Franz Biederman - and oxidation is the compromise

Identité : Biederman, le nom perdu dans les méandres des immigrations forcées. Il est de la seconde génération à posséder un passeport britannique. Pourtant, rien n'y fait et aux basques collent la puanteur et les relents poisseux d'une guerre en écho lointain et atroce. Ses grands-parents ont eu de la chance bien sûr - plus que bien d'autres, on le lui a assez répété enfant. Il parait que c'en est une que d'atterrir dans les quartiers misérables du East End de Londres. Ils se sont accoutumés aux gris des pavés de la cité anglaise et à son smog étouffant. Les montagnes autrichiennes ne sont plus qu'un pâle souvenir dans la psyché familiale et c'est tant mieux : le claquement terrible des bottes résonnent mieux en anglais qu'en allemand.
Franz - le même prénom que son grand-père. Entre certaines lèvres, il apprécie l'aspérité que les consonantes provoquent.

Date et Lieu de naissance : 31 décembre 1986. 37 ans et probablement autant de cicatrices sur le corps. Il doute parvenir à un âge vénérable de toute manière, l'approche stoïque quand il s'agit de son propre caractère éphémère.

Statut civil : Célibataire. Il n'est pas à l'aise avec l'idée d'engager qui que ce soit aux ombres qu'il porte parfois malgré lui. On ne sort du milieu de la pègre que les pieds devant.

Scolarité : Ancien Poufsouffle, membre marquant du club de duel sorcier où il n'a jamais véritablement essuyé de défaites. Il a été également batteur au sein de l'équipe de quidditch avant de se faire pénaliser durablement pour violences chroniques sur le terrain. La justice - boussole conséquente des jaunes et noirs, il a tendance à l'appliquer immédiatement et avec ses poings lorsqu'il le juge nécessaire.

Profession : Communément appelé homme de main. C'est que les siennes ont l'art et la manière de frapper ou de lancer des sortilèges conséquents. Longtemps il a fait office de tueur à gages, l'Avada Kedavra terriblement efficace au bout de sa baguette puis, pour des raisons qui ne sont qu'à lui, il s'est lentement redirigé vers des aspects plus trépidants mais moins simples que son métier underground peut offrir : braquages, kidnappings, garde du corps et autres joyeusetés nébuleuses qui nécessitent précision, sang-froid et puissance physique.
Il apprécie dernièrement travailler auprès d'Atlas de Clare dont l'esprit analytique et la précision des plans lui plaisent de façon immédiate et ce, même si les caractères sont fort différents et s'effritent parfois de façon tacite.
Il met de toute façon peu de sentiments dans ce qu'il fait : c'est un job, il faut le faire, il est payé pour. Fin de l'histoire.

Baguette magique : Bois de cerisier aux reflets de miel chaud. Cœur composé d'une épine de monstre du Fleuve Blanc. 31,80cm.

Famille : Les Biederman ont fui le régime nazi il y a de cela trois générations. A l'époque les grands parents étaient horlogers de renom à la frontière austro-suisse. Le manoir familial a été réquisitionné puis spolié comme le reste de leurs richesses. C'est sans le moindre sou qu'ils sont arrivés dans les quartiers miséreux londoniens. Pauvres, dépouillés, certes, mais en vie. Le grand-père de Franz est alors entré dans de petites combines - passionné du temps et de ses méandres, il s'est plongé dans le monde de la pègre en guise d'horloge humaine. A la seconde près, il a toujours su quand déguerpir d'un braquage ou quand cesser toute discussion infructueuse.
C'est pourtant l'épouse qui est à l'origine de la magie dans le sang de Franz. Le regard pâle, les cheveux d'un blond nacré, la grand-mère est celle qui lui a expliqué ce qu'il en était quand ses pouvoirs se sont manifestés à l'âge de six ans. Il lui est redevable de tout.

MEMBRES :
- Franz Biederman (Décédé, 95 ans)
(épouse) - Elizabeth Biederman née Jäger (Décédée, 93 ans)
Parents de
- Theodore Biederman (Hospitalisé, 67 ans)
(épouse) - Katherine Biederman née Blake (69 ans)
Parents de
- Theodora Biederman (42 ans)
- Franz Biederman (37 ans)

Hérédité du sang : Né moldu. A noter qu'il ne souscrit absolument pas à ces foutaises de sang "pur". Il a vu trop de sang couler pour ne pas savoir que tout le monde a le même. Le corps est un temple de violence, la connaissance un pont vers les carnages. Tout le reste n'est que contes à dormir debout.

Particularité magique : Occlumens (niveau 2). Une constante du travail qui l'habite. Une garantie tacite également pour ses employeurs. Il compartimente d'instinct aussi y a-t-il toujours été on ne peut plus doué.

Caractère : L'oeil du cyclone. Sous les vents contraires, les pressions atmosphériques lourdes, Franz semble toujours imperturbable. La ténacité est extrême et apparait plus magnétique que réellement séduisante. L'œil satine les alentours dans un sang-froid qui ne se dément jamais. Rien ne filtre vraiment, ni les volontés, ni les désirs. Ces derniers sont pourtant légions chez le tueur à gages et la carapace réaliste ne saurait toujours le préserver d'une exigence qui frise parfois la démence. À la fois très intimidant et très audacieux, il s'avère solide dans ces attitudes même s'il peut parfois avoir à résoudre des tendances dichotomiques difficiles à intégrer.
Dans ses discussions, il est prudent, au sein de son travail il est méthodique, les gestes quadrillés par une psyché qui compartimente à outrance. De son grand-père, il a hérité son prénom bien sûr mais également son sens du temps. Méticuleux, rien n'est jamais véritablement laissé au hasard et tout est analysé à la seconde près sur le terrain. Il se défait de cette rigidité nécessaire quand il monte sur un ring ou lors de duels éreintants. Tout se relâche alors d'un coup, les tempêtes dans ses veines et la rage qui l'habite toujours. Il sait d'ordinaire freiner l'impétuosité d'un caractère indomptable mais ne le fait jamais quand il cogne ou qu'il se bat. L'un permet l'autre et il garde cet équilibre en porte-à-faux.
Ceux qui le connaissent un peu mieux que la moyenne - mais ils sont si rares - le savent, Franz est un océan de lave sous six mètres de basalte pur. Secret, intimiste, Franz se terre parfois dans un mutisme inflexible. Les fêlures sont réelles, les doutes peuvent parfois s'installer et lui dévorer les tripes des nuits durant. Il ne regrette jamais cela dit, il sait que si ce n'est pas lui, cela aurait été un autre. La mort a cela de bien qu'elle est d'une ponctualité insolente. Le sport lui est une échappatoire ne serait-ce que parce qu'il se méfie des effets qu'ont l'alcool, les potions psychotropes ou les femmes sur lui. De quoi embrouiller les sens et le souffle or il a besoin des deux pour être performant dans son travail.

Patronus : Un vautour fauve.

Miroir de Risèd : Sa sœur et ses parents en bonne santé de retour dans la maison familiale autrichienne.

Epouvantard : Le visage de tous ceux qu'il a tués reviennent parfois le hanter. Il vit avec ses démons et ne saurait s'effrayer outre mesure néanmoins, sa famille en sang ou sous la torture par sa faute reste une peur inavouable qu'il ne formule même pas d'ailleurs. L'épouvantard devient alors le noir complet couplé aux cris douloureux des siens.

Particularités : Musclé, rapide, précis. Le corps est taillé à la hache, le regard oscille entre l'ambre et le vert trouble. Il porte généralement des traces de coups ou des cicatrices. Les risques du métier.

Qui es-tu ? : La grenadine. C'est bon, c'est frais et bientôt l'été arrive. Glouglouglou  

Faceclaim & Crédits : Joel Kinnaman

Trigger Warnings : TW probablement violence et tutti quanti. Ce n'est pas vraiment le personnage qui respire l'herbe fraiche des montagnes donc sang, violence, carnages truc de ce genre. Je les mettrais en début de rps si nécessaire.

Comment avez-vous connu le forum? : PRD

Un petit plus ? : C'est beau et j'espère que je ferai honneur au pré-lien d'Atlas    

« S’il vous plait, » Franz observe, un tremblement indistinct le long des paupières. Il s’imagine que lui aussi enfant, il a supplié de la même manière. Pour des choses bénignes, un biscuit avant le dîner, une heure de plus devant la télévision, quelques instants supplémentaires avec son grand-père, ses contes pétris d’horreurs et de trains sifflant vers le néant. Plus tard, peut-être que les suppliques se sont modifiées, se sont teintées d’urgence sous les castagnes et les poursuites le long des quartiers sombres de la capitale. On cogne et on reçoit. Les plaintes s’effacent sous les traces d’hémoglobine. Le sang lave tout. Toujours. C’est une constante poisseuse, une singulière assurance. « J’ai une femme, des enfants. Je... j’en ai deux. Une fi..fi…fill et… » L’éclair vert achève pour lui la sentence. Une fille, un garçon. Probablement un chien aussi. Un univers qui lui est de toute façon étranger.

Parfois, Franz se souvient –

- qu’il n’est pas du même monde.


Il y a une telle fragilité dans la condition humaine, si douce, si éphémère - cela suffit à le rendre malade. Tant de possibilités, tant de façons de tuer un homme. Tant de fins magiques et physiques qui se confondent et dansent pour mieux s’épouser en un point final.

Un crâne écrasé et la cervelle qui fuit, exposée. Un sort puissant et un organe vital. Un coup au bon endroit, un craquement particulier, des lames larges et faciles contre des gorges pâles et abandonnées. Des artères, des veines, des pouls qui sautent, qui s'arrêtent sous la magie. Les accidents arrivent, les balais peuvent s'écraser, le corps peut se briser. Les poumons se remplissent d'eau, les doigts écrasent, se referment sur des trachées offertes. Les gaz, les potions, les objets pointus, les malédictions qui font un bruit sourd. Des maladies, des furoncles, des fièvres et des enfants. Autant de moyens faciles, volontaires et involontaires.

Il a tout vu.

Et pour que vous n'oubliiez pas à qui vous avez affaire - ce que Franz essaie de faire parfois, il veut bien l’admettre - il les a tous provoqués aussi.


De l’enfance, il lui reste la douceur. Celle des après-midi paresseux dans les bras de sa grand-mère et des rugelaghs chaudes serties de cannelle fondante au parfum délicieux. Des survivants, c’est ce qu’on lui murmure à l’oreille - c’est ce qu’ils sont. Ici ou ailleurs, on repeint de carmin les murs des nouvelles cités. Plus jamais on ne se fera avoir, plus jamais on se retrouvera sans bagages et sans pain dans des rues étrangères. Il faut lancer les hostilités avant de les recevoir. Toujours. Le leitmotiv familial est partout, dans les briques des murs de leur maison de banlieue, dans les pâtisseries aux relents exotiques, dans les bougies allumées les soirs de fête et les mélodies gracieuses ourlées d’autrichien qu’on lui murmure en comptine nocturne.
Les premières années ont une aura de miel, le sucre épais, l’onctuosité en velours sur sa langue de bambin, alors l’acide qui s’y verse n’en est que plus redoutable. Ses grands-parents ont voulu survivre mais ses parents désirent prospérer. « Tu seras fort, mon fils. » Les bourgeons fleurissent et l’enfant acquiesce. On lui apprend à se méfier des gouvernements et des gens qui vont avec. Le peuple peut dire oui puis dire non, mouvant au gré de ses égoïsmes latents et de ses terreurs primaires. On se retourne si facilement contre ceux que l’on a pourtant acceptés comme maîtres, la sonorité des discours de ces derniers étant la plus affligeante des illusions. C’est l’une des premières leçons : l’autorité n’a de valeur que celle qu’on lui donne.
Du reste, les préceptes familiaux se valent au sein des rues crasses de la capitale. Ici aussi, on se gorge d’aboiements féroces et de coups brutaux. A la manière d’un poison lent qui paralyse pour mieux se révéler, l’East End se verse dans la gorge de Franz. Il en apprend les rouages et les combines, sert de petit page à des parents qui trempent dans ce qu’on appelle le gang des Tisserands. Les cachemires et les velours n’ont pas de secrets pour lui mais ils se teintent d’un argent cauchemardesque, de combines écarlates et de trafics nébuleux. La lumière provient d’une révélation, celle de sa magie. C'est ce qu’on offre à ses parents quand, à 6 ans, sous une impatience de gamin morfal, Franz explose l'étal de la boulangerie du port principal. De belles brioches éventrées tout le long des vitres, des tartes aux pommes collées au plafond, des pains en armes lourdes écrasés contre les meubles environnants. Les oubliators ont travaillé dur ce jour-là, il s'en souvient par bribes, l'écho lointain emprisonné dans le goût de la chocogrenouille qu'on lui a alors fichu dans le museau pour le calmer. C’est de sa grand-mère qu’il tient cela, de même que ses cheveux blonds ou la clarté trouble de son regard. Personne n’en savait rien, la confession en déflagration implacable. Pour faire amende honorable, elle s’instruit d’elle-même en professeur pour Franz, le prend à part et lui enseigne tout ce qu’elle sait. Sa sœur cherche à comprendre pourquoi lui et pas elle. Il sent bien dans son regard dorénavant un sentiment d’injustice mauvais, une jalousie qui ne veut pas s’admettre. Il lui donnerait volontiers sa magie en échange des étreintes adorables et des jeux d’antan. Mais rien n’y fait et on l’isole un peu plus sans qu’il ne puisse rien y faire.

C’est une autre leçon qui se matérialise : souvent, le silence est d’or.


Il revêt la cape jaune et noir dans une fierté tranquille. L’ambition a une saveur délicieuse et laisse une addiction à nulle autre pareil sur la langue. Les options s’étalent pour la première fois devant lui, elles imposent des reliefs attrayants. Il peut devenir tout ce qu’il veut, tout ce qu’il souhaite, tout ce qu’il rêve et plus encore. S’extirper de l’histoire familiale, laver la poussière et le smog de son quartier à même sa peau, se faire magie incandescente, flotter dans un sublime éther. Les duels ont sa préférence, le quidditch aussi mais chassez le naturel et il revient au galop quand on le laisse trop longtemps dans un bain d’énergie brut. La rage couve chez Franz – elle n’est jamais loin, tapie sous de trop longs silences et sous des regards assassins. Il aimerait l’oublier mais rien n’y fait, c’est la rue qui l'a façonné, a tailladé la chair tendre, prélevé son sang à même le sol. On l'a démonté pièce par pièce dans les rues d’Islington et d’Hackney avant de le reconstruire dans la plus grande minutie. Les rouages sont précis, la machine complète, le mécanisme inébranlable. La violence reprend alors ses droits. Le corps en est un temple et il s’en est fait prophète sans même y réfléchir.

Trop de sang. Trop de bile. Il ressent la moindre injustice comme une attaque universelle. Le caractère est là, taciturne, ombrageux, âpre, l’esquisse épaisse sur le canevas d’un corps qui s’affûte sans mot. L’accent cockney s’efface au profit d’un anglais plus neutre. Les préférences se précisent, elles aussi. Il aime sentir la magie se tordre dans ses veines, obscurcir son esprit et délier ses sens. Les duels sont une drogue. C'est dans le contrôle terrifiant d'éléments volatiles qu'il perçoit exactement la mesure de ses propres capacités. Être sorcier ne l'a jamais horrifié, loin de là mais il se découvre une passion sournoise pour la défense contre les forces du mal et pour la métamorphose.

Tandis qu’il choisit de se diriger vers des études en sécurité magique, il songe un instant à devenir auror, à se revêtir de l’immaculée robe des serviteurs de la nation sorcière. Et puis, les murmures familiaux lui reviennent – la Genèse reprend ses droits. Ne jamais faire confiance, ne jamais se fier aux beaux discours qu’on leur offre. Personne ne défend jamais le peuple, ce dernier doit survivre encore et toujours. Seul, comme lui. Et c’est tant mieux ou c’est tant pis. Il glisse et trébuche sur des langues souvent mal intentionnées. La pègre est ce qu’elle est mais elle ne se targue d’aucun artifice. La puanteur y est totale et ne se surcharge pas de faux parfums. Il l’accepte et s’y plonge avec la fatalité en guise d’horloge maudite.

Durant ses années universitaires, il s’affûte, la baguette souple, les sortilèges effroyables. Il apprend et s’exerce en même temps. On se taille un nom, on tombe dans des vertiges nouveaux. Les contrats se font plus obscurs, plus dangereux. On survit - encore et toujours - dans un monde aux limitations toujours nouvelles. De délinquant, on est passé à sorcier et d’étudiant on s’est fait monstre.

L'éclipse est désormais complète.


Il a peu d’amis véritable, la présence trop silencieuse, les habitudes souvent spartiates. Il n’aime pas spécialement les fêtes, goûte peu les cocktails que l’on y trouve, préfère se draper d’une sobriété qui lui convient et lui rappelle inconsciemment où est sa véritable place. Dans le gris, l’entre deux, ce qui est et n’est pas.

Sa sœur a cessé de lui en vouloir et il apprécie les rares après-midis qu’il passe en sa compagnie non loin du cimetière où les grands-parents sont dorénavant enterrés. La récession est terrible, l’inflation rend ivre de rage et de fureur crépitante. Théodora dirige d’une main de maître une bonne partie de l’industrie des tissus de ce côté de Londres, elle le fait aussi parce que son frère est une banque qui s’avère inépuisable. Le coton n’a jamais été aussi cher après tout. Elle ne pose jamais de questions et peut-être qu’il attend, qu’il aimerait qu’elle le fasse afin de pouvoir se débarrasser de cette impression de sordide et de noirceur qui le nappe sans relâche.

Il ne parle jamais de son métier. Les métaphores sont légions et il est passé maitre dans l’art de l’omission. Il a escorté quelqu’un – vers sa mort ; il a convaincu une personne – sous la menace ; il a trouvé de nouvelles ressources – en braquant ici et là. Personne chez les siens ne s’en offusque, pas plus de ses silences que de ses longues absences ou de ces bleus violacés qui le recouvrent.

C’est tout aussi bien.


Certains matins, le ciel est bleu, un bleu triste et discret. Bach scintille en symphonie ondulante autour de lui. Les nuages s'étirent en longues bandes sur le ciel, comme un voile ancien, et un frisson parcourt son échine.

Un matin à Londres s'est déjà levé avec les même couleurs. Un matin en Normandie. Un matin à Moscou, à Alger, à New York.
Tout ceci lui est toujours familier. Douloureusement.