Le retour de la fille prodigue - Éleanora & Braxton

Braxton dodelinait de la tête sur les ondes entrainantes du vieux poste de radio magique. Mama mia, here i go again… chantait les ondes… et Braxton, qui arrangeait la cuisine de coup de baguette, nettoyant les traces du passages de ses amis. Les verres de Nero et Luke trouvèrent leur chemin vers l'évier et furent accueillis par de la mousse en abondance, puis rejoints par les assiettes.

Le langue de plomb jeta un regard au plafond sur les poutres de bois nettoyées et lessivées. La cuisine commençait à ressembler à quelque chose. Si le sorcier commençait à apprécier la chaleur du bois et le charme des vieilles pierre de la petite maison, il lui était impossible de s’y sentir complètement chez lui. Malgré les meubles récupérés ça et là dans la famille, les édredons et coussins familiers qui venaient de ses chez ses parents, l’absence de Betty était plus forte que la présence de tout ses détails chaleureux et familiers. Et celle des enfants. Il souffla en jetant un regard sévère à tout ce qu’il restait à faire. Leur relation était loin d'être au beau fixe avant leur départ à Poudlard, et l'éclatement de l’oubliette avait jeté un sort à toute la famille. Braxton se retrouvait une fois plus seul avec sa culpabilité comme compagne. Comme depuis 16 ans.

On frappa à la fenêtre. Le sorcier, surprit, posa ce qu’il avait dans les mains et s’approcha de la grosse lucarne à vitraux. Dans un effet de loup disgracieux, deux énormes yeux jaunes surveillaient à droite et à gauche, un angle de vue à 160 degré sans tourner la tête. Braxton cilla, resta bête reconnaissant tout de suite le hiboux. En des mois, jamais l'énorme oiseaux ne lui avait accordé sa visite, ni colis, ni lettre. De fait, la Nouvele-Zélande était loin, et il aurait fallu recourir au service postal du relais des Albatros pour franchir tous les océans.

Le père s’empressa d’ouvrir la fenêtre et de sortir le hiboux. Avant de se résoudre à faire le tour par la porte d’entrée, abandonnant tout espoir que l’oiseau malhabile parvienent à passer par la fenêtre.

Braxton s'était assis à la petite table en bois de la cuisine, un torchon sur l’épaule, et regardait depuis de longue minute le hiboux comme s’il voyait un animal à plume pour la première fois. Il poussa un couvercle de confiture remplit de graines vers le piaf, qui sembla intéressé, et vouloir picorer. Son bec heurta plus de fois la table que le déjeuner de céréale, laissant Braxton pantois, mais fasciné, autant par la maladresse que par la persévérance du hiboux. Le sorcier pencha la tête comme un grand duc, considérant à quel point cet oiseau et sa fille faisait la paire.

La présence du hiboux… ne pouvait signifier qu’une chose. Le retour de Nora. Mais personne ne l’avait prévenu ? Braxton était trop surpris pour ronchonner, et ne transplana même pas pour aller en toucher deux mots à sa mère.

Nora revenait.
Il avait peine à y croire, après près de neuf mois d’absence -parce qu’il les avait comptés ses mois- et de silence. Si le hiboux avait trouvé la maison, alors Nora projetait d’y venir ? Braxton regarda la maison à peine rénové et manqua de défaillir. Le père passa le reste de la matinée à nettoyer de fond en comble, ranger les outils et tenta même de redresser la porte d’entrée avant d’abandonner. Il déjeuna en tête à tête avec le hiboux, qui eut le droit, comme tous les animaux qui approchaient Braxton, à des bouts de son repas. Humbre, le Golden Retriever, constatait bien le traitement de faveur du hibou et chouinait la truffe entre les pattes sur son maître qui ne fit que claquer la langue en guise de réprobation. Le langue de plomb continua de choyer le hiboux comme s’il avait s’agit de sa propre fille. L’après-midi, ne tenant plus, il était sorti dans les collines et les langues pour guette l’arrivée Nora.

Mais nulle tête brune à l’horizon. Le sorcier commença à s’inquiéter et s’impatienter, la boule au ventre. Le souvenir du départ de Nora l’avait hanté longtemps. Que dire à sa fille qui avait apprit que son propre père avait oublietté son frère ? Sa responsabilité quant à la noirceur des premières années de la vie de ses enfants l'écrasait.

Braxton se hissa sur l’un des points le plus haut pour guetter l’arrivée de sa fille. L’air était chargé d’embrume et les falaises abruptes des Hébrides découpaient dans un rare ciel bleu. Il plissa les yeux, et sortit une paire de jumelle multiplette, croyant distinguer au loin un point noir se déplacer à grand vitesse. Un noiret des Hébrides, peut-être ? Il soupira et secoua la tête. Peut-être que le hiboux était venu tout seul. Il voyait maintenant sa fille dans les corneilles dans le ciel comme il voyait Betty à chaque coin de rue...

Braxton avait beau plisser les yeux, impossible de distinguer une silhouette humaine sur ce minuscule point noir qui se révéla n'être qu'une banale corneille. Cette dernière vira même en direction de la mer comme pour le laisser. Le sorcier replia sa longue vue et soupira, la mine défaite.

Humbre qui s'était assis à côté de lui et toisait les immensités vertes et grises de l'île, se prenant à ces temps perdus pour un chien de berger, lança un petit aboiement vers les collines. Braxton considéra le chien blond, un peu bêta qui devait avoir vu une mouette et lui flatta l'encolure.

- C'est rien, c'était une corneille. Elle aurait prévenu sinon. Il s'était accroupi auprès de son chien et lui caressait les joues. Non en fait, c'est tout à fait son genre. dit-il pour lui-même.

Son petit poussin était parti vers une autre île, tropicale à ce qu'il avait compris. Il avait, en parent inquiet et sans aucun contrôle, dégotté un ville sur le pays et parcouru avec des yeux fatigués les pages et guetté la moindre carte postale envoyé à un membre de la famille. Dans sa participation à une lettre de la famille à Nora, il avait notamment joint une photo mouvante de Humbre, tirant la langue avec un air bêta et satisfait voir imbu de lui-même. Parler d'un chien était plus facile que de parle de @Sean Clearwater. Raison de plus que Nora n'était pas ici, elle en aurait averti son grand frère, ces deux-là étaient comme les doigts de la main ! Du moins.. jusqu'à l'hiver dernier... Sean allait mieux, et Braxton espérait que ce dernier se rattraperait avec sa soeur comme il l'avait fait avec sa mère. Il n'en doutait pas.

Humbre aboya de nouveau. Plusieurs fois, avant de se jeter en bas de la pente.

- Humbre ! le rappela Braxton.

D'habitude le chien était plus discipliné.

Le chien fila comme une flèche, aboyant en l'air. Braxton, voulu partir à sa poursuite, et du s'arrêter net, portant un main à ses cotes douloureuses. Il avait des doutes si @Glenn Yard se rendait tout à fait compte des capacités de guérisons nettement amoindrie des autres sorciers. Le langue de plomb grimaçant, prit ses précautions pour descendre la pente. Sean aurait été dans tout ces états s'il avait été là.

Un regard au loin lui dévoila Humbre, aboyant autour d'une silhouette chargée de bagage. Braxton fronça les sourcils, perturbée par la chevelure rose boursouf de la jeune fille qui s'avançait.

C'était Nora.

Braxton, siffla entre ses dents et hésita à transplaner. Il entendait d'ici la médicomage @Ellie Yard commenter sa "chance" si jamais il parvenait à réapparaitre avec les os en place et moins de fracture qu'avant. Il leva sa main en direction de sa fille pour lui faire signe, celle-ci habituée à ce que son paternel transplane d'une pièce à l'autre, voir d'un buffet à l'autre pour se saisir d'une simple fourchette.

- Humbre ! réprimanda de loin son chien. Il chouinait et menaçait de faire tomber Nora à force de gesticuler autour d'elle. Le chien était beaucoup trop excité à la rencontre de cette nouvelle personne et déployait tout ses talents d'acteurs pour s'attirer des bonnes grâces. Braxton se déplaça en marchant vers elle, s'infligeant à eux deux cet étrange moment où l'on finissait par distinguer de loin l'expression puis les yeux de l'autre sans pouvoir parler.

Il voyait dès à présent beaucoup mieux le massacre de l'épaisse chevelure brune massacré par le rose vif qui commençait à se décolorer à la racine. Il plissa les lèvres en une moue qui retenait un rire et un air piqué, enfreignant la règle du pokerface relative aux manifestations d'extravagances de sa fille.

Un large sourire étira sa moustache en un croissant de lune à mesure qu'il distinguait la frimousse de sa fille. Son départ lui semblait d'hier comme d'il y a trois ans.

-Nora ! il la prit brièvement dans ses bras pour la saluer et revint à elle avec un large sourire ému, des petites larmes s'échappaient de ses yeux. Il semblait plus vieux. Et gâteux sans doute. Je t'attendais pas poussin. ne put-il s'empêcher de l'appeler immédiatement par ce sobriquet qui faisait rouler des yeux ses deux enfants. Elle avait l'air épuisée comme lorsque l'on rentrait d'un grand voyage. Il contempla un peu comme s'il ne l'avait vu depuis dix ans. Sa grande fille était chaque jour plus grande. À cet instant, il oublia Sean, le froid entre eux, l'oubliette, et ne fut que submergé que par le soulagement de voir sa fille en un morceau. Ou presque, si l'on oubliait les cheveux noirs portés disparus.

Nora réceptionna le grand chien à grand renfort de papouilles. Elle était contente de voir une truffe amicale et avec autant d'affection à revendre après autant de temps passé loin de chez elle. Elle enjamba tant bien que mal l’animal qui passait frénétiquement entre ses jambes. Le golden retriever alternait les coups de tête et les jappements joyeux.


« Doucement grand bestiau ! Douuuuucement ! »


Elle constata avec de tendresse que son père prit le temps de venir vers elle à pied, elle sourit avant de remarquer ses grimaces à chaque pas. Son inquiétude la fit accélérer le pas, tout en esquivant tant bien que mal le fidèle Humbre, particulièrement démonstratif.


Les bras de son père l’enlacèrent brièvement, et les sentiments se bousculaient dans sa tête. Devait-elle lui rendre son étreinte ? Ou le repousser avec un air contrit ? Nora se résigna finalement et rendit son étreinte a son père. Elle n’avait pas parcouru la moitié de la planète juste pour refuser une embrassade à son paternel. Elle se dégagea doucement de son étreinte, de peur de lui faire mal et le dévisagea. Ce dernier semblait à la fois inchangé et pourtant plus fatigué, elle mit ça sur le compte de ses blessures supposées, son père n’était pas encore si vieux. Elle s’amusa à constater que sa pilosité faciale semblait s’épaissir avec le temps et prit le temps de remarquer les quelques poils blancs qui dépassaient çà et là. Elle n’était pas la seule à changer un peu de couleur de poil.


Nora roula les yeux vers le ciel, peut être plus par habitude que par réelle contrariété, c’était presque un réflexe.


« Moi aussi, je suis contente de te voir papa. Chouquette ne t’a pas informé que j’arrivais ? »


Nora jeta un regard à son oiseau qui s’était posé non loin, ce dernier avait trouvé des graines qu’il ratait une fois sur deux. Mais Nora savait qu’il insisterait jusqu’à les avoir toutes mangées. Puis son regard revint à son père, l’inspectant pour chercher l’origine de sa blessure.


« Tu vas bien ? On peut rentrer ? J’ai cassé… Enfin, on a cassé mon balai et je n'ai pas pris à boire… Et puis il y avait du monde à Édimbourg… Nora s’interrompit, de peur de noyer son paternel sous ses jérémiades. Son sourire disparu brièvement alors qu’elle reprenait. Enfin, je te raconterais. On a à parler de toute façon. Comment va  @Sean Clearwater ? »


Nora savait que cela faisait beaucoup de questions. Elle en avait après presque un an. Mais elle ne pouvait s’empêcher de les poser toutes en même temps. De toute façon, quel que soit l’ordre, elle espérait bien avoir une réponse à chacune d’entre elles. Suivant Humbre, qui semblait vouloir absolument prévenir son maître qu’il y avait quelqu’un de nouveau et visiblement amical devant lui, Nora pris la direction de la maison. Il était temps de poser au moins un peu ses bagages, quelque part.

Le visage de Braxton ne se défaisait pas d’un tendre sourire heureux, alors qu'au fond de ces prunelles brillaient une étincelle qui avait disparu depuis des mois de ces yeux. Ils restèrent tous les deux à se regarder pendant quelques secondes avec des airs de bêta. Nora roula les yeux au ciel et sonna la fin de cette seconde suspendue au-dessus de leur retrouvailles. Son père rit, heureux, reconnaissant là la manie qui était devenue la marque de fabrique de sa fille.

"Ton poulet ? Reçu y a trois heures, ça doit faire deux jours que tu voyages j’appelle pas ça prévenir !" déplora-t-il. "Ta mère est au courant au moins ?"

Lui encore, avait l’habitude d’être le dernier dans la boucle d’information familiale, un comble pour l’agent qui avait des oreilles et des yeux partout dans le Royaume-Uni magique.

Braxton écarquilla les yeux et l’air d’une poule repérant son petit perdu dans la basse cour, la poussa tout de suite en direction de la maison.

"Mais oui bien sûr, on y va tout de suite, on discutera autour d’une assiette, tu dois être aussi affamée que ton hiboux."

Sa fille était affamée et venait de traverser la moitié de la planète. Ils se mirent en marche vers la maison, encore plus ridiculement petite vue de leur promontoire. Les épaules de Braxton s’affaissèrent et sa mine se fit soudain sérieuse.

"Ton frère est là ! Il est gentil, il reste s’occuper de moi." Voilà qu’il parlait comme s’il avait 80 ans. Il l’annonce comme une bonne nouvelle. Premièrement, la colocation entre lui et @Sean Clearwater était une nouveauté. Deuxièmement, il savait que Nora serait heureuse de pouvoir voir son frère immédiatement. S'il avait essayé de sourire pour lui apporter cette bonne nouvelle, il pinça les lèvres pour répondre à sa question. "Il…" Son regard se perdit, il ne savait même pas où commencer. "Il va mieux." Il expulsa tout l’air de ses poumons et finit par hocher de la tête. "C’est pas facile pour lui en ce moment et…  @Yeleen Sô est partie aux États-Unis." Il lui semblait qu’Eleanora s’était entendu à merveille avec la petite amie de Sean… Elle saisirait en tout cas l’information : Sean était seul, sa petite amie ayant changé de continent, et cela n'augurait rien de bon entre eux.

Braxton se composa un sourire dans le seul but de balayer cet air concerné sur la mine si joviale de Nora. Dans ses deux prunelles remplie de candeur, il n’y lisait qu’une inquiétude légitime et certainement la culpabilité d’être partie en voyage. Il considéra les lourds bagages de Nora et fronça les sourcils : "Tu les enchantes pas ? Me dit pas que tu t’es traîné ça tout le trajet ?"

Effrayé, il claqua des mains deux fois et les lourdes valises décollèrent du sol puis les suivirent comme une paire de petits caniches.

"T’as pris le bac avec ?" Braxton gloussa. C’était déjà un miracle que ce bateau n’ait pas coulé. Il débarrassa Nora des débris de son balais et grimaça. "Fais-moi voir ça." C’était un bon modèle, offert par son cousin @Fergus Clearwater.

"Bordel de vouivre." jura-t-il pour insulter sobrement l’ensemble des aéroports moldus.

Si Nora avait peu de soin de ces baguettes, les balais avaient trouvé plus de clémence à ses yeux. Braxton prit les deux bouts de balais ensemble et grimaça. Pas sûr qu’un reparo suffise, y avait tellement de sort sur un balais.

"Je te prêterai mon vieux balais, il doit traîner dans la grange chez mamie…." dit-il en contemplant d’une tête déconfite le pauvre destrier. Il se doutait que ce serait un peu la honte de sortir le balais vintage de papa du temps où les sorciers ne connaissent même pas le Walkman.

En route, le chemin jusqu’à la petite colline qui voisinait la maison lui paru interminable. Il se maudit d’avoir marché aussi longtemps et loin, une pensée qui s’effaça dès que Nora apparu dans son champ de vision. Et dès qu’elle regardait ailleurs, il fixait dubitatif ce qu’elle avait fait à ses cheveux.

La maisonnette en pierre se tenait là, verrue chatoyante qui se dressait dans une mer verdoyante ondulant sous les vents comme ces menhirs solitaires dressés au milieu de nulle part, comme laissé là, oubliés. On pouvait voir d'ici la porte d’entrée tordue et les quelques coquillages qui remplaçaient les ardoises tombées du toit, tout l'extérieur de la maison hurlait la nature sorcière de la demeure.

Braxton stressée, présenta la maison.

"Voilà, c’est…. petit mais…." Il ne trouva pas à finir sa phrase et resta silencieux à contempler cette maison tarabiscotée les mains sur les hanches. Alors il tourna la tête vers sa fille et lui adressa un sourire stupide. Il n'arrivait pas à le dire "c'est chez moi". Ces pensées l'emportaient toujours vers Betty et sa maison bien trop grande pour elle, à Godric's Hollow. Mais cet été était différent. Les enfants venaient le voir. Et entre la charité de Sean qui le traitait comme un vieillard à un pied de la tombe et la visite impromptue de Nora, Braxton se sentait verni.

"@Luke Korrigan et Nero m’ont aidé. Surtout @Nero MacGregor. Je devais finir la salle de bain et puis…" Il baissa la tête sur son pansement qui faisait une bosse sous son t-shirt de travailleur du dimanche. Il pointa le tour pointu. "J’ai mis des lits côte côte, comme quand vous étiez petits. C’est grand mais, si tu veux pas dormir avec ton frère je te laisse ma chambre et je prendrais le canapé. Ça a l'air plus grand à l'intérieur, j't'assure."

On était bien loin du placo à la peinture impeccable et au petit balcon qui donnait sur la familière petite rue toujours remplie des mêmes voitures, aux mêmes heures. Passés l'incendie de leur première maison, les enfants avaient vécu loin des échardes, des elfes de maison, des fleurs des champs, et de la poussière de fée... et Braxton réalisait le gouffre et l'absence que la magie avait laissé dans leur vie.

Sans trop réfléchir, Nora se baissa pour passer le chambranle de la porte d’entrée. Bien que cela ne soit absolument pas nécessaire, mais l’aspect brinquebalant de la maison ne la rassurait pas vraiment.
Elle écoutait son père d’une oreille attentive, elle avait par moment du mal à reconnaître le langue-de-plombs. Ce dernier semblait par moment avoir le double de son âge. Elle se retint de lui proposer de lui installer l’électricité ou si l’humidité était mauvaise pour son arthrose. À cette pensée elle eut un petit sourire mais en observant  @Braxton Clearwater , Nora s’adoucit. Son père s’inquiétait simplement pour elle et était juste blessé et fatigué, voilà tout. D’un geste de baguette, Nora posa finalement ses lourdes valises à l’entrée avec un soupir de soulagement. Son père était toujours coincé avec ses deux bouts de balais dans les mains. Elle se demandait comment ce dernier allait faire pour s’en débarrasser avec politesse.


« J’ai prévenu maman de mon arrivée oui, j’étais censée passer la voir demain. Mais avec mon histoire de balais en rade ça ne va pas être simple. Je ne dirais pas non à un dépannage… Tant que tu me déposes pas à la gare avec un goûter.»


À la mention des mésaventures de  @Sean Clearwater , Nora se décomposa. Elle se sentit coupable d’avoir abandonné Sean aussi longtemps. Malgré la distance qui s’était creusée entre eux ces derniers temps et l'apparente désinvolture qu'elle avait pu renvoyer en partant en voyage aussi loin, elle s’inquiétait toujours autant pour son frère. Nora se retourna vers Braxton.


- « Sean est encore ici ? Je peux le voir ? »


Un léger choc sonore contre la porte les fit sursauter, suivis d’un battement d’aile précipité signalant le retour de Chouquette dans la maison. Ce dernier voleta jusqu'à un perchoir à hiboux pour s’y poser avec la grâce unique que lui conférait son strabisme. Le poursuivant en trombe, Humbre força le passage entre les deux humains alla se planter juste sous le perchoir du rapace. Bien décidé à surveiller cette étrange créature à plume qui se cognait contre chaque coin de porte.


Tout en esquivant de justesse le golden, la jeune femme réagis à la mention de faire chambre commune avec Sean, elle haussa un sourcil, perplexe. Ces deux enfants n’avaient plus 10 ans. Son père, était-il si fatigué que cela ? Elle ne put s’empêcher de lui faire une remarque taquine en souriant.


- « Ne t’inquiète pas papa, on est grands. On dirait un papi qui reçoit ses petits-enfants ! Est-ce que tu veux que je t’aide à enchanter ta plume à papote ? Ou à faire décoller ton nimbus moderne ? En-tout-cas, c’est super sympa chez toi, et ça ne fait pas...» Nora se retint de dire « vide », elle enchaîna. «...Ça ne fait pas moldue quoi... »


Tout en riant doucement, Nora observa la cuisine et ne put s’empêcher de retenir une expression de surprise. Cela faisait très longtemps qu’elle n’était pas venue dans une habitation de sorcier, voir les ustensibles et théieres se mouvoir d’eux-mêmes la fascinait toujours.


- « Je peux m’asseoir ? J'ai pas enlevé mes chaussures par contre, c’est grave ? » Ajouta-t-elle d’un air taquin.


La conversation qu’elle voulait avoir avec son père depuis si longtemps approchait, elle en était certaine. Elle ne voulait pas l’éviter, mais Nora sentait le stresse monter et essayait de l’évacuer comme elle le pouvait. Son frère était là, avec de la chance, sa présence l’aiderait à y voir plus clair. Mais les nouvelles que lui avait annoncées Braxton à propos de ce dernier tournaient en boucle dans sa tête. Dans quel état était Sean ?  

Braxton laissa passer devant lui sa fille et la regarda un peu dépit se contorsionner pour passer la porte d'entrer. Posant les valises à terre, il hocha la tête aux réponses de Nora. Il comprenait mieux sa venue chez lui suite à sa mésaventure de balais. Loin de le prendre personnellement, il était même soulagé que sa fille ait pensé avant tout à sa mère.

Braxton sourit et main sur les hanches.

"Quand tu veux, bien sûr." Il désigna d'un coup de menton la petite cheminée en pierre et expliqua : "La cheminette de la maison est pas encore réparée, faut que je fasse une entreprise spécialisée et ils sont tous en vacances en Août... Mais oui, balais ou transplanage, je te dépose chez ta mère quand tu veux. Elle va sauter de joie de te revoir." imagina-t-il à voix haute avec une expression tendre.

“Oui, ton frère est là depuis trois semaines au moins... Mais oui, tête de navet, depuis quand t'as besoin de me demander pour voir ton frère ?" répondit-il, étonné même que sa fille lui demande l’autorisation. Nora semblait... changée ? Un peu drôle ? “Il est parti faire des courses !" expliqua-t-il, sentant que Nora était prête à déguerpir à sa recherche.

"Je sais démarrer nanmého." répondit-il avec air vexé et surpris à l'injuste pique de sa fille. Il répondit à son sourire taquin par une autre remarque dans la même veine : "Et vos brindilles de nimbus moderne c'est de la merde, ça lâche au moindre orage et c'est même plus local." L'hirsute anciens gamins de campagne ne jurait que par ces vieux balais longue distance en gros bois massif, lourd, peu maniable, mais solide et infatiguable.

Son regard suivit celui de Nora, tout autour d'eux, dans la maison loin d'être finie, et dont rien ne pouvait rappeler aux enfants leurs anciennes maison. Hormis quelques bibelots et meubles sauvés de l'incendie, et dont Betty n'avait pas voulu.

"Ouai..." répondit Braxton à sa fille, loquace.

Rien de figé, tout de tordus des meubles à la maison elle-même, décorée sommairement d'objets d’un autre âge et pas une prise électrique au mur.

"Mais... c’est chez vous aussi tu sais ?” lui assura-t-il, répondant au drôle d'air de sa fille, lui-même affublé d'une expression un peu perdue, comme cherchant des prises à ce mur d'escalade qu'il n'avait jamais imaginé gravir. Le divorce.

Chouquette avait trouvé le perchoir à hiboux. Au moins l'un d'entre eux trouvait à son goût l'intérieur. Braxton s'approcha de l'oiseau et sortit de sa poche des graines et laissa l'oiseau picorer dans sa main. Ou plutôt, vu l'adresse de l'oiseau, lui picorer les mains. Humbre ne fut pas d’une grand d’aide, le Golden qui commençait à prendre sa taille adulte avait encore l’attention d’un bébé avec la force d’un grand chien. “Pas touché Humbre.” prévint Braxton en voyant l’intérêt du chien pour l’oiseau.

Il y eut un silence. C'était aussi naturel que terriblement gênant. Heureusement, Nora avait toujours le mot pour dédramatiser et détendre l’atmosphère. Braxton baissa les yeux sur ses propres bottes.

“Ta mère serait…”

Il se tut. Il gratta sa tête hirsute et soupira longuement. "Euhm, j'arrive à peine à prendre des décision sur la couleur des murs, alors... Mais mets-toi à l'aise et prend des chaussons, le carrelage est froid en plus. T'embête pas... et tu sais quoi ?" trancha Braxton, levant un sourcil bruns. "Ton frère aura certainement une opinion là-dessus en rentrant."

Le père esquiva avec un brio familier ces nouvelles responsabilités de propriétaire de maison et il n'eut qu'à faire cinq pas pour se trouver dans la cuisine de la petite maison.

“Installe toi, j’te rapporte à manger.” lui dit-il, sans même lui donner une indication où poser ses valises, comme si Nora était déjà censée connaître la maison. Il alluma le feu d’un claquement de doigt. On entendait que les “poc-poc” de Chouquette sur la table manquant ses graines et la respiration bruyante de Humbre qui s'était couché contre les dites bottes de Nora. Braxton jeta un oeil dans les restes de la casserole. Une mine dépitée il s’adressa à sa fille par-dessus son épaule : “Tu m’aurais prévenu je t’aurais préparé quelque chose.” Il dodelina de la tête, remuant le reste de repas avec une large cuillère en bois, qui finit par tourner toute seule. “Comme ton gâteau préféré par exemple.” Il était revenu s’asseoir en face d’elle, l’ombre d’un sourire sous sa moustache. Il essayait.

Il sortit sa baguette et une chauve-souris bleuté fila emportant un message dicté avec une bonne humeur et une frivolité très anormale chez l'hirsute langue de plomb qui étonnerait de toute évidence son destinataire, son colocataire @Sean Clearwater.

"Sean, la météo se gâte à la maison tu devrais rentrer. Y a une Tornadora sur le pas de la porte, rentre vite !" Braxton se tourna vers Nora, tout sourire sous sa moustache : “Ton frère sera là d’une minute à l’autre.” indiqua-t-il à Nora, tout sourire.

La perspective qu'elle se retrouva gênée d'un tête avec lui l'avait frôlé. La perspective d'avoir ses deux enfants réunis sous ce nouveau toit lui passait du baume au coeur.

"On a un reste de haggis d'hier, des scones et de la confiture, aïe..! du pain et du fromage... "énuméra-t-il la tête dans les placards, en abaissant sa main pour se serrant ses côtes douloureuses et préférant utiliser sa baguette pour fouiller la cuisine. "Alors… La nouvelle-Zélande ? On t'attendait pas de si tôt ?” Il avait secrètement imaginé que sa fille ne reviendrait jamais en écosse, et cette perspective l'avait longtemps hanté, partagé avec la fierté que sa fille ait eu le courage de partir ainsi dans l'inconnu.

Sourcils froncés, Sean était resté planté devant son rayon pendant un bon quart d’heure, comparant avec une minutie proche de l’obsession les descriptions des produits qu’il avait devant les yeux. Il cherchait parmi les différents bocaux certaines plantes avec une forte teneur en minéraux afin d’accélérer la guérison des fractures de Braxton. La vieille sorcière derrière son comptoir lui avait particulièrement recommandé l’ortie et la prêle, riche en silice, minéral de structure par excellence – ayant également des vertus bénéfiques dans le traitement de la goutte.

Cela faisait à présent plusieurs semaines que Sean vivait avec son père, dans la petite baraque des Hébrides dans laquelle ce dernier avait élu domicile. Le jour de son arrivée, les deux Clearwater avait plus échangé de mots qu’au cours de toute leur vie. Mais depuis, ils étaient retombés dans une forme de tranquille silence qui leur ressemblait bien plus - comme s’ils avaient chacun besoin d’un peu de temps pour renouveler leurs habilités à tenir une conversation.

Le soir où Braxton était rentré blessé, Sean s’était donné comme mission de prendre soin de lui et de la maison – s’occupant de faire les courses, les repas, et de nettoyer l’intérieur. Son souci principal était de s’assurer que Braxton – handicapé par ses blessures – ne se morfonde pas plus que d’habitude de l’absence de Betty. Et plongé dans sa mission, le jeune homme avait parfois tendance à renverser les rôles, de sorte qu’on ne savait plus vraiment des deux qui était le parent et qui était l’enfant. Cette forme de fuite dans un quotidien trop rempli permettait à Sean de ne pas se poser trop de questions qu’il préférait ne pas voir en face : comment guérir de ses traumatismes, accepter le départ de Yeleen et enfin se tourner vers l’avenir pour se projeter dans un nouveau projet professionnel.

- Devriez vous hâter de rentrer, lui marmonna soudain un vieillard devant lequel il venait de passer en sortant de la boutique. Assis sur son habituel banc de pierre, il l’observait à travers la plissure de ses paupières, puis fourra son étrange pipe entre ce qui lui restait de dent avant de reprendre. Une tempête se prépare… J’sais pas qui est ce petit dont vous semblez prendre le plus grand soin depuis des jours mais y va bientôt vous réclamer…

Avec son air sérieux et paternel, Sean acquiesça gravement sans prendre la peine de rectifier ses dires. Le ciel écossais ne paraissait pas plus gris que d’habitude, mais le jeune homme préférait ne pas prendre à la légère les paroles des vieux du coin. Et de fait, il avait à peine fait quelques pas sur le chemin du retour qu’il reçut un patronus de Braxton. Le Langue-de-Plomb lui parla avec une voix si guillerette que Sean fut un temps persuadé qu’un mage noir l’avait placé sous un sortilège d’impérium. Mais quand son père mentionna une Tornadora sur le pas de la porte, le sang du jeune homme ne fit qu’un tour dans ses veines.

Nora... Nora était revenue !

Il déploya alors tous ses talents de sorcier pour rejoindre en quelques instants la baraque, s’arrêtant non sans un certain essoufflement sur le pas de la porte. Les battements de son cœur eurent un raté quand il la vit. C’était vrai ! Sa petite soeur était bien là ! Sans avoir informé personne de son retour, comme à son habitude… Le grand frère lâcha ses sacs de course qui tombèrent au sol pour se jeter sur elle, et la serrer contre lui jusqu'à risquer de l’étouffer. Ce genre de débordement affectif était atypique chez lui, mais il fallait croire que les Clearwater vivaient une bien étrange époque. En desserrant son étreinte, il se mit à l’observer avec un débordement d’affection avant de marmonner.

- Tes cheveux… Ils sont roses ?!

L’ouverture de la porte stoppa net Nora dans son mouvement, s’arrêtant à mi-chemin entre la position assise et la position debout. Elle jeta un œil du côté de la porte et son regard croisa celui de @Braxton Clearwater qui esquissa ce sourire un peu bête dont seul les pères sont capables.

Sans lui laisser le temps de prononcer un mot, elle se rua dans le couloir et un sourire presque similaire apparut sur son visage. Elle remit nerveusement une mèche de ses cheveux en arrière et commença d’un ton faussement détaché.

- « Salut Sea…. »

@Sean Clearwater se jeta sur elle et elle n’en dit pas plus. Elle le sera aussi fort qu’elle le pu et apprécia la force avec laquelle il la serrait également. Nora renifla et écrasa discrètement une larme dans son étreinte, juste à temps. Sean desserrant la sienne quelques instants après.

Nora rendit son sourire à son frère qui avait l’air de la redécouvrir. Il n’avait pas tellement changé à première vu, mais ses traits semblaient tirés, plus fatigués. Ses yeux aussi paraissaient trahir une certaine fatigue.

- « Tes cheveux… Ils sont roses ?! »

Nora afficha une expression faussement outrée. Qu’est-ce qu’ils avaient tous à lui faire des remarques sur ses cheveux ? Mais une étincelle amusée s’alluma dans le regard de la jeune femme.

- « Oui j’ai choppé une maladie en Nouvelle-Zélande… il paraît que c’est assez contagieux... »

Sans attendre, elle se jeta à nouveau dans les bras de son frère dans une démonstration d’affection typique de la sorcière. Remarquant que son père avait l’air de les écouter, Nora ne put s’empêcher d’en jouer.

- « Tu m’as tellement manqué Sean ! Tu vas bien ? Fatigué ? Comment c’est de supporter papa tous les jours ? Maintenant que vous êtes là je peux vous montrer ce que j’ai ramené ! »

Sans attendre de réponse, Nora sortit sa baguette et la pointa vers ses valises. Après plus d'un an sans utiliser la magie, elle n'était en réalité par très certaine de son coup. Mais devant son père et son frère, ses réflexe de sorcière revenait assez vite. Elle espéra que son talent et sa maitrise ferait de même.

Accio !

A peine le sortilège prononcé, l’étagère murale placée juste derrière les valises s’écroula d’un seul mouvement, provoquant un bruit sourd et un désordre qui fit sursauter Humbre et piaffer Chouquette de surprise. Le jeune golden se mit à s’agiter et se précipita dans le petit couloir, bousculant Braxton, se voulant défenseur fidèle de son maître contre la redoutable cascadé de bibelots. Devant un tel vacarme plus aucun doute n’était possible, Éléanora Clearwater était bien de retour…