Back to the wind [ft. Amaranth]

Avec une moue déçue, Aram vit la sorcière repositionner le masque glacé de son visage alors qu’elle se recomposait un air digne et fier. Lorsqu’elle essuyât ses larmes, le Romanez eut l’impression de la voir nouer cette armure qui la protégeait autant qu’elle la consumait à petit feu. Il eut envie de la lui arracher mais cela lui était impossible. Pourtant le spectacle lui fut insupportable. Qu’elle hurle, qu’elle pleure, qu’elle le frappe, mais qu’elle ne l’ignore point.

Mais le tzigane comprit en un instant qu’il était l’initiateur de son propre malheur. Il était le premier à avoir souhaité la voir se tenir debout sans son aide, la laissant poursuivre seule son chemin alors que le sien l’avait emmené à l’autre bout du monde… Il ne récoltait que ce qu’il avait semé : rien de plus rien de moins. La renarde comprenait l’ampleur de l’imposture qu’il représentait à ses yeux, et ce fut son propre cœur de tzigane qui se morcela à l’image de la céramique brisée à terre.

Comme si une part d’elle comprenait cela, Amaranth entreprit d’en ramasser un à un tous les morceaux, sans prendre garde aux coupures qui prenaient racines dans la paume de sa main, dessinant un véritable arbre vermeil sur le point d’éclore.

Aram sentit une colère vrombir en lui, cette rage sourde qui avait toujours été présente et ne demandait qu’à utiliser la moindre de ses failles pour se déverser violemment hors de lui. Il eut envie de maudire le Congrès qui traçait la route de son destin en faisant si peu cas de ses propres désirs – le faisant se détourner de force de ce qu’il n’aurait jamais dû quitter des yeux. Quand la sorcière l’embrassa, il sentit qu’elle insufflait à ses lèvres un dernier aurevoir qu’il lui fut impossible de recevoir.

- Non, souffla-t-il âprement en l’attrapant par le bras. Il s’était cru plus fort que cela, peut-être même avait-il pensé un instant mener leur barque à travers flots et intempérie. Mais entre ses mains, il n’était rien d’autre que son jouet. Il l’avait toujours été. Et sans elle, il n’était plus rien. Rien n’aurait pu empêcher ses pas de revenir à elle, et cette impression de la perdre à tout jamais était encore pire que la mort.

- Tu n’es pas l’une de ces maudites créatures que je prends sous mon aile comme tu dis… Il grognait, le visage à quelques pouces du sien en l’empêchant de s’éloigner. Si elle partait maintenant, il aurait l’impression qu’il ne la reverrait jamais. Tu n’es pas faible, tu n’es pas brisée. Tu es bien plus forte que tu le croies ! Tu ne me dois rien, parce ce que c’est moi que te dois tout, mi vida. Ignores-tu donc l’importance que tu as à mes yeux ? Si je ne suis pour toi qu’un feu dans la nuit, tu es bien plus brillante dans mon ciel que Vega, la propre fille du soleil.

Il attrapa sa main pour en observer les coupures, laissant tomber au sol les morceaux de céramique qu’elle avait si minutieusement récupéré. Son doigt suivait chaque trace de la couleur de son nom, laissant derrière son passage une peau aussi lisse et blanche qu’avant.

- Ma vie ne m’appartient pas, mi dulce… Tu ne devrais pas écouter mes mots, et moi je ne devrais pas les prononcer, mais… Je ne suis pas si fort que tu crois… Je ne peux pas te laisser partir. Je ne veux pas !

Transi, l'arménien lâcha sa main pour saisir son visage dans la coupe de ses paumes, l’obligeant à relever le menton pour plonger son regard dans le sien.

- Je ne te pardonne pas, lui souffla-t-il avec une certaine passion. Trompe-toi encore sur moi ! Trompe-toi tous les jours de cette vie, et de la suivante encore. Confonds-moi avec une étoile, moi qui ne suis qu’un vulgaire feu de broussaille. Appuie-toi sur moi, utilise-moi jusqu’à ce que j’aie vaincu ton mal. Mais je t’en conjure, ne te détourne pas de moi…

L'écarlate se fit surprendre par la réponse négative du Tsigane. Là ou elle s'attendait à trouver l'indifférence du prince, et le flegme légendaire de son peuple, Amaranth rencontre un océan d'émotions qui la saissirent à la gorge. Ses doigts se refermant sur son bras, son souffle se coupa. C'était à la fois douloureux et magnétique. L'impression qu'il enflammait sa peau tout autant que son coeur. l'héritière s'en voulait de faiblir à ce point. Quelques minutes auparavant, elle n'était que furie et colère.

- Aram, je t'en prie... Souffla t elle, espérant le faire taire. L'entendre dire qu'elle représentait autant à ses yeux balayait toute la douleur de son abandon. Et ce n'était pas juste, non d'être à la merci de ses mots, de ses sentiments.

Amaranth avait l'impression de lui avoir arracher le coeur avec son discours cruel. De n'être qu'une femme horrible qui le prenait et le jetait. Ce n'était pas le cas, cela ne l'avait jamais été. Merlin, qu'elle aurait tout donné pour l'entendre dire tous ses mots. Elle observa guérir sa main de son geste, la magie de son toucher n'était pas que superficielle. Il avait été le premier à la connaitre, à deviner, à parler, à toucher, son autre. Les souvenirs de leur nuit s'imposant à ses joues. Il était de ses hommes uniques qui s'imposent autant dans le coeur, que dans le corps. Elle pouvait encore le sentir, en elle.

Se retrouvant à quelques centimètres l'un de l'autre, la pièce sembla retenir son propre souffle. La chaleur de la colère disparaissait pour celle d'une passion presque interdite.

- Nous sommes condamnés ensemble.. Si je te garde, tu seras prisonnier de la pire des créatures.. moi.. Répondit elle, en plongeant son regard orageux dans l'onyx de ses prunelles. Instinctivement, ses doigts dessinèrent sa machoire. Se rappelant leurs baisers.
Enchainés, l'un à l'autre conclut elle en cédant à ses lèvres.

Le gout interdit de celle-ci fit rougir l'épiderme froid de la sorcière. La proximité de leurs deux corps vint réveiller le désir de la sorcière qui demeurait encore dans cette chaude journée d'été ou il l'avait ramené d'entre les morts. Elle avait oublié ce que c'était, ou elle s'était forcée à la faire. Mais indéniablement, elle ne pouvait nier son besoin du sorcier. Au bout de longues minutes, elle mit fin au baiser à bout de souffle. Merlin que faisait elle..

- Je... Je n'aurais pas du, bafouilla t elle, en reculant légèrement. Il était sa faiblesse.

La douce lumière de la lune filtrait à travers les nuages traversant les persiennes de la roulotte pour éclairer les émotions qui coulaient sur le visage de la sorcière. Confusion, mélancolie, remord, révolte… Les unes après les autres, elles lavaient les traces de son maudit masque. Dans le silence pesant qui se créait entre eux, une brise légère se leva, transportant avec elle une illusion de chuchotements anciens qui disparaissaient dès qu’on leur prêtait l’oreille.

Amaranth gardait son regard planté dans le sien. L’incertitude qui baignait les pâles opales de ses yeux disparaissait peu à peu devant le feu que dégageait sauvagement Aram en sa présence. L’air crépitait autour de lui, comme s’il résonnait à ses paroles, à son ardeur – mais le tzigane demeurait immobile, la laissant doucement venir à lui, toucher sa peau comme pour vérifier s’il n’était pas un nouveau mirage.

- Si tu m’enchaînes à toi, j’aimerai mes chaînes. Je m'accrocherai à toi comme le lierre à un chêne, psalmodia-t-il dans un tendre sourire qui ne se pouvait plus honnête, citant ces quelques rimes qui se prêtaient si bien à ce moment.

La sorcière à la chevelure enflammée fondit sur ses lèvres, lui offrant un baiser dans lequel elle mit toute la confiance qu’elle avait jour ressentit pour lui, la tiède chaleur de ses espoirs, et le feu glacé de l’oubli de leur perdition à venir. La première fois qu’il l’avait vue, Aram avait été instantanément captivé par sa beauté ensorcelante, mais c’était à présent la profondeur de son combat et du désespoir avec lequel elle s’accrochait à lui qui le décimait de passion. Son cœur ne pouvait plus ignorer cet appel qui fleurissait en lui, réveillant des sentiments qui étaient restés bien trop longtemps endormis.

Alors que la renarde se détachait de lui en balbutiant, il l’attrapa entre ses bras, la faisant basculer sur lui alors qu’il s’affalait dans le fauteuil. Avec un rire, le tzigane la tenait toujours en travers de ses genoux pour lui signifier qu’il n’avait aucune occasion de la voir s’éloigner.

- Pourquoi tu regrettes, mi vida ? Ne renonce pas à ce qui te fais du bien ! Ne recule pas devant le beau et l’enivrant ! Ne dit pas non à mon amour, il est sincère pour toi…

Se penchant en avant, le Romanez attrapa son visage dans la coupe de ses mains, l’embrassant à son tour en lui donnant librement un aperçu de l’étendue de ses sentiments. Délaissant un instant ses lèvres, il ne consentit pas pour autant à s’éloigner d’elle, testant la douceur de sa peau à travers la moindre parcelle de la sienne qui était en contact avec elle.

- Je ne peux encore t’offrir de remède, vulpea mea. Mais je peux te réchauffer avec la chaleur de mon corps si tu m’acceptes. Après tout, l’amour n’est-il pas la plus puissante des magies que nous avons à notre disposition ?

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La poésie de ses paroles semblait être le remède à sa fureur. L'écarlate se perdit dans le ciel sombre de ses pupilles. Il avait la langue ensorcelante, et le toucher indécent. Renoncer à ce qui lui faisait du bien, était un crime pour un esprit libre tel que lui. Elle ne savait que trop bien l'impact de leurs émotions, mais aussi le gout cruel de l'abandon. Et pourtant la couleur de ses baisers, le gout interdit de ses lèvres lui rappelaient combien, elle se sentait vivante dans ses bras.  

Seul l'avenir pourra confirmer si l'écarlate, serait aimé d'un Roi ou d'un Prince.

Mais à cet instant, la douleur de ses dernières semaines et ses drames qu'elle avait tenu secrets, n'attendait qu'une étreinte pour se déverser. Elle céderait, sans doute, une dernière fois. Du moins, c'est ce qu'elle songeait. Une dernière fois, ils s'appartiendraient. Sans noce, ni cérémonie, dans la chaleur de son antre. Là où il soignait bien des corps, et des esprits.

La mosaique d'une de ses fenêtres semblait changer de couleurs. Le regard orageux de la sorcière se perdit un instant dans l'admiration de la pièce si particulière. Le monde semblait si loin d'eux. Elle caressa instinctivement le collier qu'elle portait toujours, son engagement envers lui. Le seul qui n'est pas brisé. Celui de toujours répondre même si elle ne le voyait pas.

- Je t'accepte, souffla t elle dans une émotion palpable. Une dernière fois. Elle scella ses paroles avec la douceur d'un baiser, le confortant dans sa proposition d'amour et de guérison, si ce n'est pas partielle. La chaleur de leurs lèvres dégivrant le coeur de l'écarlate


[...]



La robe qui avait couvert jusque là, les courbes de la sorcière s'écroula au sol avec négligence, tandis que les doigts désireux de la sorcière faisait disparaitre les étoffes de la peau tanée du prince. Lentement, d'une main délicate, elle vint caresser son torse et le couvrirent de mille baisers. Le désir du sorcier se pressant contre le corps nu d'Amaranth, l'enflammèrent comme cette chaude matinée au domaine. Rien n'avait changé, et pourtant tout avait un gout différent. Ses doigts vinrent l'honorer avec une passion retrouvée, un empressement presque indécent. Son souffle haletant se fracassant contre les lèvres carnassières du tsigane. La fièvre s'était emparée de ses gestes. Elle ne tarderait pas à exiger plus, toujours plus.

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Dans les pupilles de la sorcière – si pâles qu’Aram pouvait voir sa propre âme s’y refléter – le tzigane lu tout ce qu’il ne voulait y lire. Elle lui cédait peu à peu, répondant à son envie charnelle comme on accorde un dernier souhait à un condamné à mort. Mais qui d’eux deux s’était ainsi condamné ? Aram le sentit aussi violemment que si on lui imposait la sentence au fer rouge. Son cœur pulsait, envoyant cette évidence cogner durement le long de ses veines, dans ses tempes, jusqu’au bout de ses doigts. En s’abandonnant dans ses bras, elle lui échappait à tout jamais. Les tendres baisers de la renarde avaient le gout amer du dernier aurevoir ; et alors qu’il comprenait au creux de ses entrailles qu’il l’avait déjà perdue, il la pressait impétueusement contre lui, lui faisant ressentir son désir pour elle comme si sa chaleur avait le pouvoir d’arrêter le temps.

Le brasier de sa souffrance le ravageait comme une joie, et sa peine violente alimenta sa passion qui explosait au contact de ses caresses sur sa peau. Lui l’oiseau de passage qui ne faisait jamais que survoler le monde… Il avait simplement fallu qu’elle lui fasse comprendre qu’il n’était qu’un simple feu follet, là où elle réclamait une étoile. Alors il avait compris toute la profondeur de ses sentiments pour elle. Il la perdait, et il renonçait à elle avant même d’avoir entamé la moindre lutte pour elle.

Aram n’était pas sorcier à se battre pour être le seul à posséder une femme. Jamais il n’imposerait ses sentiments afin qu’ils priment sur la liberté d’une autre. Ses envies égoïstes – si nouvelles chez lui qu’il les comprenait à peine – n’auraient jamais vocation à être exprimées. Ce besoin d’elle, si brutal, si intense, si total ; il ne l’exprimerait jamais qu’en l’aimant. Avec toute la passion et toute la ferveur dont il était capable.

De ses gestes fiévreux, elle avait retiré leurs vêtements, et il l’avait observée faire – gravant son délicat empressement dans sa mémoire. Mais au contact de sa peau contre la sienne, le sorcier se laissa avec délectation ébranler par sa propre fièvre. La silhouette laiteuse de l’écarlate renversée sur le fauteuil, le rom se perdit dans la découverte de son corps, goutant et se délectant de sa peau comme de tout ce qu’elle eut à lui offrir en s’ouvrant librement à lui. Il y avait dans cette étreinte un parfum d’interdit et d’irrévocable qui rendait chaque toucher, chaque baiser aussi chavirant qu’un tsunami. L’embrasement prenait peu à peu le pas sur l’exploration et il sentit son plaisir gonfler par vagues successives.

Cette excitation de la voir perdre peu à peu le contrôle d’elle le faisait se presser contre elle plus intensément encore. Son propre feu le consumait mais il ne pouvait encore laisser sa propre passion la posséder. Pas encore… Pas tout de suite… Il empoignait ses cuisses, se laissant guider par le rythme qu’elle lui imposait par ses gestes, l’ondulation de ses hanches, ses halètements… Bientôt… Bientôt elle s’ouvrirai totalement à lui…

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Les lèvres du tsigane enflammèrent la peau albâtre de la sorcière. Il embrassait chaque centimètre qu'il rencontrait, accordant plus d'attention à ses cicatrices et ses anciennes plaies. Les aimant d'un sentiment si dévorant, que l'écarlate ne pouvait plus différencier la douleur du plaisir d'être à nouveau dans ses bras. Une dernière fois songea t elle, laissant ses larmes s'échappaient de ses orbes impératrices.

Ses hanches se soulevaient au rythme de son souffle haletant et pressé. Ses doigts s'accrochant à son cou. Leurs médaillons s'emmêlant à chaque nouvel assaut. Les mains du prince s'enroulèrent autour de ses cuisses, la faisant gémir de plaisir. Elle le devinait dans son controle, sa retenue qui menaçait de se briser si Amaranth cédait elle même aux démons de la luxure. Comme deux amants maudits dont l'union paienne provoquerait la fin des temps, ils s'aimaient dans la pénombre de leurs secrets.

L'héritière se mit à ralentir, tentant de retrouver son esprit. Mais celui ci semblait loin, et entremêlé avec son amant. Elle fit rouler ses hanches, plus lentement. Les allers et retours se faisant plus profonds, plus sensibles. Des gémissements s'échappèrent de ses lèvres rougies, jusqu'à ce qu'elle murmure son prénom à son oreille. Lui confiant tout l'étendue de son coeur en quelques mots dissimulés dans l'intimité du moment. Une dernière confession, celle d'une relation qui était née au premier regard. Ils étaient des ronces liés l'un à l'autre. Féroces et inséparables.. Et le futur continuera à leur prouver, qu'à chaque orage, Amaranth porterait la main à son collier pour invoquer le prince des tsiganes.

Les vagues d'extase menaçaient de faire céder les portes de la sorcière, de l'inonder du plaisir ultime. Les tremblements se saisirent de son corps, semblables à une fièvre meurtrières. Elle lia ses doigts au sorcier, l'interrogeant du regard. Amaranth voulait terminer avec lui, le sentir s'échapper en elle.

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Abandonnés dans la fusion de leurs deux âmes, les amants se mouvaient, réagissant l’un à l’autre comme dans une danse qu’ils auraient maintes et maintes fois répétées. La sublime écarlate s’était resserrée contre lui, murmurant son prénom telle une offrande qu’elle mêlait à cet abandon total d’elle. Les lèvres d’Aram se pressèrent contre les siennes, un murmure venu de son monde qu’il lui dédiait en retour – goutant le souffle de la sorcière qui se posait sur lui, imprégné de son arôme aussi amer que sucré.

Les pupilles de charbon du tzigane rencontrèrent celles de la renarde, pâle reflet de la flamme vacillante des bougies qui les éclairaient. Auréolée de ses boucles rousses, les yeux d’Amaranth brillaient de leur propre feu comme deux braises tandis que son corps entier vibrait de plaisir et d’impatience. Sous sa peau d’albâtre sa robe bruissait, reproduisant le son des feuilles d’automne dans le vent. En cet instant, elle incarnait en tout point l’esprit sauvage du vent des plaines natales du Romanez. Les ombres qui projetaient le portrait intime de leur union les montraient comme sur le point de s’envoler.

Elle l’appelait, elle l’attendait… Devant son désir, les mains couvertes de bagues du tzigane empoignèrent brutalement le corps brulant de la sorcière alors qu’il se laissait aller à sa propre perdition. Amaranth vibra sous son assaut, tandis que leurs énergies se mêlèrent, se rencontrèrent enfin dans une déflagration de plaisir qui enflait, se renforçant au contact de l’autre.

Les bougies furent toutes soufflées par l’onde d’énergie qu’ils libéraient, les laissant entrelacés et haletants dans la pénombre de la pièce qui semblait résonner encore et encore de leur connexion. Aram embrassa une dernière fois sa belle, sentant son cœur battre contre le sien, rappelant l’union qu’ils venaient de partager.

Quand il parvint à se redresser, l’arménien s’assit à ses côtés en observant tout d’elle, de la beauté de ses courbes aux sinistres marques de ses cicatrices. Comment pourrait-il un jour renoncer à ce spectacle ? Alors qu’elle répondait à son attention, il lui offrit un sourire prometteur, se penchant pour serrer sa main dans la sienne. Ils ne venaient pas de vivre un simple moment purement physique, Aram en était persuadé. Il y avait entre eux une connexion qui lui permettrait de la sauver, même s’il devait au passage s’arracher l’âme et se damner aux flammes éternelles. Car son enfer, il le vivait déjà. Tant qu’elle souffrait, il ne pourrait trouver le repos.

- Vei fi salvat, sufletul meu, lui murmura-t-il en recouvrant son corps d’un pan de sa robe. Fie că e azi sau peste o sută de ani, îți promit...*



* Tu seras sauvée, mon âme. Que ce soit aujourd'hui ou dans cent ans, je t'en fais la promesse...

L'empreinte du sorcier sur l'albatre abimé de l'écarlate prendrait différentes formes, et cela pour de nombreux jours, voir semaines. La brûlure de ses doigts, la forme de ses bagues, les éclats de sa magie. Amaranth avait accepté que chacun de leurs ébats liés leurs âmes d'une manière si étroite, si profonde qu'ils ne pourraient jamais se défaire complétement. A l'image de ses ronces dont les épines cachent les pétales de velours des Roses d'hiver.

L'obscurité de la Roulotte rélèva les souffles brûlants des deux amants. L'étreinte de leurs doigts dans un sourire discret. Amaranth le remercia du regard, lorsqu'il couvrit son corps nu et comblé. La poésie de ses mots, traduirent la promesse d'une vie.

Il l'abandonnerait pas, il ne l'abandonnerait plus. La sorcière savait que même si l'avenir lui offrait un amour différent de celui qu'ils possèdaient au coeur de la nuit, le prince serait toujours l'homme de son ombre. Aram pouvait se perdre dans les richesses de la luxure, des corps, ou de la magie, cette nuit il lui avait confié une partie de son coeur.

D'un geste délicat de sa main immaculée, elle détacha une de ses mèches rousses et fit de même avec une mèche de la chevelure si particulière du seigneur des tsiganes. En agitant ses doigts, et murmurant quelques mots gaéliques. Les mèches se lièrent pour se muer à une racine.. Des feuilles poussèrent, et une fleur aux reflets ambres apparuent.

- Il y a des mois, tu m'as confié ce bijou.. répondit elle, en désignant l'anneau qui pendait toujours à son cou. A mon tour, de t'offrir ma magie.. Cette fleur en est le bijou. Tant qu'elle sera fleurie et épanouie, tout ira bien pour nous deux.. Et si jamais, quelque chose devait arriver.. Les pétales tomberaient..

L'écarlate déposa un baiser délicat sur ses lèvres encore gonflées de désir. L'envie de s'en emparer une nouvelle fois était tentante. De poursuivre la nuit jusqu'à ce que le soleil ne lui rappelle la dure réalité.

- Un jour.. On sera libre Aram.. Tous les deux.. Moi de mes démons, et toi.. de toi-même conlut elle avec un étrange sourire.. Et tu trouveras la lumière et le bonheur dans le regard de celle qui sera faite pour toi.

La fièvre de l'alcool et de l'amour ayant toutes deux disparues. Amaranth retrouva ses habits, et son armure de glace.

- Te iubesc. La silhouette de l'écarlate disparue dans un crac symbolique.

Le regard aussi sombre que le ciel de minuit qui les surplombait de sa calme étendue de velours, Aram observait Amaranth s’adonner à son extraordinaire et unique magie. Il ressentait là toute l’étendue et la complexité de ses fascinants pouvoirs. Une étoile s’alluma dans le fond de ses pupilles alors qu’il récupérait la fleur qu’elle avait façonnée pour lui et de laquelle émanait toute la grâce de son amour.

Ses lèvres rubis s'écartèrent une dernière fois de lui dans un doux soupir, et elle avait prononcé les quelques mots d’adieu qu’il avait pressenti et redouté. Pourtant, non… Il se reprit. Ce n’était pas un adieu. Un simple aurevoir. Les deux sorciers se reverraient. Ils ne partageraient simplement plus cette intime connexion qui avait momentanément empli le cœur du tzigane d’un sentiment de complétude.

Les yeux émeraude d'Amaranth brillaient de cette émotion contenue qu’ils partageaient et devant son sublime profil, Aram sentit un élan de culpabilité l'envahir. Il savait ce qu'il devait faire pour l’aider à se libérer de lui, et ce, sans prendre en compte ses propres sentiments. Aussi, il lui offrit son sourire le plus désinvolte et confiant en réponse à ses mystérieuses dernières paroles.

Et comme ça, aussi simplement, elle avait disparu. La belle sorcière fauve l’avait laissé accroché à la fenêtre de sa roulotte, observant l’horizon dans ce nouveau silence qu’il aurait à apprivoiser. Le Romanez porta à son visage le présent de la renarde, comme s'il essayait d'imprimer son parfum dans sa mémoire pour toujours. Cette attirance folle qu’il avait éprouvé pour elle s’était épanouie dans le chaos de ce monde déchiré par le mal, et s’était renforcée devant son courage flamboyant, le déferlement de ses pouvoirs, la sagesse de sa résilience. Mais après avoir provoqué leur rencontre, le destin, cruel et capricieux, venait de décider que leur route, bien qu’éternellement parallèle ne se rejoindraient plus.

Il ne restait d’eux que deux âmes désunies qui ne choisiraient de se rallier que pour une seule et unique cause. Ils devraient mener un combat presque trop lourd pour eux : repousser les ténèbres qui rongeaient la femme-double de l’intérieur. Aram puiserait en son pouvoir ancestral et son amour à peine conscientisé pour elle afin de l’aider à retrouver la lumière, même s’il devait pour cela sacrifier la sienne.

Les premières lueurs de l'aube peignirent le ciel de teintes roses et dorées, et amenèrent avec elles l’acceptation du sort du rom. Amaranth était partie mais sa présence était toujours avec lui, nichée au cœur de cette plante magique qu’elle lui avait confié. l'arménien la plaça dans l’une de ses poches intérieures et poussa la porte de sa roulotte. Il avait fait le choix de s'abandonner encore une fois à la destinée, laissant sa silhouette disparaître dans la brume de l’aube londonienne.