Watch me crawl

Zion ne l'avait pas loupé celle-là. Mais une chose était sûre, c'était qu'il ne regrettait pas son geste à l'égard de Brian Spencer après que ce dernier ait tenté de s'en prendre à lui. Bien sûr, la réaction du Serpentard était totalement logique, mais pour Zion, il était allé trop loin en insultant les siens et en crachant sur sa culture de la sorte (vaudou). La colère de Brian avait parlé, plongeant Zion dans une espèce de transe qui lui avait valu de sauter sur le Serpentard pour le frapper comme un démon.

Le arresto momento du concierge avait suffi à mettre fin à cette bagarre, mais la suite fut plus compliqué lorsque ce dernier l'amena au bureau du nouveau directeur de Gryffondor pour le mettre au courant. Ce dernier ne put rien faire pour arranger cela sinon en lui mettant une retenue et en envoyant un courrier à sa grand-mère.

Par chance, lorsque Chinenye demanda des explications à Zion, avec son regard assassin et son verbe aussi tranchant qu'une lame sortant des forges Grimm, elle se calma instantanément lorsque son petit-fils lui expliqua la raison de cette bagarre. Se drapant dans un silence digne, elle lui avait baisé le front avant de disparaître dans un mélange de tissus et de magie.

Cependant, il devait toujours purger sa retenue, mais ça, ça serait le mardi d'après.


(...)

Armé d'un torchon et de plusieurs bouteilles de produits d'entretien, Zion était assis dans la galerie des armures. Astiquant le métal d'une épaulière tout en marmonnant dans sa barbe tout un tas de malédictions sur Brian ou encore le concierge, le Gryffondor se retrouvait à devoir purger sa retenue en dépoussiérant les armures de l'école.

Ici, il n'y avait pas une âme qui vive. De temps en temps, il croisait un chat ou une souris quand ce n'était pas un fantôme qui traversait les murs, l'air rêveur, sans même se rendre compte de la présence du Gryffondor.

Zion n'avait aucune prise sur le temps. Ses mains lui faisaient mal et il luttait contre le sommeil. Il n'était que 22h pourtant. Mais l'entrainement de Quidditch l'avait mis sur les rotules. Ne pouvant compter sur sa motivation et son enthousiasme pour se donner suffisamment l'envie de venir à bout de cette tâche, Zion était en train de se dire qu'il allait y passer la nuit à ce compte-là lorsque tout à coup, il entendit le bruit d'un rire mauvais au loin, dans la galerie.

Fronçant les sourcils en tendant machinalement son cou vers le couloir, Zion ne vit rien d'inhabituel. Les armures siégeaient toujours sur leur socle de pierre que les rayons de lune éclairaient doucement. Zion haussa les épaules avant de se recentrer sur sa tâche lorsque tout à coup...

BOOM !

Zion sursauta. De peur, il jeta le chiffon et fit tomber le produit qui s'écoulait déjà sur le sol.

« - Merde ! »

Le Gryffondor reprit le torchon pour éponger le liquide, mais un autre bruit assourdissant retentit. Couvert d'une sueur froide, Zion finit par se lever tout en sortant sa baguette magique. La peur s'insinuait peu à peu en lui malgré lui.

Aussitôt, Zion entendit les cliquetis d'une armure qui se mettait en marche. Puis une autre. À la lueur de la lune, il vit que le fer brillait d'un bel éclat blanc dévoilant alors leur attitude menaçante alors qu'elles s'approchaient de Zion. Hallebardes prêtes à frapper, Zion se mit à reculer machinalement, baguette tendue devant lui sans trop savoir quoi faire.

Peeves apparut au-dessus de sa tête, puis dans un éclat de rire, il plongea dans une autre armure qui commençait déjà à s'animer. Sans attendre, Zion se mit à courir comme si les chiens de Kalfu ou du Baron Samedi étaient à ses trousses.

Mais l'instant d'après, il trébucha dans un pli du tapis et se vautra comme un veracrasse. Lorsque Zion se retourna, il vit une hallebarde qui se levait devant lui...

MADE BY @ICE AND FIRE.

ft. @Zion Webb


Tout sonnait juste dans sa récente nomination en tant que préfète de Serpentard. C’était à croire que Siobhán avait toujours été pré-destinée à devenir cette version d’elle-même. Comme si sa vie prenait un tournant évident. Foncièrement logique.

Et si ces nouvelles responsabilités venaient avec leur lot d’avantages — parmi lesquels le pouvoir suprême de punir ceux qui ne respectaient pas le règlement — on ne pouvait nier l’existence d’une ombre au tableau.

Siobhán avait été nommée préfète de Serpentard quelques semaines après l’arrivée de @Luke Korrigan au poste de directeur de Poudlard. Nombre de rumeurs circulaient sur le manque de clairvoyance de l’ancien professeur de métamorphose, surtout après que @Morana Cynfeirdd a obtenu le poste vacant laissé par @Amaranth Mapleleaf.

Mais là n’était même pas le fond problème.

Le nouveau rôle de Siobhán impliquait une hiérarchie. Être sous les ordres de son père était  une habitude depuis qu’elle était née. Mais le voir à la tête de l’une des plus grandes écoles de sorcellerie à travers le monde était peut-être la goutte d’eau de trop, celle qui menaçait de faire déborder le vase. Heureusement, la jeune Irlandaise était réputée pour sa grande patience, lorsqu’il s’agissait de Luke. C’était un de ses plus gros points communs avec @Maeve Cynfeirdd.

Ce tempérament, particulièrement tolérant avec le Korrigan, l’avait poussée à répondre un simple « Oui » quand il lui avait demandé pour la dixième fois d’aller jeter un œil à cet étudiant de Gryffondor qu’il avait mis en retenue pour une tentative d’assassinat sur l’un de ses collègues vert-et-argent, selon ses propres dires. Et oui / si vous vous posiez encore la question, le nouveau directeur de Poudlard avait tendance à légèrement exagérer.

Car si c’était réellement le cas, alors le jeune homme serait sûrement en train de purger sa peine à Azkaban, plutôt que dans la galerie des armures.

C’était vers cette pièce du quatrième étage que Siobhán se dirigeait. Elle s’y rendait sans l’envie de faire savoir à l’étudiant qu’il était surveillé pendant sa retenue. Encore moins par l’une de ses semblables. Siobhán était à cheval sur le règlement, mais bien loin d’être un tyran, elle usa de ce sortilège qu’elle avait maintes et maintes fois répété pour rejoindre @Edel Almadovar dans son dortoir, à la nuit tombée. En plus de lui permettre d’être discrète, c’était aussi un moyen pour elle de parfaire son exécution.

Chez les Korrigan, l’excellente était une préoccupation de tous les instants.

Ou peut-être était-ce seulement Siobhán.

Quoiqu’il en soit, elle était désormais aux premières loges, accroupie, concentrée et protégée par son sortilège de désillusion qui la rendait presque imperceptible aux yeux du commun des mortels.

Sa quasi invisibilité ne l’empêchait pas de voir très clair dans le jeu de ceux qui l’avaient été un jour, mortels, et qui ne l’étaient plus à présent. Jusqu’au jour où, dans leur mort, ils s’étaient eux-mêmes donné l’autorisation de tourmenter ceux qui les avaient remplacés dans le monde des vivants.

Alors, depuis qu’elle avait entendu le rire de Peeves, la première fois, Siobhán était sur le qui-vive, désireuse de contrecarrer ses plans sans se faire remarquer, tout en gardant un œil bienveillant sur celui qu’elle était censée surveiller. Mais c’était bien l’esprit farceur qui la préoccupait, beaucoup plus que l’élève qui semblait prompt à exécuter dignement ce qui lui avait été demandé.

Car chaque note de ce rire était annonciatrice d’un mauvais coup à venir.

Et la sentence ne tarda pas à tomber, à quelques centimètres du visage du Gryffondor. Là où se tenait une hallebarde aiguisée, vieille de plusieurs centaines d’années.

Tant pis pour la discrétion.

Siobhán ne réfléchit pas longtemps avant de surgir de nulle part. Ses longs cheveux roux, attachés à la va-vite, se reflétaient déjà dans les armures d’argent endormies.

« Expelliarmus ! », lança-t-elle en direction de l’arme, menaçante.

Contrairement aux baguettes magiques de bois qui virevoltaient dans l’air sous l’effet du sortilège, la lame en acier vint s’écraser bruyamment sur le sol. Siobhán s’était désormais placée entre l’armure animée qui la toisait de toute sa hauteur, et le sorcier au sol. Elle attrapa la hallebarde et la pointa vers Peeves.

« Tu as vu, ça ? », demanda-t-elle au défunt, les sourcils froncés, en montrant le blason de Serpentard affiché sur sa robe de sorcière en même temps qu’elle gardait l’arme braquée sur lui. « Ça veut dire que je connais très bien le Baron Sanglant. Je suis sûre qu’il serait absolument ravi de pouvoir manier à nouveau ce genre d’instrument. T’en penses quoi, Peeves ? Allez, va voir ailleurs si on y est et profites-en pour tourmenter quelqu’un d’autre. »

Sans même prendre la peine de regarder si ses menaces avaient eu l’effet escompté, Siobhán s’appuya sur la hampe en bois et se retourna vers l’étudiant qu’elle avait déjà croisé, sans pour autant savoir le nommer avec certitude. Son ton s’était radouci.

« Apparemment, il n’avait rien de mieux à faire que de venir t’embêter ce soir. Je suis désolée que ça soit tombé sur toi… », commença-t-elle.

Une main hésitante se tendit vers lui pour l’aider à se relever.

Siobhán contenait ses charmes par habitude désormais — presque par réflexe lorsqu’elle se trouvait en face à face avec un homme. Mais les vestiges du passé se montraient parfois solides et elle ne pouvait contenir une pointe de crainte quelque part en elle, masqué par un sourire sincère qui se dessinait sur son visage.

« Tu ne t’es pas blessé au moins ? », ajouta-t-elle en pinçant légèrement les lèvres.

C’était sa première préoccupation, avant même de penser à se présenter.

Un éclair rouge vint percuter avec force la lame qui s'approchait dangereusement de la tête de Zion, qui, comme un animal surpris par les phares d'une voiture, était resté tétaniser devant ce qui semblait être un aller simple pour le dernier voyage.

L'hallebarde avait quitté les mains de pierre de la statue pour s'écraser un peu plus loin, tombant lourdement sur le sol. Zion cligna des yeux plusieurs fois avant de comprendre ce qui était en train de se passer devant lui. Quelqu'un venait d'entrer dans la pièce, probablement alerté par le boucan qu'avaient fait les armures lorsqu'elles s'étaient mises à s'animer sous l'impulsion macabre de l'esprit frappeur.

Zion ne tarda pas à rouler sur lui-même avant de se redresser tant bien que mal pour voir la préfète de Serpentard, baguette magique au poing, en train de menacer Peeves. Le souffle toujours saccadé, son cœur battant à tout rompre dans sa poitrine, Zion avait machinalement pris sa baguette magique, plus par réflexe que par une réelle intention de sa part de s'en servir.

Siobhán Gavalagh-Korrigan-Almadovar menaçait Peeves d'aller tout raconter au Baron Sanglant. L'esprit frappeur blêmit au nom de son bourreau avant de finalement lui tirer la langue et de s'enfuir dans une galipette obscène dans les étages du dessus. Aussitôt, les armures s'animèrent, secouant leur tête alors qu'elles reprenaient le contrôler de leur corps, pour rejoindre leur socle, dans l'attente des bons soins que devait leur prodiguer Zion, armé de ses torchons, de son huile de coude et de ce qu'il restait des produits d'entretien.

« - Je le déteste. » Maugréa Zion, sur ses genoux.

Sur son visage, on voyait de la colère, de la honte et un soupçon de haine qui lui allaient plutôt bien. Mais très vite, cela se dissipa pour laisser place une espèce d'inquiétude.

Le Gryffondor saisit la main de la Serpentard. Zion sentit une espèce d'étincelle au bout de ses doigts alors qu'il se redressait tant bien que mal grâce à l'aide de la préfète.

« - Je... C'est pas grave. » Murmura Zion, alors qu'il reprenait peu à peu le contrôle de sa respiration.

L'ombre d'un sourire niais commençait à se dessiner sur son visage solaire lorsque Siobhán lui demanda s'il n'avait rien de casser.

« - Tu m'as littéralement sauvé la vie. Mais ça va, j'ai rien. » Répondit Zion, qui commençait à comprendre ce qui venait de se passer. Il aurait pu mourir ce soir. L'esprit frappeur était dangereux. Si les rares fois où Zion l'avait croisé dans les couloirs, il avait pu user du sortilège d'ectoplasmus pour le forcer à décamper, jamais il ne s'était rendu compte à quel point il pouvait être dangereux pour les étudiants de le croiser de nuit.

Déglutissant péniblement, Zion tapota ses affaires pour tenter de soigner son apparence froissée due à ce qu'il venait de se passer. L'or et le rouge de son insigne scintillèrent un bref moment à la lueur de lune.

« - Je devais les nettoyer. »

Pas besoin d'en dire plus pour que Siobhán comprenne qu'il était en retenue.

« - Mais bon, j'ai plus trop envie, tout de suite. » Ajouta-t-il, dans un sourire.

« - Une chance que tu... »

Un sourire espiègle vint se dessiner sur ses lèvres.

« - Qu'est-ce qu'une Serpentard fait aussi loin des cachots en dehors de... »

Il voulut désigner son insigne d'un mouvement de tête avant de poser son regard sur l'insigne des préfets de la maison Serpentard.

« - Euh... Oublie. » Fit-il, l'air gêné. « En tout cas, t'es loin d'être un cageot, si tu veux mon avis. » Ajouta-t-il, malgré lui, sans même se rendre compte de ce qu'il disait. L'adrénaline fuyant ses veines, le charme vélane semblait peu à peu lui délier la langue...

MADE BY @ICE AND FIRE.

ft. @Zion Webb

Quand Peeves eut quitté les lieux comme le prince des fantômes de Poudlard qu'il pensait être, la salle fut plongée un instant dans un silence profond, presque surprenant après tout ce grabuge. Si Siobhán ne portait pas l'esprit frappeur dans son cœur, il semblait que l'étudiant lui vouait désormais une colère sans nom. Les traits de son visage, doux et enfantins, étaient tordus par l'aigreur née de ces mauvais coups tout juste passés.

Ceux de Siobhán se firent alors plus tendres et compatissants.

« Tu sais quoi », commença-t-elle avec assurance, prête à en découdre pour venger le Gryffondor. « Je ne comprends pas que personne n'ait encore réfléchi à un plan pour lui rendre la mornille de s... »,

La fin de sa phrase s'était évanouie sur ses lèvres, sans trop comprendre au départ d'où lui venait cette chaleur curieuse échangée au creux de leurs paumes. Il lui arrivait parfois d'oublier la nature du sang qui courrait dans ses veines, pourtant si souvent pointé du doigt ces derniers mois. Puis, par réflexe, la demie-vélane s'éloigna en se rapprochant d'une des statues qui manqua de lui tomber dessus. Tout ça par peur que le moindre contact ne soit de trop.

« Désolée », dit-elle simplement.

Il ne comprendrait probablement pas pourquoi elle s'excusait. Mais avec un peu de chance, il penserait qu'elle s'adressait à la statue. Quitte à passer pour une folle ou une écervelée. Il ne serait peut-être pas le premier à le penser.

Il fallait dire que Siobhán s'était relativement bien habituée, ces derniers temps, à être entourée d'hommes insensibles à son envoûtement : entre @Xris Andērson, @Edel Almadovar ou même @Sheraz Mahal, la plupart de ses amis proches se moquaient bien de ce qu'elle était, ce qui la poussait indirectement à se reposer sur ses acquis, oubliant parfois l'utilité de pouvoir contrôler ce qu'elle était.

Sentir les effets de son don se manifester avait toujours tendance à la pousser à fuir, de prime abord. C'était toujours le même schéma qui se répétait. Mais elle ne pouvait plus se cantonner à ça. Fuir était la solution préférée des lâches. Et jusqu'à preuve du contraire, Siobhán ne s'était jamais considérée comme telle. Peut-être cette situation pouvait-elle être perçue comme un test pour voir si elle était bien capable maîtriser ses charmes. Ce ne serait pas @Saúl Ochoa-Reyes qui chercherait à l'en dissuader. Ni @Edel Almadovar, qui était le premier à l'encourager jusqu'à frôler ses limites, pour mieux les comprendre puis les outrepasser. Et se surpasser.

« Je n'ai rien fait, j'étais juste là au bon moment, c'st tout... », répondit-elle simplement en contenant frénétiquement toute la chaleur à l'intérieur, oubliant sur le moment son parfum qui continuait de se répandre à foison autour d'elle. « Et puis, même si je suis une Serpentard, tu aurais probablement fait la même chose pour moi. Enfin... J'espère. »

Si elle avait pensé bien s'en tirer jusqu'ici, le Gryffondor avait ce sourire de pantin qui lui rappelait que tout en elle était un appel à indécence, à commencer par ces effluves de rose qui s'échappaient de sa nuque et de ses vêtements, imprégnés de son odeur. Faisant un pas en arrière, l'Irlandaise baissa la tête pour également diminuer l'influence de son regard azuré.

Regard, odeur, contact. Ne restait plus qu'à reprendre le contrôle de sa voix, naturellement enchanteresse selon les tonalités qu'elle prenait.

Mais ça, c'était déjà beaucoup plus difficile.

Pourtant, en entendant le jeune homme parler de cageot, la tâche aurait pu probablement paraître plus facile, ramenant sur le devant de la scène l'amer souvenir de sa dernière dispute avec @Michel-Ange Grimm. Ses sourcils se froncèrent naturellement, jusqu'à ce qu'elle comprenne que le Gryffondor en face d'elle était @Zion Webb, le fameux élève devant qui le Poufsouffle l'avait insultée avec toute la délicatesse dont il était capable. Instinctivement, elle souffla du nez, un sourire tinté d'ironie se dessinant sur son visage.

« J'y crois pas. Je... »

Incapable de voir un compliment quand elle en voyait un, et encore moins d'y répondre, la jeune femme ne savait plus sur quel pied danser. Mal à l'aise, elle devait occuper ses mains au plus vite.

« Je vais t'aider à finir ce que tu as commencé », décida-t-elle pour détourner l'attention de Zion et focaliser la sienne sur une tâche précise, sans vraiment savoir si ses expérimentations fonctionneraient ou non.

Une fois n'était pas coutume, son père n'approuverait pas sa décision quand il apprendrait qu'elle avait aidé un presque meurtrier à alléger sa peine. Mais à dire vrai, Siobhán s'en fichait. @Luke Korrigan était le premier à dire que les siens étaient plutôt du genre à faire ce qu'ils et elles voulaient, avant même de s'intéresser à ce qu'on leur demandait. Il était temps de mettre à profit la liberté souveraine qui caractérisait naturellement les femmes de sa famille.

D'un coup de baguette, Siobhán fit venir à elle tout le nécessaire au nettoyage des armures, sans se rendre compte tout de suite qu'il n'y avait qu'un seul chiffon pour deux. Loin d'attendre l'approbation de Zion, elle s'attaqua à la silhouette de fer qui avait manqué de l’aplatir comme une crêpe, un peu plus tôt, se désintéressant subitement de l'effet de son sang de vélane sur l'étudiant alors qu'une colère sourde et muette refaisait progressivement son apparition quelque part en elle.

« Je ne sais pas ce que Michel-Ange t'a dit sur moi exactement », siffla-t-elle avec un semblant d'amertume lié à ce désagréable souvenir, loin de faire vaciller sa voix. Le portrait de Google Stump s'était cantonné à l'essentiel. lorsqu'il avait rapporté les propos du Grimm.« Et je ne veux pas savoir d'ailleurs. Ni ce que tu en penses. Je vais juste t'aider à finir ça pour te montrer que contrairement à ce qu'il peut penser et clamer à qui veut l'entendre, tous les Serpentard ne sont pas de mauvaises personnes. »  

Et parvenir à faire mentir Michel-Ange serait probablement sa plus belle réussite de la soirée.

 

Quand Siobhán s'excusa, Zion ne comprit pas pourquoi. Elle venait de lui sauver la vie, elle n'avait donc pas à s'excuser. C'était plutôt à lui de se morfondre en remerciement pour ce qu'elle venait de faire, créant alors sans qu'aucun des deux ne s'en rende compte, un lien magique au delà de la compréhension du commun des mortels (*). Peut-être parlait-elle de cette curieuse sensation qu'ils venaient de ressentir au bout des doigts ?

« - C'est rien, t'inquiète. Je crois que c'est de l'eletitriclité statique ou un truc comme ça. Je sais pas trop, c'est un truc moldu qui fait de la lumière normalement. »

Zion n'avait jamais mis un pied dans le monde moldu sauf pour se rendre directement dans une poche du monde de la magie disséminé dans le leur. Il n'avait donc qu'une connaissance ultra-limitée des non-majs. Et de ce qu'il avait vu, rien ne l'avait motivé à prendre l'Étude des moldus pour en savoir plus sur leurs us et coutumes. Tout ce qu'il savait, cela venait des nés-moldus de l'école, et encore, quand il leur prêtait une oreille pour les entendre s'émerveiller du monde magique en le comparant au monde moldu.

C'était un fier sorcier qui ne comprenait pas comment ces derniers faisaient pour vivre. Puis il s'en fichait pas mal aussi. Une fierté mal placée peut-être d'avoir été béni par la magie dès sa naissance.

Le parfum de la sorcière semblait venir jusqu'à lui, défonçant tour à tour chaque verrou de que son libre arbitre. Déglutissant péniblement alors qu'il se rendait compte de la beauté de la jeune femme, il n'entendit pas vraiment ce qu'elle eut à lui dire comme subjugué.

Il finit par reprendre le contrôle de ses mouvements, avouant alors malgré lui, la conversation qu'il eut avec @Michel-Ange Grimm. Effectivement, Siobhán était loin d'être le cageot que ce dernier lui avait vendu. Zion s'était senti obligé de la rassurer bien qu'il ignorait qu'elle eut besoin de son soutien. Comme si, d'ailleurs... Mais Zion ne fréquentant pas beaucoup les Serpentard, il ne savait que le minimum sur la sorcière qui lui faisait face. Au-delà de sa filiation avec son professeur préféré, il ne savait que ce qui se disait dans les couloirs (donc beaucoup de bêtises pour un peu de vérité).

Siobhán lui proposa de l'aider et cette idée lui parut stupide. Elle était trop belle pour ça. Il secoua machinalement la tête, se sentant de nouveau lui-même, bien qu'il y ait toujours cette espèce de charme dont il ne pouvait se défaire totalement. Elle expliqua sa motivation, ce qui le fit baisser les yeux malgré lui. Si Zion aimait tant chahuter avec les Serpentard, c'était pour son amour du challenge, du défi, de la compétition. Mais plus profondément encore, il y avait une raison qu'il n'avait jamais dit à personne. Pas même à @Israfel Clearwater.

C'était que le Choixpeau magique voulait l'envoyer à Serpentard. À aucun moment ce dernier n'avait décidé de l'envoyer à Gryffondor. Peut-être aurait-il pu lui proposer Poufsouffle... Mais même pas. Le Choixpeau lui avait dit que sa place était à Serpentard. Non à Gryffondor. Zion se souvenait encore de ses mots. Ces derniers résonnaient de temps à autre dans sa tête avant de finalement se dissiper lorsqu'il mentionnait son choix pour la maison des rouge et or.

La maison de ses parents.

« - Euh... C'est gentil, merci. Puis toi, personne t'a dit de pas user de magie pour le faire en plus. » Ajouta Zion, un brin de malice dans le regard.

Il ramassa ses affaires de nettoyage avant de se mettre sur l'armure qui était à côté de celle où Siobhán s'activait déjà à l'aider.

Zion laissa quelques instants de silence s'installait avant de finalement dire :

« - Il voulait que j'invite une jolie fille pour le bal d'Halloween. Mais je sais plus pourquoi on s'est mis à parler de toi et de @Céleste Delacroix. »

Le bout de ses oreilles était devenu rouge. La nuit suffirait-elle à camoufler ce moment de gêne ?

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ft. @Zion Webb

L'explication en provenance directe du monde moldu était la bienvenue. Si Zion s'imaginait que ce qu'il venait de ressentir puisait sa rationalité dans les lois de la science et de la physique telles que les avaient déclarées les plus grands chercheurs de ce monde, alors Siobhán n'aurait pas besoin de mentir en reniant ce qu'elle était réellement, jusque dans son sang. Et, dans le même temps, cela lui évitait de rejeter son héritage publiquement.

Les dernières lois anti-hybrides avaient laissé des marques indélébiles que même le temps ne saurait effacer. Il était encore trop tôt pour s'assumer pleinement aux yeux de ceux qu'elle connaissait à peine.

« Je crois qu'on dit "électricité". Mais tu as raison, ça doit être quelque chose comme ça. »

Elle n'avait pas pu s'empêcher d'enfiler son masque de madame-je-sais-tout qui devait en exaspérer plus d'un, à Poudlard. Mais ce n'était pas sa faute si les approximations n'avaient pas sa place dans son vocabulaire, pas plus que dans sa vie. Elle détestait par-dessus tout les à-peu-près, à commencer par les itérations mathématiques auxquelles ils recouraient parfois en astronomie. Et pourtant, elle se reprit. Zion ne méritait pas ce ton de jugement.

« Les moldus ont le don d'utiliser des mots compliqués pour parler de choses simples », commença-t-elle en se tournant vers lui, avec un sourire emprunt de simplicité et pourtant naturellement dévastateur. « Ils aiment bien se faire mousser. Mais je n'ai jamais trop compris pourquoi. »

Le silence de Zion à la mention des Serpentard lui avait sauté aux yeux. Siobhán interprétait ces non-dits comme un signe qu'il n'en pensait pas moins et, quelque part, ça l'irritait. Parce que le petit discours haineux de @Michel-Ange Grimm et de nombreux autres détracteurs des vert-et-argent en provenance d'autres maisons avait fait son petit bout de chemin, siècle après siècle. Et aujourd'hui, elle avait juste le sentiment qu'aussi fort qu'elle pourrait essayer de faire briller sa maison, ses efforts seraient toujours vains. Les Serpents étaient vus comme des créatures profondément perfides et déloyales, quand l'Irlandaise avait toujours pensé que son affiliation à l'héritage de Salazar Serpentard n'était due qu'à son ingéniosité et son ambition. Se savoir intelligent ne signifiait pas forcément être antipathique. De même que savoir où l'on souhaitait aller ne voulait pas dire avoir soif de pouvoir.

« Tu te trompes si tu penses comme lui », souffla-t-elle en se tournant de nouveau vers son armure. « C'est une erreur de croire qu'on est foncièrement égoïstes. Regarde Addie Shore. Elle est à Serdaigle et pourtant, je ne me serais pas cachée chez elle quand Dunn était au pouvoir. » Elle fit une pause hésitante, probablement malvenue. « Enfin, si j'avais été un lycan. »

Alors qu'il venait de lui rappeler que ce n'était pas son heure de retenue et qu'elle avait donc tous les droits de l'aider comme elle le souhaitait, la jeune femme attrapa sa baguette pour accélérer un peu les choses et recentrer leur attention commune sur la raison de leur présence dans cette salle.

« Mon père serait fou s'il savait que j'étais là », glissa-t-elle sans préciser qu'elle faisait ça aussi pour le bien de la maison qu'elle représentait.

Loin d'elle l'envie de lui demander d'éviter d'ébruiter le coup de main qu'elle était en train de lui donner. Que son père l'apprenne ; au moins, il comprendrait qu'elle était plus qu'un simple pantin. Au contraire, elle avait même hâte que le bruit circule que la préfète des Serpentard avait prêté main forte à un étudiant pendant son heure de retenue. Qui viendrait lui dire que c'était mal d'aider son prochain ?

« Si j'ai un conseil à te donner, c'est de ne pas écouter Michel-Ange quand il te parle de filles », dit-elle en abandonnant un instant son ouvrage pour se tourner vers le Gryffondor. « Pour ces sujets-là, c'est mieux de se fier à son cœur, en général. » Vu les propos que tenait le Poufsouffle envers les femmes, mieux valait passer le mot au plus grand nombre. « Laisse-tomber, Zion », dit-elle en secouant la tête, encore agacée à l'idée qu'on puisse parler mal d'elle dans son dos, et probablement encore plus préoccupée par le portrait qu'il avait pu dépeindre de sa meilleure. « C'est un sacré cas, ce garçon. C'est ton ami ? Qu'est-ce qu'il t'a dit sur @Céleste Delacroix ? »

Heureusement pour lui, Siobhán ne remarqua pas le changement de couleur de sa peau. Trop occupée à frotter frénétiquement une armure à qui elle ne pourrait de toute façon jamais redonner son éclat d'antan sans la magie.

Mais c'était le seul moyen qu'elle avait trouvé pour ne pas laisser sa colère parler envers quelqu'un qui ne lui avait rien fait de mal.

 

Zion acquiesça d'un signe de la tête. Le Gryffondor avait moins de ressentiment à l'égard des Serpentard contrairement à ce que @Michel-Ange Grimm pouvait ressentir. Pour lui, tout n'était qu'un jeu. Cela s'expliquait probablement par son éducation ou son vécu, mais pour se sentir vivant, Zion avait besoin de se challenger, de se donner corps et âme dans ce qu'il faisait, et la coupe des 4 maisons était probablement ce qu'il aimait le plus à Poudlard. D'une part, ça le motivait à donner le meilleur de lui-même au Quidditch. Ça l'aidait aussi à se concentrer un minimum durant les cours ou en présence de professeurs pour éviter une perte débile de points pour sa maison. D'autre part, ça le rendait plus investi, plus joueur, s'amusant de toute cette histoire entre Gryffondor et Serpentard. Mais surtout, ça lui permettait de combattre cette peur de finir à Serpentard quand ses parents (qu'il n'avait pas connus ou presque) avaient fait leur classe à Gryffondor. Pourtant, seul le Choixpeau magique savait ô combien il aurait fait un excellent Serpentard. Peut-être aussi sa grand-mère. Chinenye avait un don pour cela. Puis le Serpent était un peu un animal totem au sein des Ayodele. Dambala, leur lwa protecteur, était représenté par le serpent.

« - Je m'amuse, c'est tout. Je trouve ça drôle de se challenger, ça motive à donner le meilleur de soi-même. » Se contenta-t-il de répondre sans lever la tête vers Siobhán, ne faisant donc pas attention à son attitude lorsqu'elle avait rajouté ses propos sur les lycans.

Des créatures magiques, des hybrides, les Ayodele s'en fichaient. Zion avait été élevé dans une culture magique qui effrayait généralement les autres pour leur non-connaissance du vaudou. Bien qu'ils subissaient plus une peur irascible, une superstition à leur égard, les Ayodele n'avaient jamais cherché à se défaire de cette image terrifiante puisque cela permettait de trier les individus. Les simples d'esprit se reculaient d'eux-mêmes. L'élitisme n'étant pas forcément une qualité chez les Ayodele, mais ils ont toujours préféré arboré l'image d'une puissante famille, surfant sur les mystères d'une magie incomprise, mais terriblement dangereuse, flirtant parfois avec l'idée de magie noire quand il n'en était probablement rien. Si le concept des ténèbres était mondial, le vaudou, lui, se situait clairement entre les deux. Mais les sorciers blancs avaient du mal à comprendre qu'une force puisse être grise. Peut-être était-ce à cause de l'influence chrétienne, mais ils avaient cette affreuse façon de penser que le monde était manichéen : eux contre les autres.

« - Pourquoi ? Je veux dire, le Professeur Korrigan est plutôt cool, non ? » Demanda Zion, curieux.

Zion admirait le professeur Korrigan, même s'il lui en voulait terriblement d'avoir abandonné la Métamorphose. C'était grâce à lui que cette matière était devenue sa préférée. Il avait réussi à capter toute son attention pour que ce dernier donne le meilleur de lui-même sans réellement s'en rendre compte. Zion était profondément doué en Métamorphose même si @Camaël Grimm, de sa promotion, le surpassait aisément.

Vint ensuite le retour du sujet Michel-Ange. Zion se mordit la lèvre. C'était son modèle à Poudlard. Il n'aimait pas entendre que les autres le critiquaient parce qu'il pensait réellement que le Poufsouffle n'était animé que d'une seule chose : son bon cœur. Pour autant, il n'était pas sans rappeler ses propos sur Siobhán, légitimant ainsi cette dernière à le critiquer.

Zion resta silencieux jusqu'à ce que Siobhán ne remette le sujet de @Céleste Delacroix sur la table. Se raclant péniblement la gorge à cause du malaise qu'il ressentait, il laissa un ange ou deux passer. Continuant d'astiquer ce gantelet qui ne semblait avoir jamais été lavé, Zion finit par répondre sans pour autant lever son regard vers la préfète de Serpentard.

« - Euh... Il m'a dit quoi faire pour qu'elle tombe amoureuse de moi. Il m'a dit qu'ils étaient sortis ensemble et que ça s'était pas bien terminé parce qu'elle lui aurait menti sur beaucoup de choses. » Expliqua finalement Zion, le cœur lourd.

MADE BY @ICE AND FIRE.

ft. @Zion Webb

Elle avait eu raison d'insister. Se faisant, Siobhán s'était rassurée en comprenant que Zion ne nourrissait pas de véritable animosité envers les Serpentard, contrairement à de nombreux étudiants qui se satisfaisaient bien souvent d'un écusson sur une robe de sorcier pour se permettre de juger ou mal se comporter.

La demie-vélane esquissa un léger sourire en l'entendant parler. Car ces mots, ç'aurait pu être elle qui les avait prononcés.

« Se challenger, tu dis ? », demanda-t-elle en interrompant sa pénible tâche, une légère lueur d'espièglerie étincelant tout à coup dans ses yeux. « Sache que tu as à faire à une challengeuse émérite », ajouta-t-elle en faisant mine de se recoiffer, avant de rire doucement. En vérité, elle aimait surtout gagner, au bout du compte. C'était même sa partie préférée. « Qu'est-ce que tu dirais qu'on essaye d’accélérer le mouvement ? J'utilise pas de magie, et on voit qui nettoie le plus d'armures entre toi et moi. » Elle tendit sa main vers lui, pour voir s'il était prêt à sceller leur accord. Son attitude était peut-être un brin solennelle, mais c'était une base solide à tout marché. « T'en dis quoi ? »

Ce petit défi était aussi une manière de parler d'autre chose. Car Zion avait abordé deux sujets délicats : sa relation compliquée avec son père, @Luke Korrigan, et celle pas très facile non plus avec @Michel-Ange Grimm.

Pour son père, la réponse avait été sans appel.

« Il l'est », avait-elle seulement entrepris de répondre, laissant un silence s'installer entre eux le temps de réfléchir à la manière la plus juste de nuancer ses propos. « Mais les gens sont souvent différents dans l'intimité d'un foyer. »

Elle avait marqué un temps d'arrêt, pensive, avant de se tourner à nouveau vers son armure.

Son affirmation était un euphémisme : de nombreuses personnes avaient le don de montrer deux visages, selon les situations où ils se trouvaient — ils étaient rarement les mêmes au travail et dans la vie. Siobhán était bien placée pour savoir que son père n'était pas aussi exigeant avec ses élèves qu'avec ses enfants, surtout quand il était question de métamorphose. Et pourtant, il en attendait déjà beaucoup de ses étudiants.

« Mais tu as la chance de ne pas être un Korrigan alors... Tu as raison. Profites-en », avait-elle admis avec un sourire léger qui lui était adressé. « Mon père est un excellent sorcier. Et si tu as besoin d'aide, il répondra toujours présent pour t'aider », avait-elle ajouté avec un mélange de bienveillance envers Zion et de fierté pour son père. « Qu'est-ce qu'il a fait pour que tu le trouves si cool ? »

Et puis, le sujet avait bifurqué sur @Michel-Ange Grimm. Là, c'était encore une autre histoire. Du coin de l’œil, elle avait guetté avec attention la réponse de Zion, sentant sa gêne même à distance.

Siobhán s'était attendue au pire.

Et le pire était arrivé.

Elle avait levé les yeux au ciel en s'empêchant de prononcer tous les mots qui lui étaient venus à l'esprit.

Zion n'avait pas à subir ça.

Une grande inspiration avait rempli ses poumons, l'aidant ainsi à mieux tempérer ses propos.

« Ça ne devrait pas m'étonner », avait lâché Siobhán avec un soupir, pourtant un peu déçue de voir que le Poufsouffle n'apprenait jamais de ses erreurs. Elle avait préféré ne pas dire tout haut ce qu'elle pensait de cette histoire, encore moins de s'étendre sur la relation entre sa meilleure amie et le Grimm. Ils étaient les seuls concernés et personne d'autre n'avait à prendre parti, ni à parler d'eux en leur absence. « Et qu'est-ce qu'il faut faire selon Michel-Ange Grimm pour que @Céleste Delacroix tombe amoureuse, alors ? Je serais curieuse de savoir », avait-elle demandé avec un sourire pincé. Une pause. « Je dois comprendre qu'elle te plait, donc ? », avait-elle risqué sans se départir de son ton enjoué, bien que ce n'était pas vraiment ses affaires. « Je peux comprendre. Céleste est une femme merveilleuse. »

C'était un fait.

Mais la réponse de Zion allait surtout permettre à Siobhán de mesurer le degré d'urgence de sa prochaine mission, consistant à rapprocher la Serpentard d'un membre de sa maison — accessoirement, un autre de ses meilleurs amis...

 

Zion accepta son défi avec un sourire et un clin d'œil amusé. Ne perdant pas de temps, il s'était déjà mis au travail. Mais Zion, comme tout sorcier bercé dans le monde de la magie - surtout quand elles gravitent dans les hautes sphères de la société sorcière - n'était pas un as de la propreté. L'huile de coude n'était pas son fort, lui, qui, pourtant, se trouvait être plutôt sportif. Sa carrure de joueur de Quidditch le laissait sous-entendre en tout cas. Se demandant quel genre d'éducation le professeur @Luke Korrigan avait donnée à ses enfants, il amena doucement la conversation sur le directeur de l'école envers qui Siobhán semblait avoir une pointe de ressentiment.

Le Gryffondor écouta silencieusement ce que la Préfète de Serpentard avait à lui raconter. Son petit cœur se serra dans sa poitrine. Zion, bien qu'il était loin d'être malheureux, n'avait pas de parents. Du moins, pas ceux qui l'eurent mis au monde. C'était un sujet plus ou moins épineux pour lui qui n'en parlait jamais. Bien trop jeune pour se souvenir ne serait-ce que de leur présence, Zion s'était toujours demandé comment les siens l'auraient élevé. Est-ce qu'ils auraient suivi le modèle Ayodele que lui inculqua sa grand-mère ? Est-ce qu'ils s'en seraient plutôt éloignés vu les caractères très conflictuels que Chinenye et Delilah avaient ? Aurait-il grandi parmi ses cousins et cousines moldus ? Quel aurait été l'impact sur son propre développement ?

Zion n'en savait rien. Mais ce qu'il savait, c'était qu'à chaque fois qu'il entendait les gens parlaient de leurs parents de la sorte, il sentait que son cœur se serrait dans sa poitrine. Cela ne voulait pas dire pour autant qu'il en tiendrait rigueur à Siobhán, non, loin de là. Non, c'était plutôt comme une espèce d'envie de pouvoir lui aussi se plaindre des siens. Tout du moins, quelque chose s'y rapproche. Puis comme Siobhán le lui avait si bien dit, les gens étaient toujours très différents dans l'intimité. Et ça, c'était quelque chose qu'il avait déjà pu expérimenter au contact des siens.

Un faible sourire avait orné son visage lorsque Siobhán lui conseilla tout de même de profiter de Luke Korrigan. Puis elle lui demanda alors pourquoi Zion le pensait aussi cool. Le Gryffondor leva la tête, observant un élément du décor sans même s'en apercevoir comme plongée dans sa réflexion.

« - Je me sens écouté avec lui. J'ai l'impression que, quand il me regarde, il sait ce que je vaux et que je peux me laisser porter par ce qu'il y a au fond de moi (sa magie). Puis ses blagues pas drôles... » Zion eut un petit rire en se remettant à frotter son armure. « Elles sont tellement nulles qu'elles en deviennent drôles. » Conclut le Gryffondor, l'air joyeux.


(...)

Le sujet dériva sur @Michel-Ange Grimm. C'était inévitable. Siobhán avait beaucoup trop de ressentiments à son égard et vu que Zion lui avait donné l'excuse de vider son sac, cette dernière se laissa aller sur le sujet. Le Gryffondor ne pouvait s'empêcher de garder ses lèvres closes. Quoiqu'il en ressortirait de cette soirée, ce ne serait pas bon pour le Poufsouffle en tout cas. Mais Zion ne pouvait s'empêcher d'être sincère. Il aurait pu lui mentir, mais c'était quelque chose qu'il n'aimait pas. Il n'avait pas les mêmes prédispositions d'esprit que sa grand-mère (ce qui avait le don de la rendre chèvre). Du coup, quand c'était comme ça, il restait le plus silencieux possible. Et lorsque c'était à lui de parler, il se contentait de minimiser ce qu'il savait. Son sang Webb brûlait fortement en lui là où son sang Ayodele se contentait, pour le moment, de se voir que sur sa face de métisse.

Siobhán lui demanda alors ce qu'il fallait faire pour séduire @Céleste Delacroix. Le coupant dans son élan, torchon levé, à quelques centimètres du métal, il se figea, fronçant les sourcils. Le visage de la septième année apparut devant lui, le forçant malgré lui à baisser le regard devant la puissance de ce qu'il pouvait ressentir pour elle. C'était un crush d'une rare violence. Il le savait. Il en était conscient. C'était même ce qu'il avait dit à Micky. Elle était d'un autre niveau. Son regard azuréen suffisait à lui jeter un sort de jambencoton tellement il avait les genoux qui flanchaient.

« - Il m'a dit qu'elle avait un grand cœur, que c'était quelqu'un de raffiné, qui avait du goût. Qu'elle aimait l'art et qu'il fallait que... »

Zion se figea. Son cœur tambourinait dans sa poitrine.

« - Lui dit rien, s'il te plaît. J'ai aucune chance avec elle, elle est trop bien pour moi. » Se contenta-t-il d'ajouter en reportant son attention sur ce gantelet qu'il remettait doucement en place.

MADE BY @ICE AND FIRE.

ft. @Zion Webb

Le silence de Zion à la mention de @Luke Korrigan aurait probablement échappé à ceux qui ne savaient pas être attentifs. Après tout, un silence pouvait vouloir tout et rien dire. Peut-être qu'il signifiait que ce lien père-fille ne lui inspirait rien, comme ça pouvait être tout le contraire. Soit Zion était indifférent, soit il était touché en plein cœur. Il n'y avait pas de juste milieu.

Le mutisme savait toujours se fondre dans les extrêmes.

Siobhán ne connaissait le Gryffondor que depuis quelques minutes. C'était trop peu de temps pour savoir interpréter ses non-dits. Mais il avait parlé de son professeur avec une certaine nostalgie, de celles qui se manifestaient derrière un trou béant dans une poitrine, à côté d'un vide immense que rien ne comblait jamais.

Par pudeur, et par peur de se tromper sûrement, Siobhán ne dit rien de plus.

Une partie d'elle savait qu'elle ne serait rien sans son père. Grâce à lui, elle n'avait jamais manqué de quoique ce soit. La nourriture avait toujours coulé à flots sur la table, elle avait toujours eu un toit sous lequel s'endormir, à la nuit tombée. Elle avait été aimée, et on lui avait appris à aimer en retour. Elle avait reçu une éducation dont elle pouvait être fière et son père avait même eu la gentillesse de lui transmettre ses facilités en métamorphose.

Combien de fois l'épaule de Luke avait-elle épongé les larmes de sa fille ? Combien de fois avait-il réussi à la faire rire la seconde d'après ? Combien de fois avait-il répondu présent quand elle en avait eu le plus besoin ?

Combien de fois avait-il dû s'armer de patience devant ses propres limites, combien de fois avait-il dû se sacrifier pour son bonheur ?

Non, définitivement, à part de l'amour d'une mère, Siobhán n'avait manqué de rien.

Et bizarrement, penser aussi intensément à ses parents lui fit relativiser sa récente dispute avec @Michel-Ange Grimm, ainsi que ses envies de rapprochement entre @Xris Andērson et  @Céleste Delacroix. Tout ceci paraissait tellement dérisoire à côté de sujet immensément plus importants dans sa vie de jeune adulte. La demie-vélane souffla du nez en prenant appui sur l'armure. Nettoyé avec frénésie sans même qu'elle ne s'en rende compte, l'alliage de fer et d'acier brillait suffisamment fort pour que son visage se reflète dedans.

« Il t'a dit vrai », glissa-t-elle simplement avant d'ajouter : « Ton secret est en sécurité avec moi, Zion. »

Mais son regard était ailleurs. Siobhán repensait à sa première rencontre avec sa meilleure amie et cette discussion avec le Gryffondor faisait remonter beaucoup de souvenirs. Certains nettement moins bons que d'autres, la poussant aujourd'hui à faire le nécessaire pour l'aider à trouver celui qui la rendrait heureuse. Sans contrepartie.

« Mais Céleste a beaucoup souffert de sa relation avec Michel-Ange. Je ne sais pas quelles sont tes intentions, ni ce que tu ressens pour elle aujourd'hui. Mais si ce n'est pas sérieux, si c'est juste un crush ou une sorte de fascination pour elle... » Sa phrase resta en l'air et ne trouva jamais de fin. « Je ne lui dirai rien, tu peux me faire confiance. Mais je veux qu'elle soit heureuse et je ferai tout ce que je peux pour que ça arrive. »

Pensive, la jeune femme replaça l'armure flambant neuve d'un coup de baguette magique, avant d'en faire venir une nouvelle à elle.

« Si je peux te donner un conseil, c'est d'être toi-même. Si tu fais semblant, elle le saura. »

Armée de son chiffon et de ses produits nettoyants, la jeune femme reprit son ouvrage comme si elle ne s'était jamais arrêtée, bien décidée à remporter son propre défi. Voyant que ça le mettait mal à l'aise de parler de ce sujet, Siobhán décida d'en aborder un autre.

« Et si tu me racontais plutôt ce que tu as fait pour te retrouver ici ? Mon père m'a raconté sa version des faits, et j'aimerais bien avoir la tienne. Enfin, si tu veux m'en parler, bien sûr. On peut aussi nettoyer dans le silence. C'est une possibilité. »

Déjà qu'elle s'imposait, peut-être n'était-elle pas obligée d'en rajouter.