Sanctum, sanctorum |Ft. Eugène]

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Fin Mars - Demeure familiale des Fogg

Alors que la lune laissait sa place à un soleil d'une douceur rare dans leur jeu de chaises musicales quotidien, Barnabas sortit de son transplanage et arriva en vue de la demeure familiale des Fogg sur les côte ouest des Cornouailles. Une maison qui ne ressemblait à aucune autre et dont l'architecture avait été pensée pour accommoder des dizaines de personnalités différentes dans une sorte de puzzle géant. La maison était d'une originalité rare à l'image du doyen de cette famille de sorciers hétéroclite. Le professeur était bien matinal. Visiblement inquiet, il accéléra le pas.

- Ernestine, m'accorderais-tu cette danse ?

A quelques mètres de la maison, Barnabas sortit sa baguette et se fendit d'une petite danse qui ferait passer le plus stricte des inspecteur des impôts pour un pensionnaire d'Azkaban complètement cinglé. Ses pas étaient évidemment calculés et évitaient les nombreux pièges et autres alarmes magiques qui repousseraient violemment les indésirables. Notamment ceux du ministère qui souhaiteraient fouiner dans les parages afin de capturer son fils Eugène, Loup-Garou déclaré mais en cavale.

Il devait s'assurer de sa sécurité !

Barnabas traina éventuellement sa grande carcasse à l'intérieur de la maison. Cette dernière semblait étrangement vide. Rien d'inhabituel en soit, ce n'était pas encore les vacances après tout. Mais cela l'inquiéta tout de même. Il gravit les marches biscornues quatre à quatre et chercha Eugène dans sa chambre mais cette dernière se trouvait désespérément vide.

- Tu veux que je te joues un petit morceau Ernestine ? Evidemment que oui. J'en attendais pas moins de toi.

Barnabas sortit sa baguette et lui sourit en redescendant les marches vers l'immense salon qui semblait d'ailleurs bien plus grand à l'intérieur que de l'extérieur. La maison dans son ensemble n'avait plus rien à voir et faisait facilement deux fois sa taille ! Le héros de guerre s'installa au grand piano à queue qui trônait au milieu de la pièce et qui donnait souvent lieu à des soirées animées avec toute sa petite famille. Il laissa ses grands doigts travailler dans l'espoir que son arrangement fasse passer le temps plus rapidement et lui ramène son fils sain et sauf.

Paniqué, je transplanais juste à côté de l’emplacement de la demeure familiale. Je n’avais fait que quelques kilomètres à peine, et je savais que Yara pouvait arrivé d’un moment à l’autre. Le regard aux aguets, je regardais autour de moi, prêt à la voir apparaître à chaque instant. Le coeur lourd, j’exécutais les pas qu’il fallait faire pour rompre l’enchantement et rentrait dans ma demeure. Alors, avec finalement, une étrange lueur d’espoir, comme pensant qu’elle m’aurait suivi pour me dire ce que je lui avais annoncé serait réciproque, j’accordais un dernier regard déçu à la place.
Personne, donc. J’entrais.
Le visage et le corps marqués par la fatigue émotionnelle et physique, je me traînais jusqu’au piano. J’entendais déjà d’ici mon père en jouer. Pour la première fois depuis plusieurs jours, toute la pression retomba. J’étais chez moi. J’étais en sécurité. J’allais voir mon papa.

« Papa... »

Et sans réfléchir, je fonçais vers lui, rompant les derniers mètres qui me restait à faire, laissant tombé mon bagage, un grand sac avec divers affaires je fonçais vers lui pour le serrer dans mes bras sans un mot supplémentaire. Quand l’étreinte fut assez longue, je relevais quand même le visage assez digne et sans pleurer, même si avec ce que je venais de vivre une des plus grandes épreuves de ma vie avec Yara.

« Je suis désolé. J’ai pas pu te donner de nouvelles, le Ministère était à mes trousses. Je suis parti au Mur d’Hadrien, et je suis ensuite revenu ici, pour me ressourcer. Mais je ne vais pas rester longtemps... »

J’avais plein de chose à faire. J’allais très certainement intégrer la Meute, ou du moins essayer en rencontrant des membres. Je ne pouvais plus laisser le Ministère agir comme ça, sans rien faire en détruisant les miens… Ou en retournant le cerveau de mes propres amis… Une pensée pour Yara faillit me faire plonger définitivement, et je faillis tout balancer à mon père.

« Tu vas bien ? Tu as bonne mine en tout cas ! »

J’essayais d’être le plus guilleret possible malgré ce qui m’arrivait. Et j’essayais de m’appliquer du mieux que je le pouvais, car je savais au fond de moi bien évidemment qu’avec mon père… Ca ne risquait pas de prendre le moins du monde...
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Salveo Malefica

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Barnabas s'évertuait à jouer du piano, seul instrument qu'il maitrisait un tant soit peu afin d'éviter de céder à la panique alors que les minutes et les heures défilaient et que personne ne venait à l'horizon. La vision d'Eugène sur le pas de la porte fut une réelle libération et il s'empressa de le prendre dans ses bras.

- Tu as été poursuivi ? Laisse-moi voir.

Barnabas quitta l'étreinte d'Eugène et l'inspecta de haut en bas sous toutes les coutures. Ce n'est qu'après une inspection minutieuse et s'être assuré que son fils n'avait aucune blessures qu'il se permit de respirer et de se détendre. Même s'il restait évidemment inquiet des traqueurs envoyés par le Ministère. A la vue d'Eugène et de son empressement, ils ne devaient pas être loin.

- Je suis heureux de te voir en pleine santé, mon garçon.

Barnabas offrit un regard sincère à Eugène avant de se diriger vers le buffet et de servir deux boissons. Un scotch sec pour lui et il tendit sa boisson préférée à Eugène. Il ne semblait vraiment plus dans la panique et espérait que ce verre permette à son rejeton de se détendre un peu. Après tout il ne savait pas combien de temps ce dernier allait rester à la maison. Mais il savait qu'Eugène était aussi débrouillard que lui. De ses nombreux enfants, il était celui qui avait hérité de la plupart de ses traits. Il s'en sortirait.

- Oh moi tu sais. J'ai survécu à deux guerres et j'ai même été torturé. Une anicroche avec le Ministère ne me fait pas peur. Et Poudlard a de la ressource. Ne t'inquiète pas pour moi ou tes frères et sœurs.

Barnabas aimait se vanter de son statut de héros ou de survivant de guerre. Il ne le faisait pas pour se faire mousser, surtout pas devant ses enfants mais voulait surtout cacher son appréhension. La torture l'avait détruit une fois déjà. A tel point qu'il ne pourrait plus jamais protéger son esprit grâce à l'occlumancie. Mais il faisait cela avant tout pour relativiser les emmerdes actuelles et faire baisser un peu la pression qui doit peser sur son fils atteint de lycanthropie. Un mal que le professeur ne comprenait malheureusement que trop peu.

- T'as refait ton stock de Tue-loup ? Je ne sais pas quand les choses vont se tasser avec le Ministère. Si jamais elles se tassent. Tu as un endroit où aller ? Des amis sur qui compter ?

Barnabas ne put s'empêcher de demander, visiblement inquiet même s'il essayait de le dissimuler.

Avec un vrai sourire, comme ils en étaient de plus en plus chez moi, je pris la limonade que me tendait mon père. L’observant d’un air calme, je bus une gorgée et je l’appréciais à sa juste valeur. Depuis ma cavale les petits plaisirs de la vie comme celui là se faisait de plus en plus dur. Levant les yeux vers mon père, je lui adressais un regard un brin inquiet. Je savais que même s’il s’était érigé une véritable muraille, il était anxieux de l’avenir. Surtout pour nous. Parce qu’il avait toujours été ainsi.

« Je suis comme toi, je m’inquiète toujours. Maman est rentré en France, le climat politique y est plus favorable. Elle m’a proposé de la rejoindre. »

J’avais regardé ma limonade, comme suspendu à cette dernière. Si je rentrais, c’était fuir mes responsabilités. C’était fuir la lutte et c’était aussi fuir mes congénères. Choisir la facilité et son confort personnel. C’était hors de question. Aussi d’un air calme je rajoutais :

« J’ai décidé de resté en Angleterre. Je vais de foyer en foyer, pour ceux qui ont le courage de m’héberger pour un temps. Mais depuis que je ne pointe plus au Ministère, je suis devenu un fugitif. Je refuse de faire ça, je connais la prochaine étape. Tout le monde la connaît. »

Et personne ne faisait rien. Nous allons devenir des parias. Plus que nous l’étions déjà. Rejeté au statut de bête sauvage féroce et agressive. Avec un air qui se voulait calme et détendu, je poursuivais sur le ton de la conversation.

« Donc ne t’inquiète pas, je sais où aller. Et… J’ai appris à confectionner la potion. J’en ai quelques unes en stock et je pense que je vais resté ici quelques jours, le temps d’en fabriquer un peu plus. »

En réalité et au fond de moi j’avais la trouille. Une peur bleue d’être capturé, interrogé et d’entraîner avec moi une série d’ami et de membre de ma famille à Azkaban. Il n’y avait que là, face à mon père et avec lui que je me sentais en sécurité. Peut être parce que pour moi, mon père avait toujours bien plus que le héros que les livres pouvaient raconter de lui. A partir du moment où j’avais passé la porte de la maison, cette angoisse d’être capturé m’avait quitté. Comme une pause au milieu d’une anarchie sans nom qui était le lot de ma vie quotidienne.

« Et toi ? J’ai entendu dire que Poudlard commençait à faire front. Ca m’a fait plaisir d’entendre que la résistance commençait à s’organiser. »

Depuis la dernière fois que je l’avais vu, on pouvait sentir que mon discours s’était politisé et un peu radicalisé. J’utilisais les mots « lutte », « résistance ». Ce n’était pas anodin. En réalité je lui avais menti pour la potin Tue-Loup. J’en avais. Mais j’avais commencé à arrêter de m’en servir. J’avais rencontré les Yard et on m’avait ouvert la voie de l’acceptation de mon Loup Intérieur.

« Je suis content que tu veilles sur tout le monde, ça m’enlève un poids. »

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Salveo Malefica

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Si Barnabas était heureux qu'Eugène soit resté en Angleterre, il n'en montra rien. Le père de famille était toujours en excellent termes avec ses ex-femmes? Enfin la plupart... Toutes celles lui ayant donné des enfants pour être plus précis. LA dernière en date le haïssait profondément et c'était réciproque. Il s'était demandé à l'époque si la situation aurait pu être toute autres s'ils avaient réussi à avoir des enfants.

- Je suis ravi que Marie soit en sécurité. Tu peux évidemment rester à la maison pour le temps que tu veux. Je doute qu'il existe plus d'une dizaine de personnes qui puissent forcer les enchantements de la maison. De là à ce qui envoie ces gens compétents, on a le temps de voir venir.

Barnabas déclara d'une voix assurée, visiblement très confiant dans ses propres sortilèges. En effet, rares étaient les sorciers possédant son expérience en la matière et ce n'était même pas de l'orgueil ou de la vantardise. Même s'il était vrai qu'au-delà d'un certain âge, la réputation faisait souvent son œuvre. On le plaçait facilement sur un piédestal sans qu'il n'est à prouver quoique ce soit. Et il avouait sans problème à qui le demande que cela lui convenait et même qu'il en profitait parfois.

- Et puis il faudrait que tu fasses une sacrée connerie. T'as pas prévu un attentat au Ministère, si ?

Barnabas demanda sur le ton de la plaisanterie, prenant une autre gorgée de ce liquide ambré qui lui faisait tellement de bien. Surtout ces dernier temps. Bien qu'il devait avouer que @Yolanda Yeabow jouait aussi un rôle prépondérant dans la sauvegarde sa santé mentale. Un sourire se dessina sur son visage alors qu'il laissa ses pensées vagabonder sur le belle brune, terminant son verre d'un trait. Il prit le temps de se resservir alors qu'Eugène s'enquit de la situation à Poudlard.

- Je n'appellerais pas cela de la résistance mais oui on s'organise. D'ailleurs, je suis censé reprendre contact avec des anciens camarades de l'Ordre au cas où cela dégénère. Mais si je doute que cela soit nécessaire, cela me donne toutefois une belle excuse pour quitter Poudlard. Je devais m'assurer que mes aînés se portent bien. Même si je suis persuadé que Mahyar a lu en moi avec facilité. Comme toujours.

Barnabas soupira en repensant à cette époque lointaine durant laquelle il était un des cadres de l'Ordre et combattait les mangemorts en compagnie de véritables héros comme Mahyar ou encore Jameson. Un temps lointain auquel il pensait énormément ces derniers temps, contexte politique oblige. Il partageait l'avis d'une élève à ce propos. Il fallait toujours être préparé au pire.

- Certains élèves sont venus me voir pour que je leur inculque des notions de magie de combat. Même si la plupart veulent juste en découdre avec le gouvernement pour jouer au héros. Disons qu'au moins ils sont motivés à apprendre de nouvelles choses. Un peu comme toi à leur âge.

Je regardais ma limonade sans rien dire. J'allais certainement faire comme les Yard, partir en laissant un mot à mon père parce que je n'aurai certainement pas la force de lui dire aurevoir dans les yeux. Les Lycans étaient tellement victimisé ses derniers temps que ce serait peut être même un adieu... Enfin, j'en doutais. Quoi qu'il en soit, je ne comptais pas resté ici plus de quelques jours, mais je trouverai la force et le temps de lui dire.

" Non, mais je suis inscris au registre des Lycans, par accident quand je me suis inscris il y a quelques années aux protocoles expérimentaux concernant la guérison de la lycanthropie. Et... en fait, je ne me recense plus toutes les semaines comme le demande le Ministère... Je... je trouve ça inégal, injustce... Je préfère vivre en parjure, mais libre de mes convictions et fier de ce que je suis, que honteux et prisonnier. "

J'avais levé la tête fièrement, comme tout bon Gryffondor que j'étais. Et surtout j'étais fier aux yeux de mon père je le savais. Je menais une lutte. Celle de la liberté face à l'oppression de la différence. Car j'avais appris que ce qui rendait mes semblables dangereux, en visitant le domaine des Yard c'était surtout le manque d'information sur notre don qu'avait la communauté Sorcière.

" Tu as toujours le Professeur Korrigan et le Professeur Clearwater avec toi. C'est un bon début, Poudlard ne risque pas grand chose de ce côté là... Enfin, le Ministère ne doit pas trop apprécié avoir autant de membre de l'Ordre au château! "

Je détendis un peu l'atmosphère en flattant mon père et en faisant cette petite vanne. Puis, je me mis un peu à fuir son regard parce que j'avais clairement pas envie de le soutenir. S'il y avait bien quelqu'un qui était en mesure de me tirer les vers du nez, c'était bien mon père. Aussi, je préférai changer de sujet comme ça, j'étais bien plus tranquille.

" Tu ferais un bon prof de combat magique ahah ! Même si je trouve que l'Arithmancie te va comme un gant... "

Je m'installais dans un fauteuil et respirait tranquillement. En vrai... j'étais véritablement bien ici. Comme un loup en sécurité. Si j'avais eu ma forme de Loup, j'aurai certainement été couché la tête entre mes pattes, paisibles. Je n'avais aucune raison d'être anxieux. La présence de mon père ne faisait que rajouter une magnifique touche de couleur à ce tableau sécurisant.

" Est ce que tu sais si des frères et soeurs passeront un peu de temps ici? Je n'ai plus de nouvelles depuis.. un petit moment. J'aimerai bien les revoir. "

Surtout que j'étais un des plus grands, et que récemment, enfin surtout depuis ma lycanthropie, je n'étais pas vraiment un exemple et un modèle comme devait l'être un grand frère. Peut être que cette petite parenthèse me permettrait de renouer un peu avec mes frères... La lycanthropie m'avait pris beaucoup, finalement. Ou alors était-ce les autres et la société ainsi que le regard qu'elle lui accordait qui avait abouti à ça...?

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- Tu fais ma fierté, mon fils. Je vous conseille toujours de faire ce que vous dicte votre cœur. Et s'il m'est arrivé d'espérer que vous utilisiez plus votre cerveau dans votre jeunesse, au bout du compte tu es le seul gardien de ton âme et de tes convictions. C'est toi qui dois soutenir le reflet du miroir le matin au réveil. Pas moi ou des frères et sœurs. Ne laisse personne te dire comment vivre ta vie.

Barnabas déposa les mains sur les épaules d'Eugène avant de le serrer dans bras avec force. Il le relâcha éventuellement, son regard toujours plongé dans le sien et plein de fierté. S'il ressentit qu'Eugène ne disait pas tout sur ses projets, il décida de ne pas le travailler. Le vétéran estima que ce dernier évoquerait de lui-même le sujet lorsqu'il se sentirait prêt. Ce n'était pas son genre de tirer les vers du nez des gens et encore moins de ceux qu'il aime. Ca lui rappelait de mauvais souvenirs.

- Effectivement. J'imagine que voir Mahyar et les anciens membres de l'Ordre doit pas faire plaisir à grand monde au Ministère. Mais ça les empêche probablement de passer en force. Ou du moins d'y réfléchir sérieusement. Après tout on est des vieux has-been pour la plupart. Il est largement temps que des gens de ton âge prennent leur place dans le monde des sorciers.

Barnabas paraphrasa ce que venait de dire Eugène, retournant vers le bar afin de se resservir un verre avant de venir s'asseoir dans un fauteuil à côté de son fils. Décidément, cela lui faisait tellement plaisir de voir un de ses aînés qui avait déjà pris son envol et menait sa propre vie. Il espérait qu'il en soit de même pour ses plus jeunes dans les années à venir et qu'ils n'aient pas à vivre ce que lui avait vécu au même âge, à savoir la guerre.

- Je vais peut être dépanner à ce poste vu que le professeur Nightingale est affligée de la même condition que toi et a décidé de ne pas rester à Poudlard pendant le blocus. Sans doute pour ne pas attirer plus de regards sur l'université.

Barnabas avala une gorgée de sa liqueur et enchaina.

- Ne t'inquiète pas, tu me connais, je vais trouver un moyen de les extraire de Poudlard quelques jours. Persée était d'ailleurs très inquiet pour toi. Tu le connais.

Je le gardais dans mes bras un petit moment. C'était rare qu'enfant il soit autant présent pour moi alors j'en profitais un peu. D'ailleurs, au moment de l'étreinte, je fus pris de remords de ne pas lui avoir dit toute la vérité mais... j'étais convaincu qu'il comprendrait une fois partie. Je ressemblais sur beaucoup de points à mon père, et j'étais sûr qu'il comprendrait mon geste. Ce n'était pas de la lâcheté, mais plutôt une forme de préservation vis à vis de ses inquiétudes.

" Je ne savais pas pour le Professeur Nightingale. Ahah, je suis sûr que tu vas trouver une méthode ! J'aimerai bien voir Persée et Perséphone. "

Je lui adressais un sourire et le libérait enfin de son étreinte. Observant ma limonade d'un air concentré, j'avais pris la même posture que lui avec son whisky sans le savoir. Un sourire passa sur mes lèvres et j'allais m'asseoir ensuite dans un fauteuil, laissant mon grand sac à dos là pour le moment. J'avais la mine fatigué.

" Le plus dur c'est de lâcher provisoirement mes travaux. J'ai récemment mis en lumière que le Mur d'Adrien contenait de la magie du Sang dans le mortier. Il s'agissait d'un vieil enchantement capable de repousser les Géants de la région. J'avais presque fini quand des agents du Ministère sont venu. J'ai du m'en aller, mais j'espère avoir la priorité sur la découverte... De toute façon, ils étaient trop stupide pour voir autre chose qu'un mur en pierre. "

Je regardais mon père avec un air un peu pédant. Même si j'étais devenu un Loup, un peu plus sauvage qu'avant je gardais quand même ce côté un peu snobe que ma mère m'avait donné. Oh, il fallait dire qu'à ses heures mon père n'était pas mal non plus. Je savais bien que tous les agents du Ministère n'étaient pas comme cela, mais on pouvait y sentir l'amertume d'avoir été dégagé de ma zone de travail en réalité.

" Ce que je n'arrive pas à déterminer, c'est si le rite a été fait par une communauté Magique entière, ou si les moldus de l'époque avait un puissant Tisseur de Charme. Il faut que j'étudie un peu plus les traces magiques qui sont sur les lieux. Si la politique Dunn se calme un peu, on pourra y aller quand tout se tassera un peu tu en penses quoi? On pourrait même emmener un ou deux frères! "

Peut être que cela intéresserait Persée ou Perséphone. J'étais certains que cela intéresserait Matthias. Mais... quand à savoir si ce dernier allait accepter de venir avec papa...

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- Effectivement, je crois que tu m'en avais parlé ! C'est fascinant. Et dire que même dans mes grandes années d'arpenteur, j'ai jamais pensé au mur d'Hadrien. Pourtant son importance pour les moldus à l'époque de sa création aurait dû me mettre la puce à l'oreille ! Je doute que les romains aient eu peur des pictes qui occupaient la région à cette période.

Barnabas éleva la voix, visiblement très intéressé par le sujet et les potentielles implications de cette découverte. Il avait toujours eu le regard qui brillait dans ce genre de situations. C'était d'ailleurs ce qui l'avait poussé dans cette voie au lendemain de la première guerre magique. Il avait fait énormément de découvertes ne son temps et tous les mots du monde ne pouvaient exprimer la fierté qu'il ressentait en voyant son fils Eugène suivre ses mêmes pas. Il lui offrit un grand sourire avant de trinquer.

- Je peux glisser quelques mots à McGregor si tu veux. Afin qu'elle ne te retire pas le projet. On est pas en excellents termes mais je doute qu'elle me refuse cette faveur.

Barnabas ajouta en prenant une expression pensive avant d'avaler une gorgée de son précieux whisky. Il avait eu une longue et sérieuse relation avec la Directrice de l'IDEM lors de sa jeunesse, ce qui lui avait valu d'entrer à la direction de ce dernier à l'époque. Ils avaient formé un sacré power couple ! Du moins avant qu'Imelda en ait eu assez de l'attitude nonchalante de Barnabas. Elle qui aimait tant le contrôle, l'ordre et la discipline. Pour Eugène, il serait prêt à renouer avec la harpie !

- Je t'accompagnerai avec plaisir ! Je t'avoue que l'action et le terrain me manquent un peu. Pour ce qui et d'emmener tes frères et sœurs, je doute qu'ils refusent l'opportunité ! Même si Matthias risque de ne pas voir ma présence d'un très bon œil.

Barnabas conclut d'une voix emprunte de tristesse, faisant tourner le liquide machinalement dans son verre.

Je posais ma limonade avec un regard assez tendu. De toutes les personnes que j’aurai voulu emmener pour cette petite expédition au Mur d’Adrien, mon père et mon frère Matthias étaient les deux qui avaient le plus de compétences en la matière. Le premier était professeur d’Arithmancie émérite à Poudlard, et avait un sacré bagage au niveau de l’IDEM de manière général…. Le deuxième quand à lui était en général mon binôme de recherche et mon binôme d’expédition. A la fois collègue, frère et ami : Matthias Fogg.
Le soucis… C’était qu’ils ne pouvaient pas s’encadrer. Enfin, Matthias n’avait jamais vraiment pardonné à Papa d’être parti.

« Ah. Oui, écoute… Je lui en parlerai. Il vaut mieux que ce soit moi qui introduise cette idée. Je sais qu’il sera assez curieux pour peut être essayer de faire un effort mais… Il va falloir que tu en fasses aussi papa... »

Je passais ma main derrière ma nuque d’un air un peu gêné. Le problème était qu’il avait aussi un grand égo et qu’il ne se laisserait certainement pas faire à la moindre remarque ou réplique de Matthias. Mais peut être que cela ferait du bien à toute la famille de se retrouver, surtout pour découvrir de nouveaux éléments magiques.

« Oh, et ne t’inquiète pour Imelda. Même si officiellement je ne fais plus parti de l’IDEM… Elle prend régulièrement de mes nouvelles et me laisse mes dossiers en cours. Elle les a transféré à Matthias comme ça elle est sur que personne ne me volera mon travail. »

Je lui accordais un léger sourire puis je regardais l’horloge. Et enfin mes habits. J’étais arrivé depuis pas très longtemps et j’avais envie d’une douche et d’un repos bien mérité. Le problème résidait quand même dans le fait que je n’avais pas vu mon père depuis longtemps, donc je n’allais pas non plus couper court à la conversation.

« Mais je vais nous organiser tout ça. C’est une bonne idée. Il faut aussi que je mette en place des protocoles spécifiques… Car si nous croisons des membres du Ministère, je ne veux pas que vous soyez tous arrêter pour complicité… D’ailleurs il faut que ce voyage reste secret jusqu’au bout. Peut être que les prévenir au dernier moment serait judicieux… Ou alors, les faire venir sans qu’ils soient au courant... »

Je savais que si on s’y mettait à deux, on pouvait établir un Portoloin surprise pour cette petite sortie en famille. C’était prendre des risques mais en même temps je doutais qu’un membre du Ministère viendrait nous chercher des noises là bas.

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