Round and round (Luke)

Préparant un des premiers cours de la semaine, Jade s'était enfermée dans son bureau, reprenant la place que  @Thomas Buchanan  avait occupé durant un temps. Contrairement à son bureau au Ministère de la Magie, elle y avait apposé quelques affaires personnelles, profitant du fait que certainement bien peu d'élèves passeraient pour lui poser une question sur une quelconque loi magique leur posant un problème. Bien qu’avec l’intervention de la Confédération Internationale des Sorciers, bons nombres d'étudiants se demandaient où se diriger pour avoir un peu plus d’explications sur le déportement de plusieurs familles pour être restreinte dans quelques villages, Jade avait déjà senti les tensions souffler dans les couloirs de l’université.

“Ah Mme Weimer, vous tombez bien, je dois me déplacer d’urgence et il faut s’occuper d’un petit sombral né hors saison.”

Courant brutalement le cours de ses pensées, la jeune femme avait levée la tête, se retrouvant soudainement oppressé par les clés de l’Enclos que le professeur en charge des cours de soins aux créatures magiques lui avait confié en partant, lui hurlant les directives en lui tournant le dos. Autant dire qu’elle n’avait strictement rien compris et observait les clés avec une certaine méfiance.

Comment par Merlin allait-elle voir un Sombral lorsqu’elle n’avait jamais été confronté à la mort.

Soufflant très sérieusement alors qu’elle espérait trouver quelqu’un pouvoir lui servir de guide dans l’Enclos, Jade s'était très vite retrouvé seule devant un abri, scrutant le sol encore un peu humide de la veille pour tenter d’y voir des traces de sabots. Il n’y avait aucun bruit, même les oiseaux s'étaient éloigné en sentant le sang maudit qu’elle portait dans ses veines. Autant dire qu’elle faisait fuir n’importe quel animal qui réagissait aisément à l’aura qu’elle trainait comme une autre partie d’elle.

Plissant les yeux, elle préféra ne pas sortir sa baguette, sachant combien les maléfices faisaient peur à ceux qu’elle avait réhabilité dans l’enclos du Ministère. Mais contrairement à l’agencement qu’elle avait revu au sein d’un étage, celui qui était attenant à la cabane du Gardien, était d’un naturel affolant. Le souvenir avec  @Amaranth Mapleleaf  lui fit naître un léger sourire et elle se redressa au moment où elle entendit quelques bruits de capes derrière elle.

"Bonjour, pourriez-vous m’indiquer si vous voyez un petit sombral dans le coin, s’il vous plait?“

Elle ne s'était pas retournée, cherchant encore des traces mais levant simplement les clés de l’enclos pour signifier qu’elle en avait l’autorisation.

Marchant dans le parc, je me dirigeais vers la Cabane du Gardien afin d’avoir une discussion avec lui sur l’accès de la forêt interdite à certains étudiants. En effet, plusieurs d’entre eux s’étaient amusé, un soir, à franchir les limites. J’avais donc reçu les étudiants, que j’avais récupéré après leur avoir mis plusieurs heures de travaux d’intérêts généraux justement avec le Garde Chasse. Pour moi, une sanction devait être en lien avec la faute commise. C’est donc plusieurs parchemins dans les mains, que je suivais la direction de la cabane du gardien. Les sourcils froncés, j’aperçus soudain une silhouette familière, dans un des Enclos. Mes yeux se plissèrent un peu et je la reconnus.
Mais c’était quoi leur problème ? Qu’est ce que le professeur de Droit Magique foutait dans l’Enclos. Cette semaine commençait bien… Mais à vrai dire, elle avait au moins le mérite de tellement m’occuper que j’en avais oublié Ether et sa mort sur la plupart du temps.
Marchant vers l’Enclos, je remarquais qu’elle ne m’avait pas aperçu, et qu’elle était de dos. Observant sa silhouette, les lambeaux de souvenirs que nous avions partagé là bas étaient encore dans ma mémoire…
Le Sombral, quand à lui, était au fond de l’enclos, dans un angle et blottit contre lui même, car il devait ressentir la puissance du Vieux Sang qui coulait dans ses veines.

« Il est dans l’angle à votre droite, replié sur lui même Professeur Weimer. »

J’avais dit cela d’un ton amusé, mes parchemins sous le bras. Un léger sourire parcourut mon visage alors que je venais de lui faire cette petite surprise.

« C’est drôle comme le Droit Magique intéresse maintenant les Créatures Fantastiques. J’espère que vous n’avez pas inversé pour la journée, de mémoire notre professeur intérimaire ne s’y connaît absolument pas en Justice Magique. »

Je l’observais, les yeux rieurs. Tout en fixant le Sombral que, bien évidemment je pouvais voir depuis la Guerre des Sorciers.

« Je crois qu’il a peur de vous. » dis-je simplement « Ce qui est étonnant car vous êtes quand même d’une douceur exceptionnelle depuis votre arrivée à Poudlard aha ! Allez, j’arrête de vous embêter, et je vous donne un coup de main. »

Je lui fis un petit clin d’oeil et je retroussais mes manches. Prêt à aider cette bonne vieille Université !

Elle réprima un sursaut, s’attendant à un étudiant téméraire plutôt qu’au directeur de Poudlard, parchemin en main et avec certainement tellement bien plus à faire que de l’aider dans cette tâche. Seulement une semaine s'était écoulée depuis sa prise de poste en tant que professeur de droits magiques et elle pensait bien que le poste nécessitait bien des remaniements à chaque fois qu’un éminent sorcier en prenait la tête. Alors qu’il lui indiquait que la créature était tapie dans un coin qu’elle ne voyait pas, Jade recula légèrement pour ne pas envahir son espace en retenant un soupire. Au département, elle aurait eu l’aide compétente des magizoologistes qui s’assuraient de savoir que les créatures blessées allaient bien, la présence de Jade sur le terrain assurant surtout une domination insoupçonnée lorsqu’elle se présentait aux divers colonies.

"Croyez-moi, j’aurais aimé confié cette tâche à …“ S’arrêtant de parler au moment où Luke releva les manches pour prendre à coeur l‘état du petit Sombral, Jade l’observa un instant avant de prendre les parchemins qu’il avait en main, ne pouvant refuser son aide alors qu’elle était parfaitement inutile en tant que soigneuse. Elle savait parfaitement qu’elle leur faisait peur, ils étaient bien trop peu à s’approcher d’elle au premier abord, ne se laissant convaincre qu’avec le temps qu’elle n'était pas réellement dangereuse. "On échange dans ce cas là.“

Fourrant dans ses mains un grand biberon de lait, Jade se délestait facilement de ce que l’intérimaire lui avait donné en plus des clés et ravie de voir qu’elle n’aurait pas à mettre ses mains dans la boue, elle porta un regard sur le début des parchemins avant de relever le regard vers l’ancien professeur. Venait-il réellement de lui dire ouvertement qu’elle était d’une douceur exceptionnelle? S’approchant de lui, elle ne pouvait que remarquer des traits tirés par la fatigue, probablement accumulé par la responsabilité qu’il avait depuis plus d’un mois à diriger correctement une école qui faisait l’avenir des étudiants.

L’arrêtant dans ses gestes, Jade posa sur lui un regard inquisiteur. Depuis leur voyage en Afrique, Luke lui avait confié certaines paroles qui lui étaient difficiles d’oublier aujourd’hui. Entre toutes ses responsabilités en tant que professeur, il y avait celui de père et d’homme qu’il avait reconnu avoir délaissé et s’en occuper entre temps. Plus d’un mois avait passé entre et la toute jeune professeur ne put s’empêcher de s’en inquiéter.

"Est-ce que vous allez bien?“

Alors qu’elle me filait le biberon, je lui tendis les parchemins contenant les sanctions disciplinaires des étudiants qui avaient fait des petites bêtises à Poudlard. Sans rien dire, je me contentais de lui sourire légèrement en laissant un petit silence planer avant de dire :

« Je doute que traiter ce genre d’affaire soit aussi palpitant que d’apprivoiser un petit Sombral, mais soit ! »

Je me dirigeais alors vers l’angle de l’enclos, où était tétanisé le petit Sombral. Ses yeux qui ne voyait pas grand-chose levèrent vers moi un regard étrange. Il semblait me fixer. Autant dire qu’ils avaient très mauvaises réputations, et aussi que ma famille avait passé des générations à les chasser pour leurs crins aux propriétés si puissantes. Ici, ils étaient dans un havre de paix depuis toujours et aucune menace ne planait sur eux. Et ça, je ne comptais certainement pas le changer malgré mon nom de famille. D’ailleurs, je n’avais jamais rien eu en commun avec ces derniers.

« Là… Tout doux mon p’tit. On va juste faire une balade, le concert des Blizards Sisters, ça t’branche ? Bon j’avoue, c’est du Teenage Rock, mais on a pas fait mieux depuis des années... »

J’avançais vers lui. Ses naseaux flairèrent le biberon et il tendit sa tête vers moi. Alors, à quelques mètres, j’arrivais enfin à briser l’espace nous séparant et à lui mettre une main sur l’encolure pour lui tendre le biberon. Il me renifla plusieurs fois, puis prit ce dernier à pleine dents, tétant comme si ça vit en dépendait.

« On dirait Finn. Ca doit être pour ça qu’il picole encore autant, j’ai du rater le sevrage… Et pour répondre à votre question, ça va super ! Tout baigne à merveille. Pourquoi ? »

Je plissais des yeux. Bien sûr que non, ça n’allait pas. Je subissais des séances de psychomagies complexes, intensives, et je venais de laisser mourir la femme de ma vie qui était figée dans la pierre depuis plus de vingt ans. Donc effectivement, j’avais pas a super forme. Mais je n’avais aucune raison de dire quoi que ce soit sans me compromettre, alors le mensonge restait encore une fois la meilleure option, quoi qu’en pense le Professeur Lloyd !

« C’est plutôt à vous qu’il faut demander… Si vous commencez déjà à rendre service à des collègues, dans une semaine vous allez faire le travail du concierge. Et croyez moi y’a rien de pire que de devoir arrêter une fête dans la salle commune de Poufsouffle. Ces gamins sont attachants, mais qu’est ce qu’ils boivent… C’est pas étonnant quand on connaît le penchant qu’avait Helga Poufsouffle elle même pour ce genre de truc !»

Je l’observais en souriant, alors que le Sombral tétait et s’apaisait à chaque seconde où le lait de sa mère (si c’était du lait de sombral) passait dans son estomac. Mes yeux se posèrent vers elle et je continuais de sourire, mais cette fois-ci plus tristement.

« Vous avez de la chance de ne pas les voir, Professeur Weimer. Mais ce n’est pas étonnant, ceux de votre génération était bien trop jeune quand la guerre s’est terminée. »

"Vous savez, la paperasse et moi …“ Elle en eut un sourire, observant les parchemins qu’elle avait manié avec perfection pendant plus de dix ans au Magenmagot. Les qualités qui avaient fait d’elle un juge impartial jamais été remis en question jusqu'à l’incident de sa soeur, mais c'était là un fait qu’elle avait choisi de cacher et d’en porter le chapeau. Loin de nuire à son image de modèle de justice, Jade n'était juste pas faite pour se tenir trop proche du terrain, auprès des créatures, comme elle l’avait souhaité le faire, espérant simplement avoir changé certaines mauvaises habitudes au département des créatures magiques durant son année de mandat. "Palpitant ne serait pas le bon mot, j’aurais dit efficace.“

Observant Luke s’approcher du petit Sombral en employant d'étranges méthodes qui semblaient pourtant porter leur fruit, la jeune femme ne put s’empêcher de lâcher un sourire alors qu’il critiquait sa propre manière d’avoir éduquer son fils. Parlant presque pour lui-même, elle ne put l’interrompre durant l’heure du repas du petit, aussi essentiel que tout nouveau né et même si elle ne le voyait pas, elle pouvait deviner qu’il avait assurément très faim. Pourtant, le [i]”Tout baigne à merveille[“/i] sonnait aussi faux qu’un suspect clamant son innocence alors qu’il se savait parfaitement fautif. Plissant les yeux, elle leva légèrement le menton sans pour autant se départir de son sourire.

"Je vous juge coupable Directeur Korrigan. Mais ne vous sentez pas obligé de me dire ce qui ne va pas, je peux me contenter d’un “Ca ira mieux prochainement” sans vous harceler de questions.“ Elle avait toujours prôné l’honnêteté, que les liens soient amicaux ou professionnels, là où elle laissait entrevoir un caractère bien plus ferme concernant les conditions de confiance. Elle pouvait aisément comprendre qu’en plus de la barrière Directeur / Professeur qu’ils avaient à présent, Jade n'était pas l'être qui devait être le plus proche de lui pour d’autres confidences. Mais quelque part, elle accusa le coup, certainement parce qu’il lui avait dit que parmi tous ses regrets, ceux qu’il avait pour ses enfants le hantait.

"Le concierge … @Ruben Yard vous voulez dire?“ Elle avait prit alors le premier sujet dans la volée, pour ne pas rester dans ce qui aurait pu sonner comme un reproche. Se souvenant de la vague impression d’avoir déjà parlé des Gardiens des clés avec @Juliet Marshall durant les vacances, Jade ne put s’empêcher de remettre un nom sur les visages qu’elle croisait depuis seulement une petite semaine dans les lieux. Aucun de ses anciens professeurs n'étaient là, seuls les fantômes et les portraits n’avaient changé de place depuis. "Non, je lui laisse les clés volontiers, il m’a l’air de très bien se débrouiller. Mais je pense sincèrement qu’il y a pire que les Poufsouffles en terme de soirée. Vous saviez que les fenêtres de la tour des Gryffondors sont condamnés exprès pour ça?“ Le courage de sa maison, celle des lions, avait bien failli couter la vie d’un étudiant qui pensait pouvoir voler sans balai.

Mais alors que Luke se tournait vers elle, elle se tendit au moment où elle comprit qu’il faisait allusion au nombre d’amis tombés autour de lui, seul témoin des scènes qu’on jugeait bien trop effroyable pour en faire des tableaux. Cessant de sourire, Jade s'était approchée de la barrière, même si elle ne souhaitait la franchir en sentant que le Sombral commençait doucement à tomber de fatigue, le ventre enfin rassasié.

"Au risque de me répéter, c’est vous qui nous avez offert cette chance, c’est à nous de vous remercier.“ S’il lui avait déjà confié sur ces épisodes qui étaient bien fréquents chez la plupart des anciens combattants, elle ne pouvait s’empêcher de revoir les traits du directeur tiré par la fatigue. Voir les Sombrals avait toujours été considéré comme signe de malheur, les créatures venant même à se faire chasser alors qu’il s’agissait d’une simple particularité comme une autre. Si son sang n'était pas maudit, elle aurait assurément tout donné pour pouvoir serrer contre elle le petit même sans le voir. "Mais pouvoir les voir vous permet certainement de prendre soin de vous et de votre famille.“ Sans douter qu’il était assurément bien entouré et qu’il avait fait le nécessaire pour ne pas se sentir dépasser par son rôle de père et de frère, Jade eut un sourire contrit avant de serrer les parchemins dans ses bras. Ignorant s’il voulait lui parler ou lui mentir à nouveau sur des confidences plus personnelles, Jade préféra pointer le positif là où elle le trouvait.

"Alors racontez-moi, si le pire se trouve dans les cachots de Poudlard, qu’est-ce qu’il y a de plaisants à faire une fois qu’on est directeur?“

Changer de sujet était le bienvenue. Je ne parlais jamais des détails de la guerre, hormis quand ceux qui l’avait vécu à mes côtés étaient présents. Bien évidemment, je me gardais d’en parler encore devant Braxton car il avait été traumatisé. Je me contentais donc de sourire aimablement, laissant le Sombral allait délicatement dans les bras de Morphée. Le laissant là, car la Nature savait qu’ils n’étaient pas mieux qu’à même le sol, je lançais un petit sort pour nettoyer le biberon et l’envoyer dans la petite cabane au fond de l’enclos.

« Je l’ignorais. J’ai toujours pensé qu’il y avait des barreaux car ils étaient trop bêtes et qu’ils pensaient pouvoir voler ! »

Je ricanais, pensant à Jameson avec cette petite boutade. Me rappelant qu’il s’agissait de la maison de Jade, je fis une petite grimace amusé et je trouvais bon de rajouter.

« Je plaisante bien évidemment. Ils ont du être rajoutés à votre époque, il y avait une bande un peu trop turbulente. »

Je revenais vers elle, en marchant calmement. Avec calme et douceur, je repris les parchemins et je regardais ailleurs, faisant mine de vérifier si quelque chose ne tournait pas rond autour de nous alors que tout allait très bien. Puis, mes yeux bleus se reposèrent dans les siens et je me prêtais à réfléchir. Désormais que j’étais libéré de tout union avec Ether qui n’était plus de ce monde, n’était-il pas le bon moment pour essayer de passer à autre chose ? Aller plus loin ?
Mais le doute s’empara alors de moi. Etais-je encore désirable ? Ne voyait-elle pas qu’un vieux vétéran, devenu Directeur de l’école avec tout ce qui allait avec. Mes yeux ne lâchèrent pas les siens en forme d’amande. Ce n’était pas la première fois qu’elle essayait de me tirer les vers du nez, pour savoir si j’allais bien. M’appréciait-elle vraiment ?
En Amérique, je n’avais pas réussi à percer sa carapace pour avoir réponse à mes questions, mais j’étais à l’époque encore trop préoccupé par celle qui résidait dans les sous-sol de mon domaine, caché en Irlande.

« Le pire se trouve sous les cachots de Poudlard. La rumeur et les textes parlent d’oubliettes enchantées, qui piégeaient les ennemis des Fondateurs dans un sort pire que la mort pour l’éternité. »

Je souriais en coin, et je détournais le regard vers la cabane du gardien. Je réfléchissais à ce que je pouvais lui dire, sans véritablement lui dévoiler les secrets de l’Université.

« Transplaner dans l’enceinte de l’établissement. Consulter la bibliothèque du Directeur. Observer le Registre et la Plume rentrer en action, même si c’est rare. Mettre le Choixpeau sur sa tête et lui parler. Converser avec les anciens Directeurs de l’Université. Avoir accès à l’ensemble des moindre parcelles du Château et découvrir les sous-terrains et cachettes qu’il offre… La liste est assez longue. Mais ça ne compense pas les responsabilités qui vont avec ! »

Je riais de bon coeur en désignant les parchemins que j’avais désormais dans les mains.

« Si vous voulez, je pourrai vous en montrer une partie, rien ne me l’interdit. »

Je levais la main, comme pour dire quelque chose, laissant un silence s’installer de plusieurs secondes et finalement…

« Et oui, si vous vous posez la question, c’est un rendez-vous galant qui s’offre à vous Mademoiselle Weimer. »

Le courage n’était pas ma qualité principale, surtout pour ce genre de chose. Mais il fallait bien briser la glace et arrêter de jouer à faire semblant.

Plissant les yeux, Jade s’empêcha de lui donner un coup de coude au moment où il se moqua ouvertement du courage de la maison Gryffondor avant de le voir se rattraper, prétextant que ces camarades de promotion y étaient bien pour quelque chose. A y penser, elle n’en était pas si certaine, ce n'était pas les assidus tel que Sorcha ( @Braxton Clearwater ) ou même Gabriel qui étaient turbulents. Haussant les épaules avec une certaine espièglerie, alors qu’elle était la première à raturer l’arrière des tableaux avec @Thomas Buchanan pour poser leur marque à Poudlard, Jade se tendit légèrement à la mention de secrets dans des Oubliettes de l'école, oubliant alors totalement avoir reproché à Luke de lui mentir.

Si Poudlard était réputé pour être une des meilleures écoles et surtout la plus sûr, qu’il s’agisse de la forêt interdite qui la bordait ou même de tous les directeurs qui avaient assuré sa sécurité depuis des décennies, Jade n'était pas sans ignorer que l’emprunte des Fondateurs étaient encore assez profonde pour cacher des histoires qui ne se contaient pas dans les livres. Le bien qu’elle représentait, était forcément équilibré par un mal qu’elle n’avait voulu sondé, bien trop occupé déjà étudiante à apprendre les codes des lois magiques.

Et alors que Luke embrayait avec une facilité déconcertante à sa réponse sur tous les aspects positifs que lui offraient son poste au sein de l’université, elle reçu l'élan de ce rendez-vous galant comme un léger coup de poing au ventre, presque pris au dépourvu. Autant par le fait qu’il se soit tenu aussi proche d’elle que par l’intension qu’elle n’avait pas vu venir. Heureusement qu’il lui avait déjà repris les parchemins des mains, la jeune femme se sentait soudainement brûlante comme une fièvre.

"Je suis désolée, je n’ai pas voulu vous faire penser que j'étais ouverte à une telle proposition.“

Cette phrase, presque mécanique, était sortie très rapidement, laissant un pied en arrière pour respecter une distance raisonnable. Elle était flattée, c'était une attention que n’importe quelle femme apprécierait en rougissant, cependant Jade n’avait jamais souhaité passer à un stade qui dépassait les relations occasionnelles. A l’instar de Luke, elle s'était refusée cette possibilité pour ne pas faire du mal à qui que ce soit, l’oubliant instantanément dès lors qu’elle se transformerait un jour, définitivement.

Outre le fait qu’elle soit professeur et lui directeur, il n'était pas question de pouvoir laisser sous entendre un avenir quand le sien était corrompu depuis sa naissance. Sans pour autant enlever son sourire poli et chaleureux, elle reprit naturellement son ouverture.

"Mais je serais vraiment ravie de vous accompagner si vous acceptez toujours ma présence.“

Elle plissa les lèvres, se rendant compte que la demande pourrait paraître déplacé devant la chaleur que Luke dégageait devant elle, volontairement conquis à l’idée de laisser son passé derrière lui sans se rendre compte qu’elle partirait avant lui.

"Luke c’est ….“ Elle ne pouvait se contenter d’une formule de politesse totalement informelle pour refuser sa demande, craignant une gêne ou un froid qu’elle ne voulait avoir avec celui qui lui avait tendu la main lorsqu’elle avait demandé de l’aide. "Je suis heureuse que vous vouliez avancer, mais je ne pourrais probablement pas vous offrir une stabilité que vous recherchez.“ La gorge légèrement nouée, elle préféra miser sur l’honnêteté en espérant ne pas alourdir les fortes épaules qu’il avait. "Ne m’en voulez pas, je ne suis pas prête pour ça.“

Je reculais mon buste mais pas mon corps, ce qui me donna une position bizarre, qui failli me faire tomber à la renverse. Il y avait des choses que je ne comprendrais donc jamais. J’avais eu de la chance avec Ether et je m’en rendais compte. J’étais capable de changer un arbre de l’Université en Ent ancien pour protéger l’école mais j’étais incapable de m’y prendre correctement avec la gente féminine…

« AH ! » dis-je d’une voix un peu forte.

J’avais reculé d’un pas, l’ayant vu reculer elle même d’un œil rapide. Je ne voulais pas paraître pour un forceur comme disait les jeunes. Surtout que je ne m’étais pas tant approcher que ça… Faire ce genre de chose était totalement contre mes principes, et surtout pouvait être très mal interprété sur son lieu de travail, surtout qu’il y avait une relation de hiérarchie entre nous. Cherchant une porte de sortie, je me contentais donc d’un :

« Et beh c’est pas encore pour aujourd’hui, on dirait que j’ai tout à revoir ! »

Je ricanais, un peu jaune certes, mais j’arrivais quand même à tourner ça dans l’autodérision. Haussant les sourcils, je lâchais mes parchemins pour les laisser tomber par terre. Passant ma main dans les cheveux, je l’observais de mes yeux bleus en faisant quelque gestes avec les bras pour dire simplement :

« C’est un moment assez gênant. Mais, bien sur que vous pourriez venir avec moi sans aucun problème. On reste collègue et… euh… voilà. »

Voilà. C’était un mot français qui signifiait qu’on avait plus rien a dire et qui n’existait que dans cette langue. Je l’avais appris lors de mes quelques conférences à Beaubâton. Observant Jade, puis le parc, puis la cabane, puis le Sombral, puis les parchemins, puis Jade.

« Je crois que je vais utiliser un des privilèges du Directeur, là, maintenant. Tout de suite. Ici même. Devant vous. Attention les yeux.. »

Je me retournais, oubliant bien évidemment les parchemins tellement j’étais gêné. Tournant une dernière fois la tête vers elle, je déclarais simplement :

« Excusez moi si je vous ai dérangé. Il y a eu méprise. Changez rien, restez comme vous êtes, et… changez rien. »

Je fis une mimique avec les mains encore nerveusement, puis l’instant suivant, je transplanais directement dans mon bureau, oubliant bien sur mes parchemins sur place.