouter une couche au trop-plein d’émotions de sa soeur, l’angoisse de vivre quelque chose qui pourrait les abîmer à tout jamais. Et, par dessus-tout, un amour inconditionnel pour celle avec qui il partageait sa vie depuis toujours.

Ses pas, prudents, le guidèrent doucement vers Siobhán. Ses mains se posèrent sur le rebord de la pensine alors que le jeune homme scrutait l’eau stagnante d’un oeil contemplatif. La main de sa soeur vint prendre la sienne, qu’il serra peut-être davantage que l’usage ne le permettait. Une poigne qui reflétait l’effort que faisait Finn. Son regard se posa dans celui de sa soeur, à la recherche d’une dernière flamme de courage. Je le fais pour toi, semblait-il lui dire lui murmurer avec les yeux, sans jamais rien prononcer.

Il observa Siobhán ouvrir la fiole puis en déverser le contenu dans la pensine. Un geste brave et résolu. Elle était prête à ouvrir un nouveau pan de son histoire. Finn l’était-il réellement? Une parole de sa soeur suffit à ce qu’il embarque dans cette nouvelle épopée. L’heure n’était plus à la réflexion. Son visage plongea à la suite du sien dans cette eau teintée de souvenirs.

En l’espace de quelques secondes, les deux étudiants se trouvaient plongés dans le passé, ce passé si souvent tu par leur père et considérablement mystérieux.
Le regard de Finn se posa sur cette femme, hurlant de douleur au fin fond de son lit, couleur rouge carmin. Il en resta sans voix, comme si tout son souffle s’était évaporé en un instant. Il cru même étouffer pendant un instant. Les secondes défilaient au ralenti tandis que les cris heurtaient chaque coin de la pièce, résonnant en un écho infernal.

Le Serpentard fit un pas en arrière puis dévisagea celui qui venait d’échapper un long sanglot. Son père. S’il voyait une ressemblance entre lui et leur père, ce n’était rien comparé à Siobhán et leur mère. C’était son portrait craché. Le portrait d’une femme déchirée par la douleur alors qu’elle offrait la vie à ses deux bambins. Son regard se détourna enfin pour se poser sur sa soeur, conscient de l’épreuve qu’elle traversait elle aussi, la culpabilité probablement à son paroxysme.

Il tira fermement sur le bras de Siobhán pour la détourner de l’horreur qui se déroulait sous leurs yeux. Il l’enserra aussi fort qu’il le pu, retenant sa tête tout contre sa poitrine comme pour lui cacher le cauchemar qui se déroulait à deux pas d’eux.

Un cri poignant, son premier cri, lui fit tourner la tête. Jamais Finn n’avait parlé de sa propre culpabilité. Il avait essayé de laver sa cadette des mêmes tourments qui le hantaient. Lui aussi était né ce jour-là. Peut-être que s’ils étaient nés un autre jour, les choses auraient été différentes. C’était lui qui avait amorcé l’horreur. Siobhán n’avait fait que tout abréger.

Les yeux de la Serpentard étaient restés tout du long rivés sur leurs parents. Tous deux écoutaient cette voix qui suppliait leur père de protéger leurs enfants. Cette voix qu’ils n’avaient jamais entendu vibrer et qui finissait d’achever Finn. Alors que la promesse qui scellerait leur destin venait d’être prononcée, les deux étudiants furent aspirés pour être transportés de nouveau vers le présent.
Un présent si sombre malgré le voile qui venait d’être levé. Finn aurait voulu partir, déguerpir à longues enjambées, mais il était comme paralysée.

Il usa de ses dernières forces pour envelopper Siobhán de ses bras. « Tu n’y es pour rien. C’est stupide, mais c’est la faute à pas de chance… » C’est ce qu’on aimerait qu’on lui dise. C’est probablement ce qu’il continuerait à se dire pour ensevelir sa propre peine.

Ou alors j’y suis autant pour quelque chose que toi. 

Finn resta figé un long moment, écoutant la poitrine de Siobhán se soulever sous des vagues de pleurs inconsolables. Il caressait ses cheveux, tentant d’apaiser sa toute petite soeur, ce petit être autrefois si déterminé devenu si fragile.

Sa propre peine éclaterait aussi en mille morceaux, un jour ou l’autre.

Siobhán Gavalagh-Korrigan
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Siobhán Gavalagh-Korrigan
   
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Sang : Sang-pur pour les uns, sang souillé pour les autres.
Particularités : Hybride — demie-vélane — half heaven, half hell.
Profession : 5ème année — Membre du club de soin aux créatures magiques — Préfète de Serpentard.
Côté Cœur : Vide.
Multis : Yara Morães De Carvalho, Riley Fitz.
FICHE DE PERSO

Dossier du Ministère

Situation actuelle
: Héritière d'une éminente famille sang-pur irlandaise, les Korrigan, demie-vélane du sang de sa mère en perte de repères depuis le chaos du Procès Longerbane, Siobhán sait qu'il va lui falloir faire des choix pour se permettre d'exister en tant qu'hybride dans une société qui ne veut pas d'elle et défendre ceux qui, comme elle, sont forcés à vivre dans l'ombre des sorciers. À l’abri des murs de Poudlard, dans sa maison Serpentard où elle officie en tant que préfète, son secret est encore bien gardé. Mais pour combien de temps ?

Dé utilisé
: Dé Amateur (50%)

Maturité Magique (MM)
:
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Potentiel Magique (PM)
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Rigueur Magique (RM)
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Expérience Magique (XM)
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Témoins de l'Histoire
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Inventaire
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Two hearts in one home


Finn & Siobhán

Le 13 février 2023.

Des sanglots lancinants, puissants, soulevaient sa poitrine. Et ce, pendant de nombreuses minutes, sans que Siobhán ne puisse se calmer, malgré la main de son frère sur ses cheveux, tentant avec douceur de l'apaiser. Si au départ, les larmes coulaient à flots en réaction à ce que les jeunes Korrigan venaient de voir de ses propres yeux, plus le temps passait, et plus la cause de ses pleurs prenait un autre virage.

Sans le vouloir, la vélane avait infligé à son frère une douleur dont il aurait pu se passer si elle avait été assez forte pour la vivre seule. L'on pouvait lire une pointe d'égoïsme dans ce qui se voulait, au départ, un acte désintéressé, initié pour mettre fin à tant de secrets qui n'avaient pas lieu d'être. Et elle s'en voulait. Profondément.

« J'aurais pas du te montrer ça. J'aurais pu me contenter de les regarder seule et de te les raconter et au lieu de ça... Au lieu de ça je t'ai fait du mal. T'avais rien demandé. Je te demande pardon. Pour tout. »

Sa demande se faisait insistante. Parce qu'elle devait se faire pardonner sur plusieurs plans ; même si Finn disait le contraire, rien de ce qu'il aurait pu affirmer n’apaiserait la douleur d'une jeune femme intimement persuadée depuis qu'elle avait l'âge de penser, qu'elle était la cause vivante du décès de sa mère. Et puis, plus le temps avançait, plus elle s'en voulait d'avoir trainé son frère dans des histoires de famille dont il n'avait, lui, jamais eu besoin pour se sentir lui-même.

S'il y avait un des deux jumeaux qui avait toujours su utiliser ses atouts et se les approprier, c'était bien lui. Siobhán, elle, n'avait fait que se refouler, comme la mer et ses vagues qui venaient inlassablement soulever le sable dans d'interminables va-et-vient dont on ne voyait jamais la fin.

Son rythme cardiaque et sa respiration se calmaient peu à peu, se calant sur ceux de son frère. Il était toujours là pour elle. Il n'avait jamais cessé de l'être et quelque chose lui disait que rien ne pourrait jamais les séparer. Probablement pouvait-on y voir un présage trop optimiste : pour elle, ce n'était rien d'autre que l'image certaine de son destin. Il ne pouvait y avoir Siobhán sans Finn.

Cette version d'elle n'existait pas, et elle n'existerait jamais.

La seconde fiole de verre tenait toujours dans sa main et marquait progressivement sa paume déjà rougie par un sang qui circulait mal. Il était certain que leur calvaire n'était pas terminé, dans sa quête égoïste pour le passé.

Mais cette fois, elle ne referait pas la même erreur. Il était hors de question qu'elle l'entraine dans une nouvelle mémoire du passé et qu'il se sente forcé.

« Ecoute Finn...», commença-t-elle en se rapprochant de lui, les yeux rougis par l'émotion qui l'avait ébranlée. « On peut s'arrêter là, si tu veux. Je crois... Qu'on en a vu assez pour une seule journée. On n'est pas obligés d'aller plus loin. Je commence à penser que ce n'était pas une si bonne idée que ça finalement. »

Jamais elle n'aurait cru  @Luke Korrigan capable de montrer un souvenir aussi violent à ses enfants qui n'avaient jamais véritablement réussi à faire le deuil de leur mère. Tout comme lui, d'ailleurs. Parce qu'il ne s'en était jamais remis. Ça n'était pas un secret : il n'avait pas refait sa vie. Et ces réminiscences montraient bien qu'il avait encore du mal à avancer. Que ses choix passés l'impactaient encore au présent.

Mais la vérité liée à ce soudain revirement de situation initié par Siobhán était encore bien plus profonde et laide que ça.

Elle rebroussait chemin parce qu'elle ne savait pas si elle serait assez forte pour regarder la suite. S'éloignant de son frère et s'extirpant tout doucement de son étreinte, elle leva ses yeux vers lui pour essayer de saisir tout ce qu'il pensait mais ne disait pas à haute voix. Puis, ses pupilles se baissèrent vers cette fiole dans sa main. Attrapant les doigts de son frère, elle y déposa le petit flacon de verre, rempli d'un liquide transparent, avant de refermer sa paume dessus.

« On fait comme tu le sens. Comme tu le veux. Si tu veux qu'on le regarde, on le regarde, et sinon... on rentre à Poudlard. »


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Inventaire
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Serrée tout contre lui, Siobhán pleurait toutes les larmes de son corps, secouant Finn à mesure que ses doigts caressaient les cheveux de sa petite soeur en geste de consolation. Rien ne pourrait jamais apaiser toute la peine qu’elle ressentait, encore moins la douleur qui traversait chacune de ses veines si ce n’est beaucoup de temps et une inondation d’amour.
A chaque nouvelle secousse, à chaque nouveau pleur, le Serpentard sentait son coeur se briser un peu plus, sa carapace se fissurer davantage.

Voir, sentir, savoir sa soeur pleurer était certainement l’une de ses plus grandes faiblesses, ou au moins celle qui était la plus visible. Il aurait cassé la gueule à celui qui osait s’en prendre à elle et à la martyriser ainsi. Or, ce jour-ci, à qui pouvait-il bien aller tordre leur bras? Leur père, Luke? Pas vraiment. Il ne comprenait pas l’intention qui s’était cachée derrière ce triste présent et, bien qu’entretenant une certaine rancoeur contre son père, il le savait assez éperdu d’amour pour sa fille pour ne pas chercher à la détruire. Il avait gardé ce secret si longtemps et si précieusement que seule de la gratitude pouvait échapper des lèvres du jeune Korrigan. Il s’abstiendrait de le dire mais il était infiniment reconnaissant de ne pas avoir eu à vivre cette épreuve plus tôt.

« Ne dis pas de choses pareilles Siobhán. » Finn sentait dans les paroles hachées de sa cadette tout le regret de l’avoir entraîné dans une telle aventure. Plus d’une fois, le jeune homme s’était senti rejeté, exclu. Une part de lui ne pouvait que la remercier de l’avoir choisi pour entamer ce chemin avec elle. Ça non plus, il ne le dirait pas. « Si je l’ai fait, c’est que j’ai bien voulu. Tu vas pas aller croire que toi, p’tite Sio, tu as convaincu ton grand frère costaud et têtu de faire quelque chose qu’il ne voulait pas faire? » Il recula un peu pour lui adresser un sourire, tenant son visage entre ses deux grandes paumes puis l’embrassa sur le front. « Cesse de dire ce genre de bêtises. » continua-t-il en la fixant droit dans les yeux, le regard empli de bienveillance. On ne pouvait dire que ç’avait été une partie de plaisir, mais lui aussi avait beaucoup appris de ces souvenirs.

Si une vraie tempête s’agitait sous son crâne, Finn faisait tout ce qu’il pouvait pour contenir l’immense vague de stress qu’avait causé ce voyage dans la pensine. Son rythme cardiaque s’apaisa, l’étonnant même au plus haut point. D’ordinaire, si un peu de pression menaçait de tout faire exploser, il y avait plus de chances que l’orage éclate plutôt que le nuage finisse par passer de lui-même. Mais pour Siobhán, Finn aurait fait n’importe quoi. Pour elle, il était capable de tout. S’apaiser était la meilleure chose qu’il puisse faire pour embarquer Siobhán dans son sillon.

Après quelques longues secondes où la Serpentard semblait réfléchir, cherchant certainement un peu de courage pour braver une nouvelle épreuve, elle sortit de sa poche une deuxième petite fiole. Souhaitait-elle vraiment s’infliger ça de nouveau? « Siobhán, tu n’es pas obligée de subir tout cela le même jour. » commenta-t-il, sentant sa soeur fléchir un peu. Elle s’éloigna doucement de lui, comme si elle était à la recherche de quelques miettes de bravoure qui se seraient cachées sur les vieux papiers-peints de la pièce.

Finn songea brièvement à leur père,  @Luke Korrigan, absent. Il ne pouvait le lui reprocher, bien que ses enfants auraient certainement apprécié un peu de soutien. A bien y penser, Finn n’aurait certainement pas réagi de la même manière. Peut-être que, dans un accès de colère, il aurait même réussi à lui reprocher de leur avoir montré cela. Son absence, dans le fond, était certainement la meilleure décision qu’il aurait pu prendre pour les protéger et pour se préserver. Il n’en parlait jamais, mais Finn sentait à quel point la perte de leur mère l’avait rendu malheureux. Leur père n’avait jamais tourné la page, et eux non plus même s’ils ne l’avaient jamais connue.

Il tendit la main pour attraper la fiole qu’elle lui confiait. « Siobhán, si c’est trop difficile, je peux aussi le faire seul. » Finn resserra ses doigts sur ceux de sa soeur. « Je ne te laisserai pas le faire seule. Je serai là si tu souhaites le faire avec moi. »


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