Un dur retour à la réalité # Zion

01.11. Zion préféra hausser des épaules. Cela ne servait à rien de s'attarder là-dessus, et puis Chinenye serait plus flattée qu'autre chose d'apprendre qu'elle avait été prise pour sa mère. Il était vrai que sa grand-mère était une femme ravissante. Quand bien même les gens de couleur donnaient toujours cette impression de faire plus jeune que ce qu'ils ne paraissaient, pour Chinenye, c'était quand même un peu plus accentué. Il y avait probablement de la magie là-dessous, mais cela, on en savait rien. Il est malpoli de questionner une dame sur sa toilette, disait-elle avec un petit sourire espiègle, quand Zion lui faisait une remarque sur son élégance qu'il espérait bien héritée lorsqu'il aurait le même âge.

Lorsqu'ils passèrent les grilles, Zion lui expliqua son ressenti sur toute cette histoire. Les gobelins de Gragareth l'avaient marqué aussi profondément que cette hache s'était enfoncée dans son bras pour le dissocier de son corps. Pour sûr qu'il en aurait pour quelques semaines encore, mais les choses finiraient par se tasser et sa mémoire l'aiderait  à gérer cet évènement tragique. Tout en lui parlant, Zion ne cessait de lui lancer des regards. C'était probablement la première personne avec qui il s'ouvrait réellement sur ce qu'il s'était passé là-bas. Mais plus encore, c'était la première personne qui pouvait le comprendre puisqu'elle aussi en avait fait partie. Il avait tenté d'en parler rapidement avec @Sheraz Mahal, au domaine d'@Ana Souvorov, mais... Lui, comme le préfet de Poufsouffle, ne s'était trop attardé dessus. Probablement à cause de leur virilité qu'ils se devaient d'assumer l'un face à l'autre.

Avec Freya, il n'avait pas ce ressenti. Il se sentait même plus libre. Peut-être était-ce parce qu'ils avaient déjà vécu quelques bavures dans les différents cours auquel ils avaient été mis en binôme ? Zion n'en savait rien. Tout ce qu'il sut, c'était que son ton compatissant lui fit beaucoup de biens. Elle arracha même un sourire sur ses lèvres lorsqu'elle lui assura qu'il était le Gryffondor le plus courageux qu'il connaisse. Sans réellement s'en rendre compte, son cœur s'était serré un bref instant avant qu'elle ne lui propose de faire la course pour savoir qui paierait le petit déjeuner.

Mais Freya ne lui laissa pas le temps de réagir. Elle vint déposer un baiser sur sa joue avant de prendre les jambes à son cou. Le Gryffondor leva doucement sa main pour effleurer sa joue tandis qu'il l'observait sans vraiment la voir prendre de l'avance sur lui. Quelque chose venait de se passer et il ne put s'empêcher de se poser quelques questions. Que voulait dire ce baiser ? Zion sentit sa fierté se gonfler en lui alors qu'il ressentait une espèce d'attraction grisante pour la Serdaigle naître en lui.

Se rappelant de sa réponse lorsque Freya lui avait assuré être un ventre sur patte, il ne put s'empêcher de se dire qu'il serait plutôt avantageux de gagner pour la laisser tout payer. Zion eut un petit rire puis il se mit à courir comme un dératé en direction du Pré-au-Lard. Ce serait un bon entraînement pour tester son endurance si à mi-chemin du château, Zion n'avait pas ressenti une pointe sur le côté.

Un petit rire s'échappa de ses lèvres tandis qu'il tentait de reprendre son souffle pour observer que le village de Pré-au-Lard se dessinait au sommet de la petite colline qui se dressait devant eux.

Accélérant l'allure tout en gardant une main sur son flanc droit, Zion et Freya ne tardèrent pas à passer le pont pour pénétrer dans le village sorcier.

« - J'aurais jamais dû sprinter. » Fit Zion avec un sourire. « De toute façon, ça ne se fait pas d'inviter quelqu'un pour le laisser payer. Vas-y, t'as gagné. Pose ta main sur cette fichue poignée. » Renchérit-il, avec son petit air espiègle.

01.11. Zion avait peut-être le sang mêlé, il avait été élevé comme un sang pur. Toute la famille Ayodele, la branche maternelle de sa famille, était un vieux clan de sorciers. Leur lignée, à la connaissance de Chinenye, n'avait jamais été entachée par une quelconque bizarrerie (aucun terme ne pouvait être réellement à propos) jusqu'à la naissance de Zion. Aussi, avec la disparition de ses parents alors qu'il n'avait que deux ans, son éducation avait réellement commencé le jour où il eut franchi le manoir Ayodele pour y vivre. Cela expliquait donc cet attachement à l'image et aux étiquettes dans un monde où, malgré la pureté de leur sang, ils avaient quand même bien dû batailler à leur arrivée en Angleterre, il y a plus d'un siècle maintenant.

« - Il en va de sois, milady. » Répondit Zion, en s'inclinant légèrement devant Freya avant de rire bêtement. « Ma grand-mère attache une grande importance à l'image. Alors... »

Il haussa les épaules sans donner plus d'explication. Ce n'était pas pour lui déplaire, de toute façon. L'idée de jouer le prince charmant avait toujours été quelque chose qui lui avait plu. Il avait toujours imaginé les sorciers de Gryffondor de la sorte. Très chevalier, très porté sur son prochain, tout en faisant attention à l'image qu'ils donnaient aux autres pour qu'on ne puisse pas leur prêter de mauvaises intentions. Ses parents étant étaient à Gryffondor, Zion, faute d'un réel modèle chez lui, avait un peu idéalisé le rôle d'un homme, un vrai au sein de la société.

Ils entrèrent dans les Trois balais où Freya les mena vers une table proche de la cheminée. Prenant place, Zion tendit l'oreille avec un sourire amusé.

« - Peut-être parce que je m'ouvre un peu plus aux autres maisons... » Avoua le Gryffondor qui était connu pour être habituellement le genre à ne traîner qu'avec les siens à l'exception, peut-être, des frères Grimm.

Le serveur vint à cet instant pour prendre les commandes. Zion commanda une grosse assiette de pancakes et un grand verre de jus de citrouille.

Une fois qu'il les eut quittés, Zion reporta son attention sur Freya.

« - Du coup, toi aussi tu es barde ? » Demanda Zion, s'intéressant un peu plus personnellement à la sorcière qui lui faisait face.

01.11. Zion inclina galamment la tête lorsque Freya le remercia pour son soutien en potion. Le Gryffondor avait agi ainsi parce qu'en voyant la malchance de sa partenaire, il s'était dit qu'elle allait finir par envoyer le chaudron en l'air, le poing en direction du professeur Miller. C'était ce qu'il aurait probablement fait, lui qui n'avait pas forcément un niveau particulièrement exceptionnel en potion. Pour tout avouer, il était plutôt dans la moyenne basse habituellement.

Il l'avait soutenu sans arrière-pensée. Peut-être l'idée d'avoir un nouveau professeur qui, en plus, était aussi sa nouvelle directrice de maison l'avait poussé à donner le meilleur de lui-même inconsciemment et qu'en agissant comme il l'eût fait avec Freya, il avait juste porté les vertus de Gryffondor comme un parfait étendard.

Quoiqu'il en soit, ce cours avait été un régal à partager avec elle. C'était la conclusion qu'il en tirait aujourd'hui, maintenant qu'elle lui rappelait le désastre de cette heure de potion sur l'étude de la potion de Ratatinage.

Leur commande ne tarda pas à arriver et le Gryffondor accueillit son assiette et son jus de citrouille avec un claquement de langues, les yeux s'agrandissant subitement alors qu'il contemplait ses pancakes. Il sentit la fringale s'ouvrir au moment même où l'odeur du plat venait lui chatouiller les narines.

Zion releva la tête pour observer Freya un court moment, ravi de la voir s'extasier sur son chocolat.

« - Ma grand-mère m'a parlé de ta famille en bien, en tout cas. Un jour, j'aimerais bien assister à une représentation. Ça doit être cool d'entendre une histoire racontée par un barde. J'en avais vu un quand j'étais petit qu'était passé à Flagley-le-Haut, il arrivait à faire le bruit d'un envol d'oiseaux et du vent, c'était vraiment quelque chose. » Continua Zion, tout en coupant un morceau de pancake.

Il eut à peine fourré sa première bouchée que Freya lui renvoyait la balle en lui demandant si sa famille avait des traditions. Son regard tomba aussitôt dans sa propre assiette, les joues en feu.

Zion se devait de lui mentir. Pourtant, il n'en avait pas envie. S'il était coutume qu'un Ayodele flirtât avec le vaudou, cette rumeur n'avait jamais été réellement confirmée publiquement. La famille se contentait simplement de surfer sur cette idée reçue pour asseoir son pouvoir afin qu'on les laisse tranquilles.

De ce fait, l'une des règles premières de la famille Ayodele, c'était de ne pas confirmer cette rumeur afin d'être tranquille.

Pourtant, il l'avait déjà fait. Une fois. Là, tout de suite, il n'avait pas forcément envie de se taire. Zion imaginait très bien le regard inquisiteur de sa grand-mère alors que l'idée de lui en parler vite fait lui traversa l'esprit. Il finit par prendre une profonde inspiration, relevant la tête, l'air gêné.

« - C'est pas le genre de trucs qu'on ébruite facilement. » Se contenta de dire Zion, visiblement mal à l'aise. Pour éviter d'en dire trop, trop vite, il enfourna un autre morceau de pancake dans sa bouche.

01.11. Zion nota le rouge sur ses joues. Pour ne pas l'embarrasser, le Gryffondor se contenta de baisser le regard sur ses pancakes qu'il coupa grossièrement avant d'en mettre un bout dans sa bouche. L'idée était intéressante et lui plaisait beaucoup. Zion avait entendu bien des histoires sur Caer Cynfeirdd comme Freya avait probablement dû entendre certaines rumeurs sur les Ayodele pour un peu qu'elle ait tendu l'oreille. Zion ignorait si les Cynfeirdd attachaient beaucoup d'importance à l'étiquette ou non. Ce dont il était sûr, c'était que les Ayodele y faisaient très attention et que c'était probablement pour cela que sa grand-mère occupait une telle place dans la société britannique sorcière. Savoir que cette place lui serait probablement octroyée plus tard l'intimidait beaucoup. C'était aussi pour cela qu'il passait le plus clair de son temps à faire des bêtises pour amuser la galerie avant de devoir laisser place à un Zion plus sombre, plus inaccessible.

La discussion bifurqua sur sa propre famille, ce qui rendit Zion mal à l'aise. D'une part, dire que sa famille faisait du vaudou était compliqué. D'autre part, devoir le dire l'était tout autant lorsque ce n'était pas dit sous le ton de la menace lorsque les poings ne suffisaient pas à résoudre les situations dans lesquelles il était capable de se mettre. Par ailleurs, la réponse de Freya le calma quelque peu pour lui permettre de lui répondre.

« - C'est pas ça, c'est... Je t'en parlerais plus tard, je finis toujours par en parler aux gens que j'apprécie sincèrement. » Avait dit Zion qui cacha son gène dans son jus de citrouille.

@Michel-Ange Grimm, @Israfel Clearwater & @Norà Millar devait être les seuls à savoir ce qu'il en était réellement. @Ana Souvorov devait probablement s'en douter aussi vu ce qui s'était passé cet été quand elle avait emménagé sur Mayfair Street.

Et effectivement, il finirait par le dire à Freya. Zion n'avait jamais été trop à l'aise avec les secrets. C'était le genre de trucs qui, déjà, finissaient toujours par ce savoir en plus d'apporter son lot de problèmes. Le Gryffondor était plutôt adepte de vivres d'une manière sereine. Se compliquer la vie n'était pas son credo, bien que cette dernière lui apportait généralement son lot de problèmes sans qu'il n'ait rien demandé.

Zion releva le regard vers Freya lorsqu'elle mentionna le bal de la Samhain.

« - J'y suis allé avec Chuck, tu vois qui c'est Charlotte Belleflamme ? Une fille de notre promo à Gryffondor ! »

Quelque chose lui intimait de clarifier tout de suite cette relation, ici et maintenant.

« - On s'connait depuis tout petit. Son père est un ami de la famille. »

Freya ne pouvait pas la manquer. Charlotte, c'était la fashionista de leur promotion. Une jolie femme à la peau noire, toujours sur son trente-et-un, capable d'attirer le regard des autres comme une vélane pourrait le faire.

Pourtant, leur amitié était platonique. Ils s'aimaient énormément, mais il ne s'était jamais rien passé entre eux. Ils y étaient allés juste pour passer un bon moment ensemble, mais surtout pour être le couple le plus glamour du bal. Ce n'était pas forcément le cas, mais au moins, ils avaient pu être remarqués et c'était tout ce qui comptait pour les deux jeunes sorciers de Gryffondor.

« - Il s'est rien passé. Si... Si tu veux savoir. » Ajouta Zion, d'un air un peu gauche.

01.11. Zion ne put s'empêcher de rire lorsque Freya lui avoua le trouver plutôt mignon. Son sourire se fit plus charmeur sans même s'en rendre compte. Peut-être était-ce parce qu'elle venait de gonfler son égo ? Zion n'en avait pas conscience. Tout ce qu'il voyait, c'était qu'elle semblait chercher quelque chose derrière toutes ses questions et qu'il commençait enfin à comprendre qu'il y avait moyen de tenter quelque chose avec Freya.

Le Gryffondor sentit alors qu'il devait faire attention à sa réponse pour la Serdaigle tout en évitant de lui cacher la vérité. Car oui, Zion Webb avait eut quelques relations. Des coups d'un soir qui s'était étiré dans un temps plus ou moins long sans pour autant quelque chose qui lui donnait envie de se mettre à fond dedans.

Il ne savait pas trop où ça allait avec Freya. Pour tout avouer, il n'avait jamais fait ce qu'il était en train de faire avec une autre fille. Manger un bout oui, mais pas... Pas comme ça. Enfin, lorsqu'il comparait sa dernière sortie avec @Alejandra Montero, c'était le jour et la nuit. Pas forcément la même ambiance, mais aussi ce truc qu'il ne comprenait pas trop qui rendait la situation présente particulièrement grisante.

Zion posa ses couverts avant de lui répondre.

« - Tu déconnais vraiment pas quand tu disais qu'on se calculait à peine jusqu'à maintenant. »

Le jeune Gryffondor ajouta un petit rire amusé.

« - J'en ai eu quelques unes, oui. Mais rien de sérieux si c'est ta question. »

Zion avait dit cela d'un ton détaché. Il venait de reprendre ses couverts pour se couper un pancake.

« - Et toi ? » Demanda Zion en fourrant sa fourchette entre ses lèvres sur le ton de la conversation.