Monster - ft. Glenn Yard

TW : mention sang, combat à mort

Le visage entièrement camouflé par une grande capuche, comme la majorité des Londoniens sous la pluie, Glenn avançait les mains dans les poches en se forçant à marcher plus lentement alors que chaque seconde qui passait lui semblait longue. S'il s'était toujours tenu prêt à récupérer @Klara Haukland un peu plus loin du pont, il avait dû graisser allègrement la pâte du geôlier qui soutient de sa mâchoire édentée, le laissant entrer dans la ruelle du Marché aux Trolls. Et visiblement, @Zoey Woods n'avait nullement édulcoré le décor sordide qui se présentaient sous ses yeux, bien que chaque hybride qui passaient sous ses yeux auraient dû avoir leur chance de vivre à l'air libre.

Arrachant un parchemin de son poteau, à moitié effrité par la pluie, Glenn lisait l'événement de chaque mardi soir dans les arènes sous terraine, partageait l'affiche avec ceux des duellistes hors pair un peu plus tard dans la semaine. Fronçant les sourcils en se demandant dans quel état il allait récupérer la soeur de @Sigrid Haukland , Glenn se frayait un chemin à travers la foule, rentrant rapidement par un portail défoncé avant d'être assourdi par les acclamations. Pourtant, sur chaque mur et chaque barrière qui séparaient le publique des opposants, il sentait le sang humain, ceux de créatures, sans qu'aucun d'eux ne soit soigné, laissé pour mort au milieu de vivants qui ne venait jouir que du spectacle.

Le lycan grogna silencieusement, se défaisant de cette colère et de l'exaltation qui soulevait l'arène. Mais alors qu'il cherchait les poings levés de Klara, ce fut un autre parfum qui lui fit tourner son regard sur la fosse, voyant ce que Yara était entrain de commettre, fraîchement parti du ministère. L'information lui était vite parvenue aux oreilles, bien qu'il saisissait que la nouvelle politique se détachait des lycans pour se tourner vers un problème de sécurité magique, Glenn n'arrivait pas à cerner la présence de la jeune femme dans les bas-fonds de Londres.

Il avait néanmoins suffit que leur regard se croise pour que Glenn eut le souffle court, observant le sang sur ses mains, le sien ou celui du sorcier à terre qu'elle surplombait comme la chasseur qu'elle avait toujours été. Et à cet instant la, le lycan tourna des talons. Alors que la foule en délire en redemandait, il avisa la créature qui servait visiblement d'arbitre, les deux baguettes posées devant lui. Et profitant alors d'un seul mouvement de foule, Glenn avait disparu, emportant celle de Yara avec lui.


Il n'était pas allé loin, probablement pour ne se donner que quelques secondes d'avance avant qu'elle ne remarque tout autant sa disparition. Mais au sein de ce marché aux Trolls, après avoir acceuilli @Braxton Clearwater chez eux durant quelques jours, après avoir mis un point d'honneur à arrêter la meute qui sévissait sur les plus jeunes, Glenn n'avait pas envie de voir Yara.
Il n'avait pas envie de la voir ici, ni même ailleurs et pourtant, il avait gardé sa baguette en main, vibrant avec la sienne dans une étrange cohésion. Il n'avait pas eu envie de la revoir malgré l'étrange pacte qu'ils avaient fini par sceller avec le langue de plombs.

"Au fond, t'a jamais eu besoin de ta baguette pour être ce que tu es."

Elle se pensait différentes des autres et elle l'était. Mais ces gènes en commun qu'elle avait partagé avec tous les loups qu'elle avait dépecé sur son chemin, devait forcément anéantir une partie d'elle, cachée derrière cette colère qu'elle expirait par le biais de tels combats. Mais ce n'était pas ce qu'il aurait voulu pour elle, pas avec cette véhémence dans ses yeux.

Il s'était arrêté dans une ruelle vide, à quelques mètres seulement de l'arène. Ce n'était pas la première fois qu’il lui prenait sa baguette avec bien plus d’aisance que voulu, comme si, tout comme lui quelque part, elle arrivait à s’en passer. Mais à la différence de lui, rien de ce qu'elle faisait ne tarissait cette haine qu'elle portait en elle, sur elle, certainement depuis le jour où elle avait échappé à sa première attaque.

Et il ne pouvait nier qu'il y pensait chaque jour depuis qu'elle était rentrée dans sa chambre. Et quelque part, ça en était presque irritant.

"Ce n’est pas toi que je cherchais, je pensais juste pas te trouver ici." Il s'était retourné, lui tendant sa baguette, comme s'il n'avait eu que l'envie de l'attirer en dehors de ce monde auquel elle n'aurait jamais dû appartenir. Savoir que #Klara y était certain soir était déjà une raison de le rendre nerveux, lui qui s'évertuait toujours de faire disparaitre les traces des allées et venues jusqu'au domaine. Mais savoir que elle y était aussi, avait quelque chose de plus troublant. Était-ce de la déception ? Avait-il ne serait que le droit de pouvoir espérer quoi que ce soit depuis?

Rien n'avait changé. Même en quittant ses fonctions au ministère, il voyait dans ses yeux que sa quête n'avait pas changé. Yara répondait avec violence à sa propre violence, juxtaposant le tout sans obtenir la moindre rédemption. Ils n'étaient pas si différents de ça, et c'était probablement la raison pour laquelle ils n'arrivaient pas à s'accorder, quelque soit l'époque. Quelque soit le temps entre chaque moment, c'était une douleur de la voir ainsi, bridée et brisée derrière ses apparences.

"J‘avais pas envie de te voir ici." Fronçant les sourcils, Glenn sentit un besoin irrépressible d'être honnête sur ce qu'il ressentait. Même si rien avait de sens. "J'avais vraiment pas envie de te voir faire ça Yara, je sais même pas ce que ça t'apporte." Il soupira, avisant les mains de la jeune femme dont il devinait les phalanges blessé au combat. Et ça l'étreignait de penser qu’elle se blessait volontairement dans ce genre de jeu dont il n'était pas adepte. Il ne s'était pourtant pas résigné, malgré tous les conseils d' @Ellie Yard pour le pousser à laisser tomber et à tourner le dos à la jeune femme. "Laisse-moi au moins soigner tes mains."

TW : mention sang, vulgarité.

Il fronça à peine les sourcils au ton employé, pourtant bien conscient que rien de ce qu’il dirait ni faisait à cet instant appelait à une quelconque accalmie entre eux. En permanence sur le qui vive, le lycan gardait un œil sur le moindre fait et geste de celle qui n’en avait que le gène récessif, mêlant surveillance et veille sur une notion où nulle raison n’avait de logique.

"C'était une plaie à regarder, je te rassure." Il l’avait néanmoins siffler, avouant parfaitement qu’il avait détourné du regard pour se priver d’une image qui n’était pas sans lui rappeler la violence des gestes qu’elle avait pu commettre sur d’innombrables lycans qui avaient croisé sa route. Pourtant à sa première réponse des plus calmes, il fut légèrement désarçonné, surprit par l’aveu d’un besoin tout comme elle ne lui avait jamais dit pourquoi elle était venue jusqu'à leur domaine le mois dernier. Elle ne demandait aucune compréhension, juste l’acceptation de ce qu’elle était et il n’osait se dire qu’elle évoluait elle-même dans des questions sans réponse.

Elle éclata alors sa frustration d’avoir été mis de côté alors que la nouvelle politique mis en place lui ôtait son plaisir personnel à réduire en cendre ceux qu’elle abhorrait méthodiquement depuis des années. Et pendant un instant, il se demanda ce qu’elle cherchait à lui dire en lui disant qu’il pouvait se rassurer de ne plus toucher au sien, simplement parce qu’elle n’en avait plus le droit. Estimant ne plus être une menace pour les autres, elle baignait dans un déni qui lui était à peine supportable de regarder et Glenn leva le menton, jaugeant la jeune femme pour la première fois.

Sa présence au Marché aux Trolls lui hérissaient les poils, de tous les lycans qu’il connaissaient et qui travaillaient ici, que ce soit @Zahra Jekyll qui aidaient incognito au dispensaire ou même @Zoey Woods qui protégeait à sa manière les siens, Yara était quelqu’un qui n’avait pas sa place. Etait-ce peut-être parce qu’il voulait lui offrir mieux que ses combats illégaux dans ces arènes? Qu’avait-il réellement à lui offrir quand elle refusait tout compromis, toute avancée sachant à quel point il en savait trop loin de l’autre?

"Tu aurais pu nous vendre au Ministère, mais tu ne l’as pas fais." La constatation était là et le loup fit un premier pas vers celle qui contribuait au secret des Yard sans le savoir. Elle savait pour  @Eugène Fogg  comme pour tous ceux qui portaient le nom des Yards et qui s'étaient établi dans les différentes institution. A Poudlard, comme à St Mangouste en passant par les bureaux où elle avait travaillé pendant des années avec une telle efficacité qu’elle aurait pu être promu et faire en sorte que les créatures magiques soient un danger pour ce secret magique. "Tu aurais pu faire une descente, invoquer le décret pour nous tuer à vue d’oeil. Tu aurais pu le faire quand je suis allé voir Iemanja, tu aurais pu faire un tas de choses pour nous compromettre et pourtant, tu as même déposé @Braxton Clearwater  devant chez nous en espérant peut-être qu’on le soigne."

Avançant encore un pas de plus, Glenn sentait son propre corps se réchauffait à mesure qu’il s'échauffait doucement contre celle qui avait déjà donné une partie de son énergie dans un combat à main nue.

"Je te demande pas de compte, je ne veux pas savoir pourquoi tu l’as fais. Mais est-ce que toi, tu sais pourquoi tu fais ça?" Il eut la violente envie de lui prendre des poignets et de lui montrer sous ses yeux à quel point elle devenait son propre martyre, à quel point il était même douloureux pour un lycan de voir le rejet qu’elle faisait d’elle-même en taisant à ce point sa propre nature, au point d’en perdre la raison, au point que lui, la perde à sa place. Pourtant, il refreinait ce geste, lui posant une question pour camoufler une réponse qui était évidente pour lui. "Pourquoi est-ce que toi, tu t’infliges ça?"

Il ouvrit alors ses mains, comme si la violence le démangeait au fur et à mesure qu’il sentait son odeur, masqué par le sang humain qu’elle versait comme pour se souvenir de ceux qui était comme elle.

"T’es pas différente de moi, c’est ça qui t’emmerde." Débloquant un langage qu’il ne pensait pas avoir avec elle un jour, ni avec qui que ce soit, Glenn commençait à perdre son calme, posant un premier cran dans une ruelle vide où il aurait pu la plaquer sans effort contre le mur. Mais pourquoi faire? Pourquoi avait-il cet entrain à la déloger de la case de Nemesis qu’elle avait depuis le début, sans même en être réellement une après tout ses actes manqués? "T’es incapable de me frapper. T’es incapable de nous faire du mal parce que tu sais notre nom, tu as vu nos visages, tu nous a vu sourire. Tu nous connais, on est plus des inconnus et ça te tue de comprendre qu’on peut être autre chose que violent alors tu tentes de l'être à notre place, c’est ça? Ou dis moi peut-être que je me trompe et que tu es juste trop lâche pour admettre de simples vérités?"

Serrant sa mâchoire et ses poings, Glenn souffla silencieusement alors que son loup appelait le sien, endormi depuis sa naissance et tapis sous une montagne de déni. Et tout aussi soudainement, il relâcha une pression, son visage s’adoucissant presque comme s’il demandait à ce qu’elle se saisisse d’impressions qu’elle cherchait à refouler.

"Je suis encore là parce que je t’ai dis que j’aurais un oeil sur toi. Et tu m'énerves à penser que ça veut rien dire. Tu m'énerves Yara, j’ai pas d’autres mots, tu es une putain d'épine dans le pied que j’aimerais bien m’enlever! Et tu sais ce qui est le pire? C’est que je pourrais pas te faire du mal alors que ça serait tellement la logique et la solution la plus facile à faire! " S’il écoutait les grognements de  @Haruka Yard  ou même d' @Ellie Yard , c'était la seule alternative à avoir quand il était le seul à croire. Il y croyait encore malgré tout, malgré les années qui défilaient. Elle l'énervait rien qu’en existant et il souffla une seconde fois en la dépassant, ne sachant quoi faire de ce qui bouillonnait, sans chercher à comprendre pourquoi il se tuait à la tâche de vouloir sauver quelqu’un qui se laissait dépérir. Peut-être parce que son père lui avait apprit à tout tenter pour ne laisser aucun loup derrière lui sans essayer, sans en ressentir le moindre regret. Pourtant, tout s’accumulait avec elle, l’air en devenant à chaque fois irrespirable quand elle était là.

"T’es contente?"

TW : mention sang, torture.

"Alors laisse-moi te soigner."

Laissant son ego de côté alors que les aveux se lisaient entre les lignes, Glenn observait un visage qui manquait de ces sourires et de ce soleil sous lequel il l'avait de temps en temps vu lorsqu'ils étaient à Poudlard. Alors qu'ils se poussaient mutuellement à vouloir être meilleur que l'autre déjà durant leur étude, il était indéniable de comprendre que chacun cherchait à imposer une certaine influence sur l'autre. L'ascendance était une notion inexistante dans l'équation de ce qui les représentait depuis de longues années, malgré le besoin compulsif de sa famille à vouloir comprendre et décortiquer ce que Yara représentait pour Glenn, au-delà même d'une simple ennemie chasseuse de lycan.

Il avait avancé vers elle, la fatigue pleinement visible dans un regard assombrit par le temps, ses mains pleines de sang couvrant des plaies qu'il devinait. À chaque pas, chaque fois qu'elle insistait pour venir si proche de son espace, Glenn avait l'impression de vriller avant de se centrer sur l'essentiel. Et à cet instant, il entendait et ressentait un mal qui l'érodait sans qu'il ne puisse la soulager. Désarçonné par une sincérité qu'il n'avait pas attendue, il fut brouillé par une chaleur dont il reconnaissait les prémices, son loup réagissant vivement à l'idée d'être si proche de Yara.

Sans en dire davantage, Glenn prit ses mains entre les siennes en arquant les sourcils. Aucun d'eux n'étaient tactiles, c'était un fait qu'il ressentait jusqu'au bout de ses doigts alors qu'il passait sa main au-dessus de la sienne, laissant une magie simple et sans baguette prendre le dessus. Bien qu'il n'en avait eu la théorie qu'avec le temps, Glenn sentait une onde le traverser avec suffisamment de puissance pour se passer de baguette pour la première fois, laissant une magie classique mais pure, la soigner. Son souffle se fit plus long, expirant ce besoin incompréhensible de prendre soin de celle qui aurait aimé lui arracher la tête sans y parvenir, sans même réfuter ses arguments. Parce que tout comme lui, c'était inexplicable, mais c'était un fait.

"Qu'importe à quoi ils pensent, ça ne change rien." Ouvertement et certainement pour la première fois, Glenn posait des mots sur ce ressenti qui l'étreignait à chaque fois que sa famille l'évoquait. Et tout comme il n'en avait rien à faire des acclamations des spectateurs venus passer le temps, le lycan ne cherchait qu'à suivre son instinct. Un instinct qui avait une part bestiale loin de convenir aux exigences que le père Yard avait laissées en les quittant, selon le reste de sa famille, laissant Glenn avec la pleine conscience que la moindre erreur le ferait mettre à dos une famille dévouée. Certains diraient que son altruisme allait trop loin, d’autres pensaient que Yara était une cause perdue d’avance. Mais combien de loups avaient été laissé pour compte sans la moindre attention pour finir par accumuler des mauvais choix sans aucune possibilité de rédemption? Yara n'était pourtant pas celle qui demandait le pardon à cet instant, elle ne demandait d’ailleurs rien et c'était une de ses forces d'être aussi indépendante.

"Mais c'est sûr qu'ils ne vont pas t'accueillir les bras grands ouverts. N’importe qui de censé t’enterrerait sans le moindre regret." D'un murmure presque plus doux, et presque plus moqueur, il retournait doucement ses mains, comme pour s'assurer qu'aucune autre cicatrice viendrait couvrir sa peau. Il n'était pas n’importe qui. Et elle n'avait nullement conscience de savoir comme ça l'écorchait de la voir se battre ici quand elle aurait pu se faire une autre place. Pour autant, il ne considérait pas le domaine comme d'une terre promise pour chacun quand d'autres lycans à l'instar de @Zoey Woods avait trouvé refuge ailleurs. Mais il semblait à présent évident que Yara cherchait une place pour l'autre moitié de sa vie, peut-être, était-ce une des raisons qui l’avait mené jusqu'à leur domaine cet été, sans oser assumer cette part de vérité qu’elle lui criait. Elle ne demandait pas à être acceptée au domaine, elle se cherchait juste alors que tout était devant elle. Dans ce déni qui l'éreintait avec le temps, Yara était pourtant toujours debout, ne manquant pourtant d’aucune énergie pour se battre, même si elle en avait les mains tremblantes.

"Est-ce que toi, tu sais, pourquoi tu es encore là?" Remontant le long de son bras, il observait les traits de son visage marqués par le récent combat, laissant ses yeux briller d’attention dans une ruelle vide et assombrit par la nuit tombée. Chaque seconde près de Yara était un supplice, autant par son odeur de louve refoulée que par cette énergie mise à contribution du mal incarné. Elle était de celle que toutes les meutes de la Grande-Bretagne voulait voir brûler comme une vulgaire sorcière sans même considérer la manière dont elle était arrivée à un tel extrême envers les siens. Déglutissant sous leur proximité devant laquelle il ne reculait pas, le loup observait la louve, l'ego des deux êtres baissés pour se parler librement. Calmant ainsi ses propres ardeurs alors qu’il n’avait nullement fini de parler, ni même de partir, Glenn observait Yara en la dépassant d’une petite tête. "Tu attends quoi de toi, depuis le début?" Parmi toutes les questions qui se fracassaient dans son esprit depuis qu’il l’avait rencontré, c'était une donnée qui lui échappait, tout en ayant l’impression de se retrouver une part de lui chez elle. Il avait saisi sa fuite depuis le Brésil, abandonnant les eaux chaudes et un soleil lumineux pour venir se moisir dans une misère qui alimentait un besoin de vengeance reporté sur les loups, sans aucune exception, sauf les Yards. Il avait compris que Iemanja connaissait aussi la nature profonde de Yara, acceptant quelque part une aide mutuelle, non pas pour veiller, ni protéger, mais pour assurer les arrières de chacun, contre la meute qui s'était saisie de leur ancienne vie.

Et plonger dans le déni d’une situation qui ne tarderait pas à lui échapper des mains, Yara s’adonnait à des combats perdus d’avance, à ses yeux, si elle persévérait à vouloir tout faire seule.

"Tu attends quoi, réellement, Yara?"

Sans le savoir, il était prêt à lui offrir bien plus que prévus.

C'était dans le silence qu'on trouvait les vérités, où il ne suffisait que d'écouter pour comprendre. Ecouter un souffle qui ralentissait pour reprendre un rythme modéré, voir plus lent au fur et à mesure qu’un coeur battant s’apaisait également. Glenn et Yara avaient cette particularité de se ressembler sur assez de points pour s’entraîner dans la même cadence l’un l’autre, dès lors qu’un seul des deux faisaient un pas. Ils pouvaient s’animer de la même fougue, de la même colère, puis de la même incompréhension avant que l’accalmie s’installait doucement, à l’instar des cendres d’un volcan qui serait rentré en éruption juste avant.

Par un “pourquoi” qui faisait écho à chacune de ses pensées, il ne reçut que la vague d’un parfum qu’il pouvait reconnaître dans n’importe quelle foule. Entre les arbres de la forêt de Wistman ou en pleine fête du village de Loustry, Yara était cet élément qui rythmait une vie. Et alors qu’elle se rapprochait de lui, saisissait à son tour chaque creux qui battait jusqu'à ses oreilles, emplissant ses sens, Glenn fut en alerte totale. Plus que des gestes qui l’avait rapproché d’elle, la jeune femme s’immisçait dans un environnement, le sien et l’en aurait probablement écarté si elle ne l’avait pas fait avant.

L’espace d’un instant, tout avait ralenti. Il en avait saisi le battement de ses cils jusqu’aux plis de ses lèvres bien trop proche. Sourd aux restes de la ruelle, il avait compris ce qu’elle lui disait sans même percevoir le son de sa voix qui s'était étouffé dans le vent, la laissant s'éloigner, quelques doigts se tendant en tentant de la retenir avant de se figer dans leur geste. Emportant sa chaleur avec elle, Yara lui disait quoi faire du reste de sa soirée, ébauchant quelques propositions comme si elle le connaissait que très bien.

"Ils ne sont pas tous égarés." Il ne croyait pas au hasard. Tout comme chaque loup qui hurlait à la lune, les histoires qu’on racontait au coin du feu expliquait que la providence coulait du ciel jusqu'à leur gêne. Comme si tout était écrit d’avance et qu’il suffisait de suivre cet instinct. Il prit place à quelques pas de la jeune femme, sans chercher à percevoir le reflet de ses yeux au gré des torches environnantes. ”Ils sont même souvent très têtus." Il en avait lâché un sourire, comme s’il prenait du recul sur tous les mois de “sauvetages” passés et des réhabilitations douloureuses. Pourtant certaines périodes étaient exténuantes alors que chaque Yard prenait à coeur de recadrer quelques nouveaux lycans qui tentaient de repartir sauvagement dans la nature. L’appel animal était fort pour tous ceux qui avaient fini par être mordus, la colère et la rage les emportant bien plus loin, effaçant potentiellement une humanité que les Yards tentaient de leur réapprendre.

Levant les genoux comme lorsqu’il s’installait sur un monticule de terre au domaine, Glenn encaissa la justesse d’un sol marqué par l’empreinte de nombreux hybrides.

”Je ne vois pas pourquoi tu penses que ça me fatigue, ni pourquoi je devrais partir maintenant." Pourtant, il aurait eu une dizaine de raison qui se bataillait dans la tête pour lui dire qu’il aurait bien mieux au domaine que dans une rue malfamée. Mais maintenant qu’il était là, qu’il l’avait mené loin de l’arène, il lui serait difficile de partir maintenant qu’il l’avait trouvé. Levant les yeux pour l’observer, posant presque confortablement ses bras par-dessus ses genoux, le lycan mesurait simplement sa réponse dont quelques mots lui venaient à l’esprit. ”Je suis censé croire que tu penses ne pas en valoir la peine?" Il entendait déjà sa voix cinglante lui dire qu’il pensait comme il voulait et que tout lui était égal à cet instant. Alors qu’elle s’emmurait avec ces bandages qui étaient à présent inutile, Glenn ouvrit sa veste pour en sortir une petite bouteille d’eau et bien qu’il l’avait réservé au cas où il aurait besoin de réveiller #Klara au détour d’une ruelle, il la lança vers Yara sans la prévenir, sachant que ses reflexes étaient aussi en point que les lycans actifs, vu combien elle s’entrainait pour vouloir les surpasser.

”Ce n'est pas empoisonné." Il le précisa, puisqu’elle avait refusé de prendre un whisky de trente ans d'âge la fois où elle était passée dans la cuisine des Yard. Détournant du regard, il soupira en regardant devant lui, humant des odeurs diverses en se demandant comment les lycans faisaient pour en faire abstraction, outre l’habitude. ”C'était quoi, ce que t’aimais bien faire avant de venir ici?" Et par ici, il était évident qu’il ne parlait pas de combats, ni des années de traque de lycans, mais de cette douce période qu’elle avait du passé, selon les dires de Iemanja, au Brésil. Si elle lui en avait voulu d’aller poser toutes ses questions à la cheffe de la colonie, comme s’il s'était adressé au mauvais interlocuteur au lieu de directement venir la voir, Glenn osait certainement franchir une ligne qu’il ne pensait pas faire un jour : vouloir apprendre à connaître un peu mieux son ennemie.

De toutes les raisons qu’elle lui donna, il n’en crut à aucune, certainement parce qu’elle parlait de lui sans même oser entrer dans le vif du sujet. Pourquoi étaient-ils là, sur le bord de ce trottoir à parler tout comme ils avaient pu le faire sur le bord de son lit, quelques mois auparavant? Était-ce une accalmie qui leur permettait de souffler avant de s’arracher et de se méprendre de nouveau? Il n’y avait pourtant aucune animosité, aucune volonté de nuire à l’autre, comme s’ils avaient instauré un cessez le feu. Il ne put cacher un léger sourire en soin alors qu’il la voyait, du coin de l’œil, ne pas se servir dans sa bouteille d’eau comme encore bien trop suspicieuse avant de soudainement se figer en sentant une onde le traverser.

Dans le silence le plus mélodieux, il se permit de fermer les yeux, laissant la vague de chaleur l'étreindre comme lors des jours d'été les plus chaud près des plages du Devon. Yara n’avait pas besoin d’expliquer ce souvenir qu’elle l’exprimait avec une violence en totale opposition avec tous ce qu’il avait pu voir d’elle jusque-là. Sans connaître la nature de ce qui rendait l’air chaleureux à cet instant, il sentait qu’elle se ramenait au Brésil là où elle avait sa place jusque là, là où elle serait certainement restée sans même que leur route ne se croise.

A cette pensée, Glenn se rendit compte qu’il en avait fermé les yeux, comme pour mieux se laisser envahir par un sentiment précieux qu’elle lui confiait. Sans parler, elle avait sa façon d’agir, sans même le dire, elle lui montrait un aspect de sa personnalité dont il se sentait presque honoré d'être témoin. Au-delà de la promesse qu’il lui avait faite, il avait, à cet instant là, envie d'être près d’elle le jour où son déni éclaterait en mille morceau pour l’empêcher de détester son propre reflet. Il n’avait pas mieux à faire, non, peut-être qu’elle aurait préféré que sa place soit ailleurs qu’ici, mais c'était là où il voulait être. A ce moment précis, il ne sut réellement pourquoi il avait l’impression de s’accorder avec elle.

Il n’avait jamais réellement pensé que Yara bouleverserait cette soirée. Il avait trouvé en elle, ce qu’il préférait le plus au monde, un sourire. De ceux qui aurait fait le meilleur des Patronus. Et par sa simple présence et une réminiscence qu’il pouvait toucher du bout des doigts, tant la louve qui s’ignorait exaltait d’une certaine passion, elle portait ce petit quelque chose qui lui manquait.

”Ca te convient, ce qu’on est jusque-là?"

Certaines vérités pouvaient être troublantes. Glenn comprenait progressivement que le simple mot “ennemi” n’avait de sens si l’un des deux partie n’existait pas. Mais avait-il réellement envie de la considérer ainsi, après qu’elle lui ait déposé Braxton aux portes de leur domaine, après tous ces petits aveux qui lui prouvaient que tout était bien plus complexe entre eux.

Baissant les yeux sur les mains de Yara, le lycan ne put que déglutir, essayant de comprendre pourquoi il éprouvait une nouvelle fois l’envie de l’effleurer et de la retenir. Si leur ego se réveillait à cet instant, ils se regarderaient chacun en chien de combat, prêts à se sauter à la gorge. Il aurait suffit du moindre geste de travers pour que tout s’accélère et que le contrôle leur échappe. Mais il ne se doutait pas un seul instant que c'était précisément à cet instant que tout lui échappait.

”Yara…" Il ne lui était donné que peu d’occasion pour l’appeler dans un murmure. Par cette parenthèse qu’ils s’accordaient sans le vouloir, Glenn préférait lui dire les faits sans tact. ”Tu me fatigues pas, tu m'éreintes." Pourtant dans de tels instants où ils arrivaient à être en phase, d'une certaine manière, tout lui semblait plus fluide. Il en fronça les sourcils, porté par une sensation qu'il ne chercha pas réellement à comprendre. La suivre et vouloir la dépasser était comme un surpassement de ses propres attentes avant de vouloir attendre un instant, volontairement pour la voir le dépasser de nouveau. Un courant continuel l'entraînait à vouloir faire au mieux, chaque jour, malgré les bâtons dans les roues que la société sorcière leur mettait. Malgré la silhouette de Yara qui oscillait entre les frontières d'un domaine qui pourrait un jour être sa place, si elle le voulait. ”Et j'ai presque envie de t'en demander plus si ça te permet d'être bien, mieux ou heureuse, qu'importe comment tu appelles ça." La logique le quittait au profit d'un instinct bien plus fort, bien plus sûr et pourtant, l'aveu lui serra la gorge dans un murmure.”Tu sais déjà ce que je veux, j'attends juste que tu sois prête."

Il en avait relâché une partie de la pression qui s'était accumulé l’espace d’un instant, bougeant de la ligne du trottoir pour se rapprocher d’elle. Lui avouant qu’il n'était pas adepte des routes séparées, il cherchait à lui faire comprendre qu’il appréciait la croiser. Bien qu’elle mettait tout un monde dans le désordre en partant.