Discussion entre un oncle et sa nièce [Tonton Luke]

Comme à mon habitude, je rentrais de mon petit tour de Poudlard, sous ma forme de Chien Husky. En tant qu’Animagus, je me servais souvent de cette forme pour me déplacer plus rapidement dans Poudlard, et surtout me guider grace à mon flaire. L’odorat sous cette forme me permettait d’obtenir différentes informations, que je ne captais sous forme humaine. De plus, j’étais beaucoup vif et surtout discret.
C’était donc avec mes petits coussinets qui amortissait mes bruits de pattes, que j’arrivais dans le couloir menant au bureau du Directeur. L’odeur de ma nièce, m’arriva alors que je n’étais plus qu’à quelques mètres. De loin, et sous cette forme, je n’arrivais pas à bien voir. En revanche, je sentais parfaitement l’odeur de stresse qui se dégageait d’elle. Arrivant juste dans son dos, je repris forme humaine et je lui tapais l’épaule.

« Je suppose que c’est moi que tu cherchais Freya. » lui dis-je avec un léger sourire bienveillant.

Passé la surprise de me voir arrivée, je croisais les bras et je regardais la statue de la gargouille qui protégeait l’entrée du bureau du Directeur. Sans rien dire, je contemplais l’ouvrage qui était plus que beau et surtout doté d’un puissant sort de Métamorphose. En effet, elle pouvait attaquer à n’importe quel moment.

« C’est beau hein. Je n’arrive pas à m’y faire. Oh, tu n’as pas le mot de passe. »

Je m’approchais de la statue et je marmonnais assez fort pour que Freya l’entende :

« Les rires éclatent mieux lorsque la nourriture est bonne. »

C’était un proverbe irlandais. J’avais choisi ça comme mot de passe, car c’était le plus simple pour moi et que personne n’oserait essayer quelque chose d’aussi simple et complexe à la fois. Et il en existait tellement…

« Il change toutes les semaines. Tu viens ? »

L’escalier en colimaçon apparut, mais je ne montais pas les marches. Je restais là, à l’observer. Mes yeux passèrent dans les siens, qui étaient de la même couleur. Nous étions proche, et je savais quand quelque chose n’allait pas chez ma nièce.

« Quelque chose ne va pas Freya ? »

Je ne l'entendis pas arriver, sûrement parce qu'il avait cette capacité que j'enviais souvent à se transformer en animagus. Un animagus absolument magnifique de chien husky. Peut-être qu'un jour, je mettrai en pratique ce que j'avais longuement lu dans les livres de métamorphose. Peut-être même que mon oncle m'aiderait à développer cette compétence ! J'ignore en quoi je pourrai me transformer, et j'avoue que cela titillait ma curiosité.

Bref, tout cela pour dire que je fus légèrement surprise d'entendre la voix de mon oncle. Evidemment que c'était lui que j'attendais, assise aux pieds de la statue. Je refermais donc mon livre, le rangeant dans mon sac, et avec un sourire, je lui répondis :

"Non voyons ... J'attends devant le bureau du directeur pour un rendez-vous romantique ..."

Un sourire malicieux s'installa sur mes lèvres et, me levant, je l'enlaçais de mes bras. J'étais quelqu'un de plutôt tactile et qui montrait son affection, ce qui ne me venait pas franchement du côté de ma mère.

"Evidemment que je viens te voir ! Tu ne pensais tout de même pas te débarrasser de ta nièce en devant directeur de Poudlard ?"

Je ne pouvais qu'être d'accord avec lui. L'endroit était des plus luxueux et je n'avais jamais eu l'occasion d'aller plus loin que cette statue. J'acquiesçais donc, et je ne pus retenir un rire lorsque j'entendis le mot de passe. Non, je n'étais absolument pas étonnée, car un mot de passe trop sérieux aurait été bien peu représentatif du nouveau propriétaire de ces lieux.

« Ce qui est rassurant, c'est de voir que tu n'as pas perdu ton sens de l'humour en grimpant les échelons. »

L'escalier apparut alors, et ceux qui me connaissaient auraient pu remarquer à quel point j'étais impressionnée par ce système magique. Pourtant, quelque chose me tracassait. Je n'aimais pas les secrets, et je n'avais jamais eu à en garder un pour protéger ma famille. Alors bien sûr, comme mon oncle Luke me connaissait bien, je ne fus pas étonnée de l'entendre s'inquiéter pour moi. Je me repris donc. Je ne devais pas faillir. Si j'avais informé Blo, c'était justement pour être plus forte avec les autres membres de ma famille.


«Non, ça ne va pas ... Tu n'es plus mon directeur de maison, et les cours de métamorphose avec toi me manquent ... Tu m'as laissée tomber ... Comment je vais faire pour me perfectionner en métamorphoses maintenant que tu es occupé à gérer la paperasse et la diplomatie pour l'école ? »

J'avais dit cela avec un petit sourire, afin qu'il comprenne que même si je plaisantais, je n'en pensais pas moins. Alors bien évidemment, ce n'était pas cela qui me tracassait, mais je devais le lui faire croire.

«Tu me faire la visite des lieux ? Pour te faire pardonner ... »

Je me mis à grimper les escaliers, très curieuse de découvrir l'intérieur du bureau.


« On raconte que tous les anciens directeurs ont leur portrait et que tu peux donc discuter avec eux ... C'est vrai ? »

Ma curiosité n'était pas une légende ...

Je grimpais alors les marches, en l’écoutant se plaindre. Tout en avançant, je roulais des yeux, car on aurait cru entendre sa cousine @Blodeuyn Lawson . Sans répondre pour le moment, j’ouvrais la porte qui donnait à mon bureau. Il était assez simple, avec divers objets liés à la Métamorphose ça et là. Au fond, une vieille bibliothèque trônait avec des manuels de métamorphoses simples et avancés, et aussi tous les ouvrages que Mahyar avait retiré de la Bibliothèque et de la réserve. Croisant le regard de Freya, je déclarais simplement:

« N’y pense même pas, elle est protégeait par un enchantement complexe. »

C’était la vérité, quiconque s’approchait sans y être autorisé se transformait immédiatement en lézard figé et devant m’attendre pour que je lève le maléfice. Les bras croisés et debout, je regardais les portraits des anciens directeurs dormir et faire semblant dans leur cadre. Ils ne parlaient qu’au directeur et ils étaient à mon service. C’était rare, d’après Mahyar qu’ils s’adressent aux étudiants.

« Comme tu le vois, ils sont là, mais ils ne causent pas beaucoup. »

Je l’invitais à s’installer, aussitôt une théière et des gateaux apparurent. On n’était quand même pas des sauvages. Servant le thé déjà chaud et infusé qui venait droit des cuisines et qui n’attendait que moi et un invité en permanence, je levais le nez vers ma nièce pour dire :

« Tu vas t’y faire, personne n’est irremplaçable, et je suis encore dans l’Université. Comme tu le vois, ça ne m’empêche pas de voir ma famille. Au contraire, je ne fais que ça, la voir. Entre @Morana Cynfeirdd en Botanique, @Maeve Cynfeirdd en Psychomagie, @Jehánn Cynfeirdd à l’étude des Moldus… Blo, toi, Finn et Siobhan… Je crois que je vois ma famille un peu plus que n’importe quel employé de bureau ! Et crois moi, c’est pas toujours un cadeau surtout pour @Finn Gavalagh-Korrigan et @Siobhán G. K. Almadovar . »

Je me penchais vers elle, et je murmurais, afin que les tableaux ne m’entendent pas.

« Tu sais, depuis qu’elle est mariée, @Siobhán G. K. Almadovar prend les airs du bureau, elle oublie que je suis son ptit Papa. Mais heureusement ! Certains ont encore le sens de la famille ici ! »

J’avais dit la dernière phrase un peu plus forte en tapant des mains. Puis, j’avais porté la tasse de thé à mes lèvres en faisant une grimace parce que c’était chaud. Trop chaud. Qui buvait du thé brûlant ici !? Personne !

« Qu’est ce qui me vaut cette visite privée. Tu as bien quelque chose à me dire, de sérieux. Sinon tu serais venu me voir au déjeuner à la table des Professeurs. T’as vu ; tu peux presque mangé avec nous tellement ya de tantes au mètre carré… Tu sais que le Ministère m’a fait une remarque sur le sujet, j’ai du justifier de leurs compétences respectives. C’est pas de ma faute si on ne fait rien de mieux qu’un Cynfeirdd ou un Korrigan en Grande Bretagne magique… J’allais pas mettre un anglais en Botanique... »

Je fis une grimace horrible. En tant qu’irlandais, je détestais de facto tous les anglais et leur façon de se croire tout permis. J’étais bien content que le Conseil d’Administration m’est choisi, moi, représentant des verts et du trèfle à quatre feuille. Plissant les yeux, je redevins un brin sérieux, preuve que désormais, elle avait toute mon attention.

« Oh, tu veux dire que tu aurais besoin de Métamorphose Monstrueuse et Obscur, comment détruire la vie de son prochain ? »

J’avais croisé les bras et prit un ton sarcastique pour montrer que derrière sa petite taquinerie je savais qu’il y avait une envie réelle et que c’était hors de question. Les livres derrière moi ne traitait que de la Magie Noire et n’avait rien à voir réellement avec de la métamorphose très avancé. Je me mis à sourire à sa réflexion sur le fait que nous étions une famille exceptionnelle parce qu’elle avait totalement raison.

« Ils font semblant parce que tu es là, effectivement. »

L’ancien directeur Grimm se mit à tousser bruyamment, preuve qu’il n’était pas d’accord avec le petit secret que je venais de révéler à ma nièce, mais je l’ignorais copieusement. A la mention de mon frère, mon visage se ferma petit à petit et mon sourire s’effaça. Je me levais, lentement et je me dirigeais vers la fenêtre qui donnait sur le terrain de Quidditch. Le contemplant sans le voir les bras dans le dos. Est-ce que je devais lui avouer la vérité ? Que j’avais désormais abandonné toute idée de sauver mon frère parce que j’avais totalement perdu espoir et la foi ? Mes yeux se plissèrent et mes mains se serrèrent l’une dans l’autre. Elle, elle avait gardé espoir et foi. Je ne pouvais pas lui faire cela… C’était hors de question.

« C’est plus complexe, et crois moi si j’avais trouvé un moyen tu sais très bien qu’il serait à nouveau parmi nous. »

En réalité, sachant qu’il n’y avait pas encore de solution existante, j’avais même songé à supprimer ses souffrances et à le tuer définitivement pour que tout le monde puisse réellement passer à l’étape du deuil. Mais… Je n’en avais jamais trouvé le courage et je savais que je ne pourrai plus jamais regarder @Maeve Cynfeirdd , Freya et @Blodeuyn Lawson dans les yeux si je faisais cela.

« La malédiction de ton père dépasse mes compétences, car le sorcier qui lui a infligé ce sort à utiliser une forme de magie si sombre et si mauvais qu’aucun remède existant n’est possible. Il a payé un prix, en échange d’un acte odieux. On appelle ça plus communément de la Magie Noire. »

Je tournais alors la tête vers elle, les bras dans le dos.

« Et même elle ne peut rien pour lui, donc enlève toi ça immédiatement de l’esprit. »

Je n’étais pas Legilimens, mais je savais que ma nièce était intelligente et qu’elle ferait la supposition que si une forme de magie infligeait des dommages à un tiers, la même forme de magie pourrait contrer la première. Mais ça, c’était hors de question car elle savait qu’il y avait toujours un prix à payer là dedans. Et que c’était hors de question qu’on s’aventure là dedans, ce qui revenait exactement au premier point sur les manuels de l’école que j’avais retiré. J’avais bien fait d’agrandir la liste.

« Ton avenir, c’est toi qui le trace Freya. »

J’avais retrouvé un peu le sourire et j’étais revenu vers elle. Restant à seulement quelques mètres de ma nièce, je l’observais en croisant les bras en lui adressant un des regards les plus apaisant que je pouvais offrir dans ce genre de situation.

« Les gentilles filles vont au paradis, et les Korrigan-Cynfeirdd vont où elles veulent… @Siobhán G. K. Almadovar et @Finn Gavalagh-Korrigan ne t’ont pas appris ça ? Ils devraient passé un peu plus de temps en famille plutôt que de roucouler et picoler l'un et l'autre. »

Je revenais m’asseoir en face d’elle, et je me servis le thé qui était apparu quelques minutes avant. La servant elle aussi.

« Tu n’as aucune idée ? »

Assis à mon bureau les mains jointes, je m’installais dans mon fauteuil, ou plutôt je m’y enfonçais. Elle posait des questions que j’estimais dangereuses pour elle, et ça ne me plaisait pas du tout. Mes yeux bleus dans les siens, je baissais la tête et je réfléchissais à la meilleure façon de lui répondre. J’avais le regard désespéré, de savoir que les gens pensaient que je pouvais tout résoudre, tout solutionner… Là, c’était clairement au-delà de mes compétences et je ne pouvais que sombrement lui répondre :

« Freya, je ne connais personne capable d’un tel acte. La personne la plus apte dans l’Europe à résoudre ce genre de problème est malheureusement en face de toi. Le sorcier qui a utilisé cet enchantement est mort, donc ça ne sert à rien d’aller par là. »

Maeve l’avait tué l’année dernière, et on était une toute petite poignée à être au courant. Elle n’avait malheureusement pas eu le choix, et j’aurai fait pareil à sa place. Elle avait d’ailleurs failli en payer un lourd tribun. Me gardant bien de lui dire et laissant mon visage impassible je déclarais :

« L’adage qui sait faire sait défaire ne s’applique pas à la Magie Noire. Elle tire son essence dans les ténèbres et commet des actes irréparables en échange d’un sacrifice souvent horrible, douloureux, et complètement irrationnel. Le processus inverse dans cette Magie n’existe pas et c’est ça qui l’a rend si dangereuse. »

Ma voix était sans appel. Parce que j’avais même fouillé de ce côté là sans trouver une solution efficace à long terme. Content de changer de sujet, je me redressais un peu dans mon fauteuil et je gardais mes yeux dans les siens pour essayer de déceler quand même la moindre envie d’aller vers la Magie Noire. C’était ma crainte la plus évidente, parce qu’elle avait une forte probabilité d’arriver.

« Il existe plein de métier liés à la Métamorphose et la Transfiguration. Dans tous les domaines, et dans tous les secteurs, c’est pour ça qu’elle est au programme aussi longtemps. J’ai jamais vraiment eu la fibre de l’enseignement, j’y ai été contraint. Quand ta tante est décédé à la naissance de tes cousins, j’étais destiné à une carrière de Chercheur. Mais les choses étant faites autrement, j’ai été contraint de venir vivre ici avec eux. »

Pour les protéger de leur famille maternelle qui voulait les éliminer. Poudlard avait toujours été l’endroit le plus sur au monde à mes yeux. Mais avec le temps, j’avais appris que sa sûreté dépendait en réalité des personnes s’y trouvant. Finalement je me contentais de soupirer et de dire :

« Peut-être aussi que tu devrais te détourner de cette matière si c’est uniquement pour sauver ton père. Je sais que c’est dur à entendre, mais tu n’as plus 8 ans et il est temps que tu fasses aussi tes propres choix. Regarde, je ne suis pas un bon exemple j’ai passé ma vie à essayer des gens comme lui. Et... »

Je la regardais tristement car c’était l’une des raisons pour lesquelles j’étais devenu directeur. J’avais totalement abandonné, car je me trouvais pietre et inefficace…

« Est ce qu’il est parmi nous, ou est ce que tu as lu à la Gazette du Sorcier que j’avais trouvé le remède contre les Maledictus ? »

Je baissais les épaules. Tout ça, c’était désormais derrière moi mais je n’avais absolument pas le courage de lui dire.

Je me levais et d’un coup de baguette je fermais la porte. Pas à clef, mais avec suffisamment de force pour la retenir. Baissant ma baguette je déclarai simplement, les épaules avachis :

« Attends. »

Je me dirigeais vers elle, rompant les derniers mètres qui me séparait d’elle. Sourcils froncés, inquiets, je ne m’étais pas rendu compte à quel point tout ça l’avait affecté. Enfin, si. Mais pas de là à être autant désespérer qu’en poursuivant les Mages Noirs.

« Je ne me suis pas sacrifié pour vous, j’ai fait mes propres choix, c’est totalement différent. »

Je lui attrapais la manche, puis je l’attirai à moi. J’étais bien moins costaud que mon frère, et je n’étais pas son père mais… Je faisais ce que je pouvais. De mon mieux, voilà ce que je faisais. Posant mon front contre le siens, je la regardais dans les yeux et je finissais par dire :

« Je t’ai menti tout à l’heure. Je n’ai pas abandonné. »

C’était à moitié vrai, et à moitié faux. J’énonçais donc la vérité parmi cette petite annonce qui se devait de lui rendre un peu de baume au coeur :

« Je voulais juste que toi, tu abandonnes. Que tu sois heureuse, et que tu n’es pas à te soucier de ça. Que tu grandisses comme une étudiante normale, dans ces murs et pas comme quelqu’un en quête. Une quête difficile à réaliser et… Qui ne passe surtout pas par la Magie Noire. »

J’avais brisé un peu mon calin, et j’avais saisi ses épaules pour la regarder dans les yeux. Avec un instant de silence, je finis même par rajouter :

« La transformation de ton père a été progressive. Tu ne t’en rappelles peut être pas, mais il était pleinement conscient de ce qui allait lui arriver. Il m’a fait juré de veiller sur toi. Que le jour où tu serais amené à vouloir l’aider, tu fasses les bons choix, pas les mauvais. »

A savoir vivre sa vie et laisser les malédictions couler. Mais ça, je me gardais aussi de lui dire. Elle s’était tellement accroché à cet espoir que je ne pouvais pas lui en dire d’avantage. Mes yeux se posèrent sur elle un peu plus intensément et mes mains tremblèrent légèrement, je finissais par dire :

« Les ténèbres ne sont que pour les imprudents. Quand tu penses n’y avoir mis qu’un seul bras, tu te retrouves éternellement plongé dans l’obscurité. La Magie Noire, c’est la voie des faibles, de la facilité. Et crois moi, elle ne répare rien et ne fait que détruire. »