silhouettes (iris)

L'effervescence des fêtes ne l'avait pas gagnée comme ça avait été le cas l'année dernière. Noël tout comme Yule, étaient des traditions bien loin de celles dans lesquelles elle avait grandi et, si l'année précédente elle s'était prêtée au jeu avec enthousiasme, cette année serait différente. Elle laissait derrière la porte l'atmosphère sucrée et les rires joyeux, préférant le calme silencieux de son appartement et la compagnie du Chat, toujours respectueux de son besoin de tranquillité.

Nyéléni se versa une tasse de café, pensive. Elle n'avait toujours aucune nouvelle de Nero et le peu d'entourage qu'elle avait ne risquait pas de venir lui rendre visite. Elle renouait donc avec la solitude, amie fidèle et assidue qu'elle n'avait plus fréquentée depuis quelques années. Mais au-delà de l'absence, s'était surtout l'inquiétude qui commençait à s'insinuer dans ses pensées et il arrivait même que sa vilaine figure effraie le sommeil pour une bonne partie de la nuit. Le Bavard du Paradis se chargeait de consommer le reste de ses précieuses heures de sommeil. Elle en était même venue, en désespoir de cause, à lire les exemplaires dédicacés des aventures d'Irvin Vorpe, espérant que l'ennui l'assommerait mais c'était l'indignation qui avait pris le dessus. Le prochain Lawrence Carson était annoncé pour la nouvelle année. Il allait falloir qu'elle se trouve sérieusement une occupation pour les soirées à venir.

Elle était justement en train de se dire que la petite librairie à deux pas avait sans doute adopté les mêmes horaires que les enseignes voisines, fêtes de fin d'année obligent, quand il lui sembla entendre l'escalier grincer. Nyéléni posa tranquillement sa tasse créole sur la table basse, prêtant l'oreille, mais elle échoua à reconnaître ce pas hésitant. Ça ne pouvait pas être trente six personnes de toute manière. Il n'y avait que lui et les propriétaires qui avaient la clé. Méfiante, elle délia ses doigts pour sentir le frisson électrique de la magie qui se concentrait autour de sa main. Elle était tout près de la porte lorsqu'on frappa.  

Le battant de la porte s'ouvrit prudemment mais son expression déterminée fondit immédiatement, balayée par le soulagement de voir Nero MacGregor se tenir sur le minuscule palier de son appartement. Sans pouvoir s'en empêcher, Nyéléni sourit en réponse à ce petit pli doux sur les lèvres de Nero. Il semblait que pour sa part, les éclats de voix sur lesquels ils s'étaient quittés deux mois et demi auparavant n'étaient plus que de lointains échos.

« Hey... », fit-elle comme en miroir au salut de son ami.

Il n'était pas évident de trouver les mots après un si long silence et tout ce qui l'avait précédé. Une autre qu'elle, l'aurait sans doute pris dans ses bras ou se serait mise à déverser des torrents de mots pour exorciser le trop plein et la rétention d'émotions mais Nyéléni n'était pas de ce bois-là. Si intérieurement, des sentiments divers s'entrechoquaient, elle avait cette forme de pudeur qui lui venait de son éducation et de son chemin de vie, qui ne donnait rien à voir de tout cela. Mais à un oeil averti, habitué à partager ses silences, aurait pu lire dans le velours de ses yeux noirs comme dans un livre ouvert. Elle était tout autant désolée que lui de la tournure qu'avaient pris les choses. Trop heureuse de le trouver là, sur le pas de sa porte, pour jeter de l'huile sur les tisons de leur dernière conversation. Et il y avait toutes ces questions qu'elle savait ne pas pouvoir poser et qu'elle ne poserait pas, simplement pour lui épargner de devoir refuser d'y répondre. Tout ce qui s'était passé entre temps. Ces choses qu'ils ne s'étaient pas dite. Mais le sourire de Nero suffisait à tout le reste.

Finalement, il trouva les mots avant elle, invitant à autre chose. Il y avait comme de l'hésitation. Nyéléni le regardait sans vraiment comprendre ni savoir s'il fallait s'inquiéter. Il l'avait habitué à toujours parler droit au but quand la situation ne leur était pas favorable alors, elle choisit d'écarter ses soupçons naissant, la main tendue vers elle achevant de les faire disparaître.

« Qu'est-ce qu'il y a ? », demanda-t-elle en glissant sa main dans celle de Nero, toujours un peu hésitante.

A l'instant où leur peau s'effleura, le vide qui s'était creusé entre eux se remplit à nouveau, crépitant de cette magie de sans baguette qui était à la fois le tout et le néant. L'absence disparut, le cédant à ce quelque chose d'entier, doux et familier, qui s'était installé là sans qu'ils ne s'en rendent trop compte.

Pour une fois, c’était dire ce à quoi pouvait ressembler leur quotidien. Cela expliquait sans doute ce mélange de sentiments disparates à simplement le retrouver de l’autre côté de la porte. Elle se sentait le cœur plus léger. L’envie de sourire. Elle aurait voulu mettre des mots là-dessus. Des mots qu’elle aurait pu partager avec lui. Mais ça n’était pas une chose qu’elle savait faire. Dire tu m’as manqué, c’était déjà lui demander quelque chose ou plutôt, c’était lui en demander encore plus et Nero en avait déjà fait bien assez pour elle. Elle était trop pudique, par ailleurs, pour savoir parler de sentiments. Encore moins des siens, quels qu’ils soient. Alors, dans une forme de demie mesure, elle entrelaça simplement ses doigts aux siens quand il serra sa main, retrouvant ce toucher rugueux et chaud qu’elle aurait pu reconnaître les yeux fermés.

Plongeant un long instant dans ces yeux noirs à lui, Nyéléni se demandait ce qu’il avait bien pu se passer toutes ces semaines. Etait-il fatigué ? L’avait-on malmené et si oui, qui s’était occupé de prendre soin de lui ? Avec le temps, elle ne se faisait guère d’illusion. Nero était marié à une cause qui n’était pas la sienne mais qui finirait par l’user jusqu’à l’os. Une perspective qui ne la réjouissait guère évidemment.

Finalement, il transplana, de cette manière très occidentale qu’elle avait toujours trouvée brusque sinon brutale. Aussitôt, le froid la saisit, mordant sa peau comme on mordrait dans un fruit gorgé de soleil. Elle frissonna sans mot dire, embrassant le paysage verdoyant de l’Écosse d’un long regard appréciateur. Si elle pouvait reprocher à l’astre du jour de ne faire que figure décorative, elle était forcée de reconnaître ce genre de beauté spectaculaire et vivifiante. Curieusement, dans un tel écrin sauvage, tous leurs ennuis semblaient relégués à l’échelle de l’insignifiance.

Il lui fit signe, prenant la direction de deux étranges créatures sombres. En s’approchant un peu plus près, Nyéléni vit que ça n’était pas des chevaux. Plutôt d’étranges créatures, peut-être de l’espèce des spectres, qui ne portaient sur leurs os qu’un cuir sec et sans lustre.

Son regard les quitta quand leurs mains se quittèrent. Nyéléni délia ses doigts comme pour en retenir quelque chose avant de prendre la cape que Nero lui tendait avec un merci. Elle ne tarda pas à s’en couvrir, appréciant l’attention, elle qui ne se ferait jamais à l’absence de son soleil africain. Nyéléni ne put réprimer un tressaillement mais approcha encore d’avantage des chevaux pour satisfaire sa curiosité tandis que Nero lui expliquait le pourquoi de ce comité d’accueil.

Comme toujours quand ils partageaient ce genre de moment, elle ne l’interrompit pas. Absorbant en silence ces quelques confessions sans pour autant manquer d’en faire l’analyse. Il y avait là quelque chose de cette conversation qu’ils avaient ouverte un jour sur leurs blessures respectives. Quelque chose qui méritait ce silence obséquieux mais qui appellerait probablement d’autres mots aussi.

« Je te suivrais. », répondit-elle simplement, avec douceur, un pli sincère sur les lèvres. Elle n’était certes pas la meilleure cavalière à dos de cheval mais elle saurait tenir en selle.

Elle le quitta des yeux à nouveau, reportant son attention sur ces étranges montures, compagnes des échappées intérieures de son ami. C’était étrange, que ce soit vers des êtres à l’apparence si macabre que Nero se soit tourné pour échapper à son sinistre quotidien. Parfois il lui semblait que la Mort était une compagne plus assidue que les autres. Cette fois, ce fut un étrange sourire qui anima ses lèvres. En douceur, elle présenta le dos de sa main à l’animal le plus proche d’elle. L’air qui sortait de ses naseaux étaient étrangement glacé. Nyéléni posa doucement son front sur le cuir noir, murmurant selon l’ancienne tradition des mots que Nero ne comprendrait pas. Il y avait pourtant une marque de respect profond dans ce geste qui ne dura qu’une fraction de seconde :

« … », la dernière remarque de son ami la prit quelque peu de court. C’était une drôle de remarque, « ...oui, pourquoi ? Je ne devrais pas ? »

Sa connaissance de la fauve européenne n’était pas assez complète pour qu’elle comprenne. Ça n’était pas vraiment la première fois qu’elle voyait ces créatures. On pouvait en croiser dans les rues de Londres parfois, tirant des attelages magiques plus ou moins cossus. Mais elle ne s’était jamais risquée à poser trop de questions, par peur qu’on lui en retourne plus qu’elle ne l’aurait voulu.

Elle lui rendit un sourire entendu. Étrange cette complicité dans le glauque qui les rapprochait toujours. Ils en savaient suffisamment l'un de l'autre pour ne pas se demander plus d'explications et c'était finalement cela qu'elle garderait. C'était l'idée qui lui réchauffait l'âme et chassait ce sentiment de solitude qui ne l'avait plus quitté depuis des semaines.

Son regard se porta sur la silhouette de Nero qui était comme souvent aux petits soins. Il ajusta ses étriers tout en lui expliquant ce qu'il avait en tête. Un château. La vue sur la mer. Et surtout la promesse tacite que cette fois, ils auraient le temps de profiter de tout cela puisqu'ils n'attendaient personne.

Confiante, Nyéléni saisit la main de Nero et se mit en selle, rappelant de très lointains souvenirs des enseignements de Niani. Monter ces créatures n'avaient rien à voir avec ce qu'elle avait pu pratiquer en tant que fille de l'Empire. Les rondeurs accueillantes et stables de l'hippopotame sacré, ou le porté plus chaloupé du runespoor ne lui avaient rien appris qui puisse l'empêcher de vider les étriers sur un coup de sang du sombral. Mais elle ne se plaint pas bien sûr. Au contraire, elle eut un petit rire moqueur, avouant en toute transparence :

« Je ne garantis pas de ne pas finir cette balade à pied. »

Le sombral répondit à cette remarque d'un grondement sourd, comme un petit rire en dedans. Nyéléni y ajouta un regard entendu, coulé à l'adresse de Nero. Sa monture serait-elle déjà en train de se payer sa tête ? La malienne était de bonne humeur. Elle avait gardé ce cœur léger qu'il lui avait livré sur le pas de sa porte et comptait bien l'entretenir.

« Ne me fais pas cette tête : je te suis pour l'instant. »

Curieusement, ainsi montée, les rennes fermement tenues à une main, on aurait pu la croire grande cavalière. C'était qu'elle avait ce port naturellement altier qui sied bien aux cavaliers. Mais elle ne ferait pas illusion indéfiniment et n'en avait aucunement la prétention. Elle savait que lorsque sa monture mettrait un pied devant l'autre, la posture se ferait sans doute plus gauche et ça ne loupa pas. Le sombral commençait à piaffer. Une légère pression du mollet sur son flanc suffit à le faire suivre celui de Nero.

« Ce château appartient à ta famille ? », demanda-t-elle, plus pour lancer la conversation qu'autre chose.

De ce qu'elle voyait des MacGregor tous les jours à l'IDEM, elle n'en aurait pas été surprise.

En soi, un petit cours de géopolitique écossaise était probablement moins dommageable à ce petit moment de grâce que n'importe quelle autre conversation qu'ils auraient pu avoir. Juchée sur le dos de son sombral, Nyéléni savait bien que cela ne pouvait pas durer. C'était l'un de ces moments qu'elle voulait susciter ou retenir mais qui finissait toujours par lui filer entre les doigts. Elle le voyait bien dans son regard, sa tentative de préserver cet Eden factice en dissimulant l'Arbre qui se trouvait au centre serait vaine. Alors elle quitta Nero du regard, reportant ses prunelles sombres sur l'horizon dévoré par la végétation. Elle aurait pu s'y perdre ou s'y noyer sans le moindre regret. Mais cette balade ne serait jamais la boucle infinie dont elle rêvait et, inévitablement, Nero l'attirait déjà vers leur réalité, loin de l'onirisme du paysage.

Elle ouvrit la bouche pour sentir l'air lui manquer. Ses derniers mois... il y avait tant à dire et tant à taire dessus. Tant de choses qu'elle ne savait pas comment aborder. A la vérité, Nyéléni aspirait si désespérément à la paix qu'elle était même tentée de ne rien répondre du tout. Parlons en demain, aurait été la meilleure des réponses mais elle ne savait pas de quoi serait fait demain alors en lieu et place, après un autre - trop ? - long silence ...

« Il s'est passé... beaucoup de choses. »

C'était un bon début qui ne disait encore rien. Elle ne pouvait pas lui parler de Yeleen, certainement pas. Mais il serait difficile de lui cacher qu'elle n'avait pas vu la jeune femme depuis des semaines. Si les correspondances avaient bien repris, les échanges avaient pris la couleur de l'entente cordiale, retour maladroit à un lien qu'elles s'étaient si bien appliquées à construire qu'il ne leur avait fallu que d'une invitation pour le faire presque voler en éclat.

« J'ai rencontré quelqu'un... », finit-elle par avouer.

Dans sa bouche de bambara, l'anglais commettait une petite trahison dont elle n'avait pas conscience. Il fallait bien pourtant commencer quelque part alors autant commencer par lui. Les yeux posés sur le pommeau de la selle un instant, on aurait pu la croire coupable de quelque chose mais l'éventualité qu'elle ait pu tromper l'absence en cherchant la présence d'un homme - ce genre de présence - ne l'effleurait pas un instant. C'était simplement le poids de tout ce qui s'était passé qui lui courbait la tête.

« ...quelqu'un de mon passé. J'ai voulu partir pour éviter cette rencontre mais je ne voulais pas que tu me cherches alors j'ai fait profil bas mais... », là encore le récit devrait subir une élision si elle ne voulait pas que Nero ne prenne les choses trop à coeur avec @Yeleen Sô « ...mais ça n'a pas suffi. Je me suis mis @Jameson Clearwater à dos à force de lui mentir sur les raisons de mon départ et finalement je ne suis pas partie. »

Elle avait bien conscience de tourner autour du pot mais elle ne pouvait pas faire autrement. Parler de lui, c'était lui parler vraiment de tout le reste. De ce qu'elle cachait d'elle mieux que tout le reste. C'était aussi peut-être changer le regard qu'il portait sur elle.

« Tu m'as vraiment manqué. », conclut-elle avec un petit sourire sans joie, un peu nerveux.

Qu'entendrait-il là dedans et qu'avait-elle vraiment voulu qu'il y entende...

Le ton dur de Nero ne la déstabilisa pas. Elle connaissait ce ton pour l'avoir presque sciemment provoqué et confronté à plusieurs reprises mais cette fois-ci, elle ne ferait rien pour l'attiser. Elle ne pouvait cependant pas parler sans escompter que cela se passe ainsi.

Elle ne parvint pas à répondre tout de suite à sa demande d'en savoir plus. Quelqu'un de son passé, c'était vague et dans le même temps cela faisait figure de mauvais augure. Son passé en était rempli. Elle eut plus de facilité à répondre sur le cas de  @Jameson Clearwater, quand bien même Nero semblait le considérer comme anecdotique à côté du reste.

« Peut-être, mais je le considère comme un ami. Et je pense que lui aussi. »

Elle ne comptait pas s'étendre plus que cela. Cette rupture était consommée mais elle lui laissait tout de même un goût amer. Un goût qui la renvoyait à sa vie de mensonge si douce par certains aspects, si cruelle par d'autres.

Nero relança, presque sur le ton de la hargne. Elle ne lui en tint pas rigueur sachant à quel point la vie de l'écossais ressemblait à un jeu de dominos. La moindre erreur pouvait tout lui coûter et, déjà, elle pressentait que sa rencontre avec  @Ima Soninké faisait peser sur lui une épée de Damocles dont elle ne voulait pas tenir la garde.

Elle amorça plusieurs fois sans parvenir à débuter une phrase puis finalement, parant ce masque de dignité qui revenait toujours lorsque les choses devenaient difficiles, elle rompit le silence.

« Tu te rappelles quand je t'expliquai que dans mon pays, les filles sont un atout précieux dans les jeux d'influence et de pouvoir des pères ? », ça n'était pas exactement ce qu'elle avait dit quand elle lui avait parlé du mariage désastreux de ses parents. Elle n'avait encore jamais fait mention de quoi que ce soit la concernant et maintenant qu'elle se trouvait au pied du mur, elle luttait contre les faits, s'accrochant à sa dignité comme à la cape qu'il avait enchantée pour elle. Sa main libre serra le tissu sous sa gorge. « Je l'ai été moi aussi, comme n'importe quelle autre fille, mais je n'avais encore jamais rencontré l'homme que j'aurais dû épouser jusqu'à aujourd'hui. »

A une petite crispation de sa mâchoire, on pouvait clairement voir qu'il lui en coûtait de parler de cela. Sur les rennes, sur sa cape, ses mains aux doigts longs et fins s'étaient crispées.

« Sa famille avait quitté le pays juste avant l'assassinat de mon père pour venir s'installer ici. »

A nouveau elle marqua une pause, chassant l'amertume qui l'empoisonnait à l'idée de cet abandon. Avoir pu en parler à  @Ima Soninké avait eu un effet cathartique puissant mais l'évoquer à nouveau n'avait toujours rien de plaisant. Et quelque part au fond d'elle, elle savait qu'il serait difficile d'avoir cette conversation avec Nero sans passer en revue la longue liste de ses regrets, sans exposer ce sentiment d'échec et de honte qui l'enveloppait tout entière quand elle faisait la rétrospective de trente années de vie passées à ne rien faire de ce qu'on avait prévu pour elle.

« Me retrouver face à lui... c'était... difficile. », l'euphémisme était presque indécent mais il était assumé. Et d'ailleurs, quelque chose lui disait qu'il valait mieux éviter de donner à Nero la moindre raison de prendre en grippe Ima. « Mais il en est ressorti plus de bien que de mal. Enfin je crois... je lui ai demandé de me sortir de ma clandestinité et il a accepté d'y réfléchir. Je ne sais pas encore à quel prix, mais si ça se faisait je n'aurais plus à m'inquiéter de ce qu'on pourrait bien vous reprocher à  @Yeleen Sô et toi vis-à-vis de moi. Mais il y a autre chose Nero... »

Elle reporta son regard sur lui, longuement. Pour combien de temps encore ? se demanda-t-elle.

« Au Mali Ima Soninké est le fils d'une famille ancienne et très respectée. Il est l'homme auquel on m'a attachée. Mais tout ça n'a que peu d'importance. Ici en revanche, il est le Président du Magenmagot. »

Le silence qui suivit se fit lourd, presque étouffant.

« Je comprendrai que tu préfères garder tes distances. Il le faudra peut-être selon la tournure que prendront les choses... »

Mais entre le comprendre et l'accepter, il y avait un monde... Elle attendit silencieuse qu'il digère tout cela, sans savoir s'il mesurait la somme de toutes ces choses qu'elle n'avait pas dites, ou pas encore. Son coeur était devenu lourd comme du plomb et cela, même la majesté du paysage écossais n'y changerait rien.