Filature au souk * LUCY *

1er Juillet 2022

Légèrement grimé, je sortis du bar le Veritaserum en faisant semblant de boitiller. Le personnage que je m’étais donné était simple aujourd’hui. Depuis ma longue infiltration, le Polynectar m’écoeurait, aussi, j’avais juste modifié quelques parties de mon corps notamment la taille de mes cheveux qui étaient de plus long et gras pour me fondre dans la masse. Mes habits de sorciers étaient minables, et je sortis une cigarette que j’allumais.
Or, je ne fumais pas. Si ma chère et tendre me voyait fumer… J’étais mort, même pour une mission.
Mes yeux passèrent de droite à gauche, puis j’avançais en crapotant, dans cette ville sous-terraine cosmopolite. Des hybrides, des créatures à l’intelligence développée et quelques sorciers me regardaient tous d’un air mauvais alors que j’avançais dans les petites ruelles. Bien évidemment, j’avais choisi de jouer le personnage d’un jeune homme un peu éteint par la drogue. C’était très simple, il me suffisait de fixer les gens sans vraiment les voir et de les percuter de temps en temps.
Mes yeux suivirent toujours ces deux silhouettes de sorciers encapuchonnées. J’étais sensé être de repos, et aussi… mis à l’écart. En effet, @Gabriel Standford et ses supérieurs avaient jugé préférable de me faire reprendre avec des missions plus simples. Comme la protection du candidat  Dunn et sa famille. Quand j’y pensais… Sa fille Apolline était d’une prétention sans précédent…
C’est alors que non loin des deux silhouettes, j’aperçus une autre silhouette qui semblait suivre les même poissons que moi. Les sourcils froncés, je reconnus la démarche entre toutes. Le pas ferme, comme un Clearwater, elle avançait entre les étales.
Bon sang.
Il n’y avait vraiment qu’un Clearwater pour gâcher la fête.
Sans plus me préoccuper des deux mages noirs que j’étais en train de suivre, j’accélérai le pas pour… couper la route à la personne que j’avais repéré de loin. Oh. Quel ne fut pas l’absence de surpris de me retrouver en face de Lucy Clearwater.

« A quoi tu joues ? Tu veux te faire tuer ? »

Je restais devant elle suffisamment longtemps avec ma silhouette athlétique pour qu’elle perde la piste. Moi aussi, de dos je l’avais perdu. Mais ayant une petite idée sur les deux personnes que j’étais en train de poursuivre, il valait mieux perdre leur trace que de laisser Lucy continuer seul.

« C’est pas un endroit pour les scoops ici... » grommelais-je.

En vrai, je ne le montrai pas mais j’étais véritablement inquiet. Mes sourcils se contractèrent légèrement comme à chaque fois. On se connaissait depuis assez longtemps pour qu’elle le remarque. Avec le Clan, j’avais beau être occlumens, tout passait au travers de mon esprit et je restais lisible comme un livre. Lui attrapant le bras, je l’emmenais vers la Caverne de Spunkle, à l’abri des regards indiscrets. Ce qui ressemblait à un Vampire passa proche de nous et nous regarda d’un œil perçant. Je me rapprochais d’elle. Pour la protéger comme un réflexe, je pouvais sentir ma baguette en bois de houx prête à faire feu, dans son holster contre mon flanc gauche.

« Je sais pas à quoi tu joues Lucy, mais il n’y a rien de bon à fouiner par là… Les deux personnes que tu suivais, qui t’as filé l’info ? »

Bien évidemment… A la manière de mon « oncle » @Braxton Clearwater, j’avais pas perdu le nord et je m’étais mis en quête d’information immédiatement après la petite remontrance.
Oh. J’oubliais que j’avais affaire à la fille de @Jameson Clearwater. Je reculais un peu, car elle allait certainement se défendre, toujours en regardant autour de nous si personne de suspect ne venait nous déranger.

Lucy, baguette magique sortie, bien serrée dans sa main, le long de sa jambe, avançait dans les rues du Marché aux Trolls, la tête encapuchonnée dans son sweat violet. Bien sûr qu'elle paraissait étrange, sauf que c'était le cas de 99% des gens de cet endroit. Il lui fallait donc se faufiler entre les gens, les étables et les étranges créatures qui marchaient dans les ruelles et adapter sa tenue et sa façon de marcher en conséquence.

Si Lucy avait conscience du danger ?
Non, ce n'était pas le cas. Quand bien même elle eut allumé un ou deux neurones de plus que d'habitude, cela ne l'aurait pas empêché de venir arpenter les lieux pour trouver des informations capitales sur la famille Atterbery, tristement connue pour être d'impressionnants mages noirs, ainsi que leur participation à la Grande Guerre sous les Mangemorts pour une bonne partie d'entre eux.

Leurs activités n'avaient jamais été légales. Pour autant, il n'avait jamais été trop dérangé par la justice. Certes, le gouvernement de Mans Haywood avait assaini les étages du ministère de sa corruption encombrante. Pour autant, elle semblait perdurer et c'était justement pour cela qu'elle bossait sur cette affaire. Un besoin certain de tout mettre au clair. Alors si en plus, elle parvenait à les rattacher au mouvement Thanatos dont elle avait été eu vent il y a quelques mois, elle savait qu'elle tiendrait son affaire du siècle.

Avançant avec une lenteur calculée, faisant parfois mine de s'occuper sur différentes étables et vitrines de boutique pour ne pas trop se faire remarquer, elle suivait deux sorciers dans le marché aux trolls.

Tout à coup, quelqu'un la surprit en se mettant face à elle. Pas le temps de l'esquiver, elle lui rentra maladroitement dedans. Reculant pour s'excuser par réflexe, avant de se rappeler de l'endroit où elle se trouvait, elle s'apprêta donc à jeter un simple regard noir au sorcier qui venait de la bousculer lorsqu'elle reconnut son cousin.

C'était Fergus.
« - Holy, Fergus, mais... » Elle leva les yeux au ciel. « Laisse-moi tranquille, je dois... »
Elle tenta de le contourner, mais ce fut impossible. Il était bien trop athlétique et imposant pour son petit gabarit. Rageuse, elle lui donna un coup de la tranche du poing sur le torse.
« - Pousse-toi, je vais les... » Perdre ?

Elle parvint à jeter un oeil rapide par-dessus son épaule, mais trop tard. Lucy, énervée, retira sa capuche en fusillant son cousin du regard qui lui faisait la leçon.
« - Tu viens de... Mais je fais bien ce que je veux, en faites ! »
Bon sang, si elle avait pu contacter Aram juste avant, elle n'en serait pas là. Elle soupira.
« - Je fais des emplettes, qu'est-ce que tu veux que je fasse ici d'après toi ? » Lui rétorqua-t-elle, boudeuse, en remettant une mèche derrière son oreille.
« - Et toi, t'es pas censée être sur la touche ? »
Lucy avait une lueur de défi dans le regard. Elle adorait son cousin, mais s'il y avait bien quelque chose qui l'agaçait, c'était qu'on la materne. Pourquoi fallait-il toujours qu'un Clearwater la rappelle à l'ordre dans des moments comme celui-ci ?

Je fronçais les sourcils et je me reculais en observant Lucy. Non mais de quoi elle se mêlait ? Et qui lui avait dit ? Je soupirai. Je savais que chez les Clearwater les secrets de famille n’étaient pas véritablement des secrets de famille… Je regardais autour de nous et je l’attrapais par l’avant bras.

« Viens. »

Sans dire un mot de plus, je l’entraînais vers le Veritaserum. Je rentrais à nouveau dans le bar, manquant de percuter un gobelin au visage à moitié brûlé. Cet endroit avait des allures de salons de thé oriental, avec ses draps et des tentures accrochés. Mais je pouvais voir garantir qu’on n’y buvait tout sauf du thé. Sans un mot, je désignais sur la carte ce que je voulais commander. Donnant un mauvais Whisky à Lucy et prenant le miens, je me dirigeais droit vers une table isolée à l’ombre la plus éloignée de l’entrée.

« Qui t’as dit que j’étais sur la touche ? Je suis pas sur la touche… Je suis rattaché à la protection du candidat Dunn. Tu ne l’as pas vu ? Il est là bas, derrière le comptoir. Je ne fais qu’assurer sa protection... »

Je désignais le comptoir. Enfant, j’avais l’habitude de jouer sur sa naïveté de la même manière. Mais il fallait dire que cela faisait des années maintenant que ça ne fonctionnait plus. Dans un soupire, je bus une gorgée de ce whisky immonde. Mais c’était quoi leur problème sérieux ? Les distilleries d’Ecosse étaient si loin que ça ? Même mon père qui voyageait tout autour du monde pour répertorier les meutes de dragons sauvages arrivaient à s’en procurer. On aurait dit que c’était volontaire de vendre un truc pareil.

« Je sais très bien que j’ai cassé la piste que tu suivais. Et c’était volontaire. Tu ne devrais pas enquêter sur ses gens là. »

Elle ne devait pas m’avoir vu comme ça souvent. J’étais légèrement blême. J’avais enquêter et infiltré leur organisation pendant un an sans véritable succès. La machine était extrêmement bien huilé et sans aucune faille apparente. Alors que j’approchais d’obtenir enfin des informations, on m’avait retiré l’affaire, et j’avais été rattaché à la protection de la famille Dunn…

« C’est plus dangereux que tu le penses. Je sais que tu es courageuse Lucy, mais ce ne sont pas vraiment des enfants de choeurs. Comment t’en est arrivé à vouloir monter un article sur eux d’ailleurs ? »

J’essayais de me détendre et… de profiter de ma cousine malgré le décor. Ma filature aussi était fini, et les deux agents devaient être loin désormais. Mais en même temps, contrairement à Lucy, je préférais avoir kidnapper ma cousine et l’avoir empêcher de poursuivre plutôt que d’être aller à sa rescousse au milieu du danger… Même si connaissant son père et son oncle, elle devait quand même avoir un ou deux sortilèges à dégainer.

« Il ne faut pas que tu signes l’article si tu le publies. D’ailleurs tu devrais te sortir ça de la tête. Bon sang mais tu pourrais pas faire un article sur les lieux de vacances préférés des étudiants ? C’est moins dangereux Lucy ! »

Je soupirai et je buvais mon whisky tout en la gardant à l’oeil. On était pas à l’abri qu’elel se mette à partir et à courir au milieu du bar pour reprendre ses investigations.

Avec un seul mot Fergus lui prit son avant-bras d'une manière peu élégante pour la faire entrer dans le Veritaserum, un bar branché du Marché aux Trolls avec une clientèle tout aussi discutable que les gens qui fréquentaient les ruelles de l'endroit. Lucy retira son bras de la main de son cousin, boudeuse. Elle détestait se faire materner de la sorte. C'était une raison qui faisait qu'elle s'entendait très mal avec son père, et son oncle, @Braxton Clearwater.

Fergus avait réellement de la chance d'être celui qu'il était. Parce que si elle n'avait pas autant d'affection pour lui, elle l'aurait probablement envoyé balader depuis belle lurette.

Elle était en train de jeter un regard autour d'elle lorsque Fergus l'invita au bar pour continuer leur discussion devant deux verres de whisky de piètre qualité. Il n'y avait rien qui allait : que ce fût la couleur de l'alcool ou son odeur, tout était à jeter. Fergus tenta de s'expliquer sur sa présence ici, et de l'hypothétique compagnie d'Adair Dunn quelque part dans une salle sombre de ce pub (?). Lucy leva les yeux au ciel, ne sachant pas si elle devait lui faire une scène maintenant qu'il la prenait ouvertement pour une débile ou attendre encore un peu qu'il s'enfonce. Vu comme c'était parti, il était à deux doigts de faire une Jameson.
« - Parce que l’on ne confie pas les missions de protection d'un candidat au poste de ministre à des aurors sur enquête. L'avantage, c'est que tu as ta tête sur tous les articles qui parlent de Dunn. » Ajouta-t-elle, la bouche en cœur.

Lucy grinça des dents. Il continuait, en plus. Fergus semblait avoir mangé quelques coups récemment pour se comporter de la sorte. Ce n'était pas possible autrement.
« - En quoi ça te regarde ? » Lui balança-t-elle, sur un ton de défi, alors qu'il lui demandait comment elle en était venue à enquêter sur les Atterberry.
Comme si un journaliste digne de ce nom dévoilait ses sources. Si elle parvenait encore à en garder quelques-unes secrètes malgré certains interrogatoires parfois musclés de @Gabriel Standford, elle n'allait très certainement pas les filer à son cousin, quand bien même il portait le même nom de clan que le sien.

« - Mais tu me prends pour qui, 'Gus ? » Le coupa-t-elle, alors qu'il lui conseillait de ne pas signer son article de son nom. La suite de sa phrase la mit en rage.
« - T'es sérieux ? Tu... » Crie de rage qui attira l'attention des autres clients du bar. Elle saisit son verre de Whisky qu'elle lui vida sur la tête.

C'était trop. Lucy pesta, lâchant quelques insultes en gaélique, tout en ajoutant :
« - Bien sûr ! Mettons les filles à la cuisine, aussi, vas-y, dis-le, t'es à deux doigts de me mettre une pelote de laine entre les mains pour que je te fasse un pull pour l'hiver ! GRANDIS UN PEU GUS. »

Lucy se leva de sa chaise. Il n'y avait rien de pire pour elle que de se sentir rabaisser comme ça. L'intention de Fergus n'était probablement pas celle-ci, c'était plutôt protecteur et mignon, mais Lucy n'était pas dans cet état d'esprit. Elle ne pouvait l'être étant donné que son cousin enchaînait les bourdes depuis cinq minutes. Si elle était partie de la Gazette du sorcier, c'était justement parce qu'elle en avait marre d'interviewer des sorciers dont la principale invention était le grille-pain capable de beurrer et tartiner de confitures les tranches de pain qu'on lui fourrait dedans.

Lucy était devenue journaliste pour faire éclater des vérités, pour changer le monde. Pour le forcer à se rendre clean en dévoilant les secrets les plus sombres à la vue de tous. Elle était bien consciente du danger que cela engendrait. Mais il n'y avait pas pire, pour elle, que de devoir faire du journalisme de seconde ou troisième zone. Pourtant, elle en était une grande consommatrice, mais... C'était Lucy. Elle était une Clearwater. Comme lui. Il devait savoir. Lui aussi, bon sang, il avait un désir de justice, sinon il n'aurait pas fini Auror !

Venant de Fergus, cela la blessait réellement.

Elle descendit de son gros tabouret.
« - Si t'as encore une connerie du genre à me balancer, fais-la maintenant, sinon je me casse ! T'iras faire un loto avec mon père et Brax, t'as la même mentalité de vieux qu'eux ! »

Lucy… Le whisky me coulait sur le visage avec une expression à la fois surprise et naïve. J’oubliais toujours qu’elle avait ce petit caractère enflammée qui faisait d’elle certainement ma cousine préférée. Là, ce n’était pas vraiment le cas puisque c’était moi qui était victime de son courroux ! Non mais elle se prenait pour qui ?
Et c’est là que tout parti en vrille, de mémoire… Elle commença à beugler le nom de @Braxton Clearwater dans tout le bar. Certains nous regardait déjà d’un œil mauvais alors que le ton était en train de monter.

« Lucy, calme toi... » marmonnais-je.

J’essayais de faire le vide, malgré le whisky que j’avais sur le visage. J’avais envie de lui coller une bonne gifle pour que ça lui serve de leçon. Ou mieux ! Un coup de poing, qu’elle comprenne que je considérai les femmes au même niveau que les autres. Beaucoup nous regardèrent, dont moi.

« Je m’inquiète juste pour toi ! C’est pas vraiment des enfants de coeur ces... »

« Il vous importune mademoiselle ? »

Un espèce de molosse s’approcha de moi, le visage marqué par de multiple lésion, preuve qu’il était quand même familier aux conflits. Dans un soupire, je regardais autour de nous. On était devenu le centre de l’attention. Il n’y avait qu’un moyen de s’en sortir…

« T’es fière de toi ? » dis-je à Lucy sans répondre au malabar.

Il devait faire un peu plus d’une tête que moi. Le fait que je l’ignorai sembla plus l’énerver que si je l’avais insulté. D’une main, il me saisit le col et de l’autre il sortit sa baguette. Je me mis à rouler des yeux. Purée on était encore dans une belle pagaille. Non seulement on allait se battre encore comme des chiffonniers mais en plus c’était certains que là, ça reviendrait aux oreilles du Clan. Saisissant mon verre de whisky, je lui éclatai à la tête d’un geste sec et énergique. Le verre explosa sur son front et il me lâcha le col pour reculer…

« BAGARRE GENERALE ! » hurla quelqu’un au fond.

Par pur réflexe, je sortis ma baguette avec la vivacité d’un Auror et d’un geste rapide et souple, je fis claquer ma baguette en avant dans un Stupéfix informulé qui toucha l’homme à qui j’avais éclaté le verre sur la tête. Il s’effondra comme un masse. J’en profitais pour jeter un œil de ma vision périphérique pour remarquer que tout le monde en avait profiter pour régler ses comptes comme dans un Western.

«Tu pouvais pas la fermer pour changer Lucy ! »

Clac. Je levais mon bras pour effectuer un contre-sort devant le nez de ma cousine qui nous était destiné à tous les deux. De mon œil droit, je vis un homme qui était armé d’une simple bouteille de whisky qui fonça sur elle par derrière. Il avait du perdre sa baguette. Sans réfléchir, je plongeais en avant et je plaquais lourdement Lucy au sol. L’homme nous passa par dessus, ivre, il gigotait au sol.

« Incarcerem. » marmonnais-je.

Je l’attrapais par le col sans ménagement comme un gamine pour la relever. Ah ! Elle voulait qu’on joue à ça ! Mon visage, même avec ma barbe et mes cheveux longs que j’avais laissé pousser pour ma couverture, exprimé un air de défi juvénile que seul Lucy pouvait me rendre.

« T’es maso ou quoi? Tu crois pas que tonton est connu ? » je me mis à murmurer la suite. « Tu crois qu’il y a combien de Braxton sur terre, Rowena Serdaigle ? »

Chez les moldus, je savais qu’ironiquement on traitait les gens « d’Einstein » pour marquer leur stupidité. Chez nous, c’était Rowena Serdaigle. Je la tenais toujours par l’épaule quand un maléfice d’Entrave me percuta sur le côté avec violence. Je ne l’avais pas vu venir celui là. Mon épaule me lança dans une douleur endolori et je vis mon bras droit bouger au ralenti. Je clignais des yeux. C’était de sa faute ! Elle avait pas pu s’empêcher.
Au sol, je remarquais que le patron de bar essayait de calmer les esprits. Au lieu de cela, il envoya un maléfice sur un gobelin. Ce dernier ricocha contre un mur. En guise de représaille, un gobelin sortit de nul part avec une hache et lui sectionna la jambe gauche.

« Super... »

« - Que je me calme ? »
Mais @Braxton Clearwater l'avait payé pour être aussi stupide ou quoi ? C'était une mauvaise blague. Pas son Gus, pas son...
« - J'en suis bien consciente, merci bien. »

À cet instant, un sorcier qui devait deux fois sa taille en longueur et quatre fois en largeur apparut pour lui demander si Fergus l'importunait. Si cela avait été quelqu'un d'autre, même son père, oui, très certainement que Lucy aurait répondu que oui, et qu'elle ne le remercierait jamais assez de lui mettre la tête au carré. Mais c'était son cousin, et aussi gauche qu'il pouvait l'être, il ne méritait pas de se faire passer à tabac par cet homme qu'elle aurait été ravie de rencontrer dans un autre contexte.
« - Non, c'est bon, mer- »
Fergus lui demanda si elle était fière d'elle alors que le titan saisissait son cousin par le col avec une facilité déconcertante. Lucy fusilla Gus du regard, tandis qu'elle tournait la tête pour savoir d'où venez la Bagarre générale.

Mais c'était déjà trop tard, Fergus avait tiré sa baguette après avoir cassé son verre sur la tête du golgoth pour l'étourdir d'un éclair rouge.
« - Non, mais je rêve ! » S'écria Lucy alors qu'il lui remettait la faute sur le dos.

Elle sortit sa baguette de son étui, prête à se défendre. Son cousin brillait par sa vivacité d'esprit et sa capacité à lancer des sorts avec précision. Elle se contenta seulement de se tenir prête, parée à jeter un charme du bouclier au besoin quand tout à coup, Fergus la poussait au sol, lui sur elle, pour la protéger de quelque chose qu'elle n'avait pas vu venir.

L'instant d'après, il l'aidait à se relever d'une manière peu cavalière - elle le lui dirait une fois en sécurité - alors que le Veritaserum se lançait dans une bagarre comme on en voyait de temps en temps dans les pires tavernes d'Angleterre et d'ailleurs.

Gus fut touché par un maléfice d'entrave. Ce n'était que lorsqu'elle vit le gobelin sortir avec une hache, qu'elle décida qu'il était temps que ça s'arrête.
« - Arresto Momento ! » Incanta Lucy, visant le gros du monde dans le bar.

Le sort n'allait pas durer. Ils étaient tous ivres, probablement tous rompus au combat et aux sorts, Lucy gagnait juste quelques secondes pour qu'elle et son cousin s'échappent du bar.


Lorsqu'ils sortirent, Lucy le tira dans une ruelle non loin de là. Elle le posa contre le mur, touchant son bras avant de pointer sa baguette dessus pour annuler le maléfice d'entrave.
« - Bon, ça a un peu dérapé. »
Elle jeta un regard vers l'entrée du Véritaserum, s'assurant qu'ils n’étaient pas suivis dans l'ombre du coupe-gorge dans lequel ils se trouvaient, le temps que Gus reprenne des forces.
« - Bref. »
Lucy rangea sa baguette dans son étui, le long de sa jambe.
« - Qu'est-ce que tu faisais ici ? » Lui demanda-t-elle, plus calme avec un petit sourire espiègle, en remettant une mèche derrière son oreille.

Je n’aurai pas été en présence Lucy, à qui je me devais d’être un exemple, j’aurai certainement chialer à voix toutes les larmes de mon corps tellement le maléfice d’Entrave me faisait mal. J’avais toujours détester cette sensation endolori que procurait le sortilège. On aurait même pu penser, avec un soupçon de paranoïa, que l’agresseur me connaissait intimement.

« Merci... » grommelais-je alors que je faisais tourner mon bras pour en retrouver l’usage.

Une lueur passa dans les yeux de Lucy. Son réflexe de vérifier si nous n’étions pas suivi me sauta aux yeux, preuve qu’elle était rompu à ce genre d’exercice. Je souriais à mon tour en coin. En fait, c’était juste moi le problème et je le savais. Je voyais encore en elle cette petite étudiante dynamique et militante qu’elle était à Poudlard. Elle grandissait, et moi, je commençais à vieillir visiblement.

« Je travaillais. » mentis-je dans un premier temps.

Mes yeux se baissèrent vers le sol. Puis je les remontais pour croiser ceux de Lucy. Je les détournais, et finalement… Je me mis à pouffer de rire. Je me marrais parce que mon mensonge avait ricoché. N’importe qui aurait pu y croire… Sauf Lucy Clearwater bien évidemment ! Dans un soupire, je concédais de dire la vérité.

« Bon ok, je travaillais pas. Mon travail s’est de protéger la famille du candidat Dunn. Crois moi c’est tout sauf une partie de plaisir. »

Je me mis à sourire et je passais ma main dans mes cheveux, comme un réflexe que j’avais toujours eu. Un sourire en coin malicieux, j’enlevais ma main de ces derniers. J’avais constaté que j’avais des mèches de cheveux blancs qui avaient poussé.

« J’étais en filature. Je suivais des membres du réseau Thanatos. Mais vu qu’on était sur la même filature, ça doit te paraître familier non. »

Je l’observais avec un léger sourire en coin qui ne me quittait que rarement. Mais à l’évocation du nom, ce dernier se dissipa et ma main droite, celle qui tenait habituellement ma baguette se mit à trembloter. Je la passais derrière mon dos et je poursuivis comme si de rien n’était.

« Et tu devrais arrêter Lucy. Et j’dis pas ça parce que tu es ma petite cousine favorite. »

Malgré le mal que cela me faisait de parler de cette organisation, une lueur rieuse brilla au fond de mon regard alors que je l’observais dans les yeux en lui avouant que c’était ma cousine préférée.

« Je peux pas en parler, parce que je suis sous maléfice de Langue de Plomb. »

Je lui disais la vérité. Mon regard croisa le siens et elle dut comprendre immédiatement. C’était une fille brillante, et une journaliste d’investigation intelligente. Elle n’allait pas mettre longtemps à tout mettre bout à bout. Mission, tremblement, Thanatos et mise en garde. Je lui attrapais le poignet, alors qu’un humanoïde à moitié être des eaux passa avec le visage ensanglanté et grognant devant la ruelle sans nous voir.

« Mais par contre, je peux fortement de déconseiller de suivre dans cette voie là… S’il te plaît Lucy, je plaisante pas. »

J’étais presque implorant. Et ça devait quand même être un peu inquiétant, dans la mesure où j’étais quand même réputé pour être comme tout Clearwater, un casse-cou, un va-t-en guerre et une tête brûlé que rien ne pouvait effrayé. J’étais brillant étudiant devenu Auror et auquel on m’avait quand même confié des missions de haute importance avec @Gabriel Standford. Et pourtant, j’observais Lucy avec les même yeux apeuré qu’un enfant de 7ans.









Lucy leva un sourcil, l'air interrogateur, lorsque son cousin Fergus, lui répondit qu'il était en train de travailler. Elle ne posa pas de questions supplémentaires, son seul sourcil suffisait très clairement à lui en demander plus sur ce qu'il faisait réellement là. Lucy était idéaliste, déterminée. Elle ne réfléchissait pas toujours aux conséquences de ses actes, mais s'il y avait bien une chose qu'elle n'était pas, c'était dupe. Et même lorsqu'il n'y avait rien, mais qu'elle avait cette curieuse sensation qu'on lui cachait quelque chose, elle restait là, à poser des questions jusqu'à ce qu'on l'envoie boulet (c'est pire), ou qu'on lui réponde quelque chose rompu par la fatigue (elle note, et recherchera plus tard).

Un sourire se dessina sur ses lèvres finement rehaussées d'un trait de rouge à lèvres lorsqu'il lui avoua lui mentir.
« - J'imagine bien, oui. » Répondit Lucy, lorsque Gus se plaignit de sa tâche. Être Auror et finir à la protection d'un candidat politique, c'était pas forcément le rêve d'un sorcier s'étant farci l'un des pires cursus scolaires. Puis rien que l'idée d'être au côté, constamment, d'un conservateur, Lucy en avait de l'urticaire.

Fergus lui avoua travailler, de près ou de loin, sur la même enquête qu'elle. Une expression amusée, doublée d'une interrogation silencieuse, pouvait se lire sur son visage. Mais lorsqu'il lui demanda d'arrêter, Lucy se contenta juste de souffler. Ils étaient tous d'un chiant à lui dire toujours ce qu'elle devait faire ou ne pas faire.

« - Maléfice langue de plomb, ouais. »
Elle détourna le regard. Il lui suffisait d'entendre juste le mot plomb pour en avoir de l'urticaire. Un jour, elle fouinerait de ce côté. Si elle ne le faisait pas encore, c'était parce qu'elle avait ses raisons. Notamment celle de ne pas se sentir capable de se protéger de ces hommes qui avaient littéralement tous les passe-droits du monde, en plus d'être tous de parfaits enfoirés de première.
« - Tu comprends Gus ? C'est justement pour ce genre de détails, qu'il faut continuer. Tu ne trouves pas ça normal que le nom de cette organisation... Thanatos... S'entendent dans beaucoup de milieux, mais que la Gazette du Sorcier n'en parle pas ? »
C'était un journal de vendu, toute façon.

« - Non, pas pour le moment. Je n'ai pas envie de voir le monde sombrait une nouvelle fois dans le chaos. Trop de gens en ont souffert, et même maintenant, ils en souffrent encore. Tu le sais mieux que moi. » Lui fit-elle, en sous-entendant leur oncle, @Braxton Clearwater.

Je baissais les yeux lorsqu’elle parla en sous-entendu de la guerre et de ses effets. Je n’en savais que trop. Mon père, également avait pas mal souffert. Ma mère aussi. Mais je savais très bien de qui elle parlait en particulier. Sans rien dire, je me contentais de détourner les yeux. J’essayais de réfléchir à une sortie de situation. Visiblement, elle était comme toujours tout aussi déterminée. Il fallait aller vers… un compromis.

« Il faut que je parle à ton père. J’aimerai qu’il me retire ce maléfice de Langue-de-plomb. »

Le Ministère ne vérifierai pas j’en étais certains. Ils avaient cette facheuse tendance à être sûr d’eux. Personne n’irait imaginer que quelqu’un pourrait repasser derrière l’enchantement d’un puissant tisseur de charme du Ministère ! Et c’était tant mieux. Car si il y avait bien une personne sur cette planète capable de le défaire de ce stupide serment protocolaire, c’était bien @Jameson Clearwater.

« Ce que je te propose c’est… qu’on enquête ensemble à partir de maintenant. »

Je lui avais attrapé le poignet. On était tous tactile chez les Clearwater. Enfin… Au moins Lucy et moi. Regardant à droite et à gauche, comme si j’avais peur que quelqu’un m’entende, je murmurai avec un petit sourire en coin et un air espiègle dans le regard qui faisait penser au jeune homme qu’elle avait connu alors qu’elle était enfant.

« Deux Clearwater valent toujours mieux qu’un seul. »

C’était un petit proverbe que j’arrêtais pas lui dire depuis qu’elle était gamine et depuis que je l’avais entraîné dans le sillage de mes bêtises. Etant son aîné de 5ans, j’étais bien évidemment son capitaine pour organiser les bêtises dans les repas de famille. Et ça ne semblait pas changer. Sauf que là, la connerie était partie pour être à plus grande échelle. Et elle était surtout devenu plus farouche et indomptable depuis qu’elle grandissait.

« Mais il faut qu’on reste discret. Et quand je parle de « on », je veux dire surtout toi. Si jamais les vieux l’apprennent… »

Je laissais ma phrase en suspens. Je ne savais pas ce que dirait Braxton Clearwater et Jameson Clearwater s’ils apprenaient ce qu’on était en train de tramer. Même si on était tous les deux majeurs, vaccinés et avec des situations nous permettant une indépendance totale, nous n’étions pas à l’abri du patriarche du Clan et de son fidèle second des ombres !

« Il va falloir retravailler tes filatures. On aurait dit une brebis au festival de la tonte ! »

Je me mis à rire face à la comparaison que j’avais faites. J’étais certains que ça allait la perturber. Reprenant mon sérieux, je tenais toujours son poignet. Je comptais bien aller jusqu’au bout de mon plan. C’était certains, et j’en étais convaincu, à deux, on irait plus loin.

« Réfléchis-y. Je suis sur qu’on peut travailler ensemble de manière efficace. Et on veut tous les deux la même chose. » dis-je d’un air sombre.

C’était pas si vrai que ça. Elle, voulait simplement mettre leurs méfaits au grand jour. Moi, je voulais surtout les voir disparaître de Grande Bretagne.

Fergus semblait vouloir se défaire du maléfice que le département des Mystères lui avait infligé pour camoufler un maximum les informations. Le regard Lucy se fit brillant, comme mis au défi. Elle ne comptait pas se laisser intimider, et il n’était pas né celui qui la ferait plier. Pour autant, elle lui fit un sourire encourageant, posant sa main sur son épaule avec douceur.
« - S’il y a bien quelqu'un qui pourra t'aider, c'est bien papa. » Lui dit-elle, avec un petit son qu'on entendait très rarement chez elle quand elle parlait de son père.
Ce n'était pas tant que Lucy détestait son père ou quoique ce fut, mais il était vrai que ces dix dernières années, on avait plus l'habitude de les voir se prendre la tête que de se prendre dans les bras comme ils le faisaient avant. Dans son ton de voix, il y avait un sentiment de fierté, mais surtout un amour inconditionnel pour le professeur de Sortilèges.

Fergus semblait vouloir collaborer avec elle. Elle eut un petit sourire espiègle, baissant le regard le temps d'un instant, l'air chafouin (on aurait presque pu y trouver un air de @Braxton Clearwater).
« - Ok. Mais à une condition, Gus : Tu arrêtes de me materner. »
Elle l'aimait beaucoup. Entre eux, il y avait ce petit truc que pouvait avoir un frère et une sœur qui se chamaillait de temps à autre tout en allant dans le sens de l'un et de l'autre.

Deux Clearwater valent mieux qu'un.

Lucy ne pouvait que sourire en entendant de tels propos. Comme n'importe lequel d'entre eux, elle restait très attachée à ses racines, prête à tout pour que son clan, sa famille, continue de briller pour tout ce qu'elle a pu représenter jusqu'à maintenant : Amour, justice, sens du devoir, et une détermination sans faille.
« - Braxton est déjà au courant, je pense. »
Après son passage dans sa planque, elle était sûre qu'il savait ce qu'elle lui avait volé. Lucy n'était pas dupe, et lui non plus, d'ailleurs. Si elle avait pensé que ça le sortirait un peu de ses ombres pour venir la voir, elle se rendit vite compte qu'il s'en fichait bien. Ce qui l'agaçait plus que ce qu'elle ne l'aurait voulu.
« - Du coup, Papa, Ellie, Scott, bref, tous les vieux. »
Mais elle haussa les épaules, avec son sourire espiègle sur le visage.
« - Mais est-ce que j'ai l'air d'en avoir quelque chose à faire ? »

Elle secoua la tête, rangeant sa baguette dans sa poche. Lucy s'engouffra de nouveau dans la ruelle, mais cette fois, en prenant la direction de la sortie.
« - D'accord. Allez, viens, je t'invite à déjeuner. » Lui proposa-t-elle, en l'intimant à la suivre d'un signe de tête.