The Sound Of You

Elle lui adressa un long regard. Pour ce qui était de ne pas mélanger vie pro et vie perso, entre eux c'était un peu grillé depuis le début. Mais elle se garda bien de le lui faire remarquer, estimant qu'ils avaient assez flirté avec l'orage pour aujourd'hui. Elle le regarda enfiler un "pyjama" plus que provocateur. Un sourcil haussé ostensiblement, elle laissa planer un silence, jusqu'à ce que, n'y tenant plus, elle se mette à pouffer de rire. Elle trouvait ça drôle, n'ayant jamais cultivé le mauvais esprit sportif de certains. Et puis il était écossais. Il ne fallait pas s'attendre à autre chose de la part d'un écossais.

Elle s'apprêtait à le rejoindre sur le lit, quand il rechaussa ses lunettes, parfaitement inconscient de l'effet qu'il lui faisait quand il les portait. Cette fois, c'était elle qui allait avoir du mal à se tenir à carreaux. Fort heureusement, Barnabas Fogg allait étouffer dans l'oeuf tout rebond amoureux. Pour une fois qu'il jouait le rôle d'un père - quoi que malgré lui - on allait pas lui en vouloir.

Perséphone fit les gros yeux comme Fergus sous entendait qu'il ait pu être intéressé par son seul physique. S'il n'avait pas été rafistolé de partout, elle lui aurait volontiers envoyé un petit coup de poing dans l'épaule, rien de bien méchant bien sûr.

« C'est beaucoup plus compliqué que ça. », commença la jeune femme en s'asseyant finalement sur le lit dans son propre ensemble short / débardeur noir. Elle n'aimait pas beaucoup parler de Barnabas Fogg, mais elle se devait de le faire, pas seulement pour ne pas faire entrave à son boulot d'auror, mais plus pour ce qu'ils étaient en train de construire, « Tu sais comment sont les filles avec leur papa... enfin c'est ce qu'on dit. J'aime mon père plus que tout au monde et il pourrait débarquer demain la bouche en coeur qu'il serait reçu comme un roi et pourtant... ça ne l'empêcherait pas d'être ... toujours absent quand j'ai besoin de lui. Toujours... un vrai rayon de soleil, éblouissant et incroyablement vide sous la surface. Enfin bref, Barnabas Fogg, héros de ces dames quoi. », conclut-elle, ses lèvres prenant un pli caricatural, forcé à souhait, tandis qu'elle levait les yeux au plafond. C'était bien suffisant pour illustrer le fiasco de sa relation père/fille, inutile d'aller jusqu'au ciel. Elle savait qu'elle ne le changerait pas. « J'ai pas toujours très bien géré ma relation avec lui. Malgré tout, une part de moi peut pas s'empêcher d'attendre quelque chose, ou d'espérer je sais pas. C'est incroyablement naïf. Mais je travaille là-dessus depuis quelques mois. »

Avec sa psy, c'était ce qu'il fallait lire dans le sous-texte, mais pour l'heure elle choisit de s'en tenir là. Et puis le patronus d'Eugène coupa court, c'était aussi bien comme ça.

« Si personne ne se perd en route, on devrait encore voir débarquer une colombe, un hérisson bizarre et un lézard-Jesus-Christ. », à nouveau cette petite moue sur ses lèvres. Il faudrait bien qu'un jour elle lui présente ses quatre frères... quoiqu'il en soit, les petites bêtes au profil argenté se succédèrent comme elle l'avait prédit, tantôt inquiète, tantôt rassurante. Le conseil un peu péremptoire de Matthias d'aller demander une protection rapprocher à un auror lui tira un sourire chaleureux. Ça devait pouvoir se faire sans trop de problème ça...

Parlant de patronus...

« Rare ? Tu trouves ? », elle ne s'était jamais vraiment posé la question à vrai dire mais il lui semblait bien se rappelait d'un renard quand ils s'étaient retrouvé pris dans la souricière embrasé qu'avait été leur première rencontre. C'est alors que ça lui fit tilt, comme il amenait la conversation vers ses propres sujets délicats, « Nibelhungen... oh : je comprends mieux. », clairement cette fois-ci, elle le retiendrait. Il comprendrait sans doute à cette réaction spontanée qu'il n'y avait rien eu d'intentionnel ni de mesquin dans sa suggestion d'un peu plus tôt.

Elle respecta le petit silence qui s'installa avant qu'il ne reprenne, répondant sans même s'en rendre compte à une question qui taraudait la poursuiveuse depuis leur dernière sortie publique. C'était le genre d'histoire qui vous nouait la gorge et vous faisait faire l'impasse sur certains détails - comme la perte d'un enfant, sans doute le plus inacceptable de tous. Perséphone acquiesça silencieusement, remettant tout cela en perspective. Elle comprenait mieux qu'il lui ait malgré lui laissé penser que son ex n'était plus de ce monde.

« Ça me touche beaucoup que tu puisses me parler de ça, à cœur ouvert. Vraiment. », fit-elle simplement, plongeant son regard dans le sien comme pour essayer de mieux le comprendre encore.

Graduellement, Fergus les ramena à l'instant présent, cherchant à réchauffer un peu l'atmosphère. Il était vrai qu'à eux deux, ils avaient un sacré talent pour plomber l'ambiance. Ils s'apprêtaient à y remédier quand...

« Ah ben le lézard... »

Niko savait soigner ses entrées autant que son patronus qui promettait déjà de rétâmer de ses petits poings ridicules le premier mage noir qui toucherait à un cheveu de sa petite soeur avant de préciser que - plus sérieusement - elle pouvait venir dormir à la maison.

« Pas de panique, je ne comptais pas accepter. Reste juste à trouver la manière de décliner qui ne le fera pas débarquer ici dans la seconde... »

C'était qu'elle commençait à connaître l'énergumène.