When I see you again [Siobhán]

Il était étrange de voir à quelle allure les habitudes pouvaient se prendre et peiner à se perdre par la suite. Assise derrière son bureau d’acajou, dans son dortoir qui lui semblait bien vide dès lors que la solitude venait taper à la porte, Siobhán se forçait à rester active pour ne pas penser à ce parfum qui venait, de temps à autre, la secouer. Tout bien considéré, @Céleste Delacroix  était celle qui, la première, avait su voir au-delà des barrières que Siobhán se complaisait à dresser entre elle et les autres, l’accoutumant peu à peu à sa présence, détruisant à travers son existence ce douloureux bruit que pouvait faire le silence.

Et maintenant qu’elle était partie, la Serpentard n’en pouvait plus d’entendre ses oreilles bourdonner. Le sang s’écouler. Son cœur battre.

Par chance, ces derniers temps, elle avait de quoi s’occuper. Les préparatifs du mariage battaient leur plein et gardaient son esprit tournoyant au gré de détails qui, à ses yeux, n’en seraient jamais vraiment. Un mois les séparait de la date choisie, mais pour elle, c’était déjà demain et tout restait encore à faire et à construire. Sans même parler de cette vie qui l'attendait et qui commençait déjà à pointer le bout de son nez.

Si l’on devait donner un exemple de ces détails auxquels elle prêtait une grande attention, elle avait passé un temps démesuré à se décider sur l’identité des personnes à qui elle annoncerait le mariage de vive voix, et ceux à qui elle pouvait aisément se contenter d’envoyer une lettre sans craindre de les froisser.

Sean Clearwater n’était pas le genre de personne qu’une telle attitude aurait pu vexer. Mais Siobhán savait que c’était l’occasion ou jamais de le retrouver, même éphémèrement, pour lui confier son invitation en mains propres. En vérité, c’était même là un prétexte. Car la Serpentard n’avait jamais trop su comment s’y prendre avec lui, depuis de trop nombreuses années, elle qui avait pourtant horreur des non-dits et des silences.

Voilà bien longtemps que les deux amis, qui l’étaient devenus comme dans un juste retour de l’amitié qu’entretenaient depuis (bien trop) longtemps leurs pères respectifs, s’étaient perdus de vue. D’abord, parce que la vie était passée par là, fourbe et sournoise comme elle aimait l’être, tissant et défaisant les liens qu’elle construisait au gré de ses envies entre les uns et les autres, y compris ceux qui avaient presque grandi ensemble. Et puis, elle avait apporté avec elle son lot d’épreuves aux Clearwater. @Luke Korrigan était toujours resté énigmatique sur le sujet — il dirait certainement que c’était pour la protéger, c’était là son excuse favorite quand il était question de ne pas parler de ce qui faisait mal — lui-même profondément perturbé par ce que son ami de toujours, pour ne pas dire son frère, et son fils spirituel avaient vécu. Bien sûr, Siobhán avait tenté de poser des questions, mais elle aussi avait fini par se faire rattraper par les démons de son passé. L’obscurité avait rapidement pris le pas sur le reste, la rendant aveugle pendant trop longtemps au monde qui l’entourait. Sean faisait partie de ceux qu’elle avait refusé de voir, parce qu’il était trop tendre et qu’elle était trop troublée. Et aujourd’hui, elle le regrettait.

Parce qu’elle n’avait jamais su comment revenir vers lui.

Ni comment le lui montrer.

S’armant d’une plume et d’un morceau de papier, elle tentait alors de réparer les erreurs du passé.

Sans vraiment savoir si ce genre de chose pouvait réellement marcher.

Mais au moins, elle essayait.


Le mois de juin touchait à sa fin et le monde se portait bien mieux depuis que l’été avait officiellement pris ses quartiers. La peau de Siobhán n’aimait pas le soleil autant qu’elle, mais la vélane, pas un brin rancunière quand il s’agissait de lui, avait grand plaisir à sentir des rayons courir sur sa peau, et ressortir du placard ses robes fleuries, plus légères dès lors que les journées se rallongeaient.

Retrouver Sean avait aussi de quoi la réjouir. Leurs vies avaient beau s’être menées en parallèle, sans jamais vraiment se croiser ces dernières années , elle ne pouvait s’empêcher de penser à ces souvenirs partagés, cette enfance à laquelle elle s’était toujours attachée. Dans un monde où @Finn Gavalagh-Korrigan et Eleanora tournaient sur eux-mêmes comme des tornades incontrôlables emportant tout sur leur passage, Siobhán et Sean s’étaient toujours retrouvés dans ce qui était calme et paisible. Plus mesuré.

Existait-il réellement des raisons concrètes qui auraient pu justifier que tout ça ait changé ?

Poussant la porte des Trois Balais, la jeune femme mit quelques secondes avant d’apercevoir ce visage si familier. Une boule de nostalgie se gonfla aussitôt dans son estomac, et les regrets la prirent d’assaut au moment où elle le prit dans ses bras, dans un geste tout aussi facile que spontané.

« Sean », murmura-t-elle près de lui, un sourire sincère pendu à ses lèvres. « Je suis vraiment heureuse de te revoir. »

Il avait en lui ce quelque chose de profondément rassurant qui fit disparaître ses doutes et ses peurs lorsqu’elle vit qu’il était toujours le même. Bien sûr, ils avaient changé tous les deux, c’était ainsi que le temps fonctionnait. Mais ce qu’ils étaient, au fond d’eux, était resté intact. Figé.

Sean lui indiqua la chaise en face de lui et, sans réfléchir, elle y trouva sa place, toujours avec ce sourire sur ses lèvres.

« Je suis surtout désolée de ne pas l’avoir fait avant. Sincèrement, Sean, j’ai voulu t’écrire des dizaines de fois et je n’ai pas d’excuses. Je sais bien qu’on ne rattrapera pas le temps perdu autour d’un verre aux Trois Balais. Peut-être dix, à la rigueur… » Mais c’était déjà un début. Son rire doux s’évada dans l’air. Sa présence constituait, à elle-seule, un retour à une période chère à son cœur. Il était de ceux qui avaient ce parfum qui ramenait immédiatement à la famille. À un chez soi qui s’était évaporé et modifié, avec le temps, mais dont les senteurs restaient curieusement inchangées, elles aussi. « Comment tu vas ? »

Parce qu’il fallait bien commencer quelque part.

Quel étrange sentiment que la nostalgie. Cette sensation aussi amère qu’agréable pouvait vous compresser la poitrine tout en menaçant de faire exploser votre cœur la seconde d’après.

Si c’était ce que Siobhán avait ressenti en prenant Sean dans ses bras, ses traits plus fermés que ceux qu’elle avait connus par le passé ne lui échappèrent pas. Observatrice, elle avait saisi au vol ce moment de latence, appuyé par ce mouvement qui avait guidé la main de Sean jusqu’à sa tête, comme s’il venait d’être pris par un vertige. Siobhán plissa très légèrement des yeux pour l’interroger du regard, inquiète, avant de le voir s’empresser de répondre à ses excuses.

Si le Gryffondor qui était en face d’elle n’avait pas vraiment changé, le temps, lui, avait quand même fait son petit effet, installant entre eux une distance qui n’avait pas lieu d’être.

« Une amitié, dès lors qu’elle unit deux personnes, s’entretient aussi à deux », glissa-t-elle avec un sourire, n’osant encore ces gestes de tendresse qu’elle réservait aux membres de sa famille. « Mon père m’a dit que tu avais connu une période compliquée mais sans me donner de détails. Tu sais comme il peut être énigmatique quand il décide de garder des choses sous silence… Je ne savais pas… Je ne savais pas comment revenir vers toi. Et le temps est passé. Et c’était pire. » Se mordant l’intérieur de la joue, la vélane se fit violence, un instant, sortant ses mains de dessous la table pour les poser sur les siennes. Elle ne voulait pas lui rappeler de mauvais souvenirs et c’était pourtant ce qu’elle était précisément en train de faire. Ce geste se voulait une maigre tentative de réconfort. « On aura tout le temps d’en parler si tu en as envie. Je suis là maintenant. On est là tous les deux et si on est dans ce bar c’est qu’on va bien. Ou qu’on va mieux. J’espère juste… que tu me pardonneras ce silence. »

Bientôt, ce furent ses propres mots qui le confirmaient. Il allait bien. Siobhán lui rendit son sourire, sincèrement heureuse d’apprendre que la vie, si l’on en oubliait les peines inconnues qu’elle lui avait infligé, semblait lui laisser un peu de répit. Elle se mit même à rire doucement alors que les souvenirs lui revenaient en même temps qu’il parlait.

« Auror, tu dis ? Ça ne devrait pas m’étonner… tu te souviens de cet uniforme que tu portais quand on était petits ? Je jouais souvent le rôle du mage noir. Heureusement qu’on ne devient pas toujours ce en quoi on se déguise, hm ? Et à quoi tu penses pour ta réorientation ? C'est que ça ne te plaît plus ? »

La Serpentard marqua une pause dans cet engouement trop soudain qui l'avait saisie à l’idée de rattraper le temps perdu. Elle avait déjà posé trop de questions et elle secoua la tête lorsqu’elle s’en rendit compte.

« Pardon, Sean. » Certaines choses ne changeaient jamais. Siobhán avait toujours été curieuse de tout. « Les relations avec mon père ont été un peu tendues ces derniers mois, il n’a certainement pas pensé à m’en parler. Je suis désolée.  » Il fallait vraiment que Siobhán revoit @Braxton Clearwater rapidement. « Est-ce que… ça va ? »

Était-il question de Sean, Nora, Braxton ou Betty ? Les quatre à la fois ? Siobhán avait lâché cette interrogation à la volée pour ne pas forcer Sean à lui parler.

D’ailleurs, cette question supplémentaire ne comptait pas vraiment. Parce qu’elle s’imposait, naturellement, après des années de silence. La demie-vélane n’avait pas cherché à prendre des nouvelles pendant tout ce temps, et il lui était désormais donné une occasion de le faire. En toute logique, elle la saisissait.

«  Écoute, je, euh, vais bien ! — La même chose s’il vous plait », répondit-elle à son tour en se dirigeant vers la serveuse, avant de se retourner vers Sean, toujours avec le sourire.

C’était même peu dire, elle qui volait complètement sur son petit nuage, au gré des vents, depuis qu’@Edel Almadovar faisait partie de sa vie.

À tel point qu’elle ne réalisait pas qu’elle venait de commander une boisson qu’elle détestait tout particulièrement.

« La vie suit son cours, je n’ai pas grand chose à raconter si ce n’est… » Elle fouilla dans ses affaires et deux faire-part de mariage glissèrent sur la table, faisant office d’invitations. Elle aurait dû tenir sa langue encore un peu avant de l’annoncer, comme ça, de but en blanc, mais comme elle n’avait rien à dire d’autre sur elle ou sur sa vie, et que c’était sa grande actualité du moment, c’était l’occasion ou jamais. « Bon, je suis toujours aussi nulle pour garder les surprises mais… voilà. Je tenais à te le donner en mains propres. J’aimerais beaucoup que tu sois là, Sean. Avec Yeleen, bien sûr. »

Difficile de voir en Sean autre chose que de la bienveillance. Il était la parfaite allégorie de ce sentiment des plus purs, et ce furent ces mots qui firent questionner la vélane sur ses choix passés.

Elle qui les avait pourtant pleinement assumés au fil des années.

Siobhán s’était privée de nombreuses amitiés, à commencer par la sienne, qui avait toujours compté un peu plus fort que celle des autres parce qu’elle avait commencé très tôt.

Pourquoi avoir pris cette décision, au juste ? Par fierté ? Pour satisfaire son ego ? Par peur ? Mais par peur de quoi ? Il était la dernière personne à pouvoir la blesser et la preuve en était qu’il ne lui demandait aucun compte avant d’accepter de lui pardonner.

S’il ne voyait pas ce qu’il avait à amnistier, Siobhán connaissait bien ses torts. Pourtant, elle préférait encore faire en sorte de s'affairer àles réparer plutôt que de les ressasser à nouveau. Alors, comme gage de sa bonne volonté d’aller de l’avant, elle lui tendit la main comme pour la lui serrer.

« Disons qu'on est pardonnés tous les deux, alors. »

Son habituel rire, adorable, s’échappa de ses lèvres. Aller de l’avant était tout ce qu’elle voulait, et c’était toujours un plaisir de voir que Sean et elle étaient encore sur la même longueur d’ondes. Malgré le temps.

Ses épaules s’affaissèrent légèrement lorsqu’il lui proposa de l'interroger. Comment se plier à un tel exercice sans risquer d’être à côté de la plaque quand elle en savait finalement si peu à la base ? Ses joues rosirent légèrement sous l’effet cuisant d’une honte qui n’avait que trop duré. Si les années avait fait leur petit bout de chemin, Siobhán savait néanmoins que Sean la rassurait pour une bonne raison : il l’autorisait à aborder le sujet, et ce n’était certainement pas pour lui en vouloir l’instant d’après.

« Je ne veux pas te forcer à en discuter si tu n’en as pas envie », lui glissa-t-elle pourtant, sincère, cherchant son regard du sien, désireuse de lui laisser une porte de sortie. « Mon père a simplement été très énigmatique en me disant combien il s’inquiétait pour moi après ce qui t’était arrivé. Je sais que ça l’a énormément touché et je ne veux pas faire remonter de mauvais souvenirs. Donc, si c’est le cas et que tu ne te sens pas prêt… Et bien, parlons plutôt d’avenir et laissons le passé là où il est. Et sinon… je suis prête à entendre tout ce que tu voudras bien me dire. À commencer par le commencement. »

Il était hors de question pour Siobhán de le harasser de ses habituelles questions tant elle avait le pressentiment que le traumatisme était grand et, finalement, toujours présent. Si les traits de Sean avaient tout gardé de leur douceur, il n’en restait pas moins qu’ils étaient plus marqués qu’auparavant, signe que les épreuves avaient été beaucoup trop lourdes à porter pour un jeune adulte. Et elle, qui était-elle pour resurgir de la sorte du jour au lendemain et rappeler à sa mémoire des fantômes si difficilement oubliés ?

Ce fut finalement le ton enjoué de Sean qui la ramena dans le moment présent. Il était bon de le voir sourire et cette vision tout en simplicité lui réchauffait le cœur.

« @Finn Gavalagh-Korrigan mangeait systématiquement les dernières parts de tout les plats qu’on nous préparait… », se rappelait Siobhán avec nostalgie, à l’image de tous les souvenirs qu’elle avait d’une enfance loin de tous questionnements. « Certains auraient déraillé pour moins que ça. Je n’arrêtais pas de lui dire que s’il continuait, un jour, il irait à Azkaban mais visiblement, la menace ne l’a jamais vraiment effrayé. »

Elle eut un sourire tendre à la mention de ce frère qu’elle aimait de toute façon beaucoup trop pour l’envoyer volontairement loin d’elle, déjà à l’époque. Et Finn l’avait toujours su ; qu’une jumelle sans son jumeau n’était plus qu’une moitié de rien. Alors qu’ensemble, ils formaient un tout.

« L’important c’est que tu fasses quelque chose que tu aimes, et c’est une bonne chose que de t’être rendu compte que ça n’était pas pour toi », reprit-elle pour donner suite à des conversations d'avenir. « Ça n’est pas une erreur, ni un échec, juste… une quête. Et comme toute quête, il y a des étapes à franchir pour avancer. Je n’ai aucun doute quant au fait que tu trouveras ta voie, Sean. Sois juste patient avec toi-même. »

Ce n’étaient que les conseils d’une étudiante qui savait ce qu’elle voulait faire depuis toute petite, sans jamais avoir émis un seul doute à ce sujet. Et son échange qui avait eu lieu un peu plus tôt, le jour-même avec @Selma Montero  avait justement fini de la convaincre. Sa voie à elle, c’était la protection des animaux fantastiques. Sa route était déjà toute tracée.

Mais le sourire qui s’affichait sur son visage était compatissant. Parce qu’elle savait que se trouver une place dans un monde rempli de possibilités pouvait parfois faire terriblement peur. Et, en ça, elle ne comprenait Sean que trop bien.

Tout comme cette petite moue qu’il avait affiché en abordant à peine le sujet du divorce de ses parents. Si ce genre de décision s'avérait souvent une libération pour ceux qui la prenaient et la voyaient souvent en elle leur porte de sortie, les enfants étaient, eux, en première ligne. Intérieurement, elle se promit d’occuper suffisamment l'esprit de Sean pour qu’il n’ait plus à penser à ça avant la fin de leurs retrouvailles.

« Je vois… », dit-elle d’abord, avant de changer de sujet, tout en restant dans le sujet de la famille : « Et comment va notre tornade écossaise préférée ? » Pour l’avoir aperçue dans les couloirs sans jamais oser l’approcher, un peu comme Sean, Siobhán sentit à nouveau son cœur se serrer alors qu'elle se surprenait à passer par le Gryffondor pour obtenir des nouvelles de sa petite sœur.

L’Irlandaise partit d'ailleurs à la recherche d’un autre carton d’invitation à destination d’Eleanora. Sans trop savoir si cette dernière serait d’accord pour se rendre à son mariage, Siobhán imaginait que faire passer le faire-part à Sean l'aiderait peut-être à se décider.

Mais elle n’eut pas le temps de le lui glisser en même temps, que la serveuse leur déposa leur commande.

« Un demi ? J’ai commandé ça moi ? », demanda-t-elle a Sean en chuchotant, une fois que la serveuse se fut éloignée. « Mais je déteste les bulles… », se dit-elle à elle-même, tapant son front avec la paume de sa main.

Elle releva ses yeux lorsque Sean accueillit sa nouvelle avec émotion, illuminant son visage en simultané.

Quelle surprise, hm ?

Il ne pensait pas si bien dire. Siobhán n’avait rien vu venir non plus. La réaction de son ami lui fit prendre conscience de l’étonnement que pourraient ressentir certains invités lorsqu’ils apprendraient que la fille de vélane, qui avait juré à qui voulait l'entendre que l’amour n’existait pas, les conviait, plusieurs années plus tard, à son mariage.

« Eh oui, comme quoi tout arrive, n’est-ce pas ? », glissa-t-elle avec un petit sourire gêné, détestant toujours autant être au centre de l’attention, mais malgré tout ravie de savoir que Sean et Yeleen seraient tous deux présents.

À son tour, elle se leva pour l’étreindre doucement, avant de regagner sa place pour l’imiter.

« Je suis tellement honorée de vivre ça avec toi, avec vous. Merci… »

Cet engouement sincère lui faisait chaud au cœur, bien qu’elle sentait une petite pointe de réserve, probablement parce qu’ils avaient perdu l’habitude de ce genre de manifestation affective.

Ou bien avait-il réagi ainsi à la lecture du nom du futur marié ?

Il avait en tout cas ce joli sourire qui donnait envie de partager avec lui toute la joie et le bonheur qui émanait de la Terre.

D’habitude, c’était le genre de choses qu’elle vivait avec son père ou même son frère, mais cette union avec @Edel Almadovar sonnait comme un sujet tabou dans ces deux paires d’oreilles. Sur la réserve, Siobhán préférait donc parfois éviter d'en parler plutôt que de devoir se brouiller avec deux des hommes de sa vie, à l’approche d’un des jours les plus importants de celle-ci.

« En vérité, on ne se fréquente que depuis le mois de février, donc c’est normal que tu n’aies rien vu, quand moi-même... Enfin… Je ne m'y attendais pas non plus », finit-elle par admettre, posant la tête sur ses mains. La jeune femme garda un œil sur son verre, qu’elle n’avait pas encore touché. Elle détestait la bière. Mais elle savait mieux que personne qu'un avis pouvait être changé. « Mais le temps, ça ne veut rien dire. » La preuve, Sean et elle étaient là, à se parler, comme s’ils s’étaient vus pour la dernière fois la veille au soir. « Il est… » Elle leva les yeux au ciel comme si ses mots avaient une chance de se trouver quelque part sur le plafond des Trois Balais. « …une évidence. »

La sienne.

Son sourire s’était fait timide alors que ses joues rosissaient devant ce court résumé.

Mais c’était le mot. Edel était son évidence dans un monde qui en manquait cruellement, à ce jour.

Que pouvait-elle ajouter d’autre ?

« Sean… »

Rarement Siobhán manquait de mots face à une situation donnée.

Elle était plutôt de celles qui avaient toujours quelque chose à dire, alors même qu’on n’avait pas forcément sollicité son avis.
Elle était de celles qui avaient toujours la petite parole réconfortante, une plaisanterie douce pour alléger les atmosphères les plus lourdes.
Ou elle pouvait être de celles qui balançait la pique venant achever sa cible, lorsque la situation le demandait.

Rarement les mots venaient à lui manquer. Mais alors que Sean venait de tout lui expliquer, ils semblaient s’agglutiner dans son œsophage, former un nœud dans sa gorge alors que même sa respiration s’était faite plus difficile à mesure qu’il avait avancé dans son récit.

Que répondre à quelqu’un qui avait vécu tant de choses difficiles en si peu de temps, quand elle avait jugé bon de s’absenter de sa vie — au pire moment, semblait-il ? Sous les paroles apaisantes du Gryffondor, un peu plus tôt, la culpabilité s’était effacée mais, rapidement de retour, elle semblait bien déterminée à reprendre ses quartiers.

Et ces mots qui jugeaient bon de briller par leur absence, quand elle avait justement besoin de l’exprimer, de la relativiser.

De dire qu’elle était désolée.

Nora, Sean, @Braxton Clearwater, Betty. Tous avaient souffert d’une manière d’une autre dans cette histoire et elle n’avait été présente pour aucun d’entre eux. Cette idée lui tordait le cœur et son regard peinait à remonter jusqu’à celui de Sean. La honte, certainement, de ne pas savoir quoi dire ou quoi faire, après coup, pour apaiser ce qui devait encore l’être. Ce qui pouvait encore l'être.

Surtout quand elle s’identifiait immédiatement à Nora, malgré elle.

Braxton avait toujours eu une place toute particulière dans son cœur. Il n’avait pas toujours été là, souvent occupé, mais le peu de moments partagés avaient été suffisants. Pourtant, quelque part, sous le poids de ses actions passées, de ses choix racontés, son piédestal était en train de lentement se fissurer.

Malgré elle.

Qu’on ne s’y méprenne pas : Siobhán n’était pas en train de s’octroyer le droit de juger aussi rapidement d’une situation qui avait pesé sur les épaules de ceux qu’elle considérait comme des membres de sa famille. Mais il y avait comme un écho à ce récit ponctué de mensonges et de traumatismes.

Mentir n’était jamais une fin en soit, et elle n’osait un seul instant imaginer comment elle aurait réagi en apprenant que son père l’avait oubliettée. Une rage sournoise et injustifiée montait déjà en elle alors qu’il n’avait encore rien fait de la sorte — ou peut-être n’avait-elle tout simplement pas été mise au courant ?

Secouant sa tête et frottant ses tempes en se disant que ça l’aiderait à mieux digérer tout ce qu’elle venait d’apprendre, elle sentait peu à peu sa voix lui revenir. Siobhán ne tenait pas la place de juge dans cette histoire. À peine celle d’épaule sur laquelle se reposer.

« xTout prend tellement plus de sens, maintenant. » C’était comme si l’horizon s’éclaircissait et apportait toute sa lumière au passé. « Tu parles de tout ça sans une once de ressentiment, avec une telle maturité Sean, je suis si fière de l’homme que tu es devenu. » Une pause marquée, pour reprendre le fil de ses idées, démêler ce nœud et tenter de ne pas laisser ses sentiments parler trop fort, sans filtre. « On fait tous des erreurs dans la vie. Mais certaines font définitivement plus mal que d’autres. » Loupée, sa volonté de ne pas prendre parti, alors que ses dents se serraient lorsqu’elle repensait à son propre père. Elle se mordit l’intérieur de sa joie pour ne pas aller plus loin que cette phrase bateau.

Se concentrer sur l’avenir, voilà ce qu’il fallait faire. Ce n’était pas comme si le passé avait une chance d’être changé. Même un retourneur de temps n’effacerait rien. Les souvenirs restaient. « Comment… Comment est-ce que vous avancez aujourd’hui, avec Braxton ? Est-ce que tu penses que tu pourrais lui pardonner, ou bien est-ce qu’il est encore trop tôt… ? »

...Ou trop tard ?

Sean avait toujours été la voix de la raison, et Siobhán savait qu’elle pouvait entièrement se fier à son jugement. La preuve, dans un récit qu’il aurait pu choisir de montrer sous une couleur noire, il avait de lui-même présenté des nuances de gris. Elle savait que Sean ne cherchait pas à fustiger qui que ce soit, même s’il aurait probablement été en droit de le faire après ce qu’il avait vécu. Il était toujours le même et elle ne put s’empêcher de reposer les mains sur les siennes, sans rien dire de plus pendant un moment.

La question du mariage et la nouvelle de son union avec @Yeleen Sô avait, un instant, rallumé le visage de la demie-vélane, avant qu’il ne s’éteigne à nouveau sous le coup de nouvelles vérités, plus sombres que claires, sans qu’elle n’ose l’interrompre alors qu’il semblait enclin à rattraper le temps perdu.

Un nouveau coup de massue vint abaisser les épaules de Siobhán qui n’en revenait pas de ce qu’avaient vécu les Clearwater.

Mais Siobhán étant Siobhán ; il lui fallait comprendre.

« Qu’est-ce qu’il veut à Braxton, ce… cet homme ? Pourquoi… Pourquoi vous avoir pris en joug de la sorte ? Pourquoi s’être attaqué à toi, à @Asel Misra, à Milo… N’y-a-t-il pas une façon de le retrouver ? Le Ministère a bien des chasseurs dans ses rangs, que font-ils ? Bien sûr que ça m’inquiète Sean, ne pas avoir su pendant tout ce temps, avoir eu l’audace de continuer à vivre normalement pendant que vous étiez en train de subir des horreurs, je… »

oin d’être préoccupée par le danger qui rôdait éventuellement autour d’elle, pas effrayée pour un sou quand il s’agissait de sa propre sécurité, elle avait bien d’autres sujets en tête qui prévalaient sur ses mises en garde, ne sachant même plus si elle devait le féliciter pour son mariage avec Yeleen ou si c’était malvenu.

« Yeleen devait être folle d’inquiétude. Vous avez tous fait preuve d’une force dont peu de familles peuvent se vanter. Tu as fait preuve d’une force… inouïe. Je n’ose même pas imaginer ce par quoi tu es passé… » Regagnant quelques secondes le silence, son visage pensif avait regagné sa tendresse pour tenter d’apaiser la violence de ces images qui passaient au ralenti dans sa tête. « Le moins qu’on puisse dire, c’est que vous avez mérité votre moment de bonheur. Et le monde a vu que vous pouviez soulever des montagnes ensemble. Vous êtes une évidence l’un pour l’autre. Oui, c’est… évident. Je suis si heureuse pour vous, toutes mes félicitations. »

Un sourire fin se dessina sur son visage, encore discret, peinant à s’élargir devant les sentiments qui s’emparaient d’elle malgré ses tentatives de la rassurer comme il le pouvait.  Ses mains étaient toujours sur les siennes, davantage serrées, comme une manière d’effacer cette absence en insistant sur sa présence. Et puis, elle les éloigna pour rapprocher sa pinte d’elle, comme si elle voulait la protéger.

« Hé, non, regarde, je sais toujours aussi bien faire semblant. Tu te rappelles quand mon père voulait ABSOLUMENT que je reste à table jusqu’à ce que j’ai terminé mon assiette, avec le sourire, même si je détestais ce qu’il y avait dedans ? »

Et, comme ça, sans demander son reste, elle but les trois quarts de sa pinte sans s’arrêter. Aucune grimace ne vint déformer son visage, mais il était évident qu’une carrure comme la sienne viendrait à ressentir sous peu les effets de sa petite démonstration de force — au demeurant complètement inutile.

À bien y penser, ça l’aiderait probablement à parler de son père, puisque Sean abordait le sujet.

« Je n’appellerai plus ça des tensions en voyant ce que tu as vécu avec le tien. » Ses problèmes avaient grandement perdu de leur envergure depuis qu’il lui avait partagé les siens, mais elle se doutait que Sean n’aurait pas forcément envie de ressasser toutes les épreuves qu’il avait subies. « Disons que j’ai toujours autant de mal avec le mensonge et lui toujours autant de facilité à opter pour cette solution quand il le juge nécessaire. Pour nous protéger, tu sais… Il a oublié de nous dire que notre mère avait une sœur vélane et une nièce qui l’était à moitié, comme nous. Et accessoirement, une partie de la famille du côté de ma mère qui chasse les femmes vélanes. On ne s’est pas parlé pendant plusieurs mois. »

Un secret de famille comme il en existait tant, mais que Siobhán avait eu particulièrement du mal à digérer devant un don qu’elle n’avait jamais su utiliser, quitte à même l’intérioriser autant qu’elle le pouvait en refusant nombre d’interactions sociales.

« Tu vois… ça n’est rien de grave. » Rien d’irréparable, ni d’insurmontable. Juste un peu difficile à digérer sur le moment. « Et quand je commençais juste à revenir vers lui… j’ai appris qu’il avait demandé à ton père, justement, de faire des recherches sur Edel dans mon dos. » Sean se souvenait-il combien Siobhán avait horreur qu’on lui cache des choses — à peu près autant qu’elle pouvait haïr le mensonge ? « Mais c’est mon père et on ne le changera pas. J’ai juste un peu peur de ce qu’il pourrait faire au mariage, car je ne suis pas certaine qu’il voie d’un bon œil ma relation avec Edel et — oh Sean, par pitié, surveille-le ce soir-là », supplia-t-elle sur le ton de la plaisanterie...

…Ou pas ?

Il suffisait de se plonger avec davantage de profondeur dans le regard de Sean pour comprendre que le passé n’était jamais complètement éteint. Il subsistait au cœur de ses iris dans une lueur vacillante, faiblarde, légèrement en arrière plan, mais toujours brillante, éclairant une partie des démons qui l’avaient hanté même s’ils étaient aujourd’hui bel et bien endormis.

Guérissait-on jamais de ces choses-là ? Pouvait-on réellement envisager de pardonner quand la trahison avait pris ses quartiers au sein même de la famille, dans le corps d’une moitié qui nous avait donné la vie ?

Alors qu’il racontait plus en détail les sentiments qui l’avaient pris d’assaut jusqu’alors, le cœur de la demie-vélane s’effritait légèrement. Le visage de @Braxton Clearwater s’affichait très clairement dans son esprit, tournoyant en quelques dizaines de souvenirs plus joyeux les uns que les autres à ses côtés.

La colère avait alors laissé place à la tristesse, quand elle essayait toujours de s’enrichir de toutes les nuances du récit qui lui avait été servi.

Braxton avait dû vivre l’enfer, lui aussi. Et elle l’estimait suffisamment pour ne pas le fustiger. Ni en rajouter.

Quel genre de monstre remettait la tête sous l’eau à quelqu’un qui était déjà en train de se noyer devant ses yeux ? Comme tout le monde, l’Irlandaise avait ses mauvais côtés, mais pas au point d’oublier, ni de changer de côté.

Loyale, avant tout le reste.

« Ce n’est pas parce que les choses sont cassées qu’elles ne peuvent pas être réparées. Après tout, avec le temps, même la plus douloureuse des plaies finit par devenir une cicatrice, un jour. Vous êtes passés par tellement de choses difficiles Sean, laissez-vous ce temps-là pour guérir. Laisse-toi ce temps-là. Mais je sais que tu as toujours été le plus patient de nous quatre. »

Au milieu d’un @Finn Gavalagh-Korrigan qui avait toujours su user de ses charmes pour obtenir ce qu’il désirait, d’une Nora tumultueuse qui savait détourner les situations à son avantage et d’une Siobhán qui n’avait jamais réussi à accepter un non sans une session poussée d’explications, cette dernière se souvenait d’un Sean persévérant, tout en douceur. C’était une qualité qu’elle savait reconnaître chez lui, et que ni le temps ni les épreuves n’avaient réussi à effacer.

« Son travail… »

...Valait-il réellement le coût du sacrifice ?

Siobhán n’osa poser la question frontalement et s’arrêta en plein milieu de sa phrase, feignant d’être pensive. Sean en avait déjà bien assez vu pour qu'elle ne l'attire dans ce genre de débats. Loin d’elle l’envie de lui en infliger davantage en le replongeant dans des questionnements inutiles, quand seul Braxton avait les réponses.

Dans un sourire, la demie-vélane poursuivit :

« Est-ce qu’il a cherché à rentrer en contact avec toi ? Reinfield ? Et toi, est-ce que… tu as cherché à le retrouver ? Il t’a fait tant de mal, tu aurais pu vouloir faire justice toi-même. »

Elle l’aurait certainement fait, elle. Après tout, à l’instant même où il était arrivé à son oreille qu’une partie des Gavalagh comptait des chasseurs de vélanes dans ses rangs, elle était bien partie à leur recherche, sans rien dire à personne. Simplement pour comprendre.

Oui, mais voilà ; même avec ces ressemblances qui les avaient toujours rapprochés, Sean et Siobhán restaient deux personnalités à part entière qui ne pensaient, ne réfléchissaient et n’agissaient pas de la même façon. Chacun avait sa propre ligne de conduite. Chacun obéissait à ses propres volontés.

« Je ne connais pas @Yeleen Sô plus que ça, mais si tu es amoureux d’elle, ça ne m’étonne pas plus que ça qu’elle soit aussi incroyable que tu la décris. » Certaines âmes sur cette terre étaient faites pour se rencontrer et Siobhán en avait désormais l’intime conviction. « Tu sais que je vais pouvoir vous aider à organiser le mariage. J’ai plein de petites astuces et beaucoup de personnes à vous conseiller c’est… » À nouveau, elle s’interrompît en plein milieu de sa phrase, comme elle avait l’habitude de le faire lorsqu’elle se rendait compte qu’elle dépassait certaines limites. « Enfin. Quand vous serez prêts. Ce n’était pas pour vous mettre la pression. Je voulais juste que tu saches que je serai là. C’est tout. »

Son regard se releva vers le sien, alors qu’elle éloignait enfin ses mains, prenant un peu de distance pour le laisser respirer. Ce n’était pas une conversation facile qu’ils avaient, et Siobhán devrait se faire violence si elle ne voulait pas remuer un passé qu’il avait lutté pour éloigner de sa personne.

Croisant les bras sur sa poitrine en ramenant son dos contre sa chaise, son visage se fit un peu plus dur à la mention de son père. Elle était très exigeante avec ceux qu’elle aimait, et si elle avait pardonné à @Luke Korrigan en surface, il y avait encore certains détails qui restaient coincés à l'intérieur, difficiles ne serait-ce qu’à relater.

« Ce que je veux dire, c’est que ça paraît futile à côté de tout ce dont tu viens de me parler. Et dans un sens, peut-être que ça l’est. » Sur le moment, à ses yeux, ça ne l’était pas. Elle avait ressenti comme un coup de poignard de celui-là même qui avait toujours été comme un modèle et qui l’avait éduquée à ne jamais mentir. Toujours dire la vérité. « Ils ne sont pas amis pour rien tous les deux, ça, c’est certain. » Sa mine s’assombrit alors qu’elle ingérait le reste de sa boisson d’une seule traite, grimaçant légèrement cette fois-ci. « Je ne sais pas trop à quoi m’attendre, surtout s’ils sont tous les deux réunis au mariage. Un peu d’aide de mon ami d’enfance préféré ne sera pas de refus… » Un sourire finit par faire son apparition, timidement, mais il finit par s’agrandir lorsqu’un clin d’œil à Sean vint l’accompagner.

C’était aussi une manière de le rassurer devant les inquiétudes qui grandissaient sur son visage.

« Finn est au courant, mais ces choses-là le touchent moins fort. Tu sais comment il est. Il prend beaucoup de distance et il ne montre pas grand chose de ce qu’il ressent. Quand j’ai remontré l’arbre généalogique de ma mère et que j’ai fait quelques recherches, c’est là que je me suis rendue compte qu’une partie des hommes de la famille chassait les vélanes et demie-vélanes tout juste nés. Je n’ai pas pu m’empêcher… d’aller les trouver. » Avec le recul, elle se demandait comment  @Edel Almadovar aurait réagi s’ils avaient été ensemble à ce moment-là. Elle secoua sa tête pour arrêter d’y penser. « Du coup, je pense que s’ils ne savaient pas, maintenant ils savent. Mais je les attends. Je n’ai pas peur d’eux. Je n’ai plus peur. » Elle fit une pause, les yeux dans le vide, un sourire aux lèvres. « L’avantage dans tout ça, c’est que je me suis trouvée une cousine qui est comme moi, et même si tout ça est encore un peu… compliqué, j’ai l’impression quelque part de renouer avec l’histoire de ma mère. » Et maintenant qu’elle avait réussi à faire son deuil, c’était moins dur d’en parler au passé.  

D’un geste de la main, elle alpagua à nouveau une serveuse, pour recommander une bière à Sean. « Et un sirop de cerise soda pour moi », glissa-t-elle avec un sourire. Attendant quelques instants qu’on lui apporte sa boisson, elle prit fermement son verre en main pour le tendre vers le Gryffondor, comme pour trinquer.

« À nos retrouvailles, Sean. Et j’espère qu’on n’aura plus jamais besoin de se retrouver. Parce qu’on ne se sera pas re-perdus en premier lieu. »