L'Étrange Aventure du Mont Néphin

L'Étrange Aventure du Mont Néphin

12 juin 2023

La petite missive leur était arrivée par un vieux freux tout dépenaillé. Comme souvent quand ce n'était pas de pauvres hères qui s'étaient traînés jusqu'à la porte de la Petite Garde, de l'autre côté du Pont de Pierre, la lettre avait simplement été roulée sur elle-même, cachetée puis passée à la bague de l'oiseau lâché aux quatre vents. Mais à la différence des autres, ici les quelques mots couchés sur le papier ne donnaient que peu d'indications. Un point de rencontre perdu dans le Gwent, du côté de Caerllion. Comme Maeve l'avait dit, cela sentait le traquenard à plein nez et pourtant, ils s'étaient tout de même laissé surprendre par l'orage, une ou deux heures après avoir quitté la ville. Rossés par des trombes d'eau, ils leur avaient fallu se résoudre à quitter les vestiges d'une vieille route de fays pour aller chercher refuge à la taverne du premier village.

« Une Double Dragon et deux bols de ragoût. »

La voix de Maeve sonna haute et claire, juste au moment où un grondement rauque s'éveilla sous leur table. Il n'était pas rare que Maeve emprunte à Drustan un de ses abominables chiens de Wisht, allié indispensable de certaines de leur chasse. Mais cette fois-ci, elle s'était dispensé du maître chien, préférant la compagnie d'un chasseur plus en finesse. Son plus jeune frère  @Elffin Cynfeirdd.

La chasseresse lui adressa un regard ombrageux, épiant sans en avoir l'air les réactions de leur chien. D'autres autour d'eux ne semblaient guère se réjouir du changement d'attitude du molosse. Il fallait dire qu'avec sa peau grise et nue, sa silhouette musculeuse et décharnée à la fois, l'animal n'invitait guère à la flatterie. Ne parlons pas de ses yeux aveugles, faiblement luminescent, ni de ses crocs en lame de couteau... Le fauve se redressa tout à coup, suscitant un mouvement de recul chez la serveuse mais la chasseresse ne semblait toujours pas inquiète. Elle caressa le cuir de son chien d'une main presque distraite, portant son regard en direction de la porte, comme c'était ce qui semblait aussi focaliser celui de l'animal.

« Tu n'aurais pas quelque chose pour nous faire le portrait de la prochaine personne qui entre dans ton sac à malice des fois ? », demanda Maeve à son benjamin, toujours taquine.

La perspective de ce mystérieux rendez-vous ne semblait pas l'inquiéter plus que cela. Peut-être parce que les mésaventures du mois d'avril avaient encore leur goût amer...

La taverne offrait cette ambiance tout à fait typique, mélange de conversations joyeuses et prises de vin, de messes basses tantôt soucieuses tantôt égrillardes, du silence de ces individus louches qui s'imaginaient qu'on ne prêterait pas attention à eux parce qu'ils avaient rabattu sur leur visage mal rasé une capuche informe et poussiéreuse. En l’occurrence, les plus louches ici, c'était eux. Les Cynfeirdd et leur chien tout droit sorti des enfers. C'était souvent l'effet qu'ils faisaient dans les établissements où ils posaient leurs valises le temps d'une chasse. On les épiait, chuchotant à mi-voix que c'était eux, les chasseurs que la veuve Pickley avait appelés, ou tournant et retournant les théories les plus farfelues sur ces mercenaires dont personne ne savait rien.

Maeve eut un petit rictus entendu. Elffin la connaissait suffisamment bien pour savoir quel genre de surprises était à son goût et lesquelles ne l'étaient pas. Cela faisait aussi partie de ce qui définissait leur relation. Cette propension qu'Elffin avait à sortir du cadre, celui-là même auquel Maeve leur demandait de se conformer, pour proposer une alternative tout droit sortie de sa cervelle créative. Combien de fois s'étaient-ils pris le bec - rien de bien méchant - sur les détails du plan d'attaque à la dernière minute ? Mais c'était aussi une qualité qu'elle appréciait particulièrement chez son cadet. Cette souplesse, cette adaptabilité. Cette capacité à prendre de la distance, pour porter un regard critique sur le plan, chose qu'aucun autre ne se permettait vraiment. C'était la raison pour laquelle, ne sachant pas vraiment où elle mettait les pieds, elle avait jugé qu'Elffin serait son meilleur allié. Et puis, ça lui permettait aussi de passer un peu de temps avec lui, ce qui n'était plus arrivé depuis quelques semaines.

Dans le même temps, Elffin gratifiait la serveuse de quelques encouragements de son cru. Elle semblait venir à reculons et on pouvait la comprendre quand on voyait la compagnie qu'elle se devait de servir. Maeve pouffa devant le sous-entendu. C'était vrai, elle ne mordait pas tout le temps. Ils trinquèrent, se laissant séduire par les saveurs de l'alcool. Une simple bière pour Maeve, quoique pleine de caractère. Elffin était d'un genre, plus raffiné.

« Très franchement, j'aime mieux m'en remettre à l'orage que de prendre un bain ici. » poussa-t-elle en se rappelant du nombre de fois où ils s'étaient retrouvés à prendre une chambre dans une auberge des grands chemins. Neuf fois sur dix, ils se disputaient le parquet plutôt que de dormir dans les puciers de ce genre d'établissements. Mais il y avait parfois de belles surprises. Rien qui n'égalait sa chambre à soi bien sûr. « Pour tout te dire, je n'ai pas la moindre idée de ce qui va nous tomber sur la tête. Ce n'est pas... », son attention dévia un instant vers la porte, parfaitement synchrone avec leur limier qui dressait les oreilles, aux aguets, « habituel... »

Une partie de son visage disparut derrière sa chope de bière. Dans le même temps, la symphonie grondante de l'orage s'engouffrait par la porte, jetant un nouveau personnage dans le décor de la taverne. Une femme sans âge, les traits tirés et le teint cireux, vêtue de fripes qui se superposaient les unes aux autres en une épaisse couche gris cendre. A ses épaules, protégeant son cou, une peau de chèvre étonnamment propre. Mais ce qui marquait surtout, c'était cette étrange coiffe de cheveux et de chutes de tissus qui formait au-dessus de sa tête comme des cornes tombantes auxquelles étaient suspendus deux pendentifs figurant un triskèle. La serveuse se précipita à la rencontre de cette nouvelle venue, l'invitant à rejoindre une table un peu en retrait, près de la cheminée. Elle se fit aussi un devoir lever le couvert des quatre tables autour, presque discrètement avant de repartir en cuisine.

Un petit manège qui ne manquait pas de parler en plein Pays Cymraeg * où tout le monde savait qu'il était de mauvais augure de chasser une fée de sa maison, plus encore une Gwyll...

« Tiens donc... »

* gallois

Le chien grondait d'un ton sourd, continu, presque inaudible. Avec le brouhaha qui reprenait doucement, Maeve n'aurait jamais pu l'entendre, mais elle sentait la sinistre vibration contre son mollet et c'était suffisant. Pas de doute. Ils avaient bien affaire à une Gwyll, une fée ténébreuse mais familière, que les gallois avaient appris à côtoyer d'aussi loin que possible.

« Tu ne serais quand même pas en train d'insinuer qu'on attire les embrouilles ? », répondit la chasseresse d'un ton taquin.

Difficile de dire qui des embrouilles ou des Cynfeirdd étaient attiré par l'autre. Tout ce qu'elle savait c'était que depuis des siècles, les chasses se présentaient sur leur chemin, avec plus ou moins de récompenses à la clé. Ca avait peut-être été un jour la motivation première mais il y avait longtemps qu'ils étaient passé outre ce genre de préoccupations. Ramener un semblant de tranquillité dans le quotidien de ceux qui les sollicitaient, voilà qui était la vraie raison de tout ceci. Curieusement, ici, Maeve n'était plus si sûre. L'appel était-il venu d'une famille endeuillée comme souvent, ou était-ce la Gwyll elle-même qui les avait traînés jusqu'ici ?

Elle reporta un long moment son attention sur la silhouette attablée dans un coin de la pièce, oblitérant du même coup le reste des protagonistes. La mystérieuse visiteuse ne semblait faire aucun cas de ce surcroît d'attention. C'était bien ce qui la rendait suspecte. Finalement ce fut un geste vif d'Elffin qui lui fit détourner l'attention. Il y en avait toujours pour jouer au plus malin. Maeve acquiesça en silence, se laissant aller sur le dossier de sa chaise.

« Je pense que nous sommes là pour un bon moment, de quoi rattraper le temps perdu, qu'est-ce que tu en dis ? »

Tout à coup, c'était comme si elle avait oublié la potentielle menace au fond de la pièce. Plus qu'une stratégie, un accord tacite entre elle et la créature. Dans une pièce aussi bondée, ni elle ni eux n'avaient les coudées franches pour faire ce qu'ils avaient à faire. Le fauve sous la table était bien assez vigilent pour être ses yeux, aussi la chasseresse avait résolu de passer le temps jusqu'à ce que l'auberge se vide.

« Sur quoi travailles-tu en ce moment ? »

Elle aurait tout aussi bien pu poser sur la table un sujet de son cru. Ce  @Jameson Clearwater , qui avait fait irruption dans leur vie et ne semblait pas prêt d'en sortir aurait été un bon choix. Le floi. Le départ de @Blodeuyn Cynfeirdd , sa fille adoptive. La tentative d'assassinat qu'elle avait cru pouvoir mener en solo dans les couloirs du Ministère et ce qu'elle avait appris de Fearchach McLachlan par la même occasion. La décision qu'elle avait prise de confier Eochaid au Lechi de la Forêt d'Ysbryd après que ses frères,  @Luke Korrigan et sa fille,  @Freya Korrigan avaient bravé les dangers du marécage maudit pour aller le chercher. Autant de choses dont ils n'avaient guère eu l'occasion de discuter, à la vitesse où les choses s'étaient enchaînées ces derniers temps.

« Tu sais que la fille Hennessey était très déçue quand elle a vu que c'était moi qui accompagnais notre mère au Marché aux Étoffes.... vraiment très déçue... »

La fameuse fille Hennessey qui se pâmait au moindre sourire, du moins ceux qui venaient d'Elffin, et il en avait à revendre certains jours. Certains avaient même pris les paris. Un jour, elle finirait peut-être par obtenir quelque chose de lui.

Elle adorait ce moment de grâce. Elle adorait le susciter, mine de rien, jetant sur la table une question anodine au possible. Et lui, s'embarquait sur l'instant, traînant dans son sillage une nuée de poussière d'étoiles, plus brillantes les unes que les autres. Elffin avait toujours été à part. Plus rêveur, plus fin, plus solitaire que les autres. Même dans son physique, on aurait pu déjà deviner la plupart de ses singularités. Encore aurait-il fallu ne pas s'arrêter à ce sourire canaille et enjôleur, qu'il avait semble-t-il hérité de leur père, aussi difficile à croire que cela puisse paraître. Les étrangers ne voyaient jamais à quel point père et fils pouvaient se ressembler. Geraint lui-même ne le voyait pas toujours. Mais Maeve s'en rendait parfaitement compte. Elle et Elffin étaient des quatre héritiers de Caer Cynfeirdd, ceux qui avaient le plus tiré de leur père. Bronn avait la bonté d'âme et la douceur d'une Aderyn, mais il n'en avait pas pris la fermeté. @Eurion Cynfeirdd était encore un autre genre de loustic, un parfait mélange des deux à n'en pas douter. Elle sourit, se laissant porter par les petits détails qui auraient tôt fait de la perdre si Elffin ne s'arrêtait pas de lui-même. Elle n'y entendait pas grand chose en mécamagie, comme le commun des mortels d'ailleurs. C'était un art complexe et incroyablement exigent que l'on ne créditait que trop peu. Pour avoir vu son frère et ses gadgets - comme les nommait leur père - à l’œuvre, Maeve avait parfaitement bien conscience que ce n'était pas un vulgaire bricoleur du sabbat qu'elle avait à sa droite mais un précieux atout.

« Mh, j'espère que prends tout de même le temps de vérifier à qui tu as affaire. Au Marché aux Trolls on ne croise pas que des enfants de coeur... », il était au courant, peut-être même mieux qu'elle mais elle ne pouvait pas s'empêcher de garder un oeil inquiet sur tout cela. Elle entendait encore leur père glisser un mot à Imelda MacGregor, la directrice de l'IDEM, dans le dos d'Elffin au dernier gala de bienfaisance de Lady Homesteade...

A la table d'à côté, la donzelle qui battait frénétiquement des cils chaque fois qu'Elffin lui adressait un regard, eu un mouvement de recul écoeuré. Le rire gras et les démonstrations d'aérophagie de ce cher Georgie n'était gère à son goût semblait-il.

Maeve eut un petit rire sous cape, nullement offensée. Elle avait tout de même grandi avec trois frères et un certain nombre de cousins.

« Arrête : la petite Hennessey ? Je ne miserai pas trois noises là-dessus ! », ça n'était pas l'avis de Bronn qui lui trouvait tout ce qu'il faut là où il faut ce qui avait le don de lui gagner l'adhésion de tous les autres mâles de la tablée quand le sujet s'invitait à dîner, mais aux yeux de Maeve, elle manquait cruellement de ressort. Pas fine pour un sou, pour ne pas dire bête à manger du foin... mais c'était là l'opinion d'une autre femme elle ne pouvait pas comprendre. Quoiqu'il en soit, si elle ne se trompait pas, elle se ferait un sacré petit pactole... mais Elffin pouvait encore la détromper.

Elle lui adressa un fin sourire de renarde et justement, lui aussi avait un peu de curiosité à satisfaire. Depuis qu'on avait vu @Jameson Clearwater s'essayait au porridge d'Aderyn avec une Llwy garu, les discussions allaient bon train. Il ne faisait aucun doute que ce gage d'amour, presque un cadeau de mariage, venait forcément de Maeve. Mais personne n'avait trop osé la questionner alors même qu'elle se démenait comme un beau diable pour tirer son ours de mari des griffes du floi. Il fallait un Elffin pour passer devant et oser ce qu'aucun autre n'avait osé.

« Laisse moi deviner... est-ce qu'il n'aurait pas la fâcheuse tendance à faire toujours tout le contraire de ce qu'on lui dem- »
« CUL DE CHOOOOUETTTE LES GARS !!! »

La pièce résonnait du gros rire de Georgie, qui n'était pas loin de renverser la table à côté. L'homme se leva d'un bon, ivre de triomphe, prêt de renverser la table devant la victoire écrasante qu'il venait de mettre à ses deux compères.

Maeve glissa un regard à la Gwyll. Elle ne semblait pas prête de bouger une oreille.

Georgie continuait de rire à gorge déployée. L'un des hommes à sa table tira sa révérence ce qui lui valu moult moquerie de ses comparses qui, décidément, n'en finissaient plus de se gausser à l'idée qu'un homme puisse changer des couches. Un deuxième suivit le jeune papa de près, Georgie et Gryffydd se retrouvaient en sous effectif :

« Et p'tit gars, ça te dirait un petit cul de chouette, si la gente damoiselle permet qu'on le lui emprunte. »

Maeve se fendit d'un sourire carnassier. Comme si elle envisageait ne serait-ce qu'une minute de les regarder jouer...

Elle haussa un sourcil très ostensiblement sceptique à sa ligne de défense. Bien sûr qu'elle savait à qui elle s'adressait, ça ne faisait que lui donner doublement envie de garder le business de son cadet à l'oeil. En soi, c'était aussi son rôle de chef de famille mais elle s'était convaincue de ne pas se montrer intrusive. Fort heureusement, la fille Hennessey devait la détourner de toute idée de revoir le plan initial.

« Tu n'as pas idée... il est tellement sûr de son coup. », railla-t-elle à l'attention d'un Bronn qui devait avoir les oreilles qui sifflaient. Sans surprise, l'aîné des fils de Geraint était toujours là où elle l'attendait et effectivement, la fille Hennessey aurait été parfaitement assortie à leur doux géant à la poigne de fer. Mais elle avait jeté son dévolu sur le mauvais frère. Tant pis pour elle.

Elffin l'emmenait déjà sur un autre terrain romantique, le sien, quand un cul de chouette s'invita dans la conversation. Rien de tel que de se mêler aux autres pour se débarrasser de l'aura particulière qui leur collait aux frusques. Elffin accepta bien évidemment, imposant presque sa participation à elle.

« Ca m'fait jamais trop plaisir de plumer une gonzesse mais pourquoi pas. On pourrait même t'apprendre deux trois trucs la belle. »

Maeve acquiesça, ravalant l'envie de lui faire manger le plateau de la table et les dés avec. Un petit sourire appuyé à Elffin garantissait qu'il le lui revaudrait. C'était de bonne guerre. Des petites crasses de frère et soeur bien rodées, comme ils s'en faisaient depuis l'enfance. Et ça avait du bon de retrouver cette dynamique de chamailleries aussi.

Retournant sa chaise pour faire face à la table d'à côté, elle s'installa face au dossier, prête à jouer... comme une débutante. Elle fit mine de rien quand Elffin lui glissa que le sujet de conversation précédent n'était pas oublié. Sans doute faudrait-il qu'elle lui parle de cette cuillère... la fameuse llwyau caru.

Mais cela dépendrait sûrement du temps que durerait la partie. Sur le conseil d'Elffin, Maeve se frotta au défi du Chante-Sloubi. Evidemment, dans la petite taverne du fin fond du Pays de Galles, personne ne fut surpris de l'entendre entonner la petite chansonnette si agaçante aux oreilles profanes. Mais pour la bonne compréhension desdites oreilles, précisons tout de même que le Chante-Sloubi était un passage convenu mais non obligatoire pour tout joueur rejoignant une partie en cours. Comme toutes les règles de ce jeu adoré des cymraeg, le Chante-Sloubi répondait à des principes bêtes comme chou mordeur. On déduisait un handicap de points par un petit calcul inoffensif qui revenait peu ou proue à soustraire du meilleur score les points du second multipliés par le nombre de tours déjà joués et diviser le total obtenu par 10 avant de tronquer à l'unité et multiplier par 1,5. Si vous n'avez pas suivi jusqu'au bout, vous n'êtes probablement pas cymraeg. Bref, le frère et la soeur se suivirent à ce défi à la cantonade et ils entrèrent en jeu un peu plus assoiffés de cette ballade à 42 de refrains. 43 pour Maeve.

Le jeu reprenait, fort de deux nouveaux joueurs donc, les dés roulant avec enthousiasme sur la petite table, sous les huées et les cris des joueurs.

« Oh dur !! », hurla Goergie en constatant que Maeve venait de faire néant contre Elffin.
« Grelottine ! », lança Gryffydd juste à côté de lui.
« Sirop-Grelot ! », contra Maeve, prise au jeu, « Bergeronnette, Alouette, Alouette et je relance de 2... Chouette. », fit-elle d'un ton dépité en voyant tomber un dé de 6.
« J'apprécie les fruits au sirop ! Paf contre-sirop !! »

C'était de bonne guerre... la partie s'éternisa encore un peu laissant la salle se vider peu à peu puis, sur une victoire sur un Artichette de Murphy qui souleva de vifs émois, la tablée se sépara. Il était près de deux heures du matin. La Gwyll était toujours là, sa bolée de lait vide depuis longtemps.

Finalement, il ne resta bientôt plus que les tenanciers, les deux Cynfeirdd et elle. La sombre fée se leva de sa table, confrontant les chasseurs du regard. Dans le même temps, leur chien se redressa, menaçant d'un grondement sourd qui découvrait ses crocs effilés comme des poignards...

« Tout vient à point... », siffla-t-elle d'une voix d'outre-tombe, trahissant qu'elle était au courant de leur quête...