Excuses et requêtes. (Haruka)

Lisière extérieure de la Forêt Interdite - Proche de la taverne des Brasseurs de la Lune Rousse.

Quelques jours après le blocus.

Nerveux, les mains dans mon grand manteau noir, j'attendais Haruka. Le visage blême et fatigué par la dernière pleine lune, je trouvais ça vraiment ironique de devoir demander de l'aide à l'un des miens qui maîtrisait mieux son don que moi. Enfin son don... C'était comme cela qu'eux, les Yard, le considérait. Alors que je ne voyais cela que comme une maladie... Peut être que le problème venait de là.
J'avais envoyé un hibou, quelques temps seulement après avoir trouvé la photo de Yara dans le domaine des Yard alors que j'avais forcé les défenses magiques pour récupérer des affaires à moi. J'étais parti de cette meute, un peu comme un voleur mais... je ne m'y étais jamais senti à ma place. Pourtant, ils m'avaient récueillis et ils avaient tout pour faire de moi l'un de leurs...
Seulement... Il y avait eu les Lois Dunn. Et comme un crétin, j'avais donné mon nom au registre pour les protocoles expérimentaux de Ste Mangouste pour soigner la Lycanthropie. Pensant être un petit héros, j'avais juste écrit "LYCAN" en gros juste à côté de mon nom... Ce qui faisait que j'avais du quitter le domaine, car je ne voulais pas que les chasseurs du Ministère découvrent pour les Yard.
Je lui avais donc envoyé un hibou, en lui demandant de passer par la Forêt Interdite. Je savais que, maîtrisant parfaitement sa lycanthropie elle était largement capable contrairement aux étudiants de traverser la Forêt pour venir me voir. Guettant le moindre bruit donc, j'attendais.
Enfin, mon ouïe détecta des mouvements et mon odorat repéra l'odeur de la jeune femme. Je l'accueillais avec un grand sourire, car je l'avais toujours apprécié.

" Tu as pu venir! Est-ce que ça va ? Tout va bien à Poudlard? "

Je fronçais les sourcils en lui adressant un regard bienveillant. Si j'étais parti... C'était pour eux. Pour les protéger et ne pas les entraîner dans ma chute.

" Je voulais te parler de plusieurs choses. Déjà, je te dois des explications sur ma disparition du domaine. Il faut... il faut que tu comprennes que je ne l'ai pas véritablement voulu. J'étais inscris sur la liste des Lycans car je faisais parti des patients sous protocole expérimentales. Je sais, ce n'est pas accepté sa lycanthropie... ahah, si Glenn m'entendait... Mais c'était juste pour aider mon prochain, ceux qui ont du mal avec ça et qui ne l'accepte pas. "

Je faisais quelques pas, gênés. Mes oreilles toujours aux aguets et à l'affuts du moindre bruit de transplanage suspect.

" Je suis désolé d'être parti sans dire aurevoir. Je... je déteste les adieux. "

Je fuyais clairement son regard, les joues un peu rose de honte. J'avais juste laissé un mot, remerciant les Yard pour leur accueil et leur hospitalité.

" Si je t'ai fait venir, c'était pour te poser quelques questions sur une personne. Mais, bien sûr je suis pas idiot. Je ne le ferai que si tu as accepté mes excuses et que si tu veux bien me parler. Je... je ne veux pas te forcer. "

J'avais envie de lui dire que j'étais vraiment désolé. Que je l'avais toujours apprécié et que ca m'avait brisé le coeur de l'abandonné. Que soutenir son regard était encore aujourd'hui difficile... Nous créions nos propres démons...

" Si tu veux me cogner, tu peux. Mais pas le visage, j'en ai besoin c'est tout ce qui me reste pour charmer mes détracteurs. "

Je lui adressais un sourire en coin, si particulier et qui me donnait un charisme particulier. Je n'étais pas dupe, cependant. Je savais qu'elle ne pardonnerait pas comme ça.

Lisière extérieure de la Forêt Interdite - Proche de la taverne des Brasseurs de la Lune Rousse.

Quelques jours après le blocus.

Haruka avait brûlé le papier dès qu’elle eu achevé sa première lecture. Eugene, le mordu, qui avait disparu il y a des mois, la quémander dans la forêt interdite. Glenn lui avait confirmé de rester au château. La tentation de voir l’un des siens, quelqu’un de l’extérieur, même si c’était Eugène, terrassa toute ses résistances. Elle s’arrangea pour disparaître dans ke forêt l’heure venu, furtive au possible et après avoir vérifié qu’on ne l’avait pas suivi.

Elle frémit en pénétrant dans le sous-bois. On les mettait en garde depuis la première année. Mais Haruka avait toujours ressenti une attraction terrible pour la vieille Sylvestre. Quelque chose qui rampait tapis quelque part, qui parlait à sa part animale. Elle abandonna vite ses chaussures pour courir pied nus sur le tapis d’humus. Eugène avait du franchir dans l’autre sens. Haruka, accéléra sa course, présumant des ennuis potentiellement mortel que le loup maladroit avait pu s’attirer. Elle retrouva sa trace

Haruka se figea. Le monde extérieur avait il connaissance du blocus du Poudlard ? Ou Eugène avait-il été encore dans tout ses états pour ne pas voir passer l’information. Elle baissa le regard sur les vêtements du né-sorcier. Abîmés, sale, elle devina que l’ancien chercheur était en cavale.

La pleine lune remontait à loin, et pourtant Eugène semblait encore à bout. Haruka croisa les bras. La nature mettait à l’œuvre sa sélection rigoureuse. Elle s’était demandé plusieurs fois si Eugène finirait pas y passer. C’était un mordu doublé de ce que l’on appelait méchamment une queue de portée. Mais il avait survécu.

Elle hocha la tête pour lui répondre, la mine sérieuse. Ses poings étaient fermé, son corps légèrement tendus. Elle humait l’air et bougeait doucement la tête pour laisser ses oreilles capter les bruits de la forêt noire.

- Des protocoles expérimen-quoi ?

Elle pensa à  @Aena Nightingale, la directrice du laboratoire en savait-elle quelque chose ? Elle plissa les yeux. Il ne s'en était pas vanté auprès des Yard. Ou peut-être que @Glenn Yard lui avait simplement conseillé de ne pas en parler aux autres.

Elle le darda de ses yeux bruns jaunissant à la lune. Haruka ne répondit pas à son sourire. Après toutes ses années, Eugène ne savait pas faire partie d’une meute, et sans doute ne le saurait-il jamais. Son indépendance avait quelque chose de désarmant, d’insultant au pire. Elle avait du se rentrer dans le crâne qu’il n’agirait jamais vraiment comme étant l’un des leurs. C’était lui le verrou, le seul. Mais c’était quelque chose qu’elle lui avait assez rabattu en boucle lors de leurs entraînements.

Dans d’autres circonstances elle aurait été guillerette, et aurait répliqué qu’elle aurait davantage parié sur sa capacité à assommer les gens en parlant.

- Alors... t'es venu parce que t'avais besoin... résuma-t-elle avec une moue insatisfaite. La solitude la taraudait. Le stress était écrasant depuis quelque jours.

Elle croisa les bras et le regarda avec un air mi-moqueur, mi-supérieur. Comme si Eugène la demi-portion pouvait la forcer à quoi que ce soit. Il était si…. Humain. Il était commun de se jeter le membre de la meute qui s’était absenté. Un instant étrange qu’elle ne s’expliquait pas.

- Le visage ça sert à rien. 'Faut viser la gorge ou les flancs. Arracher une oreille à la rigueur ou mordre à la cheville. Tu m'écoutes jamais. le reprit-elle.

Elle s’était approché de lui et le sentait sans retenue, tournant  des ronds autour de lui. Comme à s'on habitude, elle se comportait comme un supérieur. Elle souleva son poignet avant de le relâcher. Il avait les articulations terriblement tendues, comme d’habitude. Mais il n'avait rien.

- D’habitude quand tu t’excuses, tu cuisines. renifla-t-elle l’air tel un chat capricieux.

Le français n’avait pas volé sa réputation. Y compris concernant ces diatribes interminable sur l’art de manger à table. Elle se redressa, plantée devant lui, digne et hautaine. Elle le considéra du coin du regard, vérifia d’un coup d’œil les alentours avant de lâcher :

- Qu’est-ce qui y a ? demanda-t-elle d’un coup de menton faussement désintéressé. Tu veux quoi ? Des "nouvelles" ? Comment t'as su que j'étais ici d'abord ? demanda-t-elle, sèche. Elle plissa le front, le visage frustré de sa présence au château et toutes les incertitudes que cela impliquait. Qu'est-ce que tu veux...?

Elle se retenait pour le moment de lui demander comment était son cas dehors depuis les nouvelles lois. Elle regarda Eugène, d'un petit air pincé et méfiant qu'elle maintenait avec effort. Intérieurement elle était soulagée de le voir. Mais elle était certaine qu'il avait encore fait une connerie dont il avait lui seul le secret.

Les mains dans les poches, toujours à bonne distance d'elle, je me mis étrangement à rire. Mon rire était grave et saccadé, preuve que cela faisait longtemps que cela ne m'était pas arrivé. Il y avait également dans ce petit bruit saccadé une forme de jappement qui ressemblait presque à celui du loup. Mon sourire s'effaça quand je vis que son regard acéré me parcourut d'un oeil un brin critique et j'eus presque honte.

" Toujours aussi civilisé Haru... " lui dis-je avec un petit sourire affectif.

De nombreuses fois, nous avions été en désaccord avec cela. Je prônais une vision du Loup moins sauvage et plus civilisé. Qui devait faire partie de la société sorcière. C'était bien là le problème, les gens nous voyait comme différent mais... nous restions avant tous des sorciers. Mais plus le temps passait plus je devais me rendre à l'évidence qu'Haruka avait peut être raison.

" Et toujours aussi craintive... Et perspicace. Je suis désolé pour la cuisine mais... je n'ai pas apporté mon matériel. " commençais-je avec autodérision en indiquant ma tenue. " Je suis d'abord venu pour prendre de tes nouvelles et voir si ça allait avec le blocus de Poudlard. Et si mes frères et soeurs allaient bien également. Et comme tu étais la plus débrouillarde pour passer outre ce petit règlement de dernière minute... "

Je lui fis un clin d'oeil, preuve que j'avais raison. Car elle était arrivé, et en plus à l'heure au point de rendez-vous. Si j'avais demandé de réalisé cet exploit à Persée Fogg ou Perséphone Fogg, je pense que j'aurai pu attendre encore un petit moment... Je la regardais d'un air calme et je continuais en toute honnêteté, de toute manière je n'avais jamais bien su mentir.

" C'est surtout ça que je veux savoir dans un premier temps, le reste c'est subsidiaire. "

Je fis une petite moue étrange, je recommençais avec mes tiques de langage digne des universitaires. Pourtant je ne fréquentais plus ce milieu depuis que j'étais parti. Avec un soupire, je m'approchais d'elle toujours les mains dans les poches et je continuais.

" Nous ne pourrons jamais être comme les sorciers. C'est... c'est un peu compliqué en ce moment. Je vais de foyer en foyer. Chez mes frères et soeurs notamment, mais je me cache. Je ne vais plus pointer comme le demande le Ministère, parce que je sais que l'étape suivante du Ministère sera notre emprisonnement ou notre élimination. D'où mon état. "

Je désignais mes vêtements d'un air critique. Moi qui avait toujours apporté un soin tout particulier à ma tenue vestimentaire que je voulais toujours propre et civilisée, je ressemblais plus à la personne que j'avais en face de moi, à la fois sauvage et primaire. Mais en même temps... elle devait surement être dans le vrai.

" Mais je ne reste jamais trop longtemps car je ne veux pas attiré l'attention sur eux. "

Et j'en restais là. En réalité sa méfiance faisait que je n'avais plus tellement envie de lui poser la question pour Yara pour l'instant. Et puis, maintenant que j'étais là en face d'elle, tout ne se passait pas comme je l'avais imaginé. Il fallait que je l'apprivoise à nouveau, qu'elle comprenne ma situation et pourquoi j'en étais arrivé là... Je baissais la tête. En réalité j'avais honte à chacune de mes visites. Je n'étais ni Loup-Garou, ni Sorcier. Pour la simple et bonne raison, c'est qu'en bon scientifique je voulais vérifier toutes les hypothèses qui m'obsédaient sur le sujet... Jusqu'à en perdre progression la notion de ma véritable nature... Qui j'étais et d'où je venais. Or c'était deux choses existentielles, que tout ceux que je connaissais avaient réussi à résoudre.

Lisière extérieure de la Forêt Interdite - Proche de la taverne des Brasseurs de la Lune Rousse.

Quelques jours après le blocus.

Eugene était bien lui-même… revenant sur ses paroles et assurant qu’il venait avant tout pour prendre de ses nouvelles. Elle soupesait le moindre de ses mots de son regard perçant, détecteur de mensonge lupin. Dans une flatterie que lui seul savait adresser sans paraître trop lourd, il loua sa débrouillardise. Elle fit une moue. Et  @Mahdi-Jaro Yard  alors ? Il était plus tiède certes mais... Aurait-il enfreint le règlement pour venir retrouver Eugène, le loup qui les avait quitté sans un aurevoir ? Il n'avait pas tord.

Eugene résuma sa situation de va-nu pied. Haruka écarquilla grand les yeux. Venait-il d’affirmer que le gouvernement souhaiter leur disparition totale ? Eugene était quelqu’un d’intelligent, qui avait eu un diplôme exerce un vrai métier, à l’IDEM. Elle avait tendance à croire ce qu’il disait sur le monde extérieur. Elle serra les dents, ne voulant croire, mettant ça sur le compte de la crainte permanente d’Eugene de tout. Une chose qu'elle n'accepterait d'entendre et de croire que de la bouche de @Glenn Yard.

Il était étrange d'entendre Eugène se dissocier des sorciers. Par dépit, sentiment d'exclusion. Elle fronça les sourcils, pensive. Il était changé, accablé. Son coeur se pinça un peu. Elle n'avait pas pensé à lui aux annonces. Elle ne savait pas où il était parti.
Cela ne faisait pourtant que quelques jours que les lois étaient parues. Sa vie avait-elle été cet enfer ? Elle pensait Eugène capable de se compliquer la vie bien assez tout seul.

- Je n’ai pas de nouvelle de la ferme. Glenn m’a dit de rester ici. dit-elle enfin. Mahdou va bien. Si tu te demandais. Ici c'est bizarre, mais ça va jusque là. Si tu veux savoir quoi faire, tu devrais entrer en contact avec Glenn. Elle s'en remettait complètement et entièrement à l'Alpha.

- La situation est vraiment pire que si tu allais pointer ? demanda-t-elle. J'imagine que c'est trop tard de toute façon. Elle plissa les yeux. Eugène lui faisait de la peine à voir. Il avait voulu vivre seul. Il découvrait ce qu'était une meute par son absence après avoir fait le choix délibéré de la quitter.

Tu cherchais quelqu'un tu disais ?

Un peu contrarié, je croisais les bras. Je n'avais pas envie de la froisser, parce que je tenais beaucoup à Haruka. Et de toute manière, elle n'y était pour rien dans les faits. Passant un main sur mon visage d'un air un peu fatigué, j'essayais de prendre une voix qui n'était pas trop engagée et virulente. J'étais en colère après le Gouvernement Dunn, pas après elle.

" C'est par principe. On est sur un décalage totale et une atteinte grave aux libertés individuelles. Si j'avais pointé, ça voulait dire que je cautionnais. Tu te rends compte? Haru, j'ai déjà passé beaucoup de temps à m'accepter en tant que Lycan et en parti grâce à toi. C'est justement te faire honneur que de pas être aller pointer. Voit ça comme un acte héroïque. "

Je souriais, et je me dirigeais enfin vers elle. Je brisais la distance qui restait et je la serrai dans mes bras en lui ébourriffant les cheveux. Avec un clin d'oeil, et dans une expression ultra-maternisante pour l'énerver je poursuivis en m'abaissant à son niveau comme les enfants parce que j'étais plus grand.

" T'as bonne mine toi en revanche. "

Je me mis à rire, puis je passais ma main dans mes cheveux puis dans ma nuque. Elle ne devait pas savoir qui était Yara. Parce que dans les faits, j'étais là pour ça. Elle me renvoya automatiquement vers Glenn, et j'admirai toujours autant cette obéissance et cette loyauté suprême à l'Alpha. C'était quelque chose que j'avais toujours eu du mal à intégrer et le problème venait certainement de là. Les mains sur les hanches, le visage plus joyeux depuis qu'elle était en face de moi, je tentais de répondre à ses questions.

" Tu ne dois pas connaître. Je... j'en parlerai à Glenn. "

Je détournais le regard. Je n'allais pas y aller et je ne comptais pas revoir Glenn de sitôt. J'avais vraiment trop honte pour cela. Plutôt que de me tourmenter avec ça, je préférais plutôt profiter de l'instant, d'avoir Haruka en face de moi. C'était aussi en partie pour ça que j'étais passé par elle. Je lui souriais.

" T'es jalouse que j'ai pas fait venir Mahdu? Je l'aime autant que toi, et je suis content qu'il aille bien. Seulement il ne pouvait y avoir qu'un seul messager et j'ai pris la plus maline à mes yeux. "

Je lui fis un petit clin d'oeil et je l'ébourriffais à nouveau. Je savais qu'elle détestait ça et qu'elle allait certainement finir par grogner. Mes yeux se firent plein d'amour, comme ceux que je réservais à mes propres frères et je passais mon bras par dessus le cou d'Haruka tout en avançant. Je regardais les alentours. J'avais plutôt bien dévier le sujet Glenn/Yara. mais.... La gamine avait du flair...

" Et toi? Comment est-ce que tu vas? Est-ce que je dois demander à Glenn pour savoir si tu vas bien? "

Je la lâchais et je me protégeais les flanc par instinct. On aurait dit deux jeunes loups jouant, comme lors des soirs de Pleines Lunes ou je me faisais un malin plaisir à lui mordiller derrière l'oreille un peu fortement pour jouer. Elle allait me cogner pour cet affront c'était presque certains.

Lisière extérieure de la Forêt Interdite - Proche de la taverne des Brasseurs de la Lune Rousse.

Quelques jours après le blocus.

Eugène brandissait sa résistance comme un acte d'honneur envers sa meute d'adoption. Il était pourtant parti un an avant. Mais les sentiments d'Haruka n'étaient pas différent. Pointer toutes les semaines à un registre ne lui semblait pas être une vie. Depuis quelques jours ses pensées s'envolaient vers ceux qui étaient déjà déclarés. Elle qui se demandait ce qu'était cette vie en avait l'illustration désormais devant elle.

Il s'approcha d'elle et la prit dans ses bras. Elle souffla. Elle s'emplissait de son odeur. Elle avait perçu son départ comme un abandon, un sentiment de trahison profond avait laissé place à l'inquiétude. Haruka se laissa faire et l'entoura même de ses bras en réponse. Il lui ébouriffa les cheveux dans un geste affectueux mais non moins provoquant. Elle le regarda lourdement, ses reproches dans le regard. Il la citait comme un exemple, le professeur qu'il avait jamais eu...

Elle soutint son regard. Elle voulait croire à tout ça.

Bonne mine... Jusque-là, la situation était supportable et Haruka vivait au jour le jour. Eugène rayonnait de bonne humeur. Son envie de lui hurler dessus passait petit à petit. Il était sincère... Elle le sentait....

Elle pinça les lèvres, piquée par le compliment. @Mahdi-Jaro Yard était malin, une vraie tête. Haruka n'était simplement pas comparable à lui. Elle était instinctive, sanguine, dans l'instanté. Eugène n'était qu'un gros flatteur.

Haruka ne répondit pas tout de suite à la question. Elle baissa les yeux pour chercher ses mots.

- Si je n'avais pas promis à @Glenn Yard de rester ici, je crois je partirais avec toi... avoua-t-elle. Elle réalisait, surprise de ses propres mots, ses pensées et désirs enfouis.

Ce n'était pas vraiment une promesse mais le seul conseil de Glenn valait comme un ordre simple et concis dans son esprit trop lycanthrope. Elle cilla, comme prit de vertige. Elle n'avait jamais parlé de partir, ni de la ferme, ni du clan, ni de Poudlard. Il y avait une voix, un instinct de survie qui lui soufflait une lithanie étrange depuis plusieurs jours. Résider à Poudlard n'était plus être un loup dans la bergerie. C'était manger, boire, entrer en classe à côté de potentiels chasseur. En classe son regard balayait parfois l'assemblée. Qui de @Siobhán Gavalagh-Korrigan, de @Queenie Walker, de @Brynn Gwent ou de @Edel Almadovar serait capable de délation ? Ils pouvaient tous...

- J'ai l'impression d'avoir tous les yeux sur mon dos et qu'à la moindre erreur je mettrais tout le monde en danger... Il y a déjà des personnes qui sont parties....

Elle releva son regard sur Eugène. Elle en venait au même conclusion que lui, sans même s'en rendre compte, elle qui l'accusait d'avoir fui voyait cela comme son propre échappatoire. Elle inspira, les traits détendus. Elle posa ses mains sur les épaules d'Eugène.

- Je suis rassurée de savoir où tu es et que tu fais ce que tu peux pour t'en sortir.

Les mots sortaient toujours terriblement simple et sans fioriture de sa bouche. Elle n'avait pas langue d'Eugène ou de Mahdi. Mais elle avait pour elle sa franchise crue et nue. La louve n'avait pas dit qu'il allait bien...

- Dis toujours, je peux peut-être t'aider ? Je sais que tu n'es pas venu juste pour me voir. Dis-moi Eugène. Sa rancoeur s'était effacée. Ils étaient tous potentiellement en danger. Elle lui sourit.

Je la tenais dans les épaules et je la regardais avec le regard soudain plus inquiet. Certes, elle était mon sensei comme on s'amusait à s'appeler pour tout ce qui touchait à la Lycanthropie. En revanche pour le reste je la considérais comme une petite soeur, que je devais toujours protéger. Et je me rendis alors compte de la portée de mon geste pour elle, de mon départ. Pris de beaucoup de regrets, je la tenais toujours par les épaules, bien plus grand qu'elle et je déclarais :

" Non, il faut que tu restes à Poudlard, il est hors de question de rater une étude, c'est donner raison à Dunn de faire ça. Tu restes ici, tu fais le dos rond. Je sais c'est difficile mais ta situation et la mienne n'est pas comparable. J'ai obtenu un congés sans-solde de l'IDEM. J'y reviens quand je veux... enfin en théorie. Ce n'est qu'une mauvaise passe de ma vie et tout va rentrer à la normale quand Dunn partira. Toi, si tu pars tu te compromets vraiment. "

Ma voix était calme, douce et apaisante, à l'instar de celle d'un grand frère. Je n'avais jamais vraiment trouvé ma place dans cette meute chez les Yard mais je commençais à croire qu'en réalité je l'avais depuis le début et que je ne voulais simplement pas l'accepter. Je la serrai un peu fort, car c'était quelque chose qui je le savais pouvait la rassurer. Toujours les yeux dans les yeux, je poursuivis.

" Tu ne mets personne en danger. Tu maîtrises ta Lycanthropie. Ce sont les idées de Dunn qui t'affectent, il nous fait inspirer du doute pour nous désunir. Il ne faut pas que tu t'en fasses vraiment. Reste naturelle, et prudente. Normalement il ne t'arrivera rien. "

Et si jamais quelqu'un faisait preuve de délation, j'en ferai très certainement mon déjeuner un soir de pleine lune. Dans les faits, je n'étais absolument pas méchant, sauf pour une chose. Quand on touchait à la famille. Fogg ou Yard, même combat, même panier. Et ça, je ne pouvais l'accepter. La libérant, je continuais de lui adresser un petit regard soucieux.

" Je suis venu te voir pour savoir si tu connaissais une personne en particulier, ou si tu l'avais vu au Domaine. "

J'aurai pu dire " Je crois que ca peut attendre " par la suite. Mais elle était intelligente et elle allait forcément insister. Je gagnais du temps et surtout du respect envers elle en lui disant la vérité.

" Je voulais savoir si tu connaissais une certaine Yara. C'est une... ancienne amie à moi. "

Je mis du temps à assimiler que j'avais dit "ancienne". Le mot d'ailleurs se répercuta dans mon esprit comme si je ne voulais pas le dire. Comme si je n'arrivais pas à l'accepter. La mâchoire un peu serré, je passais ma main dans ma nuque comme je le faisais souvent lorsque j'étais gêné. Aucun de mes frères et soeurs, hormis Matthias n'était au courant de mes sentiments pour elle.

" Mais laisse tomber, je ne veux pas t'infliger ça. Que tu le saches ou non, le mieux c'est que tu ne dises rien pour ne pas trahir Glenn. Et je suis sérieux. Je sais pas ce qui me prends. J'aurai jamais du te parler de ça. "

Je passais ensuite ma main dans mes cheveux lisses. Le visage contrarié, je regardais Haruka comme si je la voyais pour la première fois. Pourquoi j'avais la facheuse tendance à mettre les miens les uns contre les autres alors qu'il suffisait que je demande juste à Glenn?
Le connaissait, il ne me donnerait jamais d'explications...

Lisière extérieure de la Forêt Interdite - Proche de la taverne des Brasseurs de la Lune Rousse.

Quelques jours après le blocus.

Eugène se rangea au même avis que  @Glenn Yard , évoquant des arguments que l'alpha n'avait même pas pu lui mettre en avant dans sa lettre, mais qu'il devait certainement partager. Elle n'appréciait guère lorsque ses deux là se liguait du même avis... Mais à cet instant elle acquiesça pensive, s'en remettant à l'opinion des plus âgés.

Elle se mordit l'intérieur de la joue sans baisser les yeux alors qu'Eugène la mettait sur un piédestale. Il se trompait... Elle était... imparfaite. Et c'était bien son naturel qu'il effrayait entre ses murs. Elle se connaissait en milieu ami. Les Yard ne confrontaient par leurs louveteaux à sortir de leur zone de confort.

Eugène finit par lâcher le morceaux. Haruka leva une oreille, attentive, autant à ses mots qu'à son air fâché. Il ne voulait pas le dire mais il ne pouvait plus reculer.

- Yara ? répéta-t-elle  

Le nom de @Yara Morães De Carvalho lui était inconnu.

Elle fronça les sourcils ne comprenant pas la gène soudaine d'Eugène, et surtout ce que cela avait affaire avec trahir Glenn.

- Comment ça trahir Glenn...? demanda-t-elle. Elle plissa les yeux. Ça m'dit rien... répondit-elle néanmoins, honnête. Eugène t'es bizarre. Qu'est-ce que ton ancienne amie à avoir avec Glenn ? grogna-t-elle.

Il avait certainement eu tord de s'aventurer trop loin. Ses instincts primaires n'étaient jamais loin et son corps se tendit. Eugène cachait quelque chose de gros.

- Tu t'es fais des amis pendant ta cavale...? demanda-t-elle, le dos rond et les yeux perçants. Qui aimerait passer chez nous ? Elle fronça le front se mordit la lèvre pour ne pas se jeter sur les premières pensées. Ou plutôt ses pensées qui se jetaient à elle.

Eugène...? souffla-t-elle plus doucement... Tu as des problèmes...?

Gêné, je me reculais de quelques pas en faisant une grimace. Elle avait le don, ou le flair pour repérer immédiatement ce qu'il n'allait pas chez moi. Elle avait pointé directement là où ça faisait mal et tout ce qui clochait. Avec un sourire désolé je m'asseyais contre le tronc d'un arbre et j'invitais Haruka à faire la même chose que moi tout en regardant vers la Forêt Interdite d'un air un peu lointain.

" C'est exactement la question que je me pose : Qu'est ce que mon ancienne amie a à voir avec Glenn? Visiblement tu ne connais pas la réponse. "

J'appuyais ma tête contre le tronc de l'arbre et je lui adressais un regard malicieux. Je venais de lui faire comprendre en une phrase qu'elle avait eu du flaire et qu'elle avait trouvé directement le problème. C'était une érudit en matière de maîtrise de Lycanthropie, et comme tout bon Théoricien qui se respecte, j'étais déjà en train de conjecturer les probabilités que ce soit l'instinct animal qui ait immédiatement repéré le problème. Est-ce qu'elle me connaissait assez pour deviner tout ça? Ou était-ce de la chance?

" Yara est une ancienne amie à moi, qui date de Poudlard. C'est une Chasseuse de Loup-Garou. "

Je tournais ma tête vers Haru, le regard un peu désolé. Je m'en voulais de lui avouer que j'étais ami avec une personne de ce type. Pire, j'en étais éperdument amoureux mais ça je le gardais bien précieusement dans un coin de ma pensée. Il était hors de question qu'elle apprenne ce genre de secret. Même si elle était visiblement brillante pour percer les mystères, peut être devinerait t-elle un jour ce que je ressentais.
Il fallait être soit amoureux soit stupide pour protéger une chasseuse de Loup Garou.

" Je crois qu'effectivement j'ai un ou deux problèmes. "

Je l'observais d'un air désolé toujours appuyé sur ce tronc comme si l'énergie de ce dernier pouvait améliorer la mienne. J'avais encre du mal à gérer la pleine Lune. Le regard calme, j'essayais de mettre en ordre mes pensées. Qu'est ce que j'allais bien pouvoir donner comme information, sans pour autant la faire paniquer.

" J'ai été contacté et approché par la Meute durant ma cavale. J'étais perdu et... disons que je voulais voir comment elle fonctionnait. C'était de la curiosité mal placé et surtout de la bêtise. J'avais nul part où aller. Mais rassure toi, au dernier moment je leur ai fait faux-bond. Quoi qu'il en soit, je crois que je ne m'en suis pas fait des amis. "

Je baissais la tête parce que j'étais cette fois-ci mort de honte et je savais que j'allais beaucoup la décevoir. J'avais presque envie de pleurer et de m'en aller sur le champs, tellement la honte était dans mon corps et dans mon esprit. Les yeux fermés, je tapotais le tronc d'arbre avec l'arrière de mon crâne comme un espèce de TOC anxiogène.

" Je suis désolé. Je sais que j'aurai du rester avec vous mais... j'avais peur de vous compromettre. Vous êtes comme ma famille et j'estimais dangereux de rester prêt de vous alors que j'étais déclarer. Et puis... je suis pas si courageux que ça."

Pourtant, j'avais été envoyé à Gryffondor, mais par moment je me posais réellement la question sur le pourquoi du comment. Jouant avec de l'herbe que je balançais avec hargne, je déclarais :

" Voilà, tu connais tout de la fabuleuse histoire d'Eugène Fogg, le Loup-Garou assez stupide pour être ami avec une tueuse de ses semblables et tellement con qu'il va vers la première bande de Loup qu'il croise en oubliant qu'il en avait une avant de partir.."

tw : abandon

Haruka, intriguée, suivait les gestes d’Eugène, le passant au crible instinctif d’une lecture animal. Recul, pli sur le front, odeur. Eugène était un livre ouvert. Même pour d’autres humains pensait Haruka.

Il l’invita à s’asseoir à côté d’elle. Les poumons serrés elle le suivit. Eugène n’aurait pas fait tout ce chemin, ni n’aurait surmonté sa honte pour prendre des nouvelles.

Eugène sourit, le regard un peu trop brillant et la félicita comme une enfant. Cette relation de maître et d'élève se retournait sans cesse entre eux. Eugène aimait en jouer, lui rappeler qu’il était plus grand, plus vieux, qu’il savait beaucoup de chose et expliquer l’utilité d’au moins cinq fourchettes différentes. Et elle, claquait ses dents à ses jarrets quand il trébuchait.

Sa mine se défit. Si elle n’avait pas la réponse d’Eugène, alors peut-être le mettait-elle en danger ?

“… une… ? une… ?” répéta-t-elle, très bas, comme si cela aurait pu en invoquer un dans le bosquet.

Stupéfaite, la jeune femme ne sut quoi répondre. Elle tâchait de recomposer maladroitement un tableau dont elle n’avait pas toutes les pièces. Si Glenn avait été en contact avec une chasseuse, jamais il ne lui en avait parlé.

Elle ne se moqua pas de lui comme elle aurait fait, sur ses sois-disant “problèmes” dont elle avait elle-même dressé la liste.Elle se tut et l'écouta, silencieuse.

La Meute…. Haruka s’enfonça encore plus de son mutisme… Elle n’en avait jamais parlé avec Eugène, et personne ne lui avait dit. ”La Meute… de la curiosité mal placé… de la bêtise… nul part où aller…” Eugène n’avait pas idée à quels points son récit était étrange à les oreilles de son aînée louve.

Elle avait découvert années après années la réputation qu’avait ce voile sombre devant ses origines qu’on appelait la Meute, avec un grand M. Beaucoup de loup les auraient désignés comme ceux des Trolls ou d’en-dessous de Londres, il n’y avait que des meutes. Mais elle sut tout de suite de laquelle Eugène parlait. La Meute. Celle qui effrayait la chronique et les sorciers.

Haruka baissa les yeux sur la mousse à ses pieds ne sachant que dire. Elle pouvait sentir la tristesse d’Eugène se poser comme un voile sur ses propres épaules. Alors qu’il se laissait tomber le crâne contre le tronc elle finit par s'asseoir à côté de lui. Silencieuse elle lui fit signe de venir. La louve le tira vers d’elle et l'étreignit avec force et sincérité contre elle.

“Eugène, c’est pas ta faute si t’as été abandonné à la naissance.” chuchota-t-elle.

Elle faisait bien entendu référence à sa deuxième naissance, celle qui les concernait elle et lui qui faisait qu’une maraîchère étudiante sans avenir et un chercheur de l’IDEM étaient assis côté à côté dans la forêt interdite.

Haruka savait de quoi elle parlait. Eugène avait pour lui la malchance d'être le rejeton d’un évènement raté, une erreur. Il était né sans guide, sans père ou mère, abandonné à lui-même jusqu'à ce qu’il trouve son chemin jusque chez les Yard.

“Tu m’as manqué.” dit-elle de but en blanc, franchement car elle n’avait pas honte de le dire. “Je t’ai détesté quand tu es parti.” confia-t-elle, et par là, lui signifiait qu’elle ne le haïssait plus puisqu’il était revenu. Le visage grave, elle ne lui avait pas rendu ses sourires qui ressemblaient plus à des larmes.

Elle regarda intensément celui qui était son aîné de vie d'homme, mais un enfant de vie de loup. Elle l'attira à lui et lui offrit une accolade. Elle compatissait sincèrement à son désarroi.

“Eugène…” Elle frottait son bras, tique nerveux avant de les croiser devant sa taille, les mains refermées sur les hanches en une camisole de gêne. “Tu…” ...sais y aller ? Tu as pu rentrer ? Je sais que l’entrée est secrète et que tout le monde ne peut y aller. “Ça a l’air très dangereux d’être ami avec une chasseuse.” Elle lui jeta ce regard sérieux du coin de l’oeil qui voulait dire : tu devrais en parler à l’alpha. Parce qu’elle ne se sentait pas capable de lui faire entendre raison.

“Alors, tu les as… rencontré….?” Elle lui jeta un regard du coin de l’oeil, surveillant son visage, les tressaillement de son expression, cherchant le moindre indice, enregistrant tout ce qu’elle pouvait. Elle ramena ses jambes devant elle, collant son museau à ses genoux, troublée.

“J’en ai entendu parlé…” finit-elle par articuler.

Il s'était exprimé en pensant que, comme tous les autres, elle aurait prit sa tirade comme un gage de confiance. Il la rangeait dans le même tiroir que les autres.

“J’en ai quelques souvenirs mais c’est diffu…” Elle cilla, regardant le fond de la forêt. Elle n’abordait jamais le sujet, considérait les Yard comme sa famille sans le moindre doute, mais ces petits souvenirs d’enfances avaient fini par devenir des grands, énigmatiques et refermant le secret de ses racines. Elle tourna finalement la tête vers Eugène, serrant ses genoux contre elle. Souvenirs vrais ou fabriqués ? “Je suis née là-bas.” Et elle avait saisi qu’il s’agissait d’une sorte de péché de naissance aux yeux de quelqu’un. “Mes parents m’ont laissés chez les Yard, ils sont retournés là-bas puis plus jamais revenu.” lui raconta-t-elle, puisqu'il allait demander de toute façon. Elle avala sa salive. La Meute était partout dans les journées et c'était comme si cette question qu’elle n’avait jamais poursuivi plus jeune avait décidé de la prendre en chasse.

“C'était comment là-bas ? Tu fuyais ton amie chasseuse ?” demanda-t-elle candide. Les deux mots étaient incompatibles, mais elle faisait un effort, persuadée qu'Eugène lui expliquerait. S’il n'y avait qu'un endroit de tout le Royaume-Uni magique où l’on pouvait espérer semer un chasseur, c'était là-bas.