Filature au souk * LUCY *

1er Juillet 2022
Je fronçais les sourcils quand elle parla d’arrêter de la materner. Je pris un peu de recule et je lui mis une main sur l’épaule dans un air de… profonde mélancolie. J’avais face à moi une femme et une sorcière accomplie, elle avait entièrement raison. Il fallait que j’arrête de la surprotéger et de la considérer comme une petite fille.

« Tu as raison. Tu es grande maintenant. Tu as le droit de transplaner c’est vrai. »

Une lueur rieuse passa dans mes yeux et je me mis à rire doucement pour me moquer d’elle. Je m’arrêtais et je fronçais à nouveau les sourcils quand elle me parla de mon oncle @Braxton Clearwater . Je mis quelques minutes à réfléchir… Si une personne pouvait être effectivement au courant c’était bien lui. Même moi, j’avais du mal à le suivre. Puis elle énonça tous les adultes de la famille presque. Je me massais les sourcils en soupirant.

«Lucy Lucy Lucy... » grommelais-je.

D’instinct, je regardais autour de moi. M’attendant à tous moment à voir surgir un de mes oncles passer un de leurs immenses bras velu autour de mon cou en riant d’un rire gras et sonore. Mais… Rien ne se produisit et je la suivais vers la sortie du Marché au Troll.

« T’en a peut être rien à faire, mais qu’ils soient au courant n’arrange pas vraiment la situation. Comment tu le sais ? »

Tout en avançant de ma démarche habituelle, nous passâmes le passage au niveau du pont. Le portier me regarda d’un air soupçonneux, comme à chaque fois et chaque membre qu’il croisait de toute façon. Une fois à l’air libre, mon apparence redevint celle que j’étais normalement. Mes cheveux étaient redevenu court et mon visage était à nouveau propre.

« Si tu veux, et puisque t’es une adulte, c’est toi qui m’invite. Et tu en profiteras pour me dire ce que tu en sais ! »

Je lui saisis le coude avant qu’on ne puisse démarrer vers n’importe quel restaurant et je la regardais soudain avec un air très sérieux qui ne me ressemblait pas ou qu’elle n’avait jamais du voir de ses propres yeux. Je plissais mes rétines et je murmurai d’un air un peu grave.

« Je suis sérieux Lucy. Je veux bien travaillé avec toi, mais il va falloir être plus discrète et tenir ta langue. Si Solvi l’apprend, elle ne voudra plus qu’on se marie. »

Je soupirai quelque peu. C’était souvent une menace qu’elle brandissait en l’air quand je faisais l’andouille ou que nous nous disputions. Nous n’avions même pas prévu de date de mariage, mais ce qui était certains et surtout ce que j’espérai c’est qu’il aurait lieu. C’était moi qui y tenait beaucoup. Et elle savait qu’en me menaçant de faire marche arrière, j’étais prêt à tout. De toute façon, j’étais effectivement prêt à tout pour - @Solvi Nibelungen …

« Tu veux manger côté sorcier ou côté moldu ? Les deux me vont. Et je préférerai côté moldu. Chez les sorciers, des sources de Braxton sont autant présent que des puces sur le dos d’un chien errant... »

Je passais la main dans la poche de mon jean pour y trouver ma carte bleue moldue. J’avais ouvert un petit compte pour ce genre de trucs justement. C’était assez pratique et ça évitait de faire des aller-retour à la banque Gringotts en permanence. Moins je voyais les Gobelins mieux je me portais, et pourtant je n’étais pas un Grimm !

Lorsque Fergus se moqua d'elle en lui accordant qu'elle avait le droit de transplaner, Lucy éclata de rire avant de lui donner un coup de poing dans l'épaule (qui devait probablement avoir l'air que d'une tape dans l'épaule au vu de sa force physique). Qu'il était con, celui-là. Ce genre de petits échanges lui avait bien manqué pendant toute la période où il bossait intensivement sur cette curieuse affaire où il finirait par tout lui dire. C'était, du moins, l'objectif de Lucy.

« - En faites, j'ai que des doutes, mais je me trompe rarement. Tonton (Braxton) n'est pas con, il a très bien du se dire que j'allais fureté dans ses affaires lorsqu'il nous a cachés dans sa planque, en mars, quand on s'était fait attaquer par jenesaisqui qui voulait le tuer. »

Un épisode qu'elle préfèrerait oublier d'ailleurs. Le passage dans la pensine l'avait toute retournée. Alors pour Sean, Nora et Yeleen n'en parlons même pas. Un petit air triste vint casser son petit air de frimousse qu'elle arborait généralement quand elle savait qu'elle faisait une connerie, mais qu'elle était trop curieuse pour s'arrêter-là dans une affaire.

Puis, il y avait ce passage sur les Dunn et les de Clare aussi. Pauvre Yeleen...

Pour se changer les idées, elle préféra prendre les devants en lui proposant d'aller manger un bout ailleurs. Discuter, mettre tout ça à plat dans un contexte un peu moins hostile. Lucy était toujours surprise de voir ce genre de population avec si peu d'humours. Pour faire de la contrebande, voir des prostitués et des assassins, y avait du monde, mais alors pour le reste...

« - Pour la galanterie, on repassera, hein ? » Répondit-elle, en éclatant de rire. « J'espère qu'avec Solvi, c'est différent, parce que la pauvre... »

Lucy se moquait de Fergus. Un petit sourire s'était dessiné sur les lèvres de l'ancienne Serdaigle en prononçant le nom de la fiancée de son cousin, @Solvi Nibelungen. Ils étaient choux tous les deux. Elle se demandait bien comment ils arrivaient à se voir vu les boulots qu'ils faisaient, mais après tout, ce n'était pas son problème.

« - Je dirais rien, c'est promis, Gus. »
Bon, pour Gus, elle ferait un peu plus attention, alors.

« - Va pour le côté moldu, par contre faut que je passe à Gringott's, j'aurais jamais de quoi payer un repas. » Répondit-elle, sincèrement. « On peut aussi gagner du temps, tu m'invites, ça ira plus vite, et en plus, tu pourras choisir ! » Rajouta Lucy, une moue malicieuse sur le visage.

1er Juillet 2022

« T’inquiète j’ai ce qu’il faut ! Ahah ! La galanterie j’ai pas besoin de te faire un dessin pour t’expliquer que c’est le dernier truc qui l’a fait rêver... »

Et, sur ce les mains dans les poches je pris la direction d’une échoppe que je connaissais.
Nous étions assis dans un fish and chips moldu basique. En même temps, à Londres c’était rare de trouver des bons restaurants comme ça sur le pouce. J’avais donc pris un pub standard de la ville, situé à côté d’un café-théâtre. Autour de nous le décor était semblable au monde des sorciers c’est à dire avec encore beaucoup d’objets de l’aire victorienne. Je crois que j’aimais venir ici pour ça.

« Donc, ces deux lascars, qui t’as donné des infos ? »

Je me servis moi même de l’eau. La seule différence entre les restaurants sorciers et les restaurants moldus c’était que le service passait soit par un serveur soit… par soit même et sans magie. Mais ça ne m’avait jamais dérangé. Mon père m’avait éduquer comme ça. Un homme n’avait pas besoin de sortir sa baguette pour montrer ce qu’il valait selon lui.

« C’était juste deux petites frappes du réseau. Chez... »

Je penchais brusquement ma tête en avant. Dans ma bouche, ma langue se tordit et devint lourde comme de la pierre. J’allais lui dire que chez Thanatos, n’importe qui n’avait pas accès à toutes les informations, et qu’il fallait avoir un certains passif pour monter en grade, chose que je n’avais pas réussi à faire. Mais comme le maléfice de langue de plomb imposé par le ministère faisait encore effet, je ne pus rien dire du tout.

« Désolé… J’peux pas en dire d’avantage. Faut vraiment qu’on m’enlève ce truc. »

Je bus une gorgée et je passais ma main dans les cheveux dans un geste assez nerveux. La serveuse arriva et je commandais un plat du jour et une bière. Le teint un peu blême je fixais Lucy. De toutes les personnes qui m’entouraient, mis à part ma sœur elle avait toujours été celle avec laquelle je m’étais le plus confié.

« C’est horrible. Je ne peux rien dire à Solvi. J’ai été absent de sa vie presque un an. Elle ne m’a vu que brièvement trois ou quatre fois. Et… Je peux rien dire. Même pas lui raconter des anecdotes sans importance. C’est comme si… j’avais disparu pendant un an. »

Je regardais Lucy un moment. Elle aussi, bien évidemment elle m’avait manqué. Personne n’avait su où j’étais aller et j’avais eu quand même le droit de donner des nouvelles afin que l’ensemble du Clan n’envahisse pas le ministère pour savoir où j’étais.

« D’ailleurs j’ai vu que tu avais changé de journal… Qu’est ce qui s’est passé ? »

Ma bière arriva et je pris quelques gorgées. Au moins on pourrait parler de sa vie, si bien sur elle ne voulait pas lâcher des infos. J’étais toujours partant pour passer un bon moment confidence avec elle. Je l’observais avec un air doux et encourageant, comme à chaque fois.
Mon regard passa dans la salle pour bien vérifier que personne n’était suspect, par pur réflexe. Finalement, un léger regard amusé passa dans mes yeux.

« Je suppose qu’on t’a dit de te taire sur un sujet… et ça t’a pas plus c’est ca ? »

La gazette n’était pas réputé pour sa neutralité. Je le savais parce qu’il y avait un monde entre es comptes-rendus de mission, et ce qu’elle publiait. En clair, le Ministère étouffait chaque affaires quasiment et ne voulait pas de vague. Le Ministre actuel voulait laissé une bonne image avant quitter ses fonctions…

Lucy aimait beaucoup le lieu dans lequel Fergus les conduisit. Il y avait un charme particulier, un charme familier qui lui était sécurisant. Elle ne fréquentait pas souvent les moldus, mais se retrouver dans ce lieu lui donnait cette impression qu'il n'y avait pas vraiment différence entre eux et les sorciers. Elle observait les murs, le mobilier, les cartes, les sauces avec un regard neuf, ce qui pouvait très clairement amuser les gens qui l'observaient. Mais elle s'en fichait. De toute façon, son attention, bien que perturbée par l'endroit, était tournée uniquement vers son cousin.

Gus reprit la conversation comme si elle ne s'était pas interrompue. Ce à quoi, Lucy ne put s'empêcher de lui faire son plus beau sourire de canaille. Elle l'avait chopé à la source, chez Braxton, dans sa planque. Quelle idée de ne jamais ranger ses affaires... Bref.
« - Ton oncle. » Lui dit-elle, tout simplement.
« - J'ai vu ses travaux, ils m'ont intrigué, j'ai commencé à regarder, et n'ayant pas le temps de tout lire, j'ai pris des photos, copié certaines informations pour pouvoir les regarder tranquillement. »
Elle ne lui mentionna pas l'épisode de la pensine. Beaucoup de sujets trop personnels y avaient été vus pour qu'elle en parle comme ça. Pour Sean, pour Nora et même pour Yeleen qui s'y était retrouvé mêlé depuis si longtemps que les choses avaient un petit côté comique de voir que désormais, cette dernière partageait la vie de son cousin.
« - Du coup, je ratisse large et je suis quelques pistes de mon côté, notamment pour ces deux-là. »

Lucy commanda son Fish'n'Chips tandis que Fergus reprenait la parole. La façon dont il se coupa trahit l'effet du maléfice sous lequel il devait être mis par le ministère. Les sourcils de Lucy se froncèrent alors que son cousin s'excusait de ne pouvoir en dire plus, confirmant ce qu'elle venait de penser. Qu'est-ce qu'elle pouvait détester cette façon de faire qu'ils avaient. Parfois, il y avait une bonne raison, mais dans des cas comme celui-ci, elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'il y avait fort à parier que cela risquait de couvrir un ou deux gros bonnets du Ministère ou que cela préservait leurs intérêts. S'il y avait bien quelque chose qu'elle avait appris en presque trois ans de journalisme, c'était qu'il y avait toujours une raison obscure derrière ce genre d'agissement.

C'était d'ailleurs en ce point qu'elle rejoignait les idées de Takemura Saito et d'Adair Dunn bien qu'elle se doutait que c'était pour leur propre compte, elle soutenait l'idée de la totale transparence vis-à-vis du pouvoir afin que les choses soient mieux gérées. Le département des Mystères pouvait, actuellement, faire ce qu'ils voulaient sans avoir de compte à rendre à personne. Si elle comprenait l'idée du pourquoi, elle ne pouvait s'empêcher de trouver cela beaucoup trop dangereux pour le commun des mortels. Mais elle n'avait pas eu le temps de se pencher là-dessus pour soumettre une idée (un dossier complet du coup) au Magenmagot pour que les choses ne changent.
« - C'est pas grave, t'inquiète. »

Elle lui fit un sourire réconfortant qui se transforma en prise de main pour le consoler de ce qu'il lui annonçait de sa relation avec @Solvi Nibelungen. C'était des métiers contreproductifs si l'on espérait fonder une famille. Savoir qu'Adil comptait suivre leurs aînés pour devenir un Auror à son tour la rendait dingue. Mais que pouvait-elle y faire ? Elle se raccrochait à l'idée qu'ils étaient sous la protection et gérance de @Gabriel Standford. C'était un homme de bien qui ne faisait que le bien. Elle s'était souvent accrochée avec lui, mais ce n'était jamais pour le fond du problème. Plutôt la forme. Lucy était un agent du chaos, disait-il, quand lui essayait d'y mettre les formes pour qu'elle prenne un peu plus de plomb dans la tête.

Puis, il était plutôt très agréable à regarder.

« - Parce que c'est le cas, Gus. T'as vraiment disparu pendant un an. » Elle secoua la tête, agacée. « Je comprends la raison, mais... Je pense que t'as de la chance que Solvi soit aussi du métier, parce que quand je vois tante Betty... » Elle soupira. « J'espère que ça va mieux avec Solvi ? » Lui demanda-t-elle, se voulant compréhensive.

Fergus ne s'attarda pas plus que cela là-dessus. La situation devait probablement le toucher plus qu'il ne voulait bien en dire, et Lucy respectait cela. Il lui demanda la raison de son changement de journal. Aussitôt, la colère envers la Gazette du Sorcier qu'elle pensait éteinte s'embrasa de nouveau sans qu'elle-même ne s'y attende.
« - Parce que XX (pasdenom) est une espèce de gros débile, voilà pourquoi ! » C'était un journaliste très connu et particulièrement réputé. Malheureusement, il faisait, du coup, ce qu'il voulait et très clairement, cet homme, ce n'était pas un cadeau. « J'en avais marre d'interviewer des débiles qui inventaient des chapeaux-nuage ou que sais-je encore ! J'ai pas fais du journalisme pour présenter les ouvertures de boutiques de prêt-à-porter ou de restaurants. »

Leur commande arriva. Lucy remercia le serveur, attrapant la bouteille de mayonnaise pour en recouvrir ses frites.
« - Je veux dire, merde, quoi ! »
Elle n’avait pas son pareil pour lever les yeux au ciel, ce qui lui donnait toujours un petit air comique. « Bref. Maintenant, ça va un peu mieux. »
Lucy couvrait des sujets plus intéressants, bien que ce n'était pas totalement ça encore. Elle comprenait aussi le fait qu'il lui fallait faire ses preuves, et c'était en cela qu'elle s'était calmée puisqu'il lui donnait tout de même du grain à moudre sur des sujets qui l'intéressaient, elle.
« - En effet. » Affirma Lucy en fourrant une frite dans sa bouche, l'air rageur. « J'ai commencé à fouiller autour de la mort de Mia Callaghan dans la forêt interdite, l'an dernier. Mais lorsque j'ai fait le rapprochement avec une série de meurtres côté moldus, ça n'a pas plus. Visiblement, ce n'était pas à moi de le faire. »

Elle secoua la tête. C'était un dossier qu'elle avait dû abandonner, en plus de se voir retirer tout ce qu'elle avait pu y trouver.

Lucy préféra changer de sujet.
« - Du coup, ça doit quand même te faire du bien de réintégrer ta propre vie. C'est vraiment pas quelque chose qui me plairait à faire sur la durée... T'as du pas mal en baver. » Lui dit-elle, compatissante. « T'as pas envie de te poser un peu ? » Elle faisait attention à ses mots pour lui éviter de se retrouver une nouvelle fois figé à cause du maléfice de langue de plomb.

1er Juillet 2022

J’arquais un sourcil, puis mon expression passa au pur étonnement. Elle avait vraiment fouillé dans les affaires d’oncle Braxton ? Je soupirai et je m’essuyais les lèvres d’un air calme. J’essayais d’être apaisant, parce que la connaissant pour la suite elle allait partir au quart de tour.

« On fouille pas dans les affaires des gens… Mais tu as raison, si j’avais une information à découvrir, j’irai fouiller chez lui en premier. »

C’était même une très bonne idée. Mais… Il avait du se rendre compte qu’on avait fouillé. Braxton était un filou. Un vieux de la vieille. C’était certains qu’il était au courant. Si j’avais été à la place de Lucy, il serait apparu pour me mettre une chasse. Pourquoi n’en avait-il pas fait de même avec elle ? Quand elle se mit à parler de la gazette, je sursautais. Puis je me protégeais le visage des éclaboussures de mayonnaise. Passons sur les gros mots !

« Lucy… On est dans un restaurant… particulier, tu te rappelles ? »

Je souriais d’un air désolé. Des gens commençaient déjà à nous regarder étrangement et observer Lucy comme une folle. J’allais jouer cette carte à fond. Je les regardais d’un petit air désolé, comme si je sortais une amie ou une sœur de l’asile pour la première fois.

« Et ça va mieux avec Solvi, ne t’inquiète pas. »

Je la désignais avec un morceau de cabillaud fris pour me donner contenance. Je lui fis un léger clin d’oeil confiant et je pris mon visage habituel, celui qui voulait dire que j’étais sincère. De toute façon, sur ce genre de chose, je n’avais jamais menti à ma cousine. C’était ma confidente et si ça n’allait pas dans mon couple, elle serait la première avertie.

« Je... »

Ma main trembla légèrement et je renversais quelques gouttes de bières quand elle parla en sous-entendu de mon année écoulée. Réintégrer sa propre vie… Ma main s’arrêta de trembler, mais quand même assez tardivement pour qu’elle s’en rende compte.

« C’est difficile. » dis-je un peu brusquement.

Je ne lui mentais jamais. De toute façon, même si on lui mentait, sa formation de journaliste faisait qu’elle découvrait toujours la vérité. Malgré le fait que cette histoire de « retour à la vie normale » m’ait perturbé, je gardais dans un coin de l’esprit le fait qu’elle ait volontairement changer de sujet. J’étais aussi un Clearwater, je savais comment ça fonctionnait.

« Pour ne pas te mentir, j’ai vu des choses horribles et j’en ai fait des… pas terribles. Mais c’était la mission. »

J’avais vidé d’un trait ma bière. Ce qui n’était pas bon signe, puisque c’était de réputation que je ne tenais absolument pas l’alcool. Au bout de quatre bière je tombais comme une feuille morte. Je buvais dans de rare occasion, surtout aussi vite. De toute façon, elle engageait un sujet dont… je ne pouvais même pas parler…

« J’ai tué personne. Si ça peut te rassurer. »

J’étais très sérieux. J’avais réussi à m’esquiver sur le sujet. Mon rôle était surtout organisationnel. Je n’avais pas réussi à récolter tant d’information que cela, et on m’avait extrader, car quelqu’un avait compromis ma couverture. Bien sûr je ne pouvais… Toujours pas en parler !

« J’étais sérieux pour que ton père brise le maléfice. J’ai un paquet d’information à te donner. »

Je regardais à droite, puis à gauche et je me penchais verre elle en lui prenant la main. C’était une vieille technique que j’avais appris durant mes MULOTS d’Auror. Je me faisais passer pour l’amant de Lucy et je la regardais en souriant. Je murmurais d’un air tendre comme si je lui murmurais des mots doux.

« Fais comme moi et sourit naïvement comme si je te faisais une confidence intime. Je pense que le Ministère est totalement corrompu, et que Thanatos l’a infiltré dans de nombreux postes importants. Le fait que tu sois exclus de sujets aussi important malgré ton talent est une preuve supplémentaire. »

Je lui fis un léger clin d’oeil, car je venais de lui faire un vrai compliment. Je lâchais enfin sa main e t je me reculais pour prendre un peu de distance. Croquant dans un Fish’N’Chips, je l’observais.

« J’t’ai invité pour te dire ça. A partir de maintenant, toi et moi… Les deux doigts de la main là dessus. On peut faire confiance à personne pour ce truc, hormis sa famille. Et tu connais l’adage de mon père… Y’a qu’un Clearwater pour tenir tête à un dragon. Alors deux... »

On ne fouille pas dans les affaires des gens. Lucy ne put s'empêcher de lui faire une grimace lorsque Fergus fit, encore une fois, son paternaliste. Qu'est-ce qu'il pouvait l'agacer quand il faisait ça... Très sérieusement, c'était quelque chose qu'elle se devait de faire pour tomber sur certaines informations. Être dans la planque d'une Langue de Plomb, c'était du pain béni pour n'importe quel journaliste. Lucy n'avait pu lutter contre cette opportunité qui s'offrait à elle malgré la situation dans laquelle elle se trouvait. Elle était à peu près sûre que c'était ainsi qu'ils faisaient chez les Aurors. Quel hypocrite.

Il la rassura sur sa relation avec @Solvi Nibelungen. Lucy lui fit un sourire ravi, pensant à cette jeune femme au caractère bien trempée. Une femme qu'il fallait absolument à un Clearwater pour ne pas qu'il s'ennuie. C'était assez rigolo, d'ailleurs, de voir que chaque garçon s'était toujours marié avec une femme qui ne se laissait pas marcher sur les pieds. Fergus ne dérogeait pas à cette règle. C'était chou.


(...)

Fergus la rassura sur ses activités lorsqu'il était chez le Thanatos. Il avait pu travailler dans l'ombre, au milieu de leurs activités, sans pour autant commettre l'irréparable pour parvenir à ses fins. Néanmoins, Lucy ne pouvait se douter des choses que son cousin avait vues. Si la curiosité d'en savoir plus était bien là, pour la première fois, peut-être, c'était pour la santé de son cousin qu'elle s'inquiétait. C'était le genre d'expérience traumatisante qui méritait très clairement d'avoir une quelconque aide psychologique. Surtout si on voulait éviter de finir comme leur oncle Braxton.

Une chose que Lucy ne laisserait pas arriver, quitte à mettre Solvi au milieu pour assurer les arrières de son cousin.

« - Je me doute, oui. Il faudra faire attention à ce que tu te fasses pas choper, j'ai peur que ça ne fasse qu'envenimer les choses... » Répliqua Lucy, l'air craintif de voir la situation s'aggravait autour de son cousin. Une attitude qu'elle changerait probablement après le douze juillet.

Lucy sursauta légèrement lorsque Fergus lui prit la main pour feindre d'être deux amants. Elle fit un sourire, faisant exactement ce qu'il lui disait. Fergus avait probablement vu quelque chose qu'elle n'avait pas vu, Lucy préférait s'en remettre à lui. C'était lui l'Auror, pas elle.
« - Oui, ça correspond à peu près aux dossiers que j'ai pris chez tonton. Je pensais que les Atterburry en étaient, mais la suite tu la connais... » Vu qu'il lui était tombé dessus durant sa filature.

« - Pas de soucis. Il faudra que je te montre ce que j'ai trouvé chez lui. Tu verras, y a des trucs assez fou, y compris sur le père de Yeleen, tu sais la petite copine de Sean. » Elle termina sa dernière frite, ajoutant : « Faudra très certainement qu'on se revoie plus tard. J'ai quelques trucs à voir, mais y a probablement moyen de faire un truc. »

Une pensée pour @Aram Romanez, elle se demandait ce qu'il penserait de bosser avec un Auror. C'était deux salles deux ambiances ces deux-là, mais il y avait fort à parier que Fergus irait jusqu'au bout. Son petit doigt lui disait qu'il n'était pas du genre à courber l'échine, malgré les directives reçues par le ministère.

1er Juillet 2022

Je me reculais et terminais également mon assiette. Mes yeux perçants passèrent encore une dernière fois dans la salle et je gardais un visage souriant pour faire semblant de ne pas volontairement observer mon environnement. J’hochais la tête, pour affirmer que j’avais bien compris le message. Décalant ma serviette sur la gauche, je levais la main pour demander l’addition, sortant la carte bleue moldue du Ministère.

« J’offre, comme convenu ! »

Un léger regard malicieux passa dans mes yeux. Puis, le moniteur arriva. Je passais la carte dans le moniteur et signait le ticket de caisse. Puis, je filais un pourboire avec quelques livres. Je me levais toujours en souriant et je sortis avec Lucy.

« Bien, je dois reprendre le service. »

Je regardais ma montre. Je devais être au QG dans quelques minutes. J’allais être à l’heure, alors autant en profiter pour une fois. Je soupirais et je regardais Lucy. Je n’avais pas encore envie de la paterniser, alors je m’abstins de lui dire quelque chose de plus long que :

« Soit prudente. »

Devais-je parler de ce qu’elle venait de me dire à Gabriel Standford ? C’était mon ami le plus proche et le plus fidèle… Mais j’étais bloqué. Si je lui révélais le contenu du dossier de Braxton Clearwater que Lucy me ferait voir, ne l’entrainerais-je pas avec moi en eaux troubles ?
C’était la dernière chose que je voulais, que Gabriel ait des ennuis avec le Ministère.

« On se contacte bientôt, je passerai voir de la famille au Domaine dans les jours à venir. On pourrait se retrouver là bas. Loin de la ville, ça peut que nous faire du bien à tous les deux... »

Les mains sur les hanches, j’avais regarder la ville de Londres quand j’avais dit cela. J’aimais bien cette ville, mais comme Lucy ou n’importe quel autre Clearwater, chez moi c’était aux Hébrides. C’était le lieu idéal pour faire une coupure, se reposer et… ne pas être entendu de qui que ce soit.

« Et ne parle à personne d’autres du sujet. C’est très important, on sait pas trop à qui se confier en ce moment. Le temps est changeant. »

Je voulais bien entendu parler des élections. Je savais qu’on allait opéré un virage important. Que ferait le prochain Ministre ? Se voilerait-il autant la face que celui actuel ? Je ne savais pas vraiment quoi en penser et de toute façon, je n’avais pas tellement d’impact là dessus. Dans un dernier sourire, je lui posais la main sur l’épaule d’un geste affectif, et je la laissais devant la devanture.
Une fois à l’angle de la première ruelle déserte, je transplanais directement au Ministère.