Breaking in | Ft. Michel-Ange

Breaking in
Ft. Michel-Ange Grimm


9 juillet 2022



L’écho de leurs pas dans l’énorme hall d’entrée l’aurait presque fait frissonner si elle n’était pas certaine de ce qu’elle avançait, ou si elle était dans les souliers de son camarade à ses côtés.

« Nerveux ? », s’enquit-elle, l’air amusé.

Elle n’était plus vraiment certaine de ce qui l’avait convaincu de l’y accompagner, quelle motivation l’avait poussé à mettre les pieds dans cette fameuse banque dont il était pourtant banni. Lui avait-elle lancé un défi ? Cherchait-il à prouver quelque chose à lui-même, à elle, et/ou aux goblins ? Elle ne savait plus, mais elle devait s’avouer amusée de le savoir marcher sur des œufs, ou sur une confiance peut-être un peu trop solide.
Mais les vacances apportaient un vent de fraîcheur, une ambiance de liberté que l’année scolaire n’offrait pas souvent. Un goût de folie que beaucoup d’étudiants partageaient en ces mois où la chaleur était tantôt agréable, tantôt écrasante. Pour elle, c’était une période amère où elle devait faire plus d’efforts pour se fondre à son foyer plus froid que jamais, plus d’efforts pour taire cette rage qui bouillonnait encore plus qu’à l’habitude. Elle savait qu’elle s’accrocherait à nouveau à cet espoir de retrouver la mère aimante qu’elle avait connu, seulement pour être déçue à nouveau. Elle savait qu’elle y goûterait, à cet amour maternel et à cette chaleur, mais qu’elle serait poussée vers le Witan, vers le passé, en quelque sorte. Mais paradoxalement, ce serait aussi la période où elle aurait une facilité à agir, en espérant se raccrocher à un semblant de vie normale en même temps.
Alors un arrêt à la banque s’imposait, pour retirer ce dont elle avait besoin pour des après-midis de shopping ou pour des échanges au Marché Aux Trolls. Toute planification demandait un peu d’argent, moldu ou sorcier. Moldu, elle avait l’héritage de son père. Sorcier, elle devait aller puiser dans le compte familial, avec l’autorisation trafiquée de sa mère. Mais au cas où ça tournait mal, elle avait besoin d’un petit coup de main… Ou d’une distraction, dépendamment de ce qui fonctionnerait. Avec la capacité de persuasion et le bannissement de Michel-Ange à Gringotts, elle avait les deux options, faisant de lui le meilleur partenaire de crime.
Elle jeta un petit coup d’oeil à ses côtés, un sourire malicieux en coin, avant d’avoir un petit soupir.

« Remets tes lunettes de soleil, on dirait que tu fais exprès d’être reconnu. », le gronda-t-elle gentiment. « Sois sage et ma promesse tient toujours. Je te paierai tes glaces tout l’été lorsque tu m’y amèneras. », rappela-t-elle avec un clin d’oeil.

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Elle devait admettre que la compagnie de son camarade de Poudlard avait le mérite de la faire sourire. Entre ses blagues et ses simagrés exagérés, il possédait un sens de l’humour particulier, un peu absurde, un peu bête, mais attachant tout de même. C’était le genre de personne qui avait le don de tourner un délit en une activité amusante. Et alors que l’arrivée des vacances l’angoissait, c’était un moment de détente qu’elle appréciait. Elle lui montrerait à sa manière qu’elle était reconnaissante qu’il rende cet instant possible.

« Plus tu t’agites et plus tu as l’air suspect. », fit-elle, tentant de cacher son amusement. « Est-ce que je dois te rappeler que nous sommes littéralement dans une banque. C’est pas l’endroit pour avoir l’air louche. »

Cette fois, elle ne put retenir un petit pouffement de rire, amusée par l’ironie de la situation. Elle, qui était probablement celle qui connaissait le plus l’illégalité d’entre eux, qui le sermonnait quant à l’attitude à avoir dans une banque… Ça avait le mérite d’être ridicule. Mais il fallait bien que ses quelques connaissances en matière de jouer à un jeu dangereux servent à quelque chose, même si son conseil relevait plus du commun bon sens qu’autre chose.
Son amusement disparut presque aussitôt qu’elle sentit le bras du Poufsouffle sous le sien, la ramena doucement vers lui alors qu’ils continuaient de progresser dans le hall de Gringotts, sous les yeux vigilants des gobelins et des gardes. Et bien que ce contact l’eut surprise, elle n’en fit rien, se disant qu’il devait avoir ses raisons, et au final, pas plus dérangée que ça par le contact physique, aussi étrange soit-il. Être familière avec lui ne la dérangeait plus, depuis le temps.

« Te préparer un mauvais coup ? Mais tu me prends pour qui ? », lâcha-t-elle, faussement vexée.

Il avait raison de se méfier. Et bien que ce n’était pas vraiment le temps de faire une connerie et que l’idée ne lui était pas venue à l’esprit, il était vrai qu’elle l’avait piégé quelques fois, pour rire. Petite joueuse qu’elle était à ses heures perdues, Michel-Ange était la proie parfaite pour les quelques farces qu’il lui arrivait de faire.
Arrivés au guichet, elle offrit un sourire plus que chaleureux au gobelin qui les accueillit, un peu trop pour ce qu’on lui connaissait, mais juste assez resplendissant pour adoucir les potentiels soupçons. Étonnamment détendue malgré la tension palpable du jeune sorcier à ses côtés, elle dut se retenir de rire lorsque le gobelin le prit pour un moldu.

« Voyons, sois poli mon amour. Je t’avais dit que le monde magique était peu banal. », souffla-t-elle tendrement à Michel-Ange, après lui avoir donné un coup de coude dans les côtes. Elle reprit son sourire de plus belle, se retournant vers l’employé de la banque. « Excusez-le, il n’a pas l’habitude. Mais bon, il finira bien par s’habituer, surtout si on se marie un jour, pas vrai mon coeur ? » Une histoire bidon, juste pour distraire. Détourner les soupçons en orientant les pensées vers une amourette de jeunes optimistes. Bien que sévères, les gobelins n’étaient pas complètement sans coeur. « Quant à ses lunettes, ses yeux sont très sensibles à la lumière, c’est pour ça qu’il en porte, même à l’intérieur. Il souffre de sévères migraines lorsqu’il y est exposé et je n’ai pas envie qu’il soit en douleur ce soir pour notre dîner en tête-à-tête. Croyez-moi, il est insupportable dans ces moments-là. Vous comprenez, pas vrai ? »

Elle tendit son autorisation d’un geste assuré, en faisant des yeux de chiot pour manipuler le gobelin, se croisant les doigts pour qu’il soit un des plus sensible et qu’il cède facilement.

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Pesant, le silence suffit à lui nouer le ventre dans une tension, un stress qui se répandit dans ses veines comme du poison. L’adrénaline, une sensation forte à laquelle elle était presque devenue dépendante, mais qui lui causait toujours quelques angoisses. Pourtant, ce n’était pas le cran qui lui manquait, au contraire. Entrer à Gringotts avec son ami le Pouffy était peut-être un des délits les plus délicats et inoffensifs qu’elle avait pu faire. Mais elle sentait l’anxiété de son ami comme si elle était la sienne, comme s’il l’avait contaminé dans son regret d’avoir bravé les interdits. Parce que cette fois, elle n’était pas la seule à se mettre au devant des problèmes, elle entraînait son ami avec elle. Si une aventure à Gringotts l’angoissait, elle ne pouvait que se rendre compte que la jouer solo, c’était la seule façon de ne pas s’inquiéter.
Eryn dut retenir un soupir de soulagement au verdict du gobelin, se contentant d’un sourire reconnaissant en se dirigeant vers les coffres avec l’autre gobelin. Ils n’étaient pas tirés d’affaire, elle le savait bien, mais la bonne humeur de son ami semblait être revenue, puisqu’il avait recommencé à râler.
Mais elle n’eut même pas la chance de lui tirer les oreilles pour qu’il se taise, son camarade se faisant propulser dans les airs par un système de sécurité dont elle ne connaissait pas l’existence. Tiens, c’est bien à savoir ça. Elle n’avait pas de doute que la magie que renfermait Gringotts devait être élaborée, prête à repousser qui que ce soit qui porte de mauvaises intentions envers la fameuse banque, mais ça lui permettait d’en savoir un peu plus sur la façon dont les gobelins opéraient.
Un petit sourire amusé aux lèvres, Eryn se faufila dans les corridors des coffres, profitant de la diversion pour aller demander l’aide d’un autre gobelin, lui tentant sa feuille d’autorisation pour récupérer l’argent dont elle avait besoin. Et alors que le gobelin semblait se pencher sur la fausse signature avec un peu plus d’intérêt que le précédent, la rouquine se mit à rigoler.

« Y’a un idiot qui s’est fait prendre à essayer d’infiltrer Gringotts. », commenta-t-elle, tirant un petit rire chez le gobelin avant que ce dernier ne lui remette son argent. Heureusement que le coffre familial ne se trouvait pas au fin fond de la banque.

« Mademoiselle Fletcher, s’il vous plaît raccompagnez votre ami à l’extérieur. » héla le gardien de sécurité qui tenait Michel-Ange par le bras.

Son argent en poche, elle salua le gobelin, choqué, d’un simple sourire de chipie avant de rejoindre le Poufsouffle et l’agent du Ministère, satisfaite de leur coup.
Une fois à l’extérieur, Eryn attendit que le gardien de sécurité, amusé, se détourne après leur avoir lancé un petit clin d’oeil et rentre à Gringotts.

« Oh, il était sympa, lui, tu trouves pas ? », fit-elle innocemment, malicieuse. « Bien joué, Grimm, tu devrais m’accompagner plus souvent. », le félicita-t-elle, pour le réconforter après cette humiliation.

Au moins, se faire suspendre dans les airs avait servi à quelque chose.

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Une partie d'elle était étonnée de le voir réagir avec autant de force, l'autre n'était pas si surprise que ça. Depuis le temps, elle avait fini par comprendre que son ami était très dirigé par ses émotions, aussi fortes soient-elles. La fougue qui l'animait n'était pas inconnue, elle l'avait vu ainsi à de multiples occasions. Mais elle ne pouvait toutefois pas s'empêcher de pouffer de rire, amusée par ses débordements de colère. Après tout, il était au courant de son bannissement de Gringotts, alors avait-il seulement le droit d'être autant offusqué ?
Mais, fidèle à lui-même, Michel-Ange rebondissait toujours, retrouvant rapidement sa bonne humeur en faisant le fanfaron comme à l'habitude. Elle avait toujours apprécié sa facilité à retomber dans l'humour, comme s'il réussissait toujours à chasser le négatif par quelques pirouettes et une roulade. Bien qu'Melle faisait semblant d'être exaspérée par son soi-disant immaturité, elle devait avouer qu'elle n'était pas toujours capable de retenir les éclats de rire qu'il réussissait toujours à lui tirer. Et apparemment, elle n'était pas la seule à être facilement amusée, à en juger les passants qui rigolaient eux aussi. Eryn lui laissa volontairement le spotlight, se contentant de reprendre sa marche à ses côtés en ignorant les regards qui se posaient sur eux. Se faire reconnaître, c'était peut-être amusant pour lui, mais c'était son cauchemar à elle.

« Va pour le Chaudron Baveur ! », s'exclama-t-elle, bien que c'était peut-être plus à elle d'offrir de payer.

Mais le Poufsouffle avait toujours su se montrer galant, sans qu'elle ne sache s'il s'agissait de manières sincères ou d'un jeu pour lui. Une attitude qui plaisait sans doute à bien des demoiselles, mais qui n'avait jamais réussi à la charmer de la même manière, pour des raisons dont il avait rapidement été confronté. Sa présence était toutefois bien agréable, ce qui justifiait la façon dont la rouquine était à ses aises avec lui, acceptant même sa proximité et son contact, malgré les joues rosées de son ami.

« C'est vrai que ton père est courageux pour faire ça par une telle température. », fit-elle, songeuse. Il n'y avait qu'à voir les boucles rousses qui lui collaient au front pour remarquer que la chaleur les faisait tous souffrir ces temps-ci. La preuve même des changements climatiques que le Witan blâmait sur les moldus. « Un mauvais coup ? Mais tu me prends vraiment pour quelqu'un qui n'a que ça à faire ! », rigola-t-elle.

À vrai dire, il n'avait pas tout à fait tort. Elle était reconnue pour quelques mauvais tours qui se voulaient malicieux, il n'était peut-être pas si mauvais que ça de se méfier. Il la connaissait bien, il savait qu'elle était rusée. Après tout, n'était-ce pas pour cela qu'elle l'avait emmené avec elle ? Certes, c'était dans un premier lieu pour passer du temps avec lui maintenant que les vacances étaient arrivées et que les occasions de se voir se feraient plus rares, mais sa présence comportait également un certain aspect pratique qu'elle ne pouvait nier... et dont Michel-Ange semblait désormais se douter. Mentir à ses proches lui serrait toujours un peu le coeur, bien que c'était nécessaire. Mais si elle ne lui disait simplement pas toute la vérité, ça ne comptait pas, pas vrai ?

« J'avoue que ton spectacle était une bonne diversion. Mais non, pas de mauvais coups en vue. » Elle haussa des épaules, avant de soupirer. « C'est pas tellement facile chez moi. Poudlard est un refuge, alors pendant les vacances d'été, c'est plus difficile. Ma mère et moi... On ne s'entend pas particulièrement bien. », débuta-t-elle. Elle ne lui avait pas souvent parlé de sa mère, seulement de son père, parce que c'était de lui qu'elle conservait de bons souvenirs. Des souvenirs un peu aigre-doux, mais tout de même. « Alors avoir un peu d'argent en poche, ça me permettra de sortir et de me changer les idées un peu. »

En vérité, il n'y avait rien de faux dans ce qu'elle lui disait là. Seulement, il y avait une partie manquante, une partie qu'elle ne lui dévoilerait pas.

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Elle lui offrit un regard des plus sincères en constatant qu'il prenait le temps d'analyser ses propos, comme s'il était sceptique face à ses explications. Pourtant, elle disait vrai, mais il faisait peut-être bien de se méfier. Elle était convaincue que c'était en baissant sa garde qu'on se faisait avoir, alors elle ne pouvait que comprendre qu'il reste un peu méfiant par rapport à elle. Elle aimerait tant pouvoir affirmer qu'elle n'avait rien à cacher, elle aimerait pouvoir s'autoriser à se sentir blessée par le scepticisme de son ami, mais la vérité était qu'elle savait très bien qu'elle n'était pas la personne la plus digne de confiance. Elle savait qu'elle avait bon fond, mais ses objectifs étaient trop grands pour se permettre d'être cent pourcent transparente avec ses proches, bien qu'elle donnerait tant pour avoir une vie normale où l'honnêteté lui était permis. Mais sa vie normale, ça lui avait été arraché l'année de ses treize ans, et il valait mieux pour lui qu'il reste dans l'ignorance.

Fort heureusement pour elle, le Poufsouffle changea rapidement de sujet, à son plus grand bonheur à elle. Se bercer dans le cocon confortable de l'amitié lui permettait de se changer les idées, d'avoir un semblant de vie sociale normale. Et de tout Poudlard, Michel-Ange était celui qui avait les meilleures histoires à raconter. Pour une raison qu'elle ignorait, il réussissait toujours à se mettre dans des situations rocambolesques qui avaient le mérite d'être divertissante. Sa bonne humeur contagieuse était toujours un peu comme un baume au coeur, même si son énergie lui avait longtemps tombé sur les nerfs.

Après avoir écouté son histoire sur le glacier, ils mirent enfin les pieds au Chaudron Baveur. Si elle avait plutôt tendance à préférer les Trois Balais, il y avait un certain charme dans l'ambiance conviviale de l'institution. Décidément, son ami était un peu comme une célébrité du coin.

« C'est gentil, mais ma mère ne le permettrait pas je pense. », soupira-t-elle. Si ça pouvait être aussi simple, elle aurait sauté sur l'occasion d'avoir le château pour elle seule, mais ni sa mère ni l'Oracle ne le permettrait.

Assise devant le Poufsouffle, elle l'observa manger avec un petit sourire amusé, la tête entre les deux mains et accoudée sur la table. Qu'est-ce qu'elle donnerait pour être aussi à l'aise, aussi confiante que lui.

« Probablement quelque chose dans le domaine de la médicomagie. », répondit-elle. Elle espérait sincèrement que d'ici là, elle n'aura plus à se soucier du Witan et qu'elle pourra se consacrer sur ses objectifs personnels. « J'aimerais partir en mission humanitaire pour quelques années. Trop de gens ont besoin d'aide sans qu'on ne leur accorde l'attention suffisante. »

Son sourire s'agrandit à ses paroles d'encouragement. Si elle renvoyait l'image d'une jeune fille sûre d'elle, ce genre de mots lui mettaient toujours un baume au coeur.
Elle hocha doucement la tête, soudainement plus ouverte, plus à l'aise, plus... elle-même, et lui rendit son sourire espiègle.

« Si c'est bon pour le futur Ministre, alors c'est bon pour moi aussi j'imagine. Allez, fais goûter. », rigola-t-elle.

Au fond, elle espérait sincèrement qu'il atteigne son objectif, histoire d'enfin avoir un Ministre sur qui compter.