An evil lurking in the dark

Avec @Asel Misra (Narghis Aslan) & @Mira Aslan

2 juin 2023
(précédemment)

Ses jambes le tinrent suffisamment jusqu'à ce que Dâriush n'entre dans la boutique par la petite porte à l'arrière. Cette même porte dont les Aslan se servaient pour réceptionner la marchandise à l'abri des regards. Respiration saccadée, regard en alerte, il y avait quelque chose d'étrange chez l'aîné des Aslan alors qu'il refermait la porte derrière lui, s'enfonçant dans la sécurité du cocon familial. S'adossant contre celle-ci où il se laissa glisser jusqu'à poser ses fesses sur le sol, Dâriush resta quelques instants dans cette position presque fœtale comme s'il tentait de calmer de violents démons qui le harassaient depuis bien trop longtemps.

Visage creusé par la fatigue et la douleur, Dâriush n'était plus que l'ombre de ce qu'il était. Pourtant, les changements corporels dont avait parlé @Ashlyn Laskaris commençaient déjà s'apercevoir. Sa barbe déjà dense l'était un peu plus, ses pupilles s'étaient rétrécies dans l'obscurité de la pièce pour lui permettre de voir comme en plein jour et il semblait un peu plus lourd aussi, comme si ses os avaient commencé à s'épaissir pour accueillir et supporter les transformations à venir.

Tee-shirt trempé par une transpiration qui coulait abondamment, Dâriush finit par se relever tant bien que mal en s'aidant avec le mobilier environnant pour se rendre à la réserve d'eau où il se prit une bouteille d'eau. Il la vida comme s'il terminait enfin la traversée d'un désert particulièrement chaud et écrasant. Tendant l'oreille, il entendait les bruits de l'horloge dans la boutique, à quelques mètres de là. Mira et Narghis étaient présentes. Leur père, non. Il n'aurait su dire comment il le savait, mais il en était persuadé.

Sortant de l'arrière-boutique pour se diriger vers le jardin d'une démarche un peu gauche à cause des douleurs lancinantes, il se figea un instant devant les roses d'Ispahan. Gracieusement ouvertes, elles répandaient une douce odeur dans ce petit coin de paradis dont il était le créateur. À la vue de ses fleurs, il sentit que son esprit s'apaisait légèrement. Ses pensées revinrent un instant claires comme de l'eau de roche alors qu'il réfléchissait à comment leur annoncer cela. Dâriush n'avait jamais été un grand bavard. Même lorsqu'il avait quelques problèmes, il ne s'épanchait que rarement en parole, préférant garder pour lui le mal qui le rongeait.

Aujourd'hui, il ne pouvait pas le faire. C'était un mal bien trop grand pour lui. Il se passa une main sur le visage avant de froncer les sourcils pour observer cette dernière. Elle lui semblait un poil plus large. Sa respiration s'accéléra doucement, la panique de la transformation totale à venir venant le tourmenter de nouveau.

Ce ne fut qu'en entendant le cliquetis de la porte de la salle de bain dans les étages supérieurs qu'il revint à lui, levant machinalement la tête vers l'étage. Il expira longuement comme s'il cherchait à sortir cette tension qui s'agglutinait dans sa cage thoracique à mesure que l'annonce se rapprochait. Il ne savait pas de quoi le futur était fait, mais il savait d'ores et déjà que son ciel serait orageux pour quelques semaines, quelques mois voir peut-être quelques années.

Baissant le regard, il avait posé son épaule sur l'encadrement de la porte ouverte sur le jardin. Il avait croisé ses pieds, le regard perdu sur la petite fontaine au milieu du jardin où siégeaient à côté, une petite table et des chaises sur laquelle il avait de nombreux souvenirs de familles qu'il chérissait avec force. L'idée de ne plus pouvoir s'asseoir en leur compagnie dessus lui brisa le cœur. Une larme, puis une deuxième se mirent à couler sur son visage basané.

Lui qui n'avait jamais été un problème pour les siens hormis par son comportement possessif se retrouvait à mener le chaos dans cette famille qui ne méritait rien de tout ça. Surtout pas après ce qu'ils les avaient soudés dans les montagnes de Ramsheh.

« Mira Janam ? »

La voix de Narghis s'échappa de la salle de bain en même temps qu'un nuage de vapeur au délicat parfum de jasmin. La jeune femme, enroulée dans sa serviette, tendit l'oreille un instant. Il lui avait pourtant semblé entendre quelque chose. Mais finalement rien. Elle prit le temps de finir d'appliquer son huile favorite sur sa peau puis de peigner ses longs cheveux noir de jais avant de sortir de la salle de bain.

Elle s'apprêtait à rougir, quand une silhouette, dans sa vision périphérique, la fit sursauter. Ca n'était que Dâriush. Il semblait attendre quelque chose. Spontanément, sa soeur dévia de son idée initiale. Elle n'avait pas vu son jumeau depuis la veille, alors il était tout naturel pour elle de venir vérifier qu'il allait bien, qu'il était bien entier et en bonne santé, comme elle l'avait toujours fait. Après quoi, elle ne manquerait certainement pas de l'assaisonner parce qu'il avait encore travailler toute la nuit mais elle ne lui dirait pas à quel point elle s'était inquiété. A quoi bon ? Maintenant qu'il était là.

« Darayavahush ? Tu as pris froid. Tu es brûlant. Et regarde tes vêtements... »

Cette fois-ci, elle ne pouvait s'empêcher de s'alarmer. Elle avait simplement voulu le serre contre son coeur. C'était sa manière à elle de le saluer, depuis toujours semblait-il. Mais l'étreinte si familière lui avait paru tout de suite étrange. Comme si ça n'était pas tout à fait le frère qu'elle pensait pourtant connaître par coeur, sans qu'elle sut trop dire pourquoi. C'était comme si son épaule ne venait plus tout à fait bien se loger sous son menton. Comme si elle n'avait plus eu assez de ses bras pour étreindre les siens. Et il semblait qu'on aurait pu faire cuire un oeuf à même sa peau. S'il ne plafonnait pas autour des 40°, il ne devait pas en être loin.

Spontanément et avec tout l'amour du monde, la main de Narghis était allée interroger ce front, puis sa joue. Une petite ridule soucieuse s'était creusée entre ses sourcils.

« Qu'est-ce que tu as ? », insista-t-elle d'une voix hésitante.

Il était médicomage, rien de bien compliqué pour lui de traiter une poussée de fièvre et elle ne pouvait pas croire qu'il ne s'était rendu compte de rien. Alors pourquoi ? Fallait-il s'attendre à quelque chose de grave ? Et cette étrange impression. Elle avait beau le regarder sous toutes les coutures, Narghis n'arrivait pas à se défaire de cette curieuse impression d'étrangeté...

FEAT NARGHIS ASLAN aînée de la famille Aslan (dans les dents Darayavahush), elle tient l'épicerie Aslan pour son père depuis quelques années déjà. Un choix qu'elle a fait pour permettre à ses frère et soeur, Dâriush et Mira de poursuivre des études dans les domaines de leur choix. Très protectrice envers sa famille, elle se réserve également des petits moments de pure liberté où aller aussi à la rencontre des autres sans rien s'interdire. lire sa fiche avatar by french & furious

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Dâriush sentit l'odeur de sa jumelle à la minute où la porte de la salle de bain s'ouvrit. Il ferma les yeux pour retenir une furieuse envie de lui courir dans les bras pour lui pleurer dans l'épaule. Préférant rester face à ce jardin, dernier vestige de son humanité en ce monde, il adoptait malgré lui un air profondément nostalgique. Une certaine résignation se lisait sur ses traits fatigués et dans son regard terrifié. Déglutissant péniblement, il la sentit arriver avant qu'elle ne le voie. Son souffle, puis les battements de son cœur, son odeur corporelle, tout ce qui montrait la vie dans son plus simple apparat.

La voix de Narghis se fit effrayer lorsqu'elle vint le prendre dans ses bras. Il l'avait serré avec douceur, son nez dans ses cheveux noir de jais comme s'il cherchait quelque chose qui lui manquait désormais. Une larme roula le long de sa joue dans le plus grand silence lorsqu'il entendit que son cœur ne battait plus du même écho que le sien.

Elle lui demanda alors ce qu'il n'allait pas. Dâriush leva les yeux vers le ciel comme une supplique silencieuse dans l'unique but de trouver motivation et bons mots pour pouvoir expliquer ce qu'il s'était passé cette nuit. Il se gratta machinalement le rebord du bandage qui commençait à l'agacer profondément. Il n'aurait su dire si c'était dû à la moiteur de son corps ou si c'était parce qu'il y avait autre chose.

Ne parvenant à trouver les bons mots pour les formuler sans heurter la sensibilité de sa sœur jumelle, Narghis continuait d'agir comme elle l'avait toujours fait avec lui. Avec sa douceur et sa bienveillance, elle leva la main pour la poser sur son front afin de s'enquérir de son état de santé.

Il était brûlant.

Paradoxalement, il ne ressentait qu'une intense sensation de chaleur. Toujours pas de vertiges, pas d'envie de vomir particulière, et ses pensées, bien que dans le chaos le plus total, restaient tout de même assez clair pour qu'il ne donne pas cette impression d'avoir succomber à une quelconque folie qu'une telle température était censée développer chez un individu.

Dâriush prit une profonde inspiration, mais ce fut tout pour quelques secondes.

Il laissa glisser sa main le long du bras de sa sœur pour venir quérir sa main qu'il reconnaitrait jusqu'à la fin de ses jours. Il se força de sourire, mais ce fut vain.

Déglutissant de nouveau, Darayavarush observa Narghis avant de couper son tee-shirt en deux grâce au diffindo pour pouvoir le retirer le plus simplement possible. Son bandage l'empêchait de lever les bras convenablement, et il lui fallait le retirer.

La pudeur n'avait désormais plus sa place.

Son corps avait déjà commencé à opérer des changements. Il jeta un bref regard vers son bandage.

« - Retire-le moi, s'il te plaît Azizam. »

Sous ce bandage, bien qu'il l'ignorait, son corps avait commencé à soigner sa morsure. Les traces des crocs d' @Ashlyn Laskaris étaient toujours bel et bien présentes.

Le regard qu'il adressa aux cieux ne fit rien pour la rassurer. Il lui prit la main, juste avant de découper son t-shit d'un petit geste magique qu'elle ne comprit d'abord pas. Il aurait simplement pu le retirer, ou lui demander de...

L'épaule bandée de son frère lui tira une réaction presque touchante. Un petit sursaut dans la retenue mais que lui ne manquerait pas. Elle ouvrit à peine la bouche, rongée par l'inquiétude. Ses yeux noirs allaient du bandage au visage de Dâriush car, pour n'avoir pas terminée ses études, elle en savait suffisamment sur ce qu'il fallait attendre d'une fièvre dissimulée sous un bandage. Alors, avec une certaine avidité malgré l'infinie douceur de ses gestes, elle défit la bandelette presqu'en même temps qu'il l'implorait de l'en débarrasser.

Elle se rendit rapidement compte qu'il n'arrivait pas à lever le bras et se fit plus précautionneuse encore. Bientôt, la peau apparut et Narghis ne put retenir un petit soupir outragé. C'était comme si une bête monstrueuse avait cherché à le croquer sans parvenir à retirer un aussi gros quartier de sa proie. La plaie était vilaine par endroit, presque cicatrisée à d'autres.

« Mais que s'est-il passé ? Assied-toi viens. Il faut désinfecter et... je m'occupe de toi. »

Quelque part au fond d'elle, avec tout ce que les médias mattraquaient au sujet des lycans, elle ne pouvait s'empêcher d'imaginer le pire mais il ne servait à rien de se faire des scénarios catastrophes. Seule la version de Dâriush comptait. Et il la lui livrerait, c'était certain.

Le bandage encore enroulé autour de sa main, elle le guida sous le rosier de Damas, qui ployait encore sous le poids des fleurs. Là, elle attira à eux quelques éléments de leur petit salon de jardin à l'orientale. Un coussin de velours, de l'eau tiède additionnée d'un mélange de khashkhâsh, pour la douleur? et de boumâdarân, pour prévenir toute infection, et quelques langes propres furent tout ce dont elle avait besoin pour l'instant.

Elle le fit allonger, tête sur ses genoux, une main caressant son front comme pour lui faire oublier qu'elle lui ferait mal malgré tous ses efforts. Alors, doucement, elle pressa le lange tiède et humide sur la peau déchirée de Dâriush, caressant toujours sa tempe du pouce, dans un geste qu'elle avait répété un million de fois depuis qu'ils s'étaient réfugiés sous la table de leur minuscule maison de Ramsheh.

FEAT NARGHIS ASLAN aînée de la famille Aslan (dans les dents Darayavahush), elle tient l'épicerie Aslan pour son père depuis quelques années déjà. Un choix qu'elle a fait pour permettre à ses frère et soeur, Dâriush et Mira de poursuivre des études dans les domaines de leur choix. Très protectrice envers sa famille, elle se réserve également des petits moments de pure liberté où aller aussi à la rencontre des autres sans rien s'interdire. lire sa fiche avatar by french & furious

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Darayavahush observait le visage de sa sœur jumelle. Narghis était effrayée, mais elle semblait faire passer une nouvelle fois ses propres sentiments pour s'occuper de lui comme elle l'avait toujours fait. Une larme roula sur sa joue, allant se perdre quelque part dans ses cheveux ou sa barbe. Elle était si belle, si magnifique, toujours si douce et bienveillante à son égard. Et lui, il... Il déglutit péniblement. Non, ce n'était pas sa faute. Pas cette fois. Tout ce qu'il faisait, c'était des Gouttes du Mort-vivant pour les blessés les plus graves. La lune, la porte, les deux loups, puis l'attaque. Il ferma difficilement les yeux comme s'il se remémorait les crocs d'@Ashlyn Laskaris se refermant sur son épaule.

« - Ce soir... J'ai... Je... »

Il se tut. Les émotions lui serrèrent la gorge tandis que ses yeux se gorgeaient de larmes. Dâriush avait machinalement levé sa main pour saisir la main de Narghis, celle qui lui massait la tempe. Il la serra avec force avant de la poser sur ses yeux, comme s'il essayait de se cacher de ce qu'il avait vu, dans une attitude protectrice.

« - J'ai... J'étais en train de faire des potions vu que c'était une soirée plutôt calme quand je... Quand ils... Quand ils sont apparus. Je ne sais pas pourquoi... Vraiment, je ne fais jamais rien de mal à personne et je n’ai jamais fait du mal à qui que ce soit, mais... »

C'était comme s'il avait besoin de se justifier, comme s'il avait besoin de bien se rendre compte qu'il n'avait strictement rien fait pour mériter ça. Un coup du sort ? Peut-être était-il là, au mauvais moment ? Peut-être même que... Peut-être des patients ?

Mais alors ce loup... Ashlyn... Comment avait-elle su qu'il fallait intervenir ? Comment avait-elle su qu'il serait une victime d'une attaque dont il ignorait la raison même ?

C'était comme si son esprit était emporté par les flots d'une rivière démontée. La branche à laquelle il se rattachait était cette main qu'il serrait fortement comme pour garder pied face à cette folie dans laquelle il se laissait aller maintenant qu'il était dans une zone de confort.

« - C'est en voulant me sauver qu'elle... Qu'elle m'a mordu. Je te jure... Mais... »

Il voulut se retourner pour enfouir son visage dans les jambes de sa sœur, mais la douleur à son épaule se rappela à lui, arrachant un gémissement qui le cloua sur le sol.

« - Des loups-garous... Narghis... Des loups-garous dans Sainte-Mangouste... »

Sa voix s'éteignit sous l'émotion.

Les larmes continuaient de couler malgré tous les efforts qu'il faisait pour se contenir. Mais en présence de Narghis, Dâriush n'avait plus aucun verrou.

Le regard fuyant et coupable de Dâriush était préoccupant. Quoiqu'il ait bien pu se passer, Narghis l'aurait soutenu. Ce qu'elle redoutait surtout c'était qu'il lui soit arrivé quelque chose et à l'évidence c'était ce le cas. Ses premiers balbutiements ne faisaient que le confirmer. Dissimulant son regard derrière sa main à elle, comme à la recherche d'un abri ou d'un rempart derrière lequel il pouvait s'écrouler, se montrer fragile pour une fois. La main posée sur les yeux de son jumeau, Narghis reçut en silence le récit saccadé de ce qui s'était passé la nuit précédemment. Réprimant une grimace comme il lui serrait la main plus fort, elle sentait monter en elle le flot d'angoisse et d'incertitude qui passait de lui à elle. Ses yeux s'emplirent de larmes comme le dénouement de ce sortilège à suspens lui arrivait, aussi pudique qu'implacable.

Ses lèvres pincées sous le coup de l'émotion, Narghis plongea longuement son regard dans celui de Darayavahush avant de venir lentement poser son front sur le sien. Leurs larmes se mêlaient sur le visage de Dâriush, en silence. L'épaisse et interminable cascade de cheveux noirs de Narghis leur offrait cet abri qu'il avait cherché quelques instants plus tôt. Peau contre peau, ils contrastaient désormais en tout et pourtant rien ne semblait pouvoir couper ce lien invisible qui les avait attachés l'un à l'autre depuis le nid où ils avaient pulsé leur première étincelle de vie. Ensemble.

Les mains aux longs doigts fins de Narghis encadrèrent doucement le visage de son frère. Sa peau contre la sienne semblait fraîche mais toujours douce.

« Tu es en vie. Nous surmonterons tout le reste. Je le ferais pour nous deux s'il le faut, Darayavahush Janam. »

FEAT NARGHIS ASLAN aînée de la famille Aslan (dans les dents Darayavahush), elle tient l'épicerie Aslan pour son père depuis quelques années déjà. Un choix qu'elle a fait pour permettre à ses frère et soeur, Dâriush et Mira de poursuivre des études dans les domaines de leur choix. Très protectrice envers sa famille, elle se réserve également des petits moments de pure liberté où aller aussi à la rencontre des autres sans rien s'interdire. lire sa fiche avatar by french & furious

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An evil lurking in the dark

2 juin - Aslan family

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Après avoir travaillé de nuit sur l’édition de la Gazette, Mira avait quitté l’atelier plutôt de bonne humeur et avec un sourire fin aux lèvres. Elle avait délaissé sa tenue de travail dans son casier, se changeant avec un tour agile de baguette pour se vêtir d’une combinaison pastel, au tissu léger brodés de sequins brillants. Le vêtement ample englobait de manière élégante sa silhouette sans rien en dévoiler, tout en laissant son corps respirer en cette chaude matinée de juin. Un voile tout aussi léger et fleuri recouvrait en partie son épaisse chevelure brune. Elle avait discrètement souligné ses yeux de noir, et réhaussé ses pommettes d’un rose cendré qui se mariait très bien avec son teint pâle de peau. Des baskets blanches à plateforme que son père et son frère détestaient particulièrement terminaient joliment sa tenue.

La jeune Aslan se sentait particulièrement coquette après avoir passé la nuit le nez dans les machines et les rouages huilés. C’était un des décalages de sa vie qu’elle appréciait particulièrement, et qui faisait d’elle une personne plus complexe que ce qu’elle pouvait bien montrer de prime abord. Sur le chemin du retour, la jeune mécamage s’arrêta à la devanture d’un fleuriste pour admirer de beaux gazanias dont le pétale orangé offrait un incroyable dégradé du brun sombre au jaune le plus pétaillant. D’humeur particulièrement joyeuse, Mira choisi d’en acheter un petit bouquet pour sa sœur, dont le teint chaud se mariait – elle en était persuadée – parfaitement avec ces fleurs.

Parvenue à hauteur de l’épicerie pas encore ouverte à cette heure-ci, la jeune fille emprunta la petite porte qui donnait un accès direct à l’habitation de la famille Aslan.

- Sobh be xeyr*, lança-t-elle gaiement en ouvrant la porte, s’attendant à trouver Narghis en train de lui préparer un copieux petit déjeuner. Mais la cuisine était vide, et poursuivant son inspection, Mira se figea en passant le seuil de la porte qui menait à leur petite cour intérieure.

Son frère et sa sœur étaient là sous le rosier, enlacés, leurs joues humides de larmes partagées. Blêmissant à vue d’œil, Mira lâcha ses fleurs qui allèrent s’écraser au sol sans un bruit, comme si le son avait subitement quitté leur univers. La jeune fille recula d’un pas, jusqu’à sentir derrière elle le mur sur lequel elle s’appuya pour ne pas s’effondrer.

- Qu’est-ce qui se passe, parvint-elle enfin à souffler, sans avoir pour autant la moindre envie d’entendre leur réponse.

Quelle raison pourrait pousser à faire s’effondrer en larme les deux piliers de sa vie ?

- C’est bâbâ**, demanda-t-elle d’une voix blanche en sentant son âme quitter progressivement son corps.

Mais soudain, elle remarqua la posture étrange de Dâriush, à moitié couchée au sol, et le lange placé sur son épaule.

- Barâdar*** ? Qu’est-ce qui se passe, répéta-t-elle, les larmes coulant déjà le long de ses joues avant même de comprendre l’origine de sa détresse.

Enfin, ses membres retrouvèrent leur vie et elle pu se précipiter à leurs côtés, s’agenouillant en tremblant sans oser les toucher ni l’un ni l’autre.

* Bonjour / bon matin
** Papa
*** Frère

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Les propos de Narghis furent comme une caresse sur son cœur qui s'emballait malgré lui dans sa poitrine. Dâriush serra un peu plus ses mains dans les siennes alors que sa jumelle se penchait sur lui comme pour le couvrir de tout l'amour qu'elle lui portait, formant une barrière éphémère, mais importante quant à sa nouvelle condition de loup-garou. Le guérisseur se calmait doucement, laissant alors son corps aux douloureux changements qui s'opéraient. Il avait réellement cette impression d'avoir servi de poteau d'entraînement au sortilège du repousse-tout (flipendo) qu'une classe de première année aurait malmené pendant l'un des cours du professeur Clearwater.

Le verrou de la porte d'entrée s'activa. Dâriush tourna instantanément sa tête vers celle-ci bien qu'il la laissa coucher sur les jambes de sa sœur. La salutation de sa sœur provoqua une panique terrible qu'il ne put contrôler sinon en posant les mains de Narghis sur son visage. L'Iranien se sentit curieusement plus protecteur envers la petite dernière de la famille Aslan, comme s'il préférait la ménager plutôt que de lui dire la vérité. Là où avec Narghis, Darayavahush ne semblait avoir aucun filtre sinon celui de la mort de leur mère.

Dâriush se redressa doucement lorsque Mira leur demanda ce qu'il se passait. Il dut s'y reprendre à deux fois, incapable de se bouger rapidement à cause de son corps meurtri. Il s'aida de ses bras pour observer Mira qui semblait effrayée. Lorsqu'elle prononça le nom de leur père, Dâriush sentit que son sang se figeait.

Terminant de se redresser, il se leva doucement. Déjà, il semblait un peu plus grand. Ses articulations lui firent un mal de chien. Dâriush tituba un peu comme si son corps cherchait encore son nouveau point de gravité alors qu'il s'approchait de Mira.

C'était probablement la première fois qu'elle le voyait torse nu d'ailleurs. Mais il ne semblait pas y faire attention et c'était probablement un signe important sur ce qui se passait désormais pour lui. Il y avait certaines choses que son corps et son esprit abandonnaient durant sa transition comme s'il ne se focalisait plus que sur ce qui était réellement important à savoir sa famille.

Dâriush vint prendre avec douceur les bras de sa petite sœur pour l'attirer contre lui. Il la serra fortement contre lui. La chaleur de son corps bien trop haute pour un être humain normal, la transpiration, son corps frêle qui changeait pour accueillir la bête qui viendrait l'habiter totalement dans trois nuits.

« - J'ai été mordu ce soir. »

Sa voix brisée, il posa sa tête contre celle de sa sœur, laissant quelques-unes de ses larmes qui coulaient sur le tissu qui couvrait la chevelure noire de Mira. Il se recula quelques instants, tentant d'agir comme un grand frère avec sa petite sœur en essuyant rapidement les larmes de ses joues humides.

« - Mais ça va, je te jure, ça va, Mira-joon. »

Son -joon fut un peu plus long, comme s'il exprimait la profondeur de ses sentiments à l'égard de sa sœur. Son mensonge était réel, mais il était de ceux que l'on acceptait plus facilement quand ils étaient utilisés, surtout dans pareille situation. Dâriush les aimait plus que tout. Maintenant que l'annonce s'était faite dans la douleur, il fallait se montrer optimiste. Et ça, c'était quelque chose que Dâriush n'avait jamais fait.

Il réagit un petit peu plus rapidement au cliquetis de la porte qui s'ouvrait. Ça n'était sans doute qu'un détail mais un détail qu'elle ne put s'empêcher de noter. Tout de suite après, la voix de Mira venait les cueillir, achevant ce petit moment où ils s'étaient permis d'être vulnérables. C'était que leur petite Mira était, toujours à leurs yeux, ce petit trésor qu'ils avaient voulu protéger depuis l'enfance.

Détournant pudiquement le regard, Narghis laissa leur frère parler. C'était à lui qu'appartenait de révéler à Mira ce qu'il s'était passé. Elle s'était retenue de l'aide à se relever, soucieuse, pour une fois, d'épargner sa fierté masculine. Si d'ordinaire les jumeaux se bouffaient le nez en arguments plus puérils les un que les autres, cette fois-ci, ils semblaient pouvoir parler d'une même voix et ce serait celle de Dâriush.

Se redressant, l'aînée Aslan défroissa sa longue robe, nouant ses doigts devant elle en attendant de voir comme leur cadette prendrait la nouvelle. De son côté, Narghis se sentait ébranlée, remplie d'incertitudes et de craintes qu'elle ne partagerait pas. C'était oublier, sans doute, que dans l'état où il se trouverait bientôt, leur frère aurait un autre niveau de compréhension de son environnement. Dans un coin de sa tête, l'idée d'aller écumer les réserves pour y trouver quelque chose d'utile à leur situation trottait et tournait obstinément.

« Je vais nous préparer quelque chose. Je reviens. », fit-elle, plus pour laisser à ses frère et soeur l'espace pour une telle conversation.

A pas feutrés, son pied fin glissant sur les pavés comme sans les effleurer, Narghis s'éclipsa vers la boutique, qui n'était pas prête d'ouvrir.

FEAT NARGHIS ASLAN aînée de la famille Aslan (dans les dents Darayavahush), elle tient l'épicerie Aslan pour son père depuis quelques années déjà. Un choix qu'elle a fait pour permettre à ses frère et soeur, Dâriush et Mira de poursuivre des études dans les domaines de leur choix. Très protectrice envers sa famille, elle se réserve également des petits moments de pure liberté où aller aussi à la rencontre des autres sans rien s'interdire. lire sa fiche avatar by french & furious

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2 juin - Aslan family

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Son frère se releva et Mira blêmit devant l’aura qu’il dégageait. Il semblait si grand, si imposant… Sans même le toucher, elle pouvait percevoir la chaleur étouffante émanant de lui. Mais il s’approcha d’elle pour la serrer contre son torse et la mécamage fut tétanisée par la brulure de son corps. La jeune Aslan n’osait réagir, alors même que ce genre de contact était clairement inhabituel entre eux. Il était brulant, comme si une fièvre dévorante avait pris possession de lui, le poussant à agir d’une toute autre manière.

Sa déclaration fut simple, brève. Bien plus semblable à ce que montrait habituellement Dâriush de lui. Elle suffit cependant à finir de venir éclater le petit cocon confortable et rassurant qu’étaient devenues leurs vies. Bien malgré elle, Mira laissa échapper de ses lèvres une lamentation poignante alors que de ses yeux perlèrent tout l’océan de sa détresse. Ses bras frêles qui avaient perdu toute leur force se pressèrent malgré tout autour du corps de son frère.

- Noooon… Non non non non, gémit-elle inutilement comme si le refus de ce qu’elle venait d’entendre suffirait à effacer sa cruelle véracité.

Mais brutalement, des images de violence, de douleur et de peine vinrent emplir son esprit à mesure que la compréhension s’installait en elle. Inévitablement, les évènements qui étaient venus ternir la Marche des Libertés deux semaines auparavant s’imposèrent à elle. Sa famille n’avait jamais appris qu’elle y avait participé. Évidemment la jeune sorcière se sentait solidaire avec les hybrides, et revoltée contre les injustices qu’ils subissaient en permanence, lycans en tête. Mais malgré toute son empathie, elle se serait jetée devant le premier sortilège venu plutôt que de voir un membre de sa famille touché par cette malédiction. Et voilà que son frère, si doux, si calme – devenu si droit et borné – l’un des piliers de sa vie, venait de voir son existence déchiquetée par l’un des leurs.

Elle se sentit soudain mal et se mit à trembler. Est-ce qu’un jour elle se sentirait répugnée ou effrayée par la bête qui prendrait possession de son frère ? Pour l’heure, elle s’accrochait désespérément à lui pour tenir debout, bien qu’il la repoussât doucement. Dâriush montrait quelque chose de différent. Il semblait affaibli, mais étrangement plus fort. Alors qu’il devait avoir de la peine à se tenir debout, il entreprit de la rassurer comme le grand frère qu’il avait toujours été pour elle. Ravalant ses larmes en plusieurs hoquets, Mira porta le regard sur lui, cherchant à déceler les différences qu’elle pourrait déjà percevoir. Sa main se leva de manière hésitante vers sa blessure sans oser l’effleurer.

- Oh mon cher frère… Mais qu’est-ce qu’ils t’ont fait…

Ça n'aurait pas dû se produire. Dâriush devait être inattaquable, intouchable. Il était leur roc. La distance qu’il prenait avec le monde était censée le protéger de sa violence. S’il devenait vulnérable, qu’adviendrait-il d’elles ? Le regard de Mira, souligné par le khôl qui avait perlé sur ses joues balaya sa grande sœur qui se tenait posément à leur côté. Son calme et l’air bienveillant qu’elle posait sur eux avant de s'éloigner discrètement l’impressionna et la calme instantanément. De même, Dâriush réagissait à présent avec la maturité qu’elle lui avait toujours connu. Alors, ne souhaitant ajouter une angoisse supplémentaire au calvaire que deviendraient leurs vies, Mira prit sur elle pour essuyer ses larmes qui continuaient pourtant de couler lentement le long de ses joues. L’amour qu’elle portait à son frère dépasserait tout le reste. Il était plus fort et plus puissant que leur violence. Portée par ce soudain élan, elle attrapa sa main qu’elle porta à ses lèvres.

- Je t’aime dâdâsh jân, je t’aimerai toujours. Je ferai tout ce que je pourrai pour rendre ta vie plus supportable. Dis-moi comment t’aider. Je ferai tout pour toi, tu le sais ?

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