Mind of mind (Selma)

Ignorant comment elle faisait pour le tendre de nervosité à chaque fois qu'elle ouvrait la bouche, Edel l'observait du coin de l'oeil s'insurger qu'elle ne mentait pas. Le Serpentard secoua la tête, refusant de croire qu'elle

“Tu m'as menti Montero.” D'un ton implacable, c'était certainement par extension un acte qu'il ne pardonnait pas. La tromperie et les mensonges ne faisaient pas parti de son vocabulaire quand ils les mettaient en concurrence direct avec la franchise et le respect. Alors qu'elle lui laissait une fenêtre de tir en doutant de lui, Edel fronça les sourcils. “Tu te fiches de moi?” il l'avait soufflé, serrant les poings alors qu'elle commençait à l'accuser de se parer de faux semblant. Il eut un pas vers celle qui ignorait totalement qui il pouvait être si on le provoquait de la sorte. S'il avait ses extrêmes, il savait aussi se nuancer depuis peu. “Ne pense pas savoir qui je suis.” Il ne lui donnerait plus aucune occasion de l'approcher ainsi, transformant aisément ce pincement qu'il avait eu en une émotion bien plus redoutable. Il avait été élevé pour ne jamais ressembler à son père et pourtant, lui comme son frère pouvait avoir les memes sombres colères. Selma avait connu un jeune homme qui vivait au jour le jour sans jamais se soucier du reste, ne se fiant qu'à ses facilités pour se frayer un chemin. Et lui, il avait connu une jeune fille dont il avait apprécié le moindre sourire, sans savoir qu'ils n'avaient rien de sincère.

“Tu m'as menti et ça change tout.” Pointant directement là où il pourrait lui même se faire avoir, il enfonça fermement son propre pied sur le clou. “Tu m'as menti sur qui tu étais, ce que tu faisais, probablement sur tous ce tu aimais et ouais, j'ai été assez con pour te croire. Et tu sais quoi, j'espère que t'en ai bien fière et que ça a bien satisfait ta famille.” Il avait passé des jours à se demander s'il avait pu livrer une quelconque information sur les Almadovars sans savoir laquelle lui serait retourner en pleine face. Il avait passé des jours à décortiquer ce qu'il savait de la jeune fille sans plus rien en tirer de positif.

“Y'a plus rien que j'apprécie pour ma part alors crois moi, j'en ai rien à faire de savoir si ce qui te plaisait ou pas.”

Le jeune homme s’approchait dangereusement en pointant sur elle un doigt accusateur. Peut-être pensait-il pouvoir lui faire peur ? Mais Selma avait été insensibilisée depuis son plus jeune âge à toute forme d’intimidation, la rendant à la fois inatteignable mais également extrêmement vulnérable à des angoisses absurdes et irraisonnées.

- Oh si je sais qui tu es Edel, renchérit-elle en s’opposant à son affirmation qui ne reposait sur rien de sensé. Tu joues au gros dur et aux insensibles, mais c’est pour mieux cacher tes fragilités et tes insécurités. Je sais pas qui te penses pouvoir berner en prenant ce rôle ridicule…

Il avait enchaîné les reproches qu’il lui adressait, fantasmant complètement le degré de perversité qu’elle aurait pu selon lui atteindre en feintant ses propres sentiments. La jeune fille se contenta de le fixer mornement, sans parvenir à faire exprimer à son visage la moindre émotion.

- Je vais pas me justifier puisqu’apparemment tu refuses de me croire quoi que je dise. Tu ne vois en moi que mon nom de famille, et tu t’en fiches du reste. Je pensais que tu valais mieux que ça… C’est tellement décevant.

Il avait serré ses poings, comme s’il était capable de la frapper de rage. Selma doutait cependant qu’il en soit capable, mais quelque part au fond d’elle, elle l’espérait presque. Peut-être qu’ainsi elle recommencerait à éprouver des émotions ?

- Tu peux bien essayer de me faire du mal, je ne suis plus capable de rien ressentir. Il y a plusieurs personnes qui m’ont brisées en ce monde, et tu en fais à présent partie Edel. Finalement, tu ne vaux pas mieux que mon père que tu méprises tant.

 

“Ferme-la.”

La mention d’un père, confondant dans sa rage le "mon" et le "ton" qu’il méprisait sans connaître aurait pu faire déborder un vase qu’elle remplissait de haine en sachant parfaitement où taper, parce qu’elle le connaissait. Et c'était même probablement ça le pire, c’est qu’ils se connaissaient encore assez pour se faire mal. Edel décrocha son regard du sien, se retenant de devenir ce qu’il abhorrait, par respect pour sa propre mère et même la sienne. Mais quand on commençait à l’aligner au même rang que son père, un vase brisait ne pouvait plus se recoller.

“Surtout quand ta mère est morte, on apprend à la fermer sur les parents des autres.” S‘éloignant d’elle, il secoua sa tête, incapable de comprendre comment elle avait fini par arriver à un niveau si bas. “Tu sais quoi, t’es la seule à être déçue, moi ça va. Et tu pourras même te dire que je suis très heureux de t’avoir brisé, c’est tout ce que tu mérites. Pointant son don fluctuant, Edel lui arracha soudainement les livres de ses mains pour les balancer contre le mur sans le moindre ménagement. Pensant le connaître sous les bons jours, elle n’avait aucune idée à quel point elle pouvait avoir raison quand il s’agissait des sombres colères d’un père que seul Neizan avait déjà vu ainsi. D’un extrême à l’autre, Edel se retenait de coller son poing dans le mur juste à coté de son visage.  “Ferme-la Selma... ça devrait pas changer des ordres de ton père à toi non? Tu serais aller jusqu'à quoi, feindre de tomber amoureuse pour t’approcher de ma famille et quoi? Tout ça pour satisfaire une famille qui s’est jamais demandée ce que tu aimerais faire de tes journées? Vas-y, restes-y, n’en sors jamais.”

N’attendant même pas une réponse, il se détourna totalement de la jeune femme, incapable de comprendre pourquoi l’image d’un été venait de se briser en mille morceau. Parce qu’il s'était intéressé à elle, plus qu’il ne le fallait, assez pour s’y être attaché, comme un petit con.

Aux premiers mots d’une violence inouïe, Selma se renferma en elle-même comme elle avait pris l’habitude de le faire depuis toute petite afin de se protéger. Devenant simple spectatrice de la scène qu’elle était en train de vivre, elle observa Edel lui déverser toute sa rage au visage, évoquant pêle-mêle sa mère décédée, et sa joie perverse d’avoir contribué à la briser un peu plus.

Mais lentement, la jeune Montero compris que le cœur de sa colère n’était pas tant dirigé contre elle que contre la personne qu’il avait cru à tort être évoquée : son propre père. La chevelure de la cubaine vola quand le Serpentard envoya valser les livres qu’elle tenait dans ses bras, mais son visage resta pourtant immobile. Au fond d’elle, elle comprenait ce ressentiment et se sentait même réagir face à lui dans une certaine résonnance, car elle était mue par la même haine pure, puisant son énergie dans le même traumatisme.

Alors qu’Edel n’aurait pu agir de pire manière avec elle, faisant preuve d’une cruauté monstre, elle se sentit soudain emplie d’un certain sentiment de pitié pour l’étudiant en voyant clairement toute l’étendue de sa peine camouflée derrière son agressivité. Quand il se fut éloigné, elle se pencha pour ramasser ses livres avant de prendre lentement la direction des quartiers de Serdaigle à la recherche d'@Alejandra Montero.

Elle n’avait jamais eu le moindre secret pour sa sœur, et c’était même grâce à elle et son soutien sans faille qu’elle était encore capable d’avancer. Si aucune émotion ne pouvait se lire sur le visage de Selma, Alejandra se rendrait immédiatement compte qu’il venait de lui arriver quelque chose. Suite à cet échange avec Edel, la jeune fille savait qu’elle n’avait qu’une seule chose à lui transmettre. Aussi, en parvenant devant elle, elle lui révéla d’une voix morne.

- J’ai trouvé le point faible d’Edel Almodovar. C’est son père.