Etat de service (Jameson)

Je roulais des yeux en me levant. Bon sang, on m’avait encore foutu dans les pattes un gars qui s’en foutait des ordres. On allait se retrouver avec une brigade de bras cassés, qui était pas capable d’exécuter un ordre sans mettre son égo de côté ou rajouter son fichu grain de sel. J’avais le don pour les attirer, ou tous les britanniques étaient comme ça ? C’était pas un truc de nationalité, car Yara était faites du même bois. Passant ma main devant mon visage pour caresser ma moustache, je grognais presque :

« J’préfère qu’ma langue soit coupé plutôt qu’elle lèche des culs. Ca aide pas dans mon boulot ça. » dis-je brusquement.

J’avais pas vraiment réfléchi à ce que j’avais dit mais en même temps, qu’est ce qu’il fallait répondre à une remarque pareille et à un gars dans son genre. J’avais l’impression qu’avec ce vocabulaire, qui m’était aussi familier, il comprenait bien mieux les choses.

« On commence quand vous voulez, quand vous êtes prêt et que vous avez bien lu tous les dossiers. Ce qui étant donné votre vu déclinante devrait nous ralentir de quelques jours... »

Je remis ma veste et je lui fis un sourire, pour finalement rajouter parce qu’effectivement, je plaisantais.

« Je vous aime bien. Je suis content de bosser avec vous et pas de bosser avec un rookie. Mais faudra pas oublier que c’est moi qui donne les directives dans la section. Déjà que j’ai des problèmes de ce type avec ma binôme, j’ai pas besoin d’un héros à la Ronald Weasley supplémentaire. Y’en a plein les cimetières, des gars dans son genre. »

Je citais lui, mais y’en avais d’autres qui avait marqué l’histoire de ce pays et qui avait eu la chance de survivre alors que leurs foutus actions ne menaient normalement qu’à l’échec et à la mort. Je me dirigeais vers la sortie et je regardais une dernière fois mon futur collègue.

« D’ailleurs, faudra que je pense à revoir l’organigramme. Moi non plus j’veux pas gérer des hippies qui en font qu’à leur tête avec le boulard de Gryffondor ou Serpentard en personne. La première réunion a lieu dans deux jours, et elle aura pour but de cerner des proches d’Ackerman pour remonter à lui. Y’aura un p’tit briefing, comme vous les affectionnez particulièrement et qui commencera par… comment on peut bosser ensemble sans s’engueuler. »

Sur le pas de la porte je me mis à ricaner et je poursuivais :

« Mais si on continue à se rythme, faudra pas s’étonner qu’on nous foute un stage d’entreprise basé sur l’entraide et la coopération. J’ai déjà hâte, ça va être super. Des ptits croissants et table ronde le matin pour raconter son histoire personnelle et pourquoi la vie à fait de nous des connards, puis des mises en situation l’après-midi pour apprendre à gérer nos conflits internes et nos égos. Waw. J’ai trop hâte. » balançais-je ironiquement.

feat.  @Diego Oliviera

11.11. Jameson en avait vu des oiseaux rares, mais celui-ci s'en était un bien particulier. Il n'y avait, visiblement, que sa moustache à sauver, car, déjà, Diego lui tapait sur le système. L'Écossais observa longuement le Brésilien sans rien dire, l'écoutant parler. Ce dernier semblait aimer sa voix avec cet accent qui lui tambourinait déjà les oreilles comme les maracas. Diego lui avait tellement fait de compliments en cinq minutes que Jameson ne pouvait s'empêcher d'y voir du miel comme si le Brésilien tentait d'amadouer l'ours qu'il était.

L'observant comme une bête acculée prête à bondir pour défendre sa vie, Jameson ne put qu'espérer que cette @Yara Morães De Carvalho n'avait de point commun que la nationalité. Parce que deux comme lui et Jameson se contenterait d'aller gratter du papier dans les archives. Devoir rappeler à l'ordre @Noma Karma constamment, en lui courant après pour qu'il remplisse correctement ses comptes-rendus, semblait tout à coup bien plus excitant que de devoir passer plus d'une heure avec ce bonobo sorti tout droit d'une forêt amazonienne.

Quoique vu sa figure, Diego devait être le digne héritier de sorciers mal famés qui auraient fui l'Europe il y a plus d'un siècle pour prétendre au droit du sol latin et démarrer une nouvelle vie loin des méfaits accomplis.

Mais Jameson se contenta de garder le silence, préférant le regarder faire le chef, persuadé qu'il l'impressionnerait avec cette façon odieuse qu'il avait de contrôler la situation sans réellement savoir comme prendre le patriarche. Un peu de miel avant d'ajouter l'acidité d'un citron pour revenir sur un peu de miel, répétant cela inlassablement, jusqu'à son départ qui allait se faire sous peu.

« - Très bien. »

Il n'avait pas envie d'ajouter de l'eau à son moulin qui s'en sortait déjà très bien tout seul.

Jameson n'allait pas l'inviter à sortir, il allait se contenter lui de partir. Attrapant ses lunettes qu'il fourra dans le boîtier avant de le glisser dans la poche agrandie magiquement de sa veste, il se leva de sa chaise et quitta son propre bureau où il n'avait, encore, rien à cacher si ce n'était ses dossiers en cours.

En lui passant à côté, il se contenta d'ajouter :

« - Fermez la porte quand vous partirez. À dans deux jours. »

Et Jameson disparut dans un mouvement de cape dans les couloirs du ministère.