Unicorn (Xris)

Appuyée sur la rambarde je me retournais pour regarder Xris et lui adresser un sourire espiègle et taquin. Dans un léger rire moqueur, je déclarais tout simplement :

"Jamais entendu parlé. Sûrement des paysans à côté des Montero. "

Je lui fis un petit clin d'oeil moqueur, puis je me détendis. Montant sur la barrière pour m'asseoir, je l'observais cette fois-ci avec une réelle curiosité. Son nom, sa famille et son origine, je la connaissais. J'en savais même plus qu'il ne m'en avait dit. En réalité, ce que je voulais savoir c'était quelles informations il était suseptible de me fournir. S'il s'était épanché sur sa vie, j'aurai deviné qu'il était enclin à en donner beaucoup. Là, c'était assez limité.

" Je plaisante. Je connais ta famille de nom et de réputation. D'ailleurs les rumeurs sont aussi bonnes à leur sujet que celles concernant les Montero..." marmonnais-je.

On était souvent accusé de nombreux maux. Certains étaient vrais et vérifiables et d'autres relevaient du fantasme. C'était certainement la même chose pour la famille Anderson. Au fond, j'avouais qu'on avait peut être quelques points communs... Mais vivait-il de la même manière son nom de famille que moi je le vivais?
C'était quelque chose d'assez intime, et nous n'en étions bien évidemment absolument pas là.

" Merci, en tout cas. Pour les Licornes. Les gens nous prennent souvent pour des personnes à éviter ma soeur et moi. Les Montero n'ont pas bonne réputation. Et désolé aussi tout à l'heure d'avoir insulter Edel. Cela n'a rien à voir avec son nom de famille; il a fait offense à ma soeur jumelle. Il aurait pu être un simple Né-Moldu que je l'aurai haï pareil. "

Je descendais immédiatement de la barrière et je rangeais mon grimoire et mon parchemin définitivement dans mon sac. Mettant ce dernier en bandouillère, je restais à quelques pas de Xris, devant lever la tête pour le regarder dans les yeux. Comme à mon habitude, je ne baissais jamais le regard.

" Est-ce que tu sais où une étudiante peut s'éclater un peu ici? Le blocus m'a donné envie de sortir, boire des verres. Danser. Tu fréquentes ce genre d'endroit? Ou tu tords ton corps aussi souplement qu'un Anglais, c'est à dire comme une épingle à linge... "

Je me moquais encore de lui, mais bien évidemment c'était plus de la taquinerie qu'une véritable méchanceté. Je ne comptais pas, au final m'en faire un ennemi. Un allié, et peut être plus. Car je sentais des ressemblances entre lui et moi, notamment lorsqu'il avait fait mention de sa famille. Mes yeux se plissèrent un peu.

J'avais soupiré. Non seulement Xris ne m'aidait pas, mais en plus il ne me fournit aucune information sur Edel comme j'étais venu le faire initialement. Les sourcils froncés, je réajustais mon sac sur mes épaules et je le regardais en plissant des yeux. Ce n'était pas une menace, loin de là. Mais il y avait quelque chose dans ces propos que je n'avais pas... aimé.

" Non, tu ne comprends pas ce que je peux ressentir pour Edel. Il a rendu malheureuse mon sang, avec aucune raison. Mais un jour, il devra me rendre des comptes. Et crois moi, ce n'est pas la même chose de rendre des comptes à Selma Montero, qu'à Alejandra Montero. "

J'espérais intimement que le message aille jusqu'à Edel. Je me détendis un peu. Même si j'étais prêt à tout pour faire payer aux Almadovar ce qu'ils avaient fait, je ne devais pas non plus me mettre tout le chateau à dos. Dans un soupire cette fois-ci je ne m'excusais pas. Je trouvais que je m'étais bien assez excusé comme cela sur ce sujet.

" Ah... Donc tu vas me faire croire que tu ne sors jamais du Château pour faire la fête à ton âge? Hé, Xris, on a qu'une vie, il faut en profiter. "

Je lui mis un petit coup de poing sur l'épaule pour essayer de détendre l'atmosphère et surtout essayer de détendre Xris tout-court. Mais pas sur que cela ait l'effet escompter. C'était un homme de marbre, qui était difficile à cerner. A Cuba, on l'aurait tué car on aurait trouvé cette attitude suspecte, de ne pas danser, de ne pas boire, rire et profiter de la vie.

" Et c'est que tu n'as jamais du faire la fête à la Cubaine. Ouais, et t'as raison, Edel lui a ça aussi dans le sang. "

J'en grinçais des dents parce qu'il avait raison. Passant une main dans mes cheveux, je regardais le soleil décliner. Je n'avais absolument pas peur de la Forêt Interdite et des animaux qu'elle accueillait, mais nous étions bientôt en période d'examen et... je devais réviser dans les matières où j'avais beaucoup de mal. C'était pour ça que j'avais envie de boire, pour oublier.

" T'es vraiment rabat-joie. Tu veux pas faire une entorse au règlement et faire la tournée des bars? Oh mais je sais. Tu as peur... " dis-je avec un sourire espiègle.

Et qui sait. S'il buvait assez, je pourrais lui tirer assez d'informations sur les Almadovar.