“The universe is full of intentions. Everything happens for a purpose.”

 «Life is what happens to us while we are making other plans.»
Allen Saunders 

Pour  ses frères et sa sœur, Nathanael était fort, implacable, inébranlable et pourtant...il n'avait jamais eu l'impression que ce soit le cas. Chaque décision avait été prise par nécessité, que ce soit pour se protéger ou protéger sa fratrie, mais pas par réel choix. Il n'avait pas choisi cette vie, cette enfance, ces doutes et ces souffrances mais, comme n'importe qui, il s'était adapté pour survivre...juste survivre. Pendant longtemps il s'en était contenté, acceptant que la vie n'était juste que le travail et une éternelle danse entre les astres lunaire et solaire.

Mais maintenant que les choses étaient en passe de changer, il avait plus l'impression que cette acceptation était une preuve de faiblesse, d'abandon face à une douleur qu'il n'acceptait pas de voir disparaître, car elle était le seul lien qui le rattachait à une époque où il avait été pleinement heureux. Pleinement...lui-même. Il était faible, parce qu'il avait accepté de vivre dans le passé, dans cette douleur constante, car une partie de lui était morte avec Eva et il n'en avait jamais fait le deuil. Oh oui il avait pleuré sa femme, pleuré de toutes les larmes de son corps, mais il n'avait fait le deuil de cette partie de lui qui était rattachée à cette formidable femme, de cette partie de lui qui cherchait toujours le visage d'Eva dans la foule, à chaque fois qu'il rentrait dans une pièce.
Cette partie de lui était toujours là, quelque part, et elle était la raison pour laquelle il n'arrivait pas à aller de l'avant. Il avait fallu que son père vienne renverser son monde, une nouvelle fois, pour que le Pierce ne réalise à quel point il était vain et destructeur de vivre de cette façon. Pas alors qu'il y avait une femme incroyable, juste devant lui, qui ne demandait qu'à l'aimer et être aimé en retour. Comment avait-il pu être si stupide, pour ne pas s'en rendre compte avant ? Était-il aveugle, en plus d'auto-destructeur ?

Mais aujourd'hui, une nouvelle page se tournait. Aujourd'hui il abandonnait la culpabilité, et les souvenirs qui le hantaient encore, la nuit. Aujourd'hui il acceptait l'inévitable, il acceptait la tragédie du passé et le fait que cette douleur puisse l'aider à voir à quel point ce qu'il avait, ici, était précieux. Alors il osa, posant ses idées sur papiers, vocalisant son envie malgré la crainte d'être rejeté et...le pari fut payant.

Surpris ? Oh il le fut, oui, pendant quelques instants, comprenant que l'écarlate désirait la même chose que lui et, surtout, qu'elle non plus n'avait pas envie de perdre de temps. C'était, en tout cas, ce que le Pierce comprit, alors que le belle venait le caresser du bout de ses doigts. Elle avait beaucoup de choses en tête, beaucoup d'envies, beaucoup d'idées et, curieux, Nathan s'essaya sur un ton joueur :


Une vie à deux...il n'en avait pas eu depuis une éternité mais, heureusement, il apprenait vite. Posant son regard sur la belle, il se délecta de ce contact silencieux, de ces regards entendus, et de cette promesse de vivre intensément, de ne plus regarder en arrière. En guise de réponse positive, il déposa un doux baiser au coin des lèvres de la belle, avant de poser son front contre le sien. Fermant les yeux, pour se délecter de ce doux contact, il souffla :


Des mots assez inhabituellement francs, dans la bouche de cet homme. Preuve que sa décision était prise et, maintenant que leur accord était scellé par un baiser, Nathanael pouvait retourner au sujet mentionné, un peu plus tôt dans la conversation. Reculant légèrement la tête, écartant son front de celui de la Mapleleaf, Nathan posa sur elle un regard qui ne souffrait d'aucune ambiguïté, avant de souffler :


Se penchant en avant, Nathanael s'abaissa légèrement, avant d'attraper la belle par les cuisses, la soulevant aisément, avant de poser ses fesses sur la table derrière elle. S'approchant un peu plus, Nathan déposa un chaud baiser au coin des lèvres de la belle, avant que son chemin de feu ne dévie tout le long de la mâchoire de la belle, descendant inévitablement jusqu'au creux de son coin. Là, finalement,  il remonta son visage et, d'une voix qui ne souffrait d'aucune ambiguïté, murmura à l'oreille de la belle :

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Allen Saunders 

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Nathanael n'avait pas toujours été aussi propre sur lui, aussi digne, aussi imperturbable. Certes il était né dans un monde de sang-purs, il avait donc appris à porter des costumes avec dignité et élégance, mais cela ne définissait pas qui il était, pour autant. En vérité il avait forcé vers un rôle puis un autre, depuis un si jeune âge, qu'on en oubliait parfois que ce maintien d'apparence n'était qu'une façade. En vérité, pour être parfaitement honnête, derrière ce masque Nathanael oubliait souvent qui il était réellement...en supposant qu'il en ait déjà eu la moindre idée.

Ce pantin en costume, ce parangon de dignité et de politesse : tout ceci n'était qu'une acte, qu'une petite pièce du puzzle, mais en aucun cas le tableau au complet. Il était devenu ainsi car c'était ce qu'on attendait de lui, car c'était sa place dans la société mais, à force de se plier en quatre pour satisfaire les besoins des uns et des autres, il s'était...oublié. Perdu, pour ainsi dire, et il commençait à peine à rassembler les morceaux, à son rythme. Il ne s'agissait pas juste de s'habituer à la vie à deux, de savoir quel genre de compagnon il pourrait être, mais surtout de savoir quel genre de personne il était en dehors de son travail. Et aujourd'hui...entre le stress et la fatigue, ses mots lui échappèrent en plus d'une occasion, ce qui ne semblait pas déplaire à l'écarlate.

Il avait l'habitude d'être rationnel. De toujours trouver une explication pour tout, afin de ne jamais être surpris, afin d'être paré à toute éventualité mais, aujourd'hui, il n'avait plus l'énergie de le faire. Il voulait laisser tomber le masque, être lui, juste lui, simplement lui et, lentement, il se laisser aller dans les bras de la belle. Il la désirait, bien sûr, mais il ne s'agissait pas juste de cette danse des corps. Il...il avait besoin d'elle, tout simplement.


Voilà la seule chose que Nathanael parvint à articuler, alors que la belle Amaranth prenait les choses...en mains, à sa façon. Cela allait-il l'arrêter, si quelqu'un passait la porte, là, maintenant ? Il aurait aimé dire que oui mais, comme l'écarlate pouvait le sentir à présent, sa détermination était telle qu'il n'était pas certain de pouvoir s'arrêter, maintenant qu'il était lancé. Passionné ? Il l'était, oui, même si cet aspect de sa personne ne ressortait pas aussi souvent que cela.

Un sourire amusé se dessinant au coin de ses lèvres, il laissa s'égarer sur la peau que sa belle décida de lui dévoiler, avant que sa main ne vienne saisir celle – aventureuse – de l'écarlate. Amusé et joueur, il expliqua :


C'était lui qui menait la danse, pour le moment. Lui et lui seul. Laissant l'une de ses chaudes mains se perdre sur les hanches de la belle, remontant doucement le long de son flanc, alors que l'autre main effleurait doucement l’intérieur de cette cuisse, du bout des doigts seulement. Se penchant en avant à nouveau, Nathanael déposa un doux baiser au creux du coup de la belle, avant de descendre un peu plus, suivant le chemin de la peau qu'elle dévoilait ainsi, à sa vue.


Son chemin de feu, tracé avec chaque baiser, n'allait évidemment pas s'arrêter là. Il comptait bien continuer à couvrir chaque morceau de cette peau lactée de ses baisers, continuant à descendre toujours plus bas, uniquement guidé par ses instincts du moment. Il voulait la faire chavirer, la faire trembler, repousser sa résistance jusqu'à ses limites et...le reste était encore à venir.

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C'était perturbant d'avoir attendu aussi longtemps, avant de se redécouvrir à nouveau. Pendant longtemps il était persuadé de connaître ses goûts et de savoir dans quelle direction allait tourner sa vie mais, en réalité, ses goûts et ses choix avaient été façonnés par d'autres. Qu'il s'agisse de sa famille, de son cercle social ou de la société en général, on lui avait répété depuis son jeune âge qu'il devait agir d'une certaine façon, parler d'une certaine façon, s'habiller d'une certaine façon alors, sans réfléchir, il se calqua sur ces directives pour en devenir le parfait reflet. Pendant un temps il apprécia cette image de lui, avant de se rendre compte qu'elle n'était pas lui, pas totalement en tout cas et, quand il voulu changer, il était déjà trop tard...ou du moins était-ce ce dont il se persuada.
Pourquoi ? Parce qu'il appréciait le respect qui allait avec cette image. Il appréciait l'idée d'appartenir à une certaine classe sociale, même si au fond de lui il savait qu'il était bien plus complexe que cela. Mais aujourd'hui c'était différent. Aujourd'hui il était juste trop fatigué, trop éreinté pour continuer à faire semblant. Alors oui, en ouvrant la boîte de Pandore il ne savait pas encore ce qu'il allait y trouver, mais il en avait assez de n'autoriser qu'une portion de lui à s'exprimer, plutôt que d'être plus...complet. Et cette volonté, c'était à la femme en face de lui qu'il le devait.

En avait-elle seulement conscience ? Il espérait bien que oui, même s'il n'était pas certain de pouvoir l'exprimer en ces termes. Peut-être que suffisamment de temps s'était écoulé, peut-être que Ethan était suffisamment bien dans ses bottes à présents, ou  peut-être s'était-il simplement pardonné pour ses manquements passés. Quelle que soit l'origine de ce changement, Nathanael avait à présent la volonté d'aller de l'avant, avec elle.

Le Pierce était un homme assez prudent et contrôlé. Aussi, pour se laisser aller comme il le faisait en ce moment, une confiance presque aveugle lui était nécessaire, et ce n'était pas quelque chose qu'il donnait aisément. Mais Amaranth était là. Elle connaissait ses échecs, ses démons, sa colère, et pourtant pas un seul instant elle n'avait songé à reculer ou fuir. Elle avait ses propres blessures, ses propres peurs et, à son rythme, elle avait fini par les partager avec Nathan. Lui non plus  n'était pas parti, lui aussi était toujours là, avec elle.

De cette volonté, un désir était né. Un désir qui était resté silencieux pendant une décennie. Dormant. Attendant l'étincelle qui le réveillerait à nouveau, et il avait fallu une soirée alcoolisée pour que naisse cette lueur. Aujourd'hui les deux étaient sobres, parfaitement conscients de leurs actes, et pourtant leur désir ne semblait qu'être encore plus grand que lors de cette fameuse soirée.
Chaque seconde qui passait était une ode à ces courbes tentatrices. Chaque baiser, une prière sur l'autel de la beauté de l'écarlate. Il avait fait la promesse silencieuse de lui faire perdre la tête, et il comptait bien la tenir mais, de toute évidence, la belle semblait avoir d'autres idées en tête. Alors qu'il était sur le point de protester, de lui dire qu'il n'en avait pas fini avec elle, l'écarlate le délesta de son haut, avant de le pousser jusqu'au sofa le plus proche, avant de prendre le contrôle de cet instant de partage, d'une façon assez...surprenante et directive.

La protestation de Nathanael mourut au fond de sa gorge, alors que sa tête se rejetait en arrière, sentant son corps se figer, ainsi pris au piège par la bouche tentatrice de la belle. Pris au dépourvu ? Oh il l'était, oui mais, en cet instant, il laissa la belle mener cette danse comme elle l'entendait...aussi longtemps qu'il pourrait le supporter, en tout cas. Sentant ce plaisir pulser à travers chaque fibre de son corps à chaque mouvement de la belle, la main droite de l'homme parvint à se perdre dans la chevelure de la belle, pour accompagner ses gestes, alors qu'il perdait toute notion du moment et de l'instant.

Petit à petit il se sentait perdre le contrôle de son propre corps et, si cette perspective était délicieuse, rien ne valait le plaisir partagé. Ainsi, avec la force qu'il lui restait, Nathanael posa sa main sous le menton de la belle, qui comprenait sans doute le sens de ce geste. Une fois prête, elle serait attirée vers Nathanael, chevauchant cet homme qui, à présent, ne pouvait plus masquer cette vigueur. Parvenant à peine à reprendre son souffle, le Pierce laissa ses mains traîner sur les hanches de la belle, ne la perdant pas du regard ne serait-ce qu'un instant, avant de souffler :


Qu'avait-il fait pour que pareille femme ne tourne son regard vers lui, franchement? Il avait parfois l'impression de rêver, l'impression que ces derniers jours avaient été ceux d'un autre.

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L'aîné Pierce n'avait jamais reçu beaucoup de leçons utiles de la part de son père, mais chacune d'entre elles était marquée au fer rouge, dans un coin de son esprit. Il y avait les leçons comme l'importance de bien s'habiller, car son image allait impacter l'image de la famille. L'importance, ensuite, d'obtenir un travail haut placé afin que le rayonnement de sa renommée puisse retomber sur le reste de sa famille...mais surtout sur son père. Et puis il y avait le point le plus amusant, à savoir celui du mariage.
Certes Abiel avait exigé que son fils n'épouse qu'une femme de sang-pur pour ne pas entacher la pureté de la lignée, et ce conseil fut également répété aux trois autres membres de la fratrie, mais cette directive était particulièrement importante pour le médicomage. Pourquoi ? Parce que Nathanael devrait guider la nouvelle génération de Pierce. Son fils, son premier fils dirigeait la branche anglaise des Pierce à son tour, aussi était-il important que le médicomage épouse quelqu'un de bonne famille, et engendre rapidement un fils.

Tel était le plan au départ mais, évidemment, la vie avait dirigé l'existence de Nathan dans une autre direction. Il avait accepté qu'il ne serait jamais à la hauteur des attentes de son géniteur et, si pendant longtemps il s'était blamé pour le fait d'être un mauvais fils, une constante déception, il avait fini par arrêter. Alors oui, c'était pénible de savoir qu'il n'aurait jamais la même famille unie que tous les autres...mais, au final, qui avait dit qu'il avait besoin de ses parents pour être une famille soudée ? Les quatre enfants contre le reste du monde, cela avait toujours été ainsi et il ne pouvait concevoir les choses autrement.
Malgré cette acceptation sa vie avait été mise en pause mais, aujourd'hui, une nouvelle page se tournait. Aujourd'hui d'autres projets naissaient et, pour un soir, tous ses démons et ses craintes étaient relégués au second plan. Sa vie était plus compliquée que jamais mais, en cet instant, il n'avait d'yeux que pour la femme là, juste devant lui, tout contre lui.

En cet instant, alors que leurs deux corps ne firent qu'un, plusieurs souvenirs remontèrent à la surface. Nathan se rappelait parfaitement de leur premier moment important, de la fois où il avait sauvé l'écarlate et, depuis ce jour, leurs deux existences étaient liées par un fil invisible. Il avait simplement fallu plusieurs années et une tragédie pour que Nathanael ne le réalise, voilà tout. Mais aujourd'hui il voyait ce fil, ressentait le fil, l'observait s'enrouler autour de lui et d'elle, s'épaissir alors que ces deux corps s'unissaient enfin.

Lui d'habitude si contrôlant, si rigoureux, laissant sa conscience s'échapper petit à petit, comme autant de grains de sable glissant entre ses doigts. Il ne s'agissait pas simplement de s'abandonner à cette danse des corps, ou à un instant de plaisir intense et éphémère. Cet instant-là était bien plus symbolique que les mots ne pourraient lui rendre justice. Cet instant symbolisait leur union, la matérialisation de leurs projets communs, et la volonté de créer un avenir ensemble.
Alors oui, chaque mouvement de son corps était un plaisir intense, enivrant même. Ses mains se perdaient sur la peau nue de la Mapleleaf, alors qu'il ne la quittait pas du regard ne serait-ce qu'un instant. Sentant presque sa conscience se mêler à celle de son amante à chaque mouvement de leurs corps, Nathan ne réalisait seulement qu'à cet instant à quel point cela lui avait manqué de se sentir réellement vivant.
Il ne parlait pas seulement de cet intense, mais de cette proximité des sens et des corps. De cette connexion où les mots n'étaient pas nécessaires, où les regards voulaient tout dire et, surtout, où les corps pouvaient se synchroniser, pour que le désir de l'un devienne le désir de l'autre. Nathanael pouvait tout deviner, par les mouvements de la belle et, bien sûr, le râle de plaisir fut partagé. Laissant son front retomber contre l'épaule de la belle, le Pierce passa ses bras autour d'elle et, dans un souffle, murmura tendrement :