Excuses et requêtes. (Haruka)

Sourcils froncés, je regardais Haruka d'un air curieux et nouveau. L'étreinte m'avait certes fait du bien, et sentir à nouveau la chaleur de quelqu'un et savoir qu'on était apprécié m'avait fait beaucoup de bien. Mais... Quand elle parlait de Yara, ou encore de la Meute, je la sentis toute étrange et bizarre. Elle n'était pas la même que d'habitude et j'en fus légèrement déstabiliser. Finalement, c'était elle qui avait le plus besoin de parler et non moi. Au final, quoi qu'elle en pense, j'étais un grand frère pour elle qu'elle le veuille ou non.

" Ce n'était pas vraiment bien. Il y avait beaucoup de gens perdus comme moi. La majorité sont des égarés, et l'autre parti sont des manipulateurs qui aspirent à une mauvaise cause. Je n'ai pas eu beaucoup de contact, puisque je n'en faisais pas encore officiellement parti. On n'y rentre pas comme ça. "

J'aurai pu rajouter tout ce que j'avais vu. Tout ce qui m'avait semblé horrible, injuste, et si loin de tout ce que j'avais pu apprendre au Domaine Yard. Attrapant un de mes genoux, je passais une main dans mes cheveux d'un air gêné. Je voyais bien que le fait que je connaisse Yara la dérange. Cherchant un moyen de lui répondre, je choisis une des meilleures manière à mes yeux : à la française.

" Yara a toujours été une amie, Haru. Elle fait parti de ces personnes qui sont dans l'ignorance et aveuglé par la douleur d'avoir perdu quelqu'un par la faute d'individus qui tuent au nom de tous les Loups. Elle fait d'un cas une généralité et j'essaie de lui faire changer d'avis même si c'est difficile. Je sais que ça peut te paraître dingue, mais... "

Je lui posais mon doigt sur le nez, au même titre que j'aurai pu lui poser ma patte sur le museau. Avec un léger sourire je l'attirais contre moi, utilisant mes gras bras pour l'enlacé et lui rendre au centuple celui qu'elle m'avait fait pour me pardonner.

" J'abandonne rarement quelqu'un. Ou alors, c'est que sa sécurité et sa survie est en jeu. "

Je faisais bien sur référence au fait que j'étais parti pour la sécurité de toute la Meute Yard. Avoir une amie en tant que Chasseuse, ce n'était pas très malin. Mais en plus ne plus signer les registres du Ministères pour pointer toutes les semaines, n'était pas non plus quelque chose de très futé. La crainte de les voir envahis, trahis et attaqués, avait pris le dessus sur la raison et je m'étais enfui.

" Je ne savais pas. " dis-je d'une voix sourde.

Toujours dans mes bras, je la repoussais délicatement pour qu'elle puisse me regarder. Sourcils froncés, je la contemplais. Jamais je n'avais connu sa véritable histoire. Je savais juste qu'un jour, elle était apparu au Domaine et que Glenn l'avait adopté. Je n'avais pas de curiosité malsaine et j'avais attendu qu'elle en parle d'elle même plutôt que de poser une question indiscrète. Aujourd'hui, j'avais ma réponse et je comprenais mieux certaines choses. Notamment sa réaction à mon départ. Elle avait déjà été abandonné.

" Il n'y a rien de bon là-bas et c'est peut être pour cela qu'ils ont choisi les Yard pour te guider. Et regarde la femme que tu es devenue. Elle complète parfaitement la Louve qui est en toi. Certes c'est encore imparfait mais... Je crois que tu ne vois pas la même chose que moi quand je pose mes yeux sur toi. Je vois une femme bien plus accompli que le petit loup que je suis. Tu progresses plus vite que moi, mais c'est normal tu m'as toujours surpasser. "

Je lui fis un léger sourire, puis j'enlevais mon bras pour rompre tout contact physique. Il était particulier avec les autres loups, surtout quand on approchait de la pleine lune et il valait mieux se contrôler. Observant la forêt devant nous, appuyé contre l'arbre comme si ce dernier pouvait me donner un peu d'énergie, je concluais :

" En tout cas, je peux te faire une promesse. Si je n'abandonne pas une amie capable de faire beaucoup de mal à mes semblables, crois moi, je ne suis pas prêt d'abandonner celle qui me guide tous les jours vers la paix intérieure. "

Je penchais la tête, pour la regarder dans les yeux.

tw : abandon, mort, propos vulgaire

Eugène déçu ses attentes en dressant un tableau de la meute aussi flou que celui qu'elle avait toujours vu. Haruka se tendit. Lui cachait-il quelque chose ? Le loup mordu préféra plutôt lui conter avec émotion l'histoire de son amitié avec @Yara Morães De Carvalho la chasseuse. Haruka l'accueilli dans un silence froid, peu encline à verser une larme pour une inconnue qui avait le sang de ses semblables sur les mains. Celui de ses parents peut-être.

Eugène planta son regard dans les siens, lui assurant qu'il n'abandonnait pas, sauf en cas de question de vie ou de mort. Haruka plissa les yeux, méfiante, l'impression qu'il arrangeait comme il pouvait sous le meilleur jour son départ. Il était parti bien avant les listes et les recensements.

Eugène l'écarta de lui pour la fixer. Haruka cilla, le visage morne. Ses étreintes étaient rares.  Eugène y mit fin, verbalisant qu'il ignorait tout de son histoire. Mais Eugène avait un défaut : plus il se laissait aller à son aise, plus il délaisser sa jugeote pour son assurance.

- Qu'est-ce que t'as dit ? demanda-t-elle stupéfaite.

Il n’y avait pas de louve en elle, elle était louve. Elle avait pourtant corrigé Eugène des milliers de fois, mais rien n'à y faire, le sorcier s'accrochait à cette dichotomie comme à sa propre vie. Il n'y avait rein d'étonnant à la supériorité d'Haruka, elle était née-louve, avait des années d'expériences alors qu'Eugène n'était qu'un mordu qui ne comprenait la plupart du temps rien à ce qui lui était arrivé, même des années plus tard. Ils étaient incomparables malgré les efforts bienveillants d'Haruka pour le tirer vers le haut.

Haruka, gronda entre ses dents. Eugène avait le culot de donner une voix à ses parents disparus. La louve se releva, le dominant de toute sa hauteur et le toisa de haut avec une froideur qu'Eugène n'avait jamais connu.

- T'es pas bien Eugène... dit-elle en secouant la tête très lentement. Haruka

- Mes parents ont choisi que dalle. Ils étaient saisonniers chez les Yard parce qu'ils pouvaient pas être embauchés ailleurs... à cause de gens comme ta pute de chasseuse. Ils sont partis un jour et sont jamais revenu ! gronda-t-elle. Tu crois quoi, qu'ils sont allés joyeusement mourrir en me pensant entre de bonne main ? Tu crois que c'est une coutume chez nous ? Tu vis dans quel monde ? aboya-t-elle.

Un monde où visiblement un loup pouvait trahir sa meute pour suivre comme un chien une chasseuse qui égorgeait leurs frères et soeurs de meute. Que croyait-il ? Que leur vie était un roman ? Haruka avait été profondément blessée et elle regardait Eugène comme si elle le découvrait pour la première fois. Elle le traitait comme un enfant, qui ne savait pas dans quel monde il mettait les pieds. Eugène avait une famille, des diplômes, un réseau de personne qui avait continué à l'embaucher même après sa morsure. Même brimé par la société, il restait parfois à ses yeux, comme un sorcier privilégié.

- La paix intérieure... répéta-t-elle en hochant de la tête, la lèvre retroussée.

Il avait mentionné ses parents et leur avait inventé une vie, des décisions, des leitmotiv, juste après être revenu comme un charme lui poser des questions sur Glenn, au sujet d’une “amie” à lui, avec qui il avait du passé son année à friquotter jusqu'à ce qu’elle le voyait. Elle considéra Eugène le regard plein de jugement, puis ajouta avant de se retourner :

- Ça va, tu veux juste la tringler. Bon courage. Éviter de te faire tuer. Tu lui diras que je savais rien.

Elle comprenait mieux pourquoi Eugène lui avait dit ne pas vouloir la pousser à trahir  @Glenn Yard.

- Si c'est ça, vaut mieux que tu te tiennes à l'écart et que tu ne lui mentionnes jamais notre existence. Tu ferais une faveur à toute la meute. lâcha-t-elle railleuse et terriblement sérieuse. Tu joues un jeu beaucoup trop dangereux Eugène.

Elle recula de plusieurs pas, les yeux rouges et enfonça ses poings dans les poches de son sweat-shirt bien trop grand pour elle. Elle secoua la tête sans le lâcher du regard. Elle ne pouvait pas le suivre, ni répondre à cette promesse qu'elle savait impossible.

- Et ça pourrait tous nous tuer. et s'éloigna dans la forêt en direction du château.

Oh elle le voyait bien Eugène, avec sa Yara, dans des draps blancs d’un lit avant que la vérité ne les sépare. La vision lui donnait des ulcères.

Avant de disparaître, elle s'arrêta près d'un arbre et lança un franc et plein d'amertume.

- Bonne chance Eugène.

Parce qu'avec un pareil choix, il prenait de lui-même la décision de couper les ponts avec eux. Malgré les lois et les dangers qui pesaient sur eux, Haruka ne pouvait se résoudre à trahir sa meute pour les sensibleries d'un seul. Pardon Eugène... siffla-t-elle toute seule.

Haruka disparu dans la forêt, laissant Eugène derrière elle. Étouffant comme elle pouvait ses larmes.

Comment pouvait-il choisir cette chasseuse à eux ?

À elle ?

Elle qui l'avait adopté comme un louveteau et avait fait tous les efforts nécessaires pour le guider. Ils avaient mangé le même pain, s'étaient baigné dans les rivières bordant le domaine.

Une fois qu'elle fut seule Haruka éclata, secouée par les pleurs, regrettant ce rejet tout en se sentant physiquement incapable de revenir sur sa décision, même si celle-ci la rendait malade. Eugène était stupide comme attachant, énervant comment d'une gentillesse extrême. Elle ne voulait pas le perdre, pas lui non plus. Elle essaya de se convaincre qu'Eugène se perdrait tout seul, et qu'avec de la chance, lui qui avait survécu un an tout seul pourrait encore pousser jusque là.

S'il ne commettait pas d'imprudence avec l'autre...

Oh elle le sentait. Si cette @Yara Morães De Carvalho lui faisait le moindre mal, elle saurait la retrouver, au bout de la terre s'il le fallait.