Monster - ft. Glenn Yard

Rien ne put s’empêcher de sourire alors qu’elle venait, seule, à la conclusion qu’il lui offrirait une place au domaine. Par un “on” dont il n’avait mesuré son emploi à cet instant là, il la voyait tenter de reprendre une constance à travers une colère qui lui ressemblait peu. Il y avait ce voile indescriptible qui teintait sa voix et son regard, en plus d’un souffle à travers chaque explication où elle lui demandait d’affronter la vérité en face.

Il la regardait.

Pendant un instant, il crut même saisir des mots qui auraient sonné comme des compliments comme sa gentillesse et sa patience avant de se rendre compte qu’elle rejetait chacun de ses qualificatifs comme inutile face à elle. Pourtant, elle s'était rapprochée à son tour, soupirant et presque lasse de cette discussion qui n’avait aucun sens. Deux ennemis n’avaient pas à fraterniser, ils auraient pu sortir de la bouche de sa sœur #Ellie alors que Glenn ne l’avait pas vu ainsi. Si Yara était la Némésis des Yards, il ne la voyait pas ainsi et plus il la regardait, plus il entendait sa respiration, plus il se rapprochait d’elle.

Quelque part, tout s’accélérait. Près de quinze ans après s'être tenu tête dans cette salle de classe, le loup se rendait compte qu’ils cheminaient ensemble, inéluctablement. Sa tempe frôla la sienne alors que sous un corps humain, Glenn vacillait doucement vers celle qu’il avait entraperçu comme une Alpha. Pendant un instant, il en ferma les yeux, ne se souciant de savoir pourquoi sa phrase faisait un écho à ses propres pensées. Pourquoi croire ? Pourquoi essayer encore et encore? Pourquoi aucun d’eux ne baissait les bras ?

Son parfum s’insinuait alors qu’il sentait sa chaleur se décupler tout aussi soudainement, comme une simple réaction à sa présence proche. S’il s'était tenu éloigné à chaque instant où il ressentait cet effet, sans reconnaître la raison. Était-ce un appel d’un loup à un autre tentant de sauver l’autre de l’ensevelissement évident? Sans le moindre contrôle de ses mouvements, Glenn dégageait une mèche de ses cheveux, soulevant des martèlements à chaque effluve de son essence. S’il connaissait le parfum des cotes brésiliennes, il en aurait reconnut des souvenirs, de ceux qu’elle avait pu avoir et qui avait apaiser son être quelques instants auparavant, assez pour le troubler maintenant.

Il n’y croyait pas, une vérité s'était déjà installée sans qu’il n’y prenne garde.

Effleurant sa joue, son souffle se coupa instantanément, se penchant doucement vers elle, bercé par coeur qui se désaxait dès lors qu’elle était là, trouvant ses iris dorés sans savoir comment penser. Un “on” qui n’avait aucun sens et qui pourtant, prenait la forme d’un élan irrépressible, là où Yara était bien au delà qu’une terrible chasseuse. On pensait à tort qu’un loup hurlait à la lune alors que son chant était là pour rassembler force et courage au reste de sa meute. Elle était un appel à la famille et cette joie soudaine et intense qu’il ressentait lorsqu’il entendait ses pairs autour de lui, vibrer de la même émotion, il crut un instant la ressentir avec Yara. Glenn s’emballa rapidement, parcourant l’idée qu’elle ait penser avoir une chambre au domaine, l’image nette de sa silhouette dans sa propre chambre se juxtaposant à l'étreinte physique qui le fit frissonner un instant.

Une main qui, finissant de remplacer une mèche, caressait sa joue comme un acte manqué depuis tant d’années avant de glisser sur la ligne de sa mâchoire. A l’aube d’un moment qui s'échappait de sa propre volonté, Glenn se laissait guider, écoutant cette partie de lui qui avait toujours voulu la proximité évidente de l’autre louve. Et il en apercevait un monde dont il n’avait pas prit conscience de sa portée jusque-là.

Ce fut pourtant un éclat de rire non loin d'eux qui le surprit, le poussant à enlever sa main et à se détacher brusquement d’elle. Attentif à tous ce qu’elle libérait à coté de lui, il n’avait pris garde au temps, aux passants et encore moins à sa couverture alors qu’il n’avait pas à se trouver ici. Pendant un instant, il l’observa, presque un peu incrédule d’avoir soudainement écouté un instinct proche d’une pulsion et qui n’avait sa place dans un “on”. Il en avait entrouvert les lèvres, se rendant compte à quel point il avait été proche d’une tentation qu’il ne voulait pas mesurer. Détournant son regard, prit de court par ce qu’il préférait ne pas comprendre, Glenn se leva du trottoir en se demandant durant un quart de seconde s’il n’aurait pas été mieux qu’ils ne se recroisent pas, comme elle l’avait prévenu il y a quelques mois.

”Tant mieux si ça te convient."

Sans prendre la peine de se râcler la gorge alors qu’elle lui serrait, le lycan observait les issues, dont l’une de celle pouvait potentiellement le conduire à la raison première de sa présence ici. Si Yara avait envie d'être plus buté que lui, il lui laissait croire ce qu’elle voulait, bien qu’il savait que ses propres évidences prêtaient allégeance ailleurs. Tentant de respirer autre chose que son parfum, Glenn s'était très largement fermé, bien loin de l’attitude qu’il avait eu, si proche de ses lèvres. Il n’avait pas envie d’y penser, pas alors qu’il lui avait laissé entrevoir un instant qui détonnait de tous ce qu’il était censé être quand elle était là.

Si Yara avait arrêté la chasse, il ne pensait pas moins qu’elle ne cessait de laisser sa haine s’accumuler jusqu'à ce qu’un jour, son corps et son esprit ne seraient plus capable de supporter le poids d’un tel déni. Il lui avait dit qu’il serait là lorsqu’elle serait prête, c'était à présent probablement à elle de faire le premier pas vers une rédemption.

Pendant un instant, jugeant presque qu’il était temps de poser encore plus de distance alors que tout l’appelait à poser sa main sur son bras, pour la retenir d’on ne sait quoi, Glenn évacua ce trouble en faisant quelques pas en arrière, levant ses yeux bleus vers elle.

”Je suppose qu’on aura plus l’occasion de se croiser." N’avait-elle pas insinué qu’elle ne chasserait plus impunément et qu’elle ne s’en prendrait qu'à des lycans dument réputés pour être dangereux, tout comme pouvait l'être certains sorciers se tournant vers la magie noire? Bien que seul restait #Brax comme dénominateur commun, il était certain qu’elle ne chercherait pas à établir le moindre contact, puisqu’il ne le ferait pas non plus.

Son problème n'était pas la patience. Son problème relevait de quelque chose de bien plus étrange qui s’insinuait et qui n’avait aucune issue à cet instant. Et quand un “prend soin de toi” aurait été déplacé, Glenn préférait simplement se détourner d’elle, respectant la volonté actuelle de ne laisser personne revoir cette partie d’elle dont il se souviendrait encore longtemps.

”Penses ce que tu veux Yara, il y a des promesses qui ne changeront pas."

”Parce que tu veux venir."

Si la question aurait pu être soufflé, sa venue au domaine le mois dernier semblait avoir soudainement bien plus de sens, bien que l'affirmation le prenait à présent au dépourvue. Après tout, n'était-ce pas parce qu'elle ne pouvait l'avouer à haute voix qu'elle détournait ses questions à chaque fois?
Pourtant dans chacune de ses réponses et regards fuyants, elle lui posait tous les interdits qu'apportait sa venue jusqu'au domaine. Le rejet d'elle-même par les autres, sans même encore percuté à quel point elle était la seule à le faire.

”Je ne changerais pas la manière de penser de ma famille, elle le fait seule." C'était peut-être là la grande différence avec d'autres mesures, bien que de nombreuses familles fonctionnaient au travers des mêmes valeurs. Les Yards avaient tous leur mot à dire, bien que la décision lui revenait, Glenn tenait à ce que chaque arrivée soit pleinement accepté par la majorité de la famille. Si Yara voulait faire des preuves, elle seule savait comment s'y prendre si elle le désirait réellement. Il lui avait bien assez dit qu'il attendrait qu'elle soit prête.

Alors qu'elle lui tournait le dos, ne lui montrant un regard où il aurait pu y lire bien plus que des mots qui le contredisaient de toute part, la jeune femme lui faisait germer de plus en plus de questions. Maintenant qu'il savait pourquoi elle était venue jusqu'aux portes du domaine, il se demandait à présent pourquoi elle voulait être acceuilli. Et tandis qu'il la voyait comme une énigme à elle seule, Glenn fut de nouveau déstabiliser par sa silhouette devant lui. Envisageait-il réellement de la revoir un jour sur ses terres?

”Encore un peu et on croirait que tu as peur de nous. Personne ne tue sur mes terres." Telle une règle absolue, c'était une règle qu'il avait gardé de son père. Aucun sang de lycan ne coulerait le long des sillons, bien que petit, il était le premier à en avoir fait le thème de tous ses cauchemars. Et si Yara optait en cette faveur, il était presque certain qu'il s'agissait là d'un pas conséquent, bien qu'il entendait déjà Ellie hurler de la cuisine. Pourtant, Glenn était prêt à lui donner une seconde chance, la même qu'il lui tendait depuis des mois. ”Si tu y viens avec moi, tu ne craindrais rien."

Sonnant comme une seconde promesse, le lycan l'avait murmuré à son encontre, tournant à peine sa tête par dessus son épaule. La condition était la, qu'elle l'accompagne et qu'elle puisse se saisir de cette main tendue depuis le début, dans la simple invitation à comprendre qui ils étaient au-dela des théories qu'on lisait dans chaque livre de défense contre les forces de la magie ou des actes de lycans barbares avaient véhiculés ces derniers temps.

”Tu nous verras comme on est, réellement. Si tu viens, tu pourras voir de tes propres yeux qu'on est différent de ce que tu penses." Et bien qu'encore, il ignorait comment elle pensait à cet instant, Glenn ne pouvait s'empêcher de se sentir troublé à l'idée qu'une promesse de quinze ans prenait une réalité bien différente de ce qu'il avait pensé. Sans vouloir la pousser davantage dans ses retranchements malgré l'aveu silencieux qu'elle lui avait glissé, le lycan ne saurait nullement la convaincre avec des mots quand il était bien plus doué dans ses actes.

”On te montrera." Il lui prouverait, tout comme pour Iemanja, qu'il n'était pas là pour creuser un fossé entre les sorciers et les lycans. ”Je te montrerais."

Elle avait vu de lui un sorcier studieux à Poudlard, prêt à tout pour repousser la barre toujours plus haut pour viser les majors de promotion. Elle avait vu ce lycan qui en poursuivait un autre, pour finir par ôter la vie d'un louveteau enragé sous ses yeux. Dans tous ses phases où le calme oscillait avec la part animale pleinement acquise de l'alpha des Yards, Yara n'avait jamais tenté de voir celle où les deux entités ses conscillaient sur leur terre. Là où la liberté leur permettait d'etre eux-mêmes, comme des loups pourraient l'être en meute.

”Yara." Marquant une pause, cherchant ses mots, Glenn fronça légèrement les sourcils en regardant la paume de ses mains qui le brûlait encore par sa caresse. Il aurait été inutile de nier qu'elle avait déjà sa place au domaine, sans pour autant s'avouer qu'il attendait qu'elle vienne. Mais quelque part, en la voyant dans sa chambre, il trouvait que l'endroit lui convenait bien, assez pour être calme et vibrer d'une plus belle aura parmis les loups. Elle savait déjà leur promesse, maudite si on la comprenait mal, et pourtant elle les liait avec autant de puissance qu'un sortilège de fidelitas. Il en lâcha un soupir, presque un peu irrité, sans comprendre qu'il ne l'était simplement parce qu'elle lui tournait le dos.

”Je dois te faire une demande pour que tu le comprennes?" Le lycan s'était tourné vers elle, se confrontant de nouveau à celle qui semblait être la seule à le faire passer d'un état à un autre en une fraction de seconde. Il lui suffisait pourtant de sentir de nouveau ce parfum si particulier pour calmer cette ardeur et la remplacer par une autre. ”Tu me rends fou, je sais pas si tu te rends compte à quel point ça me tue de faire un pas vers toi et à chaque fois, ne vouloir en faire qu'un autre." Abandonnant la logique qui lui dictait de faire exactement ce à quoi tout le monde s'attendait, il lui prit le bras pour la tourner sur elle-même afin qu'elle le confronte de ses grands yeux. Le marché aux Trolls n'avait pas besoin d'un soleil couchant pour que celui-ci se reflète dans ses iris.

Et sans la moindre retenue, Glenn transplana avec elle, devant le domaine des Yards.