« If you tell the truth, you don't have to remember anything. »
Mark Twain
Cette entité était mystérieuse, remplie d'une rage que Thaddeus pouvait sentir d'ici, et pourtant ses mots étaient teintés d'une certaine vérité, tous comme ceux de son hôte, formulés quelques secondes plus tôt. Les mythes n'étaient pas que des histoires pour divertir ou faire peur, chacun renfermait une leçon ou une mise en garde et, dans le cas présent, le mythe d'Icare convenait parfaitement au colosse. Thaddeus était l'héritier d'une des plus puissances familles sorcières grecque, la puissance que portait son nom était telle que personne ne pouvait l'ignorer, et pourtant il lui aurait été facile de s’enivrer du pouvoir qui était le sien.
Plusieurs de ses ancêtres l'avaient fait, dilapidant leur fortune et enchaînant les entreprises vouées à l'échec, guidés par leur soif de pouvoir et de grandeur mais, au fil des générations, les héritiers du grand Achille avaient appris de leurs erreurs. Ils avaient appris que le pouvoir était une chose fragile, et qu'une ascension se faisait pas après pas. Thaddeus était le représentant de cette famille, le représentant d'un dangereux pouvoir à plus d'un titre et, de ce fait, devait faire constamment preuve de prudence. Il avait appris quand s'arrêter, quand faire preuve de tempérance et, surtout, quand ne pas creuser même quand la tentation était immense.
Il voulait creuser, plonger ses mains plus profondément, mais il ne le fit pas. Car il savait que, à force de plonger dans les ténèbres de l'esprit d'un autre, il risque de perdre un peu plus de lui, à chaque fois. Il retint donc sa main, observant le saignement de nez de l'entité, avant que celle-ci ne décide de prendre la parole en des termes...peu flatteurs, pour l'arrière grand-mère. Celle-ci avait une certaine réputation et, même si Morrighan n'apportait aucune preuve concrète, elle abondait suffisamment dans le sens de son hôte pour attiser la curiosité du colosse grec.
Ce dernier, les bras croisés contre la poitrine, resta attentif à la moindre de ses paroles, en tenant en compte de la mise en garde. La présence de Morrighan à l'intérieur de ce corps était un secret, un secret qui devait avoir été couché sur papier et, si le procédé était découvert...qui pouvait dire à quelles fins il pourrait être utilisé ? Le visage de Thaddeus se figeant en une expression sérieuse, conscient de la gravité des paroles de l'entité, le guerrier lança sur le ton de la promesse :
« Nous nous reverrons, μαύρη βασίλισσα. »
Il n'eut pas le temps de dire plus, que le corps de l'écarlate s'écroulait au sol. Bondissant en avant avec rapidité et puissance, Thaddeus tendit ses bras pour rattraper l'écarlate, avant que son corps ne touche le sol. Il avait espéré qu'elle reprendre rapidement connaissance mais, au lieu de cela, son corps fut agité de soubresauts, de puissances convulsions et, si le Illiadis avait suffisamment de connaissances médicales pour la positionner sur le côté, le temps que les convulsions ne passent, il craignait que cette crise puisse avoir des dommages irréparables sur son corps. Pas ici, pas sous sa garde. Reconnaissant le nom que l'écarlate marmonnait, conscient que le Mapleleaf n'était pas venue seul, ce fut sur un ton puissant que Thaddeus beugla :
« Allez chercher le docteur Pierce ! »
Même avec la porte fermée on l'entendrait d'ici. Un agent courut à travers les couloirs et, enfin, devant l'entrée, nota la présence d'un homme dans un impeccable costume bleu sombre. Demandant de confirmer son identité, l'agent expliqua rapidement que le Illiadis demandait à le voir en urgence et, immédiatement, le Pierce sut que quelque chose n'allait pas. Ni une ni deux, il arpenta les couloirs aussi vite que ses jambes pouvaient le permettre et, lorsqu'il pénétra dans cette pièce, son cœur manqua un battement.
« Qu'est-ce que... ? »
Le grec leva son regard vers le médicomage et, alors qu'il tenait toujours l'écarlate sur le côté, expliqua :
« Elle est... »
Nathanael ne lui laissa pas finir sa phrase, car il savait, il devinait. Il n'y avait qu'une seule chose, qu'un seul événement qui pouvait avoir de telles répercussions sur le plan physique, chez la Mapleleaf. Son instinct de professionnel reprenant le dessus, Nathanael se rua vers la belle et, posant genou à terre, lâcha :
« Je sais. Poussez-vous, je prends le relais. »
Et il ne prendrait pas non pour une réponse. Gardant la demoiselle dans la même position, il s'assura qu'elle n'avait rien dans sa bouche avec quoi elle pourrait s'étouffer et, une fois ceci fait, il la garda fermement dans cette position jusqu'à ce que, enfin, les convulsions ne se calment. Sentant sa boule au ventre se faire un peu plus petit, Nathan dégagea quelques cheveux du visage de Amaranth et doucement, délicatement, lui souffla :
« Ama ? C'est Nathan. Je suis là, tout va bien...»
NE