Excelsior (Zoey)

« Ellie… je… je veux pas y aller. »

Les Yard partaient, et moi avec eux. J’étais résigné à partir, à continuer à voir ma famille. Parce que sans eux, je n’étais rien et sans moi, ils manqueraient un membre important de la meute. Le coeur lourd, j’avais plusieurs lettres dans les mains, prêtes à poster. Une pour Zoey, une pour Ayden, une pour Aena et une pour Nath leur expliquant que je n’avais pas la force de les voir en face pour leur annoncer mon départ. M’approchant du petit garçon, qui devait avoir dans les 10 ans, je m’accroupis alors à ses pieds :

« Ne t’en fais pas Eole, tu seras avec moi. C’est dur pour tout le monde. »

Il me regarda, et se mit à pleurer. Mais pas comme le faisait les enfants de son âge, non. Il pleurait de larmes sourdes et silencieuses, profondes et discrètes, le visage parfaitement angelin et pas déformé par les sanglots.

« Je veux retrouver papa et maman Ellie, tu m’avais promis. »

Je restais accroupi à son niveau. Dans ma main, je serrai les deux lettres que j’avais écrite pour mes deux amis. Il était vrai, que lorsqu’il était arrivé au Domaine, j’avais promis à ce jeune réfugié Né Loup lui aussi de retrouver ses parents. Il avait été laissé au domaine, comme de nombreux enfants de son âge, car notre domaine était l’endroit le plus sûr pour eux… enfin l’était.

« Ecoute, on est obligé de partir. Le temps que ça se tasse un peu. »

Il baissa les yeux. Je vis alors l’espoir s’éteindre peu à peu dans ses yeux et mon coeur se fit de plus en plus lourd. Lui serrant les épaules, je restais là, silencieuse à me dire que finalement, si je partais, jamais je ne tiendrais cette foutue promesse que je lui avais faites comme j’avais pu le faire à Haruka autrefois. Serrant les dents, je regardais ma mère au loin, qui m’observait d’un œil tendre et… compréhensif. Elle hôcha la tête et elle aussi se mit à pleurer en me faisant un signe presque imperceptible.
Je déchirais alors les lettres que j’avais écrites et j’essuyais moi même mes propres larmes pour dire :

« Tu as raison, je t’ai fais une promesse. Reste ici, je reviens. »

Je me dirigeais alors vers les Yard, bien décidée à leur expliquée ce revirement de situation…

Quelques heures plus tard, Marché au Troll.

« Reste prêt de moi, et il ne t’arrivera rien. »

Vêtus de capes à capuches, couvrant notre visage, nous avançâmes rapidement dans les ruelles du Marché Au Troll. Je commençais à connaître l’endroit comme ma poche, et je savais que ce n’était pas un lieu pour un enfant de son âge. Mais… aussi incroyable que cela puisse paraître, il n’était pas apeuré. Il semblait… déterminé, et soulagé que je tienne ma promesse.

« Où on va Ellie ? » demanda-t-il timidement.

Arrivée de l’ensorceleur, j’enlevais ma capuche et je lui posais une main sur l’épaule pour dire :

« Chez des amis. »

La porte s’ouvrit. A cette heure si matinale, le bar était sensée être fermé, mais j’avais envoyé un patronus d’urgence à Zoey pour lui signalée mon arrivée et… la volonté de lui parler de quelque chose d’important. Aussi, quand ma meilleure amie ouvrit, mon premier réflexe fut de lui sauter au cou, repensant encore à cette lettre que je lui avais écrite et qu’elle ne lirait donc jamais, grâce à Eole.

« Est-ce que tu peux nous héberger pour quelques temps ? Il faut que je te parle de quelques trucs... »

Eole regarda Zoey et finit par dire, émerveillée :

« Vous êtes très belle. »

Je fis une grimace et je mis les mains sur mes hanches, un brin jalouse.

Ft  @Ellie Yard
The Sorcerer
11 Novembre


J’ai frôlé la nuit blanche à me refaire cette discussion que j’ai eu la veille avec @Glenn Yard . Alors que je m’apprêtais à lui balancer ses quatre vérités quant au fait de me laisser dans l’ombre de cette histoire de magie noire et d’avoir dû découvrir le pot aux roses par moi-même, il m’avait cloué le bec en m’annonçant leur départ. Ils partaient. Tous. La meute mettait les voiles, dans une contrée lointaine, où ils seraient tous libres. Loin de la merde que secouait @Mélusine D'Assembourg , loin du Ministère et de ses sbires. Loin de moi. Ça a coupé court à la discussion, il n’y avait rien de plus à ajouter. Des aurevoirs amers mais c’était toujours mieux que rien, il paraît. Je l’avais serré dans mes bras une dernière fois. L’avais traité d’abruti une dernière fois. Et il était parti. Ils étaient partis.

Du moins c’est ce que j’ai pensé jusqu’à ce patronus qui nous a réveillé. Les yeux bouffis, j’ai assuré à @Léandre Hamilton que je m’en chargeais, qu’il pouvait encore profiter de son sommeil. Je me suis rapidement habillé pour descendre et attendre l’arrivée d’Ellie.

Je me prépare au pire. S’est-il passé quelque chose ? Le Ministère aurait fait une descente avant qu’ils n’arrivent à foutre le camp ? Je suis déjà prête à contacter @Emrys Woods … Des coups à la porte. Je me précipite et découvre mon amie qui me saute dessus, accompagnée d’une silhouette encapuchonnée bien plus petite. Je n’ai pas le temps d’en placer une, ils sont bien plus rapides. Je grimace à la demande d’Ellie et arque un sourcil à la remarque du gamin.

« Pas encore de poil au menton et déjà flatteur. Tu iras loin, petit. »

Je leur fais signe d’entrer et vérifie les alentours avant de refermer la lourde porte derrière eux. Je les invite à me suivre alors que je les mène dans les salons plus isolés bien qu’à cette heure-ci c’est bien désert. Je me laisse tomber sur une banquette et me frotte le visage avant de fixer la médicomage, soucieuse.

« Tu es restée... »

Je ne sais pas si elle est au courant de la visite de son frère. Je suis d’ailleurs contrariée qu’elle n’en ait pas fait de même avant leur beau projet de fuite. Mais je dois avouer que je suis heureuse de la voir même s’il est bien trop tôt à mon goût. Avec les années, je suis devenue un oiseau de nuit.

« Qui est ton ami ? »

Alors que nous partions vers les salons, Eole en profita pour regarder un peu au passage quelques filles nus. D’un geste sec et direct, je lui mis une tape derrière la tête et il se mit à dire :

« Hé ! »

Je le foudroyais du regard, me contentant de dire gentiment mais froidement.

« Tu récupères vite toi. Regarde devant toi plutôt. »

Nous arrivâmes dans le fameux salon, et Zoey avait mauvaise mine. En même temps, je me doutais de la raison. Elle avait du être mise au courant de notre départ et… elle ne savait pas si j’allais suivre ma famille. Aussi, cela me prouvait que j’avais fait le bon choix. Qu’elle avait encore besoin de moi dans sa vie et donc que j’avais bien fait de rester et de brûler la lettre.

« Oui. » dis-je simplement, mais fermement.

En même temps, il n’y avait rien de plus à répondre à ça. Je détournais les yeux et je passais mes mains sur mon visage las. Bien contente d’ailleurs qu’elle me parle d’Eole. Lui, se contentait de fixer Zoey comme s’il avait vu un ange pour la première fois. Il le faisait exprès ou quoi ?

« C’est Eole… Eole Yard. » dis-je en grinçant des dents.

Il sursauta. Moi aussi du coup, et je crus voir aussi Zoey sursauter mais j’en étais pas sur. Je me tournais vers Eole et je lui fis une grimace :

« C’est comme ça que tu t’appelleras si tu ne veux pas que le Ministère t’arrête quand ils seront qui sont tes parents patate ! »

Il semblait soudain comprendre et se rasseya, complètement fatigué. Avec un calme et une maitrise parfaite de moi même, je lui tendis une bouteille de soda que j’avais dans la poche intérieure de ma veste. Ravi d’avoir une sucrerie, Eole en but quelques gorgées puis…

« Ellie ! C’est pas du Soda ! C’est une potion de Som… Zzz... »

Je me jetais en avant pour l’attraper correctement et le remettre sur le canapé avec un grand sourire fraternel. Je me tournais vers Zoey, et je revins m’asseoir après avoir mis ma veste sur lui pour qu’il n’est pas froid.

« Donc, c’est mon petit frère. Enfin, il faudra que ça le soit. Est-ce que Léandre peut me fournir des faux-papiers pour lui ? Il doit bien avoir quelques contacts ? Attends, je commence par le début... »

Je me massais le crâne. Par réflexe, j’avais failli boire la bouteille de Soda que j’avais donné à Eole mais je me rattrapais au dernier moment en ricanant de nervosité. Je déposais la bouteille et je m’expliquais.

« Eole est un de nos réfugiés. Ces parents sont des Loups de la Meute, ici, au Marché Au Troll. Ils les ont abandonné alors qu’il n’avait que 2 ans au domaine. Il y a quelques années, je lui ai promis de retrouver ses parents et… de l’aider à se faire accepter d’eux. »

Je regardais Eole dormir, et je soupirais.

« Mais quand j’ai commencé à chercher, je me suis rendu compte qu’ils ne l’avaient abandonné que par… pur égoisme. Ils ne voulaient pas de cet enfant et… C’est pas vraiment des gens fréquentables pour lui. Bien sûr, je lui ai jamais rien dit. Je lui fais croire que je continue à chercher… et que je discute de temps en temps avec eux… Mais il commence à grandir et il est pas con. Il va s’en rendre compte… Donc… Le projet... »

J’inspirais. J’allais enfin déblatérer mon plan de merde à Zoey.

« C’est qu’il se rende compte par soit même que ces parents sont des gros cons et qu’il reste avec moi. Je… je m’y suis attaché à ce petit et… Je me voyais pas le laisser ici sans moi… Car il a refusé de suivre la famille dans le Nord. Il… il voulait les retrouver, et il était déterminé. Donc, je lui ai dit qu’on chercherait ensemble. »

Je m’attirais alors une bière, comme chez moi, épuisée, et je m’allongeais presque dans le canapé :

« Et donc on cherche ensemble ! Sauf qu’on a plus d’endroits où dormir jusqu’à ce que je trouve un appart ! Bon pour lui, ici c’est pas le top, il va voir des femmes à poil tous les jours… Mais… j’allais pas l’emmener chez Ayden ? Imagine la tête qu’il aurait fait… Non. C’est mieux comme ça. Ah. Et c’est un Loup Garou de naissance, je te déconseille de boire la bouteille que je lui ai préparée, c’est dosée pour abattre un poney... »

Ft  @Ellie Yard
The Sorcerer
11 Novembre


« Le Dieu du vent, rien que ça ! »

Je tique au nom de famille mais avec les Yard qui accueillent à tout bout de champ, en adoptant certains au passage, ce n’est pas si surprenant. En revanche, la réaction du gamin m’étonne car il n’avait pas l’air au courant et ça, ce n’est pas normal. La situation n’est donc pas aussi simple et le môme a l’air un peu au bout du rouleau. Je suis donc rassurée de voir Ellie prendre soin de lui jusqu’à ce que je réalise qu’elle vient de le droguer à son insu ! Je n’ai pas le temps d’en placer une qu’elle continue comme si de rien n’était, comme si ça lui arrivait tous les jours de droguer des gamins ! Je l’observe avec des yeux ronds, sentant la colère naître en moi.

« Tu peux me dire à quoi tu joues ?! »

Je me lève et viens voir si Eole va bien, vérifie s’il respire, avant de fusiller mon amie du regard, tremblante de rage. Je tente de prendre sur moi, de réguler mon pouls, de respirer car je crains de voir arriver l’écossais dans la seconde.

« Je résume. Le gamin a été abandonné par ses parents qui sont deux bons gros connards pas fréquentables que t’aurais pu croiser en l’amenant ici. Tu lui mens depuis tout ce temps, et lui laisse un espoir qu’il n’a pas… Tu veux le garder pour toi car tu t’es attaché au môme… Tu le ramènes dans une maison de Charme… Tu te fous de moi, là ? »

Je ne comprends même pas comment elle a pu en arriver là ! Elle qui a fait de si grandes études, qui sacrifie sa vie pour sa famille, pour ses patients… Là voilà qui vrille totalement. Je m’inquiète déjà depuis quelques jours, depuis cette histoire avec Ayden. Je la reconnais de moins en moins dans ses agissements et ça me fait peur.

« T’es tombée dans un chaudron de connerie pure ?! Il n’y a rien qui va dans ton plan de merde ! »

Je lui confisque sa bière que j’envoie valser contre un mur, remontée. D’un claquement de doigt je fais apparaître une tasse de café bien chaud dans ses mains, un tour appris avec mon fiancé. Il ne manquerait plus qu’elle tape dans l’alcool pour avoir des idées encore plus fumantes. J’inspire longuement et vient m’assoir sur la table basse, face à elle. Je ne peux pas la laisser s’installer dans l’établissement, pas dans ces conditions, pas maintenant.

« Je peux me démerder pour les papiers, j’ai des contacts dans la famille. Mais il est hors de question que vous passiez ne serait-ce qu’une nuit ici. C’est un môme, putain ! C’est pas un bar ici et encore moins une auberge, il n’a rien à faire là, Ellie ! »

Si Ellie m’agace à encore se méprendre sur l’établissement, je ne m’inquiète pas pour l’accueil qu’il recevrait. S’il complimente toutes les filles de cette façon, il se ferait dorloter. Non, c’est vraiment qu’il n’est pas en âge d’être là, c’est un coup à le perturber profondément et à ce qu’il passe sa vie chez le psy. Je ne comprends vraiment pas d’où elle a pu trouver cette idée acceptable alors qu’il y a une évidence qui me saute aux yeux.

« Je ne sais pas où t’en es avec Ayden mais il nous a déjà aidé en hébergeant des hybrides. Dans un endroit sûr pour un gamin. »

Avant qu’elle n’ait le temps de protester, je fais apparaître un bout de parchemin et une plume, gribouille rapidement et me précipite dans une autre pièce avant de revenir quelques minutes plus tard.

« Sérieusement, Ellie, qu’est-ce qui t’arrive ? »

« Ce qui va pas c’est qu’on m’a abandonnée ! »

Je m’étais dressé et mes pupilles s’étaient dilaté pour ressembler à ceux des loups. D’ailleurs, mes cheveux avaient changé de couleur pour passer du châtain clair au blanc. Sous l’effet de la colère, la bouteille de bière explosa elle aussi. Tout ce que j’avais accumulée ressortait brutalement. Me rendant alors compte de ce que j’étais en train de faire, je fermais les yeux et mes canines redevinrent normales. Puis mes cheveux, et enfin mes yeux.

« Ils sont partis. Et j’ai pas voulu les suivre, parce que… parce que ma place est ici et… que je suis pas un fuyard. »

Mes poings s’étaient refermés et des larmes perlaient sur mes joues. Je continuais de regarder Zoey dans les yeux. Non, effectivement. Ca n’allait pas du tout. Essayant de me calmer, je repris alors méthodiquement, comme la médicomage que j’étais.

« La potion de sommeil, c’est pour qu’il n’écoute pas notre conversation. » dis-je sans appel. « Et parce qu’il ne dort plus depuis qu’il sait qu’on doit partir. »

Puis, toujours debout, je regardais autour de moi. J’avais envie de partir, là maintenant tout de suite. Refaire comme j’avais fait la fois où ca c’était mal passé avec mon père, rejoindre Médicomage sans Frontière et tout claqué derrière moi. Mais… mon visage se posa sur Eole et je déclarais simplement :

« Il s’appelle comme ça. »

Je la regardais dans les yeux, puis je commençais à dire de manière rapide, vite et entrecoupé de sanglots.

« Je suis venu ici… Parce que c’est le premier endroit où j’ai pensé aller quand j’ai dit aurevoir à ma mère. Parce qu’en dehors d’eux, j’ai que toi et Ayden. Voilà pourquoi je te demande de dormir ici une nuit ou deux. »

Je baissais les yeux, et je continuais ma petite histoire d’un ton qui se voulait de plus en plus calme mais… je vivais quand même ce que j’avais vécu ce soir comme de la lacheté et de la trahison.

« J’ai promis à Eole de l’aider à retrouver ses parents. De se faire accepter d’eux. Mais il faut qu’il s’en rende compte par lui même, quand il sera prêt. Pour l’instant ce n’est qu’un louveteau. Et tu sais très bien que quand je tiens une promesse, je la tiens toujours. »

Je m’étais diriger vers lui et j’avais enlevé ma veste. Je l’avais remise sur moi, bien décidée à partir. La tristesse la colère, la peur, et la haine se mélangeait me faisant totalement perdre la raison. Pourquoi est ce que ma meute devait partir, alors que… j’étais bien ici ? Pourquoi devait-on quitter une terre qui était notre foyer depuis des générations pour accomplir la tâche que j’étais en d’accomplir avec Eole ?

« Les Yards sont sensés aider les autres. A leur trouver une voie, un chemin à suivre. Pour les égarés. La terre, c’est ce qu’on a de mieux à offrir quand on est perdu. Parce que c’est elle qui nous donne tout ce qu’on a besoin. Nous sommes les enfants de la Nature, qu’on le veuille ou non, et la Nature avec un grand N. Peut être que les autres abandonnent, où vont voir ailleurs pour faire ça. Tu devrais t’en rappeler. »

Je soulevais alors Eole comme un poids plume, pour le mettre sur moi en position de sauveteur. Avec ma force, il ne pesait rien, et j’avais appris cette façon de porter les gens à MSF. Je regardais alors Zoey dans les yeux et je déclarais :

« Moi, je continue. Ici, parce que c’est chez nous. On sera plus que deux, mais, ça suffit pour faire une Meute. »

Mes yeux se firent plus menaçant, la bête était en train de revenir. J’avais peur brusquement que Zoey m’abandonne elle aussi, qu’elle me rejette, et qu’elle s’en aille par crainte de… de quoi ?
Je baissais alors la tête.

« Eole est un gentil garçon. Qui… qui… a besoin qu’on le guide. Si ces parents lui remette la main dessus, il rejoindra Malhorn et sa Meute de dégénéré. Je veux pas ça pour lui. »

Je savais plus où j’en étais. Je pris alors le chemin inverse par lequel j’étais venu.

« Je vais chez Nathanel. »

Ft  @Ellie Yard
The Sorcerer
11 Novembre


Magnifique, après la bière que j’ai explosée, maintenant Ellie en fait de même avec le café. Qui va devoir se taper du ménage de si bon matin ? Je suis ravie. Je me lève à mon tour, tendue, prête à agir sur la louve qui prend le dessus sous mes yeux. La cage n’est pas si loin, il me suffirait d’appeler Léandre pour qu’il vienne nous ouvrir et j’y pousserais Ellie jusqu’à ce qu’elle reprenne ses esprits si besoin. Par chance, la médicomage reprend le contrôle avant que je n’aie à intervenir. Je viens la serrer dans mes bras, lui caresse doucement le dos alors qu’elle s’ouvre.

« Oui, ta vie est ici. Tu as ton travail, tes amis… et apparemment un gosse, maintenant. »

Et dire qu’il y a quelques jours à peine elle paniquait à la simple évocation maladroite de louveteaux par Ayden. Je ne la comprendrais jamais. Je garde pour moi la réflexion que droguer Eole à son insu n’était en aucun cas justifiable, le mal est fait et le gamin va bien… L’urgence est de calmer Yard qui est tellement bouleversée qu’elle oublie des mots dans ses phrases. Je fronce les sourcils quand elle oublie plus que des mots. Je m’écarte d’elle, la tenant toujours pas les épaules et plongeant mes yeux dans les siens, inquiète.

« Tu oublies ton collègue et ami, non ? @Nathanael E. Pierce ? Sans parler de @Aena Nightingale la maman poule. Elle pourrait clairement t’aider pour le môme, te donner des conseils… Alors que moi je n’y connais rien, tu le sais. Ici ce n’est vraiment pas possible, je suis désolée Ellie, mais ce ne serait vraiment pas une bonne idée pour Eole.@Ayden J. Callaghan sera content d’aider, peu importe votre situation… Tu n'es pas seule, Ellie. »

Je comprends aussi qu’elle veuille aider le gamin mais je ne suis pas certaine que sa méthode soit bonne. Lui faire croire qu’elle cherche ses parents, lui mentir, ça ne pourra que lui exploser au visage le jour où il découvrira la vérité. Car ça arrivera. Non, il faudrait l’occuper pour l’instant… L’école, des jeux… J’ignore comment on occupe un enfant de cet âge mais l’idée est là… Lui faire oublier un temps ses parents, lui montrer qu’elle est présente pour lui… Je soupire à l’idée de ce qu’elle allait avoir à gérer à partir de maintenant. Je soupire encore quand elle évoque les choix de la meute.

« Glenn a sa vision des choses. On a toujours été en désaccord là-dessus, c’est pour ça que ça ne pouvait pas le faire, nous deux. Ni même avec votre meute. Il s’est quand même montré plus actif que Paul dans l’aide apportée, je crois… Et là il doit voir au plus pressant, protéger votre secret. Et ça demande de laisser des gens derrière… »

Je l’ai moi aussi mauvaise. Je comprends son sentiment d’abandon car je l’éprouve. On me serine que je ne suis pas seule, que je peux compter sur la meute, sur le Domaine, qu’ils sont là… Sauf que, non, ils ne le sont plus. L’amertume d’Ellie est plus forte. Je me doute que c’est plus difficile à digérer pour elle, elle fait partie de la famille, de la meute. Ça a un autre sens pour elle que pour moi. Elle a toujours fait partie de cette meute, même pendant son voyage, alors que je n’ai vécu cette expérience que trois ans. J’ouvre de nouveau de grands yeux inquiets alors qu’elle récupère l’enfant et qu’elle se souvient soudainement de l’existence de son autre ami. Je me dépêche de lui barrer le passage.

« Si tu crois que je vais te laisser partir comme ça, tu te fous le doigt dans l’œil, Yard ! Il est hors de question que je te laisse seule, là ! J’ai prévenu Ayden qu’on allait débarquer, et c’est ce qui va arriver. Pas tout de suite, d’abord tu vas te rassoir et fissa ! » Je lui pointe le canapé. « Assis ! »

J’ai horreur de la personne qu’elle m’oblige à être ! Je ne suis pas une figure d’autorité, je suis plutôt celle qui l’affronte, qui la défie ! Mais là, je ne peux pas la laisser faire, ce serait aussi inconscient que son comportement. Je l’oblige à reposer Eole et à se poser à son tour, lui passe un bras autour de la taille. Je suis déterminée à la faire parler d’autres choses, à la désamorcer.

« On ne s’est pas vu depuis la catastrophe du bal... Et tu comptes te barrer comme une sauvage ? On a une petite heure devant nous. »

J’inspire doucement et viens poser mon menton sur son épaule. Elle a peur de l’abandon, ce que je conçois vis-à-vis de sa famille, mais ne peux m’empêcher de le prendre mal. Je suis bonne à squatter et ça s’arrête là ? Et comme je lui tiens tête elle est prête à se tailler ? Il est peut-être temps que je lui rappelle deux ou trois trucs.

« Je vais avoir besoin de toi. J’ai besoin de toi dans ma vie, Yard. Alors je suis contente que tu sois restée. Il est temps que j’accepte ma nature… Et que j’apprenne à mieux me maîtriser, comme tu le disais. J’aimerais que tu m’y aides. Et puis… » Je lui agite ma main gauche sous le nez, faisant briller la bague de fiançailles. « Je vais avoir besoin d’une demoiselle d’honneur. »

La colère et la folie furieuse était toujours en moi quand elle me parla. Elle ne comprenait pas. Elle n’arrivait pas à comprendre, parce qu’elle n’y était pas encore. Tout ça… Les amis, le travail… C’était des réflexions de Sorcière. Et nous n’étions pas que des sorcières.. Surtout moi, j’étais née louve et… ma meute, celle qui m’avait vu grandir pendant plus de 30 ans me tournait brusquement le dos, en me laissant dans une position délicate ou je serai obliger de faire un choix. Finalement, je l’écoutais, et je redéposais Eole avec calme sur la banquette.

« Je ne suis pas un chien, Zoey... » commençais-je

Je me mis les mains sur mon visage et je regardais le verre brisé à mes pieds. Après la colère et la tristesse venait toujours un grand vide. Je relevais ma tête, les yeux au bord des larmes :

« Ce que tu ne comprends pas, c’est qu’il s’agit de ma meute, Zoey… Je… les amis, le travail… Tout ça c’est dérisoire à côté, la Meute c’est ce qui nous définie et ce qui… bref. Voilà tout ce qu’il en reste de toute façon. »

Je lui montrais Eole, en lui caressant les cheveux et en soupirant.

« La dernière fois, durant mon départ pour Médicomage Sans-Frontière, ça a été un déchirement… J’avais l’impression qu’on m’avait arraché tout une partie de moi même et ça va recommencer… bref. Je crois que j’ai besoin de dormir... »

Je la laissais poursuivre, me disant qu’on avait une heure devant nous. Soit. Je n’avais qu’une envie c’était de boire jusqu’à ce que mon corps lâche et que je m’endorme d’un seul coup sur la table basse. Je relevais les yeux vers elle… Avec une nouvelle lueur dans les yeux :

« Mais bien sûr que je veux te faire progresser dans cette voie ! C’est dans ta nature et… attend quoi ? »

Je regardais la baguette et fronçais les sourcils pour l’observer d’un peu plus prêt. C’était pas… un peu précipité ? On avait déjà eu cette discussion… Elle savait ce qu’elle faisait et… elle avait l’air si heureuse. Alors, si elle l’était, moi aussi. Je lui sautais au coup et je déclarais :

« Félicitations ! Mais qu’est ce qui lui a pris ? Il est devenu fou ? »

Je regardais la bague en fronçant les sourcils. Est-ce que c’était une vraie ? Ca allait briser le coeur d’Eole qui je le savais était déjà amoureuse de Zoey. Je regardais sa main dans tous les sens… Impressionnée.

« Euh… demoiselle d’honneur… houlalala… Il va falloir que je fasse plein de trucs… Que j’organise des choses… Aie aie aie... »

Je mis ma main sur ma poitrine, commençant à hyper ventilé très légèrement. Puis finalement, je la pris dans mes bras et je la serrais contre moi. Encore une fois.

« Et dire que j’ai failli rater ça et partir. C’est pour quand ? Vous avez la salle ? Et le traiteur ? J’en connais un sur le Chemin de Traverse et… Oh ! Zoey ! »

Mes larmes étaient devenus des larmes de joie. Finalement, je la libérais et je me rendais compte que j’étais debout les mains sur les hanches. Ca faisait beaucoup d’émotions en pas beaucoup de temps. Je mis mes cheveux en arrière, j’avais mille questions… Comment ? Quand ? Pourquoi surtout ?.. Mais tout ça, je lui laisserai le soin de m’expliquer.

« Ca c’est passé le soir où Ayden m’a ramené chez lui ? Le soir du Bal ? » lançais-je sans m’en rendre compte comme une bombe.

D’instinct, je me dirigeais vers Eole et je lui mis un petit coup de coude pour voir s’il dormait bien. J’avais pas tellement envie qu’il m’entende parler d’Ayden, ou Zoey de Léandre.

« Laisse moi devinez ! Vous vous êtes disputés et il a trouvé que ça comme échappatoire ! T’es une génie Woods… un modèle… enfin. Même si le mariage c’est pas pour toute suite en ce qui me concerne. »

Ft  @Ellie Yard
The Sorcerer
11 Novembre


Non, elle n’est pas un chien, elle est pire que ça : une tête de mule qui va partir en roues libres si je ne mets pas le holà, mettant possiblement sa vie et celle d’un enfant en jeu. Et s’il faut hausser la voix, me montrer désagréable, qu’il en soit ainsi, je suis prête à passer pour une mégère. Par chance, elle accepte de se réinstaller dans le salon et je peux redescendre en pression.

« C’est bien le problème de votre esprit de meute, vous vous oubliez individuellement… »

Ce qui m’a terrifié, à l’époque. Penser « nous » avant « je ». Suivre l’alpha dans ses décisions même si on n’est pas de son avis, même si c’est contre notre propre nature. Je n’ai pas pu me plier à ce délire, mon identité propre bien trop définie, sans doute. J’ai eu l’impression d’étouffer à chaque dispute que j’ai eu avec son frère sur le sujet, il me trouvait trop égocentrée, je voulais juste avoir ma propre opinion, ma liberté, ne voulais pas suivre des principes dont je ne comprenais pas le sens. Sans parler de leurs idées archaïques, de mordre le compagnon à l’union du couple, seule condition acceptable aux yeux de la meute. Barbare. Non, cohabitation impossible sur le long terme, je n’aurais pas pu cautionner. Je ne comprends donc pas ce qu’il lui passe par la tête, ce qu’elle ressent de cette distance prise avec eux. Je tente malgré tout d’adoucir sa peine.

« Si c’est trop difficile pour toi... Tu pourras toujours les rejoindre. Il n’y a rien de définitif, Ellie. Vois ça comme l’occasion de te trouver, si tu veux. Penser par toi-même. Penser pour toi-même. Et pour Eole aussi. »

Dire qu’elle s’impose d’être responsable du bien être d’une autre vie que la sienne, je n’en reviens toujours pas. Je note qu’elle ne me compte nullement dans sa meute, alors qu’à plusieurs reprises elle m’a répété que j’en faisais partie à ses yeux, malgré mon départ. A croire que ce n’était que des mots… Je parviens à détourner son attention de ce qui la fait souffrir et souris quand elle me félicite. Je laisse ses questions fuser mais note l’information qu’elle laisse échapper négligemment.  

« Alors ça... pour être honnête... Je sais juste que c’est généralement la meilleure amie, ou la sœur qui endosse ce rôle. Tu es les deux… Et tu dois t’assurer que je reste en vie jusque-là ? Que je me réveille à temps ? Je n’en sais rien, Ellie. Aucune date pour l’instant... On n’a pas encore pris le temps d’en discuter, ça ne fait pas encore quinze jours, on est bien trop occupé à... nous entraîner pour la lune de miel ! Et, non, pas de dispute, pas de subterfuge. C’était mon idée, ma demande. Et il a accepté. »

De la plus belle des façons, avec des mots bien plus magnifiques qu’un simple oui. En transformant cet anneau de laiton en la plus belle des bagues qui soit, par ses mots, par sa magie. L’émotion de ce souvenir encore frais me prend à la gorge que je râcle avant de rire devant la réflexion d’Ellie, détournant mes yeux des reflets écarlates de la pierre.

« Non, tu préfères prendre un gamin à charge avant. Logique. Mais donc… Tu as passé la nuit chez Ayden ? »

Comme si j’allais laisser passer une occasion d’enfin connaître la fin de leur soirée après le gros n’importe quoi du bal. Je ne comptais pas aborder le sujet mais, étant donné que c’est venu d’elle, autant saisir la perche. Lui a-t-il fait le coup de cuisiner ? De lui faire goûter le plat en préparation du bout de la cuillère en bois ? Cette technique infaillible du Callaghan ! Non pas que je veuille des détails trop intimes, les connaissant bien tous les deux cela me mettrait mal à l’aise. En revanche, la conclusion m’intrigue. Je plisse les yeux, me penche vers elle.

« Vous êtes ensemble, alors ? »

Je me rasseyais donc. Faisant abstraction de sa remarque sur la meute. En même temps elle n’en était pas encore là, elle faisait parti de ces loups sans meutes et… potentiellement dangereux sans le savoir. Comme moi désormais. Je chassais cette pensée de mon esprit et je me concentrais plutôt sur ma vie d’humaine, avec tout ce qui allait découler.

« Ouais… Enfin ça peut être n’importe qui. Autrefois on prenait des témoins juste pour bien attester que ça s’était fait… Et arrête avec ça. Eole est plus autonome que tu crois. Et euh… il fait ses nuits. Enfin en partie. »

Il passait des nuits de terreurs, à cauchemarder sur ses vieux souvenirs d’enfance, mais bien évidemment ça je le gardais pour moi. L’observant d’un air mélancolique, j’hésitais à lever mon doigt en un doigt d’honneur pour bien lui prouver ce que je pensais de ses remarques ! Mais… Je me retins. Après tout, elle m’annonçait une noce !

« Oui, on est ensemble. Ca fait… bizarre. J’avais perdu l’habitude. Mais maintenant, remarque, je vais avoir du temps pour lui. J’ai plus qu’un seul réfugié à m’occuper, et j’ai plus que le travail. Donc ça devrait me dégager du temps pour lui. Il a cuisiné figure toi. C’est toi qui lui a dit que je cuisinait mal ? »

Je fronçais les sourcils. Tout le monde trouvait que je cuisinais mal. Mais je cuisinais super bien. J’y mettais beaucoup d’amour et de volonté mais… j’oubliais souvent des étapes, ou des trucs sur le feu parce que j’étais très distraite. J’avais donc laissé ça à ma mère, au domaine et je mangeais ses petits plats tous les jours sur la pause méridienne… Ca aussi ça allait changer. C’était peut être un des pires changements pour ma santé d’ailleurs.

« C’est tout frais, donc pour l’instant… C’est le rêve. On a pas trop de responsabilité à prendre en commun, j’ai ma vie, il a la sienne. Je suis sur que ça restera comme ça un bon ptit moment, il faut que j’avance à mon rythme. »

C’était très mal de se mentir à soit même, parce que déjà, les soirs où il n’était pas là, il me manquait. Il fallait vraiment que je commence à rechercher un appartement c’était une urgence. Même si je n’étais à la rue que depuis quelques heures, je savais qu’il allait me proposer de dormir chez lui. Zoey l’avait d’ailleurs déjà fait à sa place. Et puis, je ne pouvais pas non plus rester ad vitam eternam chez Nathanael. Il fallait que je passe un cap.

« Tu as bien fait de te marier. Les temps s’annoncent sombres. Les Yards ne sont pas parti pour rien, et j’ai peur que ça devienne compliqué dans les semaines à venir. »

Je relevais la tête vers elle, inquiète comme quand Dunn était venu au pouvoir. Quelque chose se tramait, partout où je tendais l’oreille, tout le monde était agité… comme si le pire était à venir.

Ft  @Ellie Yard
The Sorcerer
11 Novembre


« Oh… Si tu ne veux pas l’être, si tu as peur que ce soit trop de boulot, je peux demander à quelqu’un d’autre. Je comprendrais… »

Son Eole a beau ne plus être un nourrisson, il reste un enfant… De mon regard extérieur, les enfants demandent beaucoup d’énergie. Peut-être bien que c’est trop pour elle, avec le départ de sa famille, ses nouvelles responsabilités ? Peut-être que je ferais mieux de confier cette mission à quelqu’un d’autre ? On ne dirait probablement pas comme ça, mais j’ai d’autres amis que la Yard. Quelques-uns. Bon, un ou deux. Voire trois. Et sinon… L’une des filles ferait l’affaire. La dernière, là, celle qui fait preuve d’humour noir, ça pourrait coller. Elle ne me collera pas une décoration cucul la praline et aura la décence de m’éviter les strip-teaseurs. Ou même Ayden ? Avec qui Ellie me confirme être en couple.

« Je ne lui ai rien dit sur ton compte, juste qu’il ne devait pas faire l’abruti avec toi. La cuisine c’est son truc ! Il m’avait cuisiné un bourguignon de champignon*, je crois bien, le soir où… » Je m’interromps aussitôt, virant au rose, m’éclaircis la gorge et me recadre rapidement sur leur histoire naissante. « Vous avez tout le temps pour apprendre à vous connaître et pour prendre vos marques. Et les débuts de relation c’est ce qu’il y a de plus grisant. »

Non pas que j’ai de l’expérience dans le domaine. Je peux compter sur les doigts d’une main les hommes que j’ai connus. Ma relation la plus longue jusqu’à présent étant son frère mais dans un contexte tellement particulier que j’ai partagé bien plus avec mon fiancé en quelques semaines qu’en quelques années avec Glenn au Domaine. Notre longue amitié qui a précédé change peut-être la donne, et mon âge plus avancé possiblement aussi. Quand elle évoque les temps qui s’annoncent sombre, je souffle du nez et lâche un rire jaune avant de soupirer et de me frotter le visage.

« Les temps n’ont jamais été spécialement lumineux, par ici, on peut voir la misère provoquée par ces lois vieillottes et dépassées… Mais je vois ce que tu veux dire. Déjà cette histoire de magie noire, ces vieilles familles… Cette journaliste qui remue la merde… Et les grondements qui montent de plus en plus au Marché… Il ne manque qu’une étincelle pour que ça explose. »

J’éprouve moi-même comme une envie de me révolter contre ce gouvernement d’incapable qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Contre cette société entière fondée sur de la connerie. J’en ai marre de devoir me cacher, de devoir jouer les humaines à cause de vieux débris terrorisés par ce que je suis, par ce qu’ils croient que je suis. Je n’ai jamais demandé à être mordue, je me sens doublement punie pour quelque chose que je n’ai même pas commis. Et je ne suis pas la seule à devoir masquer ma vraie nature, mon entourage proche subit le même châtiment. L’Ensorceleur en est un bon exemple. Chaque semaine nous voyons de nouvelles têtes franchir nos portes par nécessité, dans l’espoir d’obtenir de l’aide. Parce que le Ministère a décrété qu’on était dangereux, parce que notre simple existence les menace… Foutaises.

« Ce n’est pas pour rien que je te demande ton aide… Actuellement, je suis trop faible… »

Je me suis laissée surprendre, plus d’une fois, mon odorat et mon ouïe me font défaut. Est-ce un manque d’acceptation de ma nature de ma part ? Ou les répercussions des souvenirs qui pointent leur nez ? Toujours est-il que je me sens inutile, inefficace. Il faut que j’y remédie. Je ne veux plus être fragile. Plus jamais.

« Je sais me battre avec mes poings. Mais pas avec mes crocs. Il faut que je sois plus forte. Et vite. »