Etat de service (Jameson)

Frappant par politesse au bureau de Jameson Clearwater, j’entrais quelques secondes après. C’était fou comme dans ce pays, les gens avaient des codes sociaux développés. Enfin… Les anglais. De ce que je savais de l’énergumène que j’allais voir, il n’était pas de cette espèce là, et… ça semblait mieux ainsi. Entrant donc, mon cuir sur les épaules et un dossier à la main, je passais rapidement en revu le bureau dans lequel je me trouvais. Tout correspondait parfaitement au dossier que j’avais sous le bras…

« Bonjour, vous devez être Jameson Clearwater ? »

Je détestais les formules de politesse. Mon accent brésilien se faisait un brin ressentir, même si je parlais parfaitement l’anglais. Face à lui, et sans m’asseoir, je l’observais en détails. Je n’avais pas rencontré beaucoup d’homme ou de femme qui me faisait cet effet là. J’étais… impressionné, par l’aura qu’il dégageait. Mais en réalité, cela devait être du à ses états de services que j’avais épluché de fond en comble. Ce gars avait du avoir 5 ou 6 vies. On avait le même âge et… il en avait accompli le double par rapport à moi.
Ma moustache frissonna un peu et je pris un ton un peu officiel pour dire :

« Je me présente, je suis le Capitaine Diego Oliviera, chargé par la Confédération Internationales des Sorciers d’arrêter les criminels internationaux. »

Je restais debout, mon dossier sous le bras comme un con. Si Yara m’avait vu, elle se serait bien foutu de ma gueule, moi qui jouait toujours les gros bras et qui n’avait pas la langue dans ma poche… J’ouvris donc le dossier, pour essayer de rapidement me mettre au travail.

« Ce dernier vous a affecté au titre d’agent de liaison avec la BPM Britannique. Ce qui ne m’étonne pas vu vos états de services. J’suis plutôt content d’avoir affaire à quelqu’un comme vous, plutôt qu’un de ses ptits cons sortis de l’école. »

Et voilà ! Je n’étais plus du tout impressionné et mon naturel était revenu. D’ailleurs, mes épaules s’étaient totalement détendus et j’avais recommencé à mâcher de manière un peu insolente mon chewing gum depuis que j’avais arrêté de fumer. Ce qui me manquait le plus ici, c’était mes lunettes de soleil en style aviator. Il ne faisait que pleuvoir en permanence dans ce pays de merde, et je n’avais jamais eu l’occasion de les sortir.

« J’vais aller droit au but, et sans tergiverser. J’suis très content de bosser avec vous. Mais même si je suis impressionné et que j’ai un respect infini pour ce que vous avez fait, j’espère que vous comprendrez que même si vous êtes associé à votre Ministère, vous devez désormais loyauté à quelque chose de bien plus grand qu’un pays. »

Je restais là encore debout comme un con. Maintenant que j’étais là, j’avais pris la décision de pas m’asseoir sinon j’allais passer pour un pignouf, et il fallait dire qu’il m’impressionnait vraiment.

« Mais ça, j’pense que vous êtes déjà au courant… Vous avez peut être des questions avant que je commence à vous expliquer quels ptits culs je dois envoyer à Erkstag. »

feat. @Diego Oliviera

11.11. Jameson n'aurait jamais pensé que son métier d'enquêteur lui avait tant manqué. Au fur et à mesure que ses réflexes lui revenaient, qu'il actualisait sa formation initiale avec les différents ajouts venus compléter le métier au cours de ces dix ans passés à Poudlard, Jameson reprenait ses bonnes vieilles habitudes à maudire l'archiviste responsable de tenir les dossiers en cours ou terminés. Taper sur la machine à café pour qu'elle se remette à fonctionner ou oublier de rendre la plume de son collègue, quand ce n'était pas flâné entre les services pour différentes raisons. Le petit plus qui n'était pas négligeable à ses yeux même s'il ne disait rien au principal concerné, c'était la présence de son fils qu'il voyait plus souvent et avec qui il lui était donc plus facile de s'organiser une pause pour passer quelques instants avec.

Quelqu'un tapa à la porte. Jameson retira aussitôt ses lunettes pour les jeter devant lui avant de redresser son regard vers le sorcier qui se présentait à lui. Fronçant les sourcils alors que ce Diego mentionnait sa profession, Jameson ne put s'empêcher d'en lever un plus haut que l'autre. La Confédération internationale sorcière plaçait ses pions au sein du ministère britannique.

C'était donc avec lui qu'il allait devoir bosser. Jameson mâchouilla sa langue quelques instants alors qu'il se remémorait les propos de son chef lorsqu'il lui avait attribué sa nouvelle affectation. Il n'avait pas tardé à deviner qui était derrière tout cela avant d'accepter sans broncher. Jameson n'avait donc pas rechigné à l'idée de devoir faire équipe avec l'une des organisations sorcières les plus puissantes du monde. Plusieurs motivations l'avaient aidé à accepter cette décision hiérarchique, notamment celle de mieux comprendre le fonctionnement du CIS et d'avoir un pied dans cette entité qui cherchait à museler la communauté magique britannique.

Jameson se contenta d'observer ce Diego qu'il jaugeait du regard. Ce dernier le flatta quelques instants sur ses états de service provoquant une certaine indifférence chez le Clearwater. S'il pouvait parfois se vanter pour embêter la galerie, cette fois-ci, il se contenta de rester sur la défensive pour pouvoir mieux ferrer le poisson. Au cours de sa longue vie, Jameson avait appris à se méfier des cols blancs. Pas plus tard que l'été 2023, par exemple, il avait du faire face au silence du Dpt. de la Justice Magice sous la direction de Roberts sur l'attaque de son propre clan au travers du Royaume-Uni.

« - Je ne dois rien. »

Un sourire moqueur se dessina sur sa face.

« - Ma loyauté se gagne. C'est ainsi que nous sommes les Clearwater. »

Jameson fit un geste de la main vers une chaise. Cette dernière se recula toute seule.

« - Je vous écoute. »

Il avait des questions, mais ça viendrait après.

« La mienne aussi. Pourtant mon père est dentiste. » dis-je simplement sur le même ton que lui.

J’espérais sincèrement qu’on ne m’avait pas mis un de ces crétins de sang pur qui parlait tout le temps de sa famille comme dans ce film français où le mec parlait de ses constructions en allumettes… Je soupirais et finalement je m’installais en face de lui. J’allais pouvoir discuter, puisque finalement, je n’étais plus impressionné par ce dernier. Avec calme, je déposais mon dossier que je glissais en face de lui.

« Je suis chargé par la CIS de traquer une liste de criminel internationaux sur le territoire Britannique. Pour le moment, il ne s’agit que de cinq personnes mais ils ont tous des complices et fuient de pays en pays. L’idée c’est d’être assez rusé et rapide pour les devancer avant qu’ils ne changent d’endroit, et… que je change de pays moi aussi. Bien que le grand soleil de Grande Bretagne soit assez accueillant. »

Je souriais jaune. Bien sur que je m’étais renseigné sur sa famille et ses origines. Il était du genre à vénérer la mer et la pluie comme une espèce de divinité. Et en même temps, il n’avait pas tord. Sans pluie, pas de vie.

« Oh, j’avais dit que je devais vous poser quelques questions… Mais en réalité, c’est déjà accompli. Puisque de toute manière, j’ai besoin de votre expertise en magie ancienne pour déjouer certains plans de certains de ces petites têtes de cul. »

Je me mis un peu mieux dans le fauteuil et je me mis à tourner. Cherchant un café des yeux. Ces anglais avaient vraiment un café de merde, et je n’en doutais pas moins d’un écossais. Avec une grimace, je restais les bras sur mes accoudoirs tout en lui laissant regarder la liste des criminels connus.

« Certains me demanderont votre aide. Notamment ceux concernant la magie noire et les magies oubliées. Cela va bien évidemment au-delà des décrets actuels concernant votre pays et… son problème avec le secret magique. Nous aurons cartes blanches pour opérer dans tout le pays. Bien que d’après mes sources, ce genre d’exactions ne vous dérange pas. »

Je le regardais avec un petit air malin, tout en tournant toujours sur mon fauteuil. Bien évidemment, je savais qu’il se rendait aussi de temps en temps en dehors des cercles recommandés par le Ministère mais… je soupçonnais ce dernier d’avoir presque peur de ce clan ancestral. Ou alors était-ce une certaine forme de respect ?

« Quoi qu’il en soit, c’est ces quatre là qui me demanderont votre aide. Ackerman, Diopp, Chiharu et Freudenberg. Montero n’est qu’une trafiquante de créatures fantastiques et je ne pense pas que ce soit votre domaine. »

Je relevais les yeux vers lui et je mis les doigts sur les différents protagonistes avec leurs petites spécialités.

« Celui là devrait vous intéresser. Achille Ackerman. Ca vous dit quelque chose ? »

feat.  @Diego Oliviera

11.11. Jameson se contenta de garder son regard plongé dans celui de Diego sans ciller, comme s'il cherchait à déceler une faille dans cet homme qui se présentait à lui pour le recruter. De toute façon, il n'avait pas vraiment le choix puisqu'il avait lui-même reçu des ordres en interne pour seconder le bureau du CIS en Angleterre. C'était avec un véritable dégoût qu'il avait accepté cela. Pour lui, comme pour beaucoup d'autres, le CIS était vu comme une force étrangère venue museler le gouvernement britannique et sa communauté pour que leur Royaume file comme ils l'entendaient eux.

Si d'ordinaire, Jameson n'était pas aussi cassant à l'égard du CIS puisque l'organisme international veillait tout de même à la préservation de la magie et à l'unité de ses communautés, aujourd'hui, c'était différent. En effet, ils étaient venus, tels des gendarmes du monde sorcier, imposer un régime particulier qui visait à parquer toute magie dans quelques villages ou quartiers britanniques. L'écossais, qui n'aimait déjà pas les intrusions anglaises par principe, se retrouvait donc à fleur de peau à l'égard de cette entité sorcière.

Gardant en tête ce qu'il se prévoyait dans l'ombre - et se jurant qu'il devait demander une compensation à qui de droit pour ce qu'il devrait faire dans les prochains jours/mois - Jameson se contenta d'observer la liste des criminels que l'Oliveira recherchait. Il reconnut quelques noms pour en avoir entendu parler au travers de la RITM ou de quelques articles de journaux comme dans le Daily Prophet ou le Wizarding World.

Le nom d'Ackermann le fit tiquer un peu plus que les autres, bien que celui des Montero attira sa curiosité quelques instants pour avoir eu deux jumelles en cours de Sortilège l'an passé. Curieuse coïncidence, donc, leur venu sur le territoire britannique.

« - Ackermann est ou était sur le territoire en Octobre. »

Jameson se recula sur sa chaise, tendant sa main vers un tiroir de son bureau qu'il ouvrit pour récupérer un tas d'articles de presse qu'il déposa ensuite devant lui.

Rapidement, il farfouilla le tas avec ses doigts habiles pour en ressortir un article où l'on voyait le portrait de Luke Korrigan répondant à quelques journalistes de la Gazette du Sorcier pour expliquer ce qui s'était passé pour quelques-uns de ces élèves. Parmi eux figuraient notamment @Freya Korrigan, la fille de @Maeve Cynfeirdd, et @Siobhán G. K. Almadovar, la fille du directeur de Poudlard.

« - Il était de connivence avec un groupe dissident de Gobelins pour récupérer les artefacts des fondateurs de Poudlard. Pour cela, ils avaient besoin de quelques élèves issus des quatre maisons pour extirper tout ce qu'ils pouvaient du Choixpeau magique. »

Jameson lui posa l'article devant lui.

« - Je dois vous apporter mon expertise. Ma spécialité vous est probablement nécessaire, mais j'aimerais surtout pouvoir rajouter un criminel en particulier sur cette liste que vous venez de m'exposer. »

Dans les yeux de Jameson, on avait l'impression qu'un brasier de rage s'était allumé.

Observant les articles de presse que Jameson me tendit, je fis une grimace en voyant le portrait de Korrigan. Il dut le remarquer d’ailleurs, et je me mis à grogner pour m’expliquer :

« Je peux pas l’encadrer. »

J’avais déjà lu tout ça. Ainsi que les rapports d’interrogatoire du Ministère, ou justement ; Korrigan avait été tout sauf coopératif.

« Il a un égo plus gros que le Château dans lequel il est. Ca a été un enfer pour le Ministère, de lui tirer des informations. Deux Brigadiers ont demandé à plus jamais vouloir l’interroger... »

Je continuais de lire et de prendre les informations en compte, enfin de les revoir. Je voyais qu’il était déjà dans l’équipe. Ca me plaisait bien ça. Je continuais de l’écouter et je relevais la tête d’un air curieux. C’était étonnant de sa part de vouloir proposer une autre personne.

« Je suis pas en mesure de prendre cette décision… Je fais qu’exécuter les mandats, je les promulgue pas. Mais… Ya plusieurs possibilités. »

Je voyais bien que la personne dont il voulait me parler lui tenait bien à coeur. Et étant donné ses états de service et sa réputation, s’il estimait que quelqu’un devait figurer dans cette foutue liste… c’est qu’elle y avait sa place.

« Soit on arrive à prouver qu’il est dangereux pour le monde magique entier, et donc on monte un dossier… Qui prendra des mois voir des années. Soit... »

Je regardais ailleurs, vérifiant que nous n’étions pas écouter. Me penchant pour murmurer à Jameson mon plan, qui j’en convenais aller certainement lui plaire.

« …On le rattache à un mandat en cours. Tous les criminels se connaissent, ici, c’est un petit pays. Ca ne m’étonnerait pas que votre corniaud soit de mèche avec l’un d’entre eux. Puis-je savoir de qui il s’agit ? »

Mes yeux se plissèrent. J’aurais pu utiliser la Legilimencie avec un sort bien placé mais… d’une, cet homme n’était pas du genre à se laisser faire comme ça, et de deux, ça risquait un tant soit peu briser la petite confiance qui allait s’installer. Et… poser la question, ça ne coûtait pas grand-chose.

« Vous n’auriez pas du café ? » dis-je d’un air brusquement anxieux.

J’étais en manque de cette merveilleuse boisson, et la mission de la veille avec Yara m’avait épuisé… Il fallait dire que je commençais à vieillir… si on l’écoutait.

feat.  @Diego Oliviera

11.11. Jameson éclata tout simplement de rire quand il vit la réaction de Diego en voyant la tête de Luke Korrigan. Il lui fallut cinq bonnes minutes pour s'en remettre, s'essuyer le coin des yeux et reprendre son souffle. Celle-là, c'était certain, il allait la raconter à @Maeve Cynfeirdd dès qu'ils se verraient dans la journée. Rien que pour cela, Diego méritait qu'on lui donne une chance. Puis il avait quand même une sacrée jolie moustache. Un détail qui avait son importance quand il voyait le personnage qui lui faisait face.

Ensuite, Jameson, beaucoup plus sérieux tout à coup, lui expliqua brièvement ce qu'il s'était passé avec les gobelins de Gragareth et des élèves kidnappés. Diego semblait écouter patiemment ce que Jameson avait à lui dire. Profitant de cette ouverture, Jameson ne tarda pas à mettre le sujet d'un criminel un peu spécial qui semait la zizanie dans les quatre coins du Royaume-Uni depuis une paire d'années si ce n'était plus. Et bien que ce fut une raison suffisante, pour Jameson, ce n'était qu'un pur désir de vengeance. Un besoin de se retrouver confronter à ce Lycan qui lui avait tant pris.

Lorsque Diego lui avoua ne pas être celui qui promulguait les mandats d'arrêt, Jameson haussa les épaules avant de se pencher vers un tiroir sur le côté gauche. Traçant une rune sur le bois du meuble, une poignée d'argent apparut par enchantement. La tirant sans attendre, Jameson ressortit un dossier épais sur les méfaits d'un certain Ryan Malhorne dont le nom pouvait se lire en lettres d'argent sur la couleur pourpre du porte-document.

C'était probablement la première chose qu'il eut fait lorsque Jameson retrouva son poste et le badge d'inspecteur qui allait bien avec.

« - Loup-garou à la tête d'une meute connue sous le nom de la Meute ayant traumatisé une bonne partie de la population britannique l'an dernier avant de disparaître comme par magie. Sa meute est même à l'origine du meurtre d'Ulysse Dunn, fils héritier de notre précédent ministre de la magie, Adair Dunn. »

Ce n'était, bien sûr, pas la véritable raison. Mais pour le moment, Diego n'avait pas à le savoir.

Jameson ouvrit le dossier pour en sortir un portrait de Ryan Malhorne qu'il posa devant Diego avant de répondre à sa question sur le café.

« - Si, mais il est dégueulasse. C'est littéralement de la pisse. Bref, c'est anglais quoi. À part du thé... »

Jameson avait pensé à recruter @Iris Faux-Orpin pour l'occasion. Mais cette dernière était bien trop attachée à son boulot. C'était avec le cœur lourd qu'il s'était retrouvé à devoir passer par le Chemin de Traverse pour prendre un café au Faeries Cakes à côté du Wheel of Time.

« - Je vous filerais quelques adresses si vous voulez. Mais pour le moment, j'ai que ça à vous offrir. »

Deux tasses s'étaient remplies dans la salle de pause de café. Lorsqu'il claqua des doigts une seconde fois, elles se trouvèrent, fumantes, devant Diego et lui.

Je regardais le café et passais ma moustache par dessus d’un air un peu soupçonneux. Je savais que j’étais en territoire allié mais… les cas d’empoisonnement de membres du CIS n’étaient pas qu’une rumeur. Observant ce dernier d’un air calme, je le fis tourner pour finalement le porter à mes lèvres et faire une grimace. Je le reposais et je pris le dossier, l’ouvrant avec calme et soin.

« Il est effectivement connu de nos services de renseignements. Lui, et Charles Graham. Malheureusement, je crains que je ne puisse pas faire grand-chose pour vous. C’est à cause de ce type que votre ancien Ministre a déclenché les foudres du CIS. S’il le revoit sur le tapis, ils risquent grincer des dents. Mais je vais voir ce que je peux faire. »

J’en avais bien évidemment entendu parler. Tout comme… Je m’étais renseigné sur la personne en face de moi, et ce qui avait bien pu se passer dans sa vie pour qu’une candidature soudaine arrive brusquement sur le tapis. Quand un vieux loup comme lui sortait de sa réserve pour prendre plus d’initiative, ce n’était pas sans raison. Aussi, j’avais bien fais de l’avoir laisser parler en premier sur ce sujet.

« J’espère qu’il ne s’agit pas d’une vendetta personnelle, Sir Clearwater. Si une personne vous envoie du poison, en ne prenant pas ce poison pour vous, vous vous immunisez contre ce poison... »

Je sortie un très vieux livre de la poche intérieur de ma veste, intitulé « 4 accords toltèques. » Je collectionnais personnellement ce genre de guide personnel de merde, comme pouvait dire mes collègues. Mais en attendant, contrairement à eux, j’étais en bonne santé mental. Du moins… je l’imaginais.

« Il faut détacher son sentiment d’importance personnelle, et grace à cela, tous les évènements du quotidiens négatifs n’auront plus d’emprises sur vous. Je suis désolé, je ne peux rien pour vous. »

Je joignis mes mains devant moi, et je bus quelques gorgées de cafés avec calme. L’observant par dessus ce dernier, je testais bien évidemment sa patience, qui avait quand même l’air de quelque chose de fragile. Ce gars était certes impressionnant, mais j’étais certains qu’il se laissait vite déborder par ses émotions. Et pour ça, j’avais déjà Yara…

« Mais admettons que j’arrive à les convaincre. Et qu’avec nos moyens, on arrive à le retrouver. Que ferais vous ? Il comparaîtra tranquillement devant la justice ? »

Mes yeux se plissèrent et je gardais mon calme. Je savais que je le chahutais un peu mais je voulais savoir ce qu’il avait dans le ventre. Je voulais voir si, comme sa réputation et celle de sa famille, j’allais avoir affaire à un rock. Je détestais les petits serpents sournois qui voulaient me faire entendre ce qu’ils voulaient que j’entende.

feat.  @Diego Oliviera

11.11. Si Jameson ne lui avait pas encore collé d'étiquette, l'analysant plus qu'il ne le faudrait étant donné le badge qu'il arborait avec fierté, Diego possédait désormais celle du gars relou et emmerdant avec ses proverbes à la con. C'était bien parti pourtant avec la petite critique sur Luke Korrigan. Mais il avait fallu qu'il flingue le tout en se posant comme une espèce de sage d'une autre époque dont on se fichait bien de ses conseils, mais qu'on ne lui disait rien par respect pour son grand âge.

Jameson roula des yeux, complètement ennuyé par le personnage. Il se contenta de refermer le dossier qu'il rangea dans son bureau en apposant de nouveau une rune de fermeture. Il leva les sourcils, le visage marqué par le dépit de cette conversation tout aussi fatigante que celle qu'il pouvait avoir avec Luke quand il se la jouait donneur de conseil avant de reposer son regard sur le brésilien.

Finalement, il n'avait que la moustache d'intéressante, pensa Jameson qui n'écoutait plus qu'à moitié ce que Diego lui disait.

« - Bon, et bien je pense que nous nous sommes tout dit. Comment vous vous organisez ? On vous a filé un bureau où on doit se rendre tous les matins pour écouter votre brief de la journée ? » Demanda Jameson, voilant à peine son ton sarcastique.

« - Vous êtes venus seuls ou accompagnés ? Vous formez une équipe sur le tas ou on vous attribue quelques agents triés sur le volet ? »

Il n'avait pas touché son café. Jameson s'était contenté de ranger son dossier sur Malhorne ainsi que les différents articles qu'il jugeait bons de conserver dans son bureau avant de se lever pour faire quelques pas vers la fenêtre magique qui semblait donner sur un décor similaire à ce que l'on pouvait trouver sur les Hébrides.

« - Ackermann, donc. Vous savez que c'est un métamorphomage ? Vous les pistez comment ces gens-là... ? »

Jameson avait décidé de parler d'un ton détaché pour ne se concentrer que sur le travail. De toute façon, il n'avait pas le choix, il devait bosser avec. Ordre d'en haut. Il se contentait donc d'obéir tout en ouvrant ses deux yeux et ses deux grandes oreilles dans l'unique but de trouver quelque chose à se mettre sous la dent concernant le CIS.

Je le regardais faire son petit numéro en sirotant mon café. J’avais donc tapé là où il fallait puisqu’il n’avait ni démenti ni répondu à la question. Il me plaisait beaucoup. Un fin sourire se détacha de ma moustache et je posais lentement mon café en poursuivant quand même :

« Mais rien ne m’empêche de vous donner une information en tant qu’ami si jamais elle revient à mes oreilles. »

Ca voulait dire ce que ça voulait dire. Je ne supportais pas les criminels dans son genre. Moi aussi, j’étais de l’avis de Clearwater concernant Malhorn, et ça aurait tenu qu’à moi, on se serait même passé de tous les jugements que devait avoir l’ensemble des individus que je pourchassais. D’ailleurs, la plupart du temps, j’arrivais à les éliminer avant qu’ils ne voient le tribunal, jouant mon droit à la légitime défense un peu à l’excès.

« Nous sommes deux, chargé de pister ceux sous mandats et nous recrutons effectivement à la volée avec l’accord des Chef de Bureau. Si un profil est vraiment intéressant, il reste. Sinon, il poursuit ses missions. Dans votre cas, étant donné votre… expérience, vous avez le choix. Vous n’êtes plus un rookie a qui on peut dire de faire ça, ou ça. Agent de liaison, c’est bien. Ca veut tout et rien dire. Ca vous laisse toute latitude pour évoluer comme bon vous semble, sur les dossiers que je demande. Et bien sûr, quand j’ai besoin d’une baguette supplémentaire… La votre sera pas de trop. »

Je posais mon café, que j’avais terminé dans une grimace un peu horrible. Il avait raison, ce truc était dégueulasse. Putain d’anglais, pourtant c’était pas si dur que ça. Mais ils ne faisaient aucun effort, tout comme la bouffe. C’était pas si compliqué, seulement il fallait en avoir l’envie et s’en donner les moyens. Des branleurs, voilà ce que c’était. Mais… les écossais semblaient bien différent.

« L’autre agent est d’ici, bien qu’elle ait également la nationalité Brésilienne. Yara, peut être vous la connaissez ? »

Quand il me demanda pour Ackerman, je fis une moue contrariée. Effectivement, le fait qu’il soit Métamorphage me donnait plus de fil à retordre que jamais. Combien de fois il m’avait échappé alors qu’il était… juste sous mon nez. D’ailleurs, je lui parlais peut être à l’heure actuelle, ce gars me rendait parano.

« C’est très compliqué. Je n’ai pas trouvé d’artefact ou de sorts capable de briser ça. Ou alors ils paraissent très impoli. Si je me levais pour vous balancer un Specialis Revelio à la tronche, je suis pas sur que vous apprécierez. Ils jouent la dessus. La confiance, le désordre, et une illusion d’omniscience. »

Je fis une grimace.

« Je déteste ces putains de Métamorphage, mais… d’après mes renseignements, vous en avez chez vous. Quand ils sont du bon côté, ça va. Mais quand ils vrillent... »

Je roulais des yeux et je continuais sur ma grimace. Puis je poursuivais.

« Bref. J’ai surtout besoin de votre expertise pour les quatre dossiers que je viens de vous transmettre. Mais tenez vous prêt à aller sur le terrain... »

Je me levais et je lui fis un petit sourire en coin un brin insolent.

« A moins que vous ne soyez devenu un gratte-papier, Jameson. »

feat.  @Diego Oliviera

11.11. Le nom de @Yara Morães De Carvalho lui disait vaguement quelque chose, mais rien de bien substantiel. Cela ne faisait que peu de temps que Jameson était de retour au ministère de la magie pour connaître tout le monde. Yara n'était pas une sorcière qu'il eut sur ses bancs lorsqu'il enseignait les Sortilèges et les Enchantements à l'université de Poudlard. Nul doute qu'il prendrait cinq minutes pour se renseigner sur son compte. Les archives étaient vastes et il y avait bien quelques registres qui retraceraient ses faits d'armes comme Diego aimait bien le dire.

« - Inconnu au bataillon. Je suis de retour dans la Brigade que depuis août. » Expliqua Jameson, sans rentrée dans les détails.

La conversation suivit son cours pour se tourner vers ce Ackermann. Jameson ne tarda pas à s'enquérir de la méthode que Diego et le CIS utilisaient pour traquer un Métamorphomage. C'était quelque chose de plus compliqué que la théorie le laissait entendre. Un simple Finite venait à bout de leur apparence, mais cela ne suffisait jamais à prouver quoique ce fut puisque ce dernier pouvait également se ranger derrière l'idée qu'on lui avait pris sa propre apparence.

Jameson n'aimait pas la métamorphose pour cela. C'était une matière diablement intéressante, mais comme tout ce qui pouvait modifier l'apparence, le Clearwater en avait horreur. Défaire ou tordre la réalité pour en faire ce que l'on en voulait c'était quelque chose que le Brigadier n'appréciait guère.

« - Gérer une personnalité est déjà quelque chose de compliqué en soi. Deux, c'est un métier. Trois, c'est un pas vers la folie. » Ajouta Jameson aux propos de Diego.

Il ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel lorsque Diego sous-entendit qu'il était probablement trop vieux ou trop gratte-papiers pour sortir sur le terrain.

« - Si vous voulez que ça marche, commencez déjà par garder votre langue acérée bien dans votre bouche si vous ne voulez pas que je vous la coupe. »

C'était un sujet sensible. Surtout depuis qu'@Ellie Yard s'était amusée à glisser dans ses pensées que sa blessure pouvait s'avérer être un handicap à l'avenir. Jameson n'aimait pas être défié de la sorte. C'était un cinquantenaire qui pouvait encore prouver beaucoup de choses, mais c'était surtout un Écossais. Un homme doublé d'un sorcier habile de sa magie capable encore de faire de grandes choses. Du moins, il en était persuadé.

« - Quand est-ce qu'on commence ? » Reprit Jameson, plus calmement, même si une lueur de défi brillait intensément dans son regard.