Rised (Eynaelle)

5..11.23

Le regard concentré et vif comme à mon habitude, je parcourais les couloirs avec un tas de parchemins. Les évaluations pédagogiques des enseignants avaient lieu pour certains, notamment les nouveaux et il fallait dire que c’était peu glorieux. Mon rapprochement avec Améthyste faisait que j’avais du confier cette tâche à quelqu’un d’autre, mais je m’étais occupé des autres. Ainsi, je m’étais forcé d’aller dans celle de mon remplaçant en Métamorphose. Rien n’allait chez lui, je m’étais rendu compte au fil du temps qu’il s’agissait juste d’un beau parleur. Qu’il m’avait clairement embobiné durant l’entretiens, et que ses cours étaient nulliscime, voir ennuyeux. Dans un soupire, regrettant amèrement que mon ami @Dilshad Zaman n’est pas accepté ma proposition, je remplissais l’évaluation avec pour but de le faire remonter au Conseil d’Administration, car certains étaient pédagogiquement grave pour la scolarité des étudiants.
C’est donc la mine concentrée, que j’étais arrivé devant la gargouille de mon bureau. Relevant la tête, je fis brusquement tombé l’ensemble des mes parchemins en voyant une jeune femme que j’avais d’abord pris pour Ether. Mais, après y avoir regarder de plus prêt et avoir repris consistance, je me rendis compte qu’il ne s’agissait ni plus ni moins que de sa nièce… et donc la mienne. Les joues un peu rouge de honte, je ramassais les parchemins, que je mis dans mon havre-sac. C’était… perturbant. Je m’avançais vers elle.

« Bonjour Eynaelle. » dis-je simplement.

Je m’en voulais beaucoup. D’avoir raté tout un tas de chose, de lui avoir menti sur la réalité de notre relation. D’avoir été méfiant envers elle à cause de sa mère. Mais de ce que j’avais vu quand j’étais aller à Gargareth, elle était bien différente, preuve que je m’étais trompé et que je lui devais des excuses. Mais… Elles n’étaient jamais venues. Pour la simple et bonne raison que… je n’arrivais pas à soutenir son regard, comme je n’arrivais pas à soutenir celui de sa mère tellement leurs yeux étaient identiques.

« Tu me cherchais ? » demandais-je simplement « Le mot de passe c’est Lys, cette semaine. »

La gargouille commença à pivoter, et je me dirigeais vers l’escalier. On allait donc l’avoir, cette discussion. En même temps, je lui devais. Le poids des années et des souvenirs commencèrent à se faire sentir. Car Stalker arriva et s’envola pour se diriger vers moi, mais à ma grande surprise, il se posa sur l’épaule d’Eynaelle et lui fit un calin. Je fronçais les sourcils, un peu jaloux :

« On dirait que j’ai du soucis à me faire, aller viens. »

Et je commençais à gravir les marches de mon bureau, y rentrant comme… chez moi.

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Amato Animo Animato Animagus

Directeur de Poudlard

Eyna n’est pas la plus maligne des filles. À Poudlard, elle a enchaîné connerie sur connerie. Parfois volontairement, parfois involontairement. Mais là c’était le pompon. Elle savait très bien que c’était une idée de merde mais la loyauté qu’elle a pour sa famille, toute sa famille, l’oblige à vouloir parler à son oncle, peu importe les risques. Elle avait passé plusieurs minutes à tourner autour du bureau avant de se décider soudainement à frapper sur une des gargouilles à l’entrée puis de reculer quand elle ne reçoit pas de réponse, se demandant même si elle était au bon endroit. Elle se met ensuite à faire les cents pas autour du bureau jusqu’à se faire interrompre par le directeur de Poudlard, son oncle.

Elle avait préparé tout un texte à dire mais quand elle voit Luke apparaître d’un seul coup devant elle, elle se fige sur place et sa langue se noue. Elle murmure un vague “bonjour” à peine audible tout en hochant la tête, avant d’entrer dans le bureau avec une marche robotique. Elle se tient droite comme un I à l’entrée, essayant de se rappeler de ce qu’elle allait dire, avant de se faire interrompre dans ses pensées par une grosse boule de plumes bleu. Elle sursaute et laisse échapper un petit crie aigu, mais finit par reconnaître Stalker et éclate de rire face à sa propre surprise, elle caresse gentiment le cou de Stalker avant de lui dire :

“Bonjour petit héro, je suis contente de te voir aussi...”

Elle était manifestement plus à l’aise avec le fait de parler à Stalker plutôt qu’avec son oncle. Elle laisse l’oiseau sur son épaule puis fait face à son oncle après un long soupir.

“Je, hum, voulais parler de ce qu’il c’est passé à l’infirmerie…Mais enfin, c’est pas le plus urgent.”

Elle se disait que c’était probablement la première chose que Luke voudrait entendre, mais c’était un sujet qu’elle préférait éviter au profit d’un autre sujet qui la tenait beaucoup plus à coeur

“C’est au sujet de Sio…Je me disais qu’elle était pas trop dans son assiette depuis…ce jour-là. Je me trompe ?”

Après sa conversation avec Sio dans la salle sur demande, elle avait continué à l’observer longuement pour chercher à comprendre ce qu’il se passait dans la tête de sa cousine.

Je passais de l’autre côté de mon bureau, invitant simplement Eynaelle à s’asseoir. Je restais de marbre, et j’affichais le même visage que j’avais pour chaque étudiant. Mais en réalité, j’étais presque terrorisé de voir ses traits que je ne connaissais que trop bien. Me dirigeant vers un petit meuble, j’en sortis une théière et tout une série de thé de toutes les origines. Posant une tasse devant elle, je mis un petit coup de baguette sur la théière, qui fit une révérence à Eynaelle. Deux tasses apparurent et commencèrent à danser devant nous. La boîte s’ouvrit comme un petit monstre qui ouvre sa bouche, et… de la fumée commença à sortir de la théière, preuve qu’elle se chauffait elle même.

« Sers toi, je t’en pris. »

Je pris un sachet de thé noir venant directement du japon. Le plaçant dans ma tasse, la théière versa soigneusement de l’eau dedans. Je restais de marbre, sans rien dire à ses deux questions. Qui étaient non seulement directe, simple mais… aussi pertinente.

« On va commencer à l’envers et je vais répondre à ta deuxième question en premier… Je pense effectivement, qu’elle ne va pas bien. Pourquoi, je n’en sais absolument rien et disons que le dialogue est un peu rompu en ce moment... »

Je me mis dans mon fauteuil, une main sous mon visage. Le rideau de fer se baissa et on put y voir l’âge qui commençait à me toucher, et la tristesse de savoir que Siobhan n’allait pas sans que je ne puisse rien y faire.

« Et c’était pas vraiment une question, tu viens m’avertir. C’est très gentil de ta part Eynaelle. » dis-je d’une voix… timide.

Jamais je ne m’étais adressé à un étudiant standard ainsi. En général, je m’adressais comme ça aux membres de ma famille. Et c’était le cas. C’était ma nièce qu’il y avait en face de moi, pas n’importe quel Poufsouffle. Je regrettais déjà de ne l’avoir jamais vu et de ne lui avoir jamais parlé.

« Je dois te dire que ça m’échappe. Et ca m’échappe parce que je suis responsable de tout ça. Je lui ai caché ses origines, et elle n’a jamais pu se construire complètement. Aujourd’hui, elle rattrape le temps perdu et accumule de la rancoeur envers moi, et elle a bien raison. Je… je peux rien faire. Elle ne voudra jamais que je l’aide, puisque c’est ma faute. Après, je peux me tromper, mais je te rassure, je veillerai à vérifier pourquoi elle est dans cet état. »

Sans bien évidemment qu’elle ne soit au courant, ou du moins, le plus discrètement possible. Je relevais alors les yeux vers elle, et je levais la main, comme pour suspendre un moment précis du temps. En fait je cherchais mes mots.

« Avant qu’on parle de ce qui s’est passé à l’infirmerie. Je te dois des excuses. Je n’ai jamais été présent dans ta vie, parce que je ne voulais pas que Siobhan soit au courant de ses origines. Ca, c’est une faute que j’emporterai certainement avec moi dans la tombe puisqu’elle est irréparable. Certaines choses ne peuvent être réparé, c’est comme ça et dans ton cas tout est de ma responsabilté et tu n’as pas à t’en vouloir de quoi que ce soit. Je… je suis désolé. »

Je détournais les yeux. L’infusion commençait à être parfaite. Avec soin, la tasse enleva le sachet elle même et se remit au garde à vous devant moi :

« Je ne peux pas rattraper le temps perdu, ni le remonter. Tout ce que je peux te proposer, c’est d’essayer d’aller de l’avant pour toi. Tentez de construire quelque chose de plus impersonnel que ce que je t’ai offert jusqu’à présent… Enfin, si tu le désires. Si tu ne veux pas, je comprendrais. »

Et Merlin savait que j’avais essayé. Le Retourneur de Temps que j'essayais de fabriquer était juste derrière moi, dans l'armoire fermé à double tour de sortilège et enchantement.

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Eyna regarde regarde fixement la tasse de thé tout en caressant Stalker, elle a aucunement envie de prendre du thé mais elle fini par boire une gorgée très lentement histoire d’avoir une excuse pour rester silencieuse plus longtemps. Pendant ce temps, son oncle semble prédire tout ce qu’elle allait lui dire avec
un niveau de justesse quelque peu terrifiant, c’est comme si il lisait dans ses pensées et ça la laissait sans voix.

“...ah…”

Elle reste silencieuse pendant un long moment avant de finalement se prononcer sur ce qui l'avait amené ici.

“Je crois que Sio vous en veut oui…Mais je crois que d’une certaine manière, elle est en colère contre elle-même. Je crois qu’elle est du genre à en attendre énormément d'elle-même, elle est fière de son intelligence et de ses capacités. Donc d’une certaine manière…Le fait d’ignorer son héritage l’a profondément blessé. Surtout que ça n’a pas dû être facile d’apprendre ses pouvoirs sans l’aide d’une vélane. C’était un chemin long et solitaire.”

Contrairement au directeur, Eyna reste très polie et indirecte, elle ressemblerait plus à ce qu’on attendait de la part d’une élève qui a été appelé dans le bureau du directeur de l’école.

“Et…je crois aussi que le combat dans grottes l’a beaucoup plus touché que les autres élèves. Je sais pas trop ce qu’il c’est passé de son côté…Je me disais que quelque chose a peut être eu lieu ce jour-là.”

La suite la rend encore plus inconfortable, si c’est possible. Elle était venue pour une seule raison : elle avait besoin de veiller sur Sio. Et quoi que sa cousine en pense, Eyna n’arrive pas à concevoir qu’elle puisse être heureuse si elle coupe les ponts avec ceux qui l’ont élevé. Par contre, parler d'elle-même et de sa famille, c’est une toute autre histoire. Elle en a envie au fond d’elle, mais c’est un sujet profondément dérangeant.

“Hum…Ce n’est pas grave. J’avais mes parents…” Elle aurait voulu, mais elle avait ce qu’il lui fallait, surtout avec sa mère comme exemple et comme professeur pour ses pouvoirs. “Pas besoin d’excuses, s’il vous plaît.”

Elle n’aurait jamais cru recevoir des excuses, ni même s’imaginer en demander. Elle aurait voulu rencontrer Sio et Finn plus tôt dans sa vie, mais Luke ne lui devait rien.

“Je…Je crois que j’aimerais bien.” Elle sait très bien qu’elle adorerait avoir Luke comme un oncle, mais bien sûr, rien n’était aussi simple. Elle continue ensuite en un seul souffle, balançant ce qu’elle a dans la tête sans se laisser trop de temps pour hésiter. “Mais je crois que maman n’apprécierait pas trop. Je sais que c’est un sujet difficile…Je n’ai jamais connu tante Ether bien sûr, mais j’ai vu les souvenirs de maman à son sujet et je sais que leur relation était compliqué mais je sais aussi qu’elle l’aimait plus que tout et…et je crois pas que tante Ether aurait voulu…” Elle recule un instant, se disant qu’elle est allé trop loin. “Enfin, je sais pas.”

Elle n’ajoute rien de plus, elle regarde juste la sortie d’un air hésitant.

Servant le thé avec calme et patience, j’eus cependant un tique nerveux quand elle parla d’Ether. Surtout quand elle employa le conditionnel. Elle n’en savait rien. Rien de rien finalement. Elle n’était pas au courant du passé de sa tante et de sa mère, ni des cruautés qui en avait découlé. Et qui étais-je pour dire à un enfant que sa mère était un monstre ? Personne. En tout cas, je n’en avais pas le droit, aussi je reprenais calmement :

« Ether adorait la famille, aussi bien de sang que rapporté, à partir du moment où elle se méritait. Donc tu n’as pas de soucis à te faire de ce côté là. »

Un léger tique passa, ainsi qu’une ombre sur mon visage. Ca me rendait légèrement nerveux cette situation. J’avais en face de moi les démons du passé, qui étaient en train de ressurgir un à un. Observant Stalker d’un air pensif, je restais assis dans mon fauteuil, comme un vieil homme en contemplant Eynaelle. Son charme ne fonctionnait pas avec moi, car elle était de ma famille à mes yeux, et j’avais encore trop d’amour pour sa tante et trop de haine envers sa mère pour qu’il n’y ait ne serait-ce qu’une once d’émotion magiquement modifié. Je la voyais telle qu’elle était.

« C’est avant tout une sorcière. Je ne voulais pas qu’elle soit vu comme différente, tu sais tout comme moi que le Ministère n’est pas très enclin envers ceux qui ont ce vieux sang. »

Je fis une grimace. En réalité c’était la raison pour laquelle j’avais été déshérité par mon père. Pas parce que j’étais défaillant, moins Korrigan que les autres comme Eochaid par exemple. Non, tout simplement parce que je m’étais… « accouplé » avec une Vélane comme il disait. Cela fit rejaillir de vieux souvenirs en moins. Passant un main sur mon visage, je me contentais de soupirer :

« Et je pensais qu’en ne disant rien, cela se développerait tout seul et que le jour où elle en ferait la découverte, ca serait naturelle. Innée. Encore une grossière erreur, surtout quand on a deux doctorats en Métamorphose et un en Être Magique Métamorphage... »

Je désignais mes diplomes d’un air un peu rageur. J’avais fait toute une thèse sur les Maledictus, Vélanes et autre Être humanoïde aux capacités incroyables, et pourtant, quand il s’agissait de ma fille, j’avais fait les pires choix possibles. Pire choix que je payais aujourd’hui.

« Si jamais on essayait de démarrer une relation… oncle-nièce, je ne suis pas sûr que ta mère l’apprécie fortement. C’est également pour ça que j’ai fait le choix de t’ignorer Eynaelle. Pour te protéger, en quelques sortes... »

Et aussi protéger les miens. Car rien disait que cette vieille harpie de @Aethelia G. Sanderson n’allait pas se servir de sa fille pour m’atteindre. D’ailleurs, c’était peut être déjà le cas. Avec un léger sourire un peu triste, je continuais cependant sur une note plus rassurante :

« Mais je vais faire comme Ether. La famille, ça se mérite. Et au vu de ce qui s’est passé dans les Grottes de Gargareth, je pense qu’on peut dire que c’est acté... »

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Eyna était pour le moins confuse, sa conversation avec son oncle se déroulait beaucoup mieux que tout ce qu’elle avait pu imaginer. Elle caresse plus doucement le bec de Stalker. Elle était toujours angoissé pour pleins de raisons, mais elle n’a plus l’impression de marcher sur des oeufs. Et…Il y avait une question qui lui brulait les lèvres qu’elle n’aurait jamais pensé posé un jour.

“...Comment elle était ? Ether je veux dire.”

Elle avait entendu parler d’elle une centaine de fois, elle avait vu son portée à l’entrée de la demeur des Gavalagh, mais jusqu’à rencontrer Sio, Ether avait toujours été un fragment d’un passé, un être de légende que tout le monde connaissait mais qui lui semblait presque irréel.

“Sio c’est bien débrouillé. Ça aurait pu être bien pire.” Elle ne peut pas vraiment le cacher, son oncle a prit trop de risques en ne trouvant pas quelqu’un pour enseigner à Sio, mais la réalité est plus complexe. “En faite, Sio est une génie. Je connais peu de demie-vélane de notre âge qui contrôle la harpie aussi bien qu’elle, et ses pouvoirs se manifestent rarement quand elle n’en a pas envie. Et pour le reste…”

Elle n’était pas venue pour ça, mais quand son oncle a dit qu’il avait un doctorat autour des métamorphomage, elle était bien obligé de dire ça.

“...Il y a quelqu’un d’autre à qui on doit beaucoup. Mon préfet, @Sheraz Mahal, est métamorphomage aussi. Il m’a parlé de ses pouvoirs et je sais qu’il y a déjà quelqu’un pour lui enseigner, mais je crois qu’il le vit assez mal le fait de pas avoir un contrôle complet de son corps.”

Eyna hoche la tête pensivement, mais elle finit par rassurer son oncle.

“Je suis autant en sécurité que je puisse l’être avec le ministère. Les miens sont chassés, un de nos refuges a été détruit, et même les gobelins qui étaient nos alliés pendant si longtemps n’ont pas l’air de nous faire confiance. Mais je sais que je peux compter sur les miens pour me protéger à tout prix.”

Il y avait une conviction, une flamme dans le regard d’Eyna. Une détermination d’acier qu’on attendait pas d’une fille qui semblait juste avant si fragile. Elle soupire longuement.

“Je n’ai pas vraiment l’impression qu’on soit sorti gagnant de Gargareth, je sais que vous ne vouliez pas voir maman à Poudlard. Mais elle était furieuse du comportement des gobelins aussi.”

Dans les dernières guerres, velane et gobelin étaient dans le même camp pour défendre les êtres magiques. Le fait qu’ils aient prêt à kidnapper une demi-velane comme Eyna en dit long sur leur niveau de fanatisme.

“...Je sais que c’est naïf, mais j’aurais aimé négocier avec les gobelins. Je sais qu’il n’y a aucune justification pour une attaque comme ça. Mais je sais aussi ce que c’est que d’être considéré comme inhumain.”

Je restais immobile. Observant Eynaelle dans les yeux avec un long silence. Me remémorer Ether était toujours quelque chose de douloureux, pour la simple et bonne raison que je n’avais toujours pas fait mon deuil, même après toutes ces années. Les yeux dans les yeux, je ramenais mes mains devant mon menton pour simplement dire de la voix la plus calme possible :

« Elle te ressemblait. Elle avait cette douceur infinie, ce calme a toute épreuve, cette patience et cette loyauté propre à ceux de ta maison. Et surtout, pour quelqu’un de son… espèce, elle était d’une sagesse infinie. »

Ma voix s’était un peu brisée, mais je n’avais pas honte. En même temps, on parlait de ma femme. Ecoutant avec attention la suite de ce qu’elle me disait, j’observais Stalker qui l’aimait bien. En même temps, ce n’était pas étonnant puisqu’à l’origine, il appartenait à Ether.

« Disons que Siobhan a de bonnes capacités d’analyses et de réflexions qui lui permette de s’adapter très rapidement. Elle dispose également de cet instinct naturel. Dans la nature, ce n’est pas les plus forts ou les plus brillants qui survivent. Ce sont ceux qui savent s’adapter. Elle tient ça de sa mère, mais aussi de mon éducation. »

J’écoutais avec attention ce qu’elle me disait. Bien sûr, tout ça, j’étais déjà au courant. J’avais du recueillir un ou deux témoignages pour savoir ce qui s’était clairement passé. Puis, j’avais fait mon rapport au Ministère. Ce qui en était ressorti de cette réunion était classé confidentiel, et ça ne m’avait pas plus. Les Gobelins avaient toujours ce fichu statut particulier à cause de leur lien avec les sorciers en terme de possession de bien.

« Oui, j’ai été mis au courant. Et toi aussi. Chacun dans les moments les plus durs, révèlent sa vraie nature. Je suis très fier de vous tous. »

C’était sincère, peu de sorciers de premiers cycles auraient été capables de ce qu’ils avaient accomplis. Je me mis à rire car on était pile dans le vif du sujet, elle était assez brillante.

« Les Gobelins sont un peuple particuliers. Ils ont tellement été opprimé par le passé qu’ils ne font confiance à personne, et personne ne leur fait confiance. Il n’y a que le marchandage qui fonctionne avec eux, parce qu’ils n’ont que ce mode là d’expression. Ils tiennent beaucoup de sorciers de haut rang dans le creux de leurs mains, car ils ont passé des accords il y a très longtemps. La cupidité des hommes a fait qu’ils en étaient dépendant et ainsi, ils ont acheté leurs protections. Mais, il y a toujours sous les cendres des différentes Révoltes Gobelines, un brasier qui ne demande qu’à redémarrer. »

Je déliais mes mains, et finalement je me reculais pour réfléchir à ce que j’allais lui dire ensuite. Pour l’instant ce n’était qu’une discussion que je pouvais avoir avec n’importe quelle étudiante mais… en même temps, à mes yeux, pour le moment ce n’était que ça. Il fallait quand même que je marque le coup. Que je lui prouve que je tenais à elle. Et que je voulais me faire pardonner de toutes ces années…
Je me levais, pour aller dans un petit meuble. J’y trouvais une boite et je l’avançais d’une main tremblante sur le bureau.

« Je comptais la donner à Siobhan, mais je crains qu’elle ne maîtrise pas encore assez bien ses pouvoirs contrairement à toi. Tu… tu pourras lui donner, si jamais tu n’en veux pas. Ce n’est pas grand-chose, mais prends là. »

A l’intérieur, il y avait une baguette, en bois de Sorbier, avec un cheveux de Vélane ayant appartenu à la mère d’Ether. C’était bien évidemment, sa baguette. Je l’a regardais avec un léger sourire :

« Ca m’évite de choisir entre Siobhan et Finn. »

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Eyna écarquille les yeux, une partie ne s’attendait pas à avoir la moindre information sur Ether. Mais elle s’attendait encore moins à être comparé à elle.

“Je n’oserais pas me comparer à elle…Je n’ai pas vraiment de calme à toute épreuve”

C’était ce qui la choquait le plus dans ce que son oncle se disait. Eyna avait beaucoup de mal à cacher ses émotions et c’était une guerre constante pour dissimuler la peur qu’elle gardait toujours à ses côtés. Sans parler de la furie qu’elle devenait quand sa colère prenait le dessus.

La description que Luke faisait de Sio n’était pas entièrement fausse, mais Eyna ne peut pas s’empêcher de penser que c’était très proche de ce qu’elle voyait chez sa maman. Elle commence à se demander si sa maman n’avait pas été comme Sio à son âge. Mais elle se gardera bien de faire un tel commentaire devant son oncle.

“Vu que vous pensez tout ça de Sio, est-ce qu’il ne faudrait pas lui laisser plus de libertés ? Je me rend bien compte que c’est dangereux, mais je pense aussi que c’est que Sio voudrait.”

Elle en était même plutôt sûr, Eyna vivrait très bien dans le cadre des règles que Luke impose, mais ce n’est visiblement pas le cas de sa cousine. Eyna soupire longuement avant de dire

“Je ne suis pas grand chose sans la vélane en moi. Si Stalker ne m’avait pas rendu mes pouvoirs…Je n’aurais même pas eu le courage de fuir.”

Sa réaction face aux évènements dans la grotte des gobelins étaient très différente comparé à celle de ses camarades. Elle n’était pas particulièrement traumatisée, effrayée ou en colère. Juste un peu déçu, et rassurée que ses amis en sont sortie indemne cette fois. Peut-être parce que depuis plusieurs années déjà, elle s’attendait à bien pire que ça. Si les gobelins avaient voulu les tuer dès le début, ça n’aurait pas été la même histoire.

Malgré tout, elle était bien obligé de défendre les gobelins, même si son oncle présentait un avis beaucoup plus nuancé que celui du ministère.

“Si les sorciers désirent toujours les créations des gobelins, ce n’est pas pour rien non ? Je me disais que ça avait peut être un lien avec le fait que, contrairement à nous, quand ils forgent une épée ils veulent qu’elle soit toujours capable de décapiter un Dragon, même mille ans plus tard.” Et si ils voulaient ça, c’est uniquement parce qu’ils partaient du principe que cette épée allait appartenir à leurs ancêtres. C’était une condition que beaucoup n'apprécieraient pas, mais du point de vue d’Eyna ça n’avait pas l’air d’être un si mauvais marché que ça. “Moi en tout cas je peux comprendre ce qu’ils ressentent, je ne me sens pas capable de leur en vouloir.”

Elle n’avait pas fait attention à ce que son oncle ramenait mais quand elle voit le contenu de la boite elle lâche un petit “Oh” comprenant immédiatement de quoi il s’agissait. Elle ressent déjà une espèce de résonance avec cette baguette, similaire à ce qu’elle ressent avec sa propre baguette. Toute fois, elle n’a aucune intention de l’accepter, Eyna se lève, et recule rapidement en levant les mains devant elle.

“Je peux pas accepter…”

Elle s’arrête un instant avant de soupirer et finir par dire

“Ce n’est pas j’apprécie pas un cadeau comme ça, mais cette baguette ne devrait pas m’appartenir…Elle ne devrait pas appartenir à Sio et Finn non plus.” Une partie d’elle avait quand même envie de l’essayer, mais ça serait insulter la mémoire d’Ether “C’est une vieille tradition chez nous. Les hybrides velane reçoivent leur première baguette de la main de leurs grands-parents.” Pour illustrer son propos, elle sort sa propre baguette, le bois sombre utilisé et les symboles gravés dessus indiquent clairement qu’aucun Ollivander n’a été impliqué dans sa création. “C’est mon oncle qui a fabriqué ma baguette, elle contient les cheveux de mamie. D’après moi, cette baguette appartient au premier enfant de la prochaine génération. ”

Toujours assis, l’écrin contenant la baguette devant moi, je la regardais d’un visage de marbre. La conversation tournait enfin comme je l’avais imaginé, et certaines paroles étaient placés, j’en avais peur comme des pions. Plissant des yeux, je me contentais de répondre, toujours de la même façon douce, calme et sage à ma nièce.

« Elle a toute liberté, à partir du moment où ce n’est pas dangereux. Siobhan ne voit pas le danger. » répondis-je simplement.

Je n’avais pas envie de m’étendre sur le sujet. J’étais déjà aller la chercher au milieu des Gavalagh, et je savais pertinemment que ça pouvait recommencer. Savoir qui l’on était et d’où l’on venait, c’était bien. Mais prendre des risques inconsidérés c’était autre chose. Regardant maintenant les tableaux derrière moi qui, je savais faisait semblant de dormir, je répondis simplement :

« Les Gobelins, les Vélanes, ont des façons de penser différentes des sorciers. Et ce sont ces derniers qui en sont entièrement responsable, à l’origine des temps magiques, ils vivaient tous en harmonie. C’est l’homme qui créer ses propres démons, ses propres problèmes. Effectivement, on ne peut pas leur en vouloir. En revanche, tenter de prendre la vie de membres de ma famille ne restera pas sans conséquence, je te le garantis. »

Je n’en disais pas plus, mais je ne comptais pas laisser cela impuni. Les Gobelins n’avaient aucun sens de l’honneur et n’obéissait qu’à très peu de règles, elles étaient juste strictes et sans appel. Je comptais bien m’en servir pour les retourner contre eux. Quand, ou comment, je n’en savais rien. Ce qui était certains c’était que je ne laisserai pas passer cela comme ça.
Quand elle développa sur la baguette, je déposais un regard dessus, étrangement apeuré. Je refermais l’écrin avec soin, sans rien dire et laissant planer un silence.

« Alors on respectera cette tradition que j’avais semble-t-il oublier. Je la donnerai au prochain de la lignée, qu’il en soit donc ainsi. »

D’un coup de baguette, l’écrin s’envola et revint à sa place, on entendit les différents systèmes de verrouillages s’enclencher. Observant désormais Eynaelle, je passais mes mains devant moi, sous mon menton. Mes yeux se plissèrent. J’avais plusieurs questions, mais j’avais peur de paraître indélicat. Est-ce qu’elle avait pour objectif de m’espionner, de quelque manière que ce soit ? Après tout… C’était une aubaine pour sa mère, de savoir sa nièce proche de son oncle. Cherchant mes mots, je me contentais de dire simplement :

« Et tout comme Siobhan, tu es également libre de faire tes propres choix, et de suivre tes propres idéaux. Et de te faire ta propre conception de la famille. Je comprendrais qu’un simple sorcier comme moi n’y ait pas sa place, tu sais, j’ai l’habitude d’être rejeté. »

Je lui souriais tristement. Avec Ether, durant l’année où nous étions ensemble, les Korrigan nous avait rejeté pour cet union, et les Gavalagh également. Au final, nous étions pareil, alors que tout nous opposaient.

« Quand j’ai épousé Ether, mon père est rentré dans un fureur monstre, parce qu’il pensait que j’avais été ensorcelé. Que je n’avais plus toutes mes pensées quand j’étais avec Ether. Qui sait quand on aime vraiment quelqu’un qui a une puissance aussi forte au niveau de la Nature hm ? »

Je me mis à lui sourire. Bien sûr, j’avais déjà cette réponse. Mais c’était des petits secrets que nous avions bien gardés, Ether et moi. Je me penchais pour dire cette fois-ci plus gravement :

« Et il pensait également que ton clan ne cherchait qu’à se reproduire avec des nobles lignées pour étendre leur influence. Il avait certes raison, mais il a oublié un détail, majeur. Quand on aime vraiment quelqu’un, on ne se soucie de rien d’autre que de cet amour. »

Je restais là, avec ces paroles énigmatiques suspendues. Je continuais de l’observer, comme si quelque chose allait se produire. Etait-elle envoyée par sa mère, ou agissait-elle de son propre chef ? Cette question, qui m’avait toujours hanté resurgi mais… qui étais-je pour ne pas prendre le risque de faire rentrer la nièce d’Ether dans ma vie.

« Et je suis convaincu que tu aimes à ta manière Siobhan et Finn désormais. Et que tu veilles sur eux. Donc je ne vois pas pourquoi tu me parles de plus de liberté, alors qu’elle a le loisir de penser ce qu’elle veut. »

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Eyna sourit honnêtement, alors qu’une réalisation lui traversait l’esprit. Elle comprenait mieux soudainement. Elle comprenait pourquoi Sio détestait autant son père. Sa cousine et son oncle étaient tous les deux des têtes de mules qui se battaient comme des taureaux. Mais Eyna ne pouvait pas s’empêcher de trouver ça attachant.

“Je sens que Sio ne va pas aimer ça, et qu’elle n’a pas l’impression d’être libre.”

ça ne servait pas à grand chose d’en parler plus longtemps, elle ne pourrait pas changer l’avis de son oncle, pas plus qu’elle ne pourrait changer l’avis de Sio ou d’Aethelia. Eyna se lève et se rapproche un peu plus de son oncle. Elle observe longuement le tableau avant de finir par soupirer et dire simplement

“Je peux comprendre ce que vous ressentez. Mais à titre personnel, je préférerais laisser ça dans le passé. ça n’apporterait rien à part tromper le sentiment d’impuissance.”

Et c’est quelque chose qu’elle comprend vraiment, l’idée d’être impuissant quand les siens sont en danger lui semble plus terrifiante que l’idée d’être en danger. Mais dans ce genre de situations, on a tendance à chercher à faire quelque chose, peu importe quoi, juste pour ne pas avoir l’impression d’être rester passif.

“J’ai grandi dans un monde qui a toujours été hostile à ce que je suis réellement, j’ai appris que je ne pourrais jamais complètement être honnête avec mes meilleurs amis sans mettre en danger mes proches. Pour moi, la famille ce n’est pas juste une question d'héritage. C’est une histoire de confiance, d’une liberté de tout dire sans avoir besoin de mentir, mais c’est avant tout la sérénité qui vient avec une loyauté inconditionnelle.”

On pourrait facilement lire des sous entendu dans les mots d’Eyna, et si le même discours avait été sortie par Siobhan, ça aurait probablement été le cas. Mais Eyna avait simplement dit ce qu’elle avait sur le coeur sans plus d’interrogations

“Il y a plusieurs sorciers chez les Sandersons, et même si je sais que nous ne sommes pas dans le même camp, vous faite partie de famille aussi.”

Eyna avait lâché cette révélation comme pour illustrer sa définition de la famille. Elle n’avait pas la moindre intention de mentir à Luke.

Pour la suite, il y avait une grande tristesse dans le visage d’Eyna. Qu’est-ce qu’elle pouvait dire face à tout ça ? Pour elle, c’était du passé. Une histoire qu’elle connaissait depuis sa naissance mais qui ne lui a jamais semblé réel avant de rencontrer cette branche coupé de sa famille. Aux yeux de Luke ce passé était plus vivant que jamais, comme si il était toujours emprisonné du jour où il avait perdu sa femme. D’un geste impulsif, Eyna s’approche dans son oncle et le prend dans ses bras. Le geste était maladroit, mais quand Eyna enfuit la tête dans les épaules de son oncle, on aurait du mal à croire qu’elle n’avait jamais grandi avec lui.

“C’est terminé maintenant, Ether vous aimait et c’est tout ce qui compte. Ce que votre père pensait ne compte plus, le fait qu’elle était une vélane ne compte plus, le clan Gavalagh n’existera probablement plus d’ici à quelques générations. La seule chose qui compte encore c’est Sio et Finn.”

Après quelques instants, Eyna recule, essuie ses yeux, et conclut en disant

“J’ai déjà fait une promesse à Sio et je ne doute pas qu’un jour j’en ferais une aussi à Finn. Je ne pense pas que nous aurons souvent l’occasion de discuter comme ça, alors si il y a une promesse que vous voudriez avoir, c’est le moment.”

La voix d’Eyna avait une fermeté inattendue, le concept de promesse était si anodin chez les sorciers qu’il peut sembler étonnant d’en évoquer une maintenant. La seule différence, c’est qu’Eyna n’a pas besoin de magie pour réaliser un serment inviolable.

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