Die Lorelei

Introduction
4 avril 2023
feat.  @Jameson Clearwater & Geraint Cynfeirdd



« Vous avez pensé à me ramener un petit souvenir de Rhénanie ? Je n'en demandais pas tant. »

La voix de Maeve manquait de force mais elle n'avait rien perdu de son humour. Aderyn avait finalement dû la plonger dans un sommeil éternel pour la maintenir. Le sien n'avait duré que quelques heures durant lesquelles, la guérisseuse avait attendu avec pour seule compagne l'angoisse de voir son unique fille lui filer entre les doigts, aussi  insaisissable que l'eau du Rhin, dans laquelle elle était en train de se noyer.

Ses mains chenues posées sur le chambranle de la haute fenêtre en demi-arc, elle n'avait pas quitté le pont de pierre des yeux, espérant que ses prières les ramèneraient au plus vite à Caer Cynfeirdd. A cette hauteur, le vent salé de l'océan prenait une autre dimension. C'était un fougueux météore dont Aderyn avait toujours apprécié la compagnie, raison pour laquelle elle avait fait en sorte qu'elle et Geraint aient leurs appartements dans les plus hauts étages, ceux aux fenêtres géminées donnant plein ouest sur le grand bleu.

En voyant la porte de la petite garde s'entrouvrir, elle avait pris sur elle de ne pas se précipiter à leur rencontre mais dépêché la douce Aria à sa place. La jeune femme ne perdit pas un instant à ramener les deux hommes dans la chambre où dormait Maeve, presque paisiblement. Aussitôt qu'ils lui eurent remis le peigne de la Lorelei, Aderyn entreprit de dénouer chaque tresse de la chevelure blonde de Maeve, ce qui n'était pas une petite affaire. En entreprit ensuite de passer le peigne en fredonnant l'air qu'avait entrepris Geraint au sommet du rocher. Elle n'en connaissait pas les paroles alors ce fut à Geraint de se substituer à ce qu'il lui manquait. Assis chacun d'un côté du lit, ils expurgeaient le mal avec une douceur presque inattendue. Le rebec égrainait ses notes avec douceur et petit à petit, Maeve reprit des couleurs. Le peigne filait entre ses cheveux blonds, leur laissant un lustre surnaturel qui rappelait celui de l'ondine mais qui ne durerait pas. Au bout d'un moment, Aderyn se releva, emportant le peigne avec elle. Il rejoindrait sans aucun doute le trésor de la forteresse, jalousement couvé dans les oubliettes.

Avant de quitter la pièce, elle consentit à son gendre, le baiser qui devait relever la chasseresse de son sommeil enchanté mais elle ne resta pas pour y assister.

« J'espère que tu sais jouer d'un instrument poète guerrier, parce que vous partez de loin avec votre belle-doche ahah. », se gaussa Geraint en embrassant sa fille sur le front avant de vider les lieux lui aussi.

¹ sous entendu, la chasse au noir des hébrides