Music soothes the soul (Eynaelle)

Music soothes the soul

ft. @Eynaelle Sanderson
Octobre 2023

Je passe une journée de merde. Voilà, c’est dit. Il y a des jours comme ça et malheureusement c’en est un. Dès le réveil j’ai senti que ça n’allait pas le faire, comme un mauvais pressentiment, sans doute. Alors j’ai fait de mon mieux pour que ma mauvaise humeur n’impacte pas les autres mais je sais que je ne suis clairement pas un rayon de soleil dans ces cas-là. Bougon, j’ai affronté le bout de lacet qui m’est resté dans les mains alors que je nouais mes chaussures en me préparant pour aller prendre le petit déjeuner. J’ai également encaissé quand mon chaudron s’est renversé, bien bouillant, bien dégoutant, me forçant à aller me changer avant le cours suivant. J’ai commencé à perdre mon sang froid quand je me suis pris un bouquin en pleine gueule en foirant mon Arresto Momentum et que mon nez s’est mis à pisser le sang… La journée a été foutrement longue !

Aussi, quand la fin des cours a sonné, je me suis précipité dans les dortoirs, me suis débarrassé de l’uniforme pour adopter une tenue plus confortable et suis ressorti de là avec ma guitare sur le dos. Betty, c’est son petit nom. Betty, la douce et mélodieuse Betty qui me suit maintenant depuis près de douze ans. Celle sur qui je peux toujours compter pour me remonter le moral. Alors me voilà, réfugié dans la salle du club d’Art, à laisser mes doigts courir sur les cordes et jouer ‘’I’m So Tired’’, les yeux perdus dans le vide. Des bruits de pas me font lever les yeux et je suis à deux doigts de râler, bien décidé à profiter de ma solitude quand je reconnais aussitôt la tête blonde qui a passé la porte et un petit sourire vient dérider ma tronche.

« Eyna ! Toi aussi t’as ressenti l’appel de la musique ? »

Je change de chanson pour passer à quelque chose d’un brin plus guilleret avec ‘’Blackbird’’. Je ne m’attends pas à ce que ma camarade de Poufsouffle reconnaisse la mélodie, j’ai fini par me faire une raison au fait que même les Beatles n’avaient su se faire une place dans le monde magique.

Quelques jours plus tôt, Eynaelle avait disparu de l'école pour revenir quelques heures plus tard avec le choixpeau. Elle avait passé une journée en observation à l'infirmerie, mais quand elle est sortie, elle était entièrement indemne et avec pleins d'histoires exagérées au sujet du courage du préfet de Poufsouffle qu'elle a propagés dans la salle commune. Elle avait toujours le sourire, comme si elle avait juste vécu une petite aventure. Elle était comme ça Eyna, très peu de gens ont déjà pu voir ce qu'il se cachait derrière le sourire de la seule gangster de Pouffy.

Toujours habillée de son uniforme, la petite poufsouffle penche la tête devant la porte du club d'art pour voir qui est en train de jouer de la guitare, sans surprise, c'est un des membres du GPB (Gang des Pouffy Bruyants). Elle s'approche de @Matthew Monaghan avec un petit sourire aux lèvres et un air nonchalant. Elle se penche devant lui, faisant tomber quelques mèches de ses cheveux sur le garçon.

"Matt, un conseil, si tu entends des voix qui t'appellent, il ne faut pas l'avouer publiquement. J'ai déjà essayé, on va te regarder bizarrement."

Venant de quelqu'un d'autre, ça aurait pu paraître saugrenu. Mais le truc, c'est que c'est difficile de pas suivre Eyna dans ses conneries quand elle commence à jouer de ses charmes.

"Perso, c'est la voix énervée du dieu de la guitare qui m'a appelé ici, comme si quelqu'un était en train de blasphémer en plein milieu de son temple à Poudlard. On n'est pas dans le même délire quoi."

Elle ne doute nullement du talent de Matthew pour la musique, mais elle prend toujours un malin plaisir à taquiner tout le monde. Elle entend la mélodie de Matt, fronçant les sourcils pendant un moment, avant de commencer soudainement à chanter juste avant le refrain.

"All your life
You were only waiting for this moment to be free

Blackbird fly, blackbird fly
Into the light of the ... Euuh... dark black night ?"

Elle continue ensuite le reste de la chanson en se trompant occasionnellement dans les paroles. Autour d'eux, Matt peut remarquer plusieurs têtes se tourner soudainement vers eux. Poudlard ne manque pas de musiciens talentueux, donc attirer l'attention demande plus d'effort que ça. Mais quand c'est Eyna...Difficile de l'ignorer.

Traditionnellement, l'arme préférée des vélanes c'est la danse. À tel point qu'elles ont pour réputation d'être les meilleures danseuses du monde, même sans utiliser leur charme. Ce n'est pas le cas d'Eyna, elle utilise ses pouvoirs avec sa voix, et quand elle chante, la petite chipie se transformait en un ange. Lumineuse, magnifique et intouchable.

À la fin de la chanson, Eyna soupire avant de placer un doigt contre sa tête.

"Je n'avais pas entendu cette chanson depuis bien longtemps, ça vient du vieux groupe de garçons moldus non ?"

Music soothes the soul

ft. @Eynaelle Sanderson
Octobre 2023

J’ai une appréhension à son approche, comme chaque fois. Et comme chaque fois elle s’avère justifiée. Le sol commence à se dérober doucement sous mes pieds alors qu’elle se penche.

« On me regarde déjà bizarrement. »

Que je parviens à bafouiller entre deux respirations fortes, me raccrochant à ma guitare, à la sensation des cordes sous mes doigts. C’est ça mec, accroche-toi !

« ça se saurait si Jimi Hendrix était à Poudlard... »

Sauf que le coup de grâce arrive quand elle se met à chanter. Être aspiré par quelque chose d’invisible, qui vous dépasse, c’est vraiment perturbant ! Plus rien ne semble avoir d’importance, les malheurs, les soucis, le lacet cassé, le chaudron, le bouquin dans le pif, ce sont de lointain souvenirs, là. Je me sens léger, insouciant, vide. Non, faux. Mes pensées vont vers Eynaelle. Je bois ses paroles, et m’applique dans mes accords, y mettant plus de ferveur comme si j’étais le Dieu de la guitare dont il était question plus tôt. Sauf que je rate une note peu avant la fin, pince la corde avec trop de vigueur, corde déjà en fin de vie et qui casse pour venir claquer sur ma main.

« Merde ! »

Avec la douleur je reprends un semblant de lucidité. Je constate après un vague coup d’œil autour de nous que je ne suis pas la seule victime et je secoue la tête dans un sourire amusé. Sorcellerie !

Je commence à mieux tenir le choc, la première année qu’elle a déboulé à Poudlard j’avais vrillé comme un prépubère devant une nana en bikini. Je m’étais alors recouvert de ridicule à chaque fois, toujours dans l’incompréhension la plus totale. Je ne suis pas plus avancé, là, mais j’ai capté qu’elle avait un truc que je ne peux pas expliquer. Parce que je suis un mou du bulbe ou, comme on me le rappelle souvent, un né moldu. Quelque chose me passe au-dessus de la tête. Au départ j’avais même cru en pincer pour elle, ce qui était flippant car elle me fait sérieusement penser à Ash, ma frangine. Dans le genre malsain… Puis j’avais réalisé que, tant qu’elle n’était pas là, RAS. Aucune obsession en son absence. Uniquement en sa présence et surtout lorsqu’elle poussait la chansonnette.

J’aime à croire que d’en avoir conscience m’aide à moins passer pour un con, mais tout est relatif. Je viens quand même de blesser Betty et accessoirement ma main. Je siffle, admiratif face au fait que, contrairement à ce que j’avais pensé, elle avait reconnu le morceau.

« Je devrais être outré mais j’admets que tu m’épates blondinette, je ne pensais pas que tu reconnaitrais ! Ca méritrait que je t’écrive une chanson en l’honneur de tes récentes aventures ! »

C’était un peu difficile de passer à côté sachant que tout le monde n’avait que ça à la bouche. Poudlard, ses mystères, ses dangers, ses héros. Et je suis assez dégouté de ne pas en avoir été, moi qui avait toujours voulu vivre ce genre de choses.

« Sauf que j’ai autant de poésie que Peeves, donc je vais m’abstenir ! »

Eyna s'arrête immédiatement de chanter en entendant une note foirée suivie par un bruit de coup de fouet et un cri de douleur pas très virile. Elle hausse un sourcil en regardant Matt, puis, un petit sourire maléfique se dessine sur ses lèvres.

"Continue de trainer avec moi et on va encore plus croire que tu es cinglé."

Elle ne laisse pas de doute là-dessus, c'est elle la plus excentrique à Poudlard. Elle prend un air faussement outré avant de frapper Matt avec une petite pichenette sur le front

"C'est moi qui suis outrée. La blondinette elle a un nom ! Et un sale caractère !" Vu qu'il avait été le premier à attaquer, Eyna est tout à fait justifié dans le fait de contre-attaquer maintenant "Tiens d'ailleurs, c'est moi où à chaque fois que je suis dans le coin, tu as l'air d'être à deux doigts de t'évanouir ?"

Et booom, Eyna fait l'innocente, mais bien sûr qu'elle sait exactement ce qu'il se passe. À Poudlard, elle fait de son mieux pour retenir ses pouvoirs pour ne pas priver les élèves sensibles à ses charmes de toute autonomie. Mais c'est impossible à faire parfaitement et tout le temps, ses charmes ça fait partie de qui elle est. Par rapport à d'autres garçons, elle a toujours trouvé la réaction de Matt plus chou que gênante. Mais faut dire qu'elle a vécu bien pire qu'un garçon qui devient maladroit quand elle est dans le coin.

Eyna n'a pas besoin de longtemps pour se rappeler d'où elle a entendu la chanson

"J'avais une vieille radio à la maison, c'était suffisant pour capter les chaines irlandaises. En général, les moldus n'ont rien de bien intéressant à raconter, mais j'ai toujours bien aimé leur musique. Les chansons modernes m'intéressent moins, mais j'aime bien les chansons irlandaises, le rock et le métal parfois."

Matt a fait une terrible erreur en mentionnant le mot chanson, parce qu'une lueur apparait soudainement dans le regard d'Eyna. Elle desserre un petit peu son contrôle sur ses pouvoirs, puis elle chuchote d'une voix envoutante

"Oooh mais c'est une bonne idée ça. Écris-moi cette chanson et je la chanterais devant tout le monde dans la salle."

Ça ressemble plus à un ordre qu'à une demande.

Music soothes the soul

ft. @Eynaelle Sanderson
Octobre 2023

Je me frotte encore la main endolorie tandis qu’elle m’affirme que son influence serait mauvaise pour ma réputation. Je hausse les sourcils. Bah voyons. La jeune femme n’était pas encore arrivée à Poudlard que j’étais déjà catalogué taré. Et ça m’allait parfaitement, en fait ! Chez les moldus je passais déjà pour un excentrique à ressortir les vieux blousons de mon oncle quand ce n’était pas avec mes premiers essais de moustache au lycée. J’en avais vu d’autre. Et c’était ça qui était fun, au fond. « Les autres peuvent penser ce qu’ils veulent hein… »

J’attrape ma baguette et lance un Reparo sur Betty avant d’en vérifier que les cordes étaient toujours bien accordées. J’en rate la main qui s’approche pour me malmener. « MAIS AIEUH ! » Je me frotte le front agressé, prenant un air choqué face à tant de violence à l’encontre de ma personne ! « C’est bon, j’le sais ça que t’as un prénom ! » Je pose Betty sur son pied, me lève et exagère une révérence, agitant le poignet en moulinets. « Madâââââme Eynaelle. » Je me redresse avec un sourire de gros crétin satisfait sur la face. « Eyna, ça rime avec ténia, easy ! Le tien je l’ai capté assez vite grâce à ça. » Je ris parce que ça me rappelle quand même vachement les petites joutes verbales que je peux avoir avec la frangine.

Je grogne un peu quand elle évoque mon comportement. « Je défaille face à tant d’beauté, vois-tu. » Si elle compte me mettre mal à l’aise, c’est raté. J’agite mon index. « Un jour, j’vais comprendre ton p’tit truc, là. » Petit n’étant pas le bon adjectif vu l’état dans lequel je termine généralement. Oui, un jour je trouverai la solution à ce mystère. Encore faut-il que je sache où chercher… et que je trouve la motivation. Aussi. Ce n’était pas non plus une grosse urgence. Entre les études, le quidditch, la musique… la fête… Oui, ça attendra.

« Du métal, carrément ? Eh bah ! » Je siffle une nouvelle fois ! Ce n’était déjà pas courant de tomber sur une fille qui écoutait pareille musique côté moldu, alors à Poudlard, je ne m’y étais pas vraiment attendu. « L’éclectisme musical, il n’y a que ça d’vrai ! » Surtout quand ça mêlait de la musique celtique ! J’allais enchaîner quand Eyna rentra dans ma tête avec sa douce voix. Et c’est la chute libre. J’attrape ma guitare et commence un enchaînement d’accord. Je fredonne, cherche, attrape des idées au vol et me lance :

« Faire ses études à Poudlard,
On n’dirait pas mais c’parfois pire que l’mitard.
S’faire kidnapper par des gobelins, menacer par des dragons,
Bah main’nant ces derniers n’joueront plus aux cons !

Eynaelle elle est bad-ass
Avec la demoiselle ‘y a pas mal d’casse.
La belle Poufsouffle elle est rebelle,
Croyez-moi elle ne fait pas dans la dentelle »

Eyna hoche la tête pensivement, si Matt n'était pas dérangé par les rumeurs...

"C'est bien d'ignorer les rumeurs, y a jamais rien d'intéressant. Et puis bon, si un jour il y a des rumeurs que tu es mon toutou ça ne sera pas dérangeant, n'est-ce pas ? C'est pas les rumeurs qui comptent."

La menace est posée. Aujourd'hui, Eyna et d'humeur à faire chier. Et malheureusement, Matthew va en faire les frais.

"Je sais pas ce que c'est une Ténia, mais par contre, critiquer le prénom des gens quand on s'appelle Matthew c'est une mauvaise idée non ? Genre imagine si quelqu'un faisait ça : " Eyna se tourne vers le reste de la salle et hurle "COUCOU MATT" Plusieurs personnes se tournent, vu qu'Eyna vient quand même d'hurler, mais il y a aussi trois autres garçons qui répondent avec un "Oui ?". Trois autres Matt. Eyna sourit et leur dit que c'est rien avant de revenir vers Matt le toutou guitariste. "I rest my case."

Et elle conclut avec une révérence, elle attrape le bout de sa robe de sorcière et la relève légèrement pile au moment où sa tête vient se baisser légèrement sans pour autant renverser ses cheveux sur sa tête. Il est évident que contrairement à Matt, Eyna a l'habitude de ce genre de gestes. Ensuite, elle sourit

"C'est rare que les gens compliment directement ma beauté, en général j'ai plus droit à des rougissements ou à des tentatives de fuites. Pour la peine, je vais te dire un secret..." Eyna s'approche rapidement de Matthew pour lui chuchoter à l'oreille "Tu es mignon quand tu joues de la musique." Bien sûr elle ne se retient pas d'utiliser ses charmes pour mettre en valeur sa voix, ce n'était pas qu'un simple murmure, c'était un peu comme l'appelle d'une sirène. Envoutante et dangereuse.

"Pas tant de métal que ça, c'était rare d'en entendre à la radio. Mais c'est ce qui s'approchait le plus de l'opéra sorcier, et c'est ce que je chantais moi à l'époque." Ce n'était pas vraiment surprenant, quand Eyna chante, elle a la portée vocale et les techniques d'une chanteuse d'opéra.

Eyna reste complètement figée sur place quand Matt se met à lui improviser une chansonnette sur le tas. Des fois, les pouvoirs des vélanes lui font peur, même à elle. Comme est-ce qu'ils ont pu laisser les sorciers prendre le pouvoir quand ils sont si faciles à influencer ? Ses ancêtres devaient vraiment être trop gentilles. Elle reste immobile pendant un long moment, jusqu'à finir par éclater de rire.

"Mais quoooi comment tu as sorti ça aussi vite ? Tu l'avais déjà préparé et tu attendais une excuse pour la sortir ? Tu as vraiment fait rymer Poudlard avec Mitard ? Et Rebelle avec Dentelle ?" Certains choix étaient douteux, mais il était évident que la chanson faisait sourire la poufsouffle. Elle semble presque sautiller sur place, elle n'attendait que de casser les oreilles des gens avec cette chanson "Jamais chanté du rap, mais j'imagine qu'il y a un début à tout, je compte sur toi pour m'accompagner à la guitare."

Chose promis chose dû, Eyna se mets à courire et saute direct sur scène en bousculant un autre groupe au passage. Elle attrape un micro et elle hurle dedans de toute ses forces avec un gros "HEEEEEEEEEEEEEY" qui fait presque trembler les murs. Elle laisse quelques secondes à Matt pour la rejoindre avec sa guitare, avant de commencer à chanter sa chanson devant tout les membres du club d'art. Elle aura beau être aussi charmante que sa mère, aucune magie ne pourra cacher l'absurdité de la scène et quelques rires et commentaires négatifs se font déjà entendre. Mais Eyna n'a pas l'air de leur accorder la moindre importance.

Music soothes the soul

ft. @Eynaelle Sanderson
Octobre 2023

Elle essaie encore tant bien que mal de m’agacer, je le sens. Sauf que j’ai des années d’entraînement avec Ashleigh, qu’il en faut beaucoup pour me faire sortir de mes gonds. Et les commérages, tant que ça ne me vise que moi, tant que ça ne touche pas ma famille, je m’en moque. J’ai appris à m’en défaire assez tôt, en m’accrochant à des mondes imaginaires qui ne l’étaient plus tant que ça, maintenant. Ce que les autres pensent ne nous déterminent pas mais ce que nous faisons, oui. Un canard ? Un toutou ? Peu importe l’animal. Je. M’en. Fous. Je plie les mains sous le menton et je prends un air de chien battu pour accentuer l’effet de mes cheveux bouclés qui encadrent mon visage.

« Ça c’est à cause de mes cheveux. Je sais que ça me fait ressembler à un cocker anglais, et j’assume. »

Sauf qu’elle n’en reste pas là et qu’elle continue de faire sa casse-pieds. Et que je suis déjà fatigué par cette journée bien trop longue à mon goût. Qu’elle commence à réussir à effriter mon calme. Je me pince l’arête du nez.

« Mais ce n’était pas une critique nom d’un chien ! Je suis incapable de te sortir le prénom de cette nana, là. »

Je désigne la blonde qui est installée à quelques mètres sur notre droite avant de m’excuser d’un geste de la main de l’impliquer dans cette ridicule prise de bec. D’autant plus que c’est loin d’être la première fois que je la croise dans cette salle. Ce n’est pas une Poufsouffle, c’est déjà ça de pris. Encore que, certains de notre maison se retrouvent affublés de surnom à défaut de me souvenir de leur prénom.

« Désolé, vraiment. » Je reporte mon attention sur Eyna. « Tu devrais être flattée ! J’ai juste utilisé un moyen mnémotechnique particulier, c’tout. »

Je lève les yeux au ciel quand elle pointe du doigt la banalité de mon prénom. Au contraire, j’en étais ravi. Pas de diminutif à la con. Pas de détournement évident. C’était simple, efficace, passe partout. Si un jour je deviens célèbre, je pourrais toujours me trouver un nom de scène qui claque si l’envie me vient. Mais ‘’Matt’’ ça me plait dans sa simplicité.

« Mon nom est Légion car nous sommes nombreux. »

Non pas que je sois du genre à citer les textes saints, ni à les comprendre, mais j’ai toujours trouvé cette phrase accrocheuse. Pour une fois que je peux la sortir, je ne vais pas m’en priver. Et la voilà qui prend enfin l’une de mes réflexions de la bonne façon, c’est-à-dire dans la joie et la bonne humeur. HALLELUJAH ! Sauf qu’elle ne s’arrête pas là et vient de nouveau me souffler dans l’oreille. Alors que je me sens à nouveau plonger, cette fois j’ai un sursaut et me bouche les oreilles. Je me secoue et lâche dans un souffle, perdant de mon intonation joyeuse habituelle.

« Ecoute, j’ai passé une journée de merde, si tu pouvais ne pas m’enfoncer davantage ça m’arrangerait... »

Ça commençait à faire un peu trop de montagne russe émotionnelle, à ce rythme j’allais finir plus bas que terre. La vague que je ne parviens pas à éviter et qui me pousse à lui chanter sa chanson n’arrange rien et me viderait presque de mon énergie contrairement à Eyna qui semblait être chargée à bloc.

« J’ai une tête à rapper ? Ok, je chante mal, surtout quand j’improvise… mais quand même ! »

Je ronchonne. Non pas que je n’aimais pas ce style musical mais m’imaginer là-dedans ce serait comme d’imaginer un troll en tutu rose. Ou comme l’huile et l’eau. Si ça peut vaguement coexister, ça ne se mélange pas, ce n’est pas fait pour ça. Je la suis dans son délire et joue de mon instrument pour l’accompagner, ignorant superbement les réflexions qui montent déjà du public. Rien que pour les mines tournées vers nous, je joue avec plus de passion, retrouve un brin d’énergie, me penche par-dessus l’épaule de la blondinette et chante en chœur. Take that, bitches.

Pendant la chanson, Eyna prend un malin plaisir à chanter plus fort que Legion, quitte à ce que la performance soit moins harmonieuse. Elle est veine comme ça. Pour elle tout ce qui se passe à Poudlard ce n'est qu'un jeu, la réalité est très différente que le rêve idyllique maintenant par ces murs. À la fin de la chanson, Eyna attrape la main de Matt sans hésitation et le fait descendre sur scène pendant que quelques applaudissements timides les saluent. Ce n'était pas la meilleure performance d'Eyna, ni probablement celle de Legion, mais sachant qu'ils sont montés sur scène quelques secondes après que Legion ait fini de composer la chanson... ça va.

"Désolé, mais il va falloir plus que ça pour m'offenser."

Bien sûr elle n'avait pas du tout été affectée par les paroles de Legion, ce n'était qu'une petite joute verbale de son point de vue. Il y a des points faibles dans son armure d'indifférence, mais Legion est très loin de les connaitre. Eyna hausse les sourcils d'un air surprise quand Legion se présente avant de hocher la tête pensivement.

"Ah oui c'est vrai que ça te va mieux. Enchanté, Legion."

Elle a l'air complètèement sérieuse. La montagne russe prend un nouveau tournant et Eyna se calme un petit peu pour prendre un ton plus rassurant.

"Juste une journée de merde ? Tu es sûre qu'il n'y a pas quelque chose de plus profonds derrière ça." Elle croise les bras. "On peut en parler si tu veux Legion." Elle tapote le bout de son menton pensivement "Sinon si tu as envie de te défouler, il y a la musique, mais aussi le club de duel juste en face. Peut-être que tu te sentiras mieux si tu peux me casser la gueule ?"

Ajoute-elle avec un grand sourire. C'était peut-être le moment où connaitre les rumeurs serait une bonne chose, parce qu'Eyna est membre du club de duel et elle a une petite réputation là-bas grâce à quelques maléfices remarquablement vicieux.

Music soothes the soul

ft. @Eynaelle Sanderson
Octobre 2023

« Tu vas faire comme Grimm ? Me psychanalyser dès que j’avoue être de mauvais poil ? »

Je roule des yeux. Pourquoi est-ce que les gens cherchent toujours plus loin ? On ne pouvait donc pas être simplement de mauvaise humeur ? Râler sans réelle raison ? Juste, râler ? C’était épuisant. Ils étaient épuisants. Je soupire et me passe une main sur le visage.

« Juste une journée de merde, oui. »

Sauf que ma réponse ne semble pas convenir ou qu’elle lui passe au-dessus. J’en arrive à envisager d’aller me terrer dans la bibliothèque pour bosser mes cours, peut-être que là-bas on me laisserait broyer du noir. Mais Eynaelle a autre chose en tête.

« Te casser la… Mais ça ne va pas ?! »

J’ouvre grand la bouche, choqué. Se défouler en infligeant des douleurs aux autres, ça c’est la méthode préférée de mon grand-frère, ce qui lui faut des passages réguliers chez les flics. Et je fais de mon mieux pour ne pas suivre ses pas, la violence a certes son utilité à l’occasion, mais ce n’est pas une façon de se changer les idées ! D’accord je suis entré dans l’équipe de Quidditch et j’adore frapper de toutes mes forces sur ce foutu cognard, mais pas sur un être vivant, j’ai mes limites.

« Non pas parce que t’es une fille, j’sais très bien que tu me mettrais la misère ! Eyna, je n’ai pas envie de passer mes nerfs sur toi ! Même si tu t’acharnes sur moi depuis tout à l’heure ! »

Je range Betty dans son étui. J’ai comme l’impression que la session musicale est terminée, je sens que ma camarade de maison ne lâchera pas l’affaire.

« En plus je suis une quiche en duel, tout le monde le sait. »

C’est pour ça que cette année je me suis inscrit au cours de Bilberry. Non pas pour rassurer mon égo de mâle, non, juste pour développer le sorcier en moi. Et aux vues de ce qui se passe dans cette école, ça n’a pas l’air d’être une mauvaise idée. Des dragons ! Des gobelins ! J’étrécie mon regard que je plante dans celui d’Eyna.

« C’est à se demander si ce n’est pas toi qui a envie d’abimer ma p’tite gueule, blondinette. »

Eyna penche la tête sur le côté

"Te Psyka-quoi ? Je ne suis pas legilimencienne si ça peut te rassurer. Pas encore en tout cas."

Manifestement Eyna a pas compris, en même temps qu'elle idée de sortir un mot comme ça.

"Les pouffy ne laissent personne derrière. On est lourd comme ça." Eyna trace un sourire sur ses lèvres avec ses doigts. "Je sais que ce n'est pas toujours facile, mais c'est important de sourire, même quand tout va mal. C'est comme ça que tu peux dire à tes problèmes d'aller se faire foutre. Tout le monde à Pouldard à un masque, nous les jaunes, nos masques ont le sourire."

Non seulement Eyna ne sait pas ce que c'est que la psychanalyse, mais apparemment, elle n'a pas non plus entendu parler de la positivité toxique.
Comme toujours, Eyna parlait avec un ton léger, mais pour une fois le silence qui suivi laisserait penser qu'elle n'était peut-être pas juste en train de se moquer de Légion.

"Ah, c'est pour ça que tu n'es pas membre du club de duel j'imagine ?" Eyna hausse les épaules fasse à l'indignation de Légion "Je me disais juste que ça aurait pu te faire du bien, si c'est pas le cas pas besoin d'insister." Elle s'approche un peu trop de Légion, mais cette fois, elle ne déchaine pas ses charmes sur le pauvre garçon, au lieu de ça elle chuchote d'une voix étrangement calme. "ça peut te sembler bizarre, mais certaines personnes ont une agressivité qu'ils peuvent à peine contrôler au quotidien. Donc des duels, c'est une manière comme une autre d'évacuer, de reprendre le contrôle. C'est plus productif que d'agresser quelqu'un au hasard."

Elle recule, sourit et reprend la parole avec sa voix enthousiaste et un peu trop bruyante.

"Et puis c'est trop bien les duels ! C'est pas comme une bagarre de moldus, c'est beaucoup plus noble que ça. Y a pas mieux pour apprendre la magie. Crois-moi que j'étais bien contente d'avoir déjà eu des duels quand une douzaine de sorciers étaient venus nous kidnapper. "

INFOS FICHE DE PERSO